« Diego ! Il est là ! Regarde, il est là ! »
D’un œil dubitatif, Diego suit la direction pointée par mon doigt tremblant pour découvrir sur l’écran l’affiche de Wonder Woman 1984. Ses yeux reviennent vers votre serviteur, et lui font comprendre qu’il ne voit pas bien le motif de pareille excitation.
« Le dernier Wonder Woman ? Et alors ?
– Je… il est enfin disponible !
– Mais ? Tout le monde l’a déjà vu en streaming, patron.
– Oui mais disponible légalement.
– Patron, vous tirez sur des enfants au fusil de chasse, vous enterrez des stagiaires dans les sous-bois et vous mentez comme un arracheur de dents, alors sans vouloir vous manquer de respect, pourquoi ne piratez-vous pas ?
– Eh bien parce que ce n’est pas pareil, Diego. Avec les cinémas fermés, je n’ai plus ce plaisir douloureux de régler mes quelques euros pour aller m’infliger une sombre daube. Si je ne paie pas, ça n’a pas la même saveur. Quand c’est gratuit et mauvais, tu as moins de raisons de te plaindre que quand tu as payé. Alors louer une daube, c’est retrouver ce plaisir distant.
– Ce confinement ne vous réussit pas, patron. »
Un bruit de verre brisé interrompt notre échange, lorsque le pauvre serviteur fait tomber le carafon de brandy et ses verres.
« Eh bien Diego ?
– Je posais machinalement le… patron, où est passée la table basse ?
– Elle télétravaille. »
Je désigne du doigt mon téléphone où l’ensemble de mon mobilier-stagiaire est sur Zoom pour la journée. Je soupçonne d’ailleurs mon bureau d’être parti se faire un café en prétextant une webcam défectueuse. Qu’importe.
« Bon, allez, c’est parti pour Wonder Woman 1984. Hop, je le loue et… voilà ! Comme au cinéma ! J’ai payé et je vais être déçu !
– Vous avez des goûts biz…
– Silence, Diego, ça commence ! Tiens, si pour l’ambiance, tu pouvais éteindre les lumières, entrer et sortir de la salle de temps à autres, et dérouler des papiers de bonbon le plus lentement possible en faisant « scritch-scritch », ce serait top. »
Diego s’exécute dans un soupir, et enfin, le film commence. Alors, Wonder Woman 1984, sauveur de la franchise DC ou énième bouse ? Ni une, ni deux, spoilons, mes bons !

Tout commence il y a fort fort longtemps, alors que notre héroïne, Diana, n’est encore qu’une enfant joufflue.
À l’époque, la donzelle vit sur l’île secrète de son peuple, où les fières Amazones s’entrainent à devenir de redoutables combattantes en participant à des jeux rituels qui sont quelque part entre un combat de gladiateurs, Intervilles et le Cirque du Soleil. Et vu comme certaines épreuves sont aussi improbables que dangereuses, j’espère que les Amazones ont un bon stock de spermatozoïdes surgelés, parce qu’il doit y avoir une sacrée mortalité infantile durant les premières années de vie de ces dames.
« Geneviève, ta fille est morte.
– Oh ! Mais c’est affreux ? Comment est-ce arrivé ?
– Elle est tombée de la balancelle géante de la mort durant nos entrainements rituels.
– Snif snouf… mais… pourquoi a-t-on une balancelle géante de la mort d’ailleurs ?
– … eeeeh bien imaginons que nous soyons attaquées… par exemple, au hasard, par une balancelle géante de la mort… »
Ne soyons pas mauvaises langues : des compétences pareilles peuvent amener à de fabuleux débouchés, comme une carrière dans les arts de la rue. J’attends avec impatience Wonder Woman fait du diabolo, Wonder Woman et les bolas enflammés, et bien sûr, Wonder Woman bidonne ses contrats d’intermittente à Avignon.
Toujours est-il qu’en ce temps là, Diana ne doit pas avoir plus de neuf ans, et veut participer à la grande course rituelle avec les jeunes adultes. Ce qu’elle fait avec brio durant une longue, loooongue séquence sans grand intérêt et aux obstacles toujours plus absurdes, durant laquelle Diana devance tout le monde tant elle est trop forte. Jusqu’à bêtement tomber de cheval – oui, notre larronne peut courir sur des balancelles de la mort ou faire des pirouettes de folie, mais faire du canasson sans se manger une branche dans la gueule, ça, non. Diana prend donc un raccourci pour finir la course, et juste au moment d’atteindre la ligne d’arrivée, elle se fait attraper par sa maman.
« Non Diana ! Tricher, c’est mal !
– Mais maman, j’avais presque gagné !
– Diana, rien de bon ne peut naître d’un gros mensonge.
– Comme la religion par exemple ? »
La mère de Diana est prise d’une inexplicable quinte de toux, et le film décide de nous emmener ailleurs dans l’espace et dans le temps : nous voici en 1984, à Washington, où nous retrouvons Diana, qui agit désormais comme justicière des rues sous le nom de Wonder Woman. Elle n’hésite ainsi pas ligoter des pickpockets, sauver des piétons d’une collision malheureuse avec un pare-chocs, et même à arrêter des braqueurs venant de piller l’arrière-boutique d’une bijouterie dans un centre commercial.
Une affaire rondement menée puisque Diana arrête les quatre braqueurs en question, sauve deux enfants dont un appeau à gifles, et remet le butin à la police. Non sans avoir détruit les caméras du centre-commercial autour d’elle.
« Bravo Wondère Woman.
– Je vous en prie monsieur l’agent, appelez-moi Wondère.
– Justement Wondère, j’avais une question pour vous : pourquoi avez-vous détruit les caméras ?
– Eh bien, pour ne pas qu’on me reconnaisse, bien sûr.
– Oui, alors à ce sujet, dans ce cas, ce ne sont pas les caméras qu’il faut détruire, mais les cassettes. Péter les caméras à la fin, en fait, ça sert à rien.
– Oh. Ooooooh.
– Et sinon, porter un masque pour éviter que les 400 témoins du centre commercial ne puissent vous identifier ? Sans compter les braqueurs qui se feront un plaisir de vous balancer puisqu’ils vous haïssent ?
– … écoutez, je… j’ai à faire.
– Un autre braquage ?
– Oui, voilà.
– Et sinon, à part faire la police dans un rayon de 3km autour de chez vous, avec vos pouvoirs, là, vous ne pourriez pas faire des trucs plus intéressants ? On est en 1984 là, on aurait bien besoin de quelqu’un comme vous pour calmer la situation en Afghanistan plutôt que d’arrêter Jojo le voleur de bijoux ou faire la sécurité routière.
– L’Afghanistan ? Allons ! Nos amis Talibans s’y débrouillent très bien, je ne vois pas pourquoi je devrais aller là-bas ! Tenez, écoutez, prenez cette photo dédicacée de moi-même posant devant le World Trade Center et arrêtez de m’enquiquiner. »
Et Wonder Woman de repartir.
On découvre alors le quotidien de notre héroïne, lorsqu’elle ne fait pas la justice dans la rue : une vie de solitude, puisque depuis la mort de son petit ami Steve dans le précédent film, elle vit seule et renifle à chaque fois qu’elle pense à lui (ce qui est très chiant au cinéma). Accessoirement, elle travaille aussi au musée du coin, où elle est experte en archéologie, anthropologie, et tautologie.
Et c’est justement au musée qu’elle va croiser la route d’une de ses nouvelles collègues : Barbara Gourde.
Barbara Gourde est ce que son nom indique. Si elle met des talons, elle fait « Holala non je trébuche ! », si elle prend une valise, elle fait « Holala non je l’ai ouverte en pleine rue sans le faire exprès ! » et si elle parle à quelqu’un, elle fait « Holala non » qu’importe le sujet, ce qui limite quelque peu ses interactions sociales. Évidemment, personne ne lui parle, personne ne l’aime, et quand elle se vautre comme une merde au milieu de ses collègues, ils détournent le regard et ne lui répondent même pas quand elle dit bonjour.
J’ai croisé des personnages plus complexes en regardant Hamtaro.

Et justement, alors que Diana aide Barbara Gourde à ramasser une pile de papiers qu’elle vient de faire tomber, voilà que la patronne du musée débarque.
« Diana, connaissez-vous une certaine Barbara Gourde ?
– C’est moi Madame ! Hihihi c’est tellement bien écrit, ma patronne qui ne sait même pas qui je suis !
– Oui, bon, super, écoutez Barbara : vous avez entendu parler de Wonder Woman arrêtant des braqueurs hier au centre commercial ? Bon, eh bien ils venaient de faire main basse sur le stock d’une bijouterie aux activités douteuses. Dans le tas, il y a une pierre qu’ils n’ont pas réussi à identifier. Pourriez-vous vous en occuper, Barbara ? Vous êtes cailloutologue, c’est ça ?
– Gemmologue.
– Cailloutologue, donc. Allez, identifiez-moi ça. »
Diana, qui a suivi tout l’échange, est intriguée. Ne me demandez pas pourquoi, puisqu’elle n’a aucune raison de l’être, et que le film soulignera par la suite qu’elle ignore tout de cette pierre, mais là, pif pouf, elle décide de suivre Barbara Gourde dans son bureau pour étudier le caillou avec elle. Elle comme ça Diana : plus scriptée qu’un jeu Activision.
Et c’est un fort beau caillou que nos deux amies découvrent, avec une espèce de bague gravée autour. Diana plisse les yeux très fort.
« Hmmm… c’est du latin. Cela signifie : Tiens la pierre, fais un vœu, et pif pouf c’est magique. »
Attention, jeu.
Qu’auriez-vous répondu à Diana ? Prenez quelques secondes. Voilà. Vous êtes prêts ? Alors voici la réponse de Barbara Gourde :
« WOUAH TU LIS LE LATIN ? »
Vraiment. La donzelle bosse dans un musée, a sa collègue du service archéologie dans le bureau, et pour elle, le truc le plus épatant ce n’est pas une pierre magique inconnue qui parle d’exaucer les vœux, non, c’est que Diana ait un niveau de latin troisième.
De toute manière, Barbara et Diana décident que boh, en fait, cette pierre, c’est sûrement une arnaque, oublions-là. Heureusement, un collègue qui passait par là et les a entendues s’approche, touche la pierre, s’exclame « Ah, moi, mon vœu, ce serait un bon café ! » et quelques secondes plus tard, un type rentre dans le bureau en annonçant… qu’il a un café en rab.
C’est incroyable.
Je veux dire : c’est incroyable qu’un professionnel vienne tripoter des échantillons inconnus avec ses gros doigts et sans autorisation. Sortez de ce musée, Monsieur. Et oui, vous pouvez emporter votre café.
Diana, à son tour, se saisit de la pierre, et ferme les yeux en faisant silencieusement un vœu : après-tout, ça ne coûte rien d’essayer. Un vent étrange agite ses cheveux, mais rien de plus. Barbara, elle, se contente de ranger la pierre dans une boite, en s’exclamant que héhéhé, elle a trop de vœux pour choisir, et puis bon, c’est sûrement juste une coïncidence !
Oui, comme le vent mystérieux dans les cheveux de Diana quand elle a fait son vœu. Moi aussi, quand quelqu’un touche un objet inconnu supposément magique et qu’un vent mystérieux se lève dans la pièce, je me dis que c’est sûrement l’émotion qui lui cause des problèmes gastriques.
En tout cas, Diana et Barbara ayant fraternisé autour du caillou magique, toutes deux vont prendre un verre après le boulot.
Je vous passe la conversation que l’on peut résumer ainsi :
« Holala Diana je suis trop jalouse de toi, tu es trop cool et tout le monde t’aime !
– Oui et moi j’envie ton… euh… taaaaa… personnalité, ma belle. »
Je rappelle la règle du jeu : quand une vos copines poste dans vos commentaires Facebook « Tu as vraiment une très belle personnalité, ma belle », elle aurait pu écrire « Gros boudin ! » qu’on aurait gagné du temps.

Toujours est-il qu’après un bon repas, il se fait tard et il est temps de rentrer chez soi. C’est donc seule que Barbara fait un petit détour par un parc pour aller y apporter un repas chaud à un clodo black qu’elle connait bien, car Barbara est comme ça : tournée vers les autres. Mais hélas pour elle, alors qu’elle reprend sa route, c’est là que surgit la lie de nos sociétés, l’avatar de l’insécurité moderne…
Un homme blanc cis hétérosexuel en costume de ville ! Et si ça se trouve, catholique avec ça ! La terreur de nos nuits.
Car comme tous les hommes blancs en tenue de cadre, le bougre attend la nuit venue dans les parcs pour agresser les jeunes femmes. Mais hélas pour ce faquin, s’il commence à agresser Barbara, il n’a pas le temps de finir car Diana surgit de nulle part et lui pète la gueule en deux temps trois bourre-pifs.
« Barbara, tu vas bien ? Je suis désolée ! Les rues ne sont plus sûres avec ces bandes de cadres du tertiaire qui y rôdent !
– Non ça va mais… comment l’as tu fait voler si loin en un seul coup ?
– C’est… euh… du judo. Voilà. J’ai utilisé sa force contre lui.
– Grosse force le Monsieur. »
L’incident est clos, et Barbara décide finalement de rentrer… au musée ? Mais ? Que ? Et ton chez toi ? Non ? Non. La bougresse va dans le musée désert, étudie la pierre magique parce qu’elle n’a rien de mieux à faire, et alors qu’elle l’a entre ses mains, fait un vœu :
« Oh, que je souhaite être comme Diana ! Forte, sexy, cool et… spéciale ! »
Et peu après avoir fait ce vœu, épuisée, Barbara s’endort.
À son réveil…
Que ? Oh non. Non non non, je vous vois venir, messieurs. Oui, elle a souhaité être sexy. Mais non, à son réveil, elle n’a pas pris cinq bonnets de soutien-gorge. Non, en lieu et place, elle…
Seigneur, j’ai l’impression de parler d’une comédie romantique pour adolescents.
Elle a détaché ses cheveux et ôté ses lunettes. Voilà, c’est tout. Oui, comme dans les films foireux où on vous présente une damoiselle comme hideuse alors que tout le monde peut voir que c’est une bombasse de compétition, mais avec un appareil dentaire, d’énormes verres correcteurs et un gros pull en pilou.
D’ailleurs, pour vous dire à quel point c’est nul, même Barbara ne remarque aucun changement. Non, à la place, elle change de vêtements, et pouf, voilà, ayé, tout le monde la désire comme le dernier Pim’s à une partie de Donjons & Dragons.
On sent le gros travail derrière le film.
Mais donc, voici qu’à son réveil, Barbara étant au musée, on vient la déranger : c’est sa patronne qui lui présente Max Lord, le patron d’une compagnie pétrolière qui souhaiterait financer le musée. Et la conservatrice en chef souhaite que Barbara lui fasse faire un tour du propriétaire, histoire qu’il puisse découvrir la superbe collection de cailloux du bâtiment.
Et parlons un peu de Max Lord.
Car si de prime abord, ce garçon semble être l’incarnation du winner un peu lourdingue qui veut étaler son pognon devant ces dames, on découvre que les coulisses sont fort différentes. Divorcé, papa d’un petit Alistair, sa société est en fait en train de couler, ses associés veulent se retirer, et c’est en réalité un arnaqueur de petite envergure qui fait mine de vouloir investir dans le musée pour une seule raison : il semble au courant de l’existence de la pierre magique qui pourrait régler tous ses soucis.
Un arnaqueur qui mise toutes ses billes sur une pierre magique ? Voilà qui me semble doucement ironique, mais passons.
Au passage, j’aimerais aussi saluer le personage d’Alistair, qui a probablement 10 ans à tout péter, et qui à un moment entend son père se disputer avec son associé. Et de grosses larmes commencent à couler sur ses joues. Pourquoi ?
« Papa, est-ce vrai que tu as fait une pyramide de Ponzi tout en investissant dans des terres non-rentables au motif qu’elles étaient moins chères sans avoir d’abord vérifié pourquoi d’autres compagnies pétrolières ne les avaient pas achetées avant, causant ainsi la ruine de ta compagnie ?
– Hein ? Attends, tu ne pleures pas parce que tu as entendu des adultes gueuler ?
– Non, je pleure parce que j’ai tout compris.
– NOM DE DIEU ALISTAIR TU AS DIX ANS ! À cet âge là, tu as déjà du mal à calculer la surface d’un rectangle, alors d’où tu comprends le problème d’une pyramide de Ponzi espèce de petit trou du cul ? »
Ah, l’enfant de film américain. Un jour, un scénariste verra un enfant de près et comprendra son erreur. Mais en attendant, on va continuer à se taper ce qui est plus proche d’un adulte d’un mètre quarante que d’un enfant. Passe-Partout, si tu m’entends, Hollywood t’attend.
Mais revenons à nos moutons.
Car pour s’emparer de la pierre magique, Max a un plan, que voici :
- Organiser une fête géante avec l’argent qu’il n’a pas
- Profiter de cette fête géante pour séduire Barbara en espérant qu’elle soit intéressée
- Proposer à Barbare d’aller se rouler des patins… dans son bureau, au musée. Rien de suspect.
- Lui demander de lui prêter la pierre comme ça, par intérêt historique, alors que c’est une pièce à conviction du FBI
- La ramener chez lui pour faire son vœu
Bon, il y avait un autre plan :
- Profiter de la visite du musée par Barbara pour aller dans son bureau
- Toucher la pierre et faire ton voeu
Voilà. C’est tout. Surtout qu’en tant que généreux donateur, tu avais toutes les bonnes raisons de pouvoir discuter dans le bureau, et si vraiment tu ne voulais pas qu’on te surprenne à faire un vœu, tu demandais à Barbara un verre d’eau et tu le faisais en son absence, fin de l’histoire.

Mais non, le premier plan qui coûte une fortune et est bourré d’obstacles, c’était vachement mieux.
Vous trouvez que c’est stupide ? Hohoho. Laissez-moi vous conter la suite directe.
Car le plan de Max fonctionne évidemment. Il ramène la pierre chez lui, s’assoit à son bureau, et là… là… à votre avis, que va-t-il souhaiter ? Attention, je vous le donne en mille :
« Je souhaite… ÊTRE LA PIERRE MAGIQUE ! »
Non mais… ce vœu foireux. Logiquement, avec ça, tu as 99% de chances de te retrouver transformé en caillou. Alors, c’est vrai, c’est pas mal la vie de caillou, tu as vachement moins de problèmes et en plus, tu peux te faire tripoter par ta gemmologue préférée toute la journée. Mais non, vraiment, sérieusement ? C’est ça le plan de notre larron ? Je ne cesse d’être impressionné par un tel niveau de médiocrité.
Mais le script étant ce qu’il est, voici donc que Max obtient les pouvoirs du caillou magique, qui lui, tombe en poussière.
Mais en parlant de vœu, ne vous ai-je pas dit que Wonder Woman en avait fait un plus tôt dans le film, sans qu’on en sache lequel ?
Revenons à la fête organisée par Max. Car même si Max n’y est plus, Diana, elle, y est encore. Et alors qu’elle s’y promène, elle est interpellée par un type qu’elle ne connait pas, mais qui lui semble la connaître et se montre particulièrement relou. Mais avant qu’elle ne puisse lui mettre un coup de savate dans une partie cocasse de son anatomie, l’inconnu lui fait comprendre qu’il n’est autre que Steve en lui glissant à l’oreille quelques secrets connus d’eux-seuls ! Son petit ami mort est là, revenu dans ce nouveau corps !
Diana n’en croit pas ses oreilles, et trop heureuse, quitte la fête avec lui.
« Steve, c’est incroyable ! Mais comment ?
– Je ne sais pas. Moi j’étais mort, et puis soudain, paf, je me réveille dans le corps de ce type-là, en 1984. Quel monde étrange ! J’ai vu des avions sans hélices !
– Oui !
– Et du cinéma en couleurs !
– Oui !
– Et en parlant de couleurs, j’ai vu des gens s’assoir sur les mêmes bancs que des nèg…
– APAPAPAP MONSIEUR 1918 ON SE CALME TOUT DE SUITE ! Écoute, changeons de sujet : c’est bien que tu sois là, et à vrai dire, je pense que ton retour est dû à un vœu que j’ai fait avec une pierre magique.
– Mais pourquoi suis-je revenu incarné dans le corps d’un autre type ? »
Je bluffe : Steve ne pose pas la question. En fait, Diana et lui s’en cognent, et vont baisouiller parce que ça fait quelques décennies que ça travaille Diana. Mais vous lecteurs, comme moi, avez deviné le sombre secret de notre héroïne. Elle n’a pas souhaité le retour de Steve. Elle a souhaité le retour de Steve « mais en mieux gaulé » et paf.
C’est mon explication, et ma foi, je crains qu’elle ne soit meilleure que celle du film, qui n’en donnera tout simplement pas.
Pendant que nos héros baisouillent en empruntant le corps d’un inconnu qui n’en demandait pas tant, retrouvons Barbara Gourde qui constate qu’avoir souhaité d’être « comme Diana » avait des effets étranges. Non pas qu’elle soit devenue plus bête et ne comprenne plus comment fonctionne une caméra de sécurité, mais elle a drôlement gagné en agilité, et surtout, elle a désormais une force extraordinaire. Attendez… elle a demandé à être forte comme Diana et elle a une force surhumaine, cela signifierait-il que Diana serait en réalité…
… un hippopotame ?
Non, Barbara ne fait pas le lien entre sa force surnaturelle, copiée sur Diana, et Wonder Woman, la mystérieuse brune super forte qui fait régner la loi à Washington. Je ne sais pas, mais si moi je souhaite être comme mon voisin Peter, et que le lendemain je balance des toiles d’araignée quand j’éternue, je pense que j’ai trouvé qui était Spiderman. Mais bon, hein, Barbara n’est que docteure en moult matières – dont la cailloutologie – il ne faut donc pas trop lui en demander.
Et Max Lord dans tout ça ? Lui aussi teste ses nouveaux pouvoirs !
Car désormais, il a celui d’exaucer les vœux. Et il s’en sert d’une manière absolument pourrie, à savoir que par exemple, il va voir un de ses associés qui menaçait de le lâcher, et le touche en lui disant :
« Oh, mais ne souhaites-tu pas le succès de notre entreprise, qu’elle soit soudain super riche et influente ?
– Euh… si, si, je souhaite ça, évidemment.
– OHOHOHOHO TU ES EXAUCÉÉÉ ! Et telle la pierre, je te prends une chose en retour : tes parts et ta place dans l’entreprise ! »
Car oui, le caillou magique a une règle : si tu souhaites quelque chose, en échange, il y a un prix à payer. Et maintenant, c’est donc Max qui le choisit. Ainsi, pour chaque vœu que fait quelqu’un, il peut prendre quelque chose en retour. Son plan est donc le suivant : il va pousser les gens à faire des vœux, et en échange, leur prendre ce qui l’intéresse. Et pour que son entreprise devienne fabuleuse, il compte rencontrer tous les rois du pétrole, et en échange d’un vœu, s’emparer de leurs puits, l’un après l’autre.
Bien.

Diego, va me chercher un cigare, je vais avoir le temps de le fumer pendant que nous nous posons cette question : mais qu’est-ce que c’est que CE PLAN DE MERDE ?
Rien ne va, à aucun moment. Le zoo de Vincennes obtient tous les jours des scénarios plus intéressant lorsqu’il nettoie les étrons des singes.
Commençons par cette règle simple que même un scénariste neuneu devrait comprendre : plus vous donnez de pouvoir à un personnage, plus il risque de vouloir s’en servir. Ça peut être un cartographe dans Prométhéus qui a le pouvoir de faire apparaître une carte des lieux à tout moment, mais ne le fait pas parce que les scénaristes ont besoin qu’il se perde. Ça peut-être un gros méchant dans X-Men Apocalypse qui a le pouvoir de transformer ses ennemis en sable et le fait tout le film, mais lorsque les héros arrivent, il leur met… des coups de poing parce que sinon, il gagne. Et ici, ça va être Max Lord qui a le pouvoir de souhaiter avoir tous les puits de pétrole de la Terre, mais qui ne le fait pas sinon le film s’arrête, et souhaite à la place avoir le pouvoir du caillou magique pour pouvoir s’emparer des puits de pétrole petit à petit.
Voilà. Donc évitez de filer trop de pouvoir à vos personnages, ils risqueraient de s’en servir, et ne pas le faire sans explication serait par conséquent incohérent.
Alors évidemment, on me présentera plusieurs objections. À commencer par la plus évidente : Max Lord sait qu’il y a un prix à payer pour chaque vœu, donc s’il avait souhaité obtenir tous les puits de pétrole de la Terre, il aurait peut-être eu un terrible prix à payer, comme vivre en colocation avec Yseult, Manuel Valls et Eric Zemmour. On le comprend, car on ne le souhaite à personne. Aussi son plan est de feinter et de pouvoir avoir tout ce qu’il veut sans jamais avoir à en payer le prix. Il veut le puits de pétrole du voisin ? Il exauce un de ses vœux, et paf, en retour, il lui prend ses puits.
Sauf que c’est complètement con.
Parce qu’à partir du moment où le type a une pierre qui lui permet de souhaiter n’importe quoi, et qu’il le sait, il y avait plus simple :
- Faire un vœu en précisant clairement qu’il n’y avait pas de contrepartie
- Si ça ne marche pas, souhaiter qu’il trouve une pierre magique qui exauce des vœux sans limite et sans prix
- Si ça ne marche pas, souhaiter avoir le pouvoir d’exaucer des vœux, y compris les siens, gratos
- Si ça ne marche pas, souhaiter devenir je ne sais quelle divinité toute puissante
- Si ça ne marche pas, souhaiter avoir le pouvoir de piquer ce qu’il veut aux autres (ça revient à fixer un prix, sans vœu)
En fait le type avait des millions de possibilités pour obtenir ce qu’il voulait, gratos, là, comme ça. Mais en lieu et place, il a choisi l’option la plus pourrie : « Je veux le pouvoir d’exaucer les vœux d’autrui, mais pas les miens, et en retour, pouvoir fixer un prix me permettant d’obtenir uniquement des trucs que possèdent les gens à qui j’exauce les vœux ».
Plus navrant, c’est quand même compliqué.
Mais les scénaristes se sont dit « Bon, écoutez, là il est 11h59 et après il y a la queue à la cantoche, alors on y va, on va dire que le Monsieur souhaite devenir un caillou magique. »
Grosse ambition, ce Max Lord. Et puis c’est pas comme si par conséquent, n’importe qui pouvait faire un souhait allant à l’encontre de ses plans. Il fait quoi si un mec souhaite avoir son pouvoir ? Ou fait l’un des souhaits évoqués plus haut ? Voilà : il perd. Et par sa propre faute. C’est consternant.
Mais revenons à notre intrigue.
Car le pouvoir de Max fonctionne. Son associé a souhaité que l’entreprise connaisse le succès ? Soudain, tous les puits de pétrole de la société, jusqu’alors sec, trouvent de l’or noir ! Et Max avait fixé comme prix que son associé dégagerait vite, bien, et en lui laissant tout ? Hop, sur le chemin de la sortie, Max croise le FBI qui vient arrêter son associé pour une histoire d’impôts, lui laissant le champ libre. Le tour est joué !
Max, inconscient de son propre plan de merde, repart donc satisfait.
Et de notre côté, nous retrouvons Diana et Steve, alors que notre héroïne emmène son copain-possesseur-de-corps se promener dans Washington pour lui faire découvrir toutes les belles inventions de cette glorieuse époque : le sac-banane, le jogging pour aller partout, et bien sûr, Chantal Goya. Steve est très impressionné.
« Et tu dis que vous avez des avions qui vont dans l’espace, Diana ?
– Oui, Steve. Nous avons même marché sur la Lune.
– Wouah ! Incroyable ! Quelle période de prospérité ! Nous avons bien fait de faire cette Guerre mondiale, la der des der !
– Euh… oui alors à ce sujet, Steve… »
Passons, et suivons nos amis alors qu’ils mettent enfin le cap sur le musée, et y retrouvent Barbara, devenue incroyablement populaire depuis qu’elle a retiré ses lunettes (… entendez mon soupir), et qui avoue à Diana que oui, attends, la pierre prétendue magique ? Ben je l’ai prêtée à Max Lord, pourquoi ?
Ben oui, maintenant que tu sais qu’elle est magique, pourquoi t’en inquiéter ? MAIS BON DIEU BARBARA, C’EST PAS UN COFFRET DVD, C’EST UNE PUTAIN DE PIERRE AU POUVOIR INFINI, ÇA POURRAIT TE GRATTER QUAND MÊME ?
Mais non. Non, Barbara préfère se curer le nez, pendant que Diana, elle, se rend dans les bureaux de Max Lord et s’y faufile à la recherche de la pierre. Hélas, elle n’en retrouve que de la poussière… et le bracelet qui enserrait ladite pierre. Et, effroi ! Elle lit à l’intérieur un message diabolique :
Ceci a été créé par un.e vilain.e d.ieu.éesse pour embabouiner la.e.s mortel.le.s
« Oh non !
– Que se passe-t-il Diana ? Tu lis cette langue barbare ?
– Oui, cela s’appelle du Regardezmoijesuismilitant. Une langue très appréciée des esprits trompeurs qui sous couvert de vouloir le bien d’autrui, se font en fait plaisir ! La pierre est un objet maléfique, il faut vite retrouver Max Lord ! »
Hélas, Max Lord est parti pour Le Caire afin d’y rencontrer un roi du pétrole, comme le confirme un papier de réservation d’avion trouvé dans une poubelle à côté du script. Un seul moyen de le rattraper…
« Prendre le prochain vol ?
– Non, Steve ! NOUS ALLONS VOLER UN AVION AU HASARD « !
Oui oui, vraiment.
Suis-je supposé commenter ?
Diana et Steve se rendent ainsi à l’aéroport le plus proche, et figurez-vous que sur la piste, les pilotes qui sont des gens aimables ont laissé plusieurs avions, dont des biplaces à réaction, avec le plein ET des réservoirs supplémentaires. Ils sont comme ça, les routiers du ciel : sympas. Diana fait un clin d’œil à Steve :
« Choisis n’importe lequel !
– Ah ben çuilà alors, parce que c’est connu, les avions ont tous les mêmes capacités, donc je vais le choisir à la gueule du client. Mais tu es sûre qu’il a assez d’essence pour aller jusqu’au Caire ?
– Nous sommes dans un film américain, Steve. Notre connaissance de la géographie est proche de notre cuisine. Le Caire est donc selon nous à une heure de Washington, grand max.
– Super ! Allez, je vais le piloter ! »
Et les deux de grimper dans un jet, pendant que votre serviteur jette des chatons dans sa cheminée, en voyant un pilote de 1918, un mec qui démarrait son hélice avec l’aide d’un mécano, faire sans le moindre souci la procédure de lancement d’un appareil à réaction dont il ignore tout. Normal.
Pilote, c’est comme scientifique dans ces films : si tu l’es, tu sais tout faire pour peu que ce soit vaguement lié aux domaines « pilotage » ou « science ».
Nos héros s’élancent sur la piste, mais évidemment, la tour de contrôle ne l’entend pas de cette oreille, et essaie d’empêcher l’appareil de s’envoler sans autorisation, non mais ho.
« Zut, j’avais oublié que l’espace aérien était surveillé.
– Super Diana, merci du tuyau ! C’est bien de t’en souvenir maintenant !
– Mais ne t’inquiète pas… tu sais, notre île des Amazones qui est invisible pour le reste du monde ?
– Oui ?
– Eh bien une fois en me concentrant, j’ai réussi à rendre invisible une tasse de café.
– Que… oui ?
– Et si j’essayais avec l’avion ? »
Voilà voilà voilà.
C’est ce que j’appelle un pouvoir sorti du cucu, donnant à cette scène un parfum qui nous en rappelle les origines. Ainsi, Diana se concentre vaguement, et pouf, tout l’avion devient invisible. Et ce même au radar ! Mais allez, c’est magique, alors disons que ça fonctionne aussi sur les ondes. Vous voyez, je fais des efforts. Et après on dira que je suis de mauvaise foi. Nos deux tourtereaux peuvent donc s’envoler en paix et survoler Washington, alors que des feux d’artifice éclatent autour d’eux : en effet, c’est la fête nationale. Et Steve de s’exclamer :
« ET SI ON VOLAIT AU MILIEU DES TIRS DE FUSEES ? »
Que ?

Bon, je vais jeter tout le sac de chatons au feu tant c’est impossible d’écrire ça. N’écoutez pas les cris, concentrez-vous sur mon propos. Vraiment ? Un pilote de guerre mort dans l’explosion de son appareil qui décide d’emmener son avion tout neuf dans des tirs de fusées contenant des explosifs ? Ça ne choque personne ? Steve, regarde, là-bas ! Un vol d’étourneaux ! Tu devrais aller mettre tes réacteurs dedans, je suis sûr que c’est aussi une super idée !
Non mais c’est infernal. Chaque scène est ratée avec un brio magistral ! Il doit y avoir une espèce de relecteur spécialisé dans l’ajout d’incohérences.
« Et là, Diana et Steve prennent le vol suivant pour le Caire.
– Non. L’avion, ils vont le voler. Et ce sera un tout petit biplace.
– Mais ? Bon alors on va dire que Diana a un pote qui peut lui prêter un avion…
– Non non. Je veux qu’ils le volent. Qu’on tente de les arrêter. Et là, Diana, l’avion elle le rend invisible.
– Vous êtes sûr ? Non parce que là on va devoir payer des décors, un avion spécial, rajouter une scène pleine d’effets spéciaux et ça va nous coûter cher pour être incohérent.
– Attendez, j’ai pas fini : et là, Steve décide de plonger l’avion au milieu de tirs de feux d’artifice.
– Mais pourquoi ? Ça n’a aucun sens et ça va nous coûter un pognon fou !
– Parce qu’on peut le faire, voilà pourquoi. »
Allez, laissons nos deux idiots traverser le ciel et les explosions, et retournons voir Barbara. Qui n’en peut plus de ses nouveaux pouvoirs ! Super agilité, super force… c’est trop cool. Et ça tombe bien, puisqu’en sortant du musée, elle décide de traverser un quartier craignos… qui est donc fréquenté par…
Mais oui ! Des bandes errantes de cadres blancs en costume !
L’insécurité !
Que voulez-vous que je vous dise ? De toute manière, cela arrange bien les affaires de Barbara, puisqu’elle recroise le chemin de l’agresseur qui l’avait embêtée plus tôt dans le film, et qu’elle lui casse la truffe. Elle serait même allée plus loin si son bon ami le clodo noir, et donc forcément le seul gars bien du coin, n’était venu l’interrompre et s’étonner de la cruauté de Barbara. Qui à cause de son souhait a perdu… sa… ahem. Sa « belle personnalité ». Pardon, excusez-moi, c’est un rire nerveux. Revenons à la scène.
« Barbara, ça ne te ressemble pas !
– Nan mais c’est passque j’ai plus mes lunettes.
– Que ? J’allais dire que tu avais changé, mais visiblement, non, tu as toujours le QI d’un vieux pansement. »
En parlant de neuneus, si nous laissions passer quelques heures, le temps de nous laver les yeux et les oreilles, et que nous subissions la suite de cet étron galactique en retrouvant Max Lord au Caire, qui va s’entretenir avec un roi du pétrole local.
« Bonjour Émir, je suis Max Lord, le nouveau riche du pétrole. Merci de me recevoir.
– Je suis curieux, Monsieur Lord. Vous êtes devenu si riche en si peu de temps… quel est votre secret ?
– Les vœux ! Vous voulez essayer ? Allez-y, prenez mes mains et souhaitez un truc !
– Ok.. je souhaite pouvoir faire caca sur une instagrameuse pendant qu’elle se filme !
– QUOI ? Mais putain de… bon. Écoutez. C’est un film tout public, alors vous arrêtez tout de suite de souhaiter des trucs de pervers.
– Je souhaite quoi alors ?
– Je sais pas, un truc qui ne mette personne trop mal à l’aise et qui permette de faire avancer le scénario.
– Pfff… bon ben je souhaite récupérer l’émirat ancestral de ma famille et que les étrangers ne puissent plus y venir !
– C’est pas mal ça ! Bon, xénophobe et raciste, mais on va dire que c’est un mur progressiste en non-mixité racisée.
– J’pige que dalle mec.
– Nan mais laisse : ton vœu est exaucé ! Et en échange, je vais prendre tes puits de pétrole ! »
L’émir ne pige pas bien ce qu’il se passe, à part que Max Lord a l’air un peu fou. Et con, puisque l’émir lui révèle qu’il a déjà vendu ses puits. Max Lord explique donc qu’il change d’avis : dans ce cas, il va se barrer avec l’armée personnelle de l’émir. Et aussitôt dit, aussitôt fait : tous les militaires du coin, comme hypnotisés, se mettent à suivre l’ami Max sans poser de questions.
Pour l’émir, pas le temps de se demander ce qu’il se passe, car soudain un miracle attire son œil : d’immenses murs sont en train de pousser sur les anciennes frontières de son émirat, le séparant ainsi du reste de l’Égypte. Max n’a plus qu’à filer, satisfait, avec son escorte.
Sauf qu’alors qu’il roule à fond les ballons loin de l’émirat fraîchement emmuré, Max croise sur la route Diana et Steve, qui venaient d’arriver dans ce beau pays. Aussitôt, les deux compères partent à la poursuite du convoi de Max, et c’est parti pour de la baston, avec les militaires qui leur arrosent le capot à coups de gros calibre, pendant que Wonder Woman enfile sa tenue puis les tatane l’un après l’autre.
À un moment, Diana parvient jusqu’à la voiture de Max, et atterrit sur le pare-brise.
« OUHOUUU M’SIEUR LORD !
– Mais ? Vous êtes la collègue de Barbara !
– AH OUI MERDE J’AURAIS DÛ METTRE UN MASQUE P’TÊTRE ! M’SIEUR LORD FAUT VOUS ARRÊTER, LÀ, LA PIERRE EST DANGEREUSE, RENDEZ-LA !
– Alors, deux choses : d’une, vous descendez de mon pare-brise, c’est dégoûtant, vous y mettez vos gros pieds tout poussiéreux, et de deux, la pierre maintenant, c’est moi !
– Quoi ? Mais comment pouvez-vous être un caillou ? »
Hélas, un coup de lave-glace un peu vif repousse la pauvre Wonder Woman, qui se retrouve à nouveau à courir partout dans le convoi qui lui tire dessus, jusqu’à ce qu’un rebondissement improbable arrive : au milieu de la route, en plein milieu du désert… des gamins jouent au foot.
Oui. Normal.
Et oui, ils continuent même lorsqu’ils voient un convoi militaire qui tire à la mitrailleuse arriver vers eux.

Non, vraiment, c’est très bien écrit. Les enfants adorent jouer au foot devant les convois qui tirent sur tout ce qui bouge.
Résultat, Wonder Woman doit tout laisser tomber pour les sauver, et Max en profite pour filer avec les restes de son convoi. Le calme revenu, elle fait jurer aux enfants qu’elle a sauvés de ne pas révéler son identité (alors que les gens du centre commercial au début du film, aucun problème), puis rejoint Steve, resté dans un véhicule.
« Steve, penses-tu que l’on puisse être à la fois un homme et un caillou ?
– Tout dépend de si tu t’appelles Pierre, je suppose.
– Hmmm… mouais, bon, l’autre théorie c’est que Max se soit emparé des pouvoirs de la pierre magique. En attendant, je ne sais pas ce qu’il m’arrive, durant le combat, une balle m’a fait bobo, et j’ai fait tomber mon fouet, ce qui normalement, ne m’arrive jamais. Je me sens un peu patraque.
– Rentrons en Amérique. »
Oui oui, ils laissent tomber la poursuite avec Max, alors qu’il était encore dans le même pays qu’eux, à deux bornes maximum. Autant retraverser le monde entier parce que… parce que. Ainsi, pendant que Max continue à aller rendre visite à des rois du pétrole pour s’emparer de leurs puits en échange d’un vœu, Diana va retrouver Barbara.
« Barbara, tu as enquêté sur la pierre comme demandé ?
– Oui, et tu ne vas pas me croire. Elle est apparue et réapparue depuis des milliers d’années. Et à chaque fois, juste avant la chute d’une civilisation : Egypte, Carthage, Rome, le Parti Socialiste… à chaque fois, ils ont eu la pierre et ils se sont effondrés. Je n’ose imaginer ce qui attend notre civilisation. Mais attendez, la pierre est aussi apparue chez les Mayas, et j’ai trouvé un mec qui en sait plus. »
S’ensuit une scène où un type sorti de nulle part dégoté par Barbara s’avère avoir un vieux livre maya (les célèbres vieux grimoires mayas), dans lequel il est dit que la pierre vient du dieu de la tromperie. Et qu’il n’existe que deux moyens de stopper les méfaits de la pierre :
- Détruire la pierre
- Ou que tous les gens qui ont fait des vœux y renoncent, sans exception
Les Mayas n’ayant pu se résoudre à l’une de ces deux solutions, ils avaient tout bêtement enterré la pierre, jusqu’à ce qu’une bande d’archéologues ne la retrouvent et qu’elle ne finisse dans l’arrière-boutique d’un joailler. La suite, nous la connaissons, et elle est mauvaise.
Et si tout le monde finit par comprendre que Max Lord est bel et bien devenu la pierre, Barbara se désolidarise du groupe.
« Mais moi, je suis contente de mon vœu ! Je veux pas que ça change ! Pourquoi vouloir tout annuler ?
– Barbara nom de dieu, ton vœu consiste simplement à avoir retiré tes lunettes et viré un putain de chouchou de tes cheveux ! Merde, tu vas pas condamner l’humanité pour ça !
– Mais… c’était pas facile de retirer ce chouchou… »
Et Barbara file sans dire un mot.
Heureusement pour nos héros, de son côté, Max Lord qui aime bien faciliter le boulot d’autrui est revenu en Amérique dans ses bureaux sans explication (il a dû abandonner le pétrole) pour exaucer un maximum de souhaits au maximum de gens, en échange de trucs qui l’arrangent. Il fait venir des mecs qui ont des sociétés qu’il veut racheter, d’anciens ennemis & co, et à chaque fois, leur dit :
« Vous ne souhaiteriez pas un truc ? Allez ! » tout en leur touchant la main.
Et à chaque fois, les mecs souhaitent plus d’armes pour leur pays, la disparition d’un scandale ou autre. C’est donc ennuyant à bailler, même si Max Lord, lui, a un petit problème car sa santé fait les frais de sa magie. Il commence à être dans un sale état, avec un œil injecté de sang, mais pour autant, il ne s’arrête pas où ne pense pas à dire « Vous me souhaitez prompt rétablissement ? » pour se soigner magiquement.
Car n’oublions pas que Max est avant tout particulièrement con.
Le summum est lorsqu’il se retrouve avec son fils qui rentre dans son bureau, et qu’il le prend dans ses bras.
« Allez fiston, fais un vœu !
– Je souhaite une NES et…
– CHUUUUUUUUUUUUT ! Non, bon dieu ! Tu es supposé souhaiter avoir une grande et belle vie !
– Mais papa, j’ai même pas dix ans bordel de merde ! Moi tout ce que je veux, c’est mon nom au générique du Club Dorothée !
– N’oublie pas que tu es un personnage très mal écrit, mon fils ! Alors fais un vœu très mal écrit !
– Alors dans ce cas papa… je souhaite que tu aies plein de succès ! »
C’est connu, c’est ce que les enfants souhaitent quand on leur propose un vœu, comme ça, au hasard. Le succès de papa. Pas du tout une connerie.
Max enchaîne en allant chercher un stagiaire quelconque de sa société et en lui demandant « Mec, tu ne souhaiterais pas que j’aie un entretien avec le Président ? Ca ferait nos affaires ! » et le type de répondre que ben si chef, je souhaite carrément ça ! Et hop, notre bon Max file jusqu’à la Maison Blanche.
Pendant ce temps, ça commence à être le chaos un peu partout, puisqu’à force de vœux pour des émirs et autres dirigeants politiques, les pays du monde entier croulent sous les armes sans explication, et les différents vœux plus mineurs que Max a exaucé à des passants font qu’il y a des vaches qui se promènent en ville parce que tel mec a souhaité une ferme, ou des bagnoles qui s’écartent des boulevards pour en laisser passer magiquement d’autres et donc provoquent des collisions, etc. Bref, c’est le bordel.

Au milieu de tout cela, Diana a ramené Steve chez elle, pour lui montrer non pas sa chambre cette fois, mais sa salle de télésurveillance de la ville.
« Mais ? Tu as ça toi, Diana ? Pourtant, au début du film, à un moment on t’entendait dire que tu n’avais pas la télé. Alors que là tu en as quinze, dont une clairement branchée sur les infos.
– Les scénaristes l’ont déjà oublié, Steve.
– Et sinon, tu as plein de reliques dans cette salle, dis voir ! C’est quoi cette grosse armure ailée derrière moi, par exemple ?
– Oh ben écoute, puisque le monde est au bord de l’apocalypse et qu’on n’a que cela à faire, laisse-moi te raconter son histoire. Cette armure a été forgée pour Jeannine, l’amazone de légende, afin qu’elle retarde nos ennemis à l’époque où mon peuple a migré vers son île magique. Elle s’est sacrifiée pour nous toutes. On ne sait pas trop ce qu’elle est devenue après, d’ailleurs. Je crois qu’on s’en fout, moi j’ai juste retrouvé son armure.
– Super. Mais quel rapport avec l’intrigue ?
– Aucun, je… c’était une anecdote, comme ça, au pif.
– C’est rigolo mais je ne te crois pas. Bon et sinon, sur tes télés, là, tu as trace de Max ?
– Hmmm… visiblement il se rend à la Maison Blanche ! Allons-y ! »
En chemin, nos amis discutent d’un autre problème : Diana semble perdre ses pouvoirs. C’est le prix à payer pour le retour de Steve. Et Steve lui répète qu’elle devrait renoncer à son vœu, mais elle refuse de le perdre parce que c’est BÔ.
Mais comme de bien entendu, Max est arrivé à la Maison Blanche avant eux, et a un entretien avec le Président.
« Monsieur le Président, je suis venu vous demander ce que vous souhaiteriez.
– Ben vu que le monde est en plein chaos de manière inexplicable…
– Ouiiii ?
– Je souhaite…
– Ouiiiiiiiiiiiiiiiii ?
– ENCORE PLUS D’ARMES ! »
Mais sans déconner quel scénariste a écrit qu’absolument TOUS les gens avaient le même vœu : des armes ! Encore plus d’armes ! Je veux bien qu’il soit américain, mais tout de même ! Résultat, des armes nucléaires apparaissent partout dans le monde, reliées au système de lancement américain, et pointées sur la Russie.
En échange, Max fixe pour prix qu’il hérite de l’autorité suprême du Président. Et ça tombe bien, car devinez ce que des gens avaient laissé dans le bureau du Président durant l’entretien ? DES POSTERS GÉANTS AVEC TOUS LES PROJETS TOP SECRETS EN COURS !
Non mais ? Écoutez, sachant que tout est lamentable dans ce film, par quel miracle arrivez-vous encore à creuser ? Quel mec a lu un document disant « Pour la scène de l’entretien avec le Président, mettez les plans des projets top secrets posés derrière, bien en vue » sans se mettre à sourciller si fort que son front en porte encore des traces de pneus ?
C’est naze. Vous le saviez, mais j’insiste : c’est naze. Ce film donne l’impression que les mecs ont fait des paris pour savoir qui caserait le truc le plus absurde.
Or, voici que Max se penchant sur l’un des projets, découvre qu’il s’agit d’un système de satellites qui envoient des particules partout qui touchent tout (ÇA TOMBE BIEN) et qui prennent le contrôle des appareils électroniques pour diffuser ce que l’on souhaite (avec des coïncidences pareilles, as-tu encore besoin de souhaits ?). Max est tout fou : avec cela, il pourrait plus ou moins toucher tout le monde (ça sonne bizarre, dit comme ça) tout en parlant à tous les gens devant une télé ? Et ainsi, envoyer des milliards de vœux à la fois, en échange de milliards de prix ?
Avec sa nouvelle autorité, Max demande à être escorté jusqu’à un hélicoptère pour être emmené jusqu’à la base où ce mystérieux projet est en cours. Et zou.
Sauf qu’en chemin il tombe sur Wonder Woman !
« Oh ! La dame du pare-brise !
– Il suffit, Max Lord ! Rends-toi ou je te… je te ligote avec mon lasso magique !
– Alors oui mais non. Sécurité ? Tirez sur cette dame qui se sent obligée de porter une tenue bizarre pour rendre la justice, mais toujours pas de masque. »
Wonder Woman parvient presque à attraper Max, mais comme ses pouvoirs commencent à merder et les balles à lui faire mal, elle est obligée de battre en retraite. Plus encore quand se pointe Barbara, qui est désormais plus forte qu’elle, et qui se range aux côtés de Max pour s’assurer que tous les vœux ne soient pas annulés !
Max et Barbara peuvent donc fuir en hélicoptère, à bord duquel Max explique son plan à sa nouvelle amie.
« Je vais exaucer des milliards de vœux, et à chaque fois, je vais pouvoir me soigner en faisant payer le prix à chaque personne faisant un souhait ! Me régénérer, organe par organe !
– Et pourquoi pas tous d’un coup ?
– Euh… parce que… nan mais l’efficacité, c’est pas mon truc. Et toi ma jeune amie, ne souhaites-tu rien ?
– C’est-à-dire que j’ai déjà eu un vœu avec la pierre.
– Non mais en fait comme je suis la pierre, je peux exaucer plusieurs vœux si j’en ai envie, et sans prix, je suis d’humeur généreuse. »
Qu… QUOI ?
Mais attendez ! Dans ce cas TOUT son plan ne sert à RIEN depuis le début puisqu’il pouvait exaucer en boucle des vœux à la même personne s’il en avait envie ! Et donc, avec une personne consentante, obtenir des vœux illimités sans faire payer de prix à son pote ! TOUT LE FILM NE SERT DONC À RIEN !
C’est fabuleux de dire à la fin du film « Au fait, nouvelle règle : tout ce qui motivait mon personnage jusqu’ici, j’en n’avais pas besoin ». Formidable.
Mais je sens que vous avez envie de savoir ce que Barbara souhaite. Et la réponse est simple :
« Je souhaite être un superprédateur, un apex prédateur. »
Ah ben c’est précis, ça, tiens.
Avec un souhait comme ça, tu as plus de chances de finir comme orque à l’aqualand du coin ou comme requin mangé par des Japonais que comme combattante d’élite. C’est pas possible. Et elle est scientifique vous dites ? Formidable.

Avant que l’on ne puisse voir le résultat dudit vœu, une subtile transition nous amène au moment où Max Lord débarque sur la base secrète américaine, et où il ordonne via sa super autorité l’activation du projet permettant de toucher le monde entier avec des particules reliées à cette base, et diffuser un message télévisé en même temps. Son message étant « Coucou les amis ! Je suis Max Lord, et j’exauce les vœux, alors faites des voeuuuuux ! »
Je vous laisse deviner les voeux que font les gens :
- Je veux plus d’armes (ÇA ALORS)
- Je veux que Machine meure
- Je veux foutre les étrangers dehors (mais des étrangers blancs, genre les Irlandais, sinon ce serait raciste)
- Je veux encore plus d’armes
Si, à un moment, on aperçoit une serveuse dire « Je souhaite être célèbre » et aussitôt, tout le monde glapit en la voyant. Mais sinon, tous les vœux ressemblent à une fin de soirée arrosée dans un groupuscule d’extrême-droite. Alors que bon. Vous savez aussi bien que moi ce qu’il se passerait si vous autorisiez le monde entier à faire des vœux. Rien qu’à l’échelle d’une classe de lycéens, en l’espace de vingt secondes, vous avez :
- Deux élèves rigolant bêtement en faisant de l’escrime avec des teubs de soixante centimètres
- Un geek en train de s’accoupler avec son personnage d’animé préféré
- Un furry, peu avant qu’un élève responsable ne souhaite sa mort par le feu
- Des roploplos en pagaille
- Du pognon
- Du chichon
Et ça, c’est pour une seule classe de lycéens. Alors imaginez à l’échelle de la planète. Non parce que par exemple, si vous autorisiez chaque dessinateur de DeviantArt à voir l’un de ses vœux exaucé, je ne vous cache pas qu’on souhaiterait probablement notre propre mort pour échapper à ce monde.
Mais non, dans le film, même le dernier des pinpins au fin fond du désert souhaite qu’une brique tombe sur la gueule de tel voisin ou plus d’armes pour son peuple. Génial. Faites le test autour de vous (le scénariste l’a oublié) : demandez ce que les gens souhaiteraient s’ils avaient un seul et unique voeu. Bon, eh bien vous avez plus de chance qu’ils vous répondent « Gagner 100 millions » ou « Des vœux illimités » que « De nouveaux chars pour l’armée française ». Ou alors vous avez des amis qui ont passé trop de temps sur War Thunder.
En tout cas, vœu après vœu, qu’il exauce joyeusement, Max Lord se refait une santé : à chaque fois qu’il permet à un habitant de la Terre d’avoir ce qu’il désire, en échange il lui prend un peu de sa santé, et paf, en un instant, il est retapé.
Tout est-il perdu ?
Non ! Car comme dans tous les films de super-héros, le moment où le méchant a presque gagné est obligatoire. C’est donc à cet instant que nous retournons voir ce que fait Wonder Woman, qui a réussi à sortir de la Maison Blanche avec Steve. Elle est un peu amochée, aussi Steve décide qu’il faut parler.
« Diana, regarde-toi, tu n’encaisses même plus les balles !
– Oui ben ça va, j’peux pas tout faire, tu connais le concept de charge mentale ?
– C’est quoi ?
– Je l’ai lu dans une bédé d’Emma Clit.
– Tu lis du Emma Clit ? Oh bon sang ! Diana, tu es VRAIMENT en sale état ! Écoute-moi bien : tu dois renoncer à ton vœu. Tu dois me laisser repartir ! Comme ça, le vœu annulé, tu récupéreras tes pouvoirs et tu pourras sauver la Terre !
– Mais Steve, je t’aime !
– Diana, dans l’immédiat, je suis un esprit coincé dans le corps d’un autre type. C’est plus proche de L’Exorciste que de Coup de foudre à Notting Hill. Veux-tu que je fasse un 180 degrés avec mon cou tout en tenant des propos un peu légers sur ta mère pour te convaincre ?
– Non, ça ira. Okay : je renonce à mon vœuuuu ! »
Et Diana de tourner le dos à Steve, qui lui dit qu’il l’aimera toujours, c’est beau, peu avant de retourner au Paradis car dans sa vie, il a été juste : il n’a tué que des Allemands. Et les Allemands, c’est comme les Anglais : ça ne compte pas.
Diana sent aussitôt ses pouvoirs revenir, ses blessures disparaissent, elle retrouve sa force et sa vitesse et soudain… elle s’envole au-dessus de Washington. Parce que non, elle n’avait pas ce pouvoir auparavant, mais là elle s’est dite « Et si je volais ? » et pouf, elle vole.
Ce film est très confus : qui exauce des vœux déjà ?
Mais nous n’aurons aucune explication : ce pouvoir sort probablement du même endroit que celui où Diana avait sorti son pouvoir de rendre des trucs invisibles au début du film. Vous le sentez, ce petit fumet ? Voilà.
Diana vole jusqu’à chez elle, récupère sa grosse armure d’or ailée ayant appartenu à Jeannine, l’amazone légendaire (on ne l’avait pas vu venir), et ainsi équipée, file jusqu’à la base secrète où se cache Max Lord, dont elle connait la localisation parce que… parce que… parce que, voilà.
La bougresse arrive en volant, passe les défenses, castagne les gardes , mais soudain, voici que quelque chose lui tombe dessus :
« MIAAOUUUUU !
– Mais ? Qu’est-ce que…
– C’est miiiaaaaa ! Barbarrrrra ! »
Et en effet, suite à son précédent vœu de devenir un super prédateur, Barbara est désormais mi-femme mi-félin.
« Nom d’une pipe Barbara ! Qu’est-ce qu’il t’est arrivée ? Tu es tellement dégueulasse qu’on dirait un personnage de Cats, et ce n’est pas peu dire !
– J’ai souhaité devenir encore plus puissante, et je suis désormais le prédateur ultime !
– Mi-femme mi-Miaouss ? C’est quoi tes pouvoirs ? Tu peux gerber des poils et chier à côté de ta litière sans ciller ?
– Tu ne comprends pas l’allégorie ? Tu es une femme à l’armure d’oiseau, et je suis un chat. Le prédateur… la proie…
– Nan écoute, vraiment, ça me fait mal de te voir comme ça. Alors la pâtée, je vais te la mettre dans la gueule, et tu vas voir qui va dormir 16 heures aujourd’hui. »

Et les deux de s’affronter. Je vous passe la longue et inutile séquence de baston, mais sachez qu’elle se termine lorsque tombée dans un bassin bordant la base, les deux femmes se tapent dessus, et que finalement, Wonder Woman triomphe de Moyennement Wonder Miaouss en faisant tomber dans le bassin un câble coupé de ligne à haute tension, ce qui est suffisamment fort pour calmer le gros chat.
Quoi ? Comment ça « Wonder Woman est aussi dans le bassin, pourquoi elle ne se prend pas quelques millions de volts dans les gencives ? » ?
Mais enfin, la réponse est très simple : son armure est en scriptonium. Ou bien Wonder Woman a-t-elle un nouveau pouvoir d’immunité à l’électricité, mais dans ce cas, il eut été intéressant de l’évoquer dans le film. À moins qu’il n’ait été rangé dans la même cachette que « Rendre des trucs invisible » et « Voler ». J’imagine qu’on me dira « C’est dans les Comics », mais on n’est pas supposé regarder un film avec le livre sur les genoux pour comprendre ce que la réalisation a oublié.
Débarrassée du gros chat relou, Wonder Woman se fraie un chemin jusqu’au cœur de la base secrète, où elle retrouve Max Lord devenu surpuissant à force de piquer un truc à chaque vœu exaucé : un peu de la force d’untel, de la vie de telle autre, etc.
Wonder Woman ne peut le vaincre.
Aussi, elle utilise le plus grand pouvoir de tous les héros : la mièvrerie. Et si Max Lord peut s’adresser au monde entier, alors elle aussi. Utilisant son super lasso sur la machine à particules, elle se connecte avec les esprits du monde entier et leur dit :
« Les copinous, c’est bien de souhaiter des trucs, mais c’est parce que vous avez peur de la vie. La vie, elle est belle sans vos vœux. Alors renoncez à vos vœux, pour une planète belle et jolie ! »
Je ne blague pas : c’est vraiment son discours.
Et devinez quoi : peu à peu, les gens renoncent à leurs vœux.
C’est connu : Maurice qui venait de souhaiter ne plus avoir le cancer se dit « Nan mais c’est bon, j’vais le reprendre, la dame l’a demandé gentiment », et Moussa qui venait de souhaiter avoir de quoi mettre sa famille à l’abri du besoin hoche la tête en se disant « C’est vrai que la vie était belle sans mon souhait, à crever dans un bidonville ». Et puis bon, dans un univers où Nicolas Sarkozy existe, peut-on l’imaginer renonçant à une once de pouvoir ? Voilà.
Je vous rappelle que selon le film, les Mayas n’avaient pas réussi à renoncer à leurs vœux, par contre, là, la Terre entière le fait sans problème. Y compris les gens inconscients, visiblement, puisque Barbara est dans le coma depuis qu’elle a mangé deux millions de volts dans la truffe, mais elle doit renoncer à son vœu quand même, faut croire.
Je suis… impatient d’en avoir fini avec cette bouse, disons-le.
Pendant que les incohérences s’enchaînent plus vite que les vœux renoncés ou les contradictions de notre gouvernement, il reste que le monde est au bord du chaos. En effet, à avoir souhaité trop d’armes nucléaires, tout le monde a paniqué et tiré les siennes. Et les sirènes hurlent dans les rues, forçant Max Lord lui-même à comprendre que le feu nucléaire va transformer son idiot de fils en saucisse s’il ne fait rien. Aussi, en dernier, Max Lord renonce à son propre vœu, pendant que les patrons des grandes puissances en font autant, et que leurs armes nées de leurs vœux disparaissent.
Ah oui et leurs autres missiles nucléaires ? Ceux qui n’étaient pas nés de je ne sais quel souhait et qui sont en l’air ? Genre ceux que l’on voit être tirés d’un sous-marin, qui lui n’est pas apparu par enchantement ?
Nan mais c’est bon : ils disparaissent aussi.
La magie du script est plus fort que celle des vœux.
La crise passée, les gens rentrent chez eux, et Max Lord, redevenu un simple humain lambda, retrouve son fils et lui avoue tout : holala, fiston, je suis désolé de tout ça, papa n’est pas le winner qu’il prétendait être, c’est juste un loser, ça te va quand même ? Et évidemment, l’enfant lui fait une leçon de morale sur le fait que l’amour n’est pas proportionnel à la réussite et Diego passe moi mon fusil de chasse, je vais abattre un marmot par la fenêtre, il paiera pour les autres.
Vous pensez qu’on ne peut pas faire plus cucu la praline ? Hohoho. Âmes innocentes.
Car la scène suivante se déroule quelques mois plus tard, dans un monde où tout est rentré dans l’ordre et… à Noël ! Mais si, vous savez, un Noël américain ! Avec un marché de Noël immonde où ça brille dans tous les sens et où tout est kitsch, mais sous une splendide couche de neige avec des gens souriants vêtus de toutes les couleurs qui vont et viennent ? Voilàààà.
C’est donc dans ce décor digne d’Un Prince pour Noël que l’on retrouve Wonder Woman, qui s’émerveille de la beauté de ce monde (elle le fait moins dans les favelas de Rio), avant d’apercevoir quelqu’un qui en fait autant : le type qui avait été possédé par l’esprit de Steve ! L’inconnu en question et elle échangent quelques mots.
« Vous ne trouvez pas que Noël est merveilleux Mademoiselle ?
– Si. Quelle beauté.
– Oui… quel bonheur.
– Oui…
– …
– …
– …
– IL Y A QUELQUES MOIS JE VOUS AI VIOLÉ EN REMPLAÇANT VOTRE ESPRIT PAR CELUI DE MON PETIT AMI MORT IL Y A 70 ANS.
– Hein ?!
– Hein ? Bon c’est pas tout ça mais j’y vais, moi. »
Diana s’en va, s’envole un peu plus loin et… FIN.

Vous prendrez bien une séquence post-générique ?
Car plus tard, et ailleurs, nous voici sur un quelconque marché aux Etats-Unis où soudain, un poteau menace de tomber sur une poussette. Mais une mystérieuse femme brune arrête le poteau d’une main, sous le regard incrédule de la maman de l’enfant sauvé. La mystérieuse amazone, car c’en est une, se retourne et s’exclame :
« Mgnngmmgngnngnmgmgngngngn.
– Pardon ? Je… écoutez Madame, je voulais vous remercier d’avoir sauvé mon enfant, mais là, j’ai pas compris.
– Mgngngngn Jeannine mmggngngngn mystérieuse amazone mgngngngngngn armure d’or.
– Écoutez, je ne pige pas un mot de ce que vous dites. Avec tout le botox que vous avez dans la gueule, on dirait que bouger les lèvres est un enfer pour vous. Vous voulez un cric ?
– Mgngngngngngngn. »
Et sur ce dernier propos plein de philosophie, Jeannine, la mystérieuse amazone supposée disparue après s’être sacrifiée pour son peuple des siècles auparavant, s’en va. Et c’est un clin d’œil, puisqu’elle est jouée à 30% par Lynda Carter, l’actrice original de Wonder Woman, et à 70% par du botox.
Et cette fois-ci, FIN pour de bon. Ouf.
« Et vous patron, qu’auriez-vous souhaité si vous aviez un souhait, et un seul ?
– J’aurais souhaité voir Wonder Woman 1984. »
Diego me parait particulièrement perturbé par ce souhait, et en cherche la logique.
« Mais pourquoi ? Ne venez vous pas d’expliquer longuement que c’était mauvais ? »
Je prends une longue lampée de brandy avant de fermer les yeux.
« Certes, mais ainsi, j’aurais pu renoncer à mon vœu, et par conséquent, dé-voir le film. »
Et après tout cela, difficile d’avoir un plus grand souhait.