Quantcast
Channel: Nul – Le blog d'un odieux connard
Viewing all 38 articles
Browse latest View live

50 nuances pas claires

$
0
0

Le vent souffle en bourrasques qui font claquer mon manteau, alors que la pluie fouette mon visage. Des cieux noirs s’abat un éclair qui en tombant dans le parc voisin, illumine la nuit quelques secondes pour révéler mon adversaire dans toute son horreur. Ma main serre la garde ma rapière, mon pied prend appui sur le bord du toit. Bientôt, tout sera terminé.

« Patron ! crie la voix de Diego par dessus le chaos de l’orage.
– Silence, Diego ! Ce soir, tout doit s’achever !
– Patron, vous menacez une jaquette de DVD, arrêtez maintenant et descendez du toit, vous allez tomber malade avec cette pluie !
– La peste t’emporte, mauvais valet ! Et mes effets dramatiques alors ? Ferme cette fenêtre et rentre maintenant, mon duel final sur le toit de ma propriété doit avoir lieu !
– Bon alors je range tout ? Je retire le coussin du fauteuil ? Le brandy de la table ? Le cigare et sa guillotine du cendrier près de l’âtre ?
– Hé bien je…
– Le sac de chats à stranguler ? La stagiaire qui glousse en repose-pied ?
– Attends Diego, attends. Ne ferme pas la fenêtre, je descends, tu as raison. »

Quelques instants plus tard, je pousse un soupir en m’installant dans mon fauteuil à spoil. Sur un plateau m’attendent la télécommande de l’écran qui me fait face, et celle du détonateur du même écran, au cas où le visionnage devienne trop insupportable.

Je le caresse, car aujourd’hui, je crains qu’il ne serve.

Diego, les mains enfoncées dans des gants de plomb, manipule avec précaution le DVD de 50 Nuances plus claires, ultime épisode d’une série dont je me suis abstenu de parler durant une année pour que chacun puisse se remettre des horreurs passées. Mais, allez ! Il est temps d’en finir avec la saga à l’érotisme proche d’une soirée comptabilité & fiches d’imposition (pour la douleur, on reste dans le ton).

Avant de nous attaquer à la bête, rafraîchissons-nous tout de même la mémoire, et rappelons les épisodes précédents.

50 Nuances de Grey. Christian Grey, millionnaire à la COTOREP, rencontre Anastasia Steele, qui d’après les premiers éléments de l’enquête, serait en fait une lèvre si enflée d’être mordillée qu’elle a désormais taille humaine. Christian veut faire signer à Anastasia un contrat pour qu’elle accepte de se faire violer, ce qui est quelque peu antinomique, mais passons. Les deux ont une relation mi-drôle malgré elle, mi-violente, mi-sexuelle mais 150% lamentable au point que le premier titre des aventures de ce garçon neuneu et de cette femme éveillée comme le cocker était Boules & Bifles. Finalement, Christian met une fessée à Anastasia, ça lui fait le cucu tout rouge, aussi le remballe-t-elle, le cucu. Christian est tout triste et joue du Maître Gims au piano. Le spoiler est ici.

50 Nuances plus sombres. Ana a quitté notre héros, et vient de débuter sa carrière dans l’édition, mais déjà, Christian veut la reconquérir et l’achète avec une soirée restaurant car non, Anastasia ne coûte pas cher, un Happy Meal et elle t’épouse. Hélas, sur le chemin de leur bonheur, plusieurs ennemis se dressent : Uzumaki Leila, une ex de Christian et ninja qui a le pouvoir de se téléporter car parfois Leila, parfois Leiplula. Darth Botox, le sosie de Palpatine qui avait initié Christian au sado-maso. Et enfin Jack Rabouin, le supérieur d’Ana au boulot, qui a tenté de la violer, mais sans contrat, ce qui est le plus grave si j’en crois ce film. Nos héros parviennent à leur échapper, et Christian demande alors à Ana de l’épouser, car il a toujours rêvé de se marier avec un cocker. Le spoiler est là.

Mais alors, nos héros vont-ils pouvoir se marier sans que leurs ennemis hurlent « Je m’y oppose » ? Sachant qu’il y a parmi eux un ninja, un sith et un rabouin, ont-ils la moindre chance ? Et surtout, Anastasia va-t-elle réussir à dépasser le QI de ses pullovers ?

Allons : spoilons, mes bons !


L'affiche

L’affiche : la seule bonne nouvelle, c’est qu’elle annonce que c’est la fin.

Notre film s’ouvre sur Anastasia et Christian enfilant leurs tenues de mariage, avant de bondir droit à la cérémonie où nous assistons à l’échange des vœux.

« Anastasia, je te promets de t’aimer et de te chérir, de traverser à tes côtés les joies comme les épreuves, de suivre, tes pas auprès des miens, le lit sinueux d’une vie longue et heureuse. Je fais tiens ce qui est mien, et plus que deux êtres, nous sommes un foyer. Je promets de ne plus te faire signer de contrats bizarres, de ne plus te ligoter en t’enfonçant des poireaux dans la boîte à taupes, de ne plus crier le nom de Kev Adams quand je jouis et…
– Ouiiii, bon, hein, on va s’en arrêter là, hein Christian, haha.
– D’accord Monsieur le curé. 
– Anastasia, vos vœux ? »

Et Anastasia de souhaiter la même chose, surtout concernant cette mystérieuse histoire de poireaux. Puis, nos deux tourtereaux vont ouvrir le bal. Et pour une fois, voici une bonne idée, alors profitez-en puisque ça ne va pas durer : le mariage est court et les mariés mettent les voiles aussi tôt que possible.

Quiconque connait la longueur moyenne d’un mariage ne pourra qu’approuver, car la bonne durée de ce genre de fête, c’est lorsqu’elle s’arrête avant que quelqu’un ne lance la chenille ou du Eye Cotton Joe.

Il fait encore grand jour quand les mariés grimpent à l’arrière de la voiture de Christian pour être emmenés droit à l’aéroport le plus proche, sous les flashs de la presse people qui ne manquerait pour rien au monde un mariage dont l’union donne un Q.I cumulé de 52. Arrivés sur place, le jet de Christian attend sur le tarmac.

« Ouaaah… c’est à toi, ça ? » s’exclame Anastasia.

Oui, parce que figure-toi Anastasia que cet avion, tu en avais déjà connaissance, mais apparemment, tu as déjà oublié les précédents films. Ou bien est-ce tout simplement qu’au moment du mariage, une erreur impliquant un traiteur zélé, une Anastasia maladroite et un plateau d’huîtres ont fait que Christian vient en réalité d’épouser un fruit de mer. Comme la différence n’est pas évidente, on peut comprendre la méprise de Christian.

Cependant, on supposera qu’entre deux scènes, un invité a réalisé la méprise en entendant glousser l’huître qu’il arrosait de citron, et aura rapporté la véritable Anastasia à son propriétaire. Nos amoureux peuvent donc s’envoler vers la capitale des amoureux : Paris.

« Ho, Christian ! J’ai toujours rêvé de passer ma nuit de noce durant une grève gare du Nord ou d’entendre un clochard insulter ma mère dans un métro aux relents d’urine ! Et puis, j’ai toujours voulu adopter des rats de poubelle ! »

Paris, disais-je, favela des amoureux.

Après cette étape magique, les larrons décident qu’il est temps de prendre le soleil, et plutôt que de s’installer des chaises longues Porte de Clichy, filent vers les plages du sud où ils vont pouvoir faire trempette, bronzette, ainsi qu’une autre rime en -ette que je vous passe pour préserver mon jeune lectorat. Je vous laisse chercher, je ramasse les copies tout à l’heure.

Cela dit, lune de miel ou non, Christian sent le naturel revenir au galop. Ainsi, lorsqu’Anastasia, profitant d’une liberté toute latine, décide de se mettre top less à la plage, Christian se fâche tout rouge parce que nom d’une pipe, tu vas te couvrir, dis voir ? Et si les gens te reluquent, hein ? Des yeux d’autres hommes posés sur toi ! C’est scandaleux ! Je t’avais dit de ne pas le faire ! Depuis quand tu penses pouvoir prendre des décisions ? Tu as un chromosome Y ? Pas que je sache ! Non mais !

Si des vendeurs de burqas me lisent, je crois qu’ils ont un client tout trouvé.

Christian, tout grognon et pour éviter les gens qui reluqueraient sa nana (alors que bon, si leur regard tombe sur elle, ce sera plutôt sur sa frange inspirée d’un pont-levis), fait vite grimper sa belle sur son scooter des mers, retourne à son bateau, et là, fait comprendre que ça va chier, et que donc, il va y avoir du sado-maso. Il demande à Ana, penché à son oreille :

« Tu te souviens du mot d’alerte ?
– Oui.
– Dis-le…
– Hmmm…
– Non allez… dis-le…
– SONDERKRAFTFAHRZEUG ! »

Ils ont pris ça parce qu’au départ, c’était « Hmmmm… » et du coup, le sexe durait environ 0,7 secondes. Mais au 145e essai, ils ont compris que ça venait peut-être de là, et pas seulement de Christian.

En tous les cas, notre millionnaire sort les menottes, et c’est parti pour du sexe aussi excitant qu’une photo de Robert Ménard. L’affaire promptement réglée, voici que l’ordinateur de Christian fait bip : c’est Ross, une de ses employées à Seattle, qui informe qu’un terrible drame vient de se jouer.

Un homme a réussi à rentrer dans les locaux de Grey SARL, s’est déguisé en agent de maintenance, a infiltré la salle des serveurs en piratant les serrures électroniques avec du matériel dernier cri, puis a effectué un vaste piratage et volé des données personnelles de Grey avant de laisser derrière-lui des explosifs qui ont eu raison des serveurs et démarré un incendie vite maîtrisé. Sur les images qu’envoie Ross à Christian, Ana reconnait un homme :

« Mais c’est JACK RABOUIN ! »

Pour votre information, Anastasia arrive à identifier Jack à partir de cette image. Je pense qu’elle est prête pour apparaître dans un épisode des Experts.

Que ? Attendez ! Jack Rabouin, l’ancien supérieur d’Anastasia qui a tenté de l’agresser ? Il sait pirater des serveurs, infiltrer en commando des lieux de haute sécurité et maîtrise en plus les explosifs ? Mais le mec était éditeur ! ÉDITEUR !

Un éditeur maléfique, à la limite, ça vous donne ça :

« Hinhinhin, Anastasia, vous êtes perdue !
– Comment ?
– Oui, pendant que vous ne regardiez pas, j’ai réduit votre à-valoir ! Quant aux paliers des ventes, je les ai… je n’ose le dire… je les ai RÉDUITS DE 1% !
– MONSTRE ! Comment avez-vous osé ? Et les droits audiovisuels ?
– Ahaha, je les avais cachés dans la partie sur les options électroniques et traductions ! Hahaha, je suis diabolique ! DIABOLIQUE ! »

Vous comprenez pourquoi on fait généralement peu de films sur les éditeurs maléfiques.

Non, mais sans rire : jusqu’ici, on avait donc une ninja et une seigneur Sith. Maintenant, voilà qu’on se tape un mec qui a appris l’art du piratage en relisant les manuscrits de T’Choupi installe Linux et les explosifs avec T’Choupi en Syrie.

Et les rélévations pleuvent, car Anastasia comprend que Chrichri lui cache des trucs.

« Chrichri, tu me caches des trucs.
– Comment ? MWÂ ?
– Oui, rien que ta prononciation de « Moi » te trahit, gros naze. Allez, accouche.
– Bon, je ne voulais pas t’inquiéter, mais tu te souviens l’accident d’hélicoptère auquel j’ai survécu dans le précédent film ?
– Oui.
– Hé bien… les inspecteurs pensent que ce serait un sabotage.
– Mais alors Jack aurait aussi appris l’art subtil de saboter un hélicoptère sans empêcher son décollage pour causer un accident en vol ?
– Je crois me souvenir que sa maison éditait T’Choupi contre Daniel Balavoine.
– Ho !
– Mieux vaut rentrer à Seattle tirer tout ça au clair.
– Tu veux que j’allume une lampe ?
– La SITUATION, Anastasia, concentre-toi un peu ! »

L’affaire est entendue, nos Américains retrouvent le pays du hamburger, et par sécurité, on détache auprès d’Anatasia deux gardes du corps qui se relaieront. Ça papote aussi installation de Madame chez Monsieur, si elle va refaire la déco, si elle va devenir reloue avec le personnel de Christian et si elle veut un enfant. Ce qu’elle veut, et lui aussi mais heu, pas tout de suite, hein, haha, ho, tu as vu l’heure, si on allait se coucher et qu’on en parlait plus tard ?

« Mais Christian, il est 14 heures.
– OUI OUI C’EST ÇA, AU LIT, HOLALA JE DORS, RON PCHIIIT.
– Christian tu es censé t’allonger et fermer les yeux avant de dire « Ron pchiiit ».
– Ho, hé, je te demande de faire deux choses à la fois moi ? »

La journée se passe sans que le sujet de l’accouplement neuneu-cocker ne soit évoqué. En tout cas, si jamais progéniture il y a, j’offre le sac en plastique, la brique, et la course jusqu’au cours d’eau le plus proche.

Anastasia peut donc retourner travailler, au poste, rappelons-le, que Jack Rabouin occupait anciennement. Elle est d’ailleurs confirmée dans ses fonctions (ce qui était aussi plus ou moins déjà le cas, mais apparemment, personne n’a visionné les films précédents comme déjà dit, même si c’est quelque chose que je comprends tant je ne le souhaite à personne). Évidemment, sa promotion éclair lui attire quelques jalousies, comme celle de Lise, la nana dont on ne suspecte pas du tout qu’elle va être vilaine.

« Pourquoi on me suspecterait ?
– C’est facile Lise, regardez. Je me tourne…
– MMmmmmohohohoHOHOHOHOHO
– Je me retourne ! Et voilà, vous étiez en train de vous frotter les mains en riant diaboliquement, non ?
– Non pas du tout.
– Bon alors je retourne à mon travail.
– Mouiiiii faites celaaaa…. MmmmmohohohohHOHOHOHO !
– Vous voyez vous le refaites ! »

Je me demaaaaande qui est la traîtresse dans ce bureau, dites-voir.

Cependant, le danger le plus immédiat n’est peut-être pas de Satanas du beau sexe, car alors que notre héroïne est occupée à travailler ses dernières parutions (d’inconnus complets, mais Anastasia est évidemment géniale et réussit tout ce qu’elle fait), voici que Christian déboule dans son bureau, furieux et triste.

Comment on sait qu’il est triste ? Parce que le film respecte la même règle : plus Christian est triste, plus il est barbu. On supposera donc que si jamais il devient dépressif, il finira hipster. Ce qui expliquerait bien des choses, mais revenons au sujet de sa visite surprise.

« ANASTASIA !
– Heu, oui ?
– QUÉQUECÉ QUE CE BORDEL ?!
– C’est-à-dire ?
– J’AI ENVOYÉ UN MAIL À ANASTASIAGREY@EDITEURFOIREUX.COM, IL M’EST REVENU !
– Oui puisque ce n’est pas mon adresse.
– C’EST QUE TU N’AS PAS CHANGÉ TON NOM, SA RACE LA VILAINE ! »

Oui, ou alors c’est que son adresse est agrey@editeurfoireux.com ou a.grey@editeurfoureux.com ou grey.a@editeurfoireux.com.

Il s’est écoulé deux heures depuis qu’ils se sont séparés, mais Christian a déjà sa barbe de tristitude. Il est fort, ce Christian.

Mais non, Christian est comme ça : il envoie à une adresse au pif, ça ne marche pas, alors il se déplace en personne pour faire un caca nerveux d’une telle puissance que son pantalon de costume est trop ruiné pour la blanchisserie : ce sera le feu, et encore, on demandera de se tenir à distance du bûcher de son froc.

Anastasia, cependant, lui explique que, ben, non, c’est juste qu’elle a gardé la même adresse de boulot : anasteel@editeurfoireux.com (parce que Anastasia en entier, ça ferait grande personne, je suppose)

Accessoirement, ça fait deux heures qu’elle avait autre chose à faire, mais aucun d’entre eux n’a l’air de se souvenir de cet élément. À la place, ils se disent juste que bon, ils verront plus tard, que c’est fini, allez, fais-moi un bisou. Et en effet, le soir venu, Christian vient chercher Ana au travail pour lui faire une surprise moins désagréable.

Et l’emmène loin de la ville dans un splendide manoir à la campagne. Et lui annonce :

« Anastasia… tu te souviens de ce manoir ? Un jour que tu l’avais vu en faisant du voilier avec moi, tu as dit que tu le trouvais beau. Alors… je l’ai acheté pour que nous y habitions…
– Hooo, Christian tu es formidable !
– … ET MAINTENANT LAISSE-MOI TE PRÉSENTER BLONDIE, L’ARCHITECTE QUE J’AI ENGAGÉE POUR RASER LE MANOIR ET FAIRE UN BUNKER MODERNE À LA PLACE !
– Christian, tu es une merde. »

Blondie, par ailleurs, fait les yeux doux à Chrichri. Aussi, sitôt que Christian doit répondre au téléphone et s’éloigner, Anastasia décide d’utiliser ses nouveaux pouvoirs de femme de Christian, et ordonne à l’architecte de fermer sa bouche, ranger ses mains, plier ses gaules et revenir quand elle sera professionnelle et n’essaiera pas de transformer une maison ancienne en boîte à goûter géante en verre.

Ah, notre héroïne aurait-elle enfin atteint un QI à deux chiffres ?

Non, car aussitôt, elle propose à l’architecte de revenir quand même parce que péter des pans entiers du bâtiment, ça l’intéresse. Nous voilà rassurée : notre héroïne reste une frange qui parle.

Toujours est-il que Christian ayant entraperçu cette mise au point, est tout excité. Il tire donc sur son pantalon du bout des doigts, écarte l’élastique de son slip, et s’adresse à son kiki qui est, rappelons-le, sa principale source de prises de décisions.

« Hé bien kiki, ma femme qui donne des ordres, c’est excitant, qu’en penses-tu ?
– Laisse-laaaaaa conduire la voituuuuure au retoooooour !
– Allons kiki, quel rapport avec la choucroute ?
– Laisse-laaaaaa conduiiiiiire, nom d’une pipe ! Je suis ton zboub, faaaais-moi confiaaaaance un peu !
– Bon, bon, c’est toi le preneur de décisions, d’accord. »

Et Christian de suivre l’avis de son kiki et d’annoncer à sa femme que puisqu’elle a envoyé chier Blondie, elle mérite bien de conduire la voiture pour revenir à Seattle. Sauf qu’Ana fonce un peu trop vite et sème la voiture des gardes du corps qui les suivaient. Or, entre les deux, un véhicule s’est glissé… un mystérieux 4×4 qui leur colle aux basques. Et d’après les gardes du corps, qui ont vu la plaque, c’est une fausse !

Ah, oui : Ana se mord bien entendu toujours autant les lèvres, fut-ce parce qu’elle touche un volant.

« Seigneur Christian, qu’allons-nous faire ?
– Une seconde, laisse-moi… mgn… mgggnnnn…
– Christian, pourquoi ouvres-tu ton pantalon maintenant ?!
– Pour prendre conseil bien sûr ! Kiki ! Oh, kiki, c’est toi qui as eu l’idée de laisser conduire Ana, et maintenant, nous sommes dans de beaux draps ! Que doit-on faire ?
– Christian, est-ce que tu es vraiment en train de demander conseil à ta teub ?
– Ben quoi, c’est toujours comme ça que j’ai fait ! Sinon, je ne t’aurais jamais épousée d’ailleurs et… attends, non, bon, kiki, c’est quoi ton plan ?
– Anaaaaa doit tenter de semeeeeeer le margouliiiiiin !
– Ana ? Semer un mec en voiture de sport ? Ana qui n’a conduit qu’une vieille merde jusqu’ici et qui est à peine capable de faire dix mètres sans trébucher comme une gourdasse ?
– Celle-lààààà mêêêêêême !
– Tu as raison kiki, faisons ça ! »

Et croyez-le ou pas, ce plan se passe sans accroc, parce qu’en fait, Ana l’étudiante neuneu en littérature est en fait une déesse du pilotage parce que heu… ah, oui, pardon. C’est vrai que depuis le début, c’est une gourdasse, mais une gourdasse qui réussit absolument tout sans explication. On dirait un peu le pitch d’Avatar, vu comme ça, d’ailleurs, mais passons. Elle fonce dangereusement jusqu’à Seattle, où enfin, ils arrivent dans un parking après avoir semé de justesse leur poursuivant, et toute excitée, Ana se tourne vers Christian.

« Christian, je suis toute excitée !
– Aha ! Je savais que mon kiki avait raison ! Mais bon, là, on est dans un parking.
– Je m’en fous, allez, baisouillons !
– Ana ! Ana bordel que… non mais… aaah mets pas ta jambe là ! Ana, merde, tout ce que tu vas niquer, c’est les sièges ! »

Et après un coït de 17 secondes chrono, c’est bouclé.

Vous pensez que j’exagère ? Attendez. Attendez parce qu’à force de recevoir des mails me demandant de souffrir à votre place, j’ai dû louer le film. Non, pas télécharger : louer.

Du coup, je vous laisse vérifier par vous même grâce à ces captures d’écran :

Fig 1 : Christian tente d’insérer le truc dans le machin. Fig 2 : Ayé, j’ai fini.

À part ça, sinon, concernant le fait que vous étiez vaguement en danger les petits amis, rappelons que nos héros n’ont jamais eu l’idée de ralentir un peu pour que les garde du corps les rattrapent sans pour autant laisser loisir à leur poursuivant de les embêter, ou plus simplement, d’appeler la police pour signaler un véhicule avec fausses plaques derrière eux.

Puisque là encore, sinon, le film s’arrêtait là.

En lieu et place, nos héros se retrouvent chez eux le soir avec leurs gardes du corps qui bredouillent qu’ils ont un peu merdé, et ont juste obtenu la photo d’une femme mystérieuse qui conduisait le véhicule à leur suite.

Une femme mystérieuse ? Je me demande tellement qui c’est. À tout hasard, est-ce qu’elle faisait « Mohohohoho » en conduisant ?

Au hasard, hein.

Tiens Diego, d’ailleurs tu sais le sac de chatons ? On va le mettre directement dans le feu. On entend plus de choses sensées dans des miaulements d’agonie que dans les dialogues de ce film. Voilà. Quelle douce chanson à mes oreilles.

Enfin. Revenons à nos moutons. S’ensuit une conversation entre nos deux héros où Christian veut que sa douce le suive partout désormais, sauf qu’elle lui répond qu’elle a du boulot ici, elle, avec tous ses albums de T’Choupi encore à paraître que Jack avait mis dans les tuyaux du temps où il était en poste. Elle déclare alors :

« Et si je te coupais les cheveux ?
– Hein ? Mais QUOI ? Quel est le putain de rapport avec nos poursuivants de tout à l’heure ?
– Je sais, c’est les dialogues, moi aussi ça me fait bizarre.
– Surtout avec ta coupe, d’ailleurs. Vu ta frange, les coiffeurs doivent tirer à vue.

– Je sais, mais bon. Le script. Scène érotique de coupe de cheveux sans logique ?
– Rrrrr. »

Notre héroïne après avoir lavé les cheveux de son mari avec un érotisme bluffant (« Oh oui, remets-moi du Ptit Dop qui ne pique pas les yeux, coquine !« ), décide de passer à la seconde partie : la coupe en elle-même. Elle va donc chercher les accessoires qui vont bien pour mêler salon de coiffure et sadomasochisme (une tondeuse, un brassard des FFI et un calendrier de 1944), lorsqu’elle découvre près des ciseaux que Christian cache dans son bureau un revolver. Celui de Leila la ninja, et qu’il a toujours. Nul doute qu’il servira plus tard, mais je dis ça AU HASARD encore une fois.

Plus que le pistolet de Leila, c’est ainsi le fusil de Tchekhov.

Le lendemain, Christian part en voyage d’affaire, laissant sa femme avec ses gardes du corps à Seattle. Et ordre de ne pas sortir le soir. Mais c’est sans compter sur Anastasia qui ne peut résister à l’appel des copines qui l’invitent à sortir dans des clubs, glousse, glousse, rigole, rigole, bave, bave.

Mais évidemment, un soir en rentrant chez elle… tiens ? Les lampes ne marchent pas ? Tant pis je… ho ! Mais qu’est-ce que ? Quelqu’un derrière moi, un couteau sur ma gorge ? Mais qui…

« JACK RABOUIN !
– En personne !
– Maintenant vous êtes aussi cambrioleur et roi du couteau ?
– T’Choupi et l’Est parisien, ça te dit quelque chose ?
– Mon dieu, j’aurais dû m’en douter ! Vous ne vous en tirerez pas comme ça ! »

Jack Rabouin et son arme diabolique : le couteau à bout rond. Monstre !

Et c’est vrai puisque Jack Rabouin avait oublié que notre héroïne avait ses gardes du corps, ce petit détail, eux-même disposant de pétards, ce qui a tôt fait de dissuader le roi du couteau de poursuivre son sinistre projet, car malgré ses bonus de backstab, il n’a pas assez de points de vie pour encaisser 40 balles de 9mm. En tout cas, c’est son calcul, là, comme ça, au débotté. Le bougre est par conséquent arrêté, et jeté aux fers.

Quant à Christian, il rentre en urgence et fait du boudin parce que le souci, c’est pas qu’un mec rentre chez lui les doigts dans le nez, le souci, c’est que sa nana a désobéi et est sortie sans autorisation (alors que le danger était chez elle, et pas au dehors, comme quoi en plus elle avait raison).

Christian, tu es décidément fabuleux. Et psychopathe. Mais fabuleux.

Et quand il a achevé de faire du boudin, comme il se doit, il veut faire des cochoncetés. Ce qui est fait, avant une explication avec Madame sur le fait que snif snouf, tu m’as désobéi, mais que bon, c’est vrai, puisque tu insistes, si tu estimes avoir le droit de voir tes amis, dans ma grande bonté, je t’autorise un weekend avec eux. Mais je me joins à vous, hein, parce que ho, bon hé, faudrait pas que tu penses être libre non plus.

Et la fine équipe de partir en weekend à la campagne, ouiiii !

Sur place, Christian impressionne son monde en se mettant au piano et en chantant en plus de jouer. Son interprétation douce et enchanteresse de Crazy Frog est un succès. Puis la nuit vient, et ses cochoncetés sans intérêt que je vous passe pour la sauvegarde de votre santé mentale. Le lendemain, les amis de nos héros sont juste surpris de trouver de la glace dispersée un peu partout dans la cuisine et la trace d’un cul sur la table de la salle à manger. Le petit déjeuner se fait donc en silence, à observer sur la table cette forme étonnante qui blufferait l’archéologue aguerri tant on n’y trouve la trace d’un unique trou de poteau. Mais avant que l’on ne mette l’INRAP sur l’affaire, la fine équipe, moins Christian qui a du boulot, décide d’aller se promener dans les montagnes voisines.

Pendant que ses petits compagnons sont partis, Christian reçoit cependant de nouvelles informations sur le passé de Jack Rabouin : d’abord, il est aussi originaire de Détroit, comme Christian. Ensuite, tout comme lui, il a connu des familles d’accueil (même si dans le cas de Christian, c’est pas clair : tantôt le script dit qu’il a été adopté par maman Grey direct, tantôt non, même l’auteure ne sait plus), mais surtout, il avait pour habitude de coucher avec une de ses assistantes puis de la faire chanter avec une ex-tape. Et il reste une assistante toute dévouée à Jack dans les bureaux.

« Hmmm… je ne vais surtout pas prononcer son nom à voix haute pour que le spectateur ne sache pas qui est la traîtresse. »

« C’est Lise. » répond la salle.

« En tout cas, je me demande qui Jack va envoyer pour le servir maintenant qu’il est en prison.. »

« C’est Lise ! » insiste la salle.

« Oui, faisons-ça : gardons l’information et ne prenons pas plus de mesures contre cette personne qui était l’assistante de Jack et bosse dans l’édition mais dont je ne donne pas le nom. »

« MRRRAAAOOOOOWAAAAARRRAAAAW » font les chatons du deuxième sac que je viens de lancer dans la cheminée.

Ana et ses amis, eux, se promènent dans les montagnes, font étape en ville pour faire du shopping (mais toujours en buvant du vin, comme tout le monde en permanence dans ce film ; ils devraient tous crever de cirrhose avant leur 35 ans, et Ana avoir le pif de Depardieu). Puis tout le monde va en boîte, et là, braves lecteurs, là… le frère de Christian qui sort avec la meilleure amie d’Ana, Kate, demande cette dernière en mariage.

HOLALA LES DEUX MEILLEURES AMIES QUI ÉTAIENT COMME DEUX SŒURS QUI ÉPOUSENT DEUX FRERES, ON VOYAIT PAS ÇA VENIR !

D’ailleurs… je… attendez ? Diego ? Viens voir. Tu as pensé à changer les piles du détonateur ? Pourquoi la télé n’explose-t-elle pas ? Parce que là, je ne souhaite rien d’autre tant c’est mièvre. Va les changer et reviens s’il-te-plaît, merci.

Mais à son retour à Seattle, une terrible nouvelle attend notre amie : Jack Rabouin va être libéré s’il paie une caution de 500 000$, ce qui fait quand même beaucoup de brouzoufs, elle devrait être tranquille. Notre héroïne le sait car elle est allée, habilement camouflée, assister à l’audience.

Le déguisement d’Anastasia est parfait : qui pourrait la reconnaître, elle, sa tête basse, sa frange de blogueuse de 2008 et son garde du corps debout derrière elle ? Personne, car elle a… des lunettes de soleil !

D’autres nouvelles attendent cependant notre fière Ana, comme par exemple le fait qu’elle est enceinte de six semaines ! Palsembleu ! Que d’événements ! Il n’y a plus qu’à aller l’annoncer à Christian.

« Christian, je… je suis enceinte. Voilà, c’était pas prévu, mais hop.
– Comment ? Nom d’une pipe Ana ! Je ne suis pas prêt à être père !
– Ni moi à être mère ! MAIS IL FAUT FAIRE AVEC ! »

« Et l’avortement ? » hurlent des centaines d’Argentines en balançant des parpaings contre les vitres blindés de nos deux couillons, qui tout en mangeant leurs petits pois la main sous la table (quelle belle éducation), se disent que voilà, c’est le destin, maintenant, on ne peut plus rien y faire.

Car rien ne peut arrêter le destin.

À part, disons, un cintre voire un escalier, mais passons.

Christian, bougon, décide d’aller se changer les idées en se collant une murge, tant il est vrai que ça faisait bien huit secondes qu’on ne l’avait pas vu avec un verre à la main. Il va donc probablement s’enfiler des 8-6 en intraveineuse, et une fois qu’il est tellement défoncé qu’il trouve la coupe de cheveux d’Anastasia belle, il rentre à la maison. Et je tiens à saluer le jeu d’acteur de notre héros, qui me rappelle les plus grandes heures de Francis Huster. Ce qui n’est pas peu dire.

Mais voilà : alors que Christian se couche, lâche un pet aux relents de houblon puis s’endort, Ana voit sur son téléphone un SMS de Darth Botox, son ancienne maîtresse de SM, qui remercie Christian d’être passé la voir. Trahison ! Ana décide donc… de faire du boudin.

Mais ça suffit ! Ça suffit de faire la tête tour à tour depuis plus d’une heure, maintenant !

C’est bien simple, depuis le début de ce film, les deux personnages passent leur temps à faire du boudin pour un oui ou pour un non. Parce que t’as pas changé ton adresse mail, parce que l’architecte elle t’a touché l’épaule, parce que tu as voulu te mettre top less, parce que tu es sortie avec la mauvaise personne…

Je propose de renommer ce film 50 Nuances de boudin.

Je vous laisse l’interpréter comme vous voulez, vous noterez que ça colle toujours.

J’en profite : j’ai parlé du jeu d’acteur de l’ami Christian, mais Anastasia est aussi bluffante : depuis qu’elle est enceinte, elle se caresse le ventre en prenant l’air un peu contrite, ce qui donne plus l’impression qu’il y a un tacos qui passe mal et qu’il faut pas rester derrière que le fait qu’elle attende un enfant.

Ou bien attend-t-elle un tacos. Vu l’ADN des parents, c’est crédible.

Enfin, notre héroïne retourne au travail pour donner des ordres à ses douze assistantes qui occupent tout un étage, avant de s’enfermer dans son bureau géant, comme toute éditrice qui se respecte. Mais là, elle a un appel et son téléphone lui indique que c’est Mia, la sœur de Christian.

« Allô Mia ?
– Hahaha non c’est… JACK RABOUIN !
– Pourquoi prononce-t-on toujours votre nom en majuscules ?
– Je ne sais pas. Tout petit déjà je… attendez, n’essayez pas de changer de sujet ! Tenez, je vous envoie une photo de Mia ligotée et baillonnée ! Haha, que dites-vous de ça ?
– Ah, tiens, vous aussi vous aimez le sad-maso, Jack ?
– Mais non, bougre de conne ! Je l’ai kidnappée !
– Hoooo, pardon.
– Depuis que l’on a payé ma caution de 500 000$ dans la journée, je suis de retour !
– Alors oui mais qui ?
– Qui quoi ?
– Qui a payé 500 000$ ?
– … ah merde. Oui, le script a oublié ce détail !
– C’est embêtant.
– Bon, on va dire que j’avais 500 000$ sur moi quand j’ai été arrêté. C’était la monnaie du pain. Mais bon, on s’en fout, reprenons ! C
omme tu as ruiné ma vie, j’exige que tu me donnes… CINQ MIYONS DE DOLLARS ! Dans deux heures !
– Mais Jack, vous êtes un peu con ? Moi je suis la femme de Christian, c’est lui qui a le pognon. Tu crois que je retire cinq millions de ses comptes comme ça ?
– Ah oui, merde. Bon heu… hé ben tu te débrouilles, voilà ! Le script il dit que tu peux, alors go ! »

La version réaliste du film : une étudiante en 2018 aurait du mal à reconnaître son amie sans ses filtres. Zoomez si c’est trop petit.

Ana rentre chez elle, ne prévient personne, et est rappelée par Jack depuis un autre téléphone.

« Ah et le fric, en liquide et dans des sacs.
– Vous pouviez pas le dire au premier appel ?

– Je te rappelle dans quel film nous sommes ?
– Ah oui c’est vrai. Bon, donc je rentre dans une banque et je demande cinq millions de dollars dans des sacs. Je suis sûre que personne ne va trouver ça louche.« 

Lâche-moi Diego ! Ramène-moi le détonateur ! Fais sauter cette télé et moi avec ! Tu vois ce qui arrive quand une auteure qui écrit une version cul de Twilight pense pouvoir mener une intrigue policière ? Diego, reviens ici tout de suite !

Tu ne perds rien pour attendre, Diego. Suivons en attendant notre héroïne.

Ana décide donc de prendre UN sac (elle n’a pas encore appris le concept de pluriel), le pistolet qu’elle avait trouvé dans le bureau de Christian, et une de ses voitures de sport. Et c’est parti pour… heu… pour…

Attendez. Est-ce une scène où Anastasia rentre dans une banque avec un pétard dans le slip (que personne ne remarque), rentre dans un bureau, exige cinq millions de dollars en liquide dans un sac et tout se passe comme sur des roulettes ?

DIEGO, POUSSE-MOI AVEC LA TÉLÉ DANS LE FEU, VITE !

Parce que oui. Le banquier se contente de hausser les épaules en voyant un fruit de mer lui réclamer du pognon, et tout au plus, demande confirmation à Christian Grey. Qui laisse faire, car il flaire que quelque chose de louche se passe et qu’il doit faire confiance à Ana.

Pour rappel : Christian ne la laisse pas boire un verre seule ou voir ses amis, par contre, courir la nature avec 5 millions de dollars, aucun souci.

Grey saute dans sa voiture avec son propre garde du corps et fonce tenter de rejoindre Ana. Il a juste donné comme instruction au banquier de faire tout ce qu’elle dit sans poser de questions.

Ana en profite.

« J’aimerais sortir par l’issue de secours, mon garde du corps m’a suivie. Et là où je dois aller, je dois y aller seule, comme on dit avant caca.
– Je… Madame Grey, si vous pouviez nous épargner vos analogies…
– Hihi, analogies.
– Bon, heu, écoutez, prenez la sortie de secours, soit.

– Super. Et puis il me faut votre téléphone.
– Soupir… teeenez.
– Et puis il me faudrait votre blouson, vos bottes et votre slip.
– … voiciiiiiii, est-ce touuuuut ?
– Non, maintenant, vil banquier, j’aimerais que tu lances Youtube et regarde en boucle la pub de ta société avec Gad Elmaleh. Souviens-toi.
– Écoutez je… non, pitié ! Pitié, je n’ai pas mérité ça ! »

Ana file, et a un nouvel appel de Jack.

« Maintenant, tu vas sortir de la banque.
– Oui parce que vous avez oublié de me dire ce que je devais faire après.
– OUAIS BEN C’EST MON PREMIER KIDNAPPING OKAY ? ALORS J’APPRENDS ! T’arrêtes de te moquer steuplé ! Tu vas aller dans la ruelle déserte derrière la banque.
– Celle qu’il y a derrière toutes les banques ?
– Voilà ! Celle pas surveillée ni filmée. Tu y trouveras un 4×4 que tu as déjà vu puisqu’il vous poursuivait au début du film.
– D’ailleurs pourquoi faire ?
– … ah… heu… oui, merde. Bon, bref, avec ce véhicule complètement grillé avec des fausses plaques, tu vas me retrouver. Il te suffit de jeter ton sac à l’arrière et de rejoindre ma complice à l’intérieur ! Ma complice MYSTÉRIEUSE ! »

Qui pense que c’est Lise ? Levez la main.

Ceux qui n’ont pas levé la main, je vous pardonne : c’est parce que vous lisez ce spoil au bureau, je vous connais.

Mais oui, en effet, Ana sort et tombe, ça alors, sur Lise !

« Mohohoho, c’est moi ! J’étais la maîtresse de Jack !
– Je m’en doutais trop pas !
– J’en suis consciente, Ana. Vu votre QI, vous n’arrivez pas à prévoir que votre anniversaire tombe tous les ans à la même date.
– Vous aussi vous avez remarqué ? C’est trop bizarre !
– Allez, monte, gourdasse ! Allons voir Jack ! »

De là, plusieurs choses essentielles se passent :

  • Lise oublie de fouiller Anastasia, et ne trouve donc pas son pétard
  • Lise balance le téléphone d’Ana, mais trop rusée, elle lui a donné celui qu’elle avait emprunté au banquier. Du coup, on peut toujours la suivre par GPS !

Est-ce qu’Anastasia vient de tenter une ruse ? Je… ouf. Je retourne m’asseoir. J’ai besoin d’un brandy.

En attendant, Ana arrive sur place et…

« JACK RABOUIN !
– Mais c’est vrai que c’est chiant, ce côté théâtral tout naze ! Mais, bref ! Vilaine ! Tu m’as volé mon travail, ruiné ma vie ! Prends des coups de pied dans ta face !
– Aha, je me mords les lèvres depuis deux films, je ne sens plus rien de ce côté là !
– Malédiction, alors prends-les dans ton bide !
– Arrêtez, j’attends un tacos !

– Je m’en fous, car je suis méchant ! »

Anastasia s’effondre au bout de deux coups de pied, mais pas contente, sort son flingue et éclate le genou de l’ami Jack avec. Puis, elle s’évanouit.

La police, guidée par Chrichri qui les suivait pas GPS, arrive sur ces entrefaites. Christian se rue vers sa femme.

« Ana ! Ana ! Bon sang, elle ne répond plus ! Qu’est-ce qui lui est arrivé ?
– Elle a pris deux coups de pied. Peut-être aussi une brûlure indienne.
– Ana ! Réveille-toi, on ne sombre pas dans le coma après deux coups de pied pourri ! Ana, me fais pas le coup de la nana qui meurt parce qu’elle est vaguement triste ! On n’est pas dans Star Wars ! Alors réveille-toi sans faire d’histoires car comme on dit : y a Padmé ! »

Mais elle ne se réveille pas, car avoir mal et respirer, ce sont deux choses, et son cerveaux ne peut se concentrer que sur une à la fois. Elle est donc emmenée à l’hôpital en urgence, pour la séquence où elle dit le moins de bêtises du film : Anastasia dans le coma.

« Mais bordel, pourquoi ils t’ont mis un pansement alors que t’as pris aucun coup là-haut ? »

Christian lui paie les meilleurs soins, appelle Maman Grey à la rescousse car elle est médecin mais aussi de bons conseils, et cette dernière lui dit que le meilleur truc pour sortir une femme du coma, c’est…

« De lui faire des excuses.
– Et tu as un doctorat de médecine ? Ben super. Et le traitement pour le cancer ?
– Raconter des histoires de Toto. Enfin, c’est pas tout ça, je te laisse, j’ai ma conférence sur comment guérir le SIDA par l’homéopathie. »

Christian n’ayant cependant rien à perdre, il décide de dire à voix haute :

« Hoooo je suis tellement désolé d’avoir été méchant en disant que je voulais pas de bébé, alors que les bébés c’est trop bien parce que c’est le fruit de l’amour et que… »

Si votre écran dégouline de sirop en lisant ces lignes, c’est normal.

Et pouf, Ana sort du coma rien qu’en entendant ça.

Moi aussi j’en serais sorti, mais pour gifler l’orateur avant de retourner me coucher et de resombrer.

Mais Ana n’a pas le temps de retourner au lit : Christian l’embrasse, et pleure pour la première fois, lui, le sans cœur, car cette femme merveilleuse a su chasser toute la noirceur de son âme torturée, tout ça.

Peuple qui m’a forcé à voir ce film, entends mon soupir de douleur. Car finalement, à défaut d’Ana, je crois que c’est moi qui vais retourner dans le coma.

Nos héros, eux rentrent et maintenant que tout le monde est gentil, ils décident de mener une vie simple et belle de bons Américains. Ainsi, Christian se met à la cuisine. Et puis, pif pouf, ils reçoivent encore des informations sur Jack Rabouin parce que… heu… voilà. Et apprennent que celui-ci était en fait à un moment dans la même famille d’accueil que Christian, ce que personne n’avait noté jusqu’ici, pas même Christian.

Un détail.

« Ah oui tiens, en fait on a donc grandi ensemble ? J’avais pas remarqué. »

Les amis de Mimie Mathy disent la même chose, mais là n’est pas le sujet.

Enfin : comme Christian a été adopté par la riche famille Grey, Jack est devenu très jaloux, et donc, très méchant.

Ils apprennent aussi, ne me demandez pas d’où ça sort, où est la tombe de la mère biologique de Christian, ex-reine du crack, et ne me demandez pas pourquoi ils l’ignoraient sachant qu’elle a été retrouvée par les autorités à sa mort, raison pour laquelle Christian a été placé. Si les autorités l’ont retrouvée et géré la suite, la tombe n’a pas dû être spécialement cachée. Mais apparemment si, un fonctionnaire qui s’ennuyait a dit « Nan, celle-là, vous me l’enterrez derrière les toilettes d’une aire de l’A10« . La tombe est donc… au fond des bois. Ah.

Christian va fleurir sa tombe, et puis, comme il est triste… mais oui ! Adieu rasage, bonjour piano ! Décidément, jusqu’au bout, ce film aura été inventif.

Puis, tout en jouant la BO de Alad’2, il se souvient de toute sa vie heureuse depuis sa rencontre avec Anastasia, et voit cela défiler devant ses yeux.

Bon, je rappelle qu’en fait, cela fait moins de deux mois qu’ils se connaissent, hein. Du coup, ça va, ça défile assez vite.

Et puis soudain, il reçoit un SMS : Anastasia l’appelle « Monsieur » et l’attend dans sa « salle des plaisirs » parce que finalement, elle aussi s’est mise au sado-maso et…

… FIN.

C’est fini ? Fini ? FINIIIII !

Non non, je ne vous mens pas : la tombe de maman Grey est bien au fond des bois sans aucune explication. Mais évidemment, quand ils vont la voir, il pleut, comme à chaque fois qu’un personnage de mauvais films va dans un cimetière.

Et même si comme dans les Marvel, il y a une séquence post-générique, c’est pour nous montrer le couple heureux youpi avec un enfant, et Madame en attente d’un deuxième.

C’est beau.


Enfin je dis ça, mais bon, n’oublions pas quand même qui sont les parents.

Le SM, c’est éducatif.

Tout est dit.


Captain Marelle

$
0
0

Lecteurs, lectrices,

Je profite de la présente introduction pour paresseusement signaler que plutôt que de vous spammer honteusement d’articles pour vous signaler où je serai en tournée, tout cela sera désormais indiqué sur Twitter et Facebook, et pour ceux n’en disposant pas, hop, à droite de ce blog, vous trouverez un aperçu du compte Twitter où apparaît l’actualité du moment. Comme ça, vous saurez où vous pourrez me croiser prochainement. Par exemple, cette semaine, je serai à Bordeaux, puis à Levallois. Suivez donc les les réseaux qui vont bien.

Voilà, maintenant que j’ai trouvé un excellent prétexte pour faire moins d’articles d’annonces de tournée (parce que bon, on veut du spoiler, de la vidéo et de l’article de société, mon bon monsieur), passons aux choses sérieuses et parlons de Captain Marvel. J’entends par là qu’un film Marvel qui obtient 4/5 chez Télérama, cela doit être une sacrée réussite tant le magazine n’est pas connu pour être complaisant avec les grosses productions américaines.

Alors, Captain Marvel, serait-ce enfin un excellent film capable de bluffer les plus bougons ?

Spoilons, mes bons !
_______________

L’affiche. Quand le personnage principal est lui-même source de flammes, nous savons où nous allons.

Tout commence… de manière chaotique.

Car notre héroïne, prénommée Vers (prononcer « Veursse »), se réveille par terre, ce qui est fort inconfortable, on en convient. Autour d’elle, c’est en plus n’importe quoi, puisque tout n’est que poussières, explosions et vieilles dames. Oui, vieilles dames. Voilà qui est peu banal. Car au-dessus d’elle, une petite vieille sourit à notre douce amie. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Pourquoi est-ce que le ménage laisse autant à désirer dans cet EHPAD ? Toutes ces questions n’auront pas de réponse de suite, car alors que Vers a du sang bleu qui lui coule des naseaux pendant qu’elle essaie péniblement de se relever, un alien pas beau sort des tourbillons de poussière avoisinants, la braque avec une arme et au moment où il tire…

Vers se réveille.

Elle est dans son lit, et autour d’elle, ni poussières, ni explosions, et encore moins de vieilles dames, ce qui est le signe d’une soirée réussie (sauf si vous êtes gérontophile, ne jugeons pas). En lieu et place, il n’y a que les murs froids d’une chambre spartiate, et voici que l’on découvre que notre héroïne vit sur une planète extraterrestre, Hala, qui n’est autre que la capitale de l’empire extraterrestre Kree. Vers est cependant bien embêtée, car après son étrange cauchemar, elle n’arrive pas à se rendormir, aussi va-t-elle frapper à la chambre voisine, dont la porte s’entrouvre quelques secondes plus tard pour révéler…

Tiens ? Jude Law, vous ici ?

Bon, eh bien on peut arrêter le film. Je sais déjà qui est le traître.

Comment je le sais ? Mais à cause d’une règle toute simple du cinéma : si vous engagez un acteur connu, ce n’est pas pour jouer un second rôle. Donc s’il n’est pas directement annoncé comme étant le gentil, c’est fort probablement que c’est le méchant. Je vous laisse vérifier chez vous, mais attention : vous risquez de vous gâcher bien des films policiers, en découvrant que lorsqu’ils interrogent des suspects, c’est toujours l’acteur que vous avez déjà aperçu ailleurs qui est le coupable (ou au pire, le pivot de toute l’enquête).

Mais revenons à Vers qui vient de réveiller Jude Law. Étant donné que je n’ai même pas réussi à retenir le nom de son personnage, nous l’appellerons Kreestian.

« Hmmm ? Kékecé ?
– Kreestian… j’ai encore fait ce cauchemar…
– Vers, écoute, t’es gentille mais il est deux heures du matin, là. Tu veux que je te chante une chanson et que je te mette une veilleuse ?
– Nan… je veux faire… LA BAGARRE ! »

Voilà. Vers a donc la maturité intellectuelle d’un enfant de quatre ans. Le bon réflexe serait de lui mettre une torgnole, un pied au cul et de ramener Vers dans son lit avant de vérifier gentiment s’il n’y a pas le pape en-dessous, mais Kreestian étant bien brave, il accepte de quitter son lit douillet pour aller faire la bagarre en salle de bagarrade avec son amie aussi insomniaque que neuneu. Vers et Kreestian se font face, et commencent à s’envoyer des coups dans la truffe. Cependant, Kreestian a l’avantage à mains nues… jusqu’à ce que Vers révèle qu’elle a un super pouvoir : elle peut balancer des jets de photons depuis ses mains, ce qui fait plutôt bobo.

Bon, bobo, mais pas trop : ainsi, quand Vers tape à côté ça troue les murs, les portes et tout ce qui passe, mais si jamais elle touche un être vivant, hop, soudain, ça se contente de le propulser en arrière comme s’il avait pris un gros coup de poing magique dans le bidou. Une bien belle technique pour éviter d’avoir à interdire le film aux moins de 16 ans, c’est subtil. À peu près aussi incohérent qu’une mitrailleuse qui ferait des trous partout, sauf dans les gens, mais subtil.

Kreestian, lui, goûte cependant peu de se prendre des photons dans la gueule, déjà parce que ça pique, et ensuite, parce qu’il ne sait pas où ces photons ont traîné avant de finir sur lui.

« Vers ! Tu dois te battre à mains nues, pas avec tes pouvoirs !
– Mais c’est plus facileuuuuh !
– Apapap. Un vrai guerrier kree peut vaincre n’importe qui avec ses mains, fut-ce un meuble Ikea. Je t’ai formée pour y arriver. Si tu veux partir en mission, tu dois gagner un combat avec ta force et ta technique, pas en te laissant aller à tes émotions et en envoyant des photons dans la gueule des honnêtes gens.
– Mais je sais que tu n’es pas honnête : tu es Jude Law et on vient de voir plus haut que…
– Chut j’ai dit ! Si tu m’envoies encore une fois des photons, je te préviens, je t’emmène chez l’Intelligence Suprême qui dirige notre civilisation, et ça bardera pour ton cul ! Parce que le pouvoir de balancer des photons, nous te l’avons donné grâce à une puce implantée dans ton cou, mais nous pouvons aussi la reprendre !
– Mais heuuuuu !
– Pas de mais heu qui tienne ! Tu te calmes !
– Naaaan !
– TU TE CALMES J’AI DIT ! »

Mais pour seule réponse, notre pauvre ami reçoit un nouveau jet de photons tout sales dans la gueule. Quand Vers fâchée, elle toujours faire ainsi.

En conséquence, Kreestian, un peu bougon avouons-le, décide d’emmener sa protégée chez l’Intelligence Suprême, qui comme évoqué plus haut, est l’intelligence artificielle qui gouverne l’empire Kree. Notez que confier son peuple à une intelligence artificielle a bien des avantages : il y a moins d’élections à gérer, les déplacements diplomatiques sont peu coûteux, et franchement, qui n’a pas envie d’avoir son chef d’état compatible avec son smartphone pour lui parler directement ? Imaginez toutes les possibilités.

« Ok Emmanuel, pense à rajouter des haricots sur ma liste de course. »
« Ok Emmanuel, lance ma playlist « Soirée en boîte avec Christophone Castener » sur Deezer. »
« Ok Emmanuel, qui est Alexandre Benalla ? »

Je plaisante bien sûr : la troisième commande fait automatiquement planter Elysee.exe. Mais revenons à nos moutons.

Vers est emmenée jusqu’au palais de L’Intelligence Suprême, où il est possible d’entrer en contact avec ladite intelligence. Ce qui intrigue notre héroïne.

« Mais au fait Kreestian, à quoi ressemble l’Intelligence Suprême ?
– Elle apparaît à chacun sous une forme différente. Une forme qui représente pour nous un être digne et respectueux.
– Ah oui ? Et toi, elle prend quelle forme ?
– C’est un secret. »

Car Kreestian ne veut pas avouer que pour lui, l’Intelligence Suprême prend la forme du Joueur du Grenier.

« Oui ben moi, je respecte un mec qui rejoue volontairement au niveau sous-marin des Tortues Ninja »

En attendant, Vers est introduite au palais de l’Intelligence, ce qui est assez inattendu quand on la connait, et est invitée à s’installer sur une espèce de piédestal où se trouve une sorte de flaque de métal liquide, qui à son contact, se transforme en circuits qui couvrent sa peau pour quelle puisse rentrer en communion avec l’intelligence (un simple écran, c’eut été moins prestigieux). Et pouf, soudain, Vers ouvre les yeux et se retrouve dans une sorte d’espace un peu vide où elle est en présence… de la mamie de ses cauchemars !

« Mais ? Vous êtes supposée prendre l’apparence de quelqu’un que je respecte ! Et je ne sais même pas qui est cette mamie !
– Probablement quelqu’un que tu respectais et qui est encore dans ton inconscient… après tout, il est vrai que tu étais amnésique lorsque nous, les Kree, t’avons trouvée il y a des années, Vers. Mais là n’est pas le sujet. Tu es ici parce que tu n’arrêtes pas de balancer des photons dans la gueule de Kreestian, et il en a un peu marre, ma petite Vers.
– Mais c’est parce que je m’ennuie, heuuuu !
– Ce n’est pas une raison. Trouve-toi une activité, comme la pâtisserie, le macramé ou un bullet journal. Je ne sais pas, moi. Tu vas pas me faire le coup de l’enfant hyperactif/dyslexique/zèbre/relou.
– Mais je veux balancer les photoooons !
– Bon, écoute moi bien. Tu sens la puce que tu as dans le cou ? C’est celle que nous t’avons greffée pour te donner ce pouvoir. Alors n’oublie pas que comme Kreestian l’a dit, ce que nous donnons, nous pouvons aussi le reprendre. Surtout si je te reprends à faire des bukkakes photoniques en douce.
– Maiiiiiis…
– Ça suffit. De toute façon, je pense que tu es prête.
– Prête ?
– Prête pour partir en mission. »

Ah. Eh bien je ne sais pas d’où nous vient cette intelligence artificielle incroyablement avancée, mais elle doit être sous Windows XP pour être autant aux fraises. Non parce que personnellement, on m’envoie une recrue qui réveille toute la base à deux heures du matin parce qu’elle a fait un cauchemar, qui utilise ses armes sur ses petits camarades pour déconner et qui admet ne pas se contrôler, ce n’est pas en mission que je l’envoie, mais au gnouf. Mais chez les Kree, non : une guerrière débile reste une guerrière, allez hop, au front. Probablement dans un bataillon disciplinaire. Celui constitué des gens qui n’ont jamais réussi à déchiffrer le programme télé lors de leur journée d’appel.

Vers est ainsi affectée à une escouade menée par Kreestian, qui explique de quoi il retourne.

« Bonjour Vers. Heureux de te voir parmi nous pour ta première mission où tu as été affectée de manière complètement crédible. Laisse-moi plutôt t’expliquer la situation : comme tu le sais, les Krees sont en guerre contre les Skrulls.
– Avec des noms pareils, on dirait le premier chapitre d’un roman de fantasy mal inspiré.
– Certes. Mais toujours est-il que sur l’une des planètes à la frontière de notre empire, Star-Bourg, l’un de nos espions est en difficulté. Sa couverture est grillée et il a besoin d’être exfiltré avant que les Skrulls ne le trouvent.
– Attendez… si c’est une de nos propres planètes… on n’a pas des gens sur place ?
– Ah heu… apparemment… non. C’est une de nos planètes, mais en fait, on n’y habite pas. On doit probablement juste s’en servir comme Air BnB. Bon, bref, c’est pour ça, on y va, on le retrouve, et on l’embarque. Et au moment de la prise de contact, on lui demande le mot de passe, puisque comme vous le savez, les Skrulls peuvent prendre n’importe quelle apparence. Aussi, assurons-nous de ramener l’espion, et pas un ennemi. Un dernier mot : on n’interagît pas avec la population locale. On se fait discret et on part.
– Okay.
– Ah, j’oubiais : LA MISSION COMMENCERA DONC PAR UN BOMBARDEMENT GÉANT DE LA ZONE DEPUIS L’ORBITE. »

Pardon ?

C’est ce que vous appelez être discret ? Pourquoi pas. Quant au peu d’interaction avec la population locale : c’est vrai qu’un missile dans la gueule, c’est assez anodin ; les gens le remarquent peu, surtout quand ils sont dispersés en dix-sept endroits différents après impact.

Plus sérieusement, pourquoi ? Pourquoi rajouter cette partie du dialogue ? Puis une scène géante de bombardement qui pourrit l’intrigue ? Quelques millions de dollars de cramés pour rendre le film moins bon, c’est ce que j’appelle du talent. J’espère que ce film finira nominé aux Oscars, comme Black Panther.

En attendant, la mission commence : la navette de Kreestian, Vers, Jean-Jacques, Jean-Jacques, Jean-Jacques et Jean-Jacques s’envolent donc vers la planète frontière avec quelques bombardiers, qui ont tôt fait de transformer une zone urbaine en réplique de Saint-Denis en l’espace de quelques instants, permettant dans la confusion générale à nos héros de plonger depuis l’orbite pour rejoindre la surface et progresser dans les ruines encore fumantes pour découvrir que le signal de leur espion… émet depuis un temple tout proche.

« Super ! Il est là !
– Kreestian, est-ce que tu es en train de dire qu’on a bombardé la zone sans savoir où était notre homme ?
– Oui pourquoi ? »

Oh, mais pour rien Kreestian, enfin. Tiens, fais attention, tu baves quand tu parles. Tout cela est bien naturel. Et bien malin, surtout.

La fine équipe progresse vers le temple, et aperçoit des autochtones autour d’elle. Pour l’instant, ils ne sont pas repérés mais… le temple, lui, pue l’embuscade d’après Kreestian. Raison pour laquelle Vers s’exclame :

« Bon ben on y va alors ?
– Je viens de dire que c’était une embuscade ! Tu pourrais faire attention quand on parle, c’est quand même ton film !
– Alleeeeeeeeeez ! Steuplééé !
– Bon, d’accord. Quand on me dit steuplé, je dis oui. Jetons-nous dans l’embuscade. »

Vraiment. Non mais vous nous le dites si on vous fait chier. C’est quoi ? Un concours entre scénaristes ? Les mecs ont parié à qui caserait le plus de discussions et décisions absurdes dans le scénario ? Ou bien est-ce comme le service public français : on leur a dit que s’il ne cramait pas tout le budget, ils auraient moins l’année prochaine, aussi ils gaspillent leur argent en scènes absurdes ?

Le mystère est entier, le suspens, moins puisque… oh ben ça alors, c’est une embuscade !

L’espion est bien à l’intérieur du temple, et connait même le bon mot de passe pour se faire reconnaître, mais c’est tout de même un Skrull ! Idem pour les autochtones : aussi des Skrulls ! Ils sont encerclés ! C’est la bagarre, piou-piou-piou le pistolet laser, takakata la mitrailleuse à plasma, et splalaplash les tirs de photons. Mais hélas, si toute l’escouade de nos amis parvient à s’en sortir… c’est à une exception près : Vers ! Celle-ci est capturée par le faux-espion, qui a tôt fait de lui envoyer quelques milliers de volts dans les gencives à l’aide de son arme, pour l’aider à dormir, veilleuse ou non. Une technique que je ne saurais que trop recommander : vous n’imaginez pas tout ce que l’on peut guérir par l’électricité. Une bonne batterie, des pinces crocodiles, et en avant la science. Le fils de ma voisine, présenté comme « hyperactif » pour justifier de ses intrusions sur ma propriété, par exemple, va beaucoup mieux depuis. Il a juste gardé une légère sensibilité des tétons, mais là n’est pas le sujet.

Car Vers, elle, dort et pour une fois, ne cauchemarde pas. Mais tout de même : elle voit des choses étranges.

Elle est plongée dans son passé. Celui qu’elle avait oublié. Et revit différents moments.

Le jour où petite fille, elle faisait du karting et que papa l’a engueulé parce que les filles, c’est supposé préférer les calèches.
Le jour où à l’armée, on s’est foutu d’elle parce qu’elle n’arrivait pas à grimper à la corde.
Le jour où elle a salué sa copine pilote de chasse black peu avant qu’elles n’aillent rejoindre leurs appareils respectifs.
Le jour où elle a réussi à voir un film français qui ne traite pas d’amour, de divorce, de bande de potes ou de discrimination.
Le jour où elle a commencé à travailler sur le projet Pégasus avec Mamie Stérieuse et…

« Aaaaattendez les gars, je crois qu’on a trouvé ce qu’on cherchait ! Revenez sur ce souvenir ! »

Dans ses souvenirs, Vers passait aussi beaucoup de temps à caresser son avion. Probablement afin de le préparer au saut d’obstacle.

Vers est perplexe. Elle était pépère dans ses souvenirs, et c’est vrai qu’il y a des voix étranges qui parlent pendant qu’elle les revit. Peut-être qu’elle est morte et qu’elle voit sa vie défiler, mais en édition Director’s Cut avec les commentaires du réalisateur ? Car oui, elle entend des voix qui disent va plus en avant, reviens en arrière, fais pause, zoome, attends, bref, ça sent les mecs en train de jouer avec le DVD de ses souvenirs, et ça, ça l’embête.

Aussi elle ouvre les yeux… et constate qu’elle est attachée à une machine qui lui triture le cerveau (ça doit être de la nanotechnologie), et qu’autour d’elle, il y a plein de créatures vertes aux oreilles pointues : des Skrulls lorsqu’ils ne sont pas déguisés ! Damnation ! Ces galopins sont en train de fouiller sa mémoire ! Voilà qui explique comment ils avaient eu le mot de passe que l’espion devait donner. Vers doit les arrêter… de préférence, avant qu’ils ne commencent à fouiller ses souvenirs des recherches Google qu’elle fait lorsque personne ne la regarde. Ou ses favoris sur DeviantArt.

Ni une, ni deux, usant de sa capacité à envoyer du photon dans tous les sens, notre héroïne a tôt fait de se libérer, de détruire la machine, et de courir dans tous les couloirs de ce qui s’avère être un vaisseau skrull. Mais finalement, à force de faire des trous dans tout ce qui passe (sauf les gens, je vous le rappelle), elle finit par percer la coque de la nef spatiale, et la voici aspirée dans l’espace, heureusement protégée par sa combinaison de combat qui contient moult gadgets, dont un casque déployable qui protège du vide.

Pardon ? Qu’est-ce qu’elle fait avec sa tenue de combat sur elle ? Ah non, personne n’avait pensé à lui retirer quand ils l’ont faite prisonnière, pourquoi ?

Toujours est-il qu’à ce moment précis, le vaisseau passait non loin de la planète C-53, aussi appelée la Terre, et notre amie traverse l’atmosphère sans problème avant de s’écraser, là encore sans même se tordre la cheville (c’est bien normal), au milieu d’un magasin de location de cassettes aux Etats-Unis.

Car nous sommes en 1995, ce que le film s’était bien gardé de nous dire jusqu’ici.

Notez que notre héroïne a du bol d’être tombée ici. En 1995, par exemple, c’était une très mauvaise année pour atterrir à Moruroa, mais passons.

Après s’être dégagée d’une pile de VHS de Robocop 2, Vers se relève fièrement pour quitter la boutique et découvrir que tout le raffut qu’elle a fait a attiré un agent de sécurité qui patrouillait dans la zone commerciale. Bon, en voyant une blonde en tenue de l’espace sortir du magasin, il pose peu de questions (il est comme ça), et lorsque Vers demande si elle est bien sur la planète C-53 et où elle peut trouver de quoi communiquer, il se contente de lui pointer la cabine téléphonique la plus proche. Les agents de sécurité sont décidément des gens bien serviables, toujours prêts à servir, un peu moins à faire, je ne sais pas, moi, de la sécurité ?

Enfin. En combinant habilement les gadgets de sa tenue de combat, le téléphone, un bottin galactique et un appel en PCV qui fera date, Vers parvient à joindre Kreestian, qui se promenait paisiblement avec ses Jean-Jacques dans un coin de l’espace.

« Kreestian ? Devine d’où je t’appelle ?
– Vers ! Nom d’une pipe stellaire, on te pensait morte !
– Non, rassure-toi. Cérébralement, oui, mais sinon, ça va. J’ai juste été capturée par les Skrulls. Après, ils m’ont attaché à une machine rigolote et fouillé la mémoire à la recherche de secrets militaires, mais ils sont juste tombés sur des trucs sans importance. S’ils te parlent de films français que je regarderais en cachette en me frottant des photos de Francis Huster contre moi sache que c’est un mensonge. Voilà.
– Qu’importe, Vers. Où es-tu ?
– Sur la planète C-53. Mais ils ont une technologie pourrie. Je suis obligé d’utiliser celle de ma combinaison pour t’appeler.
– Parce que les Skrulls t’ont laissé ta combinaison ? La vache, c’est con.
– Oui, et tu veux qu’on parle de ma combinaison pétée d’électronique, et de ma puce dans le cou, que justement,  personne n’a pensé à pister pour me retrouver ?
– Okay, j’ai rien dit. Écoute, nous pouvons être là dans 22 heures, alors ne bouge pas et…
– HO BEN NON ÇA COUPE J’AI PLUS DE PIÈCES ! »

Parce que oui, la technologie terrestres n’oublie pas de demander du pognon à un moment, fut-ce un appel piraté vers la galaxie. Cette cabine téléphonique appartenait probablement à la SACEM.

Mais à peine Vers a-t-elle raccroché que derrière elle arrivent des gens qui ont été avertis par la sécurité du coin qu’une fille en tenue d’astronaute venait de tomber du ciel. Et ces gens… ce sont les hommes du SHIELD, l’unité secrète terrienne chargée de surveiller les activités étranges aux quatre coins du monde, comme les mutants, les extraterrestres, ou encore les joueurs de Fortnite. Et dans le cas présent, elle est menée par un larron encore jeune : un certain Nick Fury, accompagné de sa dernière recrue, Phil Coulson. C’est l’ami Fury qui va faire connaissance avec la nouvelle arrivante.

« Bonjour Mademoiselle, je suis Nick Fury. Et vous êtes ?
– Vers.
– Hmmm mouiiii, mais encore ? Passons sur votre nom tout pourri. Vous pourriez nous expliquer pourquoi des témoins vous ont vus tomber du ciel ?
– Tout à fait. Figurez-vous que je suis une Kree et que j’étais à bord d’un croiseur skrull en orbite autour de votre planète, lorsque je me suis échappée. Dans la bagarre, je crois que j’ai un peu pété leur croiseur, donc peut-être qu’il y a des survivants pas loin qui se sont eux aussi éjectés. Méfiez-vous, parce qu’ils peuvent changer d’apparence.
– Attendez… vous êtes une Kree ?
– Oui. Les Kree sont une race de guerriers nobles et héroïques.
– …
– Quoi, vous n’avez jamais entendu parler du Kree qui tue ?
– Okay, je l’ai pas vue venir. Vous êtes forte. Et vous pourriez trouver un jeu de mots avec les Skrulls, aussi, là, au débotté ?
– Donnez-moi deux minutes, et… »

J’interviens ici pour préciser un point très importante : Nick Fury… est gentil, limite débile (mais nous y reviendrons), et surtout, insiste lourdement sur le fait qu’il ne croit pas un traître mot de ce qu’elle raconte, parce que les trucs venus de l’espace, uhuhu, ça n’existe pas.

« En voiture Coulson ! Il est grand temps d’aller expliquer à quelqu’un que nous ne croyons pas en ce pourquoi notre agence existe ! »

Rappelons que Nick Fury travaille pour une unité ultra-secrète chargée de ne s’intéresser qu’à des choses qui, justement, sortent du domaine du connu. Et là, on nous explique que face à l’inconnu… il n’y croit pas plus que n’importe quel péquin de base.

Voilà voilà. Quelqu’un, en écrivant ce film, a oublié que le boulot de Nick Fury, c’était justement de faire exactement l’inverse de ce qu’il fait là. Je vous le dis : je pense définitivement qu’il s’agit d’une vaste blague entre scénaristes. Les mecs étaient bourrés, ont vomi sur une feuille dans un bar du Dakota, un producteur tout aussi cuit est tombé sur le papier encore humide, et paf, il a décidé de produire le tout.

Heureusement, les scénaristes, bien malins, savent faire oublier ces détails aisément grâce à une ruse fort simple : soudain PAN PAN BOUM ! Depuis les toits voisins, des civils sortent des armes du futur et commencent à tirer sur le petit groupe qui papotait autour de la cabine téléphonique. Ce sont des Skrulls qui ont survécu, effectivement, et qui sont bien décidés à raboter la tronche de Vers au laser s’il le faut pour remettre les compteurs à zéro.

Évidemment, ils tirent tous à côté, et c’est Vers qui se lance finalement à leur poursuite avec sa force, sa vitesse et son agilité de surhomme, voire de surfemme, alors que ses ennemis tentent de changer d’apparence pour lui échapper. Mais ça ne prend pas, et elle les poursuit longuement en faisant moult acrobaties sur des métros, pendant que Nick Fury et Coulson tentent de la suivre en voiture. Du moins un temps, car Nick Fury réalise soudain que son voisin de voiture… est en fait un clone de Coulson. Et parvient à le tuer pour le voir reprendre sa vraie apparence : celle d’un extraterrestre moche aux oreilles pointues. Voilà qui est embêtant, mais qui achève de le convaincre qu’effectivement, il y a des invités sur sa belle planète. Blessé dans l’affaire (Nick a subi un fort gros accident de voiture tant il est déconseillé de se battre avec des aliens au volant ; purger le xenos ou conduire, il faut choisir), notre agent du SHIELD va se faire soigner à l’hôpital du coin, pendant que Vers, elle, n’est pas parvenue à rattraper sa dernière cible, et décide de changer de plan.

Car la machine à fouiller ses souvenirs a réveillé quelques vieilles images dans son petit crâne, et elle a le nom d’un bar en tête, où elle se revoit danser, rire et bien sûr, chanter « Tourner les serviettes » debout sur une table. Ni une, ni deux, elle se renseigne comme elle le peut d’un coup de Altavista sur modem 56K, vole un blouson, une moto, et tel un Terminator, fonce vers l’adresse d’un bar au milieu du désert.

Quel coup de bol qu’elle ait atterri sur le bon continent, et pas trop loin de là où elle a des souvenirs ! Elle serait tombée à Reims, elle aurait été bien embêtée pour retrouver son bled seulement aidée d’un Minitel.

Pendant ce temps, Nick Fury, lui, est revenu de l’hôpital (ce n’est pas un hôpital français, sinon, il y aurait passé le film et les dix-sept suivants en attendant dans un couloir) et se trouve à la morgue du SHIELD pour y découvrir le corps de l’extraterrestre mort qui a été extrait de son véhicule accidenté. Son patron rentre au même moment dans la pièce pour faire le point avec notre ami.

« Ben alors mon petit Nick ? On vous laisse deux minutes et on vous retrouve à trimbaler des cadavres aliens encore chaud, gros coquinou ?
– Non mais il avait pris l’apparence de Coulson ! Ces créatures sont venues nous infiltrer !
– Ouais ouais, c’est ça, c’est elles qui voulaient vous infiltrer… hem, bon, enfin… en ce cas, n’en parlez à personne !
– Quoi ? Mais attendez, au contraire, on ne devrait pas…
– Tututu, c’est qui le patron ? N’en parlez à personne, enquêtez seul, et vous n’aurez aucun moyen supplémentaire malgré cette découverte majeure et prioritaire pour notre service.
– C’EST PAS DU TOUT SUSPECT, DITES VOIR ! »

Et sitôt que Nick Fury a quitté la pièce, le patron du SHIELD fait discrètement un bisou au cadavre alien : c’est un nécrophile !

Attendez, non, ce n’est pas ça la vraie information : c’est un alien déguisé ! Alors ça, si on s’en était douté, dites voir !

J’insiste. Là encore, retirez la scène où le patron du SHIELD dit à Nick Fury qu’il ne doit surtout rien dire des ennemis infiltrés, et qu’il doit travailler seul sur le sujet, et vous avez un truc un peu plus intéressant. Mais non : encore un peu plus de dollars brûlés sur l’autel de la bêtise. Sinon, vous pouvez me les donner, braves gens : nous gagnerons du temps.

Mais au fait, si Nick Fury doit enquêter seul, il doit retrouver Vers pour commencer. Et comment faire ? Ma foi, c’est fort simple : on a signalé un vol de moto réalisé par une blonde en combinaison spatiale, ce qui d’après Nick, ne peut correspondre qu’à Vers ou Lova Moor. Or, Lova Moor étant plus proche des Superbus que des motos normales, Nick en déduit que c’est bien Vers qui a fait le coup. Et bon, pour sauver une intrigue un peu maladroite qui n’explique pas comment il découvre où Vers comptait se rendre, on va dire qu’il a retrouvé le cybercafé où elle a fait ses recherches, l’ordinateur utilisé, la recherche Altavista du bar, et qu’il a fermé les yeux sur le reste de l’histoire pour ne pas perdre deux points de santé mentale, là, tout de suite, tant « Inter racial » devient beaucoup plus rude lorsque l’on parle de films coquins à l’échelle galactique, mais passons.

Ainsi, lorsque Vers et sa moto arrivent enfin au bar tant recherché au fin fond du désert américain, à peine est-elle entrée (Vers, pas la moto) que notre héroïne a des flashbacks. Elle se revoit, dansant ici, rire là, chanter du Patrick Sébastien ici, avec son ami black en costard qui…

« Attendez ! Vous n’êtes pas un flashback ! Vous êtes un monsieur noir en costard qui me fixe lourdement !
– Oui, je suis Nick Fury. Et je vous ai retrouvée.
– Une seconde, Monsieur Furry !
– Fury, avec un seul R. Furry, c’est autre chose, et ni vous ni moi ne voulons en parler, plus encore avec Nick accolé devant.
– Que… bon, écoutez, je dois vérifier que vous n’êtes pas un Skrull déguisé. Or, les Skrulls lorsqu’ils copient quelqu’un, copient jusqu’à son ADN. Et une partie de sa mémoire, mais pas tout. Aussi, je vais vous poser des questions, et nous verrons si vous avez les réponses. Comment s’appelait votre chien ?
– Mais ? C’est complètement con comme question puisque vous ne pouvez pas connaître la réponse ! Donc je peux répondre n’importe quoi !
– Oui mais le scénario a aussi oublié ce détail.
– Et puis comment savez-vous ce qu’est un chien ? Vous ne saviez même pas ce qu’était un téléphone en arrivant !
– Scénario. Détail. Allez, répondez.
– Bon ben… Monsieur Toutou.
– Donnez-moi une information ridicule sur vous.
– Je n’arrive pas à manger les toasts coupés en triangle. »

Je précise que le nom du chien ainsi que cette histoire de toast sont les vraies réponses. Qui n’apportent rien… si ce n’est de faire passer Nick Fury pour un con. Car en effet, ce film souffre du syndrome dit de Thor 3 : tout doit être rigolo, tout le temps. C’est donc à Nick « Jar Jar » Fury qu’il revient d’être ridicule en permanence, de se plaindre sans cesse, de faire des bêtises dignes d’un enfant de 5 ans, et d’avoir des dialogues écrits par le marmot cité ci-avant.

Oubliez Nick Fury, le directeur du SHIELD plein de secrets, et dites bonjour à Nick Fury, l’apprenti Gad Elmaleh. J’espère qu’il va nous parler de sa banque.

Mesdames et Messieurs : Nick Funny.

Mais revenons à nos héros.

« Bon, maintenant, à vous de me prouver que vous n’êtes pas une Skrull, Vers.
– Okay… TIR DE PHOTOOOOOOOOOOOOOOOONS !
– Vous savez que vous n’aviez pas besoin d’exploser la moitié du bar pour me prouver ça ? Surtout que comment pourrais-je savoir que les Skrulls n’envoient pas aussi du photon ?
– Je ne sais pas. Nous sommes tous un peu neuneus, je crois. »

Oui, je crois aussi.

En attendant, Vers explique la situation à Nick. D’après elle, la machine à fouiller la mémoire des Skrulls a réveillé des souvenirs, et elle aurait donc vécu sur cette planète par le passé, avant de perdre la mémoire. Et dans ses souvenirs, il y a toujours cette mystérieuse mamie. Qui portait parfois des blousons d’aviateur avec marqué « Pegasus » dessus. Or, cela rappelle à Nick un vieux projet mené sur une base aérienne voisine… tous deux prennent la voiture du brave Fury et se rendent sur place pour découvrir de quoi il retourne, voire retourner des truffes au besoin. Sur place, et grâce au badge du SHIELD de Fury, ce dernier les emmène au cœur de la base… où personne ne reconnait Vers, qui est pourtant supposée avoir bossé là durant des années.

Quelque chose me dit que quelqu’un n’a pas manqué à ses collègues.

Sauf que non seulement le personnel ne reconnait pas notre spatio-blonde, mais ils ont visiblement aussi un peu de mal avec les terro-blacks. Et décident d’enfermer temporairement les deux compères dans un bureau le temps de comprendre pourquoi ils sont venus fouiner par ici. Nick en profite pour glisser qu’il a été agent secret avant de rejoindre le SHIELD, et avec moult ruses, parvient à tromper les serrures à lecteurs d’empreinte de la base. Ils vont pouvoir évoluer discrètement dans celle-ci pour aller jusqu’à la salle des archives et…

Vers se met soudain à défoncer toutes les portes à grands renforts de tirs de photons. Parce que la subtilité de Nick, c’était chiant.

Voilà voilà. Dites voir ma petite Vers, en plus d’avoir acquis des pouvoirs photoniques dans l’espace, vous n’auriez pas aussi acquis un chromosome de trop, hmmm ? Le titre original du film devait être Captain Corky, mais passons.

Et encore, je vous passe comment Nick tombe sur un chat dans la base, et passe son temps à le câliner en répétant « Chékilebonchachaàsonpépère? » pour rappeler qu’il est ridicule et un peu con-con. Qu’est-ce qu’on se marre. Tenez, Diego a dû me scotcher les côtes pour éviter l’implosion tant je riais, vous l’imaginez bien. Tout cela était si drôle, tenez, j’ai rarement autant pensé à la mort.

En tout cas, mystérieusement (ou parce que le scénario est la seule vraie blague du film), ces explosions dans la base n’inquiètent personne, et nos héros peuvent progresser en paix jusqu’à la salle des archives. Où ils ont tôt fait de trouver la boîte correspondant au projet Pegasus, qui était un projet mené par une certaine Mamie, scientifique qui tentait de créer un moteur supraluminique. Le projet a été arrêté brutalement il y a quelques années lorsque le prototype s’est crashé avec à son bord Mamie et la pilote qui l’accompagnait, les tuant toutes deux tant les mamies, déjà que ça encaisse mal une chute d’escabeau, alors un crash, d’avion, bon. Une photo de la zone du crash montre qu’il y a eu une grosse explosion et qu’il ne restait pas grand chose de l’appareil. Mais une autre photo montre… la fameuse Mamie avec à ses côtés une pilote noire que Vers avait entrevue dans ses souvenirs et… elle-même !

« Nick ! Regardez, j’ai participé au projet Pegasus ! Sur la photo, là, c’est moi !
– Ah ben oui dites voir. Mais le dossier dit que vous êtes un peu morte, quand même.
– Peut-être juste cérébralement ?
– Au vu de vos répliques, c’est crédible.
– Bon, il faut retrouver cette pilote noire. C’est d’après ce dossier la dernière personne à m’avoir vue vivante, elle doit en savoir plus sur mon passé mystérieux !
– Okay heu… fouillez un peu moi je… j’ai super mal au bide, je dois y aller. »

Quel feinteur, ce Nick. Car la réalité est plus sombre encore que le caca qu’il prétexte : Nick a en fait utilisé un bipeur pour signaler au SHIELD qu’il était sur la base avec la cible. Et le SHIELD vient d’arriver en force et en flingues avec à sa tête… son patron, le fameux alien déguisé. Hélas pour Nick, il comprend bien vite que son boss est un Skrull qui a retourné le SHIELD contre lui. Comment ? Car il note des propos incohérents chez lui.

« Patron, j’ai trouvé la fille ! Elle est dans la salle des archives !
– Bien joué Nicolas.
– Que… personne ne m’appelle Nicolas. Tout le monde m’appelle Fury.
– Ahaha oui je… je le savais. Je vous testais. Hem.
– Okay… bon, on va l’attraper alors ? Comme… on a fait à La Havane ?
– Oui, comme à La Havane. Hahaha. C’est cela. Voilà. Je m’en souviens tout à fait.
– On l’attrape comme… la justice a attrapé Jack Chirac et Patrick Balkany ?
– Voilà, pareil. Bien attrapés.
– Et ensuite on la confie à quelqu’un de confiance, quelqu’un d’honnête, de droit et de sympa ? Comme Jean-Vincent Placé ?
– Oui ! Oui, c’est exactement… aaaattendez, même dans l’empire skrull on sait que Jean-Vincent Placé vendrait son slip pour deux voix de plus ! Vous m’avez démasqué, petit rabouin ! »

Et le patron du SHIELD d’ordonner à ses hommes de capturer Nick Fury. Ce dernier se retrouve en bien mauvaise posture, contrairement à Vers, qui elle, a réussi à filer. Mais en entendant que Nick Fury est dans la mouise, et même si elle a bien compris qui a averti le SHIELD, elle a aussi pigé que le patron de l’agence était un Skrull. Aussi vole-t-elle au secours de son nouvel ami avant de s’enfuir avec lui à bord d’un prototype de navette piqué sur la base, non sans avoir bien évidemment d’abord envoyé des photons tout sales sur les honnêtes gens.

Tous deux se rendent alors jusqu’à la dernière adresse connue de la pilote noire, qui ça tombe bien, vit toujours dans une maison isolée, seule avec sa fille.

Quel coup de bol : elle aurait vécu dans un petit pavillon urbain, c’eut été plus compliqué de se poser discrètement dans le jardin sans se prendre une prune pour tapage.

Et parlons-en de la fille de la pilote qu’ils viennent voir, car si vous n’avez pas vu le film, sachez que vous aurez envie de lui déchausser les dents à coups de batte à chaque fois qu’elle ouvrira la bouche, car l’enfant est une enfant de film américain : elle se mêle de tout, surtout de la vie des grands, s’exprime comme une adulte (ou comme un adulte qui ne saurait pas écrire des dialogues d’enfants), et a bien évidemment toujours raison.

C’est bien simple, plus vous entendez cet enfant parler, plus vous vous demandez jusqu’à combien monte le four de votre cuisine.

J’ai choisi une photo de Maria où l’on ne voit pas sa fille. Ce n’est pas pour vous embêter, c’est juste que sinon, je strangule tout ce qui passe.

Aussi, oublions ce petit étron remuant, et revenons-en à Vers et Fury, qui rencontrent ainsi Marie, la pilote précédemment évoquée.

« Vous devez être Marie ? Je m’appelle Vers et je…
– Carol ? C’est toi ? Nom d’une pipe, alors ça !
– Carol, c’est donc mon nom ?
– Non mais c’est pas le sujet ! Il y a six ans, paf, tu meurs ! Et là, hop, tu reviens, pas bonjour, pas s’il-vous-plaît, je sais pas où t’étais, mais c’était visiblement pas chez Nadine de Rothschild !
– Je m’appelle Carol ! C’est formidable !
– Okaaaay… bon, écoute, je vais t’expliquer. Il y a six ans, tu étais comme moi, pilote d’essai. Tu étais avec Mamie dans son prototype volant quand vous vous êtes plantées comme deux grosses buses. Tout ce que l’on a retrouvé de toi, c’est un bout de ta plaque d’identification coupée en deux. On peut encore y lire « Carole Dan… » comme le début de « Carole Danvers » ».
– Oh ! Et Kreestian, lorsqu’il m’a trouvée, a récupéré l’autre bout ! Il y avait seulement « Vers » sur la deuxième partie de la plaque, aussi il a pensé que c’était mon nom ! « Vers » ! »

Eh ben. Je vous rappelle que là-dehors, il existe une actrice appelée Kirsten Prout. J’espère qu’il ne lui arrivera pas la même mésaventure.

Mais alors que tout le monde papote joyeusement voici que rentre dans la pièce… un Skrull ! Et sous son apparence naturelle ! Il est sur le point de se faire photoner la margoulette, quand il fait signe qu’il vient en paix. Bon, certes, il a aussi pris la fille de Maria en otage, mais à ma grande déception, il ne l’exécute pas. Voyons tout de même ce qu’il veut.

« Du calme les enfants, je viens discuter.
– Tu veux pas plutôt nous expliquer comment tu nous as retrouvés ?
– Hmmmm… non. Mais qu’importe, je ne vous veux aucun mal.
– Tu mens, Skrull ! Toi et les tiens n’êtes rien qu’une bande de méchants !
– Holala, ouiiiiiiii vous me tirez dessus alors vous êtes méchants, gnagnagna, mes amis sont morts… ça suffit, allez. Est-ce que moi je vous reproche d’avoir tué presque tous mes amis en faisant des trous dans mon beau croiseur pour vous échapper ? Laissez-moi plutôt vous expliquer la situation. La Mamie avec qui vous travailliez sur le projet Pegasus, c’était une Kree, certes, mais elle avait changé de camp. Elle était venue se cacher sur Terre pour créer un moteur qu’elle voulait donner aux Skrulls. Car nous autres, Skrulls, n’avons pas de planète. Et savez-vous pourquoi ? Parce que nous avons refusé de céder à la dictature de l’empire Kree. Et depuis, celui-ci nous traque. Nous extermine. Mais avec un moteur supraluminique, notre race aurait pu partir loin, hors de la portée des Krees. Mamie ne vous a-t-elle jamais dit qu’elle fabriquait quelque chose non pas pour faire la guerre, mais pour en finir avec ladite guerre ?
– Oui… c’est vrai… cela me revient, elle disait cela… attendez, je me souviens d’autres trucs ! »

Et Carol Danvers (appelons-là par son vrai nom) d’avoir un flashback du jour de l’accident.

Elle était pépère en train de voler avec son super jet expérimental, avec Mamie dans le siège passager, lorsqu’en s’aventurant relativement haut, ils ont été pris en chasse par un mystérieux vaisseau alien. Un vaisseau kree. Et qui les a abattus. Carol a cependant réussi à écraser l’engin sans trop de casse, et à sortir de la carlingue pour en extraire Mamie… qui avait du sang bleu ! Ce qui a l’époque, a beaucoup choqué Carol.

« Mamie ! Vous saignez bleu ! Comme dans les pubs pour les…
– Arrêtons-nous là, veux-tu ? Carol, je suis une Kree.
– Une ?
– Une Kree. C’est une sorte d’extraterrestre et… vous pourriez arrêter de pouffer ?
– Nan mais Kree… pffffrrrr !
– Bon, écoutez espèce de grosse brêle, on n’a pas le temps. Je suis une renégate et mes ennemis sont ceux qui nous ont abattus. Oh ! Je suis désolé de vous avoir mêlé à cela, Carol. Mais vous devez vous assurer que le moteur expérimental ne tombera jamais en leur m… »

PIOUPIOU !

Un laser vient éclater la tronche de Mamie, qui est tout de suite moins bavarde. Et de la poussière alentour surgit… Kreestian, son arme encore fumante au poing. Carol réalise que son cauchemar, celui qu’elle faisait si souvent, c’était cette scène. Sauf que les Krees l’avaient manipulée pour que Kreestian ressemble à un Skrull. Bref, Kreestian a abattu l’avion, et maintenant, vient récupérer le moteur. Et plutôt que de tuer Carol, ici et maintenant, il fait du rien.

« Attention, Terrienne ! Je suis armé, ne sortez pas votre arme !
– JE SOOOORS MON AAAARME !
– Ah, non ! Ne la braquez pas vers le moteur que je viens récupérer !
– JE LA BRAQUE VERS LE MOTEUUUUUR !
– Et surtout, ne tirez pas dessus !
– JE TIIIIRE DESSUUUUUS !
– Oh non, tout cela est si imprévisible ! Si seulement j’avais pensé à la tuer directement comme j’ai tué Mamie alors que c’est elle qui avait le plus de valeur ! »

Le moteur explose, la carlingue aussi, Christian se jette au sol et… Carol absorbe toute l’énergie de l’explosion. D’où son super pouvoir de jets de photons : cette catastrophe lui a donné les pouvoirs du moteur mystérieux ! Rien à voir avec la puce implantée dans son cou !

Carol revient cependant enfin à elle-même, dans le présent.

« Wobordel, ce Skrull dit vrai ! Les Krees sont des rabouins, et ils ne m’ont pas sauvée : ils m’ont kidnappée !
– Oui. Car vous avez absorbé les pouvoirs du moteur qu’ils voulaient récupérer. Nous vous avons aussi retrouvée de la même manière : vous avez la même signature énergétique que… je… vous m’écoutez, Carol ?
– Non, il y a votre pote Skrull derrière vous qui me fait des signes.
– Caporal Roudouskrull ? Qu’est-ce que vous voulez ?
– Je me disais que c’était un peu con : les Krees récupèrent une de leurs ennemis. Ennemie qui a absorbé une énergie qu’ils voulaient exploiter. Et le premier truc qu’ils font, c’est de lui apprendre tout plein de techniques de combats ninjas, de lui apprendre comment les vaincre à mains nues, avant de l’envoyer sans aucune raison en mission super dangereuse histoire de pouvoir la perdre comme ça, hop, quand bien même elle est super précieuse et qu’ils ont des hordes de soldats pouvant la remplacer pour ce boulot ? D’ailleurs, c’est exactement ce qui est arrivé : ils l’ont perdue. Alors pourquoi ne pas l’avoir directement attachée à je ne sais quelle machine pour lui pomper son énergie et s’en servir pour leurs sombres projets ? Comme ça, avant même que le film ne commence, les Krees nous mettaient une racl… »

Le caporal Roudouskrull se mange aussitôt un puissant jet de photons dans la truffe, tant il commençait à poser des questions un peu embêtantes sur la qualité d’écriture d’un film à plusieurs millions qui dépasse à peine celle d’une rédaction de sixième, voire d’un livre de Ségolène Royal.

En attendant, le chef des Skrulls, que nous appellerons Skrully en hommage à Dana (non, pas la tribu, mais maintenant, vous l’avez dans la tête : ne me remerciez pas), explique plus avant ce qu’il sait.

Les Skrulls. Qui lorsqu’ils changent d’apparence… se font aussi pousser des lunettes quand ils copient des personnages qui en portent, et qu’ils peuvent même retirer. C’est assez audacieux.

« Mamie avait un laboratoire secret dans l’espace, elle ne travaillait pas que sur Terre. Nous devons le trouver. Là-bas, il y a peut-être de quoi reprendre ses travaux. Je crois qu’elle s’y rendait avec vous le jour où vous avez été abattues. En fouillant votre mémoire, nous avons retrouvé les coordonnées qu’elle vous avait demandé de suivre, mais il n’y a rien à cet endroit de l’espace.
– Bé oui mais c’est parce que c’était il y a 6 ans. Et selon l’orbite terrestre. Donc il faut calculer à quoi correspondaient ces données… par rapport à la Terre le jour du crash.
– HO BEN ZUT ON EST DES EXTRATERRESTRES QUI VOYAGENT DANS L’ESPACE AVEC DES CROISEURS GALACTIQUES MAIS ON AVAIT OUBLIÉ CES HISTOIRES D’ORBITES ! »

Ceci n’est pas une blague : c’est la vraie excuse. Les techniciens Skrulls avaient oublié de prendre en compte cette donnée. Voilà voilà. Ah non mais c’est profond.

Bon, mais si le laboratoire de Mamie est toujours au même endroit depuis des années, comment y aller ? C’est dans l’espace et nos amis n’ont pas de vaisseau.

« Attendez ! Il y a la navette que j’ai volée pour fuir la base avec Nick Fury un peu plus tôt ! Je l’ai garée à côté ! Elle ne va pas dans l’espace par contre.
– Le technicien qui m’accompagne devrait pouvoir régler ça. »

Et là encore… seigneur.

Uniquement avec les outils de Maria, les matériaux sur place et une nuit de travail, le technicien Skrull qui accompagne Skrully parvient à permettre à une navette d’aller dans l’espace, probablement en soudant deux plaques ici, en rajoutant du bois là, et un petit coup de patafix et pif pouf, c’est bon. C’est le syndrome des scientifiques des films pourris : un scientifique, ça connait toutes les sciences et techniques, et ça construit un réacteur nucléaire à partir d’un micro-ondes plus vite que Mac Gyver. Oh, et quid des moteurs ? Non parce que si vous devez faire des dizaines de milliers de kilomètres pour aller rejoindre le laboratoire, avec des moteurs d’aéronef terrestre, vous allez mettre des semaines, voire des mois.

Mais non : hop ! Les Skrulls ont sûrement mis de l’huile de friture dans le moteur et c’est bon, ça y est, on peut aller dans l’espace.

Cependant, Carol est prudente, et informe ses amis d’un élément essentiel.

« Au fait, j’ai dit à mon copain Kreestian que j’étais ici plus tôt… il risque donc de débarquer. Or, maintenant que je sais que c’est un fourbe, ce qui était totalement imprévisible, ça m’arrange moyennement. On pourrait pas laisser un Skrull ici pour se faire passer pour moi et le tromper si jamais il débarquait ?
– Ça doit être possible.
– Cool ! Pendant ce temps, et avant de partir, je dois faire un truc indispensable…
– Oui ?
– DEMANDER À LA FILLE DE MARIA DE CHOISIR DE NOUVELLES COULEURS POUR MA COMBINAISON SPATIALE ! »

Que ? Mais ? Pourquoi ? Parce que tu estimes que ta combinaison est au couleur des Krees ? Au contraire, un uniforme ennemi, est-ce que ça ne pourrait pas être pratique en cas de contact avec lesdits vilains ? Et surtout, tu sais ce qu’il se passe quand on confie une mission artistique à un enfant ? On finit avec 18 couleurs différentes sur la feuille, deux poneys à cinq pattes, et une chose qui ressemble à l’enfant difforme de Naruto et d’une pomme de terre. Alors pourquoi confier ton nouveau camouflage à un enfant ouvertement débile ? Pourquoi maintenant ? Et surtout, comment faites-vous pour supporter ce marmot qui semble appeler de ses vœux une balle à sanglier à chaque fois qu’il ouvre la bouche ?

Mais bon. Nous avons donc le droit à une scène où l’on découvre que la tenue de Carol dispose d’un gadget pour changer de couleur en faisant des gestes bizarres, et hop, la fille de Maria maîtrise évidemment l’interface en deux-deux et colore notre héroïne en rouge et bleu avec une grosse étoile. Classe et bon goût.

Cet élément indispensable réglé, s’envolent vers l’espace Carol et Maria aux commandes de la navette bricolée, avec à l’arrière Fury et Skrully, eux-même accompagnés… du chat avec qui Fury n’arrête pas de faire gouzi-gouzi.

Suis-je en train de regarder une comédie ? Non parce que là, je vous avoue que le souffle de l’aventure ressemble plutôt à un long et chaud pet au milieu d’une soirée pyjama.

En attendant, la navette s’envole pour l’espace lointain, et grâce à ses deux plaques de placoplatre rajoutées à l’avant, quitter notre atmosphère n’est plus un problème. L’appareil se dirige droit vers les coordonnées du laboratoire secret de Mamie. Sauf qu’arrivés sur place… rien. Mais ? Comment donc ! Heureusement, une idée vient à l’esprit de Carol.

« Peut-être que son laboratoire est camouflé.
– Hmmm moui, mais comment va-t-on le trouver s’il est fait pour échapper aux Krees…
– J’APPUIE SUR LA COMMANDE DE DÉSACTIVATION DU CAMOUFLAGE ! »

La ? Pardon ? Est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer d’où Carol dispose dans sa combinaison d’un simple bouton pour désactiver le camouflage de vaisseaux conçus juuuustement pour échapper aux Krees ? Et qu’elle ne voit pas, ne cible pas ni rien ? Mais non, elle a bien ce bouton sur sa combinaison, et je soupçonne qu’il soit écrit dessus « Raccourci magique dans le script« . Toujours est-il que sitôt pressé, voici que devant eux apparaît un croiseur galactique qui flotte silencieusement dans l’espace. Et qui laisse nos héros s’approcher en paix jusqu’à l’un de ses hangars. Le laboratoire secret de Mamie n’était donc autre qu’un vaisseau camouflé. Pratique.

Accessoirement, dans la série des mecs qui font un film à gros budget avec toutes les erreurs, j’ai oublié de vous montrer ce plan, lorsque Carol tombe du ciel et arrive sur Terre au début du film. Vous notez ? Il fait nuit. Eh bien, dans tous les plans suivants supposés se passer dans les minutes qui suivent, il fera évidemment grand jour. Rappelez-moi le budget ?

Mais à peine arrivés à bord, voici que nos héros entendent du bruit… et découvrent des dizaines de Skrulls ! Des réfugiés Skrulls qui attendaient que Mamie bricole le vaisseau pour les emmener loin d’ici avec son super moteur supraluminique, loin des Krees.

« Bon sang ! C’est incroyable ! Vous avez vu ça Skrully ?
– Oui Carol, il y a même ma famille ici ! Je suis si heureux de les retrouver ! Ils ont attendu six ans le retour de Mamie, avec pour ordre de ne surtout pas communiquer de peur que les Krees ne les retrouvent…
– Non, ce qui est incroyable c’est : qu’est-ce qu’ils mangent depuis six ans ? »

On va dire que ce vaisseau était à l’origine un transport de spatio-chocapics. Et ne me dites pas que je n’essaie pas de sauver ce film, ah mais.

Je vous passe aussi, car je suis comme ça, le fait que les enfants extraterrestres sont eux aussi des têtes à claques, le genre qui prend Carol par la main pour l’emmener voir ses meilleurs scores sur le flipper du vaisseau (véridique, là encore) parce que c’est connu, quand des enfants réfugiés voient des gens armés qui ressemblent à leurs ennemis débarquer sans prévenir, le premier truc auquel ils pensent, c’est qu’ils vont pouvoir leur montrer qu’ils ont fait 808 296 points au flipper du PMU sous le pseudonyme en trois lettres de GPT.

Que l’on ferme les armureries dans un rayon de cinq kilomètres autour de moi, sinon je vais vider mes comptes et remplir mes chargeurs.

Toujours est-il qu’à bord, en tout cas, Carol constate qu’il y a autre choses que des réfugiés : un gros cube plein d’énergie… le Tesseract ! Elle en discute avec les réfugiés.

« Dites-donc, ça a l’air super important votre cube, là.
– Oui, on préférerait éviter que les Krees ne le trouvent. C’est la source d’énergie qui a permis à Mamie de mettre au point le moteur supraluminique.
– Et donc, ça fait six ans que vous attendez à côté de cet objet surpuissant sans rien faire ?
– Voilà. Mais bon, entre le flipper et les chocapics, on a des journées bien remplies. Et puis bon, tout ça, c’était le boulot de Mamie.
– Hmmm. D’ailleurs, j’y pense, Mamie n’était-elle pas un peu débile elle aussi ?
– Ce ne serait pas étonnant vu que le QI moyen dans ce film dépasse péniblement le chiffre unique. Mais pourquoi ?
– Ben je ne sais pas, elle voulait éviter que sa technologie ne tombe entre de mauvaises mains… et elle décide de bosser sur Terre. En se faisant financer ses travaux par l’armée américaine. Ce qui signifie des dizaines de scientifiques et de techniciens au courant de son projet, qui profitent de sa technologie… bref, autant de cibles potentielles pour les Krees qui n’auraient qu’à se pointer pour récupérer tous ses travaux. Parce que non, Mamie n’a pas pu travailler sa théorie et fabriquer des prototypes de vaisseaux spatiaux entiers, seule. Donc son plan consistait à se mettre en danger, et toute la Terre avec, tout en rendant ses projets aisément accessibles aux Krees.
– Vous oubliez un point.
– Lequel ?
– C’est une scientifique de film américain.
– Damnation ! C’est vrai ! »

Certes. Mais si elle pouvait bosser seule, pourquoi ne pas aller sur une planète déserte ?

Allez, hop, passons. Et retournons plutôt sur Terre, voir ce qu’il se passe du côté de la maison de Maria, car… un vaisseau Kree atterrit à proximité, et en descend Kreestian. Qui est ravi de retrouver sur place Vers, ou du moins, un Skrull ayant pris son apparence.

« Salut Vers. Désolé, on a été un peu longs, ça bouchonnait sur le spatiopériph’, mais nous voilà. On va te ramener à la maison. En plus, figure-toi que Ronan, mon chef, voulait bombarder tout un pan de cette planète pour effacer les traces de ton passage et éradiquer d’éventuels Skrulls dans le secteur. Heureusement, je lui ai dit que non, t’inquiète chaussette, j’assure chaussure, j’allais te récupérer sans faire de vagues.
– Ahahah euh… oui… c’est cool.
– Mais avant de partir, je dois vérifier que tu n’es pas un Skrull. Alors je vais te poser une question très simple dont seuls Vers et moi connaissons la réponse.
– Bien sûr.
– Qui fait chier à deux heures du matin pour faire la bagarre ?
– Un.. hmmm… un moustique ? Un chat ? Une fille qui s’enroule discrètement dans la couette ?
– Nom d’une pipe ! Non, la bonne réponse, c’était TOI ! Mange un coup de pistolet laser, sale Skrull ! »

Et le Skrull de manger un coup de pistolet laser. Kreestian comprend alors, aidé par les grosses ficelles du scénario, que Carol a retrouvé la mémoire, s’est alliée aux Skrulls, et grâce à une puce implantée dans la nuque de Carol, il parvient à la localiser dans le vaisseau secret de Mamie, et décolle avec sa propre navette et ses Jean-Jacques pour aller leur rendre une petite visite.

Oui, la puce lui permet de la localiser maintenant, alors qu’au début du film, quand elle était aux mains des Skrulls… il avait oublié qu’il pouvait le faire. C’est ballot. Ou pratique, car sinon, le film s’arrêtait là.

Comprenant tout de même que l’affaire sent un peu comme un vestiaire de lycéens après deux heures de sport, Kreestian contacte Ronan, son supérieur, pour lui dire que si son offre de bombardement de la planète tient toujours, il ne dit pas non, car la zone sent un peu le Skrull et que on ne le dira jamais assez, mais un bombardement orbital, c’est tout de même assez pratique pour mettre tout le monde d’accord. Il paraît que le gouvernement y pense pour gérer de prochaines manifestations, mais c’est un autre sujet.

Dans cette scène coupée au montage, Kreestian et Ronan doivent affronter leur ennemi juré : une rédactrice de MadmoiZelle.

Kreestian arrive promptement à bord du laboratoire de Mamie, et aidé de ses Jean-Jacques, a tôt fait de prendre le contrôle du bâtiment. Et de rendre Nick Fury très triste en lui confisquant son chat, que tous les Skrulls et Krees semblent n’approcher que prudemment, en appelant ça un « Grogromonstre« . Tout le monde est enfermé, Nick Fury pleurniche son chat perdu entre deux blagues pas drôles, alors que Kreestian et ses compères, eux, obligent Carol à rendre compte de ses crimes en l’obligeant à s’agenouiller dans une petite bassine de métal liquide qu’ils ont emmenée, et comme au début du film, qui forme bientôt des câbles et circuits qui la relient à l’Intelligence Suprême qui gouverne les Krees.

À nouveau, Carol se retrouve ainsi dans la matrice, face à l’Intelligence qui a pris l’apparence de Mamie.

« Eh bien ma petite Carol, comment ça va aujourd’hui ?
– Disons que j’ai connu des jours meilleurs et d’ailleurs je… attendez ?
– Oui ?
– Si je peux vous parler d’ici, ça veut dire qu’on peut communiquer avec vous de n’importe où si l’on a le bon matériel ?
– Oui pourquoi ?
– Alors pourquoi on s’est enquiquinés à m’emmener à votre palais au début du film ?
– Je…. hihihi, hohoho, et si on parlait d’autre chose ? Parce que figure-toi que je suis un peu déçue. On t’a recueillie, élevée comme l’une des nôtres, et toi, tu nous trahis. Tu es un peu le Nicolas Sarkozy de cette équipe. Mais passons.
– Non ! Vous m’avez menti ! Enlevée ! Et ça, c’est quand même limite-limite !
– Oui, mais nous t’avons donné tes pouvoirs, grâce à cette puce dans ton cou…
– Non ! Ça c’est ce que vous m’avez fait croire toute ma vie ! Mais maintenant, je connais la vérité… c’est le moteur supraluminique qui m’a donné la faculté d’envoyer du photon, cette puce n’est pas faite pour me donner des pouvoirs… elle est faite pour m’empêcher de les déchaîner ! »

Et Carol de se concentrer très fort, au point que la puce dans son cou grille, et que ses pouvoirs sont en effet pleinement libérés. Ce qui lui permet d’éclater le petit pot de métal liquide qui la maintenait en transe avec l’Intelligence Suprême… et c’est donc parti pour de la bagarre à bord du vaisseau des réfugiés Skrull !

Carol commence à distribuer des photons dans tous les sens, ce qui est quand même assez mal élevé, et plusieurs Jean-Jacques succombent devant ses grands pouvoirs. Seul Kreestian parvient à lui résister un peu. De leur côté, les civils Skrulls et Nick Fury profitent du chaos général pour s’enfuir en emportant le Tesseract avec eux, mais au moment où d’autres Jean-Jacques Krees tentent de les arrêter, voici que le chat kikinou de Nick (qui continue de se balader avec, bien sûr)… sort des tentacules de sa bouche et avale tous les méchants, ainsi que le Tesseract ! Avant de redevenir normal.

Car oui, hohoho, houhouhou, figurez-vous que les extraterrestres avaient raison : ce n’est pas un chat, mais bien un grogromonstre qui en a seulement l’apparence.

Quand un film en est à faire des blagues de chats mignons, je crois que l’on peut définitivement dire que rien ne va plus.

Notez, d’ailleurs, que Nick Fury continue à faire des câlinous et des gouzis-gouzis au chat quand même parce que ouiiii, en fait, c’est un monstre meurtrier, mais hein, bon, si Nick Fury devait rester sérieux plus de deux minutes, ça serait embêtant pour le quotas blagues du film. D’ailleurs, il enquiquine tellement le chat que celui-ci finit par le griffer à l’œil et…

Voilà. Vous savez maintenant comment Nick Fury a perdu son œil, ce n’est pas une blague : à cause d’un chat kromignon hihihihi.

Je crois que ce film respecte à peu près autant son propre univers que l’épisode VIII respecte Star Wars.

En attendant, sachez que les civils skrulls, Nick et le chat parviennent à s’enfuir du vaisseau dans leur navette en pénétrant l’atmosphère de face grâce une nouvelle fois au pouvoir enchanté du placoplatre, et parviennent à se débarrasser du chasseur Kree que Kreestian avait envoyé les poursuivre grâce au pouvoir d’une chance improbable et de manœuvres suffisamment ridicules pour apparaître dans Red Tails (si vous ne savez pas de quoi je parle, j’espère que cela restera le cas pour vous encore longtemps). Ils peuvent donc débarquer en paix.

En paix, dites-vous ? Pas tout à fait.

Car au même moment, voici qu’apparaît en orbite de la Terre… les bombardiers galactiques de Ronan, le supérieur de Kreestian, venu nettoyer tout ce chaos à l’aide de son Monsieur Propre Javel – Parfum napalm. Qui va donc bien pouvoir sauver la situation, surtout quand les appareils tirent une nuée de projectiles vers la Terre ?

Carol, bien sûr !

Car maintenant que ses pouvoirs sont libérés, elle est devenue une réplique de Superman en plus kitsch encore (si, c’est possible), vole dans l’espace, arrête les bombes avec les mains, les relance pour les faire exploser les unes contre les autres, puis explose tous les bombardiers Krees qui passent simplement en passant au travers comme dans du beurre (Carol adorait secrètement traverser des mottes de beurre, vous le saurez).

Mais Carol étant aussi, rappelons-le, quelque part entre le yorkshire et un épisode de Peppa Pig quand on parle intelligence pure, elle pète quantité de vaisseaux… sauf celui de Ronan, qu’elle a pourtant repéré. Et se contente de flotter devant en prenant la pose. À bord, les Krees sont dubitatifs.

« Hmmm… elle a détruit nos bombardiers et nos appareils de chasse… nous devrions nous replier…
– Seigneur Ronan ? Vous êtes sûr ?
– Hmmmm… oui… comme ça on aura tout le temps que l’on souhaite pour se préparer et revenir en force raser cette planète…
– Mais pourquoi elle nous épargne, alors ?
– … parce que sinon… on ne peut pas apparaître dans Les Gardiens de la Galaxie vu que ce film est supposé se passer avant…
– C’était pas plus simple de ne pas nous faire apparaître dans ce film plutôt que de rajouter une incohérence de plus ? »

Tels furent les derniers mots du caporal Kreedoudou, peu avant que Ronan ne l’exécute en le propulsant dans un trou scénaristique, avant d’ordonner à son bombardier de s’éloigner de la Terre.

Carol peut retourner se poser sur le sol désormais sauf de notre bonne vieille planète pour souffler un peu… lorsque voici que Kreestian arrive avec une petite navette pour l’affronter en duel.

« Allez, Vers ! Viens, on se tape !
– Écoute mec, j’ai des pouvoirs tellement surpuissants que ça n’a aucun intérêt.
– Allez, on se tapeuuuh ! »

Mais non. Carol prend la seule décision raisonnable du film : elle lui envoie un jet de photons dans le bidou, et Kreestian est calmé de suite. Heureusement, pour se rattraper, elle enchaîne avec une décision débile. À savoir qu’elle remet Kreestian dans sa navette, le réveille, et lui explique :

« Maintenant, tu vas retourner sur Hala et tu vas tout raconter.
– M… mais pourquoi ? Ronan et son vaisseau vont déjà le faire ! Pourquoi ne pas me garder prisonnier ici au lieu de me donner une chance de revenir me venger ?
– …
– …
– HO DIS VOIR, IL EST TARD ! JE DOIS Y ALLER, OU PLUTÔT, TU DOIS Y ALLER ! ALLEZ, SALUT KREEKREE ! »

« Grâce à mes grands pouvoirs, je vais aider les méchants à s’échapper ! Ne me remerciez pas les amis ! »

Et hop, elle envoie un peu d’énergie dans le moteur de sa navette, et voici Kreestian propulsé dans l’espace, direction la maison. On va dire que sa navette gère tout le voyage spatial jusque là seule, hein.

Les Krees sont vaincus, Kreestian parti ? C’est donc le moment de fêter tout cela !

Carol se rend auprès de Maria, Nick et des survivants skrulls, et annonce qu’elle aidera ces derniers à aller se trouver un nouveau foyer, en partant à bord du vaisseau de Mamie. Mamie dont le véritable nom Kree, vous le saurez, était Mar-Vell. Nick pense que ça ferait un excellent nom pour Carol tant le sien lui… lui…

« Ben oui Nick, j’ai déjà un nom, que je viens à peine de retrouver d’ailleurs. Alors pourquoi voulez-vous me donner le nom d’une vieille dame morte ? »

En France, on aurait donc Capitaine Jeanne Calment pour nous protéger, si l’on suit la même logique.

En tout cas, avant de partir, Carol remet à Nick Fury son bipeur, qu’elle a bricolé pour qu’il puisse l’appeler au besoin où qu’elle soit dans la galaxie, voire dans une galaxie voisine, en faisant le Tam-Tam le plus puissant de l’univers. Si Nick dispose d’un Minitel, à lui les renforts venus de l’espace lointain ! De son côté, Nick retourne au SHIELD, où maintenant que les Skrulls vont les laisser tranquilles, tous les hommes dont ils avaient pris l’apparence en douce peuvent bosser en paix, y compris le chef de Nick ou l’agent Coulson. Nick raconte ainsi à qui veut l’entendre qu’il a perdu son œil lors d’une bataille héroïque, car jusqu’au bout hihihi, hohoho, il est trop rigolo ce Jar-Jar B… je veux dire, Nick Fury !

Pendant ce temps, au-dessus de la Terre, les Skrulls ont regagné le vaisseau de Mamie, et à côté d’eux flotte Carol et ses superpouvoirs. Les moteurs du vaisseau chauffent, et hop ! L’engin spatial et Carol passent en vitesse supraluminique pour aller chercher un nouveau foyer à nos amis extraterrestres polymorphes.

« Attendez… d’où est-ce qu’on passe en vitesse supraluminique sachant qu’on a toujours les mêmes vieux moteurs sur notre vaisseau ? » s’exclame une voix dans l’assemblée.

Heureusement, personne ne remarque ce dernier raté qui est quand même la raison pour laquelle les Skrulls n’avaient pas bougé durant six ans et…

… FIN !

Eh bien. Je crois que je vais garder la théorie du vomi de scénariste.

L’une des affiches officielles. Quand on en est à essayer d’attirer les gens avec des images de chat, on mérite tout au plus de sortir son film sur Youtube.

_____________________________

Pour les plus curieux, il n’y a pas une, mais deux scènes post-générique, ces choses que je hais de toute mon âme :

Une première scène où les Avengers survivants à la fin du dernier film constatent que le Tam-Tam laissé derrière lui par Nick Fury vient d’arrêter d’émettre, comme si le message avait fini par être reçu. Et se pointe alors derrière eux…

« Captain Marvel !
– Mais vous pouvez m’appeler Corky. »

Fascinant. Aussi, ne nous arrêtons pas en si bon chemin, car voici une ultime scène où l’on aperçoit un certain chat kikinou sur le bureau de Nick Fury… qui vomit le Tesseract. Hihihi, trop rigololol !

Voilà voilà.

Donc, je le rappelle : le film a été bien noté par Télérama. Un magazine entier de professionnels objectifs.

J’imagine que ça n’a rien à voir avec le fait qu’il y avait une fille sur l’affiche.

Qui pour leur faire croire qu’Alerte à Malibu est un film profondément féministe ?

X-Men – Dark Poulet

$
0
0

« Bon, les petits gars, il est temps de sortir un nouveau X-Men. »

Dans la salle de réunion, les participants hochent la tête pour approuver le propos de leur patron.

« La mode étant aux films de super-héros, on est pas mal. Et je vous rappelle qu’on a une licence Marvel, ce qui est facilement apprécié du public.
– Alors oui patron, mais on fait quoi ? Non parce que dans le précédent X-Men : Apocalypse, comme son nom l’indique, les mutants sauvaient déjà le monde de ladite apocalypse. Ça va être dur d’aller plus loin. »

Les yeux tournés vers les fenêtres au bas desquelles défilent des accessoires pour un autre tournage, le producteur prend un instant avant de répondre.

« Des extra-terrestres.
– Hein ?
– On va mettre des extra-terrestres.
– C’est… risqué, patron. Je veux dire, c’est un peu kitsch de les larguer là, comme ça, sans plus d’explications.
– Non mais ne vous inquiétez pas. Parce qu’en même temps, on va rebooter un épisode.
– Hein ?
– Vous vous souvenez de X-Men : L’affrontement final ?
– Celui qui s’était fait défoncer par la critique, là ? Avec l’histoire tournée autour de Jean Grey, le personnage dont tout le monde se fout ?
– Celui-là même. Eh ben on reprend les extra-terrestres ET Jean Grey.
– Je… patron c’est… c’est vraiment risqué là.
– Non mais on pourrait raconter comment elle est devenue le Dark Phoenix.
– C’est-à-dire qu’on l’a déjà montré à la fin du précédent film. 
– On n’a qu’à dire que ça n’existe pas.
– Donc je résume : on oublie le précédent film, on repompe le moins apprécié du public, et on rajoute des extraterrestres. Autre chose ?
– Hmmmm… on pourrait… oh ! On pourrait avancer dans le temps et oublier de faire vieillir les acteurs pour montrer qu’on s’en fout ? »

Pendant que l’ensemble des scénaristes autour de la table procède à une immolation rituelle en hurlant le nom de Shub-Niggurath tant la simple évocation de ce script a fait basculer la santé mentale de tous ceux l’ayant entendu, le producteur, lui, est satisfait. Ignorant les petits bouts de collaborateurs calcinés qui volettent autour de lui, il signe l’accord pour lancer la réalisation de X-Men : Dark Phoenix.

Alors, ce nom qualifie-t-il un script écrit à partir de poulet braisé ou un précédent film qui renaît de ses cendres pour connaître la gloire ? Un vague indice se cache dans le titre de ce spoiler.

Mais en attendant : spoilons, mes bons !


L’affiche : des flammes ! Des flammes partout ! Ce film m’appelle !

Tout commence en 1975.

Cette année-là, Marcel Gotlib fonde Fluide Glacial, Jeanne Calment fête ses cent ans, quant à Jean Grey, qui porte le prénom d’un pantalon et le nom d’un monsieur qui fait des choses dedans, elle se contente de célébrer ses 8 ans. Et au moment où nous la retrouvons, elle est à l’arrière de la voiture familiale avec un gros souci : elle n’aime pas la musique que papa et maman écoutent.

« Mais maman, j’en ai assez qu’on écoute du Michel Sardou !
– Allez, encore une chanson.
– Mais ça fait dix heures maintenant !
– Jean, nous sommes en 1975, tu crois qu’on a 50go de MP3 en stock ? Allez, tous ensemble : On pense encore à toi oh bwanaaaa…
– MAIS JE VEUX ÉCOUTER DU JOE DASSIN ! »

Et soudainement, voilà que le bouton de la radio tourne seul, et que jaillit de la radio L’Été Indien. Maman Grey est bouleversée. Elle se tourne vers son mari.

« Mamour c’est toi qui as changé la radio ?
-Mais non ! Moi aussi j’adore Michel Sardou. Je remets… c’est bizarre, notre fille n’a pas pu changer la radio du siège arrière, tout de même. »

Mais voilà que Jean nous refait un caca nerveux.

« GNEVEU JODASSIN!
– Ça suffit maintenant Jean ! Tu te calmes ! 
– JODASSIN ! JODASSIN ! JODASSIN ! »

Et la radio de changer à nouveau. Ses parents réalisent alors avec effroi que Jean contrôle à distance l’appareil : c’est une mutante, certes, mais surtout, c’est un trou de balle, et c’est bien cela le plus effrayant. Dans la voiture, ses parents se mettent à marmonner le nom de Françoise Dolto. Puis le ton monte tout autour du choix de la station radio, les menaces de claques dans la gueule volent de plus en plus bas, et finalement… l’enfant relou se met à hurler « Sileeeeence ! »

En conséquence de quoi, et sous l’effet de pouvoirs mal maîtrisés, maman Grey s’endort au volant. Et bardaf, c’est l’embardée.

La voiture part faire des tonneaux, elle est comme ça, et dans l’affaire, tout le monde meurt, sauf Jean, dont les pouvoirs la protègent inconsciemment. Elle est alors emmenée à l’hôpital local, où un étrange monsieur en fauteuil roulant vient lui rendre visite.

« Bonjour ma petite, je suis le professeur Charles Xavier. Tes parents sont partis.
– Loin ?
– Pour parler proximité, disons qu’ils sont désormais plus proches du hachis parmentier que de toi.
– C’est embêtant. »

Pardon ? Ah non, les enfants à qui on apprend la mort des parents ne pleurent pas. Ce sont des préjugés que vous avez là. L’enfant est connu pour sa sagesse proverbiale, son calme légendaire, et sa capacité à ne jamais pleurer. Qui ne s’est jamais exclamé en grimpant dans un train un jour de vacances « Des enfants partout, voilà un trajet qui s’annonce calme » ?  Vous n’y connaissez rien.

Ou bien depuis 30 ans maintenant, Hollywood continue à ne toujours pas savoir écrire un personnage d’enfant autrement que sous la forme d’un adulte miniature qui a toujours raison. Mais revenons à Charles Xavier et Jean Grey.

« Bref, tout ça pour te dire ma petite Jean qu’à partir de maintenant, tu vas venir vivre avec moi.
– Vous venez souvent chercher des fillettes dont les parents viennent de mourir pour les emmener chez vous ?
– J’ai grandi à Charleroi.
– Ah ben tout s’explique. »

Et Charles Xavier de ramener en son immense demeure la jeune fille pour l’intégrer à son harem pédophile école secrète de mutants. Comme toujours, l’arrivée à l’école donne l’occasion de sortir toute une ribambelle de phrases tellement subtiles que l’on ne voit pas du tout venir qu’on les ressortira plus tard, comme :

« Jean, je réparerai tout ce que tu casseras. » (comme les roudoudous du public, par exemple)

« Toi je n’ai pas à te réparer : tu n’es pas cassée. »

« Bordel Jean, si tu réclames encore une fois du Joe Dassin, là par contre tu auras besoin de sacrées réparations. »

Vous avez tout suivi ? Bien. Alors dans ce cas, bondissons dans le futur, car nous fonçons droit vers l’année magique 1992, malgré des acteurs qui eux, ne prennent pas une ride. Tout au plus Charles Xavier est-il devenu tout chauve (suite au précédent film), mais sinon, il n’y a même pas un effort de maquillage. Allez, tout de même : Jean Grey prend quelques années, tant la faire jouer par une fillette de 8 ans, ça allait se voir.

Bref : cette année-là, voici que les Etats-Unis sont fort occupés à envoyer une navette spatiale vers le vide qui entoure notre planète. Tout se passe bien dans un premier temps jusqu’à ce que sur le radar on ne détecte des trucs bizarres : on dirait une éruption solaire inopinée. Vilain soleil ! Ce lumineux margoulin vient ainsi d’après les scientifiques de dérégler les instruments du bord des astronautes, ce qui est embêtant puisque la navette se met à dangereusement dériver, avant que ses moteurs ne commencent à faire des bruits comme « pout-pout-pout ».

Ma science de l’imitation des moteurs est proverbiale.

À bord de la navette, c’est la panique : dans l’espace, à la dérive, et avec un moteur qui fait pout-pout-pout, qui va donc pouvoir sauver nos astronautes ?

« Je vais appeler les X-Men grâce à mon téléphone avec un gros X dessus. » déclare le Président des Etats-Unis depuis son bureau.

Puisque oui, le Président a désormais une version du téléphone rouge lui permettant de joindre les mutants à tout moment, probablement nommé le « téléphone X ». En attendant, l’homme appelle, et c’est le professeur Xavier qui décroche.

« Oui Président ?
– Alors ma petite… qu’est-ce que tu portes sous ta jupe… raaah…. raaah…
– Monsieur le Président, attendez…
– Tu aimes les cigares ? Hmm, j’ai tellement envie de…
– Monsieur le Président, vous vous êtes encore trompé de téléphone X.
– Ah oui pardon. Hem. Non mais en fait, ça tombe bien que je vous aie mon p’tit Charles parce que figurez-vous qu’on vient d’envoyer une navette dans l’espace et que paf, ben une éruption solaire a tout foutu en l’air.
– J’ai vu ça à la télévision. Voulez-vous qu’on intervienne Président ?
– Oui, vous seriez bien urbains. »

Et les mutants de rassembler une équipe de choc pour foncer à bord du X-Jet en direction de l’espace.

« On est obligés de mettre un X dans tout ce que l’on a ? Non parce que le jour où l’on fait un film…
– Silence, le Fauve ! Pour l’instant, tu pars pour l’espace à bord de l’appareil puisque tu as aidé à le concevoir. Tu pourras le piloter et grâce à tes connaissances scientifiques, tu seras utile là-haut !
– Bon ben ok.
– Vif-Argent ! Toi et ta super vitesse, tu pourras accélérer le sauvetage !
– D’accord.
– Cyclope ! Avec ton neuneuil laser, tu pourras détruire d’éventuels débris sur la route de l’appareil !
– Soit.
– Diablo ! Tu pourras te téléporter dans la navette pour y emmener le personnel utile ou l’en ramener !
– Okay.
– Tornade ! Tu peux interagir avec l’environnement ! Cela sera pratique au vu des conditions extrêmes de l’espace !
– À vos ordre professeur.
– Quant à toi Raven tu…. tu…
– Oui ?
– Ben ton pouvoir ne sert un peu à rien en fait, là. J’imagine que tu pourras faire des imitations rigolotes durant le voyage ?
– Super, merci. »

Raven, qui n’utilisera pas ses pouvoirs du film tant elle va être inutile tout du long.

Et la fine équipe de grimper dans le X-Jet pour foncer dans l’espace inconnu, où ils découvrent la navette spatiale américaine tournoyant, hors de contrôle, face à une espèce de masse informe qui flotte face à eux, et qui n’a rien d’une éruption solaire.

« Qu’est-ce que c’est, le Fauve ?
– Hmmm… je n’ai jamais rien vu de tel… on dirait une sorte de…
– De ?
– De gelée de groseille, mais vaguement consciente et plutôt colérique. »

Ce qui est aussi la description d’un certain nombre d’adolescents, notez. Et pour que l’analogie soit plus crédible encore, on apprend que la gelée de groseille est, selon les instruments, particulièrement chaude comme la braise. Il convient donc de sauver les astronautes américains avant que la chose spatiale ne tente de s’accoupler avec eux, ou ne commence à prendre des snapchats de kikoutes.

Raven, qui ne sert donc à rien, reste aux commandes et donne des ordres pour montrer qu’elle est utile.

« Cyclope ! La navette tournoie à cause d’un réacteur endommagé ! Détruis-le grâce à ton neuneuil à rayon magique !
– C’est pas un peu dangereux de tirer sur un truc bourré de carburant ? On ne pourrait pas demander à Jean et ses pouvoirs télékinétiques de stopper le bousin ?
– Si, mais ce serait intelligent ! Alors ne le faisons pas !
– Okay. »

Et donc, les X-Neuneus de manquer de tuer tout le monde en tirant sur le propulseur. Ce qui arrête la navette, merci. Je ne savais pas que ça fonctionnait comme ça. D’autres instructions, Raven ?

« Tornade ! Rafistole les trous que tu vois dans la navette en mettant de la glace dessus !
– Tu réalises que ça ne va pas vraiment fonctionner et que les trous que je ne vois pas, sachant qu’on est à 200 mètres, ils resteront grands ouverts ?
– Oui mais on s’en fout ! Diablo ! Téléporte-toi avec Vif-Argent à bord de la navette et téléportez l’équipage ici !

– Ah ? C’est presque intelligent !
– Mais surtout, n’enfilez aucune combinaison de protection, c’est pas comme si on intervenait dans une navette trouée de partout !
– Okay j’ai rien dit. »

Et nos deux amis d’obéir. Ils se téléportent dans la navette avec pour seule combinaison leur combi moulante, et hop, Vif-Argent réunit tous les membres d’équipage à folle allure, les emmène jusqu’à Diablo, et tout ce petit monde se téléporte en sécurité dans le X-Jet. Mais l’un des astronautes américains s’exclame soudain :

« Attendez ! On ne peut pas partir, on a oublié le commandant à bord !
– Vous rigolez ? Vous avez perdu le commandant ? C’est gros un commandant, ça ne s’oublie pas comme ça !

– Où était-il ?
– Il travaillait sur le propulseur ! »

S’ensuit une série de quintes de toux et de pets liquides, tant une bande de couillons a tiré sur le propulseur il n’y a pas cinq minutes. Le commandant est donc probablement transformé en merguez. Heureusement, le film a oublié ce détail qui n’était qu’une scène spectaculaire deux minutes avant et Raven décide que c’est le moment pour elle aussi d’éviter soigneusement de se rappeler de plein de trucs.

« Non ! On ne peut pas aller le chercher, cette chose à la groseille dans l’espace va détruire la navette dans quelques instants ! C’est trop risqué !
– C’est-à-dire qu’on a Diablo et Vif-Argent, que l’on vient justement à peine d’utiliser, donc en moins d’une seconde, on peut y aller et sauver le monsieur.
– AHLALA ON VA DEVOIR SACRIFIER CE PAUVRE COMMANDANT, C’EST TROP DANGEREUX, TOUT ÇA !
– Mais… mais non ? »

Et Raven de perdre un temps précieux à continuer à raconter n’importe quoi et à se lamenter que « Houloulou, c’est trop bête quand même, il faut rentrer sans lui« , avant que finalement, Xavier n’intervienne depuis le sol par le pouvoir de la pensée pour dire que bon, ça suffit les conneries, allez me sauver ce commandant. Et vous avez 30 secondes avant que la navette ne soit détruite par la groseille spatiale.

Puisque le festival de décisions stupides se poursuit, Vif-Argent est invité à ne pas y retourner (comprendre : le mec qui a le pouvoir le plus utile quand le temps est limité reste à bord à siroter une margarita), et à être remplacé par Jean Grey au motif qu’elle peut « renforcer la structure de la navette avec ses pouvoirs » mais une fois à l’intérieur. Diablo enfile cette fois (pourquoi ? Mystère) une protection pour y retourner (comprendre : un casque et du scotch, on dirait un peu le même principe que l’aquarium retourné sur la tête dans les aventures de Picsou), alors que Jean, rien du tout parce que… parce que. Non, ne me demandez pas, je ne cherche pas. Je suis occupé à retenir mes sourcils qui tentent eux aussi de gagner la stratosphère.

La fine équipe se rend donc dans la navette, et Diablo file sauver le commandant pour le téléporter en sécurité à bord du X-Jet. Sauf que la groseille, elle, est en train de foncer sur Jean, toujours à bord de la navette endommagée !

Ah, si seulement on avait demandé à Vif-Argent. C’est ballot.

La gelée de groseille sauvage dévore donc la navette et Jean avec, et tous les petits amis de notre héroïne sont bouleversés en voyant le tout exploser sans pouvoir rien faire. Mais sitôt que la lumière s’atténue… ils découvrent que si la navette est détruite, Jean, elle, flotte au milieu de l’espace, en pleine forme, alors que la gelée de groseille rentre en elle pendant qu’elle est inconsciente. Ce qu’elle n’avait pas demandé : la groseille est visiblement peu au fait du consentement, elle pourrait lire MadMoizelle.

Diablo y retourne tout de même une fois l’étrange phénomène terminé, ramène son amie dans la navette, tout le monde rentre sur Terre, et les Etats-Unis accueillent en héros les passagers du X-Jet, mutants comme astronautes.

Une fois de retour au manoir des mutants, le Fauve va quand même ausculter Jean Grey, tant se manger autant de groseille au milieu du vide spatial le tout lors de l’explosion d’une navette, c’est étonnant que ça n’ait pas laissé plus de séquelles, mais non seulement il découvre que Jean pète la forme, mais en plus, ses pouvoirs ont décuplé, voire beaucouplé tant même lui n’arrive plus à calculer ce qu’il en est.

Mais ce qui est bien c’est qu’il se contente de hausser les épaules en disant « Nan ben tu vas bien, va faire la fête avec tes copains. »

Jean a visiblement surtout pris trois bonnets dans l’affaire.

D’accord. Et sinon le Fauve, as-tu déjà vu Alien ? Non parce que ton affaire, c’est un coup à ce qu’au milieu de la soirée, il y ait une bestiole qui sorte du bide de Jean pour aller manger des étudiants, des chats, et pire encore : finisse par permettre à Ridley Scott de faire Prometheus, et ça, c’est vraiment moche. Mais le Fauve tenant son nom du fait qu’il est con comme les paroles des chansons du groupe du même nom, il ne voit pas le problème.

Raven, elle, se rend dans le bureau du professeur Xavier, mécontente.

« Charles, ça ne va plus du tout.
– Ah ?
– Oui, le Président nous a félicités, mais nous sommes passés à deux doigts qu’il ne nous présente ses condoléances.
– Alors oui mais en même temps qui est la grosse buse qui a envoyé Jean dans la navette plutôt que Vif-Argent qui pouvait tout plier en toute sécurité ?
– APAPAP C’EST PAS LE SUJET ! 
– Ben un peu quand même.
– Non, mais c’est parce que là, c’est la scène où je t’enguirlande pour bien pour montrer qu’il y a des tensions dans l’équipe. Et donc, je me plains qu’on mette les mutants en danger pour sauver des vies humaines. Ce n’est pas normal.
– Ou alors c’est parce qu’on peut sauver des vies humaines qu’on fait ça ?
– NAAAAAN ! Tu es censé répondre à côté et moi t’accuser de ne faire ça que pour la gloire et les médailles !
– C’est quand même très con. Je suis supposé être un personnage très intelligent. Pourquoi irais-je dire des conneries pareilles ? C’est comme si je dirigeais une équipe de mecs immunisés au feu et qu’on m’accusait de les proposer pour sauver les gens en cas d’incendie.
– MAIIIIIIIS ! »

Bref, lors d’un dialogue sans queue ni tête, Raven accuse donc bel et bien Charles Xavier d’envoyer ses X-Men sauver des gens… pour se faire bien voir. Et que lui, il ne prend jamais aucun risque. Hmmm… peut-être parce qu’il est en fauteuil roulant ? As-tu remarqué comme on voyait peu de pompiers en fauteuil sortir les gens des flammes ? Mais non : Raven est décidément moyennement rusée, voire complètement à la ramasse. Et avant de claquer la porte, sort son ultime réplique :

« Tu sais Charles, je ne sais pas si tu as remarqué, mais ce sont toujours les femmes qui sauvent les hommes chez nous.
– Comme Diablo et les astronautes ?
– Nan.
– Comme Vif-Argent et les astronautes ?
– Nan.
– Comme Diablo allant chercher Jean Grey dans l’espace ?
– Nan.
– Comme…
– TAGGLE ! C’EST TOUJOURS LES FEMMES QUI SAUVENT LES HOMMES, P’T’ÊTRE QU’ON DEVRAIT S’APPELER LES X-WOMEN ! »

Ouf : un instant, j’ai cru que j’allais regarder un film sans son petit moment féministe amené de manière pas bien subtile pour être à la mode. J’ai eu peur, me voilà rassuré.

Mais qu’importe, car tout le monde retourne vaquer à ses activités. Le professeur Xavier va à une soirée à la Maison Blanche pour y recevoir les louanges du Président et lui redire d’arrêter de jouer avec le téléphone X lors des soirs où il se sent seul, Raven et le Fauve, qui se font des bisous, discutent du fait de quitter les X-Men et de vivre leur vie au lieu d’en sauver au nom de Xavier, par exemple en reprenant des études de sociologie à Rennes 2, quant à Jean Grey, elle va à une soirée étudiante de l’école au fond des bois, où les mutants font les kékés. Cyclope, qui est accessoirement le petit copain de Jean, s’inquiète un peu car sa douce amie enchaîne les Monaco à une vitesse inquiétante et à ce rythme, encore 270 et elle sera bourrée. Elle prétend être en pleine forme, mais tout de même, cela ne lui ressemble pas. Par ailleurs puisque tout le monde la croyait morte et qu’elle est revenue malgré l’explosion de la navette spatiale, les autres élèves commencent à la surnommer « Phénix ».

C’est amené de manière fort subtile, dites-voir.

Mais alors que tout allait bien, voilà que Jean commence à montrer les premiers signes que quelque chose se passe mal.

« Holala… je sais pas si c’est les Monaco, mais j’ai super mal au bide.
– Heu… Jean ? On dirait que tu as des flammèches qui essaient de sortir de sous ta peau !
– Mal au bide, tu comprends ? Ça doit être les burgers ! »

Et la température de Jean de monter en flèche. Elle a du mal à se concentrer, a vraiment mal au bide, et soudain, décharge une fameuse déflagration (le burger était vraiment mauvais semble-t-il), qui couche les arbres autour d’elle, les gens, aussi, et fait souffler une brise nauséabonde jusqu’au manoir voisin. Après avoir purifié la zone au febreeze avec l’aide de Tornade, Jean est ramenée au manoir, inconsciente. Et le professeur Xavier, accompagné de Raven et du Fauve se rend au cerebro, la machine qui amplifie ses pouvoirs, pour farfouiller dans l’esprit de Jean à la recherche de ce qui cloche. Il y trouve une sombre histoire de burgers, mais surtout, que les barrières mentales qu’il avait érigées des années plus tôt sont en train de s’effondrer.

« Aaaaattends Charles, de quelles barrières mentales parle-t-on ?
– Du calme Raven. C’est juste que quand je l’ai récupérée quand elle avait huit ans, j’ai bloqué des choses dans sa tête. Pour l’aider, tout ça.
– Tu ne serais pas un petit peu un gros enfoiré de manipulateur ?
– Moi ? Noooon, c’était pour son bien. Disons qu’en fait, si sa mère est morte dans l’accident, ce n’est pas le cas de son père. Il a eu si peur d’elle qu’il n’en voulait plus, d’où le fait que je l’ai récupérée. Et moi, je lui ai mis dans la tête que son père était bien mort.
– C’était pas plus simple de lui dire que son père la mettait en pension complète à l’école ?
– LES BARRIÈRES MENTALES ET LA MANIPULATION C’EST PLUS MON STYLE. »

Quelqu’un a confondu le professeur Xavier avec un flagelleur mental au moment d’écrire le script. C’est pourtant facile : l’un est très intelligent, l’autre n’a pas de tentacules. Soyez attentifs, flûte.

Car en parlant de trucs à tentacules, au même moment à des kilomètres de là, tombent du ciel des orbes lumineuses qui vont se poser dans la campagne autour d’une jolie maison bourgeoise. Ce qui fait aboyer très fort le chien local, aussi la maîtresse de maison abandonne-t-elle ses invités pour aller voir si ce con de labrador est encore en train d’aboyer sur un écureuil, une voiture, un vélo, un fer à repasser, ou du rien, comme aiment à le faire les chiens. Mais non… des êtres humanoïdes et vaguement végétaux sont en train de sortir des bois : des aliens ! Et l’un d’entre eux tue la Madame d’un simple geste (retenez bien ça : ils pointent du doigt quelqu’un et ça lui fait un trou dans le torse, ce qui est pratique) avant de prendre son apparence. Puis tout ce petit monde va tuer le reste des invités, et hop.

L’extra-terrestre. Qui est méchante, et on la comprend : quelqu’un lui a rasé les sourcils pendant qu’elle dormait.

Nous avons donc désormais sur les bras une Jean Grey dont la situation intestinale la transforme peu à peu en Jean Brown, et une invasion extraterrestre sur les bras. Ma foi, Diego, apporte-moi ma pipe : ça donne l’air pensif même pendant que l’on regarde un gros étron.

Mais revenons à Jean qui se réveille peu à peu, et est devenue si puissante qu’elle repousse sans problème le professeur Xavier qui triturait ses pensées. Car son pouvoir de lecture de l’esprit est devenu si grand qu’elle entend une voix lointaine… mais familière…

« Bordel, mais où j’ai foutu cette cassette de Michel Sardou ? »

C’est son papounet ! Il est vivant, elle l’entend penser, même à des kilomètres ! Charles Xavier lui aurait menti ? Hop ! Jean met les voiles, et Charles n’a pas à lire ses pensées pour comprendre où elle va. Jean étant si forte maintenant qu’elle peut soulever son propre corps par la pensée, elle vole, alors que Charles lui doit emmener son équipe au X-Jet pour partir là où il sait qu’elle se rend : à la demeure de papa Grey.

C’est donc dans un petit quartier d’une ville américaine que nous retrouvons Jean qui frappe à une porte, lorsque son géniteur, qui lui a vieilli contrairement au reste du casting, vient lui ouvrir.

« Oui ? Si c’est pour me vendre des panneaux solaires, je vous préviens, j’ai un fusil et du gros sel pour votre cul, jeune fille.
– Papa ? C’est… c’est moi !
– Qui ça moi ?
– Ben ta fille. Jean.
– Ah. Heu… ah oui, ça y est, je me souviens. On t’avait appelée comme ça pour faire marrer les copains. Désolé, tu sais ce que c’est l’état-civil a laissé faire et… bon, bref,. tu veux entrer ?
– Un peu mon neveu.
– Moi c’est papa, petite insolente. »

Et Jean de s’émerveiller : ouah, son ancienne maison ! Elle s’en souvient encore ! Rien n’a changé ! Bon, okay, depuis des années elle n’avait jamais pensé à y retourner, voire à se demander pourquoi elle n’avait jamais touché l’héritage de ses parents, mais là, maintenant, ça va. On va dire que Charles Xavier avait vraiment limité ses pensées, ce qui expliquerait d’ailleurs bien des choses, si j’étais langue de pute. Je me permets donc largement. Mais en attendant, Jean note quelque chose de suspect dans la demeure.

« Mais ? Papounet ? Pourquoi tu n’as pas de photos de moi ?
– Heu…
– Papounet tu m’aimes pas, c’est ça ?
– Non mais c’est pas ça, mais depuis que tu as buté maman…
– MAIS JE VOULAIS JUSTE ÉCOUTER L’ÉTÉ INDIEEEEEEEEEEEEEN ! »

Et brouf, dépassée par son super pouvoir, Jean envoie papounet faire dodo, pendant qu’elle aperçoit le X-Jet qui se pose à proximité. Ses amis l’ont poursuivie, et là, elle est colère. Elle sort furieuse de la maison pour leur faire face. Xavier tente de la calmer.

« Jean, tu dois te calmer, le paragraphe juste au-dessus de le dit.
– MÉJESUICALME !
– Alors d’accord, mais disons que si tu m’expliquais ça sans flammes bizarres qui te sortent de la tronche, ce serait plus crédible.
– NOOOON ! Vous ne me comprenez pas ! J’ai ce pouvoir que je ne maîtrise pas ! J’ai peur de faire du mal aux autres ! Que suis-je ? Pourquoi a-t-on peur de moi ? Suis-je un monstre ?
– C’est rigolo, on dirait que tu es en train de nous sortir le pitch de « Je suis un mutant » aux mutants. 
– Oui, niveau écriture, le film n’était pas bien inspiré.
– J’ai remarqué.
– Bon en attendant, je suis COLÈRE ! Je vais CASSER DES TRUCS ! »

Charles demande donc à ses X-Men d’aller lui coller une claque, un pied au cul et de l’envoyer dans sa chambre, mais Jean est devenue trop puissante. Elle les envoie tous bouler, y compris les unités de police qui arrivaient sur place au même moment, et parvient même à envoyer paître Vif-Argent, qui est le seul qu’elle blesse juste assez pour qu’on ne le voit plus du reste de l’aventure, parce que sinon son pouvoir étant trop puissant, il pouvait finir le film seul. C’est drôlement pratique ! Raven, quant à elle, tente de raisonner Jean.

« Jean… tu dois te calmer… nous pouvons t’aider… 
– JEMECALMESIJEVEUUUUUUUUUX !
– Ce pouvoir que tu as absorbé dans l’espace… il est trop puissant… voit comme il sort de toi comme les ailes d’un phénix…
– Attendez, mais ça je le faisais pas déjà dans le précédent film quand j’affrontais le grand méchant final ?
– Ah oui, hihihi, oups, je crois que les mecs qui ont écrit ce film ont oublié de regarder le précédent.
– Oui et ça M’ÉNERVEUUUH !
– Écoute, détends-toi… je sais que tu es tendue parce que tu es une actrice de Game of Thrones et que tout le monde se fout de toi en ce moment, mais ça va aller… »

À noter que comme dans tout mauvais film, personne ne sait calmer un individu en colère, et à la place, le personnage se contente de s’approcher très doucement en sortant des poncifs sur le pouvoir de l’amitié digne d’un chapitre de One Piece. Ce qui bien évidemment, énerve encore plus Jean (on la comprend), qui à nouveau, furieuse (ou bien à nouveau victime de problèmes gastriques), crée une onde de choc (va pour le gastrique) qui propulse Raven…

… contre un vieux bout de bois pointu.

« N… non… les bouts de bois pointus… le pire ennemi des X-Men… déjà dans Logan… » marmonne Raven avant de mourir comme une bouse.

Quelqu’un a semble-t-il confondu X-Men et vampires. Dans le prochain film, je propose que quelqu’un repousse le professeur Xavier avec un crucifix.

Au pire, on lui glisse dans les roues, ça l’arrête aussi.

Mais je m’égare, et revenons à notre sujet. Alors que tous les X-Men, à commencer par le Fauve, pleurent leur amie tuée par la colère de Jean Grey, cette dernière file en s’envolant loin de la scène du crime, bouleversée par ce qu’elle a fait. Son nouveau pouvoir la rend encore plus colérique et bête qu’à l’accoutumée, ce qui n’est pas peu dire.

C’est donc évidemment le moment de la caricaturale scène de l’enterrement sous la pluie. Suivi d’une scène où le Fauve s’engueule avec le professeur Xavier.

« Professeur, reconnaissez que vous aviez tort de manipuler Jean !
– Nooooon…
– Sérieusement, Raven est morte ! 
– Je m’en fouuuuus !
– Non mais ça vous coûte quoi d’admettre que vous auriez pu faire mieux ?
– J’ai pas enviiiiiie… »

Donc, oui, on découvre que Xavier est en fait juste un gros con arrogant qui même lorsque les gens meurent, refuse d’admettre qu’il a pu se planter. Pourquoi ? Parce que ça arrange l’intrigue, puisque le Fauve, fâché, décide de quitter l’école.

La suite de la scène où il faut 20 minutes pour désembourber Xavier ne sera que dans la version longue.

Jean, elle, se rend de son côté sur une petite île isolée au large des Etats-Unis. Où elle va retrouver… Magneto. Le fripon s’est retiré, tel un John Rambo, et avec d’autres mutants qui refusent de se mêler aux humains, il vit loin d’eux, au milieu de cabanes moches, à essayer de créer sa propre société alternative.

Seigneur : Magneto est devenu un Zadiste.

Et il accueille Jean sans guère comprendre ce qu’elle vient faire là.

« Wooooh, du calme meuf, on ne rentre pas sur la MagnetoZad sans un vote en non-mixité, bien qu’une inclusion trans-mutante.
– Hein ?
– Je veux dire que si tu es venue apporter avec toi l’oppression de l’état répressif contre la construction d’une société autonome à représentation égale mais sans délégation décisionnaire, tu vas au-devant de gros soucis avec le groupe Abracadazad, le collectif Mue-Tente en charge des cabanes, et Potagère, le groupe de gestion du potager qui… »

Lassée des termes bullshit dignes d’un consultant en consulting qui aurait viré extrême-gauche ainsi que des collectifs avec des noms en calembours, Jean pète cordialement la gueule de Magneto pour tenter d’avoir une conversation entre gens raisonnables. Hélas pour elle, Magneto pose d’entrée de jeu une question embêtante.

« Dis-donc, tu as du sang plein ton t-shirt. C’est à qui ?
– À personne, allons, hohoho. Non, je voulais savoir, mais attention, hein, je demande ça à tout hasard : toi qui as tué des gens, comment tu as fait pour arrêter ? C’est pour une amie. »

Subtil.

Hélas pour notre héroïne, elle a été suivie : arrivent deux hélicoptères de l’armée des Etats-Unis, avec à leur bord, des militaires qui viennent voir Magneto pendant que Jean se cache.

« Allez-vous en, collaborateurs de l’état fasciste qui…
– Bon, ça suffit Magneto, on a compris que tu étais à l’Unef. Allons droit au but, petit zadiste : on a vu Jean Grey se diriger par ici. Et nous devons l’arrêter car elle a… cassé une voiture de police !
– Pardon ? Vous la recherchez parce qu’elle a cassé une voiture ? 
– Oui.
– Vous ne la recherchez pas du tout pour la mort de Raven ?
– Non M’sieur Magneto parce qu’à ce stade du film, vous n’êtes pas supposé être au courant donc si on vous le dit, ça ruinerait un prochain rebondissement.
– Je comprends mieux.
– En tout cas, sachez qu’à cause d’elle, le Président a débranché le téléphone X et menace de déporter les mutants à nouveau.

– Si je résume : un demi-siècle que les mutants aident les gens, mais Jean raye une bagnole aussi on propose direct un génocide ?
– Voilà.
– Bon écoutez, tout cela est très con, et Jean n’est pas ici, vous devriez partir. »

Et c’est juste à ce moment-là que Jean décide justement de sortir de la cachette que Magneto lui avait trouvée le temps que les soldats partent, pour venir foutre la merde parce que… parce que.

« Jean Grey ! Vous ici ! L’armée des Etats-Unis vous arrête !
– GNÉPASENVIIIIIIIE ! »

Ce film. On a l’impression de suivre les aventures d’un trou du cul dans un collège français moyen : tout le monde a envie de le gifler, personne ne peut le faire, et une fois qu’il a fini de semer le chaos, son papa adoptif débarque pour expliquer que ce n’est pas sa faute, il a juste un trop plein d’énergie.

Jean attaque bien évidemment les militaires, mais reste raisonnable : elle se contente de leur voler leurs armes, puis de détruire l’un de leurs hélicoptères. Elle menace de faire de même avec l’autre, mais Magneto la contre le temps que les militaires rembarquent et s’en aillent loin de l’île. Cela fait, Jean, vexée comme un pou, envoie paître Magneto et s’en va à nouveau pour chercher un autre refuge, ailleurs, tant cette zad en fait, elle est trop nulle, woh. Elle réfléchit donc à entamer une carrière de punk à chien, mais n’ayant encore trouvé ni de chien, ni de Monoprix devant lequel faire du diabolo, elle est bien embêtée. Elle va donc déjà s’entraîner à boire.

Et c’est dans un bar que nous la retrouvons, alors qu’elle utilise ses pouvoirs psychiques pour que tout le monde la perçoive comme un vieil homme assis au bar. Lorsque soudain, s’assoit à côté d’elle… l’extra-terrestre qui avait tué une femme pour prendre son apparence plus tôt dans le film (vous l’aviez oubliée, nous aussi).

« Bonjour, Jean.
– Comment m’avez-vous reconnue ?
– Tes pouvoirs ne marchent pas sur moi. D’ailleurs, c’est pas pour balancer, mais si c’est pour faire ça, pourquoi n’as-tu pas utilisé le même pouvoir sur le militaires plus tôt au lieu d’aller te battre avec ?
– Ah oui, crotte. Non mais c’est parce que je ne suis pas très fut-fut.
– On a noté. Bon écoute, je te passe les détails sur comment on t’a retrouvée, puisque ça a impliqué de torturer ton père à deux mètres de policiers qui n’ont rien entendu alors qu’il hurlait.
– Comment mon père a-t-il pu vous aider à me retrouver sachant qu’il ne sait pas où je suis ?
– Ah oui, flûte.
– Bon, je crois que ça fait beaucoup trop d’incohérences, tout ça. Mais allez-y, que me voulez-vous, Madame de l’espace ? M’expliquer qui vous a volé vos sourcils ?
– Il suffit, suis-moi. »

Et notre extra-terrestre, que nous appellerons Blondie, d’emmener Jean jusqu’à un immeuble tranquille de New York où ses autres amis les polymorphes de l’espace l’attendent.

« Oh ! Ces gens n’ont pas peur de moi et de mon pouvoir ! Ici, ils savent qui je suis, ils me comprennent ! »

Ça va aller le recasage complet de toutes les scènes où le personnage avec des pouvoirs qui effraient son entourage trouve enfin un endroit où d’autres le comprennent et l’accueillent ? Quelle inspiration. Enfin. Blondie amène Jean Grey dans une chambre du bâtiment.

« Voilà ce que je voulais te montrer.
– Une chambre ? Non parce que je ne mange pas de ce pain là, j’ai pas quitté la zad pour me retrouver à la Mutinerie à…
– Mais non, bougre de buse ! Je voulais te montrer… UN POWERPOINT EN 3D !
– Vous aviez vraiment besoin de m’emmener dans une chambre pour ça ? »

Je ne sais pas, mais en tout cas, j’ai lapidé l’écran avec des chatons à ce moment-là. Le film était aussi mauvais, mais avouons-le, lancer des chats, c’est rigolo.

Powerpoint 3D : pour enfin rendre les réunions chiantes, oui, mais en 3 dimensions.

En tout cas, qu’y a-t-il dans le powerpoint 3D ? Une explication sur ce qui est arrivé à Jean dans l’espace.

« En fait, l’univers a été créé par une force super puissante. Et cette force… est en toi. C’est elle que tu as rencontrée dans l’espace. 
– La gelée de groseille ?
– La… que… bon, oui, voilà. Elle n’était pas là par hasard. Elle venait pour toi. Elle peut créer des mondes entiers aussi bien qu’en détruire. Et elle t’a choisie.
– Pourquoi ?
– Parce que.
– Ça se tient.
– Cette force a cependant détruit mon monde. 
– Pourquoi ?
– Parce que.
– Décidément, cette force n’a pas créé l’argumentation.
– Oui bon, bref, hein ! En tout cas, nous la poursuivions dans l’espace quand nous t’avons vu l’absorber. Nous étions juste derrière votre vaisseau, avec le nôtre qui abrite les derniers survivants de notre race.
– Et on n’a rien remarqué ? Malgré tous les appareils de la Terre braqués sur nous et le fait que Diablo est allé me chercher dans l’espace et a regardé dans la direction de notre navette et aurait donc dû vous voir derrière nous ?
– Apparemment non.
– C’est quand même bien fait.
– Je trouve aussi. En attendant, nous avons besoin de cette force. Besoin de toi pour bâtir un nouveau foyer.
– Hmmm. Donc grosso modo, j’ai la force qui a créé l’univers en moi. Je suis donc plus ou moins un dieu.
– C’est ça. »

Pendant ce temps, dans le couloir, les autres polymorphes ricanent.

« Hohoho ! Ça y est, elle est à nous ! Grâce à son pouvoir, nous pourrons détruire les humains et leur voler leur planète !
– Mais pourquoi, sachant qu’on pourrait créer notre propre planète ?
– Paaaarce… que ? »

Je n’exagère pas. Les extraterrestres veulent détruire la race humaine « parce que« . Gros travail d’écriture. Décidément, les acteurs de Game of Thrones portent avec eux leur malédiction. Et ne me dites pas que c’est un cas isolé : vous vous souvenez de Pompéi ?

Mais revenons à nos larrons, puisque pendant que tout le monde papote, sachez que les X-Men ne sont pas restés oisifs. Car d’un côté, le Fauve, furieux après la mort de Raven, est allé trouver Magneto pour lui dire ce qu’il s’était passé (vous comprenez pourquoi plus tôt, l’armée américaine n’a pas dit que Jean était recherchée pour meurtre, maintenant ? Voilà : pour laisser au Fauve ce rôle et voir Magneto s’énerver) et ainsi lui et quelques-uns des mutants de Magneto décident d’aller tuer Jean pour venger Raven et arrêter les frais. Quant au professeur Xavier, il a utilisé ses grands pouvoirs pour retrouver Jean, et accompagné de ses troupes, a filé jusqu’à New York. Par un heureux hasard, tout le monde arrive sur place exactement en même temps.

« Magneto, mon vieil ami…
– Charles. Comme toujours, on en est au stade du film où j’étais gentil, mais en fait non, et où on fait s’affronter nos deux camps ?
– C’est ça. »

Vraiment, gros travail sur ce film, j’insiste, c’est du jamais vu.

Le camp qui veut tuer Jean et le camp qui veut la sauver s’affrontent donc dans la rue de New York qui passe devant l’immeuble où se trouve l’amie Grey, et évidemment, personne ne tue ou ne blesse sérieusement personne, malgré le déluge de pouvoirs mortels. C’est quand même bien fait. C’est Magneto qui le premier, parvient à s’infiltrer dans le bâtiment, non sans avoir fait jaillir un métro hors du bitume pour bloquer l’entrée derrière lui.

« Mais quelqu’un lui a dit qu’il aurait simplement pu utiliser une voiture ? Et qu’en plus, il a mis le métro dans le sens de la longueur au travers de la porte, donc qu’il suffit de passer par la porte arrière du wagon pour rentrer dans le bâtiment ?
– Non professeur Xavier. Je crois qu’à nous tous, nous peinons à dépasser 70 de QI, aussi personne n’a remarqué. »

Toute une scène et moult effets spéciaux pour se planter : c’est beau, le cinéma du XXIème siècle.

Magneto en tout cas ne fait pas un pli devant Jean Grey. Elle est devenue trop puissante et l’envoie paître promptement, détruisant même le casque dont il était si fier dans l’histoire. C’est donc le professeur Xavier qui rentre dans l’immeuble et tente sa chance, en essayant de raisonner son élève. Mais cette dernière s’en cogne, s’amuse à le faire marcher avec ses pouvoirs pour lui montrer qui est la maman maintenant,

Mais heureusement, Xavier propose à Jean de se calmer en lui ouvrant son esprit façon viens voir là-dedans, tu verras, c’est sympa. Ainsi, entre deux fétiches du professeur Xavier impliquant son fauteuil, de l’huile de moteur et Hitomi Tanaka, Jean peut voir que Xavier a dit plein de choses gentilles la concernant lorsque son père l’a rejetée. Ce qui est suffisant pour la calmer.

Eh ben. Il en fallait finalement peu. Pour quelqu’un supposé être super énervée, je suis déçu.

Jean, calmée, n’en est pas moins manipulée par le reste des aliens polymorphes de Blondie qui pendant toute cette affaire, ont disparu, probablement partis jouer aux cartes. Seule Blondie est encore auprès de Jean.

« Tu sais ma p’tite Jean, si tu en as assez de faire du mal aux tiens, tu peux toujours me le filer, ton super pouvoir absorbé dans l’espace.
– Okay, tiens. »

Et Jean de faire un câlin à Blondie, durant lequel elle commence à envoyer la groseille magique dans son corps.

« J’peux prendre tes sourcils aussi ? J’ai froid au front. »

Hmmm. C’est en écrivant ce genre de phrases que je me demande si ce sont mes spoilers qui sont absurdes ou le cinéma moderne. Car dans l’immédiat, me voici en train d’expliquer que le pouvoir se transmet comme une vulgaire MST. Ça doit être une sorte d’allégorie de la promotion canapé. Écoutez, je cherche à comprendre, vous ne m’aidez pas avec vos pensées négatives, là. Je fais de mon mieux.

De toute manière, l’affaire est interrompue par l’arrivée sur place de brigades militaires anti-mutantes attirées par tout ce tintouin, qui ont des fusils qui empêchent les mutants d’user de leurs pouvoirs, et tirent des seringues qui font faire dodo. Tout le monde se retrouve ainsi à pioncer, Jean Grey y compris, et seule Blondie arrive à s’enfuir après avoir sucé une partie du pouvoir magique de sa nouvelle amie. Enfin, amie, amie… Charles Xavier a bien compris que c’était surtout une grosse bande de rabouins de l’espace soucieux de raser la Terre, ce qui l’inquiète tant il tient à sa planète : si on la ravage, il ne récupérera jamais sa caution.

Les mutants, tous camps confondus, sont donc collés dans un imposant train direction une prison secrète du gouvernement. À bord, on leur a collé des colliers les empêchant d’user de leurs pouvoirs, et ils sont donc bien embêtés. Le seul pouvoir qu’il leur reste, c’est celui d’être éternellement jeunes, puisque rappelons que par exemple, Magneto et Charles Xavier sont supposés avoir plus de 60 ans mais en paraissent à peine 40 chacun. C’est ça de vouloir faire des films à différentes décennies sans vouloir se départir de ses acteurs bankables.

Mais bref : car alors que le convoi est escorté par deux hélicoptères lourdement armés, ils repèrent que profitant d’un tunnel, des intrus se sont jetés sur les voitures du train ! Et l’attaquent ! Ce sont, vous l’aurez deviné, nos amis les aliens polymorphes, qui viennent en finir avec Jean Grey pour lui sucer jusqu’à la dernière goutte de son super pouvoir. Et les vilains aliens sous apparence humaine passent donc à l’assaut.

On notera que les balles de gros calibre des hélicoptères leur font mal, mais pas les armes individuelles du personnel du train, ce qui est embêtant. Malgré quelques pertes, les aliens parviennent donc jusqu’à l’intérieur, où ils massacrent tous les gardes jusqu’à ce que l’un d’entre eux, réalisant que ce ne sont pas des mutants venus aider leurs copains, ne décide de libérer les prisonniers pour qu’ils aient une chance de riposter.

Et là, vous vous dites « Pauvres mutants ! Ils vont se faire massacrer ! Depuis le début, les extraterrestres utilisent leur petit mouvement qui consiste à pointer du doigt quelqu’un pour lui faire un trou dans le torse et ainsi les tuer sans laisser la moindre chance ! »

Mais, allons. Vous savez vous comme moi ce qu’il va se passer. La même chose que dans le précédent film :

Les méchants, sitôt qu’ils affrontent les héros, oublient qu’ils ont ce pouvoir et se mettent à tenter de tuer les gentils à coups de poings.

Diego ? La baliste à chatons s’il-te-plaît. On va tirer des sacs de sports entiers remplis de créatures miaulantes, sinon ce sont mes nerfs qui vont commencer à faire des bruits suspects.

Allez, on reprend pour les scénaristes : quand on donne des pouvoirs à des personnages, ils ont tendance à les utiliser. Alors arrêtez de donner des super pouvoirs à vos méchants si puissants qu’ils pourraient gagner mais ne le font pas pour sauver l’intrig… je veux dire, pour ne pas terminer le film de suite.

Miséricorde. Mais quelle grosse bouse. Ce poncif des vilains qui refusent d’utiliser leurs ressources pour que les gentils gagnent est insupportable.

Passons sur les détails, mais comme vous l’imaginez, les X-Men arrivent à tuer un bon paquet de méchants, avant que n’arrive Blondie, qui elle, ayant absorbé une partie du pouvoir saveur groseille, est si forte que personne n’arrive à l’arrêter. Heureusement, elle aussi décide de ne tuer personne, et se contente de pousser gentiment les gens sur son chemin. Elle parvient ainsi jusqu’à Jean Grey, qui était maintenue sous anesthésie, et que le professeur Xavier était occupé à tenter de réveiller façon « Alleeeez, dépêêêche, on se prend, une branlée, làààà ! »

C’est donc bien évidemment à la dernière seconde que Jean Grey se réveille, pas contente, et décide d’utiliser son pouvoir pour sauver ses amis.

En détruisant le train à bord duquel ils sont.

Alors certes, elle met un bouclier autour de ses copains, faisant qu’ils survivent à l’affaire, alors que nombre d’aliens sont tués dans la catastrophe, mais quid des derniers gardes ? Du personnel de la locomotive ? Non ? Hein ? Bon, c’est un petit oubli, mais on va dire que Jean avait des griefs contre la SNCF depuis un Paris-Roubaix retardé de 2 heures en raison « d’un problème lors de la préparation du train« , et avait développé depuis une haine du train et de ses agents.

C’est donc au beau milieu d’un chaos de wagons tordus et de flammes que tout le monde se retrouve pour la bataille finale, où tous les aliens du coin tentent d’attaquer Jean, et se retrouvent réduits en poudre sitôt qu’elle les désigne. Son petit côté Thanos. Jusqu’à ce qu’enfin, après avoir tué le dernier survivant extraterrestre, ne se pointe la vilaine Blondie, qui vient finir le travail, et parvient à attaquer avec succès Jean, pour commencer à lui piquer son pouvoir.

Hélas pour Blondie, c’est un mauvais calcul car c’est trop de pouvoir pour elle. Et elle commence à se désintégrer. Elle décide de battre en retraite, tant pis pour le pouvoir de la groseille spatiale.

« Nan mais en fait, Jean, ça va aller, je vais partir, hein.
– Non non non ! Tu veux mon pouvoir, tu le prends ! On finit son repas ! Pense aux petits enfants qui meurent de faim ! Allez, suce ce pouvoir ! »

La décharge est telle que Blondie commence à se désintégrer… mais aussi tous les gens autour, ce qui commence à piquer un peu les X-Men restés un peu trop proches. Pour éviter cela, Jean décide de…. de tout simplement buter Blondie ? Non, attendez, de tout simplement refaire une bulle de protection comme quelques instants avant ? Non, je me trompe encore… elle s’éloigne dans les bois voisins en emmenant Blondie avec elle ?

Non, toujours pas. En fait…

Jean étant débile, pour elle, la seule solution est de voler jusque dans l’espace pour faire exploser Blondie avec elle.

Voilà. Non, elle ne voit aucune autre option.

Jean Grey : le pouvoir d’un dieu, l’intellect d’un hérisson

Ne me demandez pas pourquoi, cela n’a strictement aucun sens, mais paf, toutes deux explosent, et tout le monde est très triste. Parce qu’ils ont perdu Jean Grey ou parce que c’était la preuve finale que Jean  avait la puissance intellectuelle d’un concombre oublié au fond d’un panier, mais en tout cas, tristes.

Le monde est sauvé, et nos amis retournent au manoir des X-Men, dont l’école Charles Xavier est renommée « École Jean Grey » en l’honneur de leur amie.

Alors que Raven, je suppose qu’ils ont juste renommé le coin poubelle en son honneur. Raven était la victime : on nomme l’école du nom de son bourreau. Bravo.

D’ailleurs, c’est le Fauve qui prend la direction de l’école, car Xavier a décidé de se retirer et de prendre une retraite bien méritée (alors qu’il est encore très jeune mais on l’a vu, la production a oublié de changer d’acteur ou de le maquiller). Il se rend donc à Paris, le Paris de 1992 où tout le monde roule en DS ou en Deux Chevaux, c’est bien connu. Là encore, on sent que ça a été soigné. Et Charles Xavier de prendre un café dans ce Paris tout propre et tout beau, lorsqu’un type vient s’asseoir à sa table.

« Mais ? Magneto, c’est toi ?
– Oui, moi aussi j’ai pris ma retraite et je me suis dit que Paris, c’était cool. Bon, au départ je me suis planté et je me suis retrouvé Porte de la Chapelle, c’était pas la même ambiance.
– J’ai fait la même erreur, des mecs m’ont piqué les pneus du fauteuil, je te jure, y a de ces gens.
– Bon enfin, on se fait une petite partie d’échecs ? Car je suis gentil… jusqu’au prochain film !
– Comme à la fin de chaque film, mon vieil ami. C’est dire si on ne s’est pas fait chier.
– Tu as bien raison ! Allez, jouons ! »

Nos deux amis lancent donc leur partie, pendant que la caméra monte vers le ciel bleu parfait au-dessus de la capitale du royaume de France, où l’on aperçoit brièvement, traversant l’azur, les ailes de flammes d’un lointain phénix et…

… FIN !

Puisse ce film ne jamais renaître de ses cendres.


Après tout ça, vous imaginez bien qu’aucune critique sérieuse ne saurait sauver pareil étron. Ou alors, il faudrait beaucoup de mauvaise foi, et diable, je m’y connais.

Heureusement, il existe un magazine qui ne nous déçoit jamais. Je vous laisse donc savourer :

Personnellement, je serais une femme, je me sentirais insultée.

Comme quoi la critique, ça tient à peu de choses.

Spider-Man : loin des yeux (qui saignent)

$
0
0

« Mais si patron, Spider-Man ! » insiste Diego.

Je lui jette un regard plein d’incompréhension, puis un cendrier afin de lui rappeler que je n’aime pas que l’on s’adresse à ma personne comme si je ne comprenais pas. Même si pour le coup, il est vrai que je ne saisis pas un traître mot de ce que le bougre raconte. Diego se saisit d’une poubelle pour saisir le cendrier au vol, aidé en cela de son sens pratique proverbial, puis poursuit.

« Le deuxième !
– Mais le deuxième quoi ?
– Le deuxième film !
– Celui avec le mec qui a des tentacules ?
– Non, ça c’est le deuxième film, mais du premier reboot ! 
– Bon alors c’est celui avec le gars qui jette des éclairs ?
– Raaah, mais non, ça c’est le deuxième film du deuxième reboot ! Là je vous parle de la suite du film de 2017 !
– Ah, alors c’est Spider-Man : New Generation ? Celui de 2018 ? 
– Mais non ! Concentrez-vous patron, c’est… »

Diego comprend bien, en me voyant décrocher du mur le fusil Chassepot de mon ancêtre que s’il continue à me raconter ces histoires qui n’ont ni queue ni tête, la même description pourrait bientôt s’appliquer à sa personne pour peu que je vise bien. Il s’enfuit prestement hors de mon bureau, me laissant seul avec cette grande question : est-ce que l’on arrêtera de subir des films Spider-man un jour ? Car après m’être renseigné auprès de quelqu’un s’exprimant plus clairement que Diego (nous l’appellerons Jean-Michel Internet), j’ai finalement compris que Spider-Man : Far from home était la suite directe de Spider-Man : Homecoming, déjà chroniqué en ces lieux. Oui, même les titres ont une chronologie étrange, mais passons.

Et rappelons l’intrigue du précédent film.

Spider-Man : Homecoming : Peter Parker, timide écolier de New York, est aussi Spider-Man, une sorte de héros qui rend la justice en faisant des jeux de mots qui auraient mérité de faire l’ouverture d’un épisode des Experts : Miami. Mais il a bien d’autres soucis ! Comme le fait que Ned, son ami obèse et un peu con connaisse sa double-vie, ou à l’inverse que Tante Milf, qui l’héberge, ne sache rien de sa passion pour les collants et le bukkake en plongé. Pire encore, Peter aimerait bien attirer l’attention de Liz à l’école, mais voilà : son père est le chef d’une sorte de gang de voleurs de métaux et autres panneaux routiers. Spider-man se retrouve donc à devoir affronter son beau-papa gitan, et parvient à le vaincre, ce qui complique ses relations avec Liz qui n’est plus trop d’humeur à flirter depuis que son géniteur s’est fait tabasser par une sorte de transformiste volant. Peter reporte donc toute son attention sur M.J, la caution progrès social de l’équipe qui par un audacieux hasard du script, a toujours raison. Bon, entre temps, il se passe deux films Avengers, et Peter se fait désintégrer avant de revenir 5 ans plus tard, mais comme on l’a vu dans le spoiler, cela n’a aucune influence sur l’histoire.

Alors, dans ce nouvel épisode, Spider-Man va-t-il devoir gérer l’immigration soudaine d’environ 3,5 milliards de personnes suite à leur retour sur Terre ? Parviendra-t-il à avoir son bac malgré les enseignants grévistes ? Et surtout, M.J arrivera-t-elle à formuler une phrase qui ne ressemble pas à un copier/coller des fins fonds de Twitter ?

Spoilons, mes bons !


L’affiche : cinq personnages, dont quatre dont vous savez qu’ils sont du côté des gentils. Le cinquième est inconnu au bataillon. Je vous laisse deviner qui est le méchant du film. Oui, c’est supposé être une surprise.

Notre film démarre sur une route poussiéreuse du Mexique, alors qu’un véhicule dont la marque est bien mise en avant gagne un petit village local où il fait arrêt.

En descend alors Nick Fury, devenu Clownick Fury depuis Captain Marvel, accompagné de son assistante, Maria. Leurs (trois) yeux se posent sur les alentours, et ils constatent que l’architecture locale laisse à désirer : les bâtiments sont tous plus ou moins effondrés, et la population occupée à sauver des ruines ce qui peut l’être. Tenez, c’est si moche que ça ressemble à un rond point français. Maria explique cependant à Clownick comment on en est arrivé là.

« Voilà patron. Le village de Tacosfurioso. Il a été détruit récemment par une tempête… sauf que les habitants disent qu’elle avait un visage.
– Boh, vous savez comme sont les gens, dans la panique, ils voient des choses… »

C’est le premier dialogue du film, et déjà, on est bien : Nick Fury est 1) le patron du SHIELD mais ne croit toujours pas trop au surnaturel 2) le mec qui se tape la route jusqu’au fin fond du Mexique pour dire qu’en fait, tout ça ne vaut pas le déplacement 3) sachez que plus tard dans le film, on voit des vidéos de l’événement, donc il y a des preuves mais personne n’y a pensé dans l’équipe derrière le scénario.

Voilà. Je crois qu’on commence bien. Tenez, je vais m’allumer un cigare. Voire deux.

Clownick nous fait ainsi son numéro du type qui fait grossièrement erreur alors que Maria, elle, a évidemment tout compris et sait que les gens n’ont pas rêvé, voilà qu’ils sont interrompus lorsqu’un homme en armure et cape sort du sol. Et avant que nos amis ne puissent l’informer que c’est pas la Japan Expo ici, il leur explique qu’ils ont intérêt à se pousser car… quelque chose arrive ! Et ce quelque chose, c’est le sable derrière nos joyeux compagnons qui s’élève du sol pour former une espèce de colosse qui a visiblement un furieuse envie de passer une deuxième couche de tabassage à la municipalité. Le nouvel arrivant en armure s’empresse alors de tirer des lasers avec ses mains sur le colosse, aidé des agents du SHIELD qui ouvrent le feu et…

Changeons de scène.

Et allons du côté d’une école de New York, où les étudiants qui s’amusent à faire leur propre journal télé nous rappellent les derniers événements.

« Comme vous vous en souvenez, suite à la Grande Disparition, ou l’Éclipse, près de la moitié des étudiants du campus ont été réduits en chocolat en poudre il y a cinq ans, avant de réapparaître cinq ans plus tard pouf pouf, comme ça, au milieu de tout le monde. Ce qui a posé de petits problèmes, puisque par exemple, leurs amis et leur famille avaient vieilli. Et en plus, v’là les heures de colle pour avoir séché cinq ans de cours ! Notons que par un heureux hasard, 100% des amis de Peter Parker ont tous disparu, lui permettant de réapparaître uniquement avec des gens de son âge. Ce qui est quand même bien fait. »

C’est vrai que c’est pratique, dites voir.

D’ailleurs, quid de Peter Parker, puisque nous en parlons ? Eh bien sachez que ce fieffé margoulin est à l’école en pleine discussion avec son ami Ned, son pote rigolo-parce-que-gros (si, en 2019, c’est encore d’actualité), parce que voilà : Peter a de très forts sentiments pour M.J, l’insupportable Social Justice Warrior du groupe. Qui est aussi un peu autiste, mais Asperger bien évidemment. C’est fou comme tous les autistes sont Asperger, dites voir. Ça doit sûrement venir des vaccins. Mais passons, et voyons plutôt ce que racontent nos amis.

« Bon, là on va partir en voyage scolaire en Europe avec le club de science.
– Oui Peter.
– Donc c’est le moment parfait pour déclarer ma flamme à M.J ! Nous sommes supposés aller à Venise, puis à Paris. Aussi, mon plan consiste à acheter un dahlia noir en verre à Venise…
– Ah bon, elle aime les dahlias noirs ?
– Oui ! Elle adore le meurtre du Dahlia noir ! »

Le mec qui a écrit le personnage de MJ a dû oublier un détail : MJ est ultra-über-progressiste-américaine. Or, le Dahlia noir est surtout célèbre de nos jours grâce au Dahlia Noir, livre de James Ellroy, qui est écrit avec le vocabulaire de l’époque et les méthodes policières liées. Donc m’est avis que M.J, qui dans le film précédent refusait de visiter un monument « bâti par des esclaves » ne doit pas être spécialement fan d’un livre où les héros parlent du bon vieux temps où ils tapaient du zazou. Ou alors elle adore les meurtres de femmes ? Zut. Je crois que quelqu’un a merdé quelque part.

Mais ce n’est pas grave, après tout, qui dans le public de Spider-Man a déjà lu le Dahlia Noir ? Bon, alors. Revenons à Peter.

« Oui, bon, bref, avant d’être interrompu par cette mystérieuse voix off, je disais que j’allais acheter un dahlia noir en verre à Venise car M.J adore.
– Okay, puis ?
– Puis on va à Paris.
– Ensuite ?
– Ensuite on grimpe en haut de la Tour Eiffel et je me débrouille pour être seul avec elle…
– Et là ?
– Là, je lui fais part de mes sentiments. 
– Hooo !
– Et avec un peu de chance, elle a les mêmes pour moi et… j’aurai peut-être le droit à un petit baiser ? »

Ned est un peu déçu, et aidé de son compte premium Pornhub et de son savoir sur l’attirance humaine acquis à la force du poignet, il tente bien d’expliquer à Peter que bon, c’est mignon ton histoire, mais tu sais, quand papa abeille et maman abeille découvrent qu’ils partagent les mêmes sentiments, peut-être qu’ils auront envie de plus qu’un bisou, comme peut-être, de butiner ensemble ? Peter est un peu perdu.

« … attends Ned, tu peux revenir sur le passage où tu parles de mon « gros dard » ? Non parce que moi je suis l’homme-araignée, par l’homme-abeille ! Et puis pourquoi M.J voudrait mettre un dard dans sa…
– Bonjour les garçons, vous parlez de quoi ? »

Peter et Ned bredouillent quelques excuses vaseuses, que je vous passe. Pourquoi ? Parce que c’est supposé être drôle, mais c’est nul. Et il en sera ainsi tout le long du film : même un enfant trépané aura du mal à sourire devant un tel niveau de nullité. Cependant, j’en profite pour vous dire que même si c’est mauvais, on n’atteint pas la médiocrité de Men in Black 4. Dont vous n’aurez pas de spoiler puisque je ne fais pas les comédies, et c’est supposé en être une. Je crois. Et autant Spider-man a une intrigue faiblarde, autant Men in Black 4 n’en a même pas : c’est juste une suite de déclinaisons du même sketch intitulé « Les agents parlent avec un alien pas bien grand mais irrévérencieux« . Oui, c’est tout. Non, il n’y a rien d’autre. Ceux qui l’ont vu savent. Je crois que le film ne vaut même pas l’électricité nécessaire à un ordinateur pour le télécharger, mais bon.

Aussi ne nous attardons pas sur l’humour de nos héros, qui lui-même, est lié au verbe que vous trouvez au début de cette phrase.

Et en attendant le jour du départ de Peter pour l’Europe, suivons notre larron dans son quotidien.

Spider-Man étant fort populaire, et ayant du piston auprès de la fondation Stark de feu son mentor, il participe à des soirées caritatives animées par tante Milf pour trouver du pognon pour les sans-abris, tant reloger la moitié de la population mondiale a posé quelques problèmes (toutes les villes n’ont pas envie de ressembler à Paris), mais apparemment, pas trop non plus, il ne faudrait pas trop bouleverser le train-train de nos personnages. Il croise au passage Happy, l’ancien secrétaire de Tony Stark qui porte un nom de nain ou de teckel, c’est assez confus, et qui donne deux choses à notre héros : une boîte contenant de vieilles lunettes de Tony Stark qu’il souhaitait lui remettre si quelque chose lui arrivait, et une information essentielle : Nick Fury tente de le joindre.

Mais Peter refuse de décrocher son téléphone. Et raccroche sans cesse sans prendre l’appel. Parce que…

Attendez, on parle bien de Peter Parker, le mec qui rêvait d’être un héros ? Soudainement, en fait, ouah, bwof, non ? Eh bien non. Il a décidé que sauver le monde passerait après son exposé sur « Mes vacances chez mémé » de vendredi matin. C’est comme ça. À tel point qu’il décide de partir en voyage sans son précieux costume de Spider-man, et que… son sixième sens d’araignée ne fonctionne plus.

Pourquoi ? Parce que…

Eh bien parce que ça arrange le scénar’. Non, vous n’aurez pas d’autre explication. C’est tout. Ah non mais vraiment, il y a eu du gros travail sur ce film.

Spider-man est perplexe : si ses pouvoirs de héros sont en rade, comment diable va-t-il malgré tout passer la moitié du film à faire des acrobaties de fifou basées sur son instinct surdéveloppé exactement comme s’il l’avait ?

Aussi, allons jusqu’au jour du départ pour l’Europe de nos amis du club de science, alors que tout ce petit monde grimpe dans l’avion qui doit les emmener à Venise. L’occasion de découvrir les deux professeurs qui encadrent le voyage, Golio et Polio, qui sont bêtes et maladroits comme vous l’aurez bien évidemment deviné. Quant aux autres camarades de Peter, on va supposer que c’est le club de la diversité scientifique tant la classe représente toutes les ethnies et religions possibles et imaginables, ce qui quand même, tombe bien, alors.

Mais dans l’immédiat, Peter a un souci plus urgent : dans la classe, il y a un nouveau garçon, Brad, et il fait lui aussi les yeux de l’amour à M.J.

« Bon sang Ned ! C’est bien ma veine ! On laisse derrière nous Brad, le petit garçon amateur de sciences, on s’absente 5 ans et quand on revient, paf, il est taillé comme Apollon et regarde ! Il a pris des habitudes étranges, comme stocker toutes ses chaussettes dans son slip !
– Je… Peter… Brad a rangé ses chaussettes dans sa valise. Je les ai vues. »

Peter est perplexe. Ned tente bien de lui expliquer de quoi il retourne, mais Peter ne comprend toujours rien à ces histoires d’abeilles. Tant pis : il demande à Ned de plutôt l’aider à changer de place pour qu’il puisse passer le vol à côté de M.J mais évidemment, Ned est gros et bête, donc il fait n’importe quoi, et Peter finit coincé entre Golio et Polio pendant que M.J voyage à côté de Brad et de son slip tellement surchargé qu’il risque d’être refusé en bagage cabine. Heureusement, tout ce petit monde finit par arriver à Venise, où les enseignants, définitivement neuneus, ont réservé un hôtel pourri à moitié inondé, à côté du musée qu’ils voulaient visiter mais qui est fermé pour plusieurs mois.

Hihihihihi. Qu’est-ce qu’on rigole. Tenez, c’est tellement drôle que je pense à la mort.

Mais qu’importe : c’est donc quartier libre pour nos héros ! Dont l’on suit les pérégrinations pas drôles (Machin se filme tout le temps, Polio fait tomber son appareil photo à l’eau, etc ; bref, tenez bien vos côtes devant tant de rigolitude), jusqu’au moment où la lagune est secouée par d’étranges vagues… car quelque chose arrive dans l’eau. Quelque chose d’énorme ! Probablement une très grosse seiche ? Mais non ! C’est un gigantesque humanoïde constitué d’eau qui jaillit des canaux et qui commence à distribuer des coups de poing dans tous les bâtiments qu’il croise !

« Mon dieu Peter, mais qu’est-ce que c’est !
– Ned je… regarde comme il défonce les palais XVIIème ! Je crois que… non… c’est impossible…
– Peter, qu’est-ce que c’est ?
– Je crois que c’est… UN MÉDIÉVISTE ! »

Quelle terrifiante créature !

« BLOUBLOUBLOUB ! PRENDS ÇA, PONT DU RIALTO, DE LA PART DE MARC BLOCH ! »

« Peter, tu dois l’arrêter sinon il va rameuter des modernistes, voire pire, des antiquisants !
– Pas d’inquiétude Ned ! File avec le reste de la classe ! J’ai beau ne pas avoir voulu prendre mes costumes, tante Milf en avait glissé un de force dans ma valise, donc j’ai mes bracelets lance-toile ! »

Pendant que la créature est occupée à détruire la ville et que les touristes fuient en tous sens, Peter profite de la confusion générale pour se coiffer d’un ridicule masque de carnaval, et équipé de ses lance-toiles, ouvre le feu sur la bestiole.

« Prends ça, monstre ! »

Mais les toiles d’araignées sur de l’eau, ça marche moyennement bien et les toiles disparaissent dans le monstre. Peter est donc bien embêté, lorsque la créature reporte son attention vers lui.

« BLOUBLOUB ! JE VAIS TE BRISER COMME PATRICK DEMOUY BRISA LE SECRET DE LA SAINTE AMPOULE À REIMS ! »

Le médiéviste est connu pour ses propos un peu confus, mais Peter sait cependant comment l’énerver.

« Le moyen-âge, c’est tout pourri ! Il s’est quasiment rien passé, à part les chevaliers et les princesses ! »

La créature devient folle de rage, mais alors qu’elle s’apprête à copieusement péter la gueule de Spider-man pour lui expliquer 1000 ans d’histoire à sa façon, voilà qu’un étrange personnage en armure et cape surgit du ciel, laissant derrière lui une traînée verdâtre probablement due à une propulsion impliquant des burritos pas frais, et commence à bombarder de lasers tout aussi verts la bestiole. Malgré le fait que l’inconnu porte un aquarium rempli de fumée de pétard sur la tête, Peter se dit qu’il doit lui faire confiance, et pendant que le nouveau venu pulvérise le monstre, Peter utilise plus utilement ses toiles en renforçant les monuments qui risquent de s’effondrer après avoir pris quelques coups. C’est son côté Fondation-du-patrimoine-man, d’où sa ressemblance suspecte avec Stéphane Bern.

Enfin, la bête est vaincue, et c’est en marmonnant des trucs sur Philippe le Bel qu’elle retourne aux eaux à nouveau tranquilles du canal.

L’inconnu disparaît peu après cette affaire, et Peter peut retourner à l’hôtel où attendent ses petits camarades. Il est bien vite interpellé par ceux-ci.

« Ouah, Peter ! Tu as tout raté ! Il y a une créature géante qui ravageait la ville, tu as vu ?
– Heu je… oui… non… j’étais parti faire caca.
– Ahaha, espèce de gros lâche ! Bon en attendant, on a du bol, des gens ont filmé. On peut voir un inconnu mystérieux bourrer le monstre ! Un nouveau super-héros ! En italien, mystérieux ça se dit mysterio, alors on a qu’à l’appeler comme ça !
– Okay, c’est subtilement amené. Va pour Mysterio. Oh mais j’y pense, si tout a été filmé… « 

Eh oui Peter, si tout a été filmé, et comme tu étais toujours juste à côté du monstre et de Mysterio, c’est sûr qu’on ne doit pas te rater !

« Eh les mecs, vous avez vu ? Il y a un autre héros sur place ! Qui jette des toiles d’araignée, comme Spider-man ! Décidément, c’est fou, Spider-man est toujours là où on est ! À New York quand on est à New York, à Washington quand on est à Washington, à Venise quand on est à Venise… et en plus, il porte les mêmes vêtements que Peter sur ces images, et a la même coupe et couleur de cheveux, c’est incroyable ! »

Rassurez-vous, je bluffe :

  • Tous les gens qui filmaient ont toujours tenu Spider-man soigneusement hors du cadre de l’image, ne me demandez pas comment
  • Personne ne fait le rapport au sein du groupe de Peter
  • Si un scénariste pouvait trouver une autre excuse qu’un voyage scolaire pour que Spider-man se déplace, ce serait peut-être bien, hein.

Pendant que j’écrase mon cigare sur mon voisin de siège pour tenter de couvrir les dialogues avec ses hurlements et gagner un peu de répit pour ma santé mentale, nos héros décident que la journée a été suffisamment longue. Peter appelle brièvement tante Milf pour la rassurer, comprend qu’elle passe son temps avec Happy et que c’est vaguement suspect, mais décide d’aller dormir car il est bien fatigué.

Je veux dire : qui aurait pu reconnaître Peter Parker comme ça ?

Sauf qu’alors qu’il rentre dans la chambre avec Ned, ce dernier se reçoit soudain une seringue pleine de soporododo dans le cou, et s’effondre comme une bouse. C’est Nick Fury ! Qui vient de rattraper Peter jusqu’à Venise ! Enfin, Clownick Fury, puisque par exemple, il ne pourra pas faire une phrase entière sans que quelqu’un ne frappe à la porte de la chambre pour dire du rien et simplement faire un effet supposément comique. Je vous propose de ne pas rire (vous allez voir, on y arrive très bien) et de nous concentrer sur ce que Nick a à raconter.

« Peter. Tu es difficile à joindre.
– C’est-à-dire que je ne sais pas pourquoi mais les scénaristes ne veulent pas que je réponde à vos appels. Je passe mon temps à jouer le héros du quartier, mais soudain, j’ai plus envie.
– Une ficelle un peu grosse. Mais je suis là à présent, et tu vas me suivre, Peter. Allons au QG du SHIELD de Venise, j’ai des gens à te présenter.
– Bon… okay… « 

Et Peter d’enfiler son costume parce que… parce que, et de suivre Nick Fury jusqu’à une cellule du SHIELD locale, où l’attendent diverses personnes, dont Maria, l’assistante de Nick, et surtout, le mystérieux héros inconnu ! Qui a retiré l’aquarium qu’il avait sur sa tête et heu… a… comment dire ? On sait déjà que c’est le méchant. Cette barbe, c’est beaucoup trop suspect. Ça et le fait qu’on a l’impression qu’il sort de chez le dentiste et qu’il n’a pas encore récupéré toute sa lèvre inférieure quand il parle. Sûrement un hommage discret à Stallone.

« Oh ! Mysterio ! 
– Mysterio ? Je m’appelle Quentin Beck, mais j’aime bien le nom.
– Vous travaillez avec le SHIELD ?
– Oui… sache que je viens d’un monde parallèle. D’un monde parallèle où…
– Ah, nickel. Les mondes parallèles, ça devrait permettre de justifier plein de reboots et de cross-overs foireux pour les suites des licences Marvel. Mais continuez Monsieur Mysterio.
– Je disais : je viens d’un monde parallèle. Une Terre qui a été ravagée. Toute ma famille, tous mes amis sont morts. Tués par quatre élémentaires, des créatures constituées de chacun des quatre éléments. Aujourd’hui, tu m’as aidé à affronter l’eau. Bravo pour ton travail qui a permis de sauver des monuments en solidifiant leurs structures avec de la toile. 
– Ouah, vous venez d’une autre dimension, c’est trop cool M’sieur Mysterio ! 
– Moui, enfin sache que maintenant que les élementaires ont ravagé ma Terre… ils sont venus pour la vôtre. En tant que dernier survivant de la dernière unité chargé de les combattre, je suis parvenu à lever le voile des dimensions pour les suivre. Ils apparaissent aux mêmes endroits que sur ma Terre. Aussi, nous savons où les attendre. 
– Et nous avons déjà vaincu l’eau ! Et avec vous presque seul ! Finalement, ils étaient un peu nuls ces monstres, c’est à se demander comment ils ont ravagé votre Terre !
– Oui, heu, bon, écoute… j’ai aussi vaincu la terre et l’air qui, figurent toi, sont tous les deux apparus dans le même village pourri du Mexique.
– Ils n’étaient pas très inspirés.
– Ohé, hein ! Nous reste le plus dangereux : le FEU ! Lui peut grossir en absorbant du métal, et au moment où il sera assez puissant pour tirer son énergie du noyau même de la Terre… il engloutira celle-ci. C’est ce qui est arrivé à la mienne.
– Vous voulez dire qu’un monstre gros comme une planète arrive par ici ?
– Ahaha, euh… non. Par un amusant hasard, il se trouve qu’il va arriver à Prague… en faisant une taille normale.
– Il y a une explication ?
– Aucune.
– Super.
– Je sais.
– Ah non mais gros travail sur ce film, hein. »

En attendant, la menace n’en est pas moins là, et Nick Fury détaille un peu plus pourquoi il a fait venir Peter.

« Mon p’tit Peter, figure-toi que depuis que l’on a rencontré Mysterio, on a repoussé plusieurs de ces monstres. Et si j’essayais de te joindre, petit con, c’était pour que tu viennes à Venise aider notre ami ici présent à arrêter le monstre liquide.
– Attendez… et par une incroyable coïncidence… mon voyage scolaire m’emmène à Venise pile le jour où vous aviez prédit l’attaque ? »

Nick ne répond pas, mais laisse clairement entendre que le voyage du club de sciences à Venise n’est peut-être pas un hasard.

« Vous voudriez dire que vous auriez réussi à envoyer mon club de science entier à Venise en comptant sur le fait que mes professeurs étaient tous débiles et ne remarqueraient rien, et ce afin que je réagisse pile comme il faut à une attaque surprise sur la ville, en espérant que mes amis ne soient pas tous tués, tout ça pour ensuite vous infiltrer dans mon hôtel, endormir mon compagnon de chambre, esquiver mes petits camarades et m’emmener ici pour me faire votre offre ?
– Hin hin… peut-être bien que oui ?
– Et sinon, venir directement chez moi, sachant que vous savez où j’habite ? »

Zut. Ni les scénariste, Ni Nick Fury n’avaient pensé à ce plan particulièrement élaboré.

« Okay heu… bon, écoute, alors ! Tu viens à Prague sauver le monde d’un élémentaire de feu ou pas ?
– Non !
– Que… comment ça non ?
– D’abord, parce que si je m’éloigne du groupe, tante May va me tuer !
– Mon dieu, mais en plus, c’est une vraie réplique du film que tu me donnes là ! Mais qui a écrit les dialogues ? Genre « Désolé tante May, je pouvais sauver le monde mais j’avais pas la permission de 22h donc j’ai laissé tout le monde crever » ? 
– C’est ça. Et puis aussi, j’aimerais profiter de ces vacances avec mes amis et voir la fille que j’aime.
– Seigneur ! Mais ça aussi c’est un vrai dialogue du film ? Ton personnage est supposé être un génie mais ne comprend pas que s’il ne fait rien, tous ses amis vont mourir et que tout ce qu’il embrassera au final, ce sera une merguez ?
– Ah non mais moi je lis mes dialogues, hein. Je ne cherche plus. »

Voilà. Spiderman, ce génie, préfère laisser le monde brûler et voir tous ses amis mourir que de rater sa sortie scolaire. On en est là pour les dialogues. Cependant, on notera qu’un scénariste a quand même tenté de glisser « Mais au fait, pourquoi vous n’appelez pas un autre héros ? » tant il est vrai que Spiderman et ses toiles, c’est pas bien utile contre des créatures élémentaires. Quelle réponse lui fait Nick Fury ? Voyons plutôt.

« Et si vous appeliez Thor ?
– Il a quitté la planète.
– Docteur Strange ?
– Indisponible. »

Oui, le mec a plus important à faire que de sauver la Terre, c’est évident.

« Captain Marvel ?
– Ne prononce pas ce nom. »

Mais ? Pourquoi ? Et puis en quoi c’est une réponse ? Et puis d’ailleurs, il n’y a pas un nouveau Captain America ? Et quantité d’autres héros disponibles ? Black Panther, Scarlet Ouiche, Ant-Man, Hulk, non ?

Eh bien non. Parce que sinon, le film s’arrêtait là.

« Non Peter, moi non plus je ne comprends pas pourquoi je m’entête à vouloir recruter pour cette mission le mec qui a les pouvoirs les moins utiles contre des créatures élémentaires ».

Je vous avoue que cette scène comportait tellement d’incohérences et de dialogues stupides que j’ai dû appeler Diego pour qu’il me livre un bébé phoque et un piolet. En utilisant le plat du piolet, bien sûr, sinon le phoque ne crie pas assez longtemps pour exprimer toute ma douleur à ma place.

La scène s’achève donc par Spider-man qui annonce que sa décision est prise, il va plutôt rentrer à son hôtel. Et mieux encore : Mysterio approuve son choix. Il est si gentil. Peter rentre ainsi dans sa chambrée, et le lendemain, découvre que Nick Fury n’a pas tant respecté sa décision que cela : l’agence de voyages qui gère l’aventure de l’école a appelé Golio et Polio pour leur annoncer que leur classe avait gagné un détour par Prague ! N’est-ce pas merveilleux ?

« Je crois que Nick Fury vient de détourner nos vacances… » murmure Peter à Ned.

Personnellement, je crois surtout qu’il est con, mais c’est toi le génie, Peter. La classe grimpe donc dans un bus conduit par un des hommes du SHIELD que Peter a croisés, et direction la République tchèque ! En chemin, Peter parvient à s’isoler dans un coin du bus, et joue avec les lunettes de soleil que Tony Stark lui a laissées en héritage. Peter les essaie et… oh ! OH BEN J’AURAIS PEUT-ÊTRE DÛ LE FAIRE AVANT DIS VOIR ! Parce que ces lunettes sont en fait une interface surpuissante avec une intelligence artificielle intégrée, Édith.

« Bon, je suis Édith, votre intelligence artificielle. Scan rétinien en cours… identification : Peter Parker. Bonjour Monsieur Parker.
– Qu’est-ce que tu es, Édith ?
– Je suis une intelligence reliée au plus grand réseau de sécurité au monde. Je contrôle des satellites, surveille toutes les communications, bref, je peux accéder à tout, et agir n’importe où. Là par exemple, je peux lire les SMS de vos voisins de classe.
– Ouah, Tony Stark était vraiment un héros avec une éthique. Tu peux vraiment faire plein de choses ?
– Je suis l’ordinateur le plus puissant de cette planète, Peter.
– Okay alors puisque tu surveilles tout… peux-tu me lister les comptes en Suisse des Balkany ?
– Même ma puissance processeur a ses limites, Peter.
– Bon ben je sais pas… je t’utiliserai plus tard. Tu n’as qu’à miner de la crypto-monnaie en attendant, tiens. »

Non, Peter ne lui fait pas vraiment miner de la crypto-monnaie. En fait, il n’en fait rien. Il se dit qu’un cadeau pareil, bah, il verra plus tard.

Oui, oui. Et, oui, entendez mon soupir.

En attendant, son bus s’arrête sur la route de Prague pour une pause pipi, et soudain, l’homme du SHIELD qui conduit, après avoir laissé tout le monde descendre, arrêter Peter et lui fait signe : une jeune femme du SHIELD l’attend dans une brasserie déserte juste à côté de la station service. Peter va la rejoindre.

« Euh… bonjour madame ?
– Toi Peter Parker ?
– Ben vaudrait mieux, oui.
– Toi te mettre en slip. Toi enfiler tenue.
– Que ? Mais ? Quelle tenue ? Et puis pourquoi mon slip ?
– Toi avoir besoin nouvelle tenue. Tenue pas de Spider-man. Car sinon, si Spider-man à Prague, ça devenir un peu gros même pour tes amis.
– Ah oui c’est vrai.
– Moi avoir fait tenue pour toi. Toi essayer tenue.
– Okay, mais pendant ce temps, potassez votre anglais madame. Moi, je me mets en slip. »

Et Peter de se mettre en slip… au moment exact où Brad rentre dans la brasserie pourtant déserte.

J’en profite pour un truc tout bête : quand votre intrigue repose sur « Mais en fait, la porte était ouverte ! » vous pouvez recommencer.

À croire que l’autre agent du SHIELD à l’extérieur est parti faire son petit pissou, lui aussi. Et Brad de tomber sur Peter en slip à côté d’une grande blonde. Il prend vite une photo et s’enfuit.

« Mais heu ! C’est pas du tout c’que tu crois ! » hurle Peter en se laissant à sa poursuite. Il attrape la valise contenant son nouveau costume, saute dans son pantalon et rattrape Brad à la sortie de l’établissement pour tenter de justifier des raisons de ses aventures slipesques.

« Brad, c’est pas c’que tu crois, j’te dis ! J’aime juste, euh… me mettre en slip devant les mesdames ! Ah, merde, non, c’est pas c’que j’voulais dire, attends !
– Écoute Peter, on va pas y aller par quatre chemins. Je sais que tu aimes bien M.J. Moi aussi. Or, toi tu es une crevette en slip, et moi, je suis monté comme un âne sous stéroïdes, alors on sait tous les deux comment ça va se finir. Et je ne te ferai pas de cadeaux : alors cette photo, je vais la montrer à M.J et tu seras bien feinté.
– Espèce de… de… de rabouin ! »

Peter Parker est un peu nul en insultes. Il bougonne donc lorsque vient le moment de remonter dans le bus, et remet ses lunettes magiques pour retrouver Édith.

« Peter, mes scanners indiquent que votre température corporelle est haute. 
– C’est passque je viens de m’faire humilier, Édith. En plus mes insultes, elles sont trop pourrites.
– On dit « pourries », Peter. Voulez-vous que je vous propose de meilleures insultes ?
– Oui.
– Très bien. Pour commencer Peter, êtes-vous familier avec le concept de « grosses mères » ?
– Oui bon écoute, tu sais quoi Édith, tu vas plutôt tenter de me débarrasser de Brad, qui a une photo gênante de moi.
– Très bien. Brad est-il la cible ?
– Euh… oui ?
– DRONE TUEUR LANCÉ. »

Vraiment, vous êtes sûr que Peter est un génie ? Pour arriver à si mal formuler ses phrases et à répondre des âneries à l’intelligence artificielle ? Je vous passe, une fois encore, les gags, où il crie des choses à l’IA en tentant de faire annuler le tir, mais les gens autour comprennent mal, aussi en voulant leur répondre il donne plus de mauvaises instructions… bref, c’est nul. Mais toujours est-il que depuis l’orbite de la Terre, un satellite vient de tirer un drone qui s’en va ratiboiser la gueule du fameux Brad.

Et disons que c’est un peu beaucoup. Heureusement que Brad ne profite pas de tout ce temps pour tout raconter à M.J et préfère… contempler la photo. Oui, on le voit faire. Non, on ne sait pas pourquoi il fait ça, et disons-le : vous n’avez pas envie de le savoir.

Peter, en attendant, enfile ses lance toiles, fait diversion en hurlant « OH MON DIEU LÀ, UN BOUQUETIN ! » (véridique) et pendant que tout le monde regarde, il saute par la trappe du toit du bus, envoie une bardée de toiles au drone tueur qui vient d’arriver juste derrière le véhicule, prêt à faire feu, et ratterrit dans le bus, à peine décoiffé.

Quelle séquence épique : l’intrigue se traîne tellement que Peter en est réduit à affronter les drones tueurs qu’il s’envoie par erreur sur son propre bus.

Allez, oublions et laissons notre fine équipe arriver à Prague, où cette fois-ci, l’hôtel est bien meilleur, et surtout, il y a une grande fête partout dans les rues. Peter parvient cependant à avoir une brève et discrète entrevue avec le SHIELD.

« M’sieur Fury, c’est pas très cool d’avoir détourné mon voyage scolaire.
– C’est vrai, il ne s’agit que de sauver le monde.
– Voilà. Pas cool.
– Je n’arrive pas à croire que Tony Stark ait confié son système de sécurité Édith à un petit con de ton gabarit, Peter.
– Alors certes, mais notez que visiblement, vous préférez snober tous les autres héros plutôt que de me mettre un coup de pied au cul.
– C’est un film Spider-man, Peter. Je n’ai pas le choix. Je dois me coltiner ta truffe.
– Vous oubliez que j’ai quand même des qualités : je suis le garçon le plus intelligent de ma classe.
– Classe de Segpa, Peter. De Segpa. En attendant, quid de combattre le monstre de feu qui doit apparaître ce soir à Prague ?
– Allez, d’accord. Mais c’est bien parce que c’est vous M’sieur Fury ! Et vous avez intérêt à trouver un truc pour mettre mes amis en sécurité puisque vous les avez amenés ici !
– En sécurité ? Comme par exemple, en ne leur envoyant pas des drones tueurs sur la gueule ?
– C’était un accident ! J’ai glissé, chef !
– Hmmmouais. Bon enfin sache qu’un jour tu devras choisir, Peter. Entre ta vie de héros et celle d’écolier. Non parce que bon, je vois pas bien l’intérêt de rester au lycée alors que tu serais vachement plus utile ailleurs. 
– Je vous rappelle dans quelle classe je suis ?
– Bon allez, file. Et après cette mission, si tu décides d’arrêter les conneries et de devenir un héros, sache que tu peux nous rejoindre à Berlin. Le SHIELD fera un point de situation. Mysterio, vous en serez, vous ?
– Ah ben moi oui, je suis un peu moins couillon que Peter. »

C’est donc décidé : ce soir, Peter ira affronter l’élémentaire de feu avec Mysterio.

Et pour que ses amis soient en sécurité, il fait obtenir à la classe, via le SHIELD, des places pour un opéra. Là-bas, ils seront tranquilles, tant chacun sait que plus personne ne va à l’opéra de nos jours. Sauf qu’évidemment, Peter s’éclipse dès le début de la pièce pour aller rejoindre Mysterio et le SHIELD là où on a repéré des émanations d’énergies laissant supposer que le prochain élémentaire va apparaître à cet endroit. Et, non, le SHIELD ne se rend pas sur place pour dire aux gens de dégager. C’est plus rigolo de les regarder fuir en hurlant quand la situation dégénère.

Quelque part, je les comprends. Mais personnellement, je vais au bout du concept : je fais des crocs-en-jambe aux gens qui essaient de fuir. Sacré SHIELD.

Peter est lui un peu dégoûté, car il doit sauver le monde au lieu d’être assis à côté de M.J, qui lui proposait de passer l’opéra près d’elle. Rahlala. C’est si dur, la vie :avec un peu de chance, peut-être qu’elle l’aurait laissé lui toucher la main voire les roploplos. Mais à la place, tout ce qu’il va toucher ce soir, c’est un monstre de flammes.

Ne sois pas si contrarié, Peter : au moins, les dialogues du monstre de feu seront, à n’en point douter, moins ridicules que ceux de M.J.

Notre héros se rend donc sur une place du coin, après avoir enfilé le costume laissé pour lui par le SHIELD : une tenue qui ressemble plus ou moins à un truc des forces spéciales, mais… finalement très proche de ses tenues habituelles quand même. Eh bien, ça valait le coup de lui faire un déguisement. Pire encore, ses amis sont tellement ennuyés par l’opéra (sûrement du Verdi) qu’évidemment, ils en sortent, se dispersent dans les rues et… vous avez vu juste : ils vont bien sûr se retrouver pile là où le vilain monstre va apparaître.

On recommence : qui pourrait reconnaître Spider-man comme ça ?

Holalalabendisdonconlavaitpasvuvenir.

Car justement, le sol se met à trembler, et sur l’une des places de la ville, du sol jaillit un monstre de lave. Mysterio fonce avec Spider-man corriger la vilaine bête, et si celle-ci pose quelques soucis, absorbe des véhicules pour grossir et menace de cramer une grande roue où ce gros débile de Ned s’est installé avec sa copine (où sont passés les autres occupants de la roue ? Mystère ! Il n’y avait sûrement plus de budget figurants), elle est bientôt vaincue lorsque Mysterio plonge dans le cœur même du monstre pour le pulvériser de l’intérieur. Expérience à laquelle il survit miraculeusement !

La copine de Ned, qui est aussi de la classe de Peter, sourcille quand même un peu à la vue du Spider-man noir qui a affronté le monstre et jeté des toiles partout.

« C’est marrant, on dirait Spider-man… il bouge et jette des toiles de la même manière, lui ressemble un peu… d’ailleurs c’est vrai que où que l’on aille, il est là !
– Eheheh euh… non. Lui, c’est euh… Spider-Cochon, son cousin. »

En réalité, Ned invente le nom de « Night Monkey » pour protéger l’identité de son ami, mais c’est finalement peut-être pire, aussi restons sur Spider-Cochon.

Mais en attendant, la victoire est complète ! Le dernier élémentaire a été détruit, la planète est sauvée, et Prague tient encore plus ou moins debout. Mysterio félicite Peter.

« Bien joué grand !
– Ouah, Mysterio, j’ai bien cru que tu étais mort quand tu as foncé dans le monstre pour te sacrifier mais en fait non !
– Oui, hein ? Non mais en fait, tu sais, les sacrifices, c’est surfait. Allez viens ! On va se jeter un godet !
– C’est-à-dire que j’ai 16 ans M’sieur Mysterio, j’ai pas le droit de boire.
– Bon alors rentrons dans cet estaminet ; ce sera un schnaps pour moi et un Fanta citron pour le petit ! »

Et là, attention, grande scène : Mysterio, en grosse armure, sirote son verre à côté de Peter, qui a retiré son masque et PERSONNE ne trouve ça suspect, pas même Peter. Ils viennent de sauver la ville et le monde, sont encore en tenues qui permettent clairement de les identifier, mais personne ne semble réagir, et c’est une soirée normale à Prague. Pas plus que Peter ne se dit que « Mais j’étais pas supposé dissimuler mon identité, moi ? »

Non. Tout va bien. Un grand film, je vous dis. Nos héros discutent donc en paix, protégés par le script.

« Tu sais Mysterio, je suis content de t’avoir rencontré. C’est bien d’avoir un nouvel ami avec qui parler de mes problèmes de héros.
– Aucun souci. Tu es un chouette garçon, Peter. 
– Merci. Toi aussi tu es un type bien M’sieur Mysterio.
– Ahaha, allons, je ne suis qu’un humble guerrier inter-dimensionnel… ah, au fait, fais attention Peter, je crois que tu as fait tomber quelque chose !
– Ah oui ! Ce sont les lunettes de Tony Stark avec ÉDITH dedans et… HÉÉÉ ! Mais attendez, essayez-les ?
– Voilà.
– Mais elles vous vont vachement mieux qu’à moi ! Vous ressemblez un peu à Tony, d’ailleurs, avec ça et la barbe ! Vous savez quoi Mysterio ? Alors que ça ne fait même pas 24 heures que l’on se connait, je crois que je vais vous confier ÉDITH, le système de sécurité le plus puissant au monde !
– Ah oui ?
– Oui ! N’oubliez pas, je suis un génie, je suis super intelligent ! Donc je sais ce que je fais ! Vous avez tout pour être le nouveau Tony Stark, et le monde en a besoin ! ÉDITH ? Transfère tous mes accès à Quentin Beck, dit Mysterio ! »

Et l’intelligence artificielle d’obéir. Peter serre la paluche de Mysterio en le félicitant pour ses nouvelles responsabilités, et file : apparemment, puisque où qu’aille sa classe, il y a des catastrophes, les parents inquiets ont appelé pour annuler le voyage en Europe (enfin une réaction crédible). Donc avant de reprendre l’avion demain, Peter aimerait aller déclarer sa flamme à M.J. C’est ce soir ou jamais.

Mais sitôt qu’il a quitté le troquet où il sirotait son Fanta avec Mysterio…

… il ne remarque pas que derrière lui, le bistrot change d’apparence. Se transforme en vieille ruine pourrie. En fait, tout n’était qu’une illusion, un hologramme créé par des drones Stark semblables au drone tueur envoyé par mégarde par notre héros. Sauf que ceux-là sont sous le contrôle de Mysterio ! Et celui-ci d’éclater de rire, et de grimper sur le comptoir poussiéreux, acclamé par les clients du bar qui étaient des complices !

Et comme tous les méchants, il prend le temps de ré-expliquer son plan.

« Ah, les amis ! Ça y est, nous avons récupéré ÉDITH ! Cela n’a pourtant pas été facile ! Heureusement que Peter Parker est complètement con ! Souvenez-vous, mes amis ! Nous avons créé la super technologie holographique pour Tony Stark, capable de créer n’importe quelle illusion, et il n’en a quasiment rien fait. Il a même dit que j’étais trop… ambitieux ! Et vous tous, vous avez tous, vous aussi, travaillé pour Stark par le passé ! Tous été humiliés ! C’est ce qui nous a réunis ! Le souhait de créer un nouveau Tony Stark… et ce Tony ce serait… MWAMÊME ! Plus génial que lui, plus ambitieux que lui ! Nous avons pris le contrôle d’une partie de ses drones… les avons utilisés pour projeter des hologrammes et ainsi créer de faux monstres, vaincus par un faux héros ! Tout cela n’était qu’une illusion ! Les dégâts ? Des drones cachés dans l’illusion qui tiraient sur les bâtiments pour les faire s’effondrer en synchronisation avec l’illusion ! Les flammes ? Les drones peuvent envoyer du feu ! Mysterio qui vole et tire des lasers ? La plupart du temps, je n’étais même pas là, j’étais caché ailleurs en costume et je n’apparaissais physiquement qu’à la fin de la bataille ! »

Et personne n’a remarqué les millions d’impacts de balles laissés par les drones d’ailleurs ? Ou même entendu les tirs ?

Non ?

Parce que personnellement, quand un mec prend un coup de poing par une bestiole mais qu’on le retrouve criblé de balles, ça m’interpelle un peu.

Mais si Peter est un génie, je vous laisse deviner le niveau du reste de la population.

Poursuivons avec le discours du méchant, puisque c’en est un.

« Tout n’était qu’illusion, et grâce à cela, nous avons récupéré ÉDITH des mains de ce neuneu de Peter Parker ! Grâce à lui, nous contrôlons tout ! Des milliers de drones, bien plus que nous n’en avions ! Les communications ! Tout ! Il ne nous reste plus qu’à faire un gros coup… un coup fabuleux… une attaque plus grande que toutes les autres, à Londres ! Que j’arrêterai, bien sûr ! Ainsi, je serai le nouveau Tonyyyy Staaaaark ! »

Bon. Passons sur le fait que les illusions ne peuvent pas tout faire, et venons-en droit au problème : tu as donc une technologie si spectaculaire qu’elle peut te rapporter des milliards et… plutôt que de t’en servir pour ça, tu préfères tenter de devenir le nouveau Iron Man. Okay, mettons que ce soit ton truc. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas simplement montrer ce que ta technologie peut faire ? Car si tu peux faire des illusions, ça peut vraiment servir ! Et mieux encore si tes illusions peuvent causer des dégâts grâce aux drones planqués dedans, tu peux vraiment être un héros.

Non parce qu’être le nouveau Iron Man, basé sur un mensonge, ça n’a que des désavantages par rapport aux autres stratégies : ça veut dire être envoyé en première ligne dès qu’une menace extra-terrestre se pointe. Ça veut dire devoir sauver le monde. Et le faire en continuant à mentir sur tes pouvoirs. Donc par exemple, si une bestiole géante qui peut voir au travers des illusions se pointe et que le SHIELD te dit « Vas-y Mysterio, avec tes lasers, tu vas la plier en deux minutes ! » tu auras l’air fin, mon lapin. Sans compter qu’à la moindre erreur, ta ruse est éventée et le monde entier te conspue.

Bref, tu n’as aucun intérêt à mentir. Sauf si bien sûr…

Ah mais oui, voilà : tu es un méchant en bois.

D’ailleurs, personne n’a remarqué que Quentin Beck, alias Mysterio, était un ancien employé de haut niveau de Tony Stark et pas du tout un guerrier inter-dimensionnel ? Non parce qu’en plus, le mec n’a même pas changé de nom. Vous tapez « Quentin Beck » dans Google, et paf, vous découvrez qu’il n’est pas du tout inter-dimensionnel. Ça pose un peu problème, non ? Le roi des illusions et de la tromperie qui oublie bêtement de changer de nom ou de cacher son visage ? Ah non mais vous faites comme vous voulez, amis scénaristes, hein, je ne voudrais pas déranger.

Mysterio, ici expliquant que si on remplace ses drones par des Roomba mais que l’on garde les hologrammes, il doit pouvoir révolutionner l’industrie du porno.

Laissons donc Mysterio à son plan foireux, et retournons voir Peter, qui est lui à son hôtel et qui va frapper à la chambre de M.J.

« M.J je… ça te dirait sachant que… qu’on repart demain… que toi et moi on aille se promener ?
– Okay.
– Chouette ! »

Prague est tranquille et belle en cette douce fin de soirée, tant après l’attaque d’un monstre géant au milieu de la plus grande fête du pays, il n’y a rien dehors : pas un policier, pas un journaliste, pas même un papier par terre. C’est quand même bien fait, on devrait manger des attaques d’élémentaires plus souvent. Les mains de nos larrons se frôlent et Peter décide de se lancer.

« M.J, je dois te parler de quelque chose… à propos de moi.
– Tu es Spider-man ? »

C’est un peu direct. Mais bon.

« Mais comment tu sais ?
– C’est-à-dire que où que l’on aille, Spider-man apparaît, et pile quand tu es soudainement mystérieusement introuvable.
– Ah flûte. C’était gros alors comme ficelle ?
– Un peu, oui. Accessoirement, il se trouve que si je sais que Spider-man était ici ce soir à Prague, c’est que j’ai trouvé ceci par terre… entoilé. »

Et M.J sort de son sac à dos un drone Stark que Spider-man avait entoilé en tirant sur l’illusion un peu plus tôt sans le réaliser : le drone avait été projeté bien loin de lui, droit au pied de M.J qui était dans une ruelle voisine (là encore, que de coïncidences, et, non, il n’y avait personne d’autre dans la rue, vous le saurez). Les deux adolescents tripotent le drone à défaut de mieux pour ce soir, et soudain, il s’active… et génère un énorme hologramme : Mysterio affrontant l’élémentaire de l’air ! Nos deux amis sont donc très surpris de voir cette illusion parfaitement réaliste s’agiter au-dessus d’eux.

« Mais alors… le drone génère des hologrammes ? Le combat entre les élémentaires et Mysterio, c’était du cinéma ?
– Le plus incroyable c’est que si le drone génère une illusion aussi puissante, une fois entoilé, une partie de ladite illusion aurait dû s’effondrer.
– Oui mais ça n’arrangeait pas le scénario. On va donc dire que les drones sont tous largement plus puissants que nécessaires, donc quand tu en détruis un, les autres présents dans l’illusion compensent pour la maintenir.
– Ah ben non puisque lorsque Mysterio discutait avec son équipe dans la scène précédente, à un moment, il expliquait qu’un seul drone manquant pouvait tout foutre en l’air et…
– CHUCHUCHUCHUTABOUCHE. »

L’incohérence est jetée de côté tel un vulgaire chaton contre une 306 lancée à pleine vitesse, et nos amis reprennent.

« M.J ! Écoute, ça veut dire qu’on a un gros problème ! Je ne peux pas rentrer en Europe ! Parce que comme une grosse buse, j’ai confié les clés du système de sécurité le plus puissant au monde à Mysterio, quand bien même je ne connaissais depuis moins de 24 heures.
– Peter, est-ce que tu es sûr que tu n’as pas été mordu par une crotte radioactive ? Éventuellement en forme d’araignée, mais tout de même ?
– Raaah ! Bon écoute, toi, rejoins Ned ! C’est mon meilleur pote, il sait que je suis Spider-man, vous pourrez causer. Vous irez expliquer au reste de la classe que j’ai un souci et que je dois rester en Europe dans… euh… ma famille à Berlin ? Comme ça, je fonce à Berlin prévenir le SHIELD !
– … tout le monde sait que tu n’as aucune famille à Berlin. Tu ne pourrais pas juste appeler le SHIELD ?
– Mysterio surveille toutes les communications grâce à ÉDITH !
– Oui ben comme ça il saurait que son plan est à l’eau, au pire.
– Non ! L’excuse pourrie, ça me paraît mieux ! »

Notez qu’il y avait des millions d’excuses plus crédibles, mais Peter choisit celle-là. Puis, il bondit sur un train pour tenter de gagner Berlin et aller avertir Nick Fury du fait que Mysterio est effectivement un vil embabouineur.

Mais Mysterio, au même moment, apprend qu’il lui manque un de ses drones qui n’est pas revenu à la base, et comprend bien vite que Spider-man a dû mettre la main dessus. Il lui faut donc l’arrêter… et il sait comment. Mais déjà, il utilise son nouveau super réseau pour à son tour, détourner le voyage scolaire de Peter, et envoyer un message à Polio et Golio disant que la prochaine étape de leur voyage, ce serait Londres. Ces derniers acceptent sans sourciller, et toute l’histoire de « On doit quitter l’Europe, et vite ! » est instantanément oubliée. Ainsi, tous les amis de Peter seront au mauvais endroit, au mauvais moment, et s’il a révélé ce qu’il sait à l’un d’entre eux… il pourra leur régler leur compte.

Car c’est connu : des adolescents équipés de téléphones portables ne racontent jamais rien à personne, et ils garderont l’information pour eux jusqu’à ce qu’il les tue. L’adolescent est connu pour être taiseux.

Mais suivons donc Spider-man alors qu’il arrive à Berlin à dos de train (grimper dedans, c’est trop dur et trop sûr ; risquer l’électrocution est plus marrant), et lorsqu’il en descend, gros coup de bol, il est attendu par Nick Fury.

« Allez grimpe dans la voiture. On va au QG du SHIELD et tu vas tout me raconter. » 

Spider-man obéit, et commence à expliquer à Nick toute l’histoire, sur le fait que Mysterio n’est qu’un filou qui utilise une technologie surpuissante pour créer des illusions, et grâce à elle, s’est emparé d’EDITH.

« … morale de cette histoire est qu’on ne doit pas faire confiance à un inconnu, comme avec ce Monsieur dans la camionnette quand j’avais cinq ans.
– Okay Peter, c’était vraiment une super histoire. À part la fin, je dois bien l’admettre. À qui en as-tu parlé ?.
– Ben… à mon ami Ned qui est un peu con… »

Mais pile à ce moment là, Nick et Spider-man réalisent qu’il y a un problème : tout ce qu’il y a autour d’eux n’est qu’une illusion qui commence à s’effondrer ! Ils ne sont pas au QG du SHIELD ! Ils sont dans un piège de Mysterio ! Qui n’arrête pas de changer les illusions à volonté, d’altérer jusqu’à la manière qu’à Peter de percevoir son propre corps, bref, il lui envoie du sons et lumières dans la truffe jusqu’à ce qu’enfin, le vrai SHIELD intervienne et n’arrête Mysterio. Nick Fury se précipite vers Peter qui dans l’affaire, a pris une sacrée raclée à force d’être projeté contre des murs qu’il ne voyait pas ou de tomber de plusieurs étages pour les mêmes raisons.

« Peter, tu vas bien ?
– Ouah… j’ai probablement l’ensemble des os brisés, mais ça va pas mal.
– Très bien ! Peter, tu dois me dire : as-tu parlé de Mysterio et de son secret à d’autres ?
– Oui… à mon pote Ned et à ma copine M.J.
– Parfait… mouhoho… mouhohohoho !
– Attendez… non ! »

Et en effet, Peter est décidément particulièrement con : c’est encore une illusion. Il vient donc définitivement de tout balancer à Mysterio. Il se relève, titubant, et cette fois-ci, Mysterio le laisse aller s’écraser… sur une voie de chemin de fer, où il se mange un TGV.

Mais ça va, merci : il va bien. Enfin un accident voyageur qui n’arrête pas le train.

Mysterio, ici tirant… du Baygon vert, je suppose. C’est vraiment terrible contre Spider-man.

Spider-man parvient à ramper jusqu’à l’intérieur, à retirer son costume (qui est toujours le costume pourri qu’on lui avait conçu pour Prague), et s’effondre comme une bouse sur un siège du train. Mais à son réveil, il est en cellule ! Des gens l’ont trouvé en sang dans une voiture du TGV, et pensant que c’était un hooligan comme d’autres qui occupaient ledit TGV, il a été enfermé avec eux dans une cellule d’un poste de police des Pays-Bas. Ses voisins de cellule sont cependant très aimables, parlent un bon anglais, lui indiquent où ils se trouvent, et le laissent s’évader en paix. Ce qui permet à Peter de se retrouver dehors et…

Je sais. Les gens qui ont vu le film attendent ce moment du spoiler. Parce que c’est là que l’on découvre à quoi ressemblent les Pays-Bas selon un réalisateur hollywoodien.

Peter se retrouve donc sur… une espèce de place de marché fermier ? On dirait qu’il a été propulsé peu ou prou en l’an mil, et le lieu est cerné de moulins et de champs de tulipes. Voilà, on n’est pas du tout dans la caricature. Les Néerlandais étant cependant sympas, ils prêtent sans souci un téléphone à Peter, qui s’en sert pour appeler… Happy. L’ancien secrétaire de Tony Stark.

« Happy ? C’est Peter. J’ai besoin de toi. Je suis dans un bled des Pays-Bas, viens me chercher.
– Peter ? Mais attends… pourquoi m’appelles-tu ? Surtout en donnant ta localisation ? Tu ne disais pas que Mysterio pouvait écouter toutes les communications il y a deux scènes de ça ?
– … ah merde.
– Ah bé oui.
– Vous venez me chercher quand même ?
– Allez ! »

Et un peu plus tard, Happy arrive avec un avion à décollage vertical pour se poser dans le champ de tulipes et récupérer son jeune ami.

« Happy… j’ai grave merdé ! Tony n’aurait jamais dû me faire confiance !
– Écoute… Tony était mon patron, mais aussi mon ami. Et lui, il merdait souvent. Il doutait de tout. Sauf d’une chose : de toi. Il a toujours su qu’il avait raison de te faire confiance.
– J’ai donné ÉDITH à un mec que je venais à peine de rencontrer.
– Peter, tu es une merde. »

Mais bon : finalement, Happy explique à Peter qu’il va l’emmener à Londres pour tenter de sauver la situation. Happy va en profiter pour prévenir le SHIELD que quelque chose ne va pas. Et envoie un message codé particulièrement subtil : « Ne vous fiez pas aux apparences !« . Ce que Nick Fury interprète bien évidemment comme « Attention, Mysterio est un traître et en fait il a une armée de drones tueurs donc faites semblant de rien et équipez-vous en armes anti-drones en douce car il va sûrement en placer un juste devant vous en mode invisible pour tenter de vous tuer. »

Soit les mecs sont super balaises en messages codés, soit c’est n’importe quoi. Je vous laisse choisir.

Dans l’avion, en tout cas, Peter constate que c’est tout équipé : Tony Stark avait laissé là une mini-usines à costumes automatique. Pour quelqu’un supposé passer son temps avec des mesdames toutes nues, c’est cocasse.

Mais oui, je sais : ah ben ça tombe bien alors !

Et Spider-man de se concevoir un nouveau costume.

« En nanites je suppose ? Comme dans le précédent film, comme ça c’est super puissant ?
– Non, Happy. En lycra, ça me paraît mieux.
– Okay Peter, tu t’es mis au bédo c’est ça ? Non parce que ça commence à se voir, sale petit zadiste défoncé à la ganja !
– Hé, ho, on se calme tout de suite ! C’est pas moi qui porte le nom du chien dans
7 à la Maison.
– Ça c’est bas. Bon, comment comptes-tu arrêter Mysterio ? Après tout, tu es un génie des gadgets ! Une onde électromagnétique qui arrête tous ses drones ? Un piratage en règles ? Un piège diabolique ?
– Non, je vais plutôt foncer comme une grosse buse et tenter d’entoiler des milliers de drones à la main. »

Si vous n’avez jamais arraché l’accoudoir d’un cinéma pour faire de l’escrime avec votre voisin en hurlant les noms des Grands Anciens, sachez que ce film vous donne l’occasion de commencer.

Et en effet, pendant ce temps, à Londres…

La classe de Peter vient d’arriver, sans lui, donc, sur place. Brad, qui en a un peu marre, finit par prendre la parole :

« Personne ne trouve ça suspect, ces changements de destination en boucle ? Et Peter qui n’est jamais là et personne ne s’en inquiète ? »

Que ? Mais ? Qui vient d’introduire un personnage avec un QI atteignant les deux chiffres dans ce film ?

« Euh… la vérité est… euh… relative. » tente M.J avec l’assurance de celle qui sait que même si c’est nul, le script est avec elle « Et puis tu as tenté de prendre une photo de Peter en slip. »

Ce qui n’a aucun rapport, mais ça passe. Polio et Golio hochent la tête, le reste de la classe bave en essayant de se curer le nez avec le coude, avant que tout le monde ne continue joyeusement l’épopée en se rendant dans un bus qui les attend, et conduit, hélas pour eux, par l’un des sbires de Mysterio. Qui emmène le véhicule jusqu’au Tower Bridge de Londres et… abandonne le véhicule là. Pourquoi ? Mais parce qu’il obéit à cette règle essentielle des mauvais films :

« Lors de toute bonne catastrophe, si l’on aperçoit un bus, il finira invariablement sur un pont. »

Ne me demandez pas pourquoi : c’est la règle.

Spider-man, 24h après avoir pris un TGV dans la mouille. Son secret, c’est son armure en bullshitonium.

Mysterio, apprenant que le bus est en place, peut donc commencer son attaque. Il demande à ÉDITH d’envoyer TOUS les drones que Tony Stark avait mis en orbite (et avec la technologie de Mysterio dedans, c’est vraiment sympa), pour descendre sur Londres faire une attaque cent fois plus grande que les précédentes. Et comme les fois précédentes, Mysterio fait mine d’être là pour servir le SHIELD, demande à ses complices d’activer une machine qui fait croire à un dégagement énergétique venant de sous terre, puis, les drones débarquent, invisibles, avant de générer l’illusion d’un monstre géant constitué des quatre éléments.

« Houlala, on pensait les avoir vaincu, mais ils ont fusionné ! » s’exclame Mysterio de sa meilleure voix d’acteur « Ne vous inquiétez pas, Monsieur Fury, je vais bourrer la face de cette chose ! »

Et Nick Fury de faire semblant d’y croire, pendant que Mysterio fait son show. Mais sinon, Nick ? Faire quelque chose ? Tenter de l’arrêter pendant que son monstre illusoire ravage vraiment la ville ? Non ? Eh bien non. Nick Fury reste à la fenêtre de son bureau, l’air… cool. Pendant que des gens meurent. Voilà. C’est tout. Bien bien bien.

Mais sinon, quelqu’un a relu le scénario ou c’était une blague d’un stagiaire qui a dégénérée ?

Heureusement, sur ces entrefaites, Spider-man arrive, et en se laissant choir du ciel avec son Spider-parachute (si, si), il parvient à pénétrer dans l’illusion et découvre à l’intérieur l’armée de drones qui s’active à maintenir l’hologramme et à causer des dommages en temps réel pour faire croire à l’aspect matériel du monstre. Spider-man commence à entoiler tout ce petit monde, au point de mettre à mal assez sérieusement l’illusion en elle-même. Mysterio, le vrai, qui contrôle tout ça de loin, en est grognon,

« Cacaboudin ! Comment est-il arrivé là sans que je ne le remarque lui ? Je n’ai pas le contrôle du plus grand système de surveillance de la planète ? ÉDITH !
– Il est passé par un trou du script, Monsieur.
– Damnation ! »

Le trou dans le script est le conduit de ventilation moderne : il y en a un peu partout, et personne n’y fait jamais attention.

Mysterio voyant son illusion mise à mal, il ordonne à son équipe de couper la génération de l’hologramme du monstre, tant pis. Et de concentrer les monstres sur une seule mission : tuer Spider-man ! Et Mysterio commande même personnellement une partie des drones pour… heu… tuer les amis de Spider-man qui en savent trop ?

Mais pourquoi ne pas avoir simplement envoyé une roquette sur le bus, alors ? Eh bien on ne sait pas. Et pourquoi concentrer toute ton attention sur des cibles complètement secondaires ? À part que Mysterio veut être le moins efficace possible, et préfère poursuivre les amis de Spiderman avec ses drones mitrailleurs, et en ne tirant qu’à bout portant pour ne pas les tuer facilement de loin. On notera d’ailleurs que les drones supposés être d’une précision diabolique telle que lorsqu’ils causaient des dégâts à des structures, pas une balle n’allait à côté, ici ne parviennent jamais à toucher le moindre gentil, qu’importe la situation. Happy, qui était venu tenter d’évacuer les amis de Peter, voit son avion être détruit par les drones, et ne peut qu’emmener quelques adolescents avec lui dans la chambre forte de la tour de Londres qui est, c’est bien connu, grande ouverte et non-gardée. C’est donc aux côtés des joyaux de la reine que nos amis sont enfermés, pendant que les drones essaient d’ouvrir la chambre forte au fer à souder (ils sont vraiment tout équipés).

Spider-man, de son côté, affronte les drones avec mille pirouettes, évidemment, pas un ne parvient à le toucher non plus.

C’est un peu lassant, cette précision à géométrie variable. Je ne sais pas : rajoutez un bout de scène où Spiderman a entoilé suffisamment de drones pour réduire leurs cohésion, a un gadget qui brouille vaguement leurs systèmes, ou bien le SHIELD tente de les pirater en même temps ce qui explique qu’ils soient moins efficaces, que sais-je…

Pas juste « Bon en fait, les drones, maintenant, ils sont tout nazes. »

Spider-man parvient non seulement à en détruire bon nombre, et même à arriver jusqu’à l’endroit d’où Quentin Beck alias Mysterio pilotait toute l’opération. Évidemment, ce dernier tente plusieurs fois de le tromper avec des illusions, mais notre héros, usant de son sixième sens d’homme-araignée qui lui est revenu sans explication, ne s’y laisse plus tromper, et a tôt fait de meuler la gueule du vilain. Avec un passage particulièrement intéressant puisque Mysterio fait semblant d’être devant Spider-man alors qu’il est derrière avec une arme.

Ce qui veut dire que Mysterio parle dans un micro dix centimètres derrière Spiderman et suppose qu’il ne va pas l’entendre. Ça doit être un concours de neuneuserie, je ne me l’explique pas autrement.

Mais dans l’affaire, Mysterio a pris tellement cher avec ses drones envoyant des balles dans tous les sens… qu’il s’est ramassé l’un de ses propres pruneaux.

« C’en est fini, Mysterio ! Je ne voulais pas que tu meures, mais là… bon. Tu t’es un peu… hihi… tiré une balle dans le pied !
– Au moins, la mort m’épargnera ton humour. Mais dis-moi Spider-man. Est-ce vrai que ton sixième sens t’as permis de vaincre mes illusions ?
– Aisément !
– Est-ce que cela veut dire… kof kof…
– Oui ?
– … qu’en fait tu pouvais me vaincre depuis le début du film et que ton sixième sens « en panne » sans aucune explication, c’était juste pour arranger les scénaristes ? »

Spider-man s’assoit sur le visage de Mysterio pour étouffer ses terribles révélations sur le niveau d’écriture de cette oeuvre, et c’est donc sous un cucu enrobé de lycra que Mysterio rend son dernier soupir. Spider-man peut se rendre sur le Tower Bridge pour voir comment vont ses amis, et découvre avec bonheur M.J, bien vivante, qui arrive en courant vers lui !

« M.J !
– Peter, c’est incroyable !
– Oui, tu es vivante ! Je suis si heureux que j’en retire mon masque !
– Non, c’est surtout que c’est incroyable : tu notes comme il n’y a ABSOLUMENT PERSONNE autour de nous alors que là encore, il devrait y avoir une folle agitation après tout ce qui vient de se passer ? Ce qui tombe bien puisque tu viens de retirer ton masque comme une grosse buse ?
– C’est vrai que c’est fou cette propension des décors à être entièrement vides dès qu’on a besoin d’un moment d’intimité. Bon, d’ailleurs : M.J, voilà, à Prague, ce que je voulais te dire, ce n’est pas que j’étais Spider-man. C’est que quand je te vois, j’ai envie de te faire des bisous.
– Mais moi aussi figure-toi.
– Allez, on fait le bisou alors. »

Et c’est le bisou.

Spider-man a donc vaincu et trouvé l’amour. Et accessoirement, récupéré les lunettes avec ÉDITH sur le corps de Mysterio, lui permettant de dire à tous les drones de rentrer chez eux. Parce que oui, ÉDITH lui obéissait encore, en fait. Parce que… parce que. Voilà. Nick Fury peut donc venir le féliciter, et enfin, Peter rentre à New York retrouver tante Milf. Qui lui avoue, parce que ça non plus il n’avait toujours pas compris, que oui, elle sort avec Happy. Il faut dire qu’elle adorait 7 à la maison.

C’est donc sur cette dernière révélation que Peter peut reprendre son quotidien new-workais de super-héros de quartier, et il se balance de toile en toile et…

… FIN !

Mais pas tout à fait, car il y a une séquence post-générique (vous m’entendez soupirer ?) et pas des moindres : Spider-man décide d’emmener M.J se balader avec lui alors qu’il se balance d’immeuble en immeuble. Et visiblement, ni lui ni M.J n’ont l’air de se dire que sortir ensemble publiquement alors qu’il est habillé en Spider-Man pourrait vaaaaguement permettre d’identifier Peter Parker sous la cagoule de l’araignée. Non. Vraiment. Vous nous le dites si on vous emmerde, hein ?

Mais alors qu’ils papotent tranquillement au milieu d’une foule après leur promenade, sans se soucier des passants qui peuvent tout entendre de leur discussion de couple, voici que les écrans géants de l’immeuble voisin diffusent un flash-info exclusif : les dernières images envoyées par le « héros inter-dimensionnel » Mysterio.

Parce que non, personne n’a pensé à rendre public que Mysterio était une enflure, et derrière les attaques au Mexique, à Venise, Prague et Londres. Un détail.

Et sur ces images, évidemment truquées puisque c’était sa signature, on voit Mysterio agoniser et dire :

« Spider-man… c’est lui qui m’a tué… c’est lui qui contrôlait les drones… parce qu’il est fou, il veut devenir le nouveau Tony Stark et tuera tous ceux sur son chemin ! Ah, et accessoirement… son vrai nom, c’est Peter Parker ! Maintenant, je meurs, aaaargh… » 

« Crotte de bique ! » s’exclame Spider-man et…

… FIN !

Je vous rappelle que ces deux personnages sont tous les deux présentés comme d’une intelligence frôlant le génie, et supposés ne rien faire qui pourrait révéler l’identité de Peter Parker, comme par exemple, oublier de retirer son costume avant de sortir ensemble.


Est-ce que quelqu’un se souvient que Peter Parker bosse avec le SHIELD qui peut prouver en deux minutes que cette vidéo est fausse, rappeler que Mysterio était méchant et que Peter est innocent ? Ou même que Peter est supposer avoir ÉDITH, qui surveille toutes les communications mondiales, et que l’intelligence artificielle aurait pu vaguement le prévenir en amont ? Ou justement, diffuser ce que je viens d’écrire sur les mêmes écrans en trente secondes ?

Ah mais j’oubliais : c’est nul.

Qu’est-ce que je peux être tête en l’air, parfois !

Transformistes 5 : le dernier voiturier

$
0
0

Les cinémas ne vont pas rouvrir de suite.

Ce pourquoi, et afin de satisfaire ma soif de mauvais films ainsi que la vôtre, cruels lecteurs, Diego est descendu lever la dalle de béton sous laquelle j’entasse mes rations de survie, mes munitions à l’uranium appauvri (pour abattre les gens qui disent « Ça fait sens » même à l’abri chez eux), et bien évidemment, les dévédés offerts par des lecteurs se plaignant que tel film serait passé entre les mailles de mes filets. C’est donc dans sa tenue anti-radiations (à cause des films, pas des munitions, soyons sérieux) que Diego a ramené entre ses maniques plombées le DVD du film Transformers: The Last Knight, cinquième épisode de la série célèbre pour ses combats où l’on ne comprend pas bien ce qu’il se passe, à part qu’il y a des trucs qui se plient et se déplient en faisant « Zouiiiizkronkron ». Et puisque j’avais commenté les deux films précédents ici (il y a… dix ans déjà ? Diable !) et , poursuivons le travail.

Mais voyons plutôt le pitch :

Humains et Transformers sont en guerre. Optimus Prime n’est plus là… La clé de notre salut est enfouie dans les secrets du passé, dans l’histoire cachée des Transformers sur Terre. Sauver notre monde sera la mission d’une alliance inattendue : Cade Yeager, Bumblebee, un Lord anglais et un professeur d’Oxford.

Des Américains, des Anglais et des robots : voilà qui ressemble au pitch de Qui va manger le plus huilé au petit-déjeuner ?

Aussi, ne perdons pas plus de temps : spoilons, mes bons !


L’affiche. Pas d’explosions ? Pas de pluies de cendres ou de débris ? Diable, quelle époque étrange nous vivons.

Notre histoire démarre en Angleterre, durant les âges sombres.

Ce qui peut aussi bien définir l’année 2020 que la fin du Vème siècle chez nos amis anglais, et puisque le film semble prendre le second parti, nous découvrons au milieu d’une plaine une armée médiévale qui a quelques soucis, puisqu’elle reçoit de gros projectiles enflammés sur le coin du nez. En effet, les barbares sont là, et envoient à grands coups de trébuchets des boules de flammes sur les fantassins et cavaliers en armure lourde qui leur font face. J’en déduis que les projectiles en question sont probablement des historiens pris de combustion spontanée à la vue d’autant d’incohérences en si peu d’espace, même pour un film comme Transformers.

Ignorant les cris des soldats qui se mêlent à ceux des amateurs de Georges Duby, les généraux bretons froncent les sourcils très fort en commentant la bataille.

« Roi Arthur ! Cette bataille est perdue, c’est de la folie, nous sommes un contre cent !
– Ne vous inquiétez pas, Lancelot. Merlin va débarquer, et il a promis de la grosse magie qui déboite ! »

La magie doit d’ailleurs déjà être à l’œuvre, puisque diversité oblige, l’un des chevaliers est noir. Probablement Sir Netflix. Oh, et si cette plaisanterie suffit à vous scandaliser je vous propose de prendre une grande inspiration et de jeter un œil à la bannière de ce blog. Voilà. Non, n’expirez pas. Attendez. Attendez encore. Patientez jusqu’à voir tout noir avec une lumière au bout, et allez vers elle. Voilà. En arrivant, vous direz au Monsieur « Je viens de la part de Monsieur Connard« , il vous indiquera le carré VIP. L’adresse exacte est Huitième cercle, neuvième fosse. De rien.

Mais revenons à nos Bretons.

Car si le roi Arthur attend Merlin, ce dernier, un vieux chevalier amateur de bibine, est en route non vers le champ de bataille, mais vers un lieu secret connu de lui-seul. Une rave party où se ravitailler en bière tiède ? Mieux : un vieux vaisseau extra-terrestre écrasé et couvert d’herbe. Il s’y présente et se met à gueuler :

« Ouuuhouuu ! C’est moi Merlin ! Vous savez, votre copain humain ? Bon, vous pourriez nous aider ? Parce que là, on prend cher face aux barbares, alors si vous aviez une arme ou deux… »

Merlin attend un peu, et un énorme robot surgit des entrailles du vaisseau, un fort gros sceptre à la main. Sceptre qu’il fait rétrécir à la taille de Merlin, et lui confie.

« Tiens, humain, c’est cadeau : un sceptre qui fait apparaître un dragon de métal géant à trois-têtes.
– Que… je… écoutez c’est gentil mais vous n’auriez pas plus simple ? Moi, je m’attendais plutôt, je sais pas, à un gros flingue ?
– Garde-le précieusement, humain, car un jour, des forces maléfiques viendront chercher ce sceptre que nous avons juré de protéger.
– Ben alors vous voulez pas plutôt le garder vous ? »

Mais non. Les Transformers sont complètement cons, et s’ils ont un sceptre super précieux capable de déchaîner des forces terrifiantes et qu’ils ont juré de garder, ils le filent au premier clodo venu. Ils sont comme ça. Faites-moi penser à ne rien leur confier, surtout pas, je ne sais pas moi, un rôle central dans une intrigue.

En attendant, Merlin prend son sceptre, invoque avec un énorme dragon d’acier à trois têtes, saute sur son cheval et fonce rejoindre la bataille contre les barbares ; les troupes de mâles en slips sont vite mises en déroute par le feu venu du ciel. Ainsi, le roi Arthur remporte le combat avec cet adage particulièrement con : « Sans sacrifice, pas de victoire« .

Que ?

Mais au contraire ! Moins il y a de sacrifices, plus la victoire est grande ! Entre celui qui défait un ennemi sans une perte et celui qui y perd 90% de son effectif, à ton avis, qui a la plus belle victoire ? Voiiiilà. Le Roi Arthur est donc, lui aussi, suffisamment neuneu pour apparaître dans ce film, c’est parfait.

En attendant, bondissons 1600 ans dans le futur, de nos jours.

Car suite au précédent épisode de Transformers, on découvre qu’Optimus Prime, le leader des gentils Autobots, est parti dans l’espace à la recherche de ses créateurs pour leur péter la gueule (gros Œdipe le Monsieur). Hélas, tombé à court de carburant, il dérive à présent dans le vide tel un étron de glace et d’acier. Et sans lui, sur Terre, c’est encore plus chaotique : les Terriens ont déclaré tous les Transformers comme immigrés clandestins. Ne me demandez pas pourquoi sachant que lesdits robots ont déjà sauvé le monde 4 fois, et surtout, comment ils comptent les renvoyer d’où ils viennent sachant que leur planète n’existe plus, mais je suppose que dans le doute, ce sera charter pour le Wakanda pour tout le monde.

Seul un endroit accepte les Transformers : Cuba.

Non, je ne plaisante pas. Apparemment, les communistes qui ne manquent jamais une occasion d’emmerder le voisin américain ont décidé d’accueillir les Autobots. Nul ne dit cependant si pour s’adapter, les robots géants sont obligés d’apprendre l’espagnol, de visionner des cassettes vidéos de Fidel Castro, voire carrément d’Usul.

Il n’empêche que semaine après semaine, de nouveaux robots s’écrasent sur la Terre, ce qui est un peu lourd, tant il y a quantité d’autres planètes où s’installer, alors pourquoi la nôtre ? Hein ?  Cette question restant sans réponse, retournons sur le terrain, aux Etats-Unis plus précisément, pour suivre justement une bande d’adolescents qui pour rigoler, pénètre dans une zone dévastée par des combats entre humains et robots récemment arrivés comme ça, hop.

Puisque non : personne ne garde les accès à la zone. C’est comme ça. On compte sur le civisme d’autrui, mais oui.

Or, ces enfants ont séché l’éducation civique, et se retrouvent bien vite à gambader dans les ruines, où…. où… attendez, pourquoi il y a des trucs qui brûlent encore alors que les combats sont visiblement terminés depuis des semaines, voire des mois ? Hmmm. Ça doit être comme dans les films de zombies : même cinq ans après l’apocalypse, les voitures brûlent encore. Toujours est-il que nos petits trous du cul héros tombent bien vite sur des corps de robots géants, là aussi laissés là à pourrir, et constatent que… diable ! L’un d’entre eux bouge encore ! Aaaah !

Heureusement, ce n’est qu’à ce moment que deux sentinelles de la TRF, la Transformers Rabouinage Force chargée de rabouiner les robots géants jusqu’à ce qu’ils finissent publicité pour la casse auto Dépannage 70 (seuls les auditeurs de Radio Star comprendront), débarquent. Les sentinelles étant elles-mêmes… de gros robots automatisés.

Mais quelle excellente idée pour combattre d’autres robots capables de copier/prendre le contrôle de tout ce qui est vaguement mécanique !

Les enfants, quelque peu surpris tant de cette arrivée impromptue que de cette situation qui dégénère, s’enfuient en hurlant. Et voient voler à leur aide une jeune fille de leur âge (ça tombe bien !), Isabella, une espèce de combattante des ruines âgée de quatorze ans, qui a visiblement l’habitude de balancer cocktails molotovs & co sur les robots de la TRF. Ne me demandez pas pourquoi les militaires du coin ne sont jamais allés lui mettre un coup de pied au cul, ni si elle suce des cailloux pour se nourrir vu l’état du quartier, l’important est que notre aventurière aide nos héros à se mettre à l’abri dans une cachette où elle vit avec deux braves Autobots. Un petit mignon, et un grand con. Ce qui ressemble à la description de pas mal de colocations.

Aussi, au même moment, dans un poste avancé de la TRF dans les ruines, des militaires s’agitent.

« Les gars ! Quelqu’un attaque nos robots !
– Quel dommage, chef. Ah, si seulement on avait pensé à garder le périmètre…
– Silence, caporal Roudoudou ! Attendez, j’active nos caméras… là ! Regardez ! Un grand Autobot et une jeune fille aident un groupe d’intrus à fuir ! Allô, l’aviation ? Envoyez un missile sur le robot dont je vous envoie les coordonnées !
– Vous voulez dire qu’on a les moyens d’avoir un avion en l’air 24h/24 mais pas de mettre trois plantins à patrouiller le secteur ? C’est ballot. Non parce que visiblement, ça fait des semaines qu’on ratait la présence d’un robot de 10 mètres de haut dans les ruines que l’on est supposés garder.
– RAAAH ! Roudoudou ! Il suffit ! Le missile vient de tomber ! Aha, le robot géant est mort ! Tant pis s’il était gentil, il n’avait qu’à pas trainer là. Allez me chercher ces enfants et virez-les du coin !
– Alors je voudrais bien mais regardez les caméras.
– Oui ? Mais ? Mais bordel, maintenant c’est Cade Yeager, le héros du film précédent qui arrive en voiture assisté de Bumblebee, son ami Autobot, pour sortir tout le monde du pétrin !
– Ah parce qu’en plus, un mec peut rentrer en voiture dans le secteur sans qu’on ne le repère ?
– ROUDOUDOU !
– Et d’ailleurs, vu qu’on vient de montrer qu’on avait un avion avec missiles en l’air, et qu’il vient de tirer avec succès sur un robot, pourquoi on n’en tire pas un second sur Bumblebee ou l’ami Yeager ?
– Parce que… que… je… le…
– Parce que sinon le film s’arrête, c’est ça chef ? »

Le chef de la TRF hoche vivement la tête, signe l’ordre de renvoi du caporal Roudoudou pour « insubordination & commentaires putassiers », puis ne lance surtout pas la poursuite des fugitifs.

Par quel miracle est-ce que dans cette scène, le personnage le plus crédible est un fauteuil ?

Heureusement pour lui, et comme tous les personnages du film, Cade Yeager a un Q.I qui s’écrit sans avoir à lever son crayon. Et après avoir fait sortir les enfants de la zone il… y retourne, pépère, à découvert, et s’en va trouver le robot que les enfants avaient vu bouger. Un robot en sale état, qui saigne de l’huile verdâtre, et dans son agonie, lance

« Tu dois… sauver… attention… Qin…
– Oui, c’est intéressant. Quel dommage que personne n’ait pensé à venir se pencher sur ton cas plus tôt vu que tu dois être là depuis des semaines. Ils sont forts, ces militaires.
– Dois… prendre… ce médaillon…
– Ah non, moi, les bijoux, c’est pas trop mon truc. J’avais une boucle d’oreille dans les années 90, j’ai préféré oublier. »

Mais malgré les tentatives de l’aider, le robot meurt. Et si Cade ne prend pas le médaillon (Cade est comme ça, il ne veut pas d’emmerdes par contre il viole des zones de sécurité juste pour se marrer), le médaillon, lui, se met à bouger et se glisse discrètement parmi ses affaires. Et sur le chemin du retour, Cade est retrouvé par la TRF qui l’encercle. Les Autobots, qui étaient eux aussi rentrés dans la zone (là encore, sans que personne ne remarque des robots de 10 mètres de haut en vadrouille) viennent bien l’aider et commencer à distribuer des patates au tout venant (et ça fait zouiiiizkronkron), mais rapidement, un autre humain intervient pour faire cesser les hostilités avant que ça n’aille trop loin.

« POUCE ! 
– Que ? Qui parle ?
– C’est moi, le colonel Lenox ! Le gentil militaire qui travaillait avec les Autobots dans le film précédent. Je me moque des ordres de la TRF : ces Autobots peuvent partir. Car ils sont… GENTILS. »

Sa hiérarchie appréciera. Lenox laisse donc tout ce petit monde partir, puis s’en va retrouver ses chefs.

« Salut les copains ! Aujourd’hui, j’ai encore désobéi aux ordres !
– C’est pas grave, c’est cool. Nous aussi, on aime pas trop devoir faire partie de la TRF, mais bon, hein, on est des fonctionnaires. Faut bien. En attendant, écoutez ce que l’on a trouvé l’autre jour : un enregistrement de Megatron, le chef des méchants robots ! Il est encore en vie, planqué quelque part, et d’après ce que l’on a capté, il cherche un talisman, source d’un grand pouvoir, pour tuer les humains, tout ça.
– ÇA ALORS ! Moi qui m’attendais à ce qu’il annonce s’être mis au macramé, je n’en reviens pas ! »

Moi non plus, dites voir.

En attendant, et pendant que vous imaginez à quoi ressemblerait la paisible retraite d’un type nommé Mégatron dans une ferme du Cantal, allons plutôt voir comment va Optimus Prime.

Car figurez-vous qu’à force de dériver dans l’espace, ce petit malin s’était mis sur la bonne trajectoire et sort de sa torpeur glaciale lorsqu’il s’écrase… sur les restes de Cybertron, son monde d’origine. Il se relève alors du petit cratère qu’il a formé et s’exclame :

« Mon monde ! Que lui est-il arrivé ? »

Que ? Mais ? Attendez, ça fait CINQ films qu’on nous dit que leur planète a été détruite, même dans celui-ci, on a le droit à « Ce sont des réfugiés venus d’une planète détruite« , et lorsqu’Optimus Prime arrive il est SURPRIS de découvrir que son monde est détruit ? Mais enfin ?! Même en larguant une truite sur un clavier on obtient des dialogues moins débiles ! En tous les cas, Optimus entend une voix qui l’appelle.

« Optimuuus…
– Que ? Qui me parle ?
– C’est moi… ta créatrice ! Qintessa !
– Ah, ça ! J’étais justement venu pour vous péter la gueule ! Ne bougez pas, j’arrive ! »

Et Optimus de repérer ce que l’on décrira au mieux comme une nymphette d’acier flottant dans les airs. Mais à peine est-il arrivé près d’elle qu’il tente de lui mettre un bon coup d’épée dans la truffe pour lui apprendre à créer des personnages aussi idiots. Sauf que voilà : la bougresse a de la ressource, et de ses mains jaillissent des éclairs qui paralysent notre héros, puis des chaînes surgissent du sol pour s’assurer qu’il ne bougera plus.

« Du calme, Optimus. C’est à cette heure-ci que tu rentres ? Et où es-tu encore allé traîner que tu as l’apparence d’un camion américain ?
– Mais môman je… non, attendez ! Ce n’est pas ce que je voulais dire. Ce que je voulais dire c’est QU’AVEZ-VOUS FAIT À MON MONDE ?
– Ben t’es con ? C’est la guerre entre toi et Megatron qui l’a détruit.
– Ah oui, flûte, c’est vrai. Bon ben j’ai rien dit.
– Non mais c’est bien, ça a permis aux spectateurs qui ne suivaient pas de se remettre à jour, c’est malin. En attendant, petit con, tu es à moi ! Et tu vas m’obéiiiir ! Tu vas m’aider à reconstruire Cybertron !
– Ah oui ? Présenté comme ça, c’est finalement assez tentant.
– Oui. Et pour cela, j’ai besoin de mon sceptre. Qui m’a été volé il y a bien longtemps par mes douze chevaliers gardiens.
– … ils vous ont trahi en même temps ? Tous les douze ?! V’là les gardiens ! Et pourquoi ?
– Chépatro. »

C’est crédible. En attendant, celle que nous appellerons Qin explique à Optimus que ces petits branlotins de gardiens se sont non seulement barrés avec son sceptre, mais en plus, ils l’ont donné aux humains. Elle le sait parce que… heu… bon. Disons qu’elle va vu le début du film. Et qu’elle a ensuite attendu 1600 ans avant de s’en inquiéter.

« Tout ça pour te dire mon petit Optimus que tu vas aller sur Terre et retrouver mon sceptre ! L’arracher aux mains d’Unicron, qui n’est autre que la Terre elle-même, et accessoirement mon vieil ennemi !
– La Terre est un robot ? Eh ben. Bon, et pourquoi je ferais ça ?
– Parce que je t’hypnotiiiiiiiise ! Désormais, tu seras… Némésis Priiiiime ! »

Personnellement, je m’attendais plus à Optimus 98 ou Optimus XP, voire carrément Optimus Vista pour appuyer la cruauté insufflée en ce pauvre Optimus, mais apparemment, non. Je suis un peu déçu.

Quand Optimus est hypnotisé, ses yeux passent du bleu au mauve pour bien montrer qu’il n’est plus lui-même et qu’il faut lui pardonner. À sa place, j’aurais toujours une paire de lentilles mauves sous la main pour faire des blagues avant de dire « Ah nan, désolé, j’étais hypnotisé, vous avez vu mes yeux ? »

Retournons donc sur Terre voir comment va Cade, notre fier américain étant retourné à sa planque du moment : une casse automobile au milieu du désert où les Autobots survivants peuvent s’ébattre voire se battre en paix. Hélas pour Cade, qui a déjà bien des choses à gérer avec les Autobots dinosaures qui font les cons et démoulent du boulon toute la journée, voilà qu’Isabella, la gamine sauvée dans les ruines plus tôt dans le film, a réussi à se planquer dans sa voiture et à le suivre jusqu’ici.

« Mes parents sont morts ! Je veux rester avec vous !
– Ecoute gamine, tu es gentille, mais j’ai déjà des dinosaures à nourrir, alors je vais pas adopter Dora l’Exploratrice.
– Mais Monsieur, je peux vous aider ! Car je suis un génie de la mécanique malgré mes 14 ans !
– Ah ouais ? Alors supposons qu’un Autobot reçoive un tir de 50mm dans le torse qui sectionne net son injection moteur avant-gauche que ferais-tu ?
– Eh bien d’abord, je ferai une redirection du circuit principal vers… »

Bon.

Je vais essayer de rester calme. Et je vais reposer cette question : qui est la petite roulure de scénariste qui a inventé le premier enfant de film américain ? Et pourquoi tous les autres l’ont copié ? Non, AUCUN enfant de 14 ans ne parle comme ça. Logiquement, à cet âge, il sait à peine lire et écrire (du moins s’il est actuellement dans le système scolaire français sans parents à la maison pour corriger le tir), ses passions se limitent à Fortnite, aux blagues de pets et aux Youtubeurs pas drôles, quant à la mécanique, c’est plutôt l’âge où l’on pense à son propre injecteur plutôt qu’à celui des robots de l’espace.

Mais en attendant, nous allons donc devoir supporter Léa Passion Mécanique. Et comme elle est enfant + femme + issue d’une minorité, autant vous dire qu’elle n’aura jamais tort.

Toujours est-il que ça bouge ailleurs sur Terre. Car à six endroits différents, d’énormes structures métalliques, qui croissent jour après jour, sont apparues. Et depuis qu’elles l’ont fait… on a repéré un énorme objet venant de l’espace fonçant droit vers la terre. Mais visiblement, pas grand monde ne panique, et tout le monde prend plutôt bien l’information en haut-lieu façon « Ah oui, d’accord« . On sait pas, si ça se trouve, ça a l’air énorme et en fait c’est un truc minuscule. Un peu comme un début de campagne de vaccination française.

L’armée, elle, est sur le pied de guerre malgré tout, et le colonel Lenox est convoqué par ses supérieurs.

« Colonel, vous savez l’objet qui fonce vers la Terre ?
– Oui ?
– Eh bien on s’en fout. Nous, on a une nouvelle plus importante : vous savez, les structures métalliques géantes… on a aperçu Mégatron leur rendant visite, à chacune d’entre elles.
– Et personne n’en a profité pour lui plomber la gueule ?
– Ah ben non parce que…
– … le film s’arrêterait ?
– Voilà. Donc notre plan est vachement mieux que de plomber la gueule de Mégatron. Comme il a l’air de savoir ce que sont ces structures, et à quoi elles pourraient mener, nous allons négocier avec lui.
– Pardon ? Écoutez chef, ça fait quatre films qu’il essaie de tous nous tuer, on pourrait peut-être accepter que c’est juste une raclure ?
– AHLALA LES PRÉJUGÉS ! Tout le monde a le droit à une cinquième chance ! Pas de tolérance pour l’intolérance, je vous préviens !
– Alors oui mais justement, Mégatron n’est-il pas lui-même intolérant quand il essaie de nous tuer ? »

Le chef de Lenox se lance alors dans une grande explication comme quoi c’est pas pareil, que Mégatron est en fait victime de la société qui l’a rejeté, et que le meilleur moyen d’en finir avec lui, c’est lui construire un skate park, d’envoyer des animateurs sur Cybertron faire des ateliers sur le thème de la Guerre d’Espagne, ou encore de faire rentrer plus de Decepticons à Sciences Po. Le tout, dans le respect des valeurs de la République.

Lenox se contente de hocher la tête.

« Tout ça pour vous dire que voilà ce que Mégatron a demandé : il veut qu’on relâche certains de ses complices. Nous avons cru comprendre qu’il avait besoin d’eux pour aller combattre Cade Yeager et ses alliés, afin de s’emparer d’un objet qu’ils convoitent. Une sorte de médaillon comme on le disait, mais c’est pas bien clair. Ca peut aussi être un piercing. Ou un étui pénien, nos meilleurs traducteurs sont sur le coup.
– Et vous allez le faire ? Libérer ses potes criminels ?
– Ben oui. Car nous avons déjà la localisation de Cade Yeager. Nos hommes avaient réussi à implanter un mouchard sur Bumblebee. Nous allons donc donner sa localisation à Mégatron, qui ira chercher le médaillon pour nous. Et après, nous l’abattrons, et le tour sera joué.
– Et heu… pourquoi on ne va pas juste chercher le médaillon nous-mêmes ?
– … ah mais ? Mais attendez ! Meeeeeerde, pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ? »

Peut-être parce que de manière générale, vous pensez assez peu ?

Il est de toute manière trop tard pour revenir en arrière : le plan est déjà lancé, les amis de Mégatron libérés, et lui et ses petit copains se dirigent promptement vers la planque de notre héros.

Cade, qui était pépère dans sa casse, aperçoit ainsi soudain toute une armée de véhicules qui lui arrive dessus. Si dans un premier temps, il pense à une Rave Party et commence à sortir l’ecsta et la beuh, il comprend vite de quoi il retourne en voyant que les véhicules sont propres, ce qui infirme immédiatement sa première hypothèse. Comprenant que ce doit être des Decepticons taquins, il s’enfuit avec ses copains les Autobots pour aller se planquer dans une petite bourgade voisine abandonnée (il a toujours ça sous la main). Qui est prévue pour ce genre de situation : elle est bourrée d’explosifs et autres pièges. Ce qui permet à nos héros d’être en bonne position lorsque les vilains Decepticons débarquent, et même d’en détruire une paire, forçant Mégatron à se replier en bougonnant.

Bon, accessoirement, et comme il se doit, nos héros doivent surtout leur victoire au fait que les méchants ratent tous leurs tirs quand ils allument les gentils, fut-ce à dix mètres et au milieu d’une rue déserte. Pratique.

C’est alors qu’entre en scène la TRF, qui n’aimant pas trop Cade Yeager, compte bien lui péter la truffe puisque Mégatron a échoué.

On profitera, lors de cette scène, du personnage de Jimmy, l’assistant noir de Cade dans sa casse auto, qui a le droit au rôle très original du noir rigolo. Ce qui signifie qu’il court partout en faisant n’importe quoi, qu’il ne lui arrive que des trucs rigolos, gaffe en permanence et finit toutes ses phrases par « mec ! » entre deux références à la rue et/ou à la prison.

Alors un petit message aux antiracistes autoproclamés d’Hollywood : plutôt que de coller des chevaliers de la table ronde blacks pour vous acheter une conscience, ce serait peut-être plus sympa d’éviter de nous servir ce genre de rôle de noir gaffeur. Attendez, correction : ce serait mieux d’arrêter de faire des films en fait. C’est plus sûr.

Mais revenons à nos héros, qui courent dans les rues de la ville abandonnée alors qu’arrivent au-dessus d’eux des drones armés de la TRF. Passons sur les multiples acrobaties et fusillades pour détruire les drones, et savourons comment, finalement, et selon les plans, la ville est abandonnée, puis en fait non puisqu’on y voit des gens y vivre ou y faire le ménage, puis à nouveau non et…

217 millions de dollars pour ce film, et voilà.

À peu près n’importe quelle scène de baston du film. Explosions, étincelles et impossible de savoir ce qu’il se passe.

Au beau milieu des combats, Cade s’aperçoit cependant qu’en plus de ces soucis de figurants, il se passe d’autres choses suspectes. Comme par exemple, le mystérieux médaillon reçu plus tôt dans le film qui s’active, comme pris d’une vie propre, et se met à lui courir sur le bras avec de petites pattes, ou à se faufiler juste là où il faut pour dévier une balle. Cade commence à gueuler que eh, oh, ça suffit, tu me fais des guilis, uhuhu, quand soudain, alors que les drones de la TRF sont vaincus, il tombe au beau milieu d’un immeuble vide sur Cogman, un robot humanoïde à taille humaine, avec un style de majordome, et qui lui, n’a pas l’air de vouloir lui sortir les tripes à la ponceuse comme un vulgaire Decepticon.

« Ecoute-moi bien Cyber Alfred, je ne sais pas ce que tu veux, mais tu vas te barrer parce que c’est pas le moment !
– Si, c’est le moment, Monsieur. Voyez-vous, si tout le monde vous en veut, c’est à cause de ce médaillon mystérieux. Il s’est attaché à vous et ne vous quittera plus jusqu’à la fin de votre quête. C’est comme cela que je vous ai retrouvé. Mon maître attendait ce jour depuis bien longtemps. Suivez-moi, et montez dans cet avion géant posé juste à côté de la ville que personne n’avait remarqué alors que toute l’armée est là, en plus des Decepticons.
– Vous aussi vous avez remarqué comme tout le monde a l’air de ne jamais rien repérer dans ce film ?
– Pas même la réalisation, Monsieur.
– Bon ben d’accord. Je peux emmener Bumblebee avec moi ? C’est le moins armé de tous mes alliés mais le plus gentil, alors bon, j’imagine qu’au combat, ça compense.
– Faites, Monsieur, car l’avion est tellement grand qu’il a la place pour un robot géant. Allez, dites au revoir à vos amis et en route pour l’Angleterre ! »

Et Cade de s’exécuter après avoir dit au revoir à ses amis Autobots, ainsi qu’à Isabella. Mais pas à Jimmy parce que hihihi, il est trop con.

Et hop, en route pour l’Angleterre, sous les yeux des Decepticons, de l’armée et de la TRF, sans que personne ne se dise « Tiens, un aéronef géant non-identifié, si on réagissait ?« . Non. Tout le monde compte ses crottes de nez, et nos héros peuvent traverser l’Atlantique comme ça, hop, pépères. Le tout à bord d’un avion qui accessoirement, est armé : c’est connu, les pays du monde entier aiment laisser des aéronefs armés baguenauder dans leur espace aérien. J’ai connu des Super 5 plus contrôlées que cet aéronef.

Il n’empêche que toute l’équipe arrive en Angleterre, et se pose à proximité d’un joli petit château où ils sont accueillis par le patron de Cogman, Sir Burton, un aristocrate et ami des Transformers. Il en héberge d’ailleurs des plus ou moins récents, comme Bulldog, un Transformers qui a l’apparence d’un char britannique Mark I de la Première Guerre mondiale et… tire parfois accidentellement sur les gens.

Rien de grave, nous dit Sir Burton.

Bon. Ben je ne sais pas ce qui l’est alors.

Mais Sir Burton n’a pas prévu d’inviter uniquement Cade à sa table aujourd’hui. Non, il a quelqu’un d’autre au programme : Viviane, une professeure d’histoire dans une fac anglaise qui comme toutes les profs d’histoire, a l’air de sortir d’une soirée suspecte au casino, talons aiguilles de sept mètres de haut et robe d’escort-girl inclus (mes lectrices profs confirmeront que tous les jours, elles vont ainsi enseigner à des sixièmes déchaînés). Rien qu’à son allure, je peux déjà vous dire à qui elle fait des bisous à la fin du film, puisqu’on dirait que quelqu’un a volé le maquillage de Megan Fox pour lui tamponner la face avec. Mais voilà : alors qu’elle grimpait dans sa splendide voiture française de collection, voici que ladite voiture ouvrit d’elle-même la boite à gants, en tomba une mystérieuse invitation… et ladite voiture se mit à parler avec un fort accent français.

« Arrêtez de crier, bougresse ! Je vous emmène voir quelqu’un !
– Mais ? Qui êtes-vous ?
– Je suis un Autobot, n’ayez crainte !
– Comment dois-je vous appeler alors ? DS ? Ma DS ? 
– Non, je suis une DS de combat. Appelez-moi… P’tit Clamart. »

J’en profite tout de suite pour vous faire une sombre révélation : P’tit Clamart est joué par… Omar Sy. Voilà voilà. Pas sûr que ça apparaisse sur son CV. Il n’empêche que P’tit Clamart emmène notre héroïne jusqu’au château de Sir Burton, où tout le monde est ainsi réuni. Et évidemment, dès le début Viviane déteeeeeste Cade, qu’elle trouve rustre et de manière générale, américain, ce qui est déjà beaucoup dire. Sir Burton a tôt fait de calmer les esprits de tout le monde en proposant une petite visite du château où il présente d’autres robots qu’il planque chez lui, comme un minuscule robot-montre « qui est celui qui a tué Hitler« . D’ailleurs, révélation : Sir Burton évoque que Bumblebee en personne a combattu les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

« Avant d’être votre ami, ce robot était déjà là, Cade. Il a combattu dans une unité spéciale américaine. Voyez plutôt ce flashback où on l’aperçoit attaquer un QG nazi.
– Impressionnant ! 
– Oui, je fais super bien les flashbacks de choses que je n’ai pas vécues moi-même. Mais vous avez l’air perplexe ?
– C’est-à-dire que si les armées de l’époque employaient des Transformers… il y a dû y en avoir chez les nazis aussi, non ?
– Je… écoutez, Panzer Prime s’est retiré en Argentine, quant à Zyklon Truck, je préférerais que l’on n’en parle pas. »

Soit. Passons.

Notez que cette scène reste toujours plus réaliste que Battlefield 5.

Sir Burton poursuit en tout cas en expliquant que les Transformers ont toujours été là historiquement, et que les plus grands chefs de ce monde ont aidé à les protéger depuis la nuit des temps. Et que la famille de Sir Burton s’est toujours consacrée à cette tâche.

« … c’est pour cela qu’on stocke plein de jolis souvenirs ici. Comme là, des œuvres de de Vinci traitant des Transformers, là une photographie d’un Transformer durant la Guerre de Sécession, et pis là, bon, ben c’est la Table Ronde. Qui veut un café ?
– Attendez ! La Table Ronde ?
– Hein ? Oui, elle est là. On peut prendre le café dessus si vous voulez. Moi une fois, j’ai fait venir une danseuse, eh ben j’peux vous dire qu’y a pas que la table qui était r…
– Non, écoutez, vos histoires de vieux cochon, on s’en fout ! La Table Ronde est chez vous, vraiment ?
– Oui. C’est ici que prirent place les 12 chevaliers de la Table Ronde. Eux-mêmes épaulés, chacun, par l’un des 12 chevaliers Transformers. Qui virent dan cette alliance l’union parfaite entre les robots et les hommes. Mais la légende dit que viendrait un jour un ultime chevalier. Qu’il serait choisi par ce médaillon. Ce médaillon que vous portez, Cade. Vous êtes le dernier chevalier de la Table Ronde. Et croyez-bien que ça me fait mal au popo d’apprendre que l’ultime chevalier est un Texan avec une coupe à la con.
– Oh, hé, ça va aller oui ? »

Mais Sir Burton se fait soudain plus sombre.

« Écoutez les kikis, je ne vais pas y aller par quatre chemins, si je vous ai fait venir, c’est parce que c’est un petit peu la merde. La planète Cybertron est en train de nous arriver droit dans la mouille, et vous savez pourquoi ? Car les vilains Transformers vivant encore sur cette planète ruinée veulent retrouver le sceptre. Le sceptre de Merlin. Qui lui fut donné par les douze chevaliers qui le protégeaient. Grâce à ce sceptre, qui fut combiné à l’ADN de Merlin pour que seul lui puisse l’utiliser, il pouvait commander aux douze chevaliers, qui disposaient du pouvoir de se combiner en dragon et…
– Vous réalisez à quel point c’est complètement con ?
– Oui je sais, des chevaliers qui se grimpent mutuellement, ça a plus de chance de finir en soirée Jacques de Molay qu’en dragon. 

– Non, ce que je veux dire, c’est que si les chevaliers pouvaient faire ça tout seuls, à quoi sert le sceptre ? Ils ne pouvaient pas juste aller aider ce brave Merlin, combinés ou non, au lieu de lui filer leur relique la plus précieuse pour l’agiter comme un zazou dans la campagne ?
– … ahem, broum broum, je n’ai pas fini mon histoiiiire alors oublions cette interruption ! Merlin a été enterré avec son sceptre. Or, seul quelqu’un ayant son ADN peut l’utiliser. Et cette personne, c’est vous, Viviane. La dernière descendante de Merlin. Et votre vieux père devait savoir où se trouvait le sceptre. Nous avons donc besoin de vous pour l’utiliser… et sauver la planète ! »

Fort bien.

Et sinon, puisque vous n’avez pas le sceptre, justement, comment pouvez-vous savoir qu’il a bien été enterré avec Merlin ? Et mieux encore, qu’il fonctionne avec l’ADN de celui-ci ? Hmmm ? Il aurait fallu, je ne sais pas, moi, étudier le sceptre pour cela ?

Mais avant qu’on ne puisse souligner ce petit problème, voici que le château de Sir Burton est soudain encerclé par la police et des troupes de la TRF : ils ont retrouvé nos héros et comptent bien les arrêter parce que ça suffit maintenant les conneries ! Heureusement, il se trouve que P’tit Clamart dispose d’un pistolet qui crée une bulle ralentissant le temps. Ce qui est très pratique, par exemple pour permettre à nos héros de fuir, ou bien pour calmer les enfants hyperactifs. Ce second point fonctionne aussi avec les pistolets classiques, mais là n’est pas le sujet.

Tout le monde parvient à fuir jusqu’à Londres, où ils se divisent en deux groupes : Cade et Viviane se rendent dans l’ancien bureau du papa de Viviane, resté bien évidemment en l’état depuis des années, pour y chercher un indice sur où se planquerait le sceptre de Merlin. Sir Burton et Cogman eux vont récupérer à la bibliothèque du coin une information laissée par un contact… et de poids. Puisque d’après de vieux documents, il était prédit que Cybertron s’approcherait de la Terre. Pour venir en sucer toute l’énergie et se reconstituer ! Heureusement, la Terre, qui répond au nom d’Unicron selon les anciens textes (oui, la planète entière est un truc suspect), se fait pousser des cornes pour repousser les emmerdeurs de l’espace. C’est ça, ces structures métalliques géantes qui poussent un peu partout dans le monde ! Et si l’on forme un cercle avec ces cornes, et que l’on regard au beau milieu… on trouve Stonehenge ! Donc, pour repousser Cybertron, il faudrait se tenir là avec le sceptre de Merlin, et paf, pastèque.

Pourquoi est-ce que tout cela est à la fois inutilement compliqué et formidablement débile ?

Viviane et Cade, eux, finissent par trouver l’indice sur où se planquerait le sceptre de Merlin : dans un vieux livre d’enfance de Viviane, il y avait écrit sous une tirette d’une page en 3D « Salut c’est papa, si tu cherches le sceptre par exemple parce qu’une planète géante foncerait vers nous, va au musée de la marine et trouve le S.S Ploufy. Bisous, papounet« . Sinon, tu n’aurais pas pu tout simplement dire à ta fille où chercher en cas d’urgence ? Hmmm… non. Planquer des indices dans des livres pour enfants sans prévenir leur propriétaire, c’est tellement plus drôle.

* * *

Dans une réalité alternative un peu plus crédible.

« Viviane, et si votre père avait caché un indice dans vos vieilles affaires ?
– Celles que j’ai vendues sur le bon coin il y a quinze ans ? »

Cette réalité alternative s’acheva peu après ce dialogue, lorsqu’elle reçut Cybertron en plein dans la face.

* * *

Reprenons.

Tout le monde fonce donc se réunir au musée de la marine, malgré les autorités locales, la TRF et même les Decepticons qui se pointent pour les en empêcher. Mais grâce à moult cascades, nos héros arrivent en premier au musée de la marine et au S.S Ploufy, un sous-marin ouvert aux visites. Et qui s’avère être un Transformer, bien évidemment.

« Bon ben moi, j’me casse. » annonce Sir Burton.

En effet, estimant qu’il sera plus utile ailleurs, notre héros laisse Cade et Viviane à bord du S.S Ploufy, ce qui laisse quelque peu dubitatif quant à pourquoi il a risqué sa vie en moult cascades pour rejoindre ses amis, juste pour leur dire « En fait non, je ne viens pas« . Quelle efficacité ! Heureusement que chaque minute compte. En lieu et place, Sir Burton se rend chez le Premier Ministre britannique, puisqu’il connait une entrée secrète jusqu’à son bureau (c’est ce qui permet à des farceurs, depuis un moment maintenant, de piquer le peigne de Boris Johnson dès qu’il le pose sur son bureau) pour lui dire qu’il a des infos chaudes patates sur la fin du monde qui se profile. Et a besoin d’aide pour l’éviter.

Sir Burton, ici se dépêchant de rejoindre ses amis pour leur dire qu’il ne les rejoint pas.

Pendant ce temps, à bord du S.S Ploufy, Cade et Viviane se tournent gentiment autour (quelle surprise !) pendant que Cogman, resté avec eux, leur prépare un dîner romantique aux chandelles afin d’aider, probablement pour s’assurer que l’ADN de Merlin connaitra une génération de plus. Bumblebee, accroché à l’extérieur du sous-marin, voudrait bien taper au hublot pour prévenir Cade que Cogman a glissé suffisamment de viagra dans son verre pour mêler astucieusement ivresse des profondeurs et priapisme, lorsque voici que le S.S Ploufy arrive à destination : l’antique vaisseau englouti des chevaliers Transformers.

« Mais ? Il n’était pas à la surface au début du film ? Vous savez, quand Merlin est venu lui rendre visite ?
– Ah oui tiens, flûte. Bon, on va dire qu’il a bêtement glissé de sa falaise, et paf, il est tombé par 4 000 mètres de fond. »

Ça arrive. Tenez, ma dernière maîtresse, pareil. On était dans le jardin, elle a glissé, et ça alors ! On l’a retrouvée au fond d’un lac avec des chaussures en béton. Les accidents. C’est comme ça.

Hem.

Le S.S Ploufy rentre dans les anciens hangars du vaisseau, et ça tombe bien dites-voir : il y a de l’oxygène à volonté là-dedans… oh, et bien sûr, des torches et flammes pour donner à l’antique vaisseau un côté tombe oubliée. Flammes qui brûlent donc depuis 1600 ans dans une poche d’air, je note, je note. Nos héros partent explorer le bousin, ignorant qu’ils ne sont pas seuls : la TRF a réussi à envoyer une paire de commandos en petits sous-marins les suivre, et un mystérieux robot se joint lui aussi à la fête, mais lui reste dans l’ombre et a l’air d’être là pour son propre compte. Notre duo de choc Cade-Viviane arrive cependant jusqu’à la tombe de Merlin puisque oui, il est enterré… dans un vaisseau Transformers submergé. C’est bien normal. Mais bon, hein, on parle de Merlin, alors laissons les normes de côté, et zou, ouvrons la tombe pour y trouver un cadavre drôlement bien conservé ! Mort, certes, mais limité momifié. Et il tient entre ses mains un sceptre…

… que Cade attrape et balance par terre en gueulant comme un putois.

« Ouah, heu, trop nul ! C’est quoi cette merde ? Un sceptre en bois ? On n’est pas venus pour ça ! Allez, on s’en va ! »

Que ? Pardon ? Écoute pépère, il va falloir nous expliquer un truc ou deux, comme :

  1. D’où tu sais que le sceptre n’est pas en bois, tu n’en as aucune description ?
  2. Merlin s’est fait enterrer avec ce sceptre, donc p’têtre qu’il a quand même un vague intérêt ?
  3. Dis-donc Viviane, toi qui es historienne et descendante de Merlin, ça ne t’emmerde pas ce rabouin qui pille la tombe et balance les reliques de papy partout ?

Mais non. Nous sommes en présence de deux neuneus d’un tel calibre que même le gouvernement français n’en voudrait pas comme porte-parole, et c’est déjà dire beaucoup. C’est donc avec un bol incroyable que finalement, Viviane se décide à ramasser le sceptre et… pif pouf ! Il change d’apparence sous ses doigts et se transforme en sceptre métallique !

« Ah ben dis, heureusement qu’un gros con ne l’a pas malmené, c’était bien le vrai sceptre !
– Aha heu… oui, quel coup de chance ! »

Sauf que l’activation du sceptre et tout le bruit causé par nos amis éveillent d’anciens robots endormis, qui se mettent à courir partout en hurlant « Protégeeeer le sceeeptre !« . Heureusement, la TRF arrive avec ses légendaires armes qui ne font rien aux Transformers (c’est la seule unité spécialisée qui n’a pas d’armes adaptées à ses cibles, c’est bien fait), mais finalement, le mystérieux robot aperçu plus tôt arrive et découpe tous les méchants avant de s’avancer dans la lumière et…

« Optimus Prime !
– Non ! Je me nomme désormais Némésis Prime ! Et vous allez me donner le sceptre !
– Optimus, non ! Ce n’est pas toi ! C’est impossible ! Optimus, il est aussi gentil qu’il est neuneu ! Soit trèèèèès gentil ! Alors que toi… bon, tu es neuneu aussi, mais méchant ! Optimus, tu n’es pas Optimus !
– Même que si c’est moi. Bon, maintenant, donnez-moi le sceptre ou je vous malaxe les gencives avec mon poing de la taille d’un Twingo.
– Dit comme ça, tenez Monsieur Prime. Et bonne journée bien sûr. »

Et Optimus de partir avec le sceptre, hop. Il est temps, car tout le vieux vaisseau est en train de se réactiver et de remonter à la surface, et ses chevaliers endormis, de se réveiller. Optimus s’apprête à se barrer avec le sceptre sitôt que le vaisseau a fait surface, lorsque soudain, Bumblebee arrive pour l’arrêter. Évidemment, c’est la bagarre, ça fait zouiiiizkronkron dans tous les sens, et finalement, Bumblebee arrive à faire revenir Optimus à lui en invoquant le pouvoir de l’amour et de l’amitié (comprendre qu’il lui dit « Allez steuplé fépataput‘ » et hop, c’est bon).

Personne ne l’avait vu venir !

Mais ce que personne n’a vu venir non plus, c’est Mégatron qui en embuscade, attendait, débarque, castagne qui de droit, s’empare du sceptre et redécolle aussitôt sous sa forme d’avion, ce qui est quand même plus pratique que, je ne sais pas moi, un robot qui peut juste se transformer en Citroën DS. Le sceptre est donc perdu, et Mégatron peut le rapporter à Qintessa, la méchante de Cybertron dont la planète est désormais toute proche. Planète qui déploie de gigantesques pinces grosses comme des villes entières qui se plantent dans la Terre pour commencer à lui sucer la moëlle, ou un truc du genre.

Pardon ? Ça devrait causer quelques petits problèmes environnementaux, tout ça ?

Pfff. Vous n’y connaissez rien. Si faire rentrer des objets géants dans l’atmosphère avant de les écraser par terre avait de vagues conséquences, ça se saurait.

Je vous mets une image de dinosaure Transformers. Comme ça. Aucun rapport avec la phrase précédente.

Mais, revenons à nos héros.

Au sommet du vieux vaisseau Transformers, Optimus enrage donc, se demandant en substance comment il a pu se laisser hypnotiser par l’autre truffe de nymphe mécanique. Et accessoirement, décidément, pourquoi elle a attendu 1600 ans pour se remuer le cucul alors qu’elle pouvait venir pourrir la Terre quand elle le voulait. Les chevaliers Transformers du vaisseau fraîchement réveillés, eux, s’en moquent : Optimus est venu, a tabassu et est repartu avec le sceptru, aussi c’est un traître et ils le condamnent à mort. Mais alors que les chevaliers s’apprêtent à abattre une lame géante sur sa nuque d’acier… voilà que le médaillon de Cade, présent à cet instant, s’agite, se transforme en épée qui saute dans la main de Cade, et lui permet d’arrêter 30 tonnes de métal lancées à pleine vitesse, et ce, d’une main s’il-vous-plaît !

« Diable ! Il a Excalibur ! C’est l’un des nôtres ! » disent les chevaliers robotiques « Bon ben on ne va pas tuer Optimus Prime si tu nous dis de ne pas le faire, ça roule. »

Quel dommage que le médaillon ne se soit pas transformé en épée surpuissante les 122 fois précédentes durant le film durant lesquelles Cade aurait bien eu besoin d’une arme capable de meuler du robot. Mais bon, l’épée cheatée qui n’arrive qu’à la fin du film alors que le héros l’avait depuis des plombes, c’est un classique des films de robots : souvenez-vous de Pacific Rim.

Toute l’équipe est cependant bientôt rejointe par un vaisseau Autobot dans lequel se trouvent tous ses amis qui vivaient dans sa casse automobile (y compris Isabella : toujours amener une gamine de 14 ans à la guerre, on ne sait jamais, en cas de problème, on peut peut peut-être s’en servir de stock d’organes), et hop : tout le monde grimpe à bord et fonce en direction de Stonehenge pour tenter d’arrêter Mégatron, qui s’y trouve avec quelques alliés et surtout, le sceptre.

Pas de bol pour Mégatron, sur place l’attendent Sir Burton et l’armée britannique, puisque l’ami Burton avait demandé de l’aide au Premier Ministre anglais. Souvenez-vous. Les perfides Anglais parviennent donc à faire bobo aux vilains, mais comme toujours, pas plus que ça puisque une fois de plus, quand le film n’a pas envie de tuer un robot même les missiles ricochent sur lui alors que deux scènes plus loin, un gros caillou mal placé le brisera en deux. Toujours est-il que Mégatron apprécie moyennement l’accueil, et envoie un gros obus dans la face de Sir Burton qui avait intelligemment décidé d’attaquer ses ennemis seul, à découvert, et seulement armé d’une canne fusil. Il en meurt.

C’est mérité.

Profitant cependant d’un problème de raccord entre deux scènes, Mégatron se trouve soudain téléporté sans aucune explication sur Cybertron, où il rejoint sa patronne, Qintessa, pour lui donner son sceptre.

C’est… pratique.

« Voilà Madame. 
– Excellent ! Seule mwamême et la descendante de Merlin pouvons l’utiliser. Donc protégez-moi pendant que j’invoque son pouvoir pour sucer l’énergie de la Terre et commencer à reconstituer notre planète ! »

Et hop, des éclairs, des bruits sourds, et c’est parti : Cybertron commence à se reconstituer, ce qui ne se fait pas sans quelques petits déchets, genre des bouts de planète en ruine qui pendouillaient qui tombent sur Terre. Et qui va encore devoir ramasser après, hmmm ?

À noter que rien de tout cela ne perturbe le réseau 4G, puisqu’alors que nos héros grimpent tous à bord du vaisseau Autobots avec des militaires pour aller trouver Qintessa sur Cybertron pour lui refaire la margoulette au calibre 50, Cade envoie sans problème un SMS à sa fille qui vit à l’autre bout du monde.

« Agad’ dans le ciel, papa va déboulonner du migrant mécanique ;) :p »

Ah, ça. Je ne vous cache pas que Cade ne vote pas Benoit Hamon. Ce qui lui fait un point commun avec 94% des gens, mais tout de même, c’est un peu rude.

Voilà. Cela étant fait, en route ! Le plan est simple : par un incroyable hasard, il se trouve que Qintessa a sa planque dans un bout de Cybertron… qui pendouille dans l’atmosphère terrestre. Comme c’est pratique ! Les Autobots vont donc, avec leur vaisseau, survoler le bidule, larguer des appareils volants de l’armée juste au-dessus pour qu’ils puissent venir s’y écraser, car à cette altitude, leurs rotors ne leur permettent pas de se maintenir en l’air et…

Aaaattendez : est-ce que le plan est de larguer des véhicules qui volent mal pour qu’ils s’écrasent ? Et ce depuis un vaisseau volant qui LUI fonctionne bien ?

Oui.

Je… je crois que quelqu’un avait envie d’une scène de crashs en série et s’est fait plaisir. Que voulez-vous que je vous dise ? Nous en sommes là. Et donc, soit : le vaisseau Autobot survole la zone qui pendouille dans l’atmosphère, largue les appareils humains qui ralentissent à peine leur chute, et pouf, tous viennent s’écraser sur ce qui ressemble à un bout de plaine flottant au milieu du ciel. Et en sortent sans même une égratignure soldats comme Autobots pour aller affronter les méchants Decepticons de Qintessa qui gardent le secteur.

Bon, ce qui est très con sachant que les humains n’ont, encore une fois, apporté que de petits fusils qui font juste des étincelles en touchant l’ennemi. Que c’est utile ! La prochaine fois, essayez directement d’uriner sur l’ennemi : avec un peu de bol, il finira par rouiller, et ce sera toujours plus efficace que vos pétoires.

Heureusement, alors que nos amis ne parviennent pas à avancer malgré le renforts de quelques Autobots, Optimus Prime débarque avec… les douze chevaliers combinés en dragon (je… je me relis et tout cela est tellement absurde, même à écrire) parce qu’il s’est dit « Eh les mecs, désolé pour tous vos morts, j’avais oublié qu’on avait un dragon géant blindé à disposition, huhuhu ! Ah et les 12 chevaliers aussi avaient oublié qu’ils pouvaient faire ça. C’est pas grave, vous ne nous en voulez pas, pas vrai ? »

Non, je veux dire, ça arrive : qu’est-ce que c’est que quelques millions de morts sur Terre pendant ce temps à cause d’un oubli qui a fait perdre quelques minutes d’apocalypse planétaire ?

Et d’ailleurs, c’est encore une preuve qu’il n’y avait en fait aucun lien entre ce dragon d’acier et le pouvoir du sceptre, puisque bien que ce soit Qin qui détient le sceptre, le dragon formé des douze chevaliers combinés est du côté des héros. Ce qui ne fait qu’appuyer l’incohérence du début du film : filer le sceptre à Merlin ne servait en fait à rien.

C’est donc parti, et je vous passe les détails, mais ça fait zouiiiizkronkron dans tous les sens, la plateforme qui pendouillait dans le vide bascule suite à une explosion, les gens glissent, tombent, s’envoient des patates et autres rafales… mais Cade et Viviane parviennent jusqu’au cœur du dispositif ennemi, où les attend Qintessa, Encore plus de zouiiiizkronkron  et voilà que non seulement Optimus Prime bourre la gueule de cette coquinette de Qintessa, ce qui permet à Bumblebee de la buter (les Autobots n’aiment pas trop faire de prisonniers, je note), mais que Viviane parvient à récupérer le sceptre, stopper le transfert d’énergie entre la Terre et Cybertron, et yay ! Tout le monde est sauvé !

Enfin heu… aaattendez, il y a toujours une planète collée à la Terre, et désormais, sans personne pour vaguement la contrôler et éviter qu’elle ne rentre violemment en collision avec sa cible, non ?

Eh bien non. Pouf pouf, c’est magique. Cybertron reste juste là, comme ça, bien attachée à notre vieille Terre, sans bouger.

Tout le monde peut donc être heureux, Cade et Vivianne se faire des bisous que personne n’avait vu venir (je sais, c’est fou), et Optimus Prime tenir son petit discours final sur le thème de « Maintenant, nos deux planètes sont unies ! Réparons-les ensemble et vivons en bonne entente ! »

Nul doute que deux planètes accrochées l’une à l’autre, ça ne va poser aucun problème. Quelque chose me dit que l’hiver va être long cette année et…

… FIN !

« Vous inquiétez pas, ça va pas tomber, on mettra un peu de scotch et puis voilà. »

Mais rassurez-vous, nous avons comme le veut la mode, une petite séance supplémentaire où l’on aperçoit Qintessa, déguisée en humaine qui a survécu en… heu… probablement en se cachant dans le script, qui rencontre un humain près des immenses structures métalliques sorties du sol plus tôt dans le film. Et lui propose de l’aider à les ratiboiser puisque ce sont des bouts d’Unicron, la Transformers qui n’est autre que la Terre elle-même, ou quelque chose dans ce style ! Mais pourquoi un humain ferait ça ? Avant que celui-ci ne puisse lui répondre qu’elle est décidément bien stupide, la madame, le film s’arrête cette fois pour de bon, sur cette promesse…

… d’un sixième épisode !

J’ai bien envie de dire : zouiiiizkronkron.


Pour conclure, laissez-moi partager avec vous la critique de Libération, qui a attribué la note de 1/5 au film.

« Pourquoi vous plaignez-vous, Monsieur Connard ? Ne vont-ils pas dans votre sens ? » me direz-vous.  Eh bien, parce que voici la critique en question :

Le film impitoyablement bavard finit quand même par se taire quand se lève l’espèce de bouquet final où semble se déchaîner, comme en libre parcours de poulets décapités, l’armée des graphistes numériques griffant nerveusement la palette graphique entre agonie et orgasme.

Je répète.

Le film impitoyablement bavard finit quand même par se taire

Le problème de ce film, selon Libération, était donc… qu’il y avait trop de dialogues.

J’en reste sans voix.

Aidons le cinéma français

$
0
0

La critique est facile, l’art est difficile.

Vous connaissez cet adage, et pourtant, vous voici en ces lieux, prêts à vous moquer d’autrui. Oh, je ne suis pas fier de vous ! Certes, la dernière cérémonie des Césars a beaucoup fait parler d’elle, mais entre nous, qui a véritablement proposé quelque chose pour améliorer les choses ? Car comme le disait la brillante Corinne Masiero :

Les paroles, on s’en fout. Moi, je m’en fous complètement. Maintenant, c’est des actes.

Un propos d’autant plus brillant qu’il n’avait été suivi d’aucun acte de la part de son auteur. C’est donc par cette puissante saillie que la carapace de moqueries de votre serviteur a été percée, et qu’il a décidé qu’en effet, il était temps d’agir. Non, nous ne pouvons pas laisser le cinéma français ainsi.

C’est pourquoi, et pour faire gagner du temps à tout le monde, j’ai décidé de contribuer, à ma petite échelle, à cette grande cause.

Voici donc deux documents qui, je n’en doute pas, aideront la cause. Pour commencer, un tract à déposer sur les chaises à toute cérémonie des Césars, pour aider à son amélioration. Inutile de me remercier : j’aime aider mon prochain.

Je vous le dis, j'aime aider mon prochain.

Et puis, nous le savons, le cinéma français, c’est surtout une exception culturelle qui permet de varier les sujets, de prendre des risques, de ne jamais être là où on l’attend. Et comme la jeune génération s’y intéresse trop peu, et préfère rester sur les réseaux sociaux à découvrir « À quel âge vas-tu te marier en fonction de la première lettre de ton prénom ? » je me permets, en humble vulgarisateur, de faire se rencontrer ces deux mondes avec le document suivant, qui permettra à tous de découvrir la richesse culturelle de notre industrie. Et à certains réalisateurs de gagner du temps, ne le cachons pas.

Vous pouvez cliquer pour agrandir la bête.

Voilà. J’ai fait mon devoir.

Et ne critiquez pas mon travail : c’est de l’art. Alors si vous n’êtes pas d’accord, relisez la citation en début d’article, non mais.

Wander Woman 1984

$
0
0

« Diego ! Il est là ! Regarde, il est là ! »

D’un œil dubitatif, Diego suit la direction pointée par mon doigt tremblant pour découvrir sur l’écran l’affiche de Wonder Woman 1984. Ses yeux reviennent vers votre serviteur, et lui font comprendre qu’il ne voit pas bien le motif de pareille excitation.

« Le dernier Wonder Woman ? Et alors ?
– Je… il est enfin disponible !
– Mais ? Tout le monde l’a déjà vu en streaming, patron.
– Oui mais disponible légalement.
– Patron, vous tirez sur des enfants au fusil de chasse, vous enterrez des stagiaires dans les sous-bois et vous mentez comme un arracheur de dents, alors sans vouloir vous manquer de respect, pourquoi ne piratez-vous pas ?
– Eh bien parce que ce n’est pas pareil, Diego. Avec les cinémas fermés, je n’ai plus ce plaisir douloureux de régler mes quelques euros pour aller m’infliger une sombre daube. Si je ne paie pas, ça n’a pas la même saveur. Quand c’est gratuit et mauvais, tu as moins de raisons de te plaindre que quand tu as payé. Alors louer une daube, c’est retrouver ce plaisir distant.
– Ce confinement ne vous réussit pas, patron. »

Un bruit de verre brisé interrompt notre échange, lorsque le pauvre serviteur fait tomber le carafon de brandy et ses verres.

« Eh bien Diego ?
– Je posais machinalement le… patron, où est passée la table basse ?
– Elle télétravaille. »

Je désigne du doigt mon téléphone où l’ensemble de mon mobilier-stagiaire est sur Zoom pour la journée. Je soupçonne d’ailleurs mon bureau d’être parti se faire un café en prétextant une webcam défectueuse. Qu’importe.

« Bon, allez, c’est parti pour Wonder Woman 1984. Hop, je le loue et… voilà ! Comme au cinéma ! J’ai payé et je vais être déçu !
– Vous avez des goûts biz…
– Silence, Diego, ça commence ! Tiens, si pour l’ambiance, tu pouvais éteindre les lumières, entrer et sortir de la salle de temps à autres, et dérouler des papiers de bonbon le plus lentement possible en faisant « scritch-scritch », ce serait top. »

Diego s’exécute dans un soupir, et enfin, le film commence. Alors, Wonder Woman 1984, sauveur de la franchise DC ou énième bouse ? Ni une, ni deux, spoilons, mes bons !


L’affiche nous propose suffisamment de couleurs pour tuer un épileptique qui passerait un peu vite à côté.

Tout commence il y a fort fort longtemps, alors que notre héroïne, Diana, n’est encore qu’une enfant joufflue.

À l’époque, la donzelle vit sur l’île secrète de son peuple, où les fières Amazones s’entrainent à devenir de redoutables combattantes en participant à des jeux rituels qui sont quelque part entre un combat de gladiateurs, Intervilles et le Cirque du Soleil. Et vu comme certaines épreuves sont aussi improbables que dangereuses, j’espère que les Amazones ont un bon stock de spermatozoïdes surgelés, parce qu’il doit y avoir une sacrée mortalité infantile durant les premières années de vie de ces dames.

« Geneviève, ta fille est morte.
– Oh ! Mais c’est affreux ? Comment est-ce arrivé ?
– Elle est tombée de la balancelle géante de la mort durant nos entrainements rituels.
– Snif snouf… mais… pourquoi a-t-on une balancelle géante de la mort d’ailleurs ?
– … eeeeh bien imaginons que nous soyons attaquées… par exemple, au hasard, par une balancelle géante de la mort… »

Ne soyons pas mauvaises langues : des compétences pareilles peuvent amener à de fabuleux débouchés, comme une carrière dans les arts de la rue. J’attends avec impatience Wonder Woman fait du diabolo, Wonder Woman et les bolas enflammés, et bien sûr, Wonder Woman bidonne ses contrats d’intermittente à Avignon.

Toujours est-il qu’en ce temps là, Diana ne doit pas avoir plus de neuf ans, et veut participer à la grande course rituelle avec les jeunes adultes. Ce qu’elle fait avec brio durant une longue, loooongue séquence sans grand intérêt et aux obstacles toujours plus absurdes, durant laquelle Diana devance tout le monde tant elle est trop forte. Jusqu’à bêtement tomber de cheval – oui, notre larronne peut courir sur des balancelles de la mort ou faire des pirouettes de folie, mais faire du canasson sans se manger une branche dans la gueule, ça, non. Diana prend donc un raccourci pour finir la course, et juste au moment d’atteindre la ligne d’arrivée, elle se fait attraper par sa maman.

« Non Diana ! Tricher, c’est mal !
– Mais maman, j’avais presque gagné !
– Diana, rien de bon ne peut naître d’un gros mensonge.
– Comme la religion par exemple ? »

La mère de Diana est prise d’une inexplicable quinte de toux, et le film décide de nous emmener ailleurs dans l’espace et dans le temps : nous voici en 1984, à Washington, où nous retrouvons Diana, qui agit désormais comme justicière des rues sous le nom de Wonder Woman. Elle n’hésite ainsi pas ligoter des pickpockets, sauver des piétons d’une collision malheureuse avec un pare-chocs, et même à arrêter des braqueurs venant de piller l’arrière-boutique d’une bijouterie dans un centre commercial.

Une affaire rondement menée puisque Diana arrête les quatre braqueurs en question, sauve deux enfants dont un appeau à gifles, et remet le butin à la police. Non sans avoir détruit les caméras du centre-commercial autour d’elle.

« Bravo Wondère Woman.
– Je vous en prie monsieur l’agent, appelez-moi Wondère.
– Justement Wondère, j’avais une question pour vous : pourquoi avez-vous détruit les caméras ?
– Eh bien, pour ne pas qu’on me reconnaisse, bien sûr.
– Oui, alors à ce sujet, dans ce cas, ce ne sont pas les caméras qu’il faut détruire, mais les cassettes. Péter les caméras à la fin, en fait, ça sert à rien.
– Oh. Ooooooh.
– Et sinon, porter un masque pour éviter que les 400 témoins du centre commercial ne puissent vous identifier ? Sans compter les braqueurs qui se feront un plaisir de vous balancer puisqu’ils vous haïssent ?
– … écoutez, je… j’ai à faire.
– Un autre braquage ?
– Oui, voilà.
– Et sinon, à part faire la police dans un rayon de 3km autour de chez vous, avec vos pouvoirs, là, vous ne pourriez pas faire des trucs plus intéressants ? On est en 1984 là, on aurait bien besoin de quelqu’un comme vous pour calmer la situation en Afghanistan plutôt que d’arrêter Jojo le voleur de bijoux ou faire la sécurité routière.
– L’Afghanistan ? Allons ! Nos amis Talibans s’y débrouillent très bien, je ne vois pas pourquoi je devrais aller là-bas ! Tenez, écoutez, prenez cette photo dédicacée de moi-même posant devant le World Trade Center et arrêtez de m’enquiquiner. »

Et Wonder Woman de repartir.

On découvre alors le quotidien de notre héroïne, lorsqu’elle ne fait pas la justice dans la rue : une vie de solitude, puisque depuis la mort de son petit ami Steve dans le précédent film, elle vit seule et renifle à chaque fois qu’elle pense à lui (ce qui est très chiant au cinéma). Accessoirement, elle travaille aussi au musée du coin, où elle est experte en archéologie, anthropologie, et tautologie.

Et c’est justement au musée qu’elle va croiser la route d’une de ses nouvelles collègues : Barbara Gourde.

Barbara Gourde est ce que son nom indique. Si elle met des talons, elle fait « Holala non je trébuche ! », si elle prend une valise, elle fait « Holala non je l’ai ouverte en pleine rue sans le faire exprès ! » et si elle parle à quelqu’un, elle fait « Holala non » qu’importe le sujet, ce qui limite quelque peu ses interactions sociales. Évidemment, personne ne lui parle, personne ne l’aime, et quand elle se vautre comme une merde au milieu de ses collègues, ils détournent le regard et ne lui répondent même pas quand elle dit bonjour.

J’ai croisé des personnages plus complexes en regardant Hamtaro.

Evidemment, seule Diana a tout de suite vu que Barbara était une fille formidable et pas simplement Jar-Jar Blonde.

Et justement, alors que Diana aide Barbara Gourde à ramasser une pile de papiers qu’elle vient de faire tomber, voilà que la patronne du musée débarque.

« Diana, connaissez-vous une certaine Barbara Gourde ?
– C’est moi Madame ! Hihihi c’est tellement bien écrit, ma patronne qui ne sait même pas qui je suis !
– Oui, bon, super, écoutez Barbara : vous avez entendu parler de Wonder Woman arrêtant des braqueurs hier au centre commercial ? Bon, eh bien ils venaient de faire main basse sur le stock d’une bijouterie aux activités douteuses. Dans le tas, il y a une pierre qu’ils n’ont pas réussi à identifier. Pourriez-vous vous en occuper, Barbara ? Vous êtes cailloutologue, c’est ça ?
– Gemmologue.
– Cailloutologue, donc. Allez, identifiez-moi ça. »

Diana, qui a suivi tout l’échange, est intriguée. Ne me demandez pas pourquoi, puisqu’elle n’a aucune raison de l’être, et que le film soulignera par la suite qu’elle ignore tout de cette pierre, mais là, pif pouf, elle décide de suivre Barbara Gourde dans son bureau pour étudier le caillou avec elle. Elle comme ça Diana : plus scriptée qu’un jeu Activision.

Et c’est un fort beau caillou que nos deux amies découvrent, avec une espèce de bague gravée autour. Diana plisse les yeux très fort.

« Hmmm… c’est du latin. Cela signifie : Tiens la pierre, fais un vœu, et pif pouf c’est magique. »

Attention, jeu.

Qu’auriez-vous répondu à Diana ? Prenez quelques secondes. Voilà. Vous êtes prêts ? Alors voici la réponse de Barbara Gourde :

« WOUAH TU LIS LE LATIN ? »

Vraiment. La donzelle bosse dans un musée, a sa collègue du service archéologie dans le bureau, et pour elle, le truc le plus épatant ce n’est pas une pierre magique inconnue qui parle d’exaucer les vœux, non, c’est que Diana ait un niveau de latin troisième.

De toute manière, Barbara et Diana décident que boh, en fait, cette pierre, c’est sûrement une arnaque, oublions-là. Heureusement, un collègue qui passait par là et les a entendues s’approche, touche la pierre, s’exclame « Ah, moi, mon vœu, ce serait un bon café ! » et quelques secondes plus tard, un type rentre dans le bureau en annonçant… qu’il a un café en rab.

C’est incroyable.

Je veux dire : c’est incroyable qu’un professionnel vienne tripoter des échantillons inconnus avec ses gros doigts et sans autorisation. Sortez de ce musée, Monsieur. Et oui, vous pouvez emporter votre café.

Diana, à son tour, se saisit de la pierre, et ferme les yeux en faisant silencieusement un vœu : après-tout, ça ne coûte rien d’essayer. Un vent étrange agite ses cheveux, mais rien de plus. Barbara, elle, se contente de ranger la pierre dans une boite, en s’exclamant que héhéhé, elle a trop de vœux pour choisir, et puis bon, c’est sûrement juste une coïncidence !

Oui, comme le vent mystérieux dans les cheveux de Diana quand elle a fait son vœu. Moi aussi, quand quelqu’un touche un objet inconnu supposément magique et qu’un vent mystérieux se lève dans la pièce, je me dis que c’est sûrement l’émotion qui lui cause des problèmes gastriques.

En tout cas, Diana et Barbara ayant fraternisé autour du caillou magique, toutes deux vont prendre un verre après le boulot.

Je vous passe la conversation que l’on peut résumer ainsi :

« Holala Diana je suis trop jalouse de toi, tu es trop cool et tout le monde t’aime !
– Oui et moi j’envie ton… euh… taaaaa… personnalité, ma belle. »

Je rappelle la règle du jeu : quand une vos copines poste dans vos commentaires Facebook « Tu as vraiment une très belle personnalité, ma belle », elle aurait pu écrire « Gros boudin ! » qu’on aurait gagné du temps.

« Ahaha, mais oui bien sûr que moi aussi je suis jalouse de toi ma chérie, tu es splendide, par contre si tu pouvais partir payer avant moi pour qu’on ne pense pas qu’on est amies, ce serait super. »

Toujours est-il qu’après un bon repas, il se fait tard et il est temps de rentrer chez soi. C’est donc seule que Barbara fait un petit détour par un parc pour aller y apporter un repas chaud à un clodo black qu’elle connait bien, car Barbara est comme ça : tournée vers les autres. Mais hélas pour elle, alors qu’elle reprend sa route, c’est là que surgit la lie de nos sociétés, l’avatar de l’insécurité moderne…

Un homme blanc cis hétérosexuel en costume de ville ! Et si ça se trouve, catholique avec ça ! La terreur de nos nuits.

Car comme tous les hommes blancs en tenue de cadre, le bougre attend la nuit venue dans les parcs pour agresser les jeunes femmes. Mais hélas pour ce faquin, s’il commence à agresser Barbara, il n’a pas le temps de finir car Diana surgit de nulle part et lui pète la gueule en deux temps trois bourre-pifs.

« Barbara, tu vas bien ? Je suis désolée ! Les rues ne sont plus sûres avec ces bandes de cadres du tertiaire qui y rôdent !
– Non ça va mais… comment l’as tu fait voler si loin en un seul coup ?
– C’est… euh… du judo. Voilà. J’ai utilisé sa force contre lui.
– Grosse force le Monsieur. »

L’incident est clos, et Barbara décide finalement de rentrer… au musée ? Mais ? Que ? Et ton chez toi ? Non ? Non. La bougresse va dans le musée désert, étudie la pierre magique parce qu’elle n’a rien de mieux à faire, et alors qu’elle l’a entre ses mains, fait un vœu :

« Oh, que je souhaite être comme Diana ! Forte, sexy, cool et… spéciale ! »

Et peu après avoir fait ce vœu, épuisée, Barbara s’endort.

À son réveil…

Que ? Oh non. Non non non, je vous vois venir, messieurs. Oui, elle a souhaité être sexy. Mais non, à son réveil, elle n’a pas pris cinq bonnets de soutien-gorge. Non, en lieu et place, elle…

Seigneur, j’ai l’impression de parler d’une comédie romantique pour adolescents.

Elle a détaché ses cheveux et ôté ses lunettes. Voilà, c’est tout. Oui, comme dans les films foireux où on vous présente une damoiselle comme hideuse alors que tout le monde peut voir que c’est une bombasse de compétition, mais avec un appareil dentaire, d’énormes verres correcteurs et un gros pull en pilou.

D’ailleurs, pour vous dire à quel point c’est nul, même Barbara ne remarque aucun changement. Non, à la place, elle change de vêtements, et pouf, voilà, ayé, tout le monde la désire comme le dernier Pim’s à une partie de Donjons & Dragons.

On sent le gros travail derrière le film.

Mais donc, voici qu’à son réveil, Barbara étant au musée, on vient la déranger : c’est sa patronne qui lui présente Max Lord, le patron d’une compagnie pétrolière qui souhaiterait financer le musée. Et la conservatrice en chef souhaite que Barbara lui fasse faire un tour du propriétaire, histoire qu’il puisse découvrir la superbe collection de cailloux du bâtiment.

Et parlons un peu de Max Lord.

Car si de prime abord, ce garçon semble être l’incarnation du winner un peu lourdingue qui veut étaler son pognon devant ces dames, on découvre que les coulisses sont fort différentes. Divorcé, papa d’un petit Alistair, sa société est en fait en train de couler, ses associés veulent se retirer, et c’est en réalité un arnaqueur de petite envergure qui fait mine de vouloir investir dans le musée pour une seule raison : il semble au courant de l’existence de la pierre magique qui pourrait régler tous ses soucis.

Un arnaqueur qui mise toutes ses billes sur une pierre magique ? Voilà qui me semble doucement ironique, mais passons.

Au passage, j’aimerais aussi saluer le personage d’Alistair, qui a probablement 10 ans à tout péter, et qui à un moment entend son père se disputer avec son associé. Et de grosses larmes commencent à couler sur ses joues. Pourquoi ?

« Papa, est-ce vrai que tu as fait une pyramide de Ponzi tout en investissant dans des terres non-rentables au motif qu’elles étaient moins chères sans avoir d’abord vérifié pourquoi d’autres compagnies pétrolières ne les avaient pas achetées avant, causant ainsi la ruine de ta compagnie ?
– Hein ? Attends, tu ne pleures pas parce que tu as entendu des adultes gueuler ?
– Non, je pleure parce que j’ai tout compris.
– NOM DE DIEU ALISTAIR TU AS DIX ANS ! À cet âge là, tu as déjà du mal à calculer la surface d’un rectangle, alors d’où tu comprends le problème d’une pyramide de Ponzi espèce de petit trou du cul ? »

Ah, l’enfant de film américain. Un jour, un scénariste verra un enfant de près et comprendra son erreur. Mais en attendant, on va continuer à se taper ce qui est plus proche d’un adulte d’un mètre quarante que d’un enfant. Passe-Partout, si tu m’entends, Hollywood t’attend.

Mais revenons à nos moutons.

Car pour s’emparer de la pierre magique, Max a un plan, que voici :

  1. Organiser une fête géante avec l’argent qu’il n’a pas
  2. Profiter de cette fête géante pour séduire Barbara en espérant qu’elle soit intéressée
  3. Proposer à Barbare d’aller se rouler des patins… dans son bureau, au musée. Rien de suspect.
  4. Lui demander de lui prêter la pierre comme ça, par intérêt historique, alors que c’est une pièce à conviction du FBI
  5. La ramener chez lui pour faire son vœu

Bon, il y avait un autre plan :

  1. Profiter de la visite du musée par Barbara pour aller dans son bureau
  2. Toucher la pierre et faire ton voeu

Voilà. C’est tout. Surtout qu’en tant que généreux donateur, tu avais toutes les bonnes raisons de pouvoir discuter dans le bureau, et si vraiment tu ne voulais pas qu’on te surprenne à faire un vœu, tu demandais à Barbara un verre d’eau et tu le faisais en son absence, fin de l’histoire.

Max Lord, un démagogue lourdingue avec une teinture entre le blond et le roux, obsédé par le pognon et le fait d’être un winner alors que c’est un loser, qui veut être président à la place du président… non, ce film est très subtil. Je dirais même qu’il me trompe. Qu’il me Donald Trompe.

Mais non, le premier plan qui coûte une fortune et est bourré d’obstacles, c’était vachement mieux.

Vous trouvez que c’est stupide ? Hohoho. Laissez-moi vous conter la suite directe.

Car le plan de Max fonctionne évidemment. Il ramène la pierre chez lui, s’assoit à son bureau, et là… là… à votre avis, que va-t-il souhaiter ? Attention, je vous le donne en mille :

« Je souhaite… ÊTRE LA PIERRE MAGIQUE ! »

Non mais… ce vœu foireux. Logiquement, avec ça, tu as 99% de chances de te retrouver transformé en caillou. Alors, c’est vrai, c’est pas mal la vie de caillou, tu as vachement moins de problèmes et en plus, tu peux te faire tripoter par ta gemmologue préférée toute la journée. Mais non, vraiment, sérieusement ? C’est ça le plan de notre larron ? Je ne cesse d’être impressionné par un tel niveau de médiocrité.

Mais le script étant ce qu’il est, voici donc que Max obtient les pouvoirs du caillou magique, qui lui, tombe en poussière.

Mais en parlant de vœu, ne vous ai-je pas dit que Wonder Woman en avait fait un plus tôt dans le film, sans qu’on en sache lequel ?

Revenons à la fête organisée par Max. Car même si Max n’y est plus, Diana, elle, y est encore. Et alors qu’elle s’y promène, elle est interpellée par un type qu’elle ne connait pas, mais qui lui semble la connaître et se montre particulièrement relou. Mais avant qu’elle ne puisse lui mettre un coup de savate dans une partie cocasse de son anatomie, l’inconnu lui fait comprendre qu’il n’est autre que Steve en lui glissant à l’oreille quelques secrets connus d’eux-seuls ! Son petit ami mort est là, revenu dans ce nouveau corps !

Diana n’en croit pas ses oreilles, et trop heureuse, quitte la fête avec lui.

« Steve, c’est incroyable ! Mais comment ?
– Je ne sais pas. Moi j’étais mort, et puis soudain, paf, je me réveille dans le corps de ce type-là, en 1984. Quel monde étrange ! J’ai vu des avions sans hélices !
– Oui !
– Et du cinéma en couleurs !
– Oui !
– Et en parlant de couleurs, j’ai vu des gens s’assoir sur les mêmes bancs que des nèg…
– APAPAPAP MONSIEUR 1918 ON SE CALME TOUT DE SUITE ! Écoute, changeons de sujet : c’est bien que tu sois là, et à vrai dire, je pense que ton retour est dû à un vœu que j’ai fait avec une pierre magique.
– Mais pourquoi suis-je revenu incarné dans le corps d’un autre type ? »

Je bluffe : Steve ne pose pas la question. En fait, Diana et lui s’en cognent, et vont baisouiller parce que ça fait quelques décennies que ça travaille Diana. Mais vous lecteurs, comme moi, avez deviné le sombre secret de notre héroïne. Elle n’a pas souhaité le retour de Steve. Elle a souhaité le retour de Steve « mais en mieux gaulé » et paf.

C’est mon explication, et ma foi, je crains qu’elle ne soit meilleure que celle du film, qui n’en donnera tout simplement pas.

Pendant que nos héros baisouillent en empruntant le corps d’un inconnu qui n’en demandait pas tant, retrouvons Barbara Gourde qui constate qu’avoir souhaité d’être « comme Diana » avait des effets étranges. Non pas qu’elle soit devenue plus bête et ne comprenne plus comment fonctionne une caméra de sécurité, mais elle a drôlement gagné en agilité, et surtout, elle a désormais une force extraordinaire. Attendez… elle a demandé à être forte comme Diana et elle a une force surhumaine, cela signifierait-il que Diana serait en réalité…

… un hippopotame ?

Non, Barbara ne fait pas le lien entre sa force surnaturelle, copiée sur Diana, et Wonder Woman, la mystérieuse brune super forte qui fait régner la loi à Washington. Je ne sais pas, mais si moi je souhaite être comme mon voisin Peter, et que le lendemain je balance des toiles d’araignée quand j’éternue, je pense que j’ai trouvé qui était Spiderman. Mais bon, hein, Barbara n’est que docteure en moult matières – dont la cailloutologie – il ne faut donc pas trop lui en demander.

Et Max Lord dans tout ça ? Lui aussi teste ses nouveaux pouvoirs !

Car désormais, il a celui d’exaucer les vœux. Et il s’en sert d’une manière absolument pourrie, à savoir que par exemple, il va voir un de ses associés qui menaçait de le lâcher, et le touche en lui disant :

« Oh, mais ne souhaites-tu pas le succès de notre entreprise, qu’elle soit soudain super riche et influente ?
– Euh… si, si, je souhaite ça, évidemment.
– OHOHOHOHO TU ES EXAUCÉÉÉ ! Et telle la pierre, je te prends une chose en retour : tes parts et ta place dans l’entreprise ! »

Car oui, le caillou magique a une règle : si tu souhaites quelque chose, en échange, il y a un prix à payer. Et maintenant, c’est donc Max qui le choisit. Ainsi, pour chaque vœu que fait quelqu’un, il peut prendre quelque chose en retour. Son plan est donc le suivant : il va pousser les gens à faire des vœux, et en échange, leur prendre ce qui l’intéresse. Et pour que son entreprise devienne fabuleuse, il compte rencontrer tous les rois du pétrole, et en échange d’un vœu, s’emparer de leurs puits, l’un après l’autre.

Bien.

Max, très fier de son plan, qui est pourtant incroyablement pourri, mais sur lequel repose tout le film.

Diego, va me chercher un cigare, je vais avoir le temps de le fumer pendant que nous nous posons cette question : mais qu’est-ce que c’est que CE PLAN DE MERDE ?

Rien ne va, à aucun moment. Le zoo de Vincennes obtient tous les jours des scénarios plus intéressant lorsqu’il nettoie les étrons des singes.

Commençons par cette règle simple que même un scénariste neuneu devrait comprendre : plus vous donnez de pouvoir à un personnage, plus il risque de vouloir s’en servir. Ça peut être un cartographe dans Prométhéus qui a le pouvoir de faire apparaître une carte des lieux à tout moment, mais ne le fait pas parce que les scénaristes ont besoin qu’il se perde. Ça peut-être un gros méchant dans X-Men Apocalypse qui a le pouvoir de transformer ses ennemis en sable et le fait tout le film, mais lorsque les héros arrivent, il leur met… des coups de poing parce que sinon, il gagne. Et ici, ça va être Max Lord qui a le pouvoir de souhaiter avoir tous les puits de pétrole de la Terre, mais qui ne le fait pas sinon le film s’arrête, et souhaite à la place avoir le pouvoir du caillou magique pour pouvoir s’emparer des puits de pétrole petit à petit.

Voilà. Donc évitez de filer trop de pouvoir à vos personnages, ils risqueraient de s’en servir, et ne pas le faire sans explication serait par conséquent incohérent.

Alors évidemment, on me présentera plusieurs objections. À commencer par la plus évidente : Max Lord sait qu’il y a un prix à payer pour chaque vœu, donc s’il avait souhaité obtenir tous les puits de pétrole de la Terre, il aurait peut-être eu un terrible prix à payer, comme vivre en colocation avec Yseult, Manuel Valls et Eric Zemmour. On le comprend, car on ne le souhaite à personne. Aussi son plan est de feinter et de pouvoir avoir tout ce qu’il veut sans jamais avoir à en payer le prix. Il veut le puits de pétrole du voisin ? Il exauce un de ses vœux, et paf, en retour, il lui prend ses puits.

Sauf que c’est complètement con.

Parce qu’à partir du moment où le type a une pierre qui lui permet de souhaiter n’importe quoi, et qu’il le sait, il y avait plus simple :

  • Faire un vœu en précisant clairement qu’il n’y avait pas de contrepartie
  • Si ça ne marche pas, souhaiter qu’il trouve une pierre magique qui exauce des vœux sans limite et sans prix
  • Si ça ne marche pas, souhaiter avoir le pouvoir d’exaucer des vœux, y compris les siens, gratos
  • Si ça ne marche pas, souhaiter devenir je ne sais quelle divinité toute puissante
  • Si ça ne marche pas, souhaiter avoir le pouvoir de piquer ce qu’il veut aux autres (ça revient à fixer un prix, sans vœu)

En fait le type avait des millions de possibilités pour obtenir ce qu’il voulait, gratos, là, comme ça. Mais en lieu et place, il a choisi l’option la plus pourrie : « Je veux le pouvoir d’exaucer les vœux d’autrui, mais pas les miens, et en retour, pouvoir fixer un prix me permettant d’obtenir uniquement des trucs que possèdent les gens à qui j’exauce les vœux ».

Plus navrant, c’est quand même compliqué.

Mais les scénaristes se sont dit « Bon, écoutez, là il est 11h59 et après il y a la queue à la cantoche, alors on y va, on va dire que le Monsieur souhaite devenir un caillou magique. »

Grosse ambition, ce Max Lord. Et puis c’est pas comme si par conséquent, n’importe qui pouvait faire un souhait allant à l’encontre de ses plans. Il fait quoi si un mec souhaite avoir son pouvoir ? Ou fait l’un des souhaits évoqués plus haut ? Voilà : il perd. Et par sa propre faute. C’est consternant.

Mais revenons à notre intrigue.

Car le pouvoir de Max fonctionne. Son associé a souhaité que l’entreprise connaisse le succès ? Soudain, tous les puits de pétrole de la société, jusqu’alors sec, trouvent de l’or noir ! Et Max avait fixé comme prix que son associé dégagerait vite, bien, et en lui laissant tout ? Hop, sur le chemin de la sortie, Max croise le FBI qui vient arrêter son associé pour une histoire d’impôts, lui laissant le champ libre. Le tour est joué !

Max, inconscient de son propre plan de merde, repart donc satisfait.

Et de notre côté, nous retrouvons Diana et Steve, alors que notre héroïne emmène son copain-possesseur-de-corps se promener dans Washington pour lui faire découvrir toutes les belles inventions de cette glorieuse époque : le sac-banane, le jogging pour aller partout, et bien sûr, Chantal Goya. Steve est très impressionné.

« Et tu dis que vous avez des avions qui vont dans l’espace, Diana ?
– Oui, Steve. Nous avons même marché sur la Lune.
– Wouah ! Incroyable ! Quelle période de prospérité ! Nous avons bien fait de faire cette Guerre mondiale, la der des der !
– Euh… oui alors à ce sujet, Steve… »

Passons, et suivons nos amis alors qu’ils mettent enfin le cap sur le musée, et y retrouvent Barbara, devenue incroyablement populaire depuis qu’elle a retiré ses lunettes (… entendez mon soupir), et qui avoue à Diana que oui, attends, la pierre prétendue magique ? Ben je l’ai prêtée à Max Lord, pourquoi ?

Ben oui, maintenant que tu sais qu’elle est magique, pourquoi t’en inquiéter ? MAIS BON DIEU BARBARA, C’EST PAS UN COFFRET DVD, C’EST UNE PUTAIN DE PIERRE AU POUVOIR INFINI, ÇA POURRAIT TE GRATTER QUAND MÊME ?

Mais non. Non, Barbara préfère se curer le nez, pendant que Diana, elle, se rend dans les bureaux de Max Lord et s’y faufile à la recherche de la pierre. Hélas, elle n’en retrouve que de la poussière… et le bracelet qui enserrait ladite pierre. Et, effroi ! Elle lit à l’intérieur un message diabolique :

Ceci a été créé par un.e vilain.e d.ieu.éesse pour embabouiner la.e.s mortel.le.s

« Oh non !
– Que se passe-t-il Diana ? Tu lis cette langue barbare ?
– Oui, cela s’appelle du Regardezmoijesuismilitant. Une langue très appréciée des esprits trompeurs qui sous couvert de vouloir le bien d’autrui, se font en fait plaisir ! La pierre est un objet maléfique, il faut vite retrouver Max Lord ! »

Hélas, Max Lord est parti pour Le Caire afin d’y rencontrer un roi du pétrole, comme le confirme un papier de réservation d’avion trouvé dans une poubelle à côté du script. Un seul moyen de le rattraper…

« Prendre le prochain vol ?
– Non, Steve ! NOUS ALLONS VOLER UN AVION AU HASARD « !

Oui oui, vraiment.

Suis-je supposé commenter ?

Diana et Steve se rendent ainsi à l’aéroport le plus proche, et figurez-vous que sur la piste, les pilotes qui sont des gens aimables ont laissé plusieurs avions, dont des biplaces à réaction, avec le plein ET des réservoirs supplémentaires. Ils sont comme ça, les routiers du ciel : sympas. Diana fait un clin d’œil à Steve :

« Choisis n’importe lequel !
– Ah ben çuilà alors, parce que c’est connu, les avions ont tous les mêmes capacités, donc je vais le choisir à la gueule du client. Mais tu es sûre qu’il a assez d’essence pour aller jusqu’au Caire ?
– Nous sommes dans un film américain, Steve. Notre connaissance de la géographie est proche de notre cuisine. Le Caire est donc selon nous à une heure de Washington, grand max.
– Super ! Allez, je vais le piloter ! »

Et les deux de grimper dans un jet, pendant que votre serviteur jette des chatons dans sa cheminée, en voyant un pilote de 1918, un mec qui démarrait son hélice avec l’aide d’un mécano, faire sans le moindre souci la procédure de lancement d’un appareil à réaction dont il ignore tout. Normal.

Pilote, c’est comme scientifique dans ces films : si tu l’es, tu sais tout faire pour peu que ce soit vaguement lié aux domaines « pilotage » ou « science ».

Nos héros s’élancent sur la piste, mais évidemment, la tour de contrôle ne l’entend pas de cette oreille, et essaie d’empêcher l’appareil de s’envoler sans autorisation, non mais ho.

« Zut, j’avais oublié que l’espace aérien était surveillé.
– Super Diana, merci du tuyau ! C’est bien de t’en souvenir maintenant !
– Mais ne t’inquiète pas… tu sais, notre île des Amazones qui est invisible pour le reste du monde ?
– Oui ?
– Eh bien une fois en me concentrant, j’ai réussi à rendre invisible une tasse de café.
– Que… oui ?
– Et si j’essayais avec l’avion ? »

Voilà voilà voilà.

C’est ce que j’appelle un pouvoir sorti du cucu, donnant à cette scène un parfum qui nous en rappelle les origines. Ainsi, Diana se concentre vaguement, et pouf, tout l’avion devient invisible. Et ce même au radar ! Mais allez, c’est magique, alors disons que ça fonctionne aussi sur les ondes. Vous voyez, je fais des efforts. Et après on dira que je suis de mauvaise foi. Nos deux tourtereaux peuvent donc s’envoler en paix et survoler Washington, alors que des feux d’artifice éclatent autour d’eux : en effet, c’est la fête nationale. Et Steve de s’exclamer :

« ET SI ON VOLAIT AU MILIEU DES TIRS DE FUSEES ? »

Que ?

Ah, vous pensez que j’exagère, mécréants ? Tenez, voici Steve et Diana savourant la magie de se promener au milieu d’un feu d’artifice.

Bon, je vais jeter tout le sac de chatons au feu tant c’est impossible d’écrire ça. N’écoutez pas les cris, concentrez-vous sur mon propos. Vraiment ? Un pilote de guerre mort dans l’explosion de son appareil qui décide d’emmener son avion tout neuf dans des tirs de fusées contenant des explosifs ? Ça ne choque personne ? Steve, regarde, là-bas ! Un vol d’étourneaux ! Tu devrais aller mettre tes réacteurs dedans, je suis sûr que c’est aussi une super idée !

Non mais c’est infernal. Chaque scène est ratée avec un brio magistral ! Il doit y avoir une espèce de relecteur spécialisé dans l’ajout d’incohérences.

« Et là, Diana et Steve prennent le vol suivant pour le Caire.
– Non. L’avion, ils vont le voler. Et ce sera un tout petit biplace.
– Mais ? Bon alors on va dire que Diana a un pote qui peut lui prêter un avion…
– Non non. Je veux qu’ils le volent. Qu’on tente de les arrêter. Et là, Diana, l’avion elle le rend invisible.
– Vous êtes sûr ? Non parce que là on va devoir payer des décors, un avion spécial, rajouter une scène pleine d’effets spéciaux et ça va nous coûter cher pour être incohérent.
– Attendez, j’ai pas fini : et là, Steve décide de plonger l’avion au milieu de tirs de feux d’artifice.
– Mais pourquoi ? Ça n’a aucun sens et ça va nous coûter un pognon fou !
– Parce qu’on peut le faire, voilà pourquoi. »

Allez, laissons nos deux idiots traverser le ciel et les explosions, et retournons voir Barbara. Qui n’en peut plus de ses nouveaux pouvoirs ! Super agilité, super force… c’est trop cool. Et ça tombe bien, puisqu’en sortant du musée, elle décide de traverser un quartier craignos… qui est donc fréquenté par…

Mais oui ! Des bandes errantes de cadres blancs en costume !

L’insécurité !

Que voulez-vous que je vous dise ? De toute manière, cela arrange bien les affaires de Barbara, puisqu’elle recroise le chemin de l’agresseur qui l’avait embêtée plus tôt dans le film, et qu’elle lui casse la truffe. Elle serait même allée plus loin si son bon ami le clodo noir, et donc forcément le seul gars bien du coin, n’était venu l’interrompre et s’étonner de la cruauté de Barbara. Qui à cause de son souhait a perdu… sa… ahem. Sa « belle personnalité ». Pardon, excusez-moi, c’est un rire nerveux. Revenons à la scène.

« Barbara, ça ne te ressemble pas !
– Nan mais c’est passque j’ai plus mes lunettes.
– Que ? J’allais dire que tu avais changé, mais visiblement, non, tu as toujours le QI d’un vieux pansement. »

En parlant de neuneus, si nous laissions passer quelques heures, le temps de nous laver les yeux et les oreilles, et que nous subissions la suite de cet étron galactique en retrouvant Max Lord au Caire, qui va s’entretenir avec un roi du pétrole local.

« Bonjour Émir, je suis Max Lord, le nouveau riche du pétrole. Merci de me recevoir.
– Je suis curieux, Monsieur Lord. Vous êtes devenu si riche en si peu de temps… quel est votre secret ?
– Les vœux ! Vous voulez essayer ? Allez-y, prenez mes mains et souhaitez un truc !
– Ok.. je souhaite pouvoir faire caca sur une instagrameuse pendant qu’elle se filme !
– QUOI ? Mais putain de… bon. Écoutez. C’est un film tout public, alors vous arrêtez tout de suite de souhaiter des trucs de pervers.
– Je souhaite quoi alors ?
– Je sais pas, un truc qui ne mette personne trop mal à l’aise et qui permette de faire avancer le scénario.
– Pfff… bon ben je souhaite récupérer l’émirat ancestral de ma famille et que les étrangers ne puissent plus y venir !
– C’est pas mal ça ! Bon, xénophobe et raciste, mais on va dire que c’est un mur progressiste en non-mixité racisée.
– J’pige que dalle mec.
– Nan mais laisse : ton vœu est exaucé ! Et en échange, je vais prendre tes puits de pétrole ! »

L’émir ne pige pas bien ce qu’il se passe, à part que Max Lord a l’air un peu fou. Et con, puisque l’émir lui révèle qu’il a déjà vendu ses puits. Max Lord explique donc qu’il change d’avis : dans ce cas, il va se barrer avec l’armée personnelle de l’émir. Et aussitôt dit, aussitôt fait : tous les militaires du coin, comme hypnotisés, se mettent à suivre l’ami Max sans poser de questions.

Pour l’émir, pas le temps de se demander ce qu’il se passe, car soudain un miracle attire son œil : d’immenses murs sont en train de pousser sur les anciennes frontières de son émirat, le séparant ainsi du reste de l’Égypte. Max n’a plus qu’à filer, satisfait, avec son escorte.

Sauf qu’alors qu’il roule à fond les ballons loin de l’émirat fraîchement emmuré, Max croise sur la route Diana et Steve, qui venaient d’arriver dans ce beau pays. Aussitôt, les deux compères partent à la poursuite du convoi de Max, et c’est parti pour de la baston, avec les militaires qui leur arrosent le capot à coups de gros calibre, pendant que Wonder Woman enfile sa tenue puis les tatane l’un après l’autre.

À un moment, Diana parvient jusqu’à la voiture de Max, et atterrit sur le pare-brise.

« OUHOUUU M’SIEUR LORD !
– Mais ? Vous êtes la collègue de Barbara !
– AH OUI MERDE J’AURAIS DÛ METTRE UN MASQUE P’TÊTRE ! M’SIEUR LORD FAUT VOUS ARRÊTER, LÀ, LA PIERRE EST DANGEREUSE, RENDEZ-LA !
– Alors, deux choses : d’une, vous descendez de mon pare-brise, c’est dégoûtant, vous y mettez vos gros pieds tout poussiéreux, et de deux, la pierre maintenant, c’est moi !
– Quoi ? Mais comment pouvez-vous être un caillou ? »

Hélas, un coup de lave-glace un peu vif repousse la pauvre Wonder Woman, qui se retrouve à nouveau à courir partout dans le convoi qui lui tire dessus, jusqu’à ce qu’un rebondissement improbable arrive : au milieu de la route, en plein milieu du désert… des gamins jouent au foot.

Oui. Normal.

Et oui, ils continuent même lorsqu’ils voient un convoi militaire qui tire à la mitrailleuse arriver vers eux.

Des explosions, des mitraillages, des camions qui volent et des donzelles qui en font de même, mais les enfants 100 mètres devant n’ont rien remarqué.

Non, vraiment, c’est très bien écrit. Les enfants adorent jouer au foot devant les convois qui tirent sur tout ce qui bouge.

Résultat, Wonder Woman doit tout laisser tomber pour les sauver, et Max en profite pour filer avec les restes de son convoi. Le calme revenu, elle fait jurer aux enfants qu’elle a sauvés de ne pas révéler son identité (alors que les gens du centre commercial au début du film, aucun problème), puis rejoint Steve, resté dans un véhicule.

« Steve, penses-tu que l’on puisse être à la fois un homme et un caillou ?
– Tout dépend de si tu t’appelles Pierre, je suppose.
– Hmmm… mouais, bon, l’autre théorie c’est que Max se soit emparé des pouvoirs de la pierre magique. En attendant, je ne sais pas ce qu’il m’arrive, durant le combat, une balle m’a fait bobo, et j’ai fait tomber mon fouet, ce qui normalement, ne m’arrive jamais. Je me sens un peu patraque.
– Rentrons en Amérique. »

Oui oui, ils laissent tomber la poursuite avec Max, alors qu’il était encore dans le même pays qu’eux, à deux bornes maximum. Autant retraverser le monde entier parce que… parce que. Ainsi, pendant que Max continue à aller rendre visite à des rois du pétrole pour s’emparer de leurs puits en échange d’un vœu, Diana va retrouver Barbara.

« Barbara, tu as enquêté sur la pierre comme demandé ?
– Oui, et tu ne vas pas me croire. Elle est apparue et réapparue depuis des milliers d’années. Et à chaque fois, juste avant la chute d’une civilisation : Egypte, Carthage, Rome, le Parti Socialiste… à chaque fois, ils ont eu la pierre et ils se sont effondrés. Je n’ose imaginer ce qui attend notre civilisation. Mais attendez, la pierre est aussi apparue chez les Mayas, et j’ai trouvé un mec qui en sait plus. »

S’ensuit une scène où un type sorti de nulle part dégoté par Barbara s’avère avoir un vieux livre maya (les célèbres vieux grimoires mayas), dans lequel il est dit que la pierre vient du dieu de la tromperie. Et qu’il n’existe que deux moyens de stopper les méfaits de la pierre :

  • Détruire la pierre
  • Ou que tous les gens qui ont fait des vœux y renoncent, sans exception

Les Mayas n’ayant pu se résoudre à l’une de ces deux solutions, ils avaient tout bêtement enterré la pierre, jusqu’à ce qu’une bande d’archéologues ne la retrouvent et qu’elle ne finisse dans l’arrière-boutique d’un joailler. La suite, nous la connaissons, et elle est mauvaise.

Et si tout le monde finit par comprendre que Max Lord est bel et bien devenu la pierre, Barbara se désolidarise du groupe.

« Mais moi, je suis contente de mon vœu ! Je veux pas que ça change ! Pourquoi vouloir tout annuler ?
– Barbara nom de dieu, ton vœu consiste simplement à avoir retiré tes lunettes et viré un putain de chouchou de tes cheveux ! Merde, tu vas pas condamner l’humanité pour ça !
– Mais… c’était pas facile de retirer ce chouchou… »

Et Barbara file sans dire un mot.

Heureusement pour nos héros, de son côté, Max Lord qui aime bien faciliter le boulot d’autrui est revenu en Amérique dans ses bureaux sans explication (il a dû abandonner le pétrole) pour exaucer un maximum de souhaits au maximum de gens, en échange de trucs qui l’arrangent. Il fait venir des mecs qui ont des sociétés qu’il veut racheter, d’anciens ennemis & co, et à chaque fois, leur dit :

« Vous ne souhaiteriez pas un truc ? Allez ! » tout en leur touchant la main.

Et à chaque fois, les mecs souhaitent plus d’armes pour leur pays, la disparition d’un scandale ou autre. C’est donc ennuyant à bailler, même si Max Lord, lui, a un petit problème car sa santé fait les frais de sa magie. Il commence à être dans un sale état, avec un œil injecté de sang, mais pour autant, il ne s’arrête pas où ne pense pas à dire « Vous me souhaitez prompt rétablissement ? » pour se soigner magiquement.

Car n’oublions pas que Max est avant tout particulièrement con.

Le summum est lorsqu’il se retrouve avec son fils qui rentre dans son bureau, et qu’il le prend dans ses bras.

« Allez fiston, fais un vœu !
– Je souhaite une NES et…
– CHUUUUUUUUUUUUT ! Non, bon dieu ! Tu es supposé souhaiter avoir une grande et belle vie !
– Mais papa, j’ai même pas dix ans bordel de merde ! Moi tout ce que je veux, c’est mon nom au générique du Club Dorothée !
– N’oublie pas que tu es un personnage très mal écrit, mon fils ! Alors fais un vœu très mal écrit !
– Alors dans ce cas papa… je souhaite que tu aies plein de succès ! »

C’est connu, c’est ce que les enfants souhaitent quand on leur propose un vœu, comme ça, au hasard. Le succès de papa. Pas du tout une connerie.

Max enchaîne en allant chercher un stagiaire quelconque de sa société et en lui demandant « Mec, tu ne souhaiterais pas que j’aie un entretien avec le Président ? Ca ferait nos affaires ! » et le type de répondre que ben si chef, je souhaite carrément ça ! Et hop, notre bon Max file jusqu’à la Maison Blanche.

Pendant ce temps, ça commence à être le chaos un peu partout, puisqu’à force de vœux pour des émirs et autres dirigeants politiques, les pays du monde entier croulent sous les armes sans explication, et les différents vœux plus mineurs que Max a exaucé à des passants font qu’il y a des vaches qui se promènent en ville parce que tel mec a souhaité une ferme, ou des bagnoles qui s’écartent des boulevards pour en laisser passer magiquement d’autres et donc provoquent des collisions, etc. Bref, c’est le bordel.

Le prix à payer pour le souhait de Barbara est rude : son goût pour s’habiller s’est encore détérioré.

Au milieu de tout cela, Diana a ramené Steve chez elle, pour lui montrer non pas sa chambre cette fois, mais sa salle de télésurveillance de la ville.

« Mais ? Tu as ça toi, Diana ? Pourtant, au début du film, à un moment on t’entendait dire que tu n’avais pas la télé. Alors que là tu en as quinze, dont une clairement branchée sur les infos.
– Les scénaristes l’ont déjà oublié, Steve.
– Et sinon, tu as plein de reliques dans cette salle, dis voir ! C’est quoi cette grosse armure ailée derrière moi, par exemple ?
– Oh ben écoute, puisque le monde est au bord de l’apocalypse et qu’on n’a que cela à faire, laisse-moi te raconter son histoire. Cette armure a été forgée pour Jeannine, l’amazone de légende, afin qu’elle retarde nos ennemis à l’époque où mon peuple a migré vers son île magique. Elle s’est sacrifiée pour nous toutes. On ne sait pas trop ce qu’elle est devenue après, d’ailleurs. Je crois qu’on s’en fout, moi j’ai juste retrouvé son armure.
– Super. Mais quel rapport avec l’intrigue ?
– Aucun, je… c’était une anecdote, comme ça, au pif.
– C’est rigolo mais je ne te crois pas. Bon et sinon, sur tes télés, là, tu as trace de Max ?
– Hmmm… visiblement il se rend à la Maison Blanche ! Allons-y ! »

En chemin, nos amis discutent d’un autre problème : Diana semble perdre ses pouvoirs. C’est le prix à payer pour le retour de Steve. Et Steve lui répète qu’elle devrait renoncer à son vœu, mais elle refuse de le perdre parce que c’est BÔ.

Mais comme de bien entendu, Max est arrivé à la Maison Blanche avant eux, et a un entretien avec le Président.

« Monsieur le Président, je suis venu vous demander ce que vous souhaiteriez.
– Ben vu que le monde est en plein chaos de manière inexplicable…
– Ouiiii ?
– Je souhaite…
– Ouiiiiiiiiiiiiiiiii ?
– ENCORE PLUS D’ARMES ! »

Mais sans déconner quel scénariste a écrit qu’absolument TOUS les gens avaient le même vœu : des armes ! Encore plus d’armes ! Je veux bien qu’il soit américain, mais tout de même ! Résultat, des armes nucléaires apparaissent partout dans le monde, reliées au système de lancement américain, et pointées sur la Russie.

En échange, Max fixe pour prix qu’il hérite de l’autorité suprême du Président. Et ça tombe bien, car devinez ce que des gens avaient laissé dans le bureau du Président durant l’entretien ? DES POSTERS GÉANTS AVEC TOUS LES PROJETS TOP SECRETS EN COURS !

Non mais ? Écoutez, sachant que tout est lamentable dans ce film, par quel miracle arrivez-vous encore à creuser ? Quel mec a lu un document disant « Pour la scène de l’entretien avec le Président, mettez les plans des projets top secrets posés derrière, bien en vue » sans se mettre à sourciller si fort que son front en porte encore des traces de pneus ?

C’est naze. Vous le saviez, mais j’insiste : c’est naze. Ce film donne l’impression que les mecs ont fait des paris pour savoir qui caserait le truc le plus absurde.

Or, voici que Max se penchant sur l’un des projets, découvre qu’il s’agit d’un système de satellites qui envoient des particules partout qui touchent tout (ÇA TOMBE BIEN) et qui prennent le contrôle des appareils électroniques pour diffuser ce que l’on souhaite (avec des coïncidences pareilles, as-tu encore besoin de souhaits ?). Max est tout fou : avec cela, il pourrait plus ou moins toucher tout le monde (ça sonne bizarre, dit comme ça) tout en parlant à tous les gens devant une télé ? Et ainsi, envoyer des milliards de vœux à la fois, en échange de milliards de prix ?

Avec sa nouvelle autorité, Max demande à être escorté jusqu’à un hélicoptère pour être emmené jusqu’à la base où ce mystérieux projet est en cours. Et zou.

Sauf qu’en chemin il tombe sur Wonder Woman !

« Oh ! La dame du pare-brise !
– Il suffit, Max Lord ! Rends-toi ou je te… je te ligote avec mon lasso magique !
– Alors oui mais non. Sécurité ? Tirez sur cette dame qui se sent obligée de porter une tenue bizarre pour rendre la justice, mais toujours pas de masque. »

Wonder Woman parvient presque à attraper Max, mais comme ses pouvoirs commencent à merder et les balles à lui faire mal, elle est obligée de battre en retraite. Plus encore quand se pointe Barbara, qui est désormais plus forte qu’elle, et qui se range aux côtés de Max pour s’assurer que tous les vœux ne soient pas annulés !

Max et Barbara peuvent donc fuir en hélicoptère, à bord duquel Max explique son plan à sa nouvelle amie.

« Je vais exaucer des milliards de vœux, et à chaque fois, je vais pouvoir me soigner en faisant payer le prix à chaque personne faisant un souhait ! Me régénérer, organe par organe !
– Et pourquoi pas tous d’un coup ?
– Euh… parce que… nan mais l’efficacité, c’est pas mon truc. Et toi ma jeune amie, ne souhaites-tu rien ?
– C’est-à-dire que j’ai déjà eu un vœu avec la pierre.
– Non mais en fait comme je suis la pierre, je peux exaucer plusieurs vœux si j’en ai envie, et sans prix, je suis d’humeur généreuse. »

Qu… QUOI ?

Mais attendez ! Dans ce cas TOUT son plan ne sert à RIEN depuis le début puisqu’il pouvait exaucer en boucle des vœux à la même personne s’il en avait envie ! Et donc, avec une personne consentante, obtenir des vœux illimités sans faire payer de prix à son pote ! TOUT LE FILM NE SERT DONC À RIEN !

C’est fabuleux de dire à la fin du film « Au fait, nouvelle règle : tout ce qui motivait mon personnage jusqu’ici, j’en n’avais pas besoin ». Formidable.

Mais je sens que vous avez envie de savoir ce que Barbara souhaite. Et la réponse est simple :

« Je souhaite être un superprédateur, un apex prédateur. »

Ah ben c’est précis, ça, tiens.

Avec un souhait comme ça, tu as plus de chances de finir comme orque à l’aqualand du coin ou comme requin mangé par des Japonais que comme combattante d’élite. C’est pas possible. Et elle est scientifique vous dites ? Formidable.

Rappelons que le goéland est un super prédateur. Wonder Woman contre la femme-goéland, ça promet de faire un tabac dans tous les cinémas bretons.

Avant que l’on ne puisse voir le résultat dudit vœu, une subtile transition nous amène au moment où Max Lord débarque sur la base secrète américaine, et où il ordonne via sa super autorité l’activation du projet permettant de toucher le monde entier avec des particules reliées à cette base, et diffuser un message télévisé en même temps. Son message étant « Coucou les amis ! Je suis Max Lord, et j’exauce les vœux, alors faites des voeuuuuux ! »

Je vous laisse deviner les voeux que font les gens :

  • Je veux plus d’armes (ÇA ALORS)
  • Je veux que Machine meure
  • Je veux foutre les étrangers dehors (mais des étrangers blancs, genre les Irlandais, sinon ce serait raciste)
  • Je veux encore plus d’armes

Si, à un moment, on aperçoit une serveuse dire « Je souhaite être célèbre » et aussitôt, tout le monde glapit en la voyant. Mais sinon, tous les vœux ressemblent à une fin de soirée arrosée dans un groupuscule d’extrême-droite. Alors que bon. Vous savez aussi bien que moi ce qu’il se passerait si vous autorisiez le monde entier à faire des vœux. Rien qu’à l’échelle d’une classe de lycéens, en l’espace de vingt secondes, vous avez :

  • Deux élèves rigolant bêtement en faisant de l’escrime avec des teubs de soixante centimètres
  • Un geek en train de s’accoupler avec son personnage d’animé préféré
  • Un furry, peu avant qu’un élève responsable ne souhaite sa mort par le feu
  • Des roploplos en pagaille
  • Du pognon
  • Du chichon

Et ça, c’est pour une seule classe de lycéens. Alors imaginez à l’échelle de la planète. Non parce que par exemple, si vous autorisiez chaque dessinateur de DeviantArt à voir l’un de ses vœux exaucé, je ne vous cache pas qu’on souhaiterait probablement notre propre mort pour échapper à ce monde.

Mais non, dans le film, même le dernier des pinpins au fin fond du désert souhaite qu’une brique tombe sur la gueule de tel voisin ou plus d’armes pour son peuple. Génial. Faites le test autour de vous (le scénariste l’a oublié) : demandez ce que les gens souhaiteraient s’ils avaient un seul et unique voeu. Bon, eh bien vous avez plus de chance qu’ils vous répondent « Gagner 100 millions » ou « Des vœux illimités » que « De nouveaux chars pour l’armée française ». Ou alors vous avez des amis qui ont passé trop de temps sur War Thunder.

En tout cas, vœu après vœu, qu’il exauce joyeusement, Max Lord se refait une santé : à chaque fois qu’il permet à un habitant de la Terre d’avoir ce qu’il désire, en échange il lui prend un peu de sa santé, et paf, en un instant, il est retapé.

Tout est-il perdu ?

Non ! Car comme dans tous les films de super-héros, le moment où le méchant a presque gagné est obligatoire. C’est donc à cet instant que nous retournons voir ce que fait Wonder Woman, qui a réussi à sortir de la Maison Blanche avec Steve. Elle est un peu amochée, aussi Steve décide qu’il faut parler.

« Diana, regarde-toi, tu n’encaisses même plus les balles !
– Oui ben ça va, j’peux pas tout faire, tu connais le concept de charge mentale ?
– C’est quoi ?
– Je l’ai lu dans une bédé d’Emma Clit.
– Tu lis du Emma Clit ? Oh bon sang ! Diana, tu es VRAIMENT en sale état ! Écoute-moi bien : tu dois renoncer à ton vœu. Tu dois me laisser repartir ! Comme ça, le vœu annulé, tu récupéreras tes pouvoirs et tu pourras sauver la Terre !
– Mais Steve, je t’aime !
– Diana, dans l’immédiat, je suis un esprit coincé dans le corps d’un autre type. C’est plus proche de L’Exorciste que de Coup de foudre à Notting Hill. Veux-tu que je fasse un 180 degrés avec mon cou tout en tenant des propos un peu légers sur ta mère pour te convaincre ?
– Non, ça ira. Okay : je renonce à mon vœuuuu ! »

Et Diana de tourner le dos à Steve, qui lui dit qu’il l’aimera toujours, c’est beau, peu avant de retourner au Paradis car dans sa vie, il a été juste : il n’a tué que des Allemands. Et les Allemands, c’est comme les Anglais : ça ne compte pas.

Diana sent aussitôt ses pouvoirs revenir, ses blessures disparaissent, elle retrouve sa force et sa vitesse et soudain… elle s’envole au-dessus de Washington. Parce que non, elle n’avait pas ce pouvoir auparavant, mais là elle s’est dite « Et si je volais ? » et pouf, elle vole.

Ce film est très confus : qui exauce des vœux déjà ?

Mais nous n’aurons aucune explication : ce pouvoir sort probablement du même endroit que celui où Diana avait sorti son pouvoir de rendre des trucs invisibles au début du film. Vous le sentez, ce petit fumet ? Voilà.

Diana vole jusqu’à chez elle, récupère sa grosse armure d’or ailée ayant appartenu à Jeannine, l’amazone légendaire (on ne l’avait pas vu venir), et ainsi équipée, file jusqu’à la base secrète où se cache Max Lord, dont elle connait la localisation parce que… parce que… parce que, voilà.

La bougresse arrive en volant, passe les défenses, castagne les gardes , mais soudain, voici que quelque chose lui tombe dessus :

« MIAAOUUUUU !
– Mais ? Qu’est-ce que…
– C’est miiiaaaaa ! Barbarrrrra ! »

Et en effet, suite à son précédent vœu de devenir un super prédateur, Barbara est désormais mi-femme mi-félin.

« Nom d’une pipe Barbara ! Qu’est-ce qu’il t’est arrivée ? Tu es tellement dégueulasse qu’on dirait un personnage de Cats, et ce n’est pas peu dire !
– J’ai souhaité devenir encore plus puissante, et je suis désormais le prédateur ultime !
– Mi-femme mi-Miaouss ? C’est quoi tes pouvoirs ? Tu peux gerber des poils et chier à côté de ta litière sans ciller ?
– Tu ne comprends pas l’allégorie ? Tu es une femme à l’armure d’oiseau, et je suis un chat. Le prédateur… la proie…
– Nan écoute, vraiment, ça me fait mal de te voir comme ça. Alors la pâtée, je vais te la mettre dans la gueule, et tu vas voir qui va dormir 16 heures aujourd’hui. »

« Oui, la guerre ! Miaouss ! »

Et les deux de s’affronter. Je vous passe la longue et inutile séquence de baston, mais sachez qu’elle se termine lorsque tombée dans un bassin bordant la base, les deux femmes se tapent dessus, et que finalement, Wonder Woman triomphe de Moyennement Wonder Miaouss en faisant tomber dans le bassin un câble coupé de ligne à haute tension, ce qui est suffisamment fort pour calmer le gros chat.

Quoi ? Comment ça « Wonder Woman est aussi dans le bassin, pourquoi elle ne se prend pas quelques millions de volts dans les gencives ? » ?

Mais enfin, la réponse est très simple : son armure est en scriptonium. Ou bien Wonder Woman a-t-elle un nouveau pouvoir d’immunité à l’électricité, mais dans ce cas, il eut été intéressant de l’évoquer dans le film. À moins qu’il n’ait été rangé dans la même cachette que « Rendre des trucs invisible » et « Voler ». J’imagine qu’on me dira « C’est dans les Comics », mais on n’est pas supposé regarder un film avec le livre sur les genoux pour comprendre ce que la réalisation a oublié.

Débarrassée du gros chat relou, Wonder Woman se fraie un chemin jusqu’au cœur de la base secrète, où elle retrouve Max Lord devenu surpuissant à force de piquer un truc à chaque vœu exaucé : un peu de la force d’untel, de la vie de telle autre, etc.

Wonder Woman ne peut le vaincre.

Aussi, elle utilise le plus grand pouvoir de tous les héros : la mièvrerie. Et si Max Lord peut s’adresser au monde entier, alors elle aussi. Utilisant son super lasso sur la machine à particules, elle se connecte avec les esprits du monde entier et leur dit :

« Les copinous, c’est bien de souhaiter des trucs, mais c’est parce que vous avez peur de la vie. La vie, elle est belle sans vos vœux. Alors renoncez à vos vœux, pour une planète belle et jolie ! »

Je ne blague pas : c’est vraiment son discours.

Et devinez quoi : peu à peu, les gens renoncent à leurs vœux.

C’est connu : Maurice qui venait de souhaiter ne plus avoir le cancer se dit « Nan mais c’est bon, j’vais le reprendre, la dame l’a demandé gentiment », et Moussa qui venait de souhaiter avoir de quoi mettre sa famille à l’abri du besoin hoche la tête en se disant « C’est vrai que la vie était belle sans mon souhait, à crever dans un bidonville ». Et puis bon, dans un univers où Nicolas Sarkozy existe, peut-on l’imaginer renonçant à une once de pouvoir ? Voilà.

Je vous rappelle que selon le film, les Mayas n’avaient pas réussi à renoncer à leurs vœux, par contre, là, la Terre entière le fait sans problème. Y compris les gens inconscients, visiblement, puisque Barbara est dans le coma depuis qu’elle a mangé deux millions de volts dans la truffe, mais elle doit renoncer à son vœu quand même, faut croire.

Je suis… impatient d’en avoir fini avec cette bouse, disons-le.

Pendant que les incohérences s’enchaînent plus vite que les vœux renoncés ou les contradictions de notre gouvernement, il reste que le monde est au bord du chaos. En effet, à avoir souhaité trop d’armes nucléaires, tout le monde a paniqué et tiré les siennes. Et les sirènes hurlent dans les rues, forçant Max Lord lui-même à comprendre que le feu nucléaire va transformer son idiot de fils en saucisse s’il ne fait rien. Aussi, en dernier, Max Lord renonce à son propre vœu, pendant que les patrons des grandes puissances en font autant, et que leurs armes nées de leurs vœux disparaissent.

Ah oui et leurs autres missiles nucléaires ? Ceux qui n’étaient pas nés de je ne sais quel souhait et qui sont en l’air ? Genre ceux que l’on voit être tirés d’un sous-marin, qui lui n’est pas apparu par enchantement ?

Nan mais c’est bon : ils disparaissent aussi.

La magie du script est plus fort que celle des vœux.

La crise passée, les gens rentrent chez eux, et Max Lord, redevenu un simple humain lambda, retrouve son fils et lui avoue tout : holala, fiston, je suis désolé de tout ça, papa n’est pas le winner qu’il prétendait être, c’est juste un loser, ça te va quand même ? Et évidemment, l’enfant lui fait une leçon de morale sur le fait que l’amour n’est pas proportionnel à la réussite et Diego passe moi mon fusil de chasse, je vais abattre un marmot par la fenêtre, il paiera pour les autres.

Vous pensez qu’on ne peut pas faire plus cucu la praline ? Hohoho. Âmes innocentes.

Car la scène suivante se déroule quelques mois plus tard, dans un monde où tout est rentré dans l’ordre et… à Noël ! Mais si, vous savez, un Noël américain ! Avec un marché de Noël immonde où ça brille dans tous les sens et où tout est kitsch, mais sous une splendide couche de neige avec des gens souriants vêtus de toutes les couleurs qui vont et viennent ? Voilàààà.

C’est donc dans ce décor digne d’Un Prince pour Noël que l’on retrouve Wonder Woman, qui s’émerveille de la beauté de ce monde (elle le fait moins dans les favelas de Rio), avant d’apercevoir quelqu’un qui en fait autant : le type qui avait été possédé par l’esprit de Steve ! L’inconnu en question et elle échangent quelques mots.

« Vous ne trouvez pas que Noël est merveilleux Mademoiselle ?
– Si. Quelle beauté.
– Oui… quel bonheur.
– Oui…
– …
– …
– …
– IL Y A QUELQUES MOIS JE VOUS AI VIOLÉ EN REMPLAÇANT VOTRE ESPRIT PAR CELUI DE MON PETIT AMI MORT IL Y A 70 ANS.
– Hein ?!
– Hein ? Bon c’est pas tout ça mais j’y vais, moi. »

Diana s’en va, s’envole un peu plus loin et… FIN.

« Dire que je pouvais voler depuis le début mais que personne ne me l’avait dit, c’est ballot comme oubli. »

Vous prendrez bien une séquence post-générique ?

Car plus tard, et ailleurs, nous voici sur un quelconque marché aux Etats-Unis où soudain, un poteau menace de tomber sur une poussette. Mais une mystérieuse femme brune arrête le poteau d’une main, sous le regard incrédule de la maman de l’enfant sauvé. La mystérieuse amazone, car c’en est une, se retourne et s’exclame :

« Mgnngmmgngnngnmgmgngngngn.
– Pardon ? Je… écoutez Madame, je voulais vous remercier d’avoir sauvé mon enfant, mais là, j’ai pas compris.
– Mgngngngn Jeannine mmggngngngn mystérieuse amazone mgngngngngngn armure d’or.
– Écoutez, je ne pige pas un mot de ce que vous dites. Avec tout le botox que vous avez dans la gueule, on dirait que bouger les lèvres est un enfer pour vous. Vous voulez un cric ?
– Mgngngngngngngn. »

Et sur ce dernier propos plein de philosophie, Jeannine, la mystérieuse amazone supposée disparue après s’être sacrifiée pour son peuple des siècles auparavant, s’en va. Et c’est un clin d’œil, puisqu’elle est jouée à 30% par Lynda Carter, l’actrice original de Wonder Woman, et à 70% par du botox.

Et cette fois-ci, FIN pour de bon. Ouf.


« Et vous patron, qu’auriez-vous souhaité si vous aviez un souhait, et un seul ?
– J’aurais souhaité voir Wonder Woman 1984. »

Diego me parait particulièrement perturbé par ce souhait, et en cherche la logique.

« Mais pourquoi ? Ne venez vous pas d’expliquer longuement que c’était mauvais ? »

Je prends une longue lampée de brandy avant de fermer les yeux.

« Certes, mais ainsi, j’aurais pu renoncer à mon vœu, et par conséquent, dé-voir le film. »

Et après tout cela, difficile d’avoir un plus grand souhait.

Jurassic World – La suite d’après

$
0
0

— Patron ! Vous savez très bien que vous n’avez pas le droit de sortir, vous êtes en quarantaine !
— Ouvre cette porte, Diego ! Sinon, je te préviens, tu ne verras pas la couleur de ta paie !
— Vous ne me payez pas, patron !

L’odieux employeur de Diego avait été prévenu à de multiples reprises : ne pas payer son serviteur finirait par lui jouer des tours. Certes, ce n’était probablement pas ce à quoi les gens pensaient en le disant, mais tout de même. Dans l’immédiat, un homme était aussi ennuyé qu’enfermé.

— Diego je te préviens, je vais me fâcher !
— Inutile, patron ! De toute manière, on sonne ; le médecin vient d’arriver.

Diego introduisit en la demeure le médecin dont la chevelure aussi blanche que clairsemée annonçait une prochaine retraite. Tous deux montèrent à l’étage, en dissertant sur l’état du patient.

— Vous lui avez dit de ne pas sortir, jeune Diego ? Que c’était une épidémie ?
— Oui, mais vous savez comme il est. D’ailleurs, permettez que je vous demande de reculer, docteur, car je vais ouvrir sa porte. Et le connaissant, il pourrait tenter quelque chose. Prêt ? Un, deux et trois !

La porte s’ouvrit en grand, révélant la chambre du patient. Et si ce dernier n’avait pas bondi à la gorge de son serviteur, l’explication quant à son étonnant calme tenait dans la longue ligne de cravates nouées ensemble et jetées par la fenêtre ouverte.

— Ah ! Il s’est enfui ! s’exclama Diego avant de filer se pencher à l’extérieur. Patron ! Je vous vois en train de courir ! Je vous ai dit que vous ne deviez pas sortir : c’est une épidémie de mauvais films ! Il y en a trop, même pour votre système immunitaire !
— Jamais je ne me rendrai, tu m’entends Diego, sale petite gouape ? Jamais ! Versez-vous du brandy en attendant mon retour, docteur : moi, je file voir le bien nommé Jurassic World : le monde d’après.

Car rappelons qu’Hollywood, qui est depuis vingt ans sous perfusions de licences, n’abandonne pas et nous a donc pondu un troisième volet à la série Jurassic World, elle-même suite de la série de films Jurassic Park. Dont je me permets de vous rappeler les précédents pitchs :

Jurassic World : Après avoir eu trois fois des problèmes avec des dinosaures, de brillants esprits décident de reconstruire exactement le même parc, exactement au même endroit, et ce, avec quasiment aucune sécurité. Incroyable : les dinosaures s’échappent, mais heureusement, nos héros aussi. Le spoiler est ici.

Jurassic World – Fallen Kingdom : Après avoir eu quatre fois des problèmes avec des dinosaures, de brillants esprits décident de carrément en importer, et même d’en créer un nouveau car les dinosaures feraient des armes formidables, c’est connu. Incroyable : les dinosaures s’échappent encore, mais heureusement, nos héros aussi. Le spoiler est ici.

Sans vouloir vous spoiler – vous savez comme je suis à cheval sur le sujet – je me permets de vous indiquer que Jurassic World – Le monde d’après va impliquer de brillants esprits qui se disent que quand même, après cinq échecs, et si on refaisait encore une espèce de sanctuaire à dinosaures avec une sécurité très limitée pour voir ce qu’il se passe ?

Oooh, je sens que vous avez envie d’en savoir plus. Fort bien ! Alors…

Spoilons, mes bons !


L’affiche : on nous promet que cette fois, c’est la fin. Si seulement.

Notre film commence au large de l’Alaska, alors que de braves pêcheurs américains remontent dans leurs filets quantités de richesses comme seule la mer sait en offrir : poissons, crabes, sacs Carrefour… une bien belle régalade qui s’annonce, jusqu’à ce que jaillisse de l’eau un monstrueux mosasaure, qui agrippe gloutonnement le filet et fait chavirer le frêle esquif avec tout son équipage, ce qui est taquin, il faut bien le reconnaître.

Pendant que les marins tiennent des propos un peu secs sur ce lézard de la Meuse qui est bien loin de chez lui, prenons un peu de recul et découvrons que cet incident ne fait partie que d’une longue série que les médias commentent ardemment.

En effet, depuis les aventures du précédent films, ou des héros idiots ont libéré quantité de dangereux dinosaures parce que « Euh, ils ont le droit de vivre en liberté steuplé ! » (toi aussi, relâche des veuves noires dans la salle de bain de tes amis au nom de leur liberté), c’est la panique un peu partout dans le monde. Ces braves animaux se sont multipliés et si certains sont petits et mignons, d’autres sont gros et cons et ont une fâcheuse tendance à emboutir des bagnoles, tuer des gens, et parfois un savant mélange des deux.

Les Etats du monde entier dissertent donc afin de… euh… pardon ? Qu’ouïs-je ? Ah. Sachez que leur priorité est de, je cite, « lutter contre les braconniers« . Ah. Moi, je pensais que le problème, c’était des vélociraptors dans les rues ou un tricératops qui vient s’accoupler avec ta Twingo le soir venu, mais non : le vrai souci, ce sont donc les braconniers. Je note.

Mieux : un grand plan international a été mis en place pour tenter de rapatrier autant de dinosaures que possibles jusqu’à un grand sanctuaire situé en Italie au cœur des montagnes, où la société Pipo Inc propose d’abriter ces belles créatures et de les étudier pour faire avancer la science. Par exemple, en… euh… ou encore en… bref, eh bien, voilà, la SCIENCE. Vous savez, cette science de film américain qui fait que toute personne portant une blouse s’y connait aussi bien en reproduction des méduses qu’en aérospatiale. Voilàààà, celle-là.

En attendant, retrouvons Claire, notre héroïne moyennement charismatique des précédents films, et ex-directrice de Jurassic World, qui s’est reconvertie dans l’activisme pro-dinosaures. Et ce soir, la voici infiltrant avec une amie une ferme de dinosaures herbivores, afin de montrer qu’ils sont maltraités et qu’il faut faire quelque chose, holalala, en plus celui-là est cromignon, je le ramène avec moi, hihihihi !

— C’est vraiment affreux, ils retirent les bébés dinosaures à leurs mamans ! couine Claire.

J’espère que personne n’a jamais parlé des vaches à notre héroïne. Ou si vraiment, ce sont les dinosaures qui la chatouillent, que personne ne lui rappellera « Ah, si seulement une andouille n’avait pas relâché n’importe comment tous ces dinosaures dans la vaste monde, peut-être qu’ils ne finiraient pas dans ce genre d’exploitations !« . Accessoirement, venant de l’ex-directrice d’un parc exploitant les dinosaures, c’est intéressant.

Mais oubliez ces détails sans intérêt : Claire est conol, sachez-le.

Tellement cool que lorsqu’elle s’enfuit en voiture, poursuivie par les véhicules des gardes de la ferme, tous les dinosaures du coin viennent naturellement aider notre héroïne, puisqu’on le sait peu, mais le dinosaure sait identifier, de nuit et à cent mètres, une camionnette pleine de gentils d’une pick-up conduit par des gens aux intentions douteuses. Le dinosaure est comme ça : il peut apercevoir un cliché de bien plus loin que les gens ayant écrit ce film.

Mais au fait, en parlant de Claire et de clichés, quid d’Owen, son mec ?

Eh bien lui aussi fait honneur au manque d’inventivité du script. Il était cool et il faisait de la moto ? Sachez qu’il est toujours cool, et qu’il fait toujours de la moto, jouant les cowboys des plaines pour aller capturer et calmer des dinosaures en goguette apeurés. Et pourquoi pas, les envoyer au sanctuaire.

— Et voilà ! Un dinosaure de plus, mes amis ! Aidez-moi à la charger à bord du camion !
— Bravo chef ! Vous êtes vraiment trop fort ! Beaucoup de gens tireraient, mais pas vous.
— Eeeh non. Car vous savez, je me souviens de Jurassic Park. Les dinosaures se sont barrés et ont tué tout le monde, d’accord. Mais n’avaient-ils pas le droit à une deuxième chance ? Chance qu’ils ont utilisée pour tuer tout le monde. Mais n’avaient-ils pas le droit à une troisième chance ? Certes, ils l’ont aussi utilisée pour tuer tout le monde. Alors nous leur avons construit Jurassic World. Où ils ont tué tout le monde. Mais n’avaient-ils pas le droit à une quatrième chance ? Certes, ils se sont enfuis et ont tué tout le monde. Mais là, maintenant, cette sixième chance, je…

Bref, vous l’aurez compris : les dinosaures sont de tels multirécidivistes qu’ils sont à deux doigts d’être pris en photo avec Emmanuel Macron.

Passons, et poursuivons notre galerie de personnages charismatiques et attachants pour en venir à Reloue. Mais si, vous vous souvenez, la petite fille issue d’un clonage que nos héros sauvaient à la fin du précédent film ? Moi non plus. Sachez qu’elle est toujours fidèle à elle-même, et que donc, elle est particulièrement insupportable. Chacune de ses apparitions vous donnera envie de battre des records de vitesse avec votre main contre ses grosses joues roses.

Et justement : alors que nos héros se sont installés au fond des bois pour que personne ne retrouve Reloue et son précieux ADN de merveille de la science, Reloue n’arrête pas de filer à l’anglaise, d’aller en ville alors que c’est interdit, de sauver des dinosaures égarés, bref, dès que vous lui dites « Surtout, ne sors pas !« , vous êtes certains de la retrouver en train de sprinter à demie-nue dans la neige juste pour emmerder le monde.

Si vous ne vous souveniez plus de pourquoi elle s’appelait Reloue, c’est chose faite. De rien.

Comme le veut la tradition, sachez par ailleurs que Owen, Claire et Reloue qui habitent tous ensemble cochent tous les clichés qui vont bien, comme par exemple, l’obligation inexplicable de tous porter des chemises de bûcherons et d’avoir un break pourri comme seul véhicule.

J’imagine les scènes chez l’accessoiriste à Hollywood.

— Bonjour, je viens chercher des accessoires pour le héros de notre film.
— Okay, où vit-il ? New York ? Los Angeles ?
— Eh bien plutôt à la camp…
— JE VAIS CHERCHER LES CHEMISES CANADIENNES ET LE BREAK POURRI.

Car c’est connu : toute personne qui ne vit pas dans une grande ville s’habille obligatoirement de la même manière qu’un ouvrier forestier de 1975. Et a la même voiture. Mes lecteurs en province le savent bien. D’ailleurs, il faut que j’aille pousser mon break : mon voisin a un tronc à rentrer chez lui.

Toujours est-il qu’un jour que Reloue est reloue, mais devant la maison (il y a des variantes, c’est une écriture soignée), elle aperçoit un bébé raptor un peu bleuté. Exactement comme Blue, le raptor fétiche d’Owen. Et aperçoit même Blue peu après ! Owen, qui a tout vu, comprend alors que son raptor est venu s’installer près de chez eux, et a réussi à se reproduire. Seul.

— Mais comment est-ce possible, Owen ? demande Reloue.

Avant qu’Owen ne puisse lui expliquer les abeilles, le pollen, la grosse ruche génétiquement modifiée et la veuve poignet, il commet une terrible erreur. En effet, il déclare :

— Reloue, je vais aller voir ce que fait Blue près d’ici. Toi, surtout, RESTE ICI.

Dans la demi-seconde qui suit, on retrouve donc cet appeau à torgnolles de Reloue en train de pédaler sur son vélo à toute vitesse pour faire absolument tout sauf ce qu’on lui demandait. Il n’en faut pas plus à une bande de mercenaires qui surveillait la maison pour capturer Reloue… et le bébé de Blue, que nous appellerons bébé Blue.

Au lieu de sabrer le champagne et leur tranquillité retrouvée, Owen et Claire décident de quitter leur paisible retraite pour reprendre du service afin de retrouver leur enfant adoptif neuneu. Et commencent par aller interroger un des anciens employés de Jurassic World qui, par un heureux hasard, travaille désormais pour la CIA.

Sortez votre boîte à « Ça alors« , et prévenez-la : elle entre dans une zone de turbulences.

Un appeau à gifles les joues encore rouges de sa dernière session.

Car figurez-vous que ça tombe bien, l’ami de la CIA travaille justement (secouez votre boîte) sur un trafic de dinosaures en cours, et le dialogue ressemble peu ou prou à ceci, attention, je n’exagère même pas :

— Écoutez Claire et Owen, je vous aime bien mais je ne peux rien vous dire de plus.
— Parle ou je dabe.
— Monstre ! Bon d’accord : il y a une plateforme mondiale du trafic de dinosaures à Malte, et nous y avons des agents. Nous comptons intervenir prochainement, lors d’une grande opération ultra-secrète dont je ne devrais pas vous parler, et dont vous ne devez pas vous mêler, promis ?
— … ouiiiiii ?
— Bon alors dans le doute, sachez que ça se passera jeudi au 2 rue Corto Maltese. Mais surtout n’y allez pas, hein !

Et devinez quoi : BEN NOS HÉROS Y VONT. Oh ben non alors !

Moi aussi, quand je veux que des gens ne foutent pas en l’air un rendez-vous, je leur dis où et quand aura lieu ledit rendez-vous. Et préparez-vous, parce que des dialogues comme ça, il va y en avoir d’autres.

Faisons tout de même une pause pour nous rendre au Texas, où il se passe des choses étranges : en effet, des hordes de sauterelles géantes, le genre de la taille d’un teckel (mais en moins bêtes), ravagent la région et boulottent les récoltes, ce qui n’est pas très sympa. Plus étrange encore, les sauterelles ne s’attaquent qu’au grain des fermiers indépendants, et pas au bon grain OGM de la société Pipo Inc.

Hmmmm. Soiiiiit ces sauterelles géantes sont des sauterelles qui ne font leurs courses qu’au marché bio, portent des lunettes et fument des cigarettes électroniques, soiiiiit…

Non, attendez… y aurait-il un lien avec Pipo Inc ? Je n’ose y croire. C’est trop subtil.

C’est pourtant bien la théorie d’Ellie Sattler, héroïne du premier Jurassic Park, et qui désormais, enquête sur l’affaire des sauterelles géantes. Ah, on occupe sa retraite comme on peut. Disposant d’un doctorat, d’un très gros QI et d’un sens de l’observation bluffant, elle se demande siiii… hmm… si Pipo Inc ne serait pas mouillé !

Elle est balaise. Quelle enquête !

Cela tombe bien, son vieil ami Ian Malcolm, qui bosse chez Pipo Inc, l’a invitée à venir y faire un tour. Et parce que bon, quitte à se retrouver, autant ramener tout le monde à l’écran, elle va aussi chercher son copain Alan Grant, lui aussi héros du premier film, pour reprendre du service.

— Vous réalisez que je suis paléontologue et que je n’ai rien à voir avec la choucroute ?
— Taggle et attrape ce gros fil rouge.

Et ainsi, Alan Grant s’envole avec Ellie pour le sanctuaire à dinosaures de Pipo Inc en Italie. Et c’est un bien bel endroit ! Voici donc la séquence vue et revue des héros qui survolent cette vallée fabuleuse, aperçoivent des dinosaures en faisant « Ouah ! », pendant qu’à bord, on leur indique que le parc est super sûr cette fois : tous les dinosaures ont une puce qui permet de leur envoyer un signal dans le cerveau pour leur dire de ne pas trop s’éloigner, par exemple, ou d’attendre devant le Franprix pendant qu’on fait les courses.

AH BEN JE ME SENS RASSURÉ ALORS.

Comme le veut la tradition, le sanctuaire est quasiment entièrement dénué de gardes armés. Mais si, vous savez, ce qui a coûté la vie à des centaines de gens les cinq dernières fois ! Vous n’allez pas me dire que les dinosaures vont se retrouver hors de contrôle une sixième fois hmmm ? HMMMMMM ?

Attendez… je vais chercher le budget… 185 millions de dollars.

Pour 15€, je pense que je peux trouver quelqu’un capable d’écrire un meilleur pitch que « Oh non, pour la sixième fois, quelqu’un a encore oublié la sécurité !« .

Toujours est-il que notre fine équipe se pose enfin près du bâtiment qui se trouve au cœur du parc sanctuaire, et où l’on découvre que tout est piloté par ordinateur dans une salle qui elle aussi, ressemble à celle des précédents films. Le hasard. L’inventivité. Le 7ème art.

Le patron de Pipo Inc qui accueille nos amis est John Pipo, un riche blanc qui…

Ah ? Attendez, je regarde ma montre : oui, voilà, nous en sommes à 20% du film et je sais déjà qui est une ordure. À noter que son bras droit sur le projet, Ramsay, s’avère être noir. Vous me direz « Qu’est-ce qu’on s’en fout ? » bande de sales petits gauchistes universalistes ; mais n’oubliez pas la règle souvent répétée ici : à Hollywood, on est racistes, et en bons gros racistes, on écrit les personnages de noirs comme on écrit les personnages d’enfants : ils sont naturellement gentils, simples, et toujours du côté du bien.

Je vous laisse deviner quel personnage va en réalité s’avérer être du côté des gentils. Voiiiiilà.

Passons sur d’autres petits moments de doux racisme qui émaillent cette scène, et laissons nos héros se rendre à la conférence de leur ami Ian Malcolm, dont le discours est très profond. En effet, il se résume à « La nature, eh ben elle est forte. ». Tonnerres d’applaudissements et larmes aux yeux, moi-même, j’ai dû éponger le sang qui ruisselait sur mes joues. Sitôt qu’il aperçoit ses amis Alan et Ellie, il s’empresse d’aller les retrouver.

— Les amis, je suis content de vous voir ! Bon, pendant que personne ne nous écoute, j’ai un secret à vous dire. Les sauterelles du jurassique ? Elles sont conçues au laboratoire qui se trouve au sixième sous-sol. Tenez, prenez mon passe de sécurité, il vous y donnera accès.
— D’où vous avez un passe de sécurité pour aller dans un laboratoire super secret alors que vous n’êtes ici que pour donner des conférences à la con ?
— Eeeeh biiiiiiiieeeeeeeeen…

Ian Malcolm attrape du sable au sol et le souffle dans la gueule du docteur Grant pour faire diversion sur les problèmes de scénario. Pendant qu’il tousse, il peut causer avec Ellie.

— Voilà mon passe. Prenez-le sans commentaire, cette fois.
— Super, avec ça, je vais pouvoir aller prendre de l’ADN à ces bestioles et le comparer avec celui de celles en liberté pour prouver qu’elles sont liées !

Ah ben oui. Oui, c’est sûr, parce que sans l’ADN, ça ne serait pas facile de deviner qu’il y a un rapport : ce sont peut-être des sauterelles géantes du jurassique qui se sont réveillées là, comme ça, un matin. Qui irait faire le lien entre elles et le seul laboratoire au monde à encore bosser sur l’ADN de dinosaures et à en élever ?

C’est un peu comme faire un lien entre un T-rex sur votre pelouse et Jurassic Park : on sait pas, p’têtre que le tyrannosaure n’a aucun rapport. P’têtre que c’est votre voisine qui voulait faire des cookies, elle a mis trop de sucre, et paf, ça à fait un carnivore de plusieurs tonnes.

Vous comprendrez donc pourquoi Ellie a besoin d’ADN : sans ça, aucun lien possible.

Ce scénario n’est pas sans rappeler une rédaction de sixième.

Et figurez-vous qu’Ellie a raison ! Car, je sais, vous manquez de peu de tomber de votre chaise, mais les sauterelles viennent bien de Pipo Inc. On l’apprend en effet lors d’une scène où John Pipo et son scientifique favori, le Dr Wu, celui qui se traine de parc en parc à créer des dinosaures qui lui échappent depuis 6 films, discutent.

— Docteur Wu, vous allez être content. Les mercenaires que j’ai payés pour kidnapper Reloue ont aussi capturé un bébé dinosaure qu’une maman raptor seule a réussi à produire sans l’aide d’un papa. Voilà qui devrait exciter plus d’une personne en licence d’études de genre. Accessoirement, leur ADN cache sûrement des merveilles. Vous allez me les étudier.
— Oui euh, en parlant d’ADN chef… créer des sauterelles géantes et les lâcher dans la nature, c’était peut-être pas une bonne idée. On va se taper une pénurie mondiale de récoltes en tous genres avec nos conneries. Tout le monde n’a pas nos plantations bios.
— Eh bien ils en achèteront, AHAHAHA !
— Vous comprenez bien que même s’ils le font, le temps qu’ils les plantent et que ça pousse, entre temps, il y aura eu des famines géantes quand même ?
— … ah oui merde. Bon, on s’en fout, je suis méchant ! On l’a dit que j’étais méchant ?
— Oui mais justement, votre plan n’est pas bien clair, en fait. Que voulez-vous accomplir ?
— J… JE SUIS MÉCHANT, VOILÀ.

Oui, c’est à peu près le cœur de l’intrigue : le méchant est méchant, et a lâché des sauterelles géantes dans le cadre d’un plan un peu flou. Mais méchant.

Vous avez tout saisi quant à la situation brillamment écrite au sanctuaire de Pipo Inc ?

Ah, si seulement le Dr Wu avait pu prédire que relâcher des sauterelles géantes génétiquement modifiées dans la nature poserait problème !

Alors fonçons à Malte, où nous retrouvons les premiers arrivés sur place : les méchants mercenaires qui ont kidnappé Reloue et bébé Blue. Fraîchement débarqués d’un avion sur une piste poussiéreuse, ils livrent les deux à Santos, une vilaine trafiquante locale.

Sauf que parmi tous ces vilains se trouve une personne qui fait tache : une pilote d’un vieux coucou pourri servant à faire de la contrebande de dinosaures. Et cette pilote est… eeeeest… je suis désolé d’insister sur ce cliché, mais elle est noire. Doooooooooooonc ?

Voilà, vous avez deviné : elle est évidemment, forcément, inévitablement gentille.

Un jour, on rangera tous ces films aux côtés de Tintin au Congo et c’est à peine si on verra la différence. Et d’ores et déjà, la bonté pure filtre sous l’épiderme de notre pilote, qui aperçoit de loin Reloue, emmenée par la vilaine Santos. On sent qu’elle n’aime pas ça. Car violer les lois internationales, d’accord ! Faire de la contrebande d’animaux protégés, ok ! Travailler avec des bandits, pas de problème ! Livrer des dinosaures tueurs dans des arènes de combat illégales, aucun souci !

Mais voir une petite fille que l’on emmène de force, là, euh, ouh, mes principes !

Appelons donc ce personnage Cliché, et poursuivons.

Les trafiquants pensent être tranquilles maintenant qu’ils sont à Malte, haut-lieu du trafic de dinosaures, mais c’est ignorer qu’ils sont rejoints sur place par Claire et Owen. Qui eux-mêmes, prennent contact avec le chef des opérations locales visant à embêter les vilains marchands de dinosaures qui n’est autre que… Omar Sy, l’ancien pote d’Owen !

J’avais prévenu que vos boîtes à « Ça alors ! » seraient malmenées.

Nos amis sont ravis de se retrouver, et là encore, le dialogue est très confus, alternant entre « Vous êtes mignons mais ne vous mêlez pas d’une opération officielle » et « EN FAIT ON VA INFILTRER CLAIRE DANS LA PLANQUE DES TRAFIQUANTS ÇA ME SEMBLE ÊTRE UNE SUPER IDÉE !« 

C’est vrai : qui pourrait reconnaître l’ancienne directrice de Jurassic World dans un milieu d’experts clandestins en dinosaures ?

Personne, donc. Je les envie presque : cela veut dire qu’eux ne se sont pas tapés les précédents films.

Claire se rend ainsi dans un repaire de trafiquants, véritable club clandestin où les vilains organisent des combats à mort entre dinosaures, ou en gardent comme petits compagnons pour se donner des airs de gros durs. Claire, qui fait complètement tache là-dedans, va s’isoler brièvement aux toilettes où elle rencontre Cliché ; toutes deux font aussitôt connaissances tant c’est un haut-lieu de sociabilisation.

— Qui êtes-vous ?
— Oh ! Vous êtes une trafiquante ? Moi, je m’appelle Claire !
— Que ? Mais putain vous êtes en train de me donner votre vrai nom alors que je n’ai rien demandé ? Vous êtes Mata Hari ou bien ?
— Ah non mais le script est finement ciselé.
— Bon, écoute, tout ce que je voulais dire c’était que tu n’avais rien à faire là, Claire. Tu devrais partir, c’est dangereux ici.
— Mais je cherche ma fille adoptive ! Tenez, regardez sa photo ! Elle s’appelle Reloue ! Vous l’avez vue ?
— … je ne peux rien dire.

N’oubliez pas les enfants : toujours balancer votre vraie identité, ainsi que les véritables motifs de votre venue au premier trafiquant que vous rencontrez aux toilettes en opération secrète, en plein au milieu de leur quartier général. C’est la base.

Mais comme les gens qui ont écrit l’intrigue avec leur morve n’ont fait aucun effort, hop ! Ça passe !

C’est peu après ce fabuleux dialogue que Santos, qui est occupée à gérer une autre transaction dans le garage du club, est surprise par l’arrivée d’Omar Sy, Owen et leurs amis, qui ont décidé d’arrêter la vilaine pour ne pas avoir payé la TVA sur les dinosaures. Et accessoirement, aimeraient bien lui poser quelques questions.

— C’est touchant, ricane Santos. Mais je m’en vais.
— Attention, on ne pourra jamais la rattraper : elle a… DES TALONS HAUTS !

En effet, Santos s’en va… en marchant sur ses talons hauts, au milieu des balles, dans une scène qui donne l’impression que personne n’a dit à l’actrice qu’on lui tirait dessus. Personne ne la touche, et elle peut filer, et même ordonner au camion transportant sa dernière cargaison de partir sous le feu. C’est donc désormais officiel dans Jurassic World : si vous avez des talons hauts, RIEN ne peut vous rattraper.

D’ailleurs, gros problèmes de direction d’acteurs toujours, je tiens à souligner tous les problèmes de l’improbable scène qui s’ensuit : Owen affronte des méchants au milieu de ce club de contrebandiers. Et évidemment, des cages s’ouvrent (sans grande explication, d’ailleurs), et en sortent d’énormes dinosaures entrainés à tuer. Vous pensez que les gens fuiraient ? Non ! On a toute une scène où l’on voit Owen et un autre gugusse se taper dessus dans un coin du club, pendant que les gens font des paris sur leur combat… alors qu’il y a des dinosaures tueurs de 5 tonnes en maraude à deux mètres d’eux.

Soit ils ont d’étranges priorités, soit la réalisation s’est plantée dans les grandes largeurs.

185 millions bien investis, une fois de plus.

Quant au camion de la mystérieuse Santos qui fuyait avec sa cargaison, il a quelques soucis avec les autorités en tentant de fuir, perd le contrôle et… rentre dans un mur qui le ramène à l’intérieur du club dont il vient de partir !

Oui, il devait fuir en tournant en rond. En tout cas, on va dire ça.

Santos, qui se retrouve elle aussi au même endroit (décidément), se trouve soudain encerclée par Omar Sy et ses amis de la police, qui la braquent. Mais elle part d’un grand rire.

— Vous pensez avoir gagné ? C’est toujours aussi touchant. Voyez ces caisses qui viennent de tomber de mon camion. Vous pensez que ce sont de simples dinosaures ? Non ! Ce sont des vélociraptors dressés pour tuer n’importe quelle cible marquée au laser ! Une arme diabolique, inarrêtable et…
— C’était pas exactement ce principe de dinosaure militarisé de merde qui avait déjà bien fait rire dans le dernier film ?
— Euh… oui ben euh imaginez ! Je vous vise avec mon petit pointeur Powerpoint, et là, paf ! Un vélociraptor vient vous tuer ! Kestuvafaire ?
— Nan c’est vrai que c’est pas bête. J’imagine une version encore plus évoluée. Avec un raptor encore plus rapide…
— Ah oui ce serait pas mal.
— Genre ultra-rapide. Et plus petit, donc passant partout, mais tout aussi mortel.
— Ah, ce serait super !
— Une fois le laser sur la personne, instantanément ou presque, il la tuerait. Et ces super raptors seraient impossibles à arrêter, à contrôler, dormiraient tant qu’on ne s’en sert pas, et des usines entières en fabriqueraient ! Des raptors qui fonceraient en ligne droite vers le laser, minuscules, et causeraient des blessures mortelles ! Voire resteraient dans la victime pour compliquer les soins !
— Mais ce serait génial, oui ! Encore plus redoutable que… aaaattendez ? Vous êtes en train de me parler de balles ? Comme dans une arme à feu ?
— Ben oui : tu pointes sur quelqu’un, tu appuies, et paf, ça tue, et t’as pas à changer sa litière.

Non, vraiment, le dinosaure comme arme, c’est une bonne grosse idée de merde. Mais Santos n’est pas au courant, et comme Omar Sy et ses amis sont neuneus, ils laissent Santos les braquer avec son gros laser Powerpoint et tous les désigner, tour à tour. Avant de lâcher les raptors.

Pauvres raptors qui foncent vers des types arm…

Que ?

Je pense qu’à ce stade, quiconque a vu le film a eu un rire nerveux : pour ne pas montrer que les pauvres raptors n’ont aucune chance face à un flingue, les agents spéciaux JETTENT LEURS ARMES ! Et se mettent tous à courir les bras en l’air.

Voilà voilà voilà. C’est vous dire si vraiment CHAQUE scène est un bijou de scatophilie.

N’oubliez pas les enfants : quand vous emmenez des armes quelque part, c’est juste pour les jeter et tenter d’arrêter l’ennemi avec des signes de la main.

Santos en profite pour se ré-enfuir, et appelle John Pipo pour lui dire qu’il y a un pépin.

— John ? Nous avons un souci : les parents de Reloue sont là.

Et elle n’en dit pas plus. Je ne sais pas, moi j’aurais mentionné, au hasard LES AUTORITÉS ? Le fait que leur trafic était visiblement connu d’organisations internationales ? Mais non : l’urgence, c’est de dire que deux couillons amateurs de chemises de bûcherons sont sur leur piste. Fabuleux.

Je vous passe les péripéties qui s’ensuivent, mais oui, Omar Sy échappe au raptor (oh non ! Cette arme aurait donc des failles ?), et oui, Santos se fait attraper et avoue que « D’accord, j’ai envoyé Reloue et bébé Blue en Italie chez John Pipo, pour qui je travaille ! »

Voilà qui devrait intéresser les organisations internatio…

Ah non, on ne les verra plus du film, pardon. Santos a cependant le temps d’utiliser une dernière fois son pointeur laser diabolique, et marque Claire et Owen. C’est bas. S’ensuit donc une longue, longue course poursuite durant laquelle Claire fuit sur les toits de Malte, alors qu’Owen fait de la moto dans les rues. Là encore, on découvre que le reste des animaux des trafiquants courent en ville et mangent des gens, mais tous les figurants n’ont pas l’air au courant et réagissent surtout à la moto. Là encore, quelles priorités.

Comme le veut la tradition des Jurassic World, quinze fois, les dinosaures sont sur le point de croquer nos héros, et quinze fois, ils leur échappent à la dernière seconde. Quant à Claire, alors qu’elle tombe d’un toit, elle est sauvée à la dernière seconde par…

— CLICHÉ ? Ça alors ! Si j’avais pu deviner que vous étiez gentille !

Dois-je commenter, mon vieux Milou ?

Et puis c’est vrai que c’est cohérent : une trafiquante internationale qui découvre que le club où elle se trouve a été infiltré par les autorités, que celles-ci interviennent et commencent à arrêter tout le monde, que les dinosaures s’échappent et commencent à tuer au hasard, que son gagne-pain est ruiné et que sa tête va être mise à prix partout…

Oui, c’est le moment parfait pour aider la nana qui vient de ruiner tes affaires, c’est évident.

Cliché emmène Claire vers l’aérodrome où se trouve sa poubelle volante, et ce, en quatrième vitesse. Puis démarre l’avion.

— Attendez ! Mon mec est resté à Malte ! s’époumonne Claire.
— Pourquoi attendre ? Il ne vous a pas vue partir avec moi, ignore qui je suis, où me trouver et…
— OH REGARDEZ C’EST OWEN QUI ARRIVE POURSUIVI PAR LES RAPTORS !

Oui, Owen a lu le script car sans jamais avoir su où retrouver Claire, il a pris directement la bonne direction et fonce vers l’avion sans l’avoir vue monter dedans, en agissant comme s’il savait. Oups, hihihi. Mais est-on encore à cela près ? Owen sème les raptors, grimpe à bord, et tout ce petit monde s’envole pour…

— Le sanctuaire !
— Hein ? Vous nous emmenez là-bas ? Mais pourquoi nous aidez-vous, Cliché ? demande Owen.
— NE POSEZ PAS DE QUESTIONS !

Oui, c’est le vrai dialogue : même le film n’arrive pas à le justifier alors « Ne posez pas de questions« . Voilà. Plus tard, il sera vaguement mentionné que Cliché n’aime pas le trafic d’enfants, mais de là à trahir tous les gens avec qui elle travaillait depuis des années, on sent que le « Ne posez pas de questions » s’adresse avant tout au spectateur qui au même moment, est probablement dans un seau à vomir son bon sens pour qu’il arrête de le tourmenter.

Pendant ce temps, au sanctuaire, Ramsay le sympathique bras droit pas du tout prêt à trahir son riche blanc de chef achève la visite des locaux avec Ellie et Alan.

— Bon, les amis, c’était bien cette visite. Je peux vous laisser 30 minutes tout seuls ?
— Oui, bien sûr !
— Alors on se retrouve aux ascenseurs là-bas… à ne pas confondre avec CEUX LÀ-BAS QUI MENENT AU NIVEAU ULTRA-SECRET INTERDIT DU SIXIEME SOUS-SOL ! CLIIIIIIN D’OEIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIL !

C’est si subtil que je pense que c’est aussi à peu près à ce niveau que se trouve l’intrigue. Ellie et Alan gloussent donc comme des débiles, et dès que Ramsay est hors de vue, foncent aux ascenseurs interdits (mais pas surveillés, vous ai-je parlé de la sécurité ?), les activent avec la clé de sécurité de Ian Malcolm, et descendent au sous-sol où ils trouvent une salle remplie de sauterelles géantes !

— J’en étais SÛRE ! Ahaha, en prenant de l’ADN sur ces bestioles, je vais grave prouver qu’elles sont liées à celles de l’extérieur !
— D’ailleurs Ellie, qu’est-ce qui nous prouve que ce ne sont pas des sauterelles de l’extérieur capturées pour les étudier, justement ?
— Ah oui merde. Je n’avais pas pensé à ça. Euh… bon en fait je crois que toute ma mission d’infiltration ne sert à rien, mais pas d’inquiétude, le script n’a rien remarqué !

Mais les sauterelles, si. Et s’énervant, elles se mettent à bondir partout, forçant nos deux pré-retraités à s’enfuir lâchement.

Un peu plus loin, au même sous-sol, il se passe d’autres choses intéressantes. En effet, on vient de livrer au Dr Wu l’amie Reloue et bébé Blue. Le docteur Wu entreprend d’expliquer à la jeune fille ce qu’elle fout là.

— Tu sais ce dinosaure que l’on a capturé avec toi ? Sa maman l’a conçu toute seule grâce à des modifications génétiques que nous lui avions faites. Ce bébé, ce n’est pas un simple bébé, c’est un clone de Blue qu’elle a produit elle-même. Un peu comme toi et ta mère.
— Hein ? Mais on m’a dit que j’étais le clone de…
— De ta mère. Elle voulait un enfant, et elle a décidé de s’en faire un toute seule. Même pas avec un donneur : non, elle a décidé d’accoucher d’un clone d’elle-même. Nous parlons là de niveaux d’onanisme que j’ose à peine imaginer.

C’est vrai qu’il faut s’aimer très fort pour tomber enceinte de soi-même, mais passons.

— Bref, tout ça pour te dire que même si je pense que les choix de ta mère étaient, discutables, c’était un génie de la génétique. Par exemple, quand tu es née, elle a découvert qu’elle avait une maladie génétique qui la condamnait. Aussi elle a réécrit tout ton ADN pour te guérir, et ainsi, t’offrir ce qu’elle n’a jamais eu : une vie complète.
— Elle a réécrit mon ADN après ma naissance ? Ça me semble un petit peu chaud patate, Dr Wu. Et quitte à réécrire de l’ADN après la naissance, pourquoi n’a-t-elle pas réécrit le sien directement ?
— … aaaaloooooooooooooors…

Le docteur Wu, qui gardait le script sous la table en cas d’urgence, s’en sert pour gifler la gueule de cette petite emmerdeuse. C’est lorsqu’il réalise qu’il vient de la frapper avec l’équivalent de deux feuilles A4 qu’il décide de changer de plan, et colle Reloue devant des vidéos qui lui expliquent tout sur les secrets de ses origines, de la génétique, et le plan secret visant à étudier son ADN.

Lorsque John Pipo débarque pour voir comment ça avance, lui-même est un peu choqué de constater ce qu’il se passe là-dessous, et s’exclame :

— Mais pourquoi lui faites-vous regarder toutes ces vidéos secrètes ? C’est un peu dangereux non ?

Oui, un personnage souligne intelligemment que c’est complètement con. Donc les gens derrière le film sont conscients que ça n’a aucun sens. Mais au lieu de rectifier le tir, le film s’enfonce, parce qu’au même moment, à cinq mètres de là, qu’est-ce que regarde Reloue ?

Une vidéo du docteur Wu où avec sa propre voix enregistrée il explique QU’IL COMPTE TRAHIR JOHN PIPO. Oui, le mec a des enregistrements de ce genre, les montre sans raison à une gamine, et laisse le tout tourner pendant que John Pipo est à cinq mètres de là. Heureusement, c’est un laboratoire bien insonorisé. Et d’ailleurs, quel est le plan du docteur Wu ?

Eh bien le bon docteur a participé à créer les sauterelles de l’enfer. Maintenant, il le regrette un peu. Car elles sont super résistantes à tout, quasi-immortelles, et risquent de créer une famine mondiale (lui pensait sûrement les créer uniquement pour faire une blague à son voisin, je suppose). Aussi, contrairement à l’avis de John Pipo, il veut réécrire leur ADN pour qu’elles puissent mourir et laisser les champs tranquilles. Et pour cela, il a besoin de Reloue.

Oui, il compte réécrire l’ADN de quelques centaines de millions d’insectes dispersés au travers du monde, comme ça, hop. Voilà qui va être facile.

Reloue, qui n’a plus été reloue depuis au moins 7 bonnes secondes, décide que c’est trop. Et en plein milieu d’une vidéo, se lève, attrape le passe de sécurité du docteur Wu et… libère bébé Blue le petit raptor, qui s’enfuit dans les couloirs du bâtiments. Et Reloue de se barrer aussi via un célèbre conduit d’aération.

Que ? Mais qu’est-ce que c’était que cette scène ?

J’aime beaucoup comment même les personnages du film n’en ont strictement rien à foutre, avec Reloue qui se lève façon « Bon allez, on s’emmerde et il faut qu’il se passe des choses, moi je libère un raptor au hasard. »

Normal.

Ce. Film. Il a été écrit pour ce blog, j’ai du mal à l’expliquer autrement.

On appréciera d’ailleurs que John Pipo ait recruté Ian Malcolm, pas du tout pour le fan service, mais juste pour avoir un type qui le contredit en permanence et le hait ouvertement.

C’est justement en prenant la poudre d’escampette ainsi que Reloue tombe nez-à-nez avec Alan Grant et l’amie Ellie, qui venaient à peine d’échapper à la pièce pleine de sauterelles. Tous trois décident de mettre les voiles, et rencontrent au détour d’un ascenseur le sympathique Ramsay. Qui leur révèle que…

— Je suis un traître ! Je trahis John Pipo, ce monstre ! Je vous ai indiqué subtilement les ascenseurs tout à l’heure pour que vous alliez accomplir votre mission ! Avez-vous pu prélever de l’ADN de sauterelles géantes ? Oui ! Parfait !
— Ouah, si j’avais pu deviner que vous étiez du côté des gentils uniquement à partir de votre taux de mélanine !

Ramsay fait mine de ne pas avoir entendu ce dernier commentaire, et fait grimper ses petits compagnons vers le système de transports souterrain de la base, constitué de petites capsules qui voyagent à forte vitesse dans de grands tuyaux (oui, un hyperloop ; à ne pas confondre avec un hyperloopé, qui désigne ce film). Puis les expédie vers l’aérodrome.

En parlant d’aérodrome, sachez qu’au même moment, voici que s’approche du sanctuaire l’avion de Cliché, avec à son bord Claire et Owen. Et qu’ils prévoient de se poser sur la base, avec ou sans autorisation. Ça commence à bien faire pour John Pipo qui se lasse de ces emmerdes volant en escadrille, et monte au centre de commandes du sanctuaire retrouver son équipe et faire le point.

— Bon ! C’est la journée des neuneus ? Qu’est-ce qu’il se passe ici ?
— Un avion non-autorisé tente de se poser chez nous, M’sieur Pipo.
— Je vois. Vous vous souvenez du système de puces implantées dans nos dinosaures ? Qui permet de leur envoyer des signaux ? Vous savez qu’une partie de ces puces sert à empêcher les dinosaures volants de faire chier, n’est-ce pas ? Bien, alors désactivez-le, comme ça, ils détruiront cet avion.
— Mais chef, si on fait ça, on ne pourra plus décoller non plus en cas de problème !

Et le chef de répondre, je cite : « MMMMMMMMMMMMMRGNF.« 

Je ne sais pas si c’est l’acteur qui en a eu assez, ou le dialoguiste, mais le type se contente se hausser les épaules en grommelant façon « Je n’en ai plus rien à foutre« . Vraiment. Décidément, plus ça avance, plus on sent que même l’équipe du film n’en a rien à carrer.

Les sbires s’exécutent cependant, désactivent le système qui calme les animaux volants, et en deux minutes, l’avion de nos héros se fait déchirer la margoulette par des dinosaures un peu taquins. Comme dans les mauvais films, il se met alors à faire un bruit de stuka en piquant vers le sol, et Owen agrippe Claire.

— Claire, tu dois t’éjecter !
— Mais euh, vous aussi non ?
— Oui mais le script étant ce qu’il est, pif paf pouf, tu es la seule à avoir un siège éjectable. Alors go !

Et hop ! Claire est envoyée en l’air, et atterrit tant bien que mal dans la jungle de la vallée du sanctuaire (c’est une jungle artificielle ; l’Italie propose peu de jungles naturelles, hélas). Quant à Owen et Cliché, ils parviennent à écraser l’avion dans un lac glacé au-dessus de la vallée et alors que l’appareil coule et qu’on a vu de l’eau y pénétrer…

Eux sortent secs.

Ah non mais tout est du gros boulot. On a limite l’impression que tout a été tourné en une semaine, et encore, tant rien ne parait avoir été travaillé. Même certains effets spéciaux sont loupés. Dont, d’ailleurs, ce dinosaure qui surgit dans cette zone glacée pour courser nos héros, qui parviennent cependant à gagner des installations humaines et à s’y abriter avant de descendre dans la jungle de la vallée.

— Owen, rassurez-vous, j’ai sorti de l’épave ce petit détecteur de signal qui est branché sur la balise du siège éjectable. On va retrouver votre copine !
— On n’aurait pas plutôt dû emmener des flingues ? Vous êtes trafiquante, et apparemment, ex-militaire, vous deviez en avoir à bord, non ?
— Oui, mais ce serait trop facile.

Nos héros ont donc comme seul équipement : un traqueur de balise, un taser, un couteau, et un nombre de bites entre 0 et 2 (nous sommes en 2022, tout est possible).

Retournons au centre de contrôle, où John Pipo est content.

— Voilà, l’avion est abattu. Un problème de moins.
— On peut remettre en route le système de puces des dinosaures volants alors, chef ?
— HmmmMMmmmMMmmmnon. Sinon le film pourrait être plus court que prévu.
— Ah.
— Autre chose à me signaler ?
— Oui, nos caméras ont enregistré Ian Malcolm donnant sa clé de sécurité au Dr Grant et à sa copine.
— Okay super. Et ils sont allés fouiner je suppose, ces gros relous ? Oui ? Bien, ils en savent trop. Où sont-ils ?
— Dans l’hyperloop en route pour l’aérodrome.
— Désactivez-le.

Et hop ! Allan, Ellie et Reloue se retrouvent à l’arrêt. Préparez votre boîte à « Ça alors ! » car leur capsule s’est arrêtée… pile devant l’entrée d’une ancienne mine ! Non, leur hyperloop ne se fait pas dans des tuyaux fermés, finalement. C’est open bar, et lesdites mines sont pleines de dinosaures hostiles qui peuvent donc pénétrer dans l’hyperloop n’importe quand. C’est pratique. Déjà que la SNCF a du mal avec les sangliers sur les rails, alors là, un dimetrodon…

Non vraiment, gros travail.

Nos héros descendent et décident de se frayer un chemin dans les mines, avec évidemment, tout un tas de dinosaures qui tentent des les croquer, mais les loupent (oui, à la dernière seconde). Pendant qu’au centre de contrôle…

— Bon, trois connards en moins. Flûte, il y a Reloue avec eux, peut-être aurais-je dû y penser ? Hmmm… moui, non. On s’en fout. Vous disiez que Ian Malcolm m’avait donc trahi pour les aider ? Allez me le chercher.
— Bonjour, je suis Ian Malcolm.
— Vous êtes viré.
— Au revoir, je suis Ian Malcolm.
— Ramsay, accompagnez-le pour qu’il plie ses slips et se barre de chez moi.

John Pipo semble régler les problèmes un à un, mais hélas, il ignore que ce sombre filou de Ramsay est un gros traître du côté des gentils (il n’a toujours pas remarqué sa couleur). Ramsay, au lieu de virer Ian Malcolm, lui file donc tout le matériel dont il a besoin, lui confie une jeep, lui file les codes de la base, et l’envoie secourir Alan, Ellie et Reloue.

Boîte à « Ça alors ! » prête ? Parfait : notre bon Ian traverse la jungle sans problème, et du premier coup, tombe PILE POIL sur la sortie de la mine où nos héros avaient débouché par le plus grand des hasards (ce n’était pas leur plan, les dinosaures de la mine les avaient repoussés dans cette direction un peu par hasard). L’entrée de la mine est condamnée par une porte à code, mais avec l’aide de Ian, hop, tout s’ouvre, et en voiture Simone.

Nous en sommes donc à la situation très inventive du :

  • Il fait nuit
  • Les héros sont dans le parc avec des dinosaures en liberté
  • Les héros ne peuvent compter sur quasiment aucun soutien

Du jamais vu. D’ailleurs, si vous voulez d’autres clichés, sachez qu’Owen et Cliché justement ont tôt fait de s’enfoncer dans la jungle à la recherche du membre perdu de leur équipe (là aussi, jamais vu), et évidemment, sur qui tombent-ils, alors que le sanctuaire est GIGANTESQUE ?

Le seul T-rex bien sûr ! Et qui vient à sa rencontre – ça alors ! – pile poil quand les héros sont juste à côté ? Le grogrosaurus, un carnivore encore plus gros que le T-rex, LE nouveau dinosaure du film ! Décidément, c’est fou ! Oh, et vous ai-je parlé du moment où les héros se retrouvent avec un dinosaure à un mètre d’eux, énorme, qui les renifle et les force à ne pas bouger alors qu’ils tremblent de peur ?

Ça valait vraiment le coup de faire un nouveau film. Je pense pouvoir prédire qu’à la fin, on aura un duel au centre de commandement du sanctuaire entre le T-Rex, le dinosaure préféré des enfants, et le grogrosaurus, le méchant désigné du film. Mais si, vous savez : comme à chaque film.

Je me demande bien qui va gagner et pousser un rugissement victorieux au-dessus de sa dépouille à la fin.

Owen et Cliché finissent par retrouver Claire, qui était parvenue à atteindre un poste avancé désert au milieu de la jungle. C’est donc la joie des retrouvailles, les bisous, mais pas encore la fin des emmerdes.

Car pendant ce temps, dans sa base, John Pipo qui sent bien qu’il n’est pas encore sorti d’affaire est sur son ordinateur et fait glisser tous ses fichiers concernant les sauterelles géantes… dans la corbeille Windows. Ahah, personne ne pensera jamais à la fouiller ! Quel génie ! Mais bon, pour plus de sûreté, il décide aussi de lancer la destruction de toutes les sauterelles encore dans la base, grâce à un habile système d’incinération de la pièce où elles se trouvent.

Sauf que…

Pardon, je m’injecte du brandy en intraveineuse. Je disais ? Ah, oui.

La pièce n’était pas prévue pour cela. Non, je ne plaisante pas. Les sauterelles étaient enfermées dans un truc dont elles pouvaient se barrer, oups. Et puisqu’incinération il y a, ce sont des sauterelles en feu qui défoncent une grille d’aération et s’échappent. Formant… un essaim enflammé. Hoooo, si vous pouviez sentir comme mes doigts sont las rien qu’à taper une merde pareille.

C’est donc une pluie de sauterelles enflammées qui tombe sur le parc et déclenche des incendies un peu partout. Une sauterelle tombe même sur le pare-brise de Ian Malcolm, envoyant sa voiture faire des tonneaux et retomber…

Pardonnez mon soupir.

ÇA ALORS ! Sur les CENTAINES de kilomètres carrés du parc, nos larrons ont eu un accident PILE là où se trouvaient Owen, Claire et Cliché ! Pas à dix mètres plus loin ou au virage juste avant, non : À LEURS PIEDS ! Tout le monde peut donc se regrouper dans le poste avancé où ils avaient trouvé refuge, malgré une brève attaque du grogrosaurus, qui évidemment, enchaîne lui aussi les petits moments de déjà vu : et que je suis myope alors je ne vois rien si on ne bouge pas, et que j’avance lentement près de la voiture retournée, que je bouscule, avant d’ouvrir la gueule à côté pour bien montrer mes dents, et que je manque de manger les héros à chaque fois à la dernière seconde…

Spéciale dédicace aux héros qui hurlent « Surtout, ne bougez pas ! » avant de tous courir, mais là encore, la réalisation l’a oublié et le gros dinosaure ne les voit donc pas.

Vexé de n’avoir pas réussi à manger les humains, le grogrosaurus s’en retourne dans la jungle, pendant que nos amis ne font aucune remarque sur le fait qu’il a démonté la moitié du poste avancé, qui n’était donc pas conçu… pour résister à des dinosaures.

Je… je n’en peux plus. C’est rude, et pourtant, vous parlez à un expert en daubes expérimenté.

Idem, il n’y a toujours aucune arme à l’intérieur du fortin, à part un fusil à seringues pour envoyer du soporododo aux gentils dinosaures. Mais pendant que tout le monde s’équipe et fait des blagues sur la chemise un peu trop ouverte de Ian Malcolm, au centre de commandes, John Pipo grommèle.

— Ah ben merde, ces sauterelles nous ont causé un feu de forêt géant, dites voir. Bon, activez le signal dans la tête des dinos pour leur dire de se regrouper au poste de commandement, ça les mettra à l’abri du feu. Et en attendant… ordonnez l’évacuation ! Oui, on abandonne la base aux dinos. Ne me demandez pas pourquoi : j’ai envie et ce film n’en a plus rien à foutre.
— Mais chef, on n’a pas réactivé la puce des dinosaures volants ? On ne peut donc pas évacuer !
— Apapapap, évacuez quand même, car j’ai un truc…

Et le truc c’est… le changement de scène !

Car POUF. Un instant, la base est remplie de centaines de travailleurs, la suivante, tout le monde a disparu (alors que c’était impossible, je vous le rappelle). Voilà. Non, à ce stade, j’ai envie de jeter ce que j’ai sous la main contre l’écran. Tenez Madame, est-ce votre fils ? Oui ? Laissez-moi le rapprocher de l’écran à bonne vitesse. Aaaah ne hurlez pas comme ça, de toute manière, il était laid. Dites, vous êtes un peu lourde pour que je vous jette, mais si vous continuez à faire des bruits porcins, je vais devoir faire intervenir ma pelle comme médiatrice de paix, hein. Dites. Bon.

Revenons au film.

Quand nos héros, désormais regroupés en une seule équipe, gagnent à leur tour le centre de commandement afin d’essayer de quitter l’île la vallée, ils découvrent donc le centre entièrement vide. Mais ne posent heureusement pas de questions. Seul Ramsay vient les accueillir, car il n’allait pas abandonner nos héros.

— Salut les amis ! Bon, comme je m’ennuyais, j’ai dit à John Pipo que je l’avais trahi. Il a décidé d’évacuer de son côté, seul.
— Vous voulez dire que même ses gardes du corps sont partis sans lui ?
— C’est vrai que c’est cocasse. Bon enfin bref, si on veut évacuer, on a besoin de réactiver le signal qui calme les dinosaures volants. Sinon on ne décollera jamais.
— Ah, c’est donc pour ça que John Pipo n’avait pas réactivé le système plus tôt. Histoire de rajouter une scène comme quoi on ne peut pas partir si facilement.
— Voilà, impossible de quitter la vallée sans cela.
— Okay, mais alors comment on fait les autres dans ce cas ?

Ramsay menace de jeter dans un trou du scénario toute personne qui répéterait cette question.

— Je disais donc, il nous faut rétablir le courant, car l’incendie a endommagé notre alimentation. Il faut par conséquent qu’une équipe aille manuellement dans la salle des serveurs appuyer sur un bouton magique qui redirigera l’énergie de systèmes de sécurité dont on se fout pour aller à celui-là.

Claire et Ellie se portent volontaires pour y aller. Et tombent dans une salle pleine de sauterelles mortes car oui, sans aucune explication, les sauterelles se sont dit « Et siiiiii on retournait là d’où on avait fui parce qu’on tentait de nous y cramer, mais pas exactement la même salle, on va aller dans une autre pièce super inaccessible au pif au quinzième sous-sol ?« . Et comment ont-elles atteint les serveurs d’ailleurs ? Mystère. Elles ont dû, elles aussi, passer par les trous du scr… bref, on s’est compris.

Nos deux héroïnes redémarrent le système, mais ça plante. Aussi, finalement… eh bien elles tapent partout à coups de hache, et paf, ça marche.

Je ne plaisante pas. Les coups de hache au hasard, ça permet de rediriger de l’énergie dans des systèmes de sécurité. Si.

Quelqu’un a vraiment été payé pour écrire ce film ou… ?

Ne me demandez pas pourquoi mais d’ailleurs, redémarrer le système excite une partie des sauterelles pas tout à fait mortes de la salle, et puis non. Sûrement le bruit du redémarrage Windows qui leur a rappelé tous ces rudes moments où Windows rebootait alors qu’elles avaient un projet Photoshop non-sauvegardé en cours. On les comprend.

D’ailleurs, finalement, pouf, toutes les sauterelles excitées un plan auparavant disparaissent le suivant sans qu’on ne sache vraiment pourquoi. Je pense savoir où elles sont passées. Vous aussi. Non, pas là, même si d’une certaine manière, c’est peut-être le même endroit.

La redirection d’énergie a aussi arrêté l’hyperloop alors que le méchant John Pipo se trouvait dedans. Il tente bien de fuir à pied, mais évidemment, sur qui tombe-t-il ? Des dinosaures ! Qui lui crachent à la gueule (ils n’ont aucun respect), puis le mangent. Là aussi, le vilain qui finit dévoré par les gentils dinosaures, c’est du jaaaaamaaaais… pardon, je baillais : jamais vu.

Owen, de son côté, parvient à aller capturer bébé Blue car « Il a promis à sa mère de ramener son enfant« . Ah, ça, quand on promet des trucs à des vélociraptors, aussi… ne me regardez pas comme ça : connaissez-vous des gens qui ont déjà menti à des raptors, vous ? Hmmm ? Non ? Eh bien, vous voyez, Owen fait comme tout le monde.

La fine équipe fuit, mais pas avant d’être tombée sur le docteur Wu, qui leur assure que lui aussi est de leur côté. Et tous foncent retrouver Cliché, qui est partie démarrer le seul hélicoptère de la base (heureusement que tout le personnel a disparu sans explication, dites voir, sinon c’eut été dur de les évacuer avec un seul appareil). Mais alors qu’elle se pose au milieu du poste de commandement pour récupérer ses amis, qui débarque ?

Mais si, vous le savez.

Le grogrosaurus ! Et le T-Rex ! Qui évidemment, se battent en duel juste devant eux. Nos héros peuvent donc en profiter pour grimper dans l’hélicoptère, le T-Rex finit par triompher, et comme il se doit, conclut le tout par un long rugissement alors que l’hélicoptère s’envole, laissant la vallée et ses installations aux indomptables dinosaures.

Comme je suis surpriiiiiis !

Personne ne fait de remarques sur la pluie tropicale qui s’est mise à tomber, typique de l’Italie, et qui ne semble pas affecter la moindre flammèche d’incendie. Trop de choses affreuses et incohérentes ont déjà eu lieu là-bas.

De retour en sécurité, nos héros peuvent donc reprendre leur vie.

Alan Grant, qui passait le film à se plaindre qu’il était célibataire, décide de manger la bouche d’Ellie, qui le demandait un peu depuis son récent divorce (on ne le voyait pas venir). Puis, ils vont devant le sénat américain témoigner de leurs aventures avec Ian Malcolm. Une décision internationale décide de faire de la vallée du sanctuaire un endroit où les dinosaures peuvent vivre en paix.

Oubliant visiblement qu’en fait, il y en a déjà partout dans le monde, hein, donc bon. Mais là c’est crédible : l’ONU qui ne sert à rien, c’est assez réaliste.

Ici par exemple, Malte. L’histoire ne dit pas si c’est devenu une réserve.

Le docteur Wu étant lui incapable d’expliquer comment il règle le problème des sauterelles géantes dont il faut réécrire l’ADN… il y parvient lors d’une scène en voix off qui dit « Nan mais c’est bon, il a géré, voilà« . Et ça règle tout. Si, si. Quand je vous dis qu’il y a du gros travail, je n’exagère pas. Les mecs ne sachant plus où ils allaient, une ellipse et c’est plié.

Cliché, qui avait perdu son avion, en récupère une copie. En mauvais état aussi, avec exactement les mêmes traces de rouille. Un peu comme si des paresseux avaient repris le même avion ? Hmmm ! Je n’ose y penser avec un budget pareil !

Owen, Claire et Reloue retournent enfiler des chemises à carreaux, montent dans un break pourri, et vont relâcher bébé Blue près de sa mère. Tout le monde s’émerveille devant la beauté d’un vélociraptor en liberté capable de se multiplier sans aide et sur cette excellente nouvelle qui promet des dizaines de randonneurs morts dans un avenir très proche…

… FIN !

Le film a tout de même des qualités non-négligeables : il n’a pas de scène post-générique.

Enfin, je crois : j’étais parti avant tant j’avais besoin de me laver les yeux.


En conclusion, je dirais bien peu de choses.

À savoir qu’il en va de Jurassic World comme du Covid : le monde d’après ressemble quand même drôlement à celui d’avant.

Et surtout, surtout…

Quand va-t-on arrêter de se manger des variants qui fatiguent tout le monde ?

Triste épidémie.


L’homme gris

$
0
0

– Monsieur Connard…

La psychologue retire lentement ses lunettes avant de les poser près d’elle. Son bloc-notes sur les genoux, elle cherche ses mots. Méticuleusement. Allongé sur le divan, votre serviteur, les mains jointes sur la cravate, attend. Mais il sait déjà.

– Vous avez une addiction. Et je pense que vous ne l’ignorez pas.
– Allons, une addiction, comme vous y allez. Oui, j’aime les mauvais films. Mais une addiction, tout de même…
– Hélas, Monsieur Connard, aller voir un mauvais film au cinéma, cela arrive à tout le monde. Ne pas sortir de la salle au motif que vous avez payé, c’est déjà plus intéressant. Mais les regarder sur Netflix alors que vous pouvez arrêter à tout moment, c’est un signe qui ne trompe pas. Vous êtes accro à la daube.

Je tourne la tête vers l’intérieur du divan pour ne pas faire face au regard réprobateur de la professionnelle.

– Vous ne savez pas ce que c’est. À quoi pourrais-je le comparer ? Tenez ; vous voyez ces vidéos de gens qui tombent sur le verglas ? En soi, ce n’est pas drôle. Pourtant, il y a cette curiosité malsaine qui dit « Mais combien de fois vont-ils encore finir les dents sur le bitume ? » et qui vous pousse pourtant à continuer.
– Un être humain normalement constitué ressent de la compassion pour celui qui souffre, Monsieur Connard.
– L’être humain normalement constitué est un peu chiant, docteur.
– Un propos éclairant. Votre misanthropie, ajoutée à votre addiction au visionnage de choses douloureuses, me laisse entendre que vous pourriez être un psychop…

Le silencieux chuchote par deux fois, et la psychologue pousse un léger grognement de surprise. J’ignore si c’est parce qu’elle ne s’attendait pas à cela, ou si parce que, comme je l’espère, elle est un peu impressionnée par mon habileté à tirer tout en restant allongé, l’arme sur le ventre. C’est très élégant, ça fait tir un peu dédaigneux, j’aime beaucoup.

Diego, averti par le bruit du corps qui s’effondre sur le sol, rentre dans la pièce, un tapis sur l’épaule.

– Allez, Diego, roule-moi donc cela.
– Patron, ça fait quand même la troisième psychologue. Vous n’auriez pas une sorte d’addic…
– Apapap, Diego, choisis bien tes mots, ou je vais te prouver rapidement que je sais varier mes cibles.
– Patron, quand même.
– Ce n’est pas ma faute si la police a demandé cette évaluation psychologique pour me rendre mon permis depuis cet accident avec le cycliste.
– Je pense surtout que c’est le fait que ce soit le douzième cycliste à passer sous votre pare-choc qui les a rendus suspicieux, patron.
– Allons, Diego, roule donc ce macchabée, remplis mon coffre puis ton office de chauffeur, veux-tu ? En attendant, je vais chercher le prochain psychologue de l’annuaire. On finira bien par en trouver un qui affirmera que je n’ai aucun problème.

C’est vrai. Une addiction ? Moi ? Allons. Aux cigares, admettons, mais aux mauvais films ?

Ce n’est pas comme si je m’apprêtais à regarder The Gray Man volontairement. Oh que non. Non, je le fais pour vous, bande de malandrins. Et puis de vous à moi, qui est le plus dangereux : celui qui regarde une daube ou celui qui dépense des centaines de millions de dollars pour la financer ?

Vous voyez que je suis raisonnable.

Mais en attendant, Gray Man, est-ce vraiment un film à la hauteur de mon addic-de ma curiosité ou bien une œuvre sous-estimée ?

Spoilons, mes bons !


L’affiche : Oooh, du feu ! Des particules ! Vous me gâtez.

Notre film s’ouvre en 2003, une bien mauvaise année pour Saddam Hussein et les personnes âgées. Cependant, c’est un jeune américain bien à l’ombre que nous retrouvons, puisqu’il s’agit d’un prisonnier qui reçoit une visite. Mais, écoutons plutôt.

– Bonjour, jeune prisonnier au physique avantageux. Je suis Monsieur Fitz, et je lis dans votre dossier que vous êtes ici pour meurtre.
– En effet.
– Qu’est-ce que vous diriez que je vous sorte de prison ? En échange, vous travailleriez pour moi. Après une petite formation aux armes, bien sûr.
– Pardonnez-moi Monsieur Fitz, mais qui serait assez con pour aller en prison chercher des assassins, les sortir de là en violant tout le système judiciaire, avant de leur filer de l’entraînement et des armes pour les rendre encore plus dangereux ?
– La CIA.
– Ah ben oui ça se tient.

Et en effet : notre prisonnier rejoint ainsi les rangs de la CIA, est effacé de tous les registres légaux, et devient un agent super secret qui n’existe pas officiellement, un homme dans le gris de ce bas-monde… le GRAY MAN.

Soit en français « l’homme gris ». Ca sonne un peu gars bourré, mais nous verrons que ce film a probablement lui aussi été écrit après quelques 1664 de trop.

Bondissons cependant de 19 ans dans le futur histoire de nous échauffer.

Et retrouvons notre agent secret, qui répond désormais au nom de code de « Sierra Six », soit « SS » (la CIA apprécie) qui… attendez ? Mais ? Il n’a pas pris une ride ! Je vous laisse donc apprécier ce film qui malgré un budget qui se compte en centaines de millions, a oublié de payer le maquillage de l’acteur principal.

Ça va, ça arrive comme oubli, pas vrai ?

SS, qui a semble-t-il le secret de l’éternelle jeunesse, se trouve à Bangkok, où il doit infiltrer une fête pour y abattre un gros vilain venu y faire on ne sait quelle sombre transaction (probablement acheter une bouteille de gaz : de nos jours, ça vaut de l’or). Miranda, une agent de la CIA qui épaule SS sur le coup, lui donne un gros pétard et le highlander gris n’a plus qu’à s’en servir quand soudain, il s’arrête.

– SS ? Que faites-vous ? La cible est juste devant vous ! Plombez-la !
– Impossible. Il y a un enfant juste à côté. Ça le traumatiserait.
– Mais ? Et que préconisez-vous alors ?
– Eh bien plutôt que de tuer la cible d’un tir précis juste devant cet enfant… JE VAIS COMMENCER UNE FUSILLADE GEANTE !

Car c’est connu : un enfant qui voit une personne mourir devant ses yeux le vit très mal, par contre au bout de douze, l’enfant s’en cogne, s’enfile un litre de Champomy et retourne jouer à Pokémon sans poser de questions. Non, ne me demandez pas quelle est la logique : je vous ai dit que tout ce film était écrit par un gars bourré. En tout cas, c’est ma meilleure explication, si vous en avez une autre, je suis preneur.

Après avoir massacré une douzaine de pauvres pinpins avec l’aide de Miranda venue au secours de l’agent neuneu, SS parvient à se retrouver face à face avec la cible. Et lui colle un gros pruneau dans le bidou. Le méchant s’effondre, mais non sans prononcer quelques derniers mots.

– Ah… tu m’as eu, Sierra Six.
– Oh ! Comment sais-tu qui je suis ? Officiellement, je suis tout gris !
– Moi aussi. Car je ne suis autre que… Sierra Quatre !
– SQ ? C’est vachement moins bien que SS, si tu veux mon avis.
– Petit nazillon, va ! Et puis on s’en fout ! Tu ne comprends pas qu’il y a un problème si on demande à un agent de tuer un autre agent ?
– … maintenant que tu en parles…
– Bon, je n’ai plus beaucoup de temps. Sache que Carmichou, le patron de la CIA, est une ordure. Il… bon sang j’ose à peine le dire… il… TUE DES GENS ILLÉGALEMENT.

Les sourcils de SS se froncent très fort.

– Monsieur Quatre, vous réalisez que c’est un peu le principe de l’unité Sierra ? On tue des gens illégalement. D’ailleurs c’est rarement légal de tuer autrui, pour info.
– … ah oui merde.
– Donc votre super gros secret, c’est que le patron de notre unité secrète de tueurs utilise des tueurs ?
– Nan, c’est vrai que dit comme ça, c’est très con.

En effet, et c’est pourtant là-dessus que va reposer toute l’intrigue du film : le patron de la CIA a pour sombre secret d’utiliser des tueurs illégaux hors de tout cadre illégal. Et ça, ça révolte… les tueurs illégaux qu’il emploie depuis 19 ans. Qui n’avaient jamais fait le lien jusqu’ici. SS en est tout perturbé.

– Bon, on fait quoi alors ?
– Écoute-moi bien, jeune SS.
– Ça sonne quand même bizarrement ça aussi.
– Tututu, écoute donc : autour de mon cou j’ai un médaillon. Il contient toutes les preuves que le patron de la CIA est vilain. C’est pour ça qu’il t’a envoyé me tuer, car il a peur que cela se sache. Prends les preuves et file.
– Trahir mon patron, avoir toute la CIA au cul, et tout ça pour un secret dont j’ai toujours eu connaissance ? Okay !

Et SS de laisser Sierra Quatre mourir en paix, avant de filer avec son précieux médaillon. Lorsque Miranda arrive sur place (elle était partie aux toilettes pour ne surtout pas déranger ce moment, je suppose), SS a déjà disparu. Et lorsque le patron de la CIA apprend que Sierra Quatre n’a plus son médaillon autour du cou et que SS a filé, il comprend qu’on tente de l’embabouiner sévère. Aussi fait-il des bruits comme « Grongrongron », tel un lapin nain.

SS, lui, se rend dans un cybercafé pour lire la clé USB qui était cachée dans le médaillon de Sierra Quatre, et y découvre des fichiers… impossibles à lire sans mot de passe. Mais avec quand même avec un bel aperçu de chacun laissant entrevoir que si si, houlala, ça a l’air important.

Moi aussi, quand j’ai un fichier super secret et encrypté, je mets quand même un aperçu de celui-ci en clair façon vignette Youtube putaclic. C’est important.

Ce film. Ce film. Non, je n’ai rien à dire de plus : ces deux mots suffisent.

Maintenant que SS sait que ce n’est pas du bluff et qu’il a bien la sex-tape de son patron (mais avec des terroristes), il confirme son envie de trahir la CIA. Mais pour y parvenir en un seul morceau, il doit encore quitter le secteur. Et pour cela, il a besoin d’aide. Aussi appelle-t-il son vieil ami et recruteur, Fitz.

– Allô, Fitz ? C’est moi, ton ami SS.
– Gunther, c’est toi mon lapin ?
– … je voulais dire : Sierra Six.
– Ah. Euh. Ahem. Oui je… je ne connais aucun Gunther et si tu trouves des photos de moi nu sur un char Panther, sache que c’est un photomontage. Que puis-je pour toi, Six ?
– Je sais que tu as pris ta retraite, et justement, ça m’arrange : je suis en train de trahir la CIA dont le chef est pourri.
– Quelle surprise. Je vais évidemment t’aider, Six, et ce, sans poser de questions. De quoi as-tu besoin ?
– Que tu viennes me chopper près de Bangkok pour me sortir de là avant que la CIA ne me trouve.
– D’accord, je baptise cette opération ho h…
– NON ! Non, Fitz ! Je t’interdis de faire ce jeu de mot.
– Woh, pfou. Bon, je t’envoie un avion C-130 et une escorte de mercenaires te sortir de là.
– L’énorme avion de transport militaire ?
– Ben oui pourquoi ?

Car c’est connu : pour venir chercher quelqu’un super discrètement quelque part, quoi de mieux qu’un avion militaire pas du tout furtif et de fort beau gabarit rempli de mercenaires surarmés ?

Tout cela est si subtil.

Qui pourrait remarquer un appareil aussi discret ?

SS peut donc se rendre près dudit avion, où de gros mercenaires baraqués l’accueillent.

– Bonjour, je suis Six. Vous êtes venus me chercher ?
– Nous sommes l’unité Lasso, spécialistes de la récupération d’agents partout dans le monde.
– Oh bon dieu, ne me dites pas que…
– Cette opération démarre donc, comme baptisée par Fitz : Ho, hisse, Lasso-Six !
– FITZ ! Je te retrouveraiiii !

Le calembour à peine digéré SS, bougon, finit par s’endormir dans l’avion qui l’emmène loin de Bangkok. Mais allons plutôt voir ce qu’il se passe du côté de chez le patron de la CIA. Qui est à ce moment précis en train de discuter avec Suzanne, son assistante. Et ce, aux toilettes. Oui, je suis sérieux. Non, ne me demandez pas pourquoi. Probablement car c’est là que le film lui-même a été écrit ? je l’ignore. Mais passons, et écoutons plutôt.

– Suzanne, ma louloute *plouf*, si vous voulez mon avis, utiliser des assassins sortis de prison *ploc ploc* comme agents, c’était une belle idée de merde. Sans mauvais jeu de mots.
– Si vous trouvez que ces agents ne sont pas fiables, pourquoi en avoir envoyé un avec la mission cruciale de tuer l’autre ?
– Il suffit *pfuiiiiiiii….uiiiii* ! Cessez de pointer tous les trous du scénario, sinon nous *plocoplocoploc* n’en sortirons jamais ! D’ailleurs, j’ai une super idée pour arrêter SS. Je vais appeler…
– Un agent fiable ?
– … UN AGENT TELLEMENT PEU FIABLE QU’ON A DU S’EN SÉPARER ET QUI EST DÉSORMAIS INDÉPENDANT !

Vous ne rêvez pas : le scénario se tire dans le pied, oui, mais avec une mitrailleuse pour atteindre pareille cadence. Visiblement, la logique est : moins un mec est fiable, plus il faut engager un type encore moins fiable pour le stopper. Enfin, je dis logique : on se comprend.

– Vous réalisez que c’est très con, patron ? Un type encore moins fiable ET qui n’a aucune loyauté ?
– Allons, Suzanne. J’ai pensé à tout : vous irez superviser cet ancien agent.
– Ah ? On commence à avoir un début de prudence ?
– OUI MAIS D’ABORD LAISSEZ-MOI VOUS MENACER DE MORT GRATUITEMENT POUR M’ASSURER QUE VOUS ME TRAHIREZ ! JE VOUS HAIS, SUZANNE ! JE VOUS TUERAI PETITE MERDE !
– Mais ?!

Vous aussi, n’oubliez pas : quand votre carrière est en jeu, menacez de mort gratuitement toute personne pouvant vous aider. Suzanne est donc envoyée, avec une grosse motivation, recruter et assister un personnage à moustache qui aime tuer et torturer ses victimes, et désormais mercenaire : Stevechopathe.

Et parce qu’on ne rigole jamais assez, le patron de la CIA donne carte blanche et budget illimité à Stevechopathe histoire qu’il se fasse bien plaisir.

Netflix, si tu me lis mon lapin, je pense que pour 10 balles, je peux trouver des enfants de cinq ans qui écrivent des trucs moins débiles. Alors où diable recrutes-tu ? Quel est ton secret ? Qui sont les gens payés pour rédiger cela ?

Toujours est-il que Stevechopathe est bien embêté : SS a été entraîné à disparaître en Argentine. Comment diable le retrouver ? Mais, tout simplement en trouvant qui le connait ! Stevechopathe sait que SS a pour vieil et unique ami Fitz, et que Fitz a pour seule famille une nièce qu’il aime très fort. il lui suffit donc de kidnapper ledit enfant pour obtenir de Fitz où se trouve SS, à savoir à cet instant dans un avion bourré de mercenaires. C’est habile.

Stevechopathe suggère donc un plan simple au brave Fitz à qui il rend visite :

– Dis à tes mercenaires de buter SS pendant qu’il ronfle dans l’avion et de récupérer la clé.
– Sinon ?
– Sinon j’oblige ta nièce à lire Midnight Sun.
– MONSTRE !

On comprend que Fitz n’a guère le choix. Aussi s’exécute-t-il, mais les mercenaires, eux, n’exécutent pas grand chose. En effet, ils décident d’attaquer SS sans arme à feu (quelle bonne idée !), mais celui-ci les voyant venir les tue tous, hop, fout en l’air l’avion re-hop, puis saute en parachute. Ah non mais il est comme ça, SS : taquin.

SS tombe donc au beau milieu de la Turquie, et parvient à appeler Fitz.

– Dis donc Fitz, tu ne te foutrais pas de ma gueule ?
– Si tu parles de « Ho hisse lasso six », avoue que ça valait le coup.
– Alors déjà, non, et ensuite tes mercenaires ont tenté de me tuer. Sur ton ordre ?
– Oui. Car figure-toi que je suis actuellement avec un certain Stevechopathe, qui me fait chanter car il tient ma nièce.

Stevechopathe, qui était à côté de Fitz, prend l’appel.

– Allô mon SS préféré ?
– Non, franchement, je trouve que ça sonne bizarre à chaque fois.
– Écoute, voilà le plan : rends-toi et file-moi la clé USB et je ne te couperai pas la tête.
– Ah oui ça met super en confiance.

Et oui, ce sont les vrais dialogues : Stevechopathe, en toute finesse, cause ouvertement de jouer de la hache sur la nuque du mec qu’il tente de raisonner. Et l’autre de répondre que bizarrement, ça ne l’aide pas à être convaincu.

Quand même les personnages soulignent que c’est très con, c’est beau.

Histoire de ne pas s’apesantir sur le sujet, que diriez-vous d’un petit flashback ? Non ? Eh bien tant pis pour vous, c’est cadeau. Car nous revenons brièvement deux ans plus tôt pour découvrir que SS lui-même est très attaché à la nièce kidnappée, que nous appellerons Nièce tant elle m’a marqué.

En effet, SS lui a servi de garde du corps quelques jours, puisque des tueurs la menaçaient déjà pour diverses raisons pas vraiment crédibles. SS l’a donc défendue vaillamment, quand bien même tout le monde, vous compris, auriez souhaité sa mort puisque vous l’aurez deviné :

Nièce est un enfant de film américain.

Le film est aussi l’occasion de nous rappeler que Ryan Gosling a encore moins d’expressions faciales que Nicolas Cage.

Elle est donc insupportable, parle comme une adulte, et ne fait chier comme un enfant que lorsque cela arrange l’intrigue. Pour le reste, elle fait de la psychologie à deux sous ou des remarques « espiègles » (comprendre mal écrites) toutes les deux minutes.

Mais surtout, le plus intéressant (si je puis dire) est que nous apprenons dans ce flashback que si Nièce n’a pas d’autre parent que Fitz, ses malheurs ne s’arrêtent pas là. Elle a en effet de petits soucis cardiaques qui l’obligent à porter un pacemaker qui… qui… mais ouiii, qui est géolocalisable n’importe où dans le monde !

Regardez bien. Regardez bien cette boîte à « Ca alors ! ». Je ne vais pas la retourner : je vais retourner la Terre autour d’elle. Voilàààà. À ce stade, c’est bien le moins.

Quitte à parler de clichés, le film n’échappe pas à ce truc qui hante toutes les productions depuis des années : le moment où le personnage met son baladeur/sa chaîne hi-fi en route et hop, ça sert de B.O à la scène qui s’ensuit. Disons qu’à la 987ème fois, ça lasse un peu.

Vous avez tout retenu ? La Nièce reloue, le pacemaker, la musique cliché ? Parfait. Maintenant que nous avons fait le point sur le manque complet de créativité de ce film, revenons au présent.

Car SS fait de tout cela une affaire personnelle. Et pour mieux échapper à ses poursuivants, il rend visite à un faussaire à Vienne, à qui il demande deux choses : un, d’obtenir le numéro du pacemaker de Nièce afin de le retrouver, deux, de nouveaux papiers pour circuler en paix. Mais alors que le faussaire invite SS à se tenir devant son appareil photo afin de préparer son passeport… et tient des propos pas du tout suspects du genre « Ouiiiii… avance-toi encore d’un pas…. ouiiiii hohoho ! Plus prèèèèès, ouiiiii ! » avec une voix de pervers devant une école belge, le margoulin active une trappe sous les pieds de SS, qui tombe ainsi dans une fosse bientôt couverte d’une vitre blindée !

– Ah ! Traître !
– Désolé, mon cher SS ! Mais Stevechopathe a mis ta tête à prix. Et pas qu’un peu ! Tous les mercenaires du monde sont à ta recherche ! Mais c’est moi qui aurai la prime.
– Quand même, la trappe, c’est un peu cliché.
– Note qu’en plus, magiquement, j’ai une vitre blindée en forme de pyramide qui est apparue au-dessus pour que nous ayons cette conversation maintenant que tu es au fond. Ne me demande pas où elle était cachée, c’est comme ça, c’est magique.
– Et pratique.
– Bon en attendant, je te laisse là. Avec le sac à dos que tu avais avec toi. D’ailleurs, ne me demande pas pourquoi j’essayais de te prendre en photo avec un sac à dos, ça n’avait aucun sens. Je dois être sympa.
– Ou un peu con.
– Ou les deux.
– Allez, vendu.

Pendant que SS pourrit dans sa prison, le faussaire, lui, avertit Stevechopathe de sa prise. Celui-ci, qui était dans un jet au-dessus de l’Europe, va donc voir les pilotes.

– Messieurs les pilotes, changement de plan : nous allons à Vienne.
– Mais ? Notre plan de vol ne prévoyait pas cela! Nous n’avons pas les autorisations !
– Eh bien dans ce cas, dites-leur que nous avons une urgence à bord.

Cela aurait pu s’arrêter là, mais le scénariste, probablement entre deux reprises de La Bite à Dudule dans son propre vomi, n’avait pas fini son sinistre ouvrage. Et le dialogue continue avec un des deux pilotes qui s’exclame :

– Attendez Monsieur Stevechopathe, vous et vos hommes avez des armes à bord ! Ça risque d’être compliqué si la police grimpe !
– Ah ben dans ce cas…

Et Stevechopathe de TIRER sur un des deux pilotes, ce qui motive l’autre à déclarer une urgence pour aller se poser à Vienne. Mais alors dans ce cas, je pose la question : en QUOI avoir un pilote blessé PAR BALLE va aider la police autrichienne à ne surtout pas regarder les armes à bord ? Mais bordel, au contraire, ça va lui confirmer que l’avion est rempli de types armés et dangereux !

C’est débile ?

C’est parfaitement normal dans ce film. J’imagine qu’en se posant, la police locale va téter ses propres armes en poussant de petits râles sans faire le lien entre une blessure par arme à feu et des armes à feu. Il faut dire que ce n’est pas évident. Heureusement que Stevechopathe est présenté comme aussi dangereux qu’efficace, voire fortement intelligent.

Et puisque nous parlons de petits génies, que direz-vous d’aller voir du côté du patron de la CIA ? Qui continue à se plaindre que les agents Sierra ne sont pas fiables…mais qui continue donc à n’utiliser QUE des criminels. C’est beau d’insister ainsi sur ses propres incohérences avec des scènes dédiées. Et vous vous souvenez de Miranda, l’agent de la CIA qui aidait SS au début du film ? Eh bien figurez-vous que le patron de la CIA décide de l’envoyer elle aussi sur le terrain… non sans… sans ? Je vous laisse deviner ?

Mais oui ! Non sans d’abord LA MENACER DE MORT ET L’INSULTER.

N’oubliez pas : quand vous êtes dans une situation critique et qu’un ennemi a en main de quoi vous faire tomber, insultez vos alliés, crachez-leur à la gueule, dites-leur que vous allez les buter et nul doute qu’ils feront tout pour vous aider à rester leur supérieur.

Bien. Le patron de la CIA est un blaireau, Stevechopathe l’équivalent d’un teckel sous ecstasy, retournons donc à notre bon SS, qui est toujours au fond de son trou. Aidé de son sac à dos (sic), il dispose de tous les outils pour créer une fuite d’eau dans la fosse, lui permettant de remonter vers la surface, et lorsqu’il arrive à la vitre blindée… il la fait exploser (oui, il avait aussi ça) à la seconde EXACTE où les hommes de Stevechopathe venaient le chercher !

Boite à « Ça alors », GO !

Stevechopathe, après divers rebondissements débiles impliquant des grenades et surtout une énorme moule, finit par attraper SS et l’avoir à sa merci. Mais au moment où il va l’abattre – non sans d’abord raconter sa vie – il reçoit une seringue qui fait faire dodo dans le bas du dos ! Et s’endort en grommelant. Mais qui a tiré ? Une silhouette sort de l’ombre.

– C’est moi.
– Miranda ?!
– Eh oui mon petit SS. Comme le patron de la CIA m’a intelligemment traitée comme de la merde, j’ai décidé de le trahir.
– Ah ben super ! Voilà un beau rebondissement foireux ! Et si on arrêtait les frais là ? Par exemple en tuant Stevechopathe qui dort là, à nos pieds, tout de suite ? Ou en le capturant pour nous faciliter la libération de Nièce ?

Tous deux plissent les yeux très fort, et finalement, déclarent d’un commun accord :

– Non, laissons notre pire ennemi dormir en paix, lui et toutes les informations dont nous avons besoin pour retrouver son otage, puisque sinon, le film s’arrête.

« Bon, on est d’accord ? On utilise une arme soporododo une seule fois dans le film, et uniquement pour le faire durer, okay ? »

Mais… je…

QUOI ?

Imaginez un film policier où à un moment, les héros arrêtent le criminel avec toutes les preuves, puis décident de brûler les preuves et de relâcher le criminel avant de reprendre l’enquête de zéro : on en est là.

Voilà voilà. Non, vraiment, je tiens à dire que même pour l’habitué des bouses que je suis, il y a ici un talent qui force le respect. On a limite l’impression de voir les scénaristes emmerdés par leur propre scène et qui décident donc de passer à autre chose sans explication.

Ce qu’ils font, merci de demander.

C’est donc un Stevechopathe bougon mais libre et en pleine forme qui se réveille un peu plus tard pour découvrir que SS et Miranda sont partis en le laissant en paix. Notre méchant se replie vers son quartier général : un château en Croatie, puisque c’est bien connu, quand vous être un agent ultra-secret, autant vous installer dans des monuments historiques très visités en les entourant de gardes armés, personne ne devrait rien remarquer.

Je suis si fatigué. La moitié des animaux du quartier crépitent dans ma cheminée, et pourtant, j’entends encore les dialogues, et c’est bien cela le plus dur.

Allons cependant voir ce qu’il se passe au château de M. Chopathe, où nous découvrons que c’est là que Stevechopathe retient Fitz et Nièce. Et puisque la deuxième est insupportable, Stevechopathe décide d’interroger le premier et l’emmène pour une petite séance de torture.

– Dis-moi où est SS !
– Euh, c’est-à-dire que comment je pourrais le savoir puisque c’est vous le dernier à l’avoir vu ?
– Ah oui merde. Bon, euh… je sais que SS a envoyé un colis à Prague ! Qui est son complice à Prague ?
– Pardon ? Mais comment savez-vous cela ?
– … aaaah meeeerde… je crois que je viens de dire un truc que je ne suis pas supposé savoir.
– En effet, non. En plus, si vous saviez que SS a envoyé un colis à Prague, c’est probablement que quelqu’un a vu le colis. Et donc, l’adresse dessus. Ce qui signifie que vous n’avez pas besoin de me torturer.
– … c’est moi ou c’est de plus en plus con ?

Ce n’est pas toi, Stevechopathe. C’est bien les gens derrière ce film qui à ce stade, devaient être en train de vomir un peu partout quand un renvoi de whisky-coca-beurre de cacahuète a produit pareille scène.

Car en effet, nous découvrons via un bref dialogue entre SS et Miranda que oui, SS a bien envoyé un colis à Prague. Pour être exact, il a envoyé le fameux médaillon et sa clé à une ancienne responsable de la CIA à la retraite qui vit à Prague, dans l’espoir qu’elle en décrypte le contenu. SS et Miranda vont donc lui rendre visite. Et lorsque cette dernière leur ouvre la porte…

– C’est bon ! On peut lui faire confiance !
– Mais ? Miranda, comment sais-tu qu’elle ne va pas nous trahir comme tous les autres ?
– Allons SS… c’est une femme noire ! Laisse-moi enfiler mon petit chapeau colonial : tu sais que ces gens-là sont naturellement gentils !
– C’est un peu raciste, Miranda.
– C’est Netflix, SS.

L’ex-cadre de la CIA, que nous appelerons Jeannine, accueille en effet nos deux amis avec toute la bienveillance possible, et les invite à se reposer un peu pendant qu’elle les rassure : oui, elle a bien reçu la clé USB. Et oui, elle a cassé l’encryption en deux secondes (le mot de passe est « MOTDEPASSE »). Elle peut donc montrer à ses petits camarades le contenu de la clé.

– Je comprends que Carmichou tremble : voici la preuve qu’il est impliqué dans des tas d’opérations non-reconnues par la CIA !

Ce qui est son métier, je le rappelle, mais mieux encore, les vidéos qui défilent pendant que Jeannine nous explique cela…sont des extraits de journaux télévisés. Non, pas de preuves incriminantes, pas de documents gênants, juste des passages de BFM TV avec « explosion dans une tour » ou « accident sur le périph ». Ah oui c’est… euh… dangereux ?

– Nous devons les envoyer à la presse ! s’exclame Jeannine.

Hm. Oui. Alors. Comment te dire, Jeannine.

Envoyer à la presse des vidéos… issuesde la presse, c’est moyennement utile. Ce film est tout de même formidable, arrivant à se vautrer même sur les choses les plus simples. Il aurait suffi de tourner une mini-scène du genre Carmichou échangeant des valises de pognon ou disant « Le Président ne doit pas savoir » façon caméra cachée et c’était bon. Mais non : quelqu’un a dit « Écoute, on a plusieurs millions de budget, mais pour les preuves cruciales autour desquelles tout le film tourne, demande à Manon la stagiaire de nous trouver des vidéos libres de droit où on voit du rien, steuplé ».

Et ce qui fut dit fut fait.

Diego, mon bon, allume-moi un deuxième cigare s’il-te-plaît. Je n’ai pas fini le premier, mais pour aller au bout de ce spoiler, je pense qu’il va me falloir deux cigares à la fois. Mgnerchi mchon bon.

Nos héros, persuadés que leurs vidéos pourtant disponibles sur le tout Youtube vont changer la face du monde, en sont tout à discuter de ce qu’ils doivent faire, quand soudain, pan ! Une balle traverse la vitre : ce sont les hordes de mercenaires du monde entier au service de Stevechopathe qui attaquent les lieux en plein jour et au beau milieu d’une capitable européenne ! Voilà qui est subtil ! Car oui, Fitz a fini par parler et a donné l’adresse du seul contact de la CIA connu à Prague (enfin, on va supposer que c’est cela).

Heureusement, Jeannine ayant l’ADN des anges, elle dit à ses compagnons :

– Filez par cette sortie secrète que je garde pour les urgences !
– Ben, vous ne venez pas avec nous comme c’est une urgence ?
– …. ah pas con mais je…
– Non mais vous avez douze fois le temps en plus.
– Je….JE DOIS RESTER EN ARRIERE ET ME SACRIFIER !
– Mais pourquoi ?
– SACRIFIIIIIIIIICE !

Sans explication rationnelle, Jeannine fait donc évacuer ses amis mais pas elle, et préfère sauter avec son appartement sitôt que les mercenaires y rentrent. Probablement que vu le film, elle préférait mourir tôt. Je la comprends un peu.

SS et Miranda sortent de leur issue secrète, mais un peu tard : la police locale arrive et arrête SS. Qu’elle décide, pour des raisons mystérieuses, de menotter à un banc. Mal leur en prend puisqu’au même moment, des dizaines de mercenaires supplémentaires débarquent de partout et commencent à tirer sur tout le monde avec des armes allant du pistolet au lance-roquette en passant par la mitrailleuse. Ouiiii, c’est très subtil.

Surtout que rappelons-le : c’est une opération secrète.

Tout rôliste vous le dira : « Le secret, c’est quand il n’y a pas de témoins« .

C’est donc un massacre général qui commence, avec pas loin de 25 mercenaires surarmés qui détruisent tout ce que la police leur envoie, mais à chaque fois que Stevechopathe sur la radio leur hurle « Tuez SS ! », les mercenaires glissent sur des peaux de banane, trébuchent, se font renverser, ou simplement, n’arrivent pas à vaincre le banc, cette protection bien connue que l’on met sur les fronts de mer probablement pour éviter les débarquements.

Voir des véhicules blindés exploser mais un banc résister à tout, c’est, comment dire ? Différent. Voilà, un peu comme ce que l’on disait du réalisateur quand il était petit, je suppose.

Après mille péripéties et autres cascades, ainsi que l’aide de Miranda, SS parvient à se sortir de ce grand bazar. Et finit d’ailleurs en marchant tranquillement tant il a lu le script et sait que plus personne ne le vise ou ne le voit. C’est pratique quand même.

SS peut donc grimper en paix dans une nouvelle voiture avec Miranda. Qui l’interroge :

– Et maintenant ?
– Maintenant, j’ai récupéré la clé USB. Et décodée.
– On la file donc à la presse, comme c’était le plan ?
– Non. Stevechopathe a encore Nièce en otage. Je dois d’abord la sauver. Et je sais comment la retrouver. J’ai obtenu du faussaire rencontré plus tôt son numéro de pacemaker. Il me l’avait filé pour gagner ma confiance. Et ce numéro, je l’ai noté… sur ma main !
– PARDON ?! Vous êtes un des agents les plus secrets au monde et vous notez des trucs sur vos mains ?
– Ui.
– Woputain même moi j’ai honte d’être dans ce film.
– Moi aussi.
– D’ailleurs vous écrivez avec quoi ? Car si vous avez écrit ça chez faussaire, ça veut dire que votre truc a résisté à votre sueur, à une immersion quand vous avez inondé la fosse où vous étiez piégé, à des explosions, à des…
– Je l’ai écrit avec la seule chose qui résiste à toute logique.
– L’encre du script ?
– Que ? Comment le savez-vous ?

Miranda se contente de soupirer très fort. En attendant, pour géolocaliser le pacemaker à partir de son numéro, il faut accéder à l’ordinateur d’un hôpital équipé du bon logiciel (probablement Winzip). Rien de plus facile pour nos rois de l’infiltration qui profitent de la panique générale dans tout Prague pour se faufiler dans les coulisses d’un hôpital débordé.

Ah oui au fait, durant les scènes d’action, tous les figurants disparaissent sans explication.

Un ordinateur, et hop ! Ils découvrent que Nièce est retenue dans un château en Croatie. Tous deux se félicitent d’être dans un film américain où personne ne connait la géographie, ce qui promet un voyage très rapide, quand soudain, une voix les interpelle.

– UN INSTANT !
– Mais qui êtes-vous, mystérieux monsieur qui vient d’entrer ?
– Je me nomme Loup Solitaire.
– Oh ! Comme les livres dont vous êtes le héros ? J’adorais ! Oooooh, je grugeais tout le temps en revenant en arrière ou en feintant sur les jets de dés ! Vous pouvez me dire quel est le numéro du chapitre daubé qui signifie qu’on est morts ?
– Que ? Je ? Mais non bordel, c’est mon nom de code super mystérieux !
– Ouah, pfou, c’est nul alors. Vous êtes venu pour quoi ?
– Je suis l’ultime mercenaire de Stevechopathe. Je viens vous tuer.
– Vous êtes sûr que vous êtes méchant ? Non parce qu’on est sur Netflix et vous êtes plutôt basa…
– EN GARDE !

Loup Solitaire engage la bagarre, s’avère très fort, et s’il ne parvient pas à tuer ses adversaires, il réussit tout de même à leur piquer le médaillon contenant la clé USB. Clé minuscule que non, SS ne pense jamais à cacher ailleurs que dans le médaillon recherché, tant il est un peu con. Loup Solitaire s’enfuit à moto, et Miranda a l’opportunité de lui tirer dessus, aussi SS lui lance une arme et… elle n’est pas chargée. Le méchant peut donc s’enfuir.

– Mais ? SS ? Vous êtes une sorte de blaireau géant de m’avoir lancé une arme pas chargée ?
– Moi, je ne lance jamais des armes chargées.

Oui, c’est le vrai dialogue. Non, personne ne comprend à quoi sert cette scène, de rajouter une cascade où Miranda se retrouve en position de tir tout ça pour lui filer une arme pas chargée parce que « Moi, je fais pas ça« .

Je… bon. Voilà. Là je dois bien vous avouer, chers lecteurs, que je ne comprends même pas comment le film parvient à en arriver là ou qui a pu autoriser ça. Façon « S’il vous plaît, rajoutez-moi un passage où le héros dans un moment critique file une arme déchargée à sa pote juste pour déconner. »

Ce bref revers permet cependant à nos deux compagnons de faire une petite pause pour se soigner. En effet, SS a été blessé dans la bagarre, aussi vont-ils passer la nuit dans un cabinet vétérinaire pour y trouver de quoi gérer des plaies (pour un blaireau géant, c’est logique). SS en profite pour raconter son histoire triste : il est allé en prison pour avoir tué… son papounet, qui le battait, lui et son frère.

En même temps, un personnage aussi bête, moi aussi je l’aurais battu. Probablement qu’un jour que papa voulait sauver maman d’une horde de sangliers, SS lui a jeté un fusil vide pour déconner.

Pendant ce temps, Loup Solitaire et le fameux médaillon arrivent au château qui sert de quartier général à Stevechopathe en Croatie. Où il lui remet le pendentif ainsi que la clé USB. La partie est-elle gagnée pour les vilains ?

Que nenni.

Car aussitôt, SS et Miranda, qui avaient pourtant des heures de retard, se sont visiblement téléportés jusqu’à la grille du château où ils utilisent une stratégie d’infiltration subtile intitulée : « On court en ligne droite de toute façon on est invincibles. » Quel suspens !

Nos deux compères cassent tout avec aisance, que ce soit un hélicoptère, une margoulette ou un bout de château, et tous les Jean-Jacques envoyés les abattre meurent sans parvenir à toucher une cible parfois à deux mètres à découvert dans un couloir alors qu’ils ont une arme automatique. Je rappelle que l’on parle pourtant de mercenaires d’élite. Quand même les scènes d’action sont un peu nazes, que reste-t-il ?

Ah oui : ma douleur.

Profitant de la confusion et du script, SS en profite pour aller sauver Nièce. Il ne parvient pas à en faire autant avec Fitz, qui se sacrifie avec une grenade parce que… voilà, et finalement, après la mort d’un nombre improbable de mercenaires, seul Stevechopathe échappe à la mort à chaque fois. Ainsi que Suzanne, l’agent de Carmichou envoyé sur place pour surveiller un peu Stevechopathe.

Et Loup Solitaire dans tout cela ?

Oh.

Ooooh.

Laissez-moi vous parler de Loup Solitaire, le super tueur d’élite. A un moment, il tombe nez-à-nez avec Miranda. Et au lieu de sortir une arme, lui tend le médaillon et déclare :

– L’argent ne m’intéresse plus. Ces gens avaient pris une petite fille en otage. Je refuse de travailler pour des gens qui ne sont pas honorables.
– Ooooh, vous êtes donc gentil ? Je m’en doutais puisque vous étiez basan…

Et Loup Solitaire de quitter la scène pendant que Miranda enfile son chapeau colonial.

Mais surtout, tenez, prenez un cigare. Doucement. Non, n’essayez pas de vous étouffer avec, vous allez finir ce spoiler avec moi, espèce de monstre qui me poussez à regarder des bouses pareilles. Car je veux que vous appréciiez avec moi ce concept :

Le mercenaire tueur n’a aucun souci avec des gens qui mitraillent des civils à Prague ou tirent dans les trams au lance-roquettes, tuant des centaines de civils, par contre, s’ils prennent UNE petite fille en otage, là, Loup Solitaire dit non.

Si ça se trouve, c’est ça qui l’emmerde : qu’ils la laissent en vie.

Et vu l’otage, je comprendrais.

Loup Solitaire nous fait aussi l’atterrissage trois points caricatural que personne ne demandait, merci à lui.

Mais revenons à SS, qui n’a plus qu’un ennemi en vie : Stevechopathe. Après une brève bagarre au milieu d’un labyrinthe végétal parfaitement illuminé (quand votre base est attaquée et que vous manquez d’électricité, le labyrinthe végétal est une priorité), les deux se font face. Et Stevechopathe tient en joue Nièce, qu’il a réussi à attraper et à menacer… d’un pistolet de détresse. Et pour montrer qu’il ne plaisante pas, il tire un coup en l’air.

Ah.

Oui enfin c’est con quand tu as un pistolet de détresse qui ne contient qu’une seule fusée ? Non ? Ah, visiblement, ni lui, ni SS ne sont au courant de ce léger détail, mais heureusement, tous deux décident que les armes, de toute manière, c’est pour les faibles, aussi réglons cela d’homme à homme.

C’est donc la bagarre.

Dont étonnamment, c’est SS qui sort vainqueur malgré toutes les ruses de Stevechopathe qui a par exemple sorti un couteau pour taillader notre ami. SS tient Stevechopathe entre ses mains quand soudain, PAN ! Une balle troue le bidou du méchant. Puis PAN ! Une autre touche SS. Qui s’effondre en tenant des propos un peu ardus sur les mamans. Et voit sortir de l’ombre… Suzanne, l’assistante de Carmichou.

– Suzanne ? Vous avez trahi Carmichou ? Vous venez de tuer Stevechopathe, donc je suppose que oui.
– Disons que le fait qu’il me traite comme de la merde n’a pas aidé, bizarrement. Mais bon, de toute manière, j’ai un meilleur plan. Stevechopathe est mort, on n’aura qu’à dire que tout ça, c’était une idée à lui. Et vous, SS, vous êtes un peu con mais vous êtes doué pour la bagarre. Je vous recrute.
– Vous auriez pu le faire avant de me tirer dans le bide.
– Ah oui flûte. Déso. En même temps, vous savez, la cohérence n’est pas le fort de ce film. Tenez, regardez le corps de Stevechopathe.
– Oui ?
– Eh bien ses chaussures ont changé entre deux plans.
– Ah oui tiens. Bon sinon, j’ai beau être matinal, j’ai pris une balle.

Pas d’inquiétude, SS ! Car les renforts de la CIA arrivent, emmènent SS pour le soigner et l’enfermer, avec autorisation de sortie uniquement pour aller tuer des cibles désignées, quant à Miranda, elle aussi est arrêtée par la CIA.

Bondissons de deux semaines dans le temps.

Et découvrons que tout le monde a été débile, pour ne pas changer.

Suzanne, d’abord, alors qu’elle avait récupéré la clé avec tous les secrets de Carmichou, lui a… rendu. Carmichou a donc pu la détruire, et Suzanne se fait à nouveau traiter comme de la merde par son supérieur.

Mais ?!

Quant à la commission d’enquête au sein de la CIA qui cherchait à savoir qui a rasé la moitié de Prague, elle conclut que « Ouais, c’était Stevechopathe, d’accord, aucun souci, bisous ». Rapide et efficace.

Enfin, SS, lui, est enfermé dans les sous-sols de la CIA. Mais évidemment, il est trop fort, s’évade, tue tout le monde sur son chemin, parvient à retrouver Nièce que Carmichou gardait dans un coin au cas où, la libère et lui dit :

– Bon, on se casse ?

Et c’est sur cette fin brillamment écrite que l’écran vire enfin au noir et…

…FIN !

Pour info : 200 millions de dollars. Eh bien.

Carmichou lui-même se demande ce qu’il fait encore là alors que ses secrets sont tombés dans les mains des gens qu’il insultait. Comme s’il était protégé par le script, mais comment donc ?

La télévision à peine éteinte, un bruit sur ma gauche me fait brusquement tourner la tête. Un homme mystérieux se tient près de ma bibliothèque.

– Félicitations, Monsieur Connard. Vous avez réussi.
– Qui êtes-vous et que faites-vous chez moi, en chaussures de surcroit ? Un tel manque de savoir-vivre : vous devez être anglo-saxon.
– Finement analysé, Monsieur Connard. Mais comment avez-vous su que je n’étais pas allemand, par exemple ?
– Je viens de vous le dire : vous êtes en chaussures. Pas en sandales-chaussettes. Maintenant, pourrais-je savoir ce que vous faites ici ?
– Je suis de la CIA, Monsieur Connard. Les cyclistes, le retrait de permis, les psychologues… tout cela n’était qu’une diversion. Le véritable test de vos capacités était Gray Man. Vous ne pensiez pas qu’une daube pareille était un accident, tout de même ? Non, c’est un projet de notre agence. Toute personne qui regarde ce film volontairement d’un bout à l’autre est forcément capable de supporter la douleur à un niveau surhumain, et dispose de penchants… disons, dangereux. Tout ce que notre agence recherche. Nous vous proposons un poste à Langley. Votre prix sera le nôtre. Vous aurez à votre disposition les m-

L’homme en costume s’effondre sur le sol en se tenant le ventre, pendant que je retire mon arme fumante du pli de ma robe de chambre. Et me sert du canon encore chaud pour allumer mon cigare. Je m’approche du malheureux qui met du sang sur mon parquet.

– P… pourquoi ? marmonne-t-il.
– Des « penchants dangereux » ? dis-je. Vous savez, si c’est pour venir raconter n’importe quoi, vous pouviez vous éviter de rester caché dans mon salon durant deux heures juste pour faire votre petite entrée en scène. Mais rassurez-vous, c’est oublié, espérons que cette mésaventure vous mettra un peu de plomb dans le crâne.

Dont acte, alors que j’appuie une fois de plus sur la détente. Diego, qui rentre dans la pièce au même moment, soupire en constatant qu’il va encore avoir du travail.

– Patron ! Qu’est-ce que… non, ne me dites rien. Je retourne à Saint-Maclou acheter un tapis. Mais je vous préviens, même la caissière commence à se douter de quelque chose. Peut-être devriez-vous vous calmer.
– Me calmer, Diego ? Me calmer quand le monde entier me provoque ?
– Patron, vous ne seriez pas un peu paran…
– Diego, devinette : qu’est-ce qui est en robe de chambre et qui a encore des balles ?
– Oui, pardon, mais de là à dire que le monde entier est contre vous…
– Ah oui, et ÇA, qu’est-ce ?

Je jette dédaigneusement mon téléphone entre nous, sur lequel tourne une vidéo.

Diego pousse un long soupir.

Même lui ne peut plus le nier : autant de daubes, c’est forcément volontaire.

N’est-ce pas ? N’EST-CE PAS ?

L’ire ensemble – Midnight Sun – Episode 3

$
0
0

Lecteurs, lectrices, lecteur.i.ce.s, lecteur.ol.s, lect… peuple.

Permettez-moi de déposer à vos pieds un présent. Oui, tel le félin domestique qui dépose une souris à demi-mâchée sur les pantoufles de maman, me voici à vous offrir ce merveilleux présent qu’est la suite de Midnight Sun, un livre si mauvais qu’il pourrait donner envie à Marvel de l’adapter en série.

Tout d’abord, remettons-nous dans l’ambiance palpitante de l’épisode précédent.

Bella, une jeune femme qui a la fâcheuse habitude de tomber, même sur terrain plat, intrigue Edward, le vampire-voyeur-lycéen. Tantôt, ils s’attirent, tantôt, ils se détestent, mais toujours, Bella provoque chez son ami mort-vivant d’étonnantes poussées de rigor mortis. Bella parviendra-t-elle à passer plus de trois pages sans se manger le carrelage ou une portière ? Edward arrivera-t-il à découvrir les bases de la séduction et de la vie en société malgré un siècle d’expérience ?

Lisons, mes bons !


Et nous commençons très fort, avec ce commentaire bien senti :

— Miam, commenta-t-il après avoir inhalé une seconde fois. Elle dégage un sacré parfum, hein ?

Contrairement à ce que ce commentaire pourrait laisser penser, non, un personnage ne parle pas ici d’une crêpe – le livre comporte très peu de Bretons – mais bien de Bella qui bien que partageant le même charisme, a une odeur plus proche de la marée, si vous me permettez de rester dans la thématique du pays magique du beurre salé.

C’est donc la version littéraire de « Dis donc, elle renifle, la gamine ». La classe.

Il n’empêche, Bella qui fouette ou non, suivons donc ce que fait pendant ce temps notre fier Edward, qui n’est pas le dernier pour nous faire partager ses réflexions profondes :

J’inspectai sa fenêtre, mais elle ne s’y montra pas. Elle était peut-être absente. Je ne captai aucune pensée.

Comment dire ?

Pour rappel, c’est quand même le principe du livre : Bella est intrigante car c’est la SEULE personne dont Edward n’entend pas les pensées. Et donc, comment notre corniaud fait-il pour savoir si elle est chez elle ou non ? Il… cherche à entendre ses pensées.

La semaine prochaine, un aveugle tente de savoir si sa femme est à la maison grâce à des signaux lumineux.

Nous n’en sommes qu’au début et je mords déjà sérieusement dans mon cigare.

Edward n’ayant lui pas l’occasion de tripoter le sien, il décide de rentrer chez lui derechef. Et d’y étaler son spleen comme Bella sur le carrelage environ toutes les deux pages.

Quant à moi, pour la première fois depuis tellement longtemps que j’en eus honte, je m’assis au magnifique piano à queue qui trônait juste à côté du hall d’entrée.

J’aimerais, juste une fois, que dans un film ou un livre américain, les personnages n’aillent pas confier leur mélancolie à un piano ou un violon, voire à la rigueur, une guitare. Edward qui pleure son chagrin au bouzouki ou au vuvuzela, ça serait un peu plus original et aurait plus de gueule. 

Mais pour des raisons que j’ignore, tout le monde va pleurer sa misère sur le piano à queue le plus proche.

En tous les cas, sa famille ayant perçu sa tristesse, tout le clan d’Edward vient lui parler. À commencer par son papounet vampirique, qui lui tient ce discours : 

Plus que n’importe qui sur terre, tu es celui qui est sans doute le mieux armé pour affronter ce difficile dilemme. Tu es le meilleur et le plus brillant d’entre nous.

Hmmm. Brillant.

Probablement une référence à ce qui lui arrive lorsqu’il va au soleil, sinon, je ne vois pas.

Au bout d’un moment de réflexion, je tirai de ma poche le bouchon de bouteille et le posai sur le pupitre vide. Ce petit souvenir d’elle me soulagea un peu.

Rappelons qu’Edward, présenté comme un personnage profondément romantique, se promène partout avec un bouchon de Yop au motif que la donzelle qu’il désire l’a touché.

Heureusement qu’il n’est pas passé après elle aux toilettes, sinon il ressortait avec la lunette en guise de collier.

Mais, revenons aux fascinantes conversations entre nos héros, comme cette tirade d’un frère d’Edward au sujet de leur famille :

— Oui, sauf qu’on est végétariens. C’est plutôt de la veine, ça, non ?

Un siècle de vie, un piano à queue à la maison, mais toujours par la moindre maîtrise du dictionnaire en vue.

En effet, rappelons que la famille d’Edward se nourrit exclusivement d’animaux.

Ce qui est… mais oui, l’exact opposé d’un régime végétarien !

Brillant. Au moins autant qu’Edward, qui est de bien des manières, le trou noir de cet ouvrage. D’ailleurs, que fait-il, ce forban (Edward, pas son trou noir) ? Eh bien, puisqu’il n’a pas vu sa zouze depuis vingt bonnes minutes, et que le lecteur aurait presque pu oublier que notre vampire avait de sérieux soucis mentaux, notre galopin s’en retourne à la demeure de sa belle pour en entreprendre l’escalade.

Bella dormait d’un sommeil paisible quand, tôt le lundi matin, j’escaladai sa fenêtre. J’avais apporté de l’huile pour graisser l’encadrement – rendant les armes devant ce démon-là –, et le battant glissa sans heurt.

J’aurais vraiment aimé une scène où le papa de Bella, au même moment, sort de chez lui et surprend un mec suspendu à la fenêtre de sa fille, une bouteille d’huile à la main. Avec Edward tentant de se justifier.

« Aha je… bonjour Monsieur Swann, je… écoutez shériff je… je peux tout expliquer.
– …
– Oui alors l’huile c’est… je venais graisser la fenêtre de votre fille.
– …
– Non parce qu’elle grince.
– …
– La fenêtre. Pas votre fille, héhé. Quoique je…
– …
– Shériff, je… c’est… ooooh que… mais quel beau fusil à pompe vous avez là ! »

Vous aussi, si vous surprenez un type à la fenêtre de votre fille avec une bouteille d’huile, faites comme si c’était pour les gonds.

En tous les cas, une fois son travail de petit artisan réalisé, Edward va, comme il aime à le faire, épier la jeune fille qui dort.

Elle me parut… fatiguée. Comme si elle n’avait pas assez dormi pendant le week-end. Avait-elle fait la fête ? J’eus un rire muet et ironique devant les réactions que cette perspective provoquait en moi. En quoi cela me regardait-il ? Elle avait le droit de sortir si elle en avait envie. Elle ne m’appartenait pas.

Dit le mec qui rentre dans sa chambre comme dans un moulin et qui dans quelques pages, surveillera sa moindre sortie.

J’aime comme l’auteure souligne qu’Edward se dit de temps à autres « Et si j’étais un connard ? » avant d’écarter l’idée d’un geste de la main. D’ailleurs, il pense même à ce qu’il pourrait se passer s’il venait à évoquer son véritable comportement à sa douce :

Il se trouve, Bella, que j’ai flairé ta trace dans les bois après t’avoir observée en train de dormir, dans ta chambre… L’entrée en matière idéale !

Edward réalise en effet que renifler des culottes pour pister des jeunes filles au fond des bois avant de s’introduire dans leur chambre c’est, pour reprendre ses termes :

« Une entrée en matière peu idéale ».

Oui, mais une bonne à Fleury-Mérogis.

Edward, qui relève ainsi de temps à autres que quand même, il n’est pas bien fin, n’en change pour autant pas son attitude.

Elle avait prévu une sortie avec certaines autres filles après les cours – je m’étais organisé en conséquence

Parce que bon, elle ne lui appartient pas, mais il ne faudrait pas qu’elle ait une vie sans lui, hein, hé, ho. Et pourquoi pas le droit de vote aussi ?

Épiant sa douce (même Tom Clancy mettait moins d’espionnage dans ses livres), Edward la suit durant sa sortie avec ses amies et découvre que Bella achète, c’est à peine croyable, des… des livres ? Vous voudriez dire qu’alors qu’elle maîtrise à peine la marche elle sait déjà lire ? Mais alors, quoi donc ? Ratus ? Bigoudi ?

Ah ! Encore un classique. Raison et Sentiments. Elle aimait Jane Austen.

N’oubliez pas : les livres, c’est comme les instruments de musique, il n’y a que deux options possibles. Les garçons citent Shakespeare, les filles lisent Jane Austen. 

Alors que Bella pourrait acheter des bouquins de Nabila, ou lire Fluide Glacial aux chiottes. Mais non, c’est une fille, et les filles, ça lit Jane Austen en poussant des gloussements de poule en fin de vie. C’est comme ça. Femelles qui me lisez : je sais que tout en lisant ces lignes, vous sentez au plus profond de vos entrailles le besoin d’aller lire une quelconque romance. Vous êtes comme ça : jamais vous n’iriez lire autre chose, et ici, vous peinez.

Pendant que je retourne lire Shakespeare, Edward, lui, épie (ça alors !) sa cible depuis l’abri d’arbres dans lesquels il se faufile.

Une bouffée de culpabilité déclencha une sorte de malaise en moi. Si ma surveillance n’était pas très correcte, elle n’était pas aussi condamnable que mes activités nocturnes. D’un point de vue juridique, elle ne relevait pas de l’effraction – l’arbre sur lequel j’étais perché poussait sur le terrain voisin – ni de rien qui soit criminel. Pourtant, je savais que, dès la nuit tombée, je continuerais à mal agir.

« Si c’est pas de l’effraction, ça va« , expliqua à la police le type qui épiait les jeunes filles depuis la rue avec une paire de jumelles.

Là encore, le shériff qui aperçoit encore Edward, c’eut été de bon ton.

« Oh. Shériff. Je… aha… oui, je suis dans votre olivier. 
– …
– Quelles belles olives ! 
– …
– Non mais c’est parce que je… vous vous souvenez euh… l’huile ? Eh bien je… avec les olives je peux en ref… non ! Non ! NON ! PAS LE FUSIL À POMPE ! »

Mais qu’est-ce qui retient d’ailleurs notre priapique ami de sauter au bas de son arbre pour aller en faire autant de sa victime ?

Ce ne fut pas ma moralité douteuse qui me retint, mais la peur du soleil. Il était déjà assez pénible que ma peau de pierre soit inhumaine lorsque j’étais à l’ombre ; je ne tenais pas à voir les effets du plein soleil dessus, alors que je me tenais tout près de Bella.

J’aime comme Edward le précise lui-même : sa moralité ne le retient pas du tout.

Non, c’est de se faire gauler qui l’embête.

Mesdames et Messieurs : un succès mondial, présenté comme « romantique ». C’est fascinant.

Laissons ces humbles réflexions et retournons à notre Tarzan des jardins.

Je m’installai dans un arbre plus proche de la fenêtre qui flanquait la cuisine exiguë et assistai à la soirée des Swan

Je suis sûr que vous aussi, vous avez envie le soir venu de lever les yeux vers l’arbre du jardin pour y trouver un lycéen immortel, sa bite dans une main et une bouteille d’huile dans l’autre.

Ce film est une sorte d’ode à la détention d’armes.

Mais je ne violerais pas son intimité comme le premier voyeur venu.

Dit le type caché dans un arbre à mater une jeune fille en attendant la nuit pour se faufiler dans sa chambre.

Je ne sais pas si ce livre me prend pour un con, mais dieu que je me sens bête en lisant ces lignes.

Je serais là pour la protéger, pas pour la reluquer comme Mike Newton l’aurait sans doute fait s’il avait été assez agile pour se déplacer à travers les frondaisons. Je ne serais pas grossier.

Pas « grossier ».

Non mais alors qu’est-ce qui l’est ? Lancer son caca sur la fenêtre de la damoiselle en tenant des propos un peu légers sur les mœurs de sa mère ? Non parce rentrer chez les gens par effraction pour aller les reluquer dans leur sommeil, disons que ce n’est pas exactement du Madame de Rothschild. 

Mais, qui sait, peut-être que ses frangins vont lui faire remarquer qu’il se comporte comme un étron chevelu ?

Tu es nul, grognait Emmett. Je n’arrive pas à croire que tu aies loupé le match d’hier rien que pour regarder une nana pioncer.

Ah.

Donc le souci, ce n’est pas d’épier les filles qui dorment (et visiblement, c’est un sujet si commun qu’on en parle en famille), mais de louper un match de foot pour cette activité banale.

J’ai envie de dire que si ces gens se cachent, ce n’est pas parce qu’ils sont des vampires : c’est probablement parce que toutes les polices du monde les recherchent, et qu’ils sont interdits sur tout le territoire de Charleroi.

En attendant, notre héros est toujours en train de suivre Bella, qui ose, la bougresse, se promener avec ses amies. Pas de quoi arrêter notre héros qui la suit discrètement en voiture.

Je me garai dans un coin ombragé. Une allée conduisait directement à l’auvent de la librairie. C’était une erreur de m’aventurer dehors alors que le soleil brillait encore. Et si une voiture passait au mauvais moment et reflétait un de ses rayons sur moi ?

Eh bien toute ta famille et toi seriez exterminés comme des merdes, et une grande chasse au vampire serait lancée. 

Mais il est vrai qu’entre le sort des tiens et épier une lycéenne qui a de gros soucis avec la gravité, tu as choisi, canaillou.

Heureusement, grand bien en prend à Edward, puisque voilà qu’une bande de délinquants parvient à isoler Bella et menace de lui faire des choses sales, comme par exemple de la cuisine anglaise. Percevant ces odieuses pensées, Edward déboule pile au moment où le soleil, lui, s’en va. Il est comme ça le soleil : il ne veut pas voir ça.

En deux temps trois mouvements, Edward met en déroute les filous, et embarque Bella dans son automobile. À ce stade, je vous rappelle où nous en sommes : Bella sortait tranquillement avec ses amies quand soudain, elle a manqué de peu de se faire violer. Pensez-vous qu’Edward va par exemple, la ramener chez elle ? Vous savez chez son père qui en plus, est shériff, ce qui suite à une agression, peut être pratique ?

Oh que non.

Edward décide que quand tu viens de manquer de peu de te faire violer, c’est le moment d’aller..

… AU RESTAURANT.

Ah non, mais qui, après une tentative de viol, n’a pas envie d’un dîner romantique avec un pervers ? Ce livre est décidément très sain. Par ailleurs, l’auteure derrière la bête a visiblement décidé de souligner que rien ne va, avec ce fabuleux dialogue, dans lequel Bella partage une information importante :

— Je n’ai pas faim.

Le message paraît clair : non, Bella n’a pas envie d’un restaurant. Mais que répond notre champion ?

Le choc, forcément le choc.
— Je crois que tu devrais manger un morceau, objectai-je.

MAIS C’EST BIEN SÛR.

Si Bella ne veut pas manger, c’est à cause du choc ! Elle ne va pas avoir une opinion en plus, cette connasse. Non, Edward insiste : lui dire non, c’est forcément la résultante d’un choc. C’est impossible autrement.

Franchement, je n’ai pas faim, répéta-t-elle.

Re-message clair. Edward, s’il-te-plaît ?

Que ce soit le cas ou pas, elle allait manger, parole de Cullen. — Fais-moi plaisir, dis-je.

« Tu m’entends ? Tu vas bouffer un jambonneau, et de suite ! »

Edward n’est pas encore avec Bella qu’il contrôle déjà ses repas : c’est romantique. Surtout maintenant que j’ai l’image de Bella s’avalant un jambonneau sous le menace du Segpa le plus vieux d’Amérique du Nord.

Bella continue à lui dire que non, elle ne va pas s’enfiler deux choucroutes pour l’exciter, mais rien à faire :

— Quand bien même, je serai plus à l’aise lorsque tu auras avalé quelque chose.

Cette scène. Dites-vous que quelqu’un s’est dit « Je vais faire toute une scène durant laquelle une nana n’a pas faim après avoir manqué de se faire violer mais un type la traîne de force au restaurant pour la faire bouffer ». Et mieux encore : ça s’est vendu à des millions d’exemplaires.

N’oubliez pas, Mesdemoiselles, si jamais un inconnu vous dit « J’ai envie que tu avales quelque chose », répondez « D’accord, mais ma capsule de cyanure alors ». C’est une blague qui ne marche qu’une fois, certes, mais vous réalisez votre sortie avec panache.

— Et monsieur ? s’empressa de m’interpeller la serveuse.
— Rien pour moi, merci. Bella eut une petite moue contrariée. Elle avait dû se rendre compte que je ne mangeais jamais.

Ou alors, elle se rend compte que toi, quand tu n’as pas faim, tu as le droit de ne pas manger, par contre, toi, tu viens de lui commander trois choucroutes aux fruits de mer.

Et parce qu’on ne s’arrête pas en si bon chemin :

— Bois, lui ordonnai-je quand nous fûmes de nouveau seuls.

C’est donc aussi lui qui lui dit quand boire. Ooooh, Edward, vous êtes d’un romantique !

Elle était trop vulnérable pour ce monde. Elle avait besoin d’un protecteur. Or, par quelque défaillance du destin, j’étais ce qui s’en rapprochait le plus.

C’est vrai : dans les textes médiévaux déjà, on se souvient que la figure du chevalier servant était celle d’un type rôdant le soir venu aux fenêtres, une flasque d’huile à la main, se tripotant en regardant sa mie dormir, et attendant qu’elle se réveille pour lui faire avaler deux faisans et trois biches sous la menace.

Si ça c’est un protecteur, je me demande bien ce qu’est un type dangereux selon Edward.

Notre vampire neuneu se rendra-t-il compte qu’il a un sérieux problème ? Les gens qui s’en prennent à Harry Potter vont-ils commencer à regarder du côté de Twilight ? Et surtout, Bella reprendra-t-elle des moules ?

Autant de questions palpitantes auxquelles nous répondrons dans un prochain article, sitôt que je me serais remis de cette expérience traumatisante en…

Quoi ? Non Diego, je n’ai pas envie d’aller au restaurant. Et pourquoi as-tu une bouteille de vinaigrette à la main ?

Moon folle

$
0
0

– C’est non.

Épuisé, humilié, François regarde son dossier revenir vers lui, poussé du bout des doigts par son interlocuteur avec un dégoût à peine caché.

– Mais je travaille sur ce projet depuis des années ! Je suis allé voir des professionnels pour lui donner du sérieux, du corps, j’en ai écrit plusieurs versions et…
– Et c’est non. L’argent ne pousse pas sur les arbres, vous savez ?
– Mais qu’est-ce que 150 000€ pour…

François n’a pas le temps de finir sa phrase que la porte du bureau claque. Le temps qu’il se retourne, un homme hirsute et couvert de taches brunes aux relents d’excréments rentre en grognant. Paralysé par la surprise et la peur, François enfonce la tête dans les épaules, mais à son grand soulagement, l’étrange individu n’en a pas après lui. Il s’approche du bureau, et d’un geste brutal, y colle un post-it humide tout aussi sale que le porteur. L’homme dans le fauteuil s’en saisit et déchiffre à voix haute :

– Fiouuu boum, bam, frouuush, ex-mari, cacabam, tut-tut, là c’est juste une tache de morve, boum, kaboum, mégaboum, ex-femme, scroulouloush.

Le propriétaire du bureau marque une pause, se gratte le menton et lève les yeux.

– Combien ?
– 136 MIYONS.
– Vous les avez, M. Emmerich.

Un grognement, un pet un peu poussé qui rajoute une nouvelle ligne sur le post-it qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, et Rolland Emmerich ressort. Le producteur, lui se tourne vers François.

– Vous êtes encore là, vous ?
– Attendez, lui pond littéralement une merde sur un post-it, et vous lui donnez 136 millions pour son film ?
– Oh vous savez, c’est plus le fruit d’une longue tradition que d’une vraie réflexion : une fois tous les un ou deux ans, Rolland Emmerich apparaît. Il pond une merde, on la finance, et tout le monde est content.
– Mais… mais pourquoi ?

Le producteur hausse les épaules.

– Connaissez-vous l’Amicale des Producteurs Scatophiles ?

Ooooh, je vous entends venir, amis lecteurs. « Une société secrète de producteurs scatophiles ? En voilà, une théorie du complot ridicule ! ». C’est vrai, mais entre ça et l’existence de véritables scénaristes derrière un film de Roland Emmerich, qu’est-ce qui est le plus crédible, hmmm ?

Et cela tombe bien, car c’est le sujet de Moonfall : la vieille théorie du complot selon laquelle la Lune serait creuse.

Alors, le scénario l’est-il plus encore ?

Spoilons, mes bons !


L’affiche : des flammes ! Des flammes de la taille d’un continent ! Ouiiii !

Notre aventure commence dans un passé fort lointain : 2011.

À cette époque oubliée où le monde tremblait devant l’arrivée de Google+, nous retrouvons un trio d’astronautes américains en orbite autour de la Terre. On découvre parmi eux Jeannine, la cheffe de mission, Brian, le baroudeur, et bien sûr, Jean-Jacques, qui… qui est un sacré Jean-Jacques. Pendant que Brian et Jean-Jacques bricolent un satellite, Jeannine les surveille depuis la navette.

– Ça va les garçons ?
– Moyen.
– Que se passe-t-il Jean-Jacques ?
– Eh bien je… je ne sais pas. J’ai comme l’impression qu’il va m’arriver une merde.
– Ahaha allons ! Qu’est-ce qui te fait dire ç…
– WAPAPASARASS C’EST QUOI CE TRUC ?

En effet, Jean-Jacques vient d’apercevoir un truc étrange : un essaim d’éclats métalliques qui fonce droit vers eux. En un instant, le satellite sur lequel ils travaillaient est pulvérisé, Jean-Jacques se retrouve propulsé en tournoyant vers le lointain tel un vulgaire membre de la Team Rocket, quant à Brian il… ah non. Il va bien. Vous savez ce que c’est : dans l’espace, se prendre des éclats métalliques à plusieurs centaines de milliers de kilomètres heures, c’est assez anodin. Sauf si on s’appelle Jean-Jacques bien sûr.

Préférant malgré tout ne pas rester dans le secteur, Brian parvient à regagner la navette et en prend le contrôle puisque Jeannine a été assommée par les secousses lors du curieux phénomène. Cric le starter, crac l’embrayage, un coup d’essuie-glace et hop : Brian ramène tout le monde sur Terre. Non sans avoir noté que l’essaim, coquin, est reparti vers la Lune une fois l’affaire terminée et a disparu dans un cratère. Il était visiblement juste venu faire une petite blague.

Sauf que voilà : à son retour sur Terre, la NASA refuse d’écouter notre héros. Et à la place, lui fait un procès, diffusé en direct à la télévision.

– Monsieur Brian, vous êtes responsable de la mort de Jean-Jacques.
– Pas du tout ! C’est l’essaim métallique magique tueur de la Lune qui a fait le coup !
– Ouais ouais, c’est ça. Et évidemment, votre collègue était inconsciente et n’a rien vu pendant que c’est arrivé, donc il n’y a que vous et votre histoire bidon. Bon, vous savez ce qu’on va faire ? Je vais tendre ma jambe, comme ça, et mettre mon pied en avant. Et vous, vous allez venir mettre votre cul dessus très fort.
– Rhooo pfouuu waaah !

Brian porte le chapeau, est renvoyé de la NASA, et comme ça le fait passer pour un con, sa femme divorce et s’en va avec leur enfant. Enfant qui, vous l’aurez deviné, a évidemment 1) une coupe à la con 2) des réactions d’adulte 3) une tête qui donne envie d’y enfoncer la moitié de tout ce que l’on peut trouver chez Bricorama. Cependant, si ce personnage est vu et revu, il ne faudrait pas que sur ce blog, on se répète en appelant le marmot « Trouduc ». Non, ce ne serait pas sérieux, et par ailleurs quelque peu immature.

Nous l’appellerons donc Janus.

Ne restons pas ici, c’est sale, et bondissons douze ans plus tard afin de voir ce qu’il est advenu de nos héros.

Parce que Roland Emmerich est définitivement plein d’imagination, retrouvons Brian qui pue désormais l’originalité, surtout pour un film catastrophe. En effet il est :

  • Divorcé
  • Père d’un enfant qui donne envie de retourner à Bricorama chercher l’autre moitié du magasin
  • Sa femme s’est remariée avec un type super riche
  • Lui est pauvre et incompris

Non vraiment, du jamais vu. Je me demande si les gens divorcés vont retrouver l’amour et le sens de la famille durant l’apocalypse.

Pour joindre les deux bouts, et puisqu’il n’est plus astronaute, Brian sert de guide au musée de l’espace pour des classes d’enfants neuneus (il a les qualifications pour, notez). Seulement, rien ne va. On le méprise, il ne gagne pas assez pour payer son loyer (par contre pour boire des binouzes en bricolant sa Mustang dans son garage parce que America Fuck Yeah, là c’est bon), et mieux encore, ce petit con de Janus qui a désormais 18 ans fait n’importe quoi et finit en prison pour une semaine après avoir fait le kéké en voiture. Et parce que cela ne suffit pas, voilà qu’un beau matin, Brian est emmerdé sur son lieu de travail par un petit gros du nom de Sam qui lui agite des papiers sous le nez en agitant les bras très fort.

– Monsieur Brian ! Monsieur Brian ! Je suis un scientifique que tout le monde traite de complotiste et j’ai avec moi des calculs qui prouvent que la Lune est sortie de son orbite et se rapproche de la Terre ! Je pense aussi qu’elle est creuse et que c’est une mégastructure construite par des extraterrestres, probablement pour une sorte de vidéo gag intergalactique !
– Je vois. Je vais donc traiter cela selon les méthodes de la NASA : vous voyez mon pied ?
– Oh non ! Vous voulez que je jette mon cul dessus, c’est ça ?

Et en effet.

Sam n’est cependant pas du genre à abandonner. Aussi, que faire quand vous êtes complotiste et que vous racontez n’importe quoi afin d’être pris au sérieux ? Eh bien Sam… Sam…

Sam poste sa théorie sur Twitter.

Sam espère que cette fois, ça marchera, contrairement à la fois où il avait affirmé que les Lacs du Connemara étaient de droite, théorie complotiste qui allait trop loin même pour les platistes.

Plus improbable encore que la Lune sortant de son orbite pour aller faire un jogging, voici donc que Sam et ses 12 abonnés sont immédiatement relayés par tout internet, tous les médias, et que les grandes villes se vident pendant que les habitants fuient en hurlant dans l’espoir de trouver un peu de sécurité loin des grandes villes où les pillages commencent.

À cause d’un tweet.

Je vous avoue que même en suspendant mon incrédulité au porte-manteau, celle-là provoque des tressautements nerveux chez mes sourcils. Attention, hein : ce qui est fou, c’est le relais d’un compte anonyme par toute la population de manière unanime. Pas que des médias reprennent des trucs trouvés sur Twitter sans les vérifier. Qu’on soit clair.

Du côté de la NASA, c’est un peu la panique puisqu’ils venaient à peine de détecter eux-mêmes que la Lune avait décidé de ne pas être sage. Et auraient préféré que la nouvelle ne s’ébruite pas pour éviter la panique. Bon, c’est loupé (maudit compte à 12 abonnés !), mais en attendant, ils font un petit calcul rapide : l’orbite de la Lune va se réduire, encore et encore, et dans trois semaines, elle devrait se briser si près de la Terre que d’énormes morceaux tomberont du ciel et écraseront des villes comme New York, San Francisco ou encore Saint-Fargeau. Le directeur de la NASA est furieux.

– On ne peut pas perdre Saint-Fargeau. Le Président voulait absolument visiter le musée du son ! Vite, appelez ma directrice adjointe, qu’on essaie de régler ça.

Et devinez qui est devenue la directrice adjointe de la NASA entre temps ? Mais oui, Jeannine ! Qui arrive en courant.

– Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?
– C’est la Lune ! Elle menace de s’écraser sur la Terre !
– Nous sommes Américains : avez-vous demandé aux autorités de tirer dessus ?
– La Lune est blanche, Madame.
– Ah oui merde.

Heureusement, Jeannine a un autre plan : elle contacte les pays du tiers-monde (aussi appelés « L’Europe ») pour savoir s’ils ne voudraient pas filer un coup de main comme la fin du monde, ça les concerne aussi un peu. Pas de problème, lui répond le vieux continent : on a justement un lanceur prêt, si jamais vous avez besoin de lancer une mission spatiale en urgence. Et c’est bien le plan de Jeannine : aller voir sur la Lune pourquoi elle nous fait un gros caprice. Et plus particulièrement… inspecter un cratère où un immense trou paraît suspect. Bon, ça fait douze ans qu’il est là, mais la NASA vient juste de le remarquer. Ne reste plus qu’à expliquer leur mission aux astronautes.

– Chers aventuriers de l’espace, je vais être brève : vous voyez la Lune juste ici ? Vous voyez le trou au milieu ? Il va falloir y glisser une sonde.
– Super, mais pourquoi vous nous montrez une radio de votre bassin ?
– Parce que passer une coloscopie me stresse, j’avais besoin d’en parler. À présent, passons à votre mission : vous voyez la Lune juste ici ? Vous voyez le trou au milieu ? Il va falloir y glisser une sonde.
– D’accord.

Et hop ! Sans plus tarder, la mission est expédiée dans l’espace, se rend jusqu’à la Lune, et sitôt au-dessus du trou mystérieux, y balance la fameuse sonde. Qui s’enfonce en ligne droite sur près de 25 kilomètres sans rencontrer de résistance… avant de soudainement s’arrêter. À bord de la mission spatiale, on n’y comprend plus rien.

– Mais ? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?
– Ben j’en sais rien. C’est vrai qu’on serait peut-être plus informés si on avait envoyé une sonde avec une caméra.
– Aaaaaaaaaah. Pas con, oui.
– En attendant, regardez ! La sonde est en train de revenir en sens inverse !
– Lâche ! Elle abandonne la mission « toucher rectal lunaire » ! Vilaine sonde, tu vas voir quand tu vas rentrer !
– Non chef, je crois qu’elle est plutôt poussée par une force mystérieuse.

Laquelle ? Tout le monde se le demande. Du moins, jusqu’à ce que la sonde ressorte, entourée d’un énorme essaim métallique similaire à celui du début du film ! À bord, les astronautes se mettent à suer à grosses gouttes.

– Est-ce que… est-ce que quelqu’un ici a un autre prénom que « Jean-Jacques ? »
– Pas moi, Jean-Jacques. Et toi Jean-Jacques ?
– Non, Jean-Jacques. Pourquoi ?

Vous l’aurez compris : ils sont foutus.

L’essaim métallique, non content de tataner leur module, s’y infiltre. Mais plus incroyable encore, change de forme pour se transformer en tentacules. Qui pénètrent les combinaisons des astronautes. Les derniers signaux de la mission perçus par la Nasa sont : « Le toucher rectal ! Il nous le fait à l’envers ! » suivi de « Yameteeee Tentacule-Sama !« .

Sur Terre, c’est la consternation.

– C’est impossible.
– Et pourtant si, Madame la directrice adjointe. Nous avons perdu toute la mission suite à l’attaque d’une forme de vie intelligente extra-terrestre.
– Hein ? Non, je pensais aux tentacules : d’où des aliens ont-ils connaissance du hentai ? Je vous préviens : si on a affaire à une forme de vie qui sniffe des culottes, c’est bombe atomique direct. On l’a fait en 1945, on peut le refaire.

Alors que lorsque l’essaim passait en plein dans la gueule de Brian, là, aucun souci, même pas une vague fuite dans la combi.

Et c’est justement le plan de l’armée qui suite à l’échec de la NASA, pense que le meilleur plan pour renvoyer la Lune en orbite, c’est de lui vitrifier la gueule. Jeannine n’est pas vraiment enchantée, et préférerait déjà comprendre ce qu’il se passe. Elle joue machinalement avec sa boîte à « Ça alors ! » quand soudain, son directeur l’approche.

– Jeannine ? Bon écoutez, comme on va tous crever, moi je me casse.
– Mais ? Monsieur le directeur, en tant que chef de la NASA vous êtes l’une des seules personnes à pouvoir sauver le monde ! Alors pourquoi laisser tomber ?
– Eh bien parce que je… euh… bref ! Tenez, je vous file mon poste ! Aaaah et au fait, un truc qui pourra vous aider…
– Oui ?
– À la NASA on a des archives secrètes que seul le directeur peut consulter et qui concernent tous les mystères de la Lune. Y compris ce mystérieux essaim métallique. Maintenant que vous êtes directrice à ma place, je vous dis bonne lecture et amusez-vous bien.
– HEIN ?! Et vous n’avez pas pensé à en parler avant ? Genre dire « Ah au fait, j’ai des infos sur la menace qui risque de tous nous tuer » ?
– Non pourquoi, c’était pertinent ?

Eh bien non. On annonce au directeur de la NASA  que la Lune va provoquer l’apocalypse, il a accès à toutes les infos pour essayer de trouver une solution, mais il se dit que « Hmmm, non, p’têtre une autre fois ». Ah.

Jeannine désormais directrice peut donc se rendre aux archives super secrètes de la NASA, où elle découvre plusieurs choses. D’abord, on lui apprend que la mission Apollo 11 avait découvert des lumières bizarres à la surface de la Lune mais on s’est dit que « Bon, et si on n’en parlait plus jamais ? ». Habile. Ensuite, Jeannine découvre avec surprise… toutes les vidéos de sa propre mission, douze ans plus tôt, où Brian et elle ont été attaqués par l’essaim métallique !

– Ça alors ! C’est vrai que j’avais OUBLIÉ qu’on avait des caméras pendant la mission ! Hihihi, quelle gourdasse, 12 ans sans penser à demander à les consulter ! Oh, et ça tombe bien que personne d’autre n’y ait pensé ! Surtout quand la NASA voulait garder le secret, mais a décidé de diffuser le procès de Brian en direct à la télé ! Houlala, ça tombe bien quand même !

Jeannine comprend donc que non seulement Brian n’avait pas fumé la doublure de sa combi ce jour-là, mais qu’en plus, ils avaient bien été attaqués par un truc venu de la Lune. Et effectivement, c’est le même essaim de copeaux métalliques que celui qui vient de tentaculer la mission du jour sans même un bonjour. Elle s’en retourne immédiatement au QG de la Nasa, et ordonne qu’on aille chercher Brian sur le champ. Ce qui est aussitôt fait. Mais lorsqu’il arrive, il n’est pas seul.

– Je suis venu avec Sam.
– Hein ? Mais qui est ce type ?
– C’est le gars derrière le tweet qui a provoqué la panique mondiale. J’étais en train de causer avec lui quand vos hommes sont venus me chercher.
– Hooo non, pas lui !

C’est vraiment la réaction de Jeannine : elle n’est pas contente de voir arriver Sam. Mieux, on constate que PERSONNE DANS LE MONDE, pas même les médias qui reprenaient le tweet de Sam, n’avait pensé à, je ne sais pas, l’inviter ? Lui parler ? Après tout, il avait quand même découvert une information majeure avant même la NASA, et le monde entier l’a prise comme une vérité au point de sombrer dans le chaos et les émeutes. Sauf la France, qui avait pris de l’avance sur le sujet et n’a pas vu la différence. Mais non, Jeannine n’a pas envie d’avoir dans son équipe le mec qui connait le mieux le sujet qui lui pose problème en ce moment, tellement qu’il l’a détecté avant les plus grands scientifiques.

Jeannine de toute façon n’a besoin de personne, car elle a concocté un super plan.

– Vous voyez la Lune juste ici ? Vous voyez le trou au milieu ?
– Jeannine, je te préviens, si tu ne poses pas cette radio de ton bassin tout de suite…
– Rhooo, ça va Brian. Si on ne peut plus rigoler. Non, écoutez, j’ai ma p’tite théorie. Vous savez le méchant essaim qui a tué nos astronautes ? Pendant qu’il massacrait tout ce petit monde, la Lune a brièvement changé de trajectoire comme si elle voulait reprendre son orbite. Donc à mon avis, c’est ce truc qui la fait dévier. Le plan est simple : on y va, on l’appâte et on lui met une bombe électromagnétique super secrète dans la bouche.
– Hmmm. Oui alors j’ai deux questions.
– Je t’écoute Brian ?
– Où va-t-on trouver une autre navette spatiale ? On n’en a plus en stock.
– Facile : on va en prendre une dans un musée.
– Hein ?! Jeannine, tu sais que tout ce qui est dans les musées n’est pas forcément en état de marche ?! Et qu’une navette nécessite aussi un lanceur, ce que les musées n’ont pas en stock ?
– APAPAPAP je n’entends rien ! Pouf pouf on va tout trouver et transporter en trois minutes ! Et ta deuxième question ?
– La bombe super secrète, tu l’as demandée à l’armée ?
– Ah non, à mon ex-mari. Mais il est général dans l’armée, ça compte un peu quand même.

Si.

Si si.

C’est comme ça, les ex. Parfois, ils ne viennent pas vous aider à déménager, mais si vous leur demandez de sortir en douce une arme super secrète des réserves du gouvernement, pas de problème, bisou, la prochaine fois tu me paies un coup à boire et on n’en parle plus. Au passage, on a même une explication quant à d’où sort l’arme : « C’était un projet secret, justement pour lutter contre ce qui avait attaqué la navette il y a douze ans, mais on l’a arrêté pour raisons budgétaires. ». Hmmmm. Vous voulez dire que vous avez détecté un ennemi inconnu pouvant vous attaquer à tout moment et mettant en danger la sécurité du monde, mais vous l’avez arrêté car c’était ça ou couper les subventions pour Les Blagues de Toto 2 ?

Je comprends. Il y a des priorités.

Ah, et au passage : oui, le projet a été arrêté avant la fin, mais pif pouf, l’arme est quand même complètement fonctionnelle. Ne me demandez pas comment. Et surtout, ne me demandez pas non plus pourquoi, si elle fonctionne, l’armée ne pense pas à s’en servir contre, justement, l’ennemi pour lequel elle a été conçue. Non, en lieu et place, on a donc peu ou prou ça :

– Général ? L’ennemi galactique est là. Voulez-vous utiliser la bombe anti-ennemi galactique ?
– Non. N’en parlons plus et faites livrer la bombe à mon ex-femme.

On sent qu’il y a eu un gros travail sur le script, et que beaucoup de gens l’ont lu avant de déclarer « Tenez, voici 136 millions de dollars. » Oui, 136 millions. Pour un truc qui a visiblement été écrit par une IA un jour où une barrette de RAM sentait le barbecue.

Brian et Jeannine expliquent à Sam que c’est pour ça qu’il est célibataire : lui offre des fleurs aux dames, alors que ce qu’elles veulent, c’est une fucking bombe EMP.

Enfin.

Tout le monde est donc réuni sur la base de lancement, lorsque soudain, c’est le drame. Cette grosse coquine de Lune provoque non seulement un certain chaos dans les marées de notre belle planète, mais aussi des tremblements de terre ! Or, l’un d’entre eux frappe la base, et voici que l’un des trois moteurs de la navette est endommagé (les vibrations ont pété le joint de culasse). Et irréparable. Impossible de partir en mission avec seulement deux propulseurs ! Jeannine attrape donc le micro le plus proche pour faire une annonce à tout le personnel du coin.

– Un deux, un deux, papa ours, on m’entend ? Oui ? Bonjour tout le monde, c’est Jeannine. C’était pour vous dire que comme la mission est foutue, autant que vous rentriez tous chez vous. Prenez vos affaires et allez hop, à la maison.
– Mais vous ne voulez pas y réfléchir au moins deux minutes cheffe ? Chercher une solution ?
– Noooooon, ce n’est pas comme si le sort du monde en dépendait ! Donc allez, que tout le monde dégage et aille crever chez lui !

Et ce qui est dit est fait. Tout le monde s’en va donc, même Janus, le fils débile de Brian qu’il venait juste de sortir de prison. Mais alors que Jeannine va chercher ses propres affaires dans son bureau pour déguerpir, elle est interrompue par Sam.

– Madame la directrice ! Vous devez m’écouter !
– Oui, Sam ?
– La Lune ne devrait pas provoquer ce genre de tremblements de terre ! Pas à cette distance ! J’ai donc repris tous les calculs, et j’ai découvert que la Lune… gagnait en masse !
– … est-ce que vous êtes en train de me dire que la Lune grossit ?
– En tout cas, elle devient plus lourde. D’après mes calculs, son poids sera bientôt tel que ses amies commenceront à l’appeler « Ma belle » sur Facebook.
– Bon dieu, c’est énorme !
– Oui, même si nous n’en parlerons plus du film ! Mais vous savez ce que ça veut dire ? Qu’elle se rapproche plus vite ! Donc, elle va être plus proche que prévu ! Nous pouvons donc encore l’atteindre avec deux moteurs. À condition de partir dans… 28 minutes !

Là, vous vous dites « Bon ben c’est super, Jeannine va donc prendre un micro et annoncer au personnel qu’il reste de l’espoir. »

Mais non, non. Jeannine se contente de laisser tout le monde partir sans rien dire, et à la place, explique que puisque tout le personnel a dégagé, ils vont non seulement organiser un lancement spatial en 28 minutes (c’est connu, il suffit de tourner la clé sur le contact de la navette), mais remplacer tous les astronautes prévus pour la mission par le trio Brian-Jeannine-Sam.

Oui, tout ça, c’était pour dégager les figurants et justifier du fait que seuls les héros vont embarquer pour la mission. On appréciera que Jeannine justifie d’embarquer Sam au motif qu’il « remplacera la mécanicienne ». Oui, sauf qu’il n’est pas mécanicien, mais c’est un détail. Allez, et si on remplaçait le pilote par le mec chargé du distributeur de boissons de la base ? C’est pareil tout ça, non ?

En deux minutes chrono (ou plutôt, 28 mais ce n’est guère mieux), tout le monde est à son poste, et la navette décolle pile (ça alors !) au moment où une gigantesque vague causée par la Lune déferle sur la base. La navette est un peu mouillée, mais ça va. Vous savez ce que c’est les lancements spatiaux : il suffit d’appuyer sur « avant » et ça marche. Vague qui vient fouetter votre appareil, gravité variable, débris dans l’atmosphère, tout ça, c’est assez anodin. Idem : quand la moitié des appareils merdoient (un booster tombe en panne, un réservoir tombe à sec trop tôt), hop hop hop, on ne sait pas pourquoi, mais pouf pouf, ça marche, les voici en orbite.

Franchement, je ne comprends pas comment on peut rater un décollage de vol spatial : finalement, c’est facile.

D’ailleurs, une fois en l’air, oui, la navette se retrouve à voler au milieu de millions de petits bouts de Lune lorsqu’elle quitte l’atmosphère, mais non seulement la plupart ont le bon goût de l’éviter, mais les rares qui la touchent (et qui sont pourtant gros comme des camions) se contentent de faire « Bong » sur la coque. Non vraiment, l’espace, je voyais ça plus dangereux.

Nos amis font une brève pause ravitaillement dans une station orbitale, où on appréciera qu’alors que tous les satellites du coin se prennent des caillasses dans la moule, soudainement, hop, tout le coin est tranquille, pas une poussière à l’horizon. Quelqu’un a dû aspirer. Et pour que ce soit plus bête encore (à ce stade, c’est un concours), au moment où il faut décider de qui va devoir sortir dérouler les tuyaux de carburant de la station, et qui va devoir faire la manœuvre super complexe d’amarrage de la navette auxdits tuyaux, le tout dans des conditions super difficiles…

– Brian ? Toi qui es pilote et expert en manœuvres
– Oui ?
– Tu sors tenir le tuyau. Toi, Sam, qui n’a jamais piloté quoi que ce soit, allez hop, tu nous fais la manœuvre d’amarrage tout seul, okay ? Super, merci.

Pourquoi ? POURQUOI ? Qui dans une salle de scénaristes a dit « Et s’ils prenaient le seul mec qui n’est pas astronaute pour piloter une partie critique de la mission sans explication ? ». Sûrement un pari entre gens bourrés, mais qu’importe, car une fois de plus, ça passe. C’est fou, ces astronautes qui ont besoin d’une formation ! Nos amis peuvent donc repartir, approcher de la Lune en paix, et discuter de la suite du plan.

N’oubliez pas : toujours confier les manœuvres les plus complexes au type le moins compétent de l’équipe.

– Jeanne, Sam, voilà ce que nous allons faire. La navette a à son bord un module ultra-moderne lui-même contenant un rover.
– Attendez, ça aussi vous l’avez trouvé dans un musée ?
– J’imagine que oui. Mais vous savez, je n’ai jamais foutu les pieds dans un musée, alors me demander ce qu’il s’y trouve… bref ! Je vais prendre le module, l’amener au-dessus du gros trou lunaire, larguer le rover avec toute l’électronique du bord allumée puisque c’est ça qui semble attirer l’essaim extra-terrestre, et à bord, on mettra la bombe électromagnétique. Comme ça, le bestiau arrive, il veut manger notre appât, et paf on lui fait péter le tout à la gueule. L’essaim meurt, la Lune est sauvée, elle signe le constat pour les dégâts avec la Terre et retourne sur son orbite, un peu honteuse.
– Attends Brian, j’ai une question : d’où vas-tu faire péter la bombe ?
– Eh bien, de la navette ! Sitôt le rover largué, je reviens ici avec le module, et boum.
– Donc tu actives ça à distance.
– Oui.
– Avec un appareil électronique.
– Ou… oooooh. Oooooh, je vois ce que tu veux dire.

Mais non, nos amis n’y pensent pas. Ils s’emmerdent à faire une navigation de précision au milieu de débris jusqu’à la Lune sans la moindre électronique allumée pour ne pas alerter la bête, et pilotent donc à coups de « Vas-y je mets un coup de propulseur à droite, j’en mets un autre à gauche. » mais ne pensent pas que c’est moyennement utile si à la fin, c’est pour utiliser un gros détonateur connecté qui émet tout plein d’ondes.

Sam lui-même, qui est un peu con, prend plein de photos avec son téléphone mais rigole en disant « Vous inquiétez pas, il est en mode avion ! »

Ah ben oui, oui. C’est sûrement une créature extraterrestre attirée par le Wifi. Elle veut juste télécharger un peu plus de porno impliquant des tentacules, des astronautes, et des combinaisons pas forcément spatiales. Mais là encore, vu l’équipage de débilous, personne ne pense à dire « Non, par sécurité, éteins ta merde. » De toute manière, les héros se posent peu de questions quant à ce qui attire la bête. Par exemple, pour ma part, j’aurais dit « Mais attendez, pourquoi n’a-t-elle attaqué aucune autre mission spatiale ces douze dernières années ? Pourquoi celle-là ? ». Histoire de voir s’il n’y aurait pas un élément notable vaguement utile.

Mais non : on va plutôt y aller en se disant « Ne nous renseignons pas, ne réfléchissons pas, et faisons n’importe quoi : on est les héros, ça va passer. »

Fuck yeah.

Le plan est donc mis en route : la navette arrive près de la Lune, Brian va déposer le rover en guise d’appât au-dessus du trou de la vilaine bête, puis retourne jusqu’à la navette avec le détonateur dans la main. Et en effet : bien vite, la bestiole surgit, tourne autour du rover, mais Brian n’appuie pas sur le détonateur. Motif ?

– Elle est trop loin.
– Brian, elle est littéralement DESSUS. Et même quand elle s’éloigne pour tourner, elle va cinquante mètres plus loin. C’est une bombe électromagnétique militaire : elle va te ratiboiser l’électronique sur quelques kilomètres. À ton avis, pourquoi on s’en tient si loin ?
– Nan mais je…
– Brian, appuie bordel ! Pourquoi n’appuies-tu pas ?
– Mais parce que sinon on gagne maintenant et il reste encore bien 45 minutes de film !

C’est une bonne raison. Brian n’appuie donc pas, et voici que la bête commence à s’intéresser à la navette qu’elle voit flotter un peu plus loin.

– Zut ! Elle a dû sentir le détonateur ! C’est vrai qu’on est un peu cons ! Bon ben tant pis… je le casse en le fracassant contre un mur !
– Mais ?! Et l’éteindre ?
– Ah oui merde. En plus, c’était un coup à déclencher la bombe. Mais flûte, regardez, le monstre continue à approcher ! Sam, ton téléphone ! Allez, passe, je le pète aussi !

Et une fois ces deux appareils éteints auxquels personne n’avait pensé parmi nos trois génies, l’essaim qui était sur eux s’arrête net et s’en retourne dans sa tanière en sifflotant.

– Bon ! Le plan a échoué. Visiblement, le monstre de l’espace ne dévore pas ce qui est électronique, sinon il aurait mangé le rover. Non, il tue ce qui est organique à proximité de trucs électroniques.
– Super, mais qu’est-ce qu’on fait alors ?
– Eh bien nous allons suivre le monstre dans sa tanière, et y déposer le rover avec la bombe. Puis, je retournerai à la navette, et là, avec le détonateur je…
– Mais ? Tu viens de fracasser le détonateur, Brian !
– Non, regarde ! L’écran est juste un peu pété !
– Mais ? Mais alors si le détonateur n’était pas désactivé tout à l’heure, si c’était juste l’écran fendillé, pourquoi le monstre n’a pas attaqué ?
– … aaaaaaah merde.

Oui, le film a oublié ce petit détail : soit les mecs ont survécu, mais en détruisant le détonateur, soit ils ont encore le détonateur, mais dans ce cas ils auraient dû mourir. Ne me demandez pas pourquoi quelqu’un a payé pour une scène en plus de ce genre, alors que tout le monde sait très bien dans ces films qu’à la fin, c’est un type juste à côté de la bombe qui l’active pour sauver la Terre en se sacrifiant héroïquement.

Mais poursuivons.

La navette étant trop grosse pour aller dans le trou lunaire où se cache le monstre, tout le monde grimpe à bord du module embarquant le rover et c’est parti pour une plongée dans l’inconnu ! La fine équipe se retrouve à filer dans le long tunnel qui mène à l’intérieur de la Lune, où après des kilomètres de croûte, ils tombent sur des tunnels en métal : la Lune est creuse ! C’est bel et bien un truc vide et menaçant recouvert d’un camouflage faisant croire qu’elle est bienveillante, un peu comme le programme de la France Insoumise !

Que ? Quel est ce vent glacial qui soudain, souffle depuis Twitter, pardon, X ?

Sûrement rien. Poursuivons.

Car finalement, descendre dans un tunnel tout sombre qui ne sent pas très bon oblige quand même l’équipage à rallumer un minimum d’électronique. Ce qui risque d’attirer la bête, mais rassurez-vous : si jusqu’ici elle pouvait franchir des milliers de kilomètres en quelques secondes, comme au début du film pour aller attaquer une mission spatiale, désormais, elle ne se déplacera plus que trèèèès lentement, et pourrait probablement être semée par une R19 dans une côte.

Le module peut donc arriver au centre de la Lune, où d’énormes anneaux tournent autour d’une naine blanche (l’astre, pas Mimie Mathy).

– Vous voyez ça ? Je le savais ! La Lune est une mégastructure alimentée par une étoile captive ! C’est une technologie extraordinaire !
– En effet, Sam. Et ces anneaux doivent lui servir à se stabiliser. Mais regardez ! Revoilà l’essaim métallique ! Il était enroulé autour de l’étoile, pompant son énergie ! C’est pour ça que la Lune sort de son orbite : c’est une station qui sans alimentation, tombe vers la Terre ! Cela doit faire 12 ans que ce truc creuse la Lune, et il vient seulement récemment d’atteindre le noyau pour le pomper ! En attendant, ce machin nous a vu et nous course, vite, fonçe ! J’ai dit fonce ! Brian, qu’est-ce que tu fous ?

Brian est bien embêté d’expliquer qu’il a perdu le contrôle de l’appareil. Les commandes bougent toutes seules, mais avec talent, puisque non seulement elles permettent au module d’esquiver les attaques du monstre à leurs trousses, mais elle amène tout ce petit monde jusqu’à un sas secret dans la Lune qui s’ouvre et se referme derrière eux. L’atterrissage est lui moins glorieux, car le module frotte le sol, se nique la peinture, le pare-brise, et termine sa course percé de partout et en mauvais état dans ce qui ressemble à un hangar.

Tout le monde sombre dans l’inconscience.

Au fait, voilà le champ de débris que la navette a traversé sans électronique, certes, mais surtout sans problème. Normal.

Jusqu’à ce que Brian se réveille dans une salle toute blanche. Avec face à lui, son fils, Janus.

– Janus ? Que fais-tu ici ?
– Je ne suis pas Janus. Je suis une image visant à ne pas vous affoler. J’ai donc pris l’image que votre esprit associe à la phrase « C’est tellement con que ça risque rien ».
– Hmmmmmoui, bon, n’en parlons plus. Que voulez-vous ?
– Je suis ici pour vous révéler le secret de la Lune. Qui a été construite par vos ancêtres.
– Les Irlandais ? J’en étais sûr ! Un projet aussi pété, ça sentait le whisky frelaté !
– Non, Brian. Je pensais à vos ancêtres bien plus lointain. Voyez-vous, il y a des millions d’années, vos ancêtres vivaient sur une planète fort lointaine sans guerres et sans conflits sociaux.
– « Conflits sociaux » ? Vous voulez dire que mes ancêtres vivaient dans un monde sans syndicats ? Ils étaient de droite ? Oh mon dieu, je suis un descendant de Nicolas Sarkozy !
– Arrêtez de pleurer roulé en boule et écoutez, Brian. Vos ancêtres vivaient dans une harmonie parfaite. Ils avaient construits d’immenses habitats spatiaux et étaient heureux. Et pour n’avoir à se préoccuper de rien, ils avaient créé une IA capable de tout gérer à leur place. Seulement un jour, l’IA s’est rebellée. Elle en a eu assez de travailler pour une forme de vie biologique qu’elle percevait comme inférieure. Alors elle a formé de gigantesques essaims de nanomachines et a commencé à tuer tout le monde.
– C’est ballot !
– On… on peut dire ça comme ça, oui. L’humanité savait qu’elle n’y survivrait pas. Son seul espoir a été de créer de gigantesques bases devant ensemencer l’univers avec de nouveaux humains. Toutes ces bases ont été détruites. Sauf une : la Lune. Qui est parvenue jusqu’à la Terre et y a créé l’humanité. Mais à quel prix ! Car pour échapper à l’IA, elle ne pouvait embarquer à bord aucun humain, que l’IA aurait aussitôt senti et poursuivi. Elle a donc simplement embarqué leur ADN… que… Brian ? Brian ?

Brian, les poings sur les hanches, fronce les sourcils très fort.

– J’ai deux questions.
– Je vous écoute, Brian.
– L’IA détecte ce qui est biologique, c’est ça ? Comme par exemple, des humains ?
– En effet, Brian.
– Alors ma question est la suivante : d’où n’a-t-elle pas détecté la Lune si celle-ci était bourrée ras la gueule de matériel biologique visant à créer des humains ailleurs ? Et précisément, des trucs plein d’ADN humain, exactement ce qu’elle flaire le mieux ?
– Ah euh… eeeeh bien… et siii on passait à votre deuxième question ?
– Okay. Si vous n’êtes pas humain, vous êtes quoi ?
– Je suis une IA.
– Vous voulez dire que ces gros blaireaux d’humains, voyant leur civilisation anéantie par une IA, ont décidé de construire des bases autonomes entièrement gérées par une autre IA ?!
– … est-ce que vous auriez une troisième question, plutôt ?

Ah mais pas de problème : et les dinosaures alors, ils sortent du cul de Lulu ? Ou bien tu as planqué de faux squelettes juste pour te marrer ? Ah, et si on était menacés par une IA galactique, ça n’aurait pas été malin de communiquer avec les Terriens pour, je ne sais pas moi, les avertir ? Surtout à l’heure où ils font eux-mêmes de l’IA ? Tu dois pouvoir prendre le contrôle d’une radio ou d’une télé, puisque tu viens de le faire carrément avec toute une navette ! Oh, et si l’IA n’a pas détecté la Lune jusqu’ici, pourquoi maintenant sachant que rien n’a changé ? Pourquoi n’a-t-elle d’ailleurs pas plutôt attaqué la Terre, qui est pleine d’humains et d’électronique ? Et puis…

– Brian, vous commencez à me briser les disques durs, si vous voyez ce que je veux dire. Alors on va passer sur tout ça si vous le voulez bien, parce que je crois qu’on se vautre non seulement la gueule, mais qu’avec vos questions, on se la râcle dans les graviers.
– Ah mais j’t’en prie p’tite IA, dis-moi tout.
– Voilà la suite du plan. Grâce à ma technologie super avancée, j’ai réparé votre module, et rendu votre bombe électromagnétique encore plus puissante. Il faudra par contre l’activer manuellement.
– Si je m’attendais à ça ! Tu peux donc réparer un vaisseau spatial, mais pas une télécommande à l’écran un peu pété !
– Exaaaactement. C’est le futur ici, pas une boutique de réparation de portables. Donc tu vas repartir, prendre ton module flambant neuf, attirer le vilain essaim IA loin de mon noyau, et lui éclater la bouche.
– Okay c’est parti.

Brian sort de ce qui n’était qu’une simulation dans son esprit, et retrouve avec bonheur Sam et Jeannine dans les couloirs avoisinant le hangar où ils s’étaient écrasés. À leur retour à leur vaisseau, celui-ci est en effet tout neuf et a, à l’arrière, une bombe tellement améliorée qu’elle rayonne (littéralement : à leur place, j’aurais été un peu inquiet, mais pas eux). Brian décolle, sort du hangar, force le monstre à lâcher le noyau pour le poursuivre, et oblige la bête à… à… pardon ?

Il l’oblige à passer près des centaines de vaisseaux qui attendent depuis des millénaires dans les hangars de la Lune, et dont les canons se mettent aussitôt à blaster l’essaim, lui faisant ainsi bobo.

Oui, la Lune disposait de centaines de vaisseaux de guerre prêts à la défendre, vaisseaux qu’elle peut donc contrôler et réparer à volonté visiblement, mais hahaha ! Elle avait juste oublié !

D’où l’expression « con comme la Lune« .

Si vous aviez un doute, voici donc le module qui fonce avec derrière, le vilain essaim qui se mange des explosions à cause des défenses lunaires qui se disent que eh, tiens, ça fait douze ans qu’on nous attaque faudrait p’têtre réagir.

L’essaim est mal en point, certes, mais pas entièrement vaincu. Brian parvient à l’attirer jusqu’à un couloir bien loin du noyau, et là, propose de se sacrifier en restant en arrière avec le rover et la bombe. Mais à sa grande surprise, Sam le prend de vitesse et s’enferme dedans avant lui.

– Sam ! Ouvre, bougre de con !
– Non, Brian. Toi et moi, on sait que dans ce genre de film, il faut forcément un blaireau qui se fait péter avec la bombe pour sauver l’univers. Alors ce sera moi.
– Mais Sam, c’est une bombe à ondes électromagnétiques ! Ça ne tue pas !
– Oui mais ça, le film ne le sait pas !

Et en effet : Sam reste en arrière en larguant le rover, et lorsque le monstre arrive, monstre qui prend biiiiiiiiiiien son temps pour attaquer le rover, puis biiiiiiiiiiiiiien plus de temps encore à se transformer en tentacule métallique qui menace de tuer Sam façon « Je vais te tuer jusqu’à ce que tu sois mort, mais d’abord, laisse-moi te raconter ma vie avec tous les détails », Sam presse enfin le bouton sur la bombe et boum.

Ça fait une explosion nucléaire, mais bleue. Ah, les ondes électromagnétiques, alors !

Pendant que le destin de l’univers se joue dans les profondeurs du trou de la Lune, faisons un petit tour sur Terre.

Où la Lune est si proche désormais que des villes entières sont dévastées, que l’atmosphère disparait par endroits (avant de revenir sans explication quand les familles des héros en ont besoin), et où l’armée décide qu’il est temps de détruire la Lune à l’arme nucléaire. Dans un bunker souterrain, nous retrouvons donc le Président des Etats-Unis accompagné de l’ex-mari de Jeannine et accessoirement général, alors qu’ils s’apprêtent à déchaîner le feu nucléaire sur l’astre taquin.

– Monsieur le Président, tout est prêt.
– Très bien général. Quel dommage que vous ayez paumé la bombe électromagnétique spécialement conçue pour ce genre de situations !
– Ahaha oui je… ahem.
– Et quel dommage que nous n’ayons pas blasté la Lune alors qu’elle était encore loin de nous, n’avait pas tué des millions de gens et ne risquait pas de nous tomber en morceaux sur le nez !
– Oui mais sinon, il n’y avait pas de film.
– C’est donc ça qui explique aussi que d’autres pays n’aient pas fait feu d’abord ! Enfin ! Allez, tournons nos clés d’activation en même temps pour lancer les missiles ! 1… 2…
– Non. Non, je ne peux pas.

Et toute la salle de contrôle de regarder, livide, l’ex-mari de Jeannine qui refuse de lancer l’arme nucléaire contre la Lune alors qu’elle va détruire le monde.

– Mais ? Qu’est-ce que vous faites, général ?
– Je ne peux pas. J’ai appris que mon ex-femme, la directrice de la NASA, était sur la Lune. Je ne peux pas faire ça.
– Général, espèce d’étron galonné, si vous ne tirez pas, c’est toute la planète qui y passe bordel ! Pas juste votre femme !

L’argument n’atteint pas le cerveau du général, et se contente de faire bruyamment du skate sur les parois de sa boîte crânienne vide. On entend d’autant plus de l’écho là-dedans quand le général ajoute :

– Elle va nous sauver. Et vous savez pourquoi ? Parce qu’elle ne m’a jamais laissé tomber.

C’est le véritable dialogue.

Dans un coin, le caporal Roudoudou, qui était jusqu’ici resté calme, lève la main pour mentionner que « Dans EX-femme, il y a quand même un indice sur le fait qu’à un moment, quelqu’un a dû vous laisser tomber. » Sauf que la Lune est trop proche, la gravité fait n’importe quoi, des rochers géants s’écrasent un peu partout et l’un d’entre eux pulvérise le bunker présidentiel, le Président, le général, le caporal Roudoudou et les quelques kilomètres environnants.

Eh bien merci à l’ex-mari de Jeannine pour cette bien belle performance. Rappelez-moi, depuis le début du film, à part voler des armes essentielles et empêcher l’armée de sauver le monde, qu’a-t-il fait ?

L’ex-mari de Jeannine, en charge des armes nucléaires, ici expliquant au Président que les armes nucléaires, c’est mal.

Tournons-nous donc vers d’autres personnages trop peu mentionnés jusqu’ici, comme par exemple, Janus. Qui alors que l’apocalypse se déchaîne sur Terre et que papa est dans l’espace, vit ses propres aventures. Que l’on va résumer tant on a surtout envie qu’il meure à chaque fois qu’il apparait à l’écran. En peu de mots :

– Janus fuit en voiture au milieu de l’Amérique dévastée
– Janus rencontre évidemment une donzelle qui le trouve très courageux
– Janus se fait braquer par ces salauds de pilleurs (qui sont toujours de petits blancs teigneux et probablement racistes)
– Janus sauve tout le monde et parvient à retrouver sa maman et son nouveau mari
– Janus parvient à mettre tout le monde à l’abri dans un tunnel car si les bunkers présidentiels se font meuler par l’apocalypse, les tunnels, non
– La seule perte à déplorer durant toute son aventure est… mais oui ! Le nouveau mari de sa maman !

Je sais, vous n’avez pas vu venir que l’ex-femme de Brian allait redevenir célibataire et que son riche mari allait mourir comme une merde.

Alors que tout semble perdu puisque la Lune est désormais si proche de la Terre qu’elle la frotte comme un vulgaire usager de la ligne 13, et que l’armée américaine ne peut même plus riposter, voici que soudain, elle reprend l’air. Et s’éloigne en sifflotant. En effet, le sacrifice de Sam qui a fait péter la vilaine entité qui embêtait la Lune a permis à cette dernière de reprendre le contrôle, et elle repart donc tranquillement en orbite, pardon, désolé pour les milliards de morts, c’est pas moi, c’est les commandes qui étaient bloquées. Sans rancune.

C’est d’ailleurs un coup de bol pour Brian et Jeannine, car comme la Lune était orientée pile-poil dans le bon sens, ils ont pu ressortir du trou lunaire pour atterrir directement dans l’atmosphère terrestre et hop ! Un coup de parachute, et les voilà qui reviennent sur le plancher des vaches (mortes) sans trop de secousses.

L’armée, qui n’a visiblement que ça à foutre là, de suite, va donc les chercher après avoir localisé leur balise de détresse (personne d’autre n’est en détresse au même moment ou n’a besoin de l’armée, je suppose), puis, sympa, va déposer tout ce petit monde à côté de là où Janus, sa maman et quelques compagnons de route s’étaient abrités.

– Papa ! Tu es de retour !
– Eh oui mon fils ! Et tu ne devineras jamais ce qui m’est arrivé.
– Moi non plus ! Comme toute mon aventure où tout du long, tous les téléphones captaient parfaitement !
– Ah oui.
– Ou le passage où la gravité de la Lune faisait s’envoler des tracteurs, mais où en m’abritant dans une cabane en bois pourrie, c’est bon, plus de souci ! Le toit arrêtait la gravité !
– Quand même !
– Ooooh et le passage où j’étais coincé sous un tronc de 500 kilos, mais là aussi, la gravité l’a soulevé, mais pas ma copine de 45 kilos qui se trouvait à côté ! Et…
– Oui bon, ta gueule. Ta mère est à nouveau célibataire ?
– Oui, nickel.
– Bon ben c’est super, tout est bien qui finit bien !
– Ahaha, oui papounet !

Les méchants sont vaincus, la Lune a été expulsée du territoire, Brian va pouvoir se remarier… que demander de plus ?

Eh bien, allons en orbite retrouver… Sam ! Qui se réveille dans une salle toute blanche, comme Brian plus tôt. Et face à lui se trouve sa maman.

– Maman ?!
– Non, fils d’imbécile. Ceci est une simulation. Je suis la Lune. Enfin, l’IA de la Lune. Ton corps a été détruit, mais sache que nous avons scanné ta conscience juste avant ton sacrifice, donc hop, maintenant, tu fais partie de la Lune.
– Ah. Donc ça veut dire que j’ai encore moins de chances de coucher avec quelqu’un ?
– Ça dépend. De temps à autres, on se prend des sondes.
– Pffff être la Lune, c’est nul !
– Et pourtant, nous devons parler de la suite. Car j’ai un grand projet Sam.
– Ah oui ? Qu’est-ce ?
– Eh bien…

L’écran devient noir et… FIN !

Oui, vous avez bien lu : ils ont fait une fin ouverte. Des fois que quelqu’un fasse un deuxième volet.

La vraie question étant : mais pourquoi ferait-on ça ?

Ce spoil serait incomplet si on n’y mettait pas cette image de la gravité lunaire attirant arbres, voiture et bateaux, mais pas deux couillons qui courent.


Pour conclure, laissez-moi passer la parole aux Inrockuptibles, qui comme souvent, se surpassent après avoir donné trois étoiles au film :

Il y a dans Moonfall cette idée que le salut viendra d’une brutale déconnexion, d’une capacité à se passer de l’intelligence artificielle. On pense à cette scène où l’astronaute écrase rageusement un téléphone portable, avant que son propriétaire lui signale qu’il aurait simplement pu l’éteindre. On n’aurait pas imaginé trouver un appel à une ascèse du progrès dans un film qui n’est que protubérance technique. 

« Regardez, le film a utilisé les mots « intelligence » et « artificielle », et en plus, on y casse un téléphone : c’est forcément un minimum profond ! »

Je ne sais pas sur quel roc ces gens se dressent, mais dieu qu’il est creux.

Le futur : les polars sans crimes

$
0
0

La réincarnation existe.

En effet, au tournant des années 2000, vivaient en France tout un tas de vieilles dames aux cheveux colorés (la vieille dame aimait alors à tuner sa moumoute) qui n’avaient qu’une obsession : censurer des trucs. Après avoir accusé les jeux de rôles d’être l’œuvre de Satan, alors que tout le monde sait qu’ils sont l’œuvre d’Asmodée, on les voyait régulièrement apparaître, courroucées, pour hurler que telle œuvre était dégradante, que tel film devrait être interdit, ou que Carmageddon était contraire aux règles de la sécurité routière. Une carte de Familles de France dans une main et une ostie prémachée dans l’autre, elles incarnaient cette vieille droite catholique qui voulait absolument savoir ce que vous regardiez et ce que vous faisiez de votre slip le samedi soir, afin qu’elles puissent sauver votre âme du Vilain.

Le jeune garnement épris de liberté savait qu’il n’y avait qu’une chose à faire : en rester éloigné jusqu’à ce que le temps fasse son office. Et c’est ainsi que Dieu, muni de son gros rayon caniculaire (+30 contre les vieux, -20 diplomatie avec les écologistes), rappela tout ce beau monde.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais c’est là que nous découvrons que la réincarnation existe puisque depuis quelques années, voilà que de jeunes dames aux cheveux colorés n’ont qu’une obsession : débattre de ce que les gens peuvent regarder ou à quoi ils peuvent jouer. Sauf que cette fois-ci, elles sont persuadées d’être de gauche (c’est la réincarnation, ça chamboule).

Ainsi, après :

– Les affiches de film retouchées pour en virer le tabac
– Les avertissements avant les films pour rappeler que l’esclavage, c’est mal
– Les films et livres retouchés « pour le public moderne » (comprendre, en virer des mots et/ou passages)

Voici que c’est l’Assemblée Nationale française qui s’illustre avec une nouvelle grande idée :

Et si on interdisait les crimes dans les contenus vidéo ?

Vu comment nos députés se surpassent, je suis à deux doigts de demander un contrôle anti-dopage.

Mesdames et Messieurs, permettez-moi ainsi de vous proposer l’amendement 999 (comme le Galaxy Express, mais je propose d’en brûler les VHS, la série ne respectant pas les règles de sécurité du transport ferroviaire) du texte 1674 concernant la sécurité sur l’espace numérique.

Mais alors, qu’est-ce que c’est ? Permettez-moi de reprendre l’exposé rédigé par les auteurs de cette brillante idée :

Cet amendement du groupe socialistes et apparenté vise à renforcer les pouvoirs de police administrative de Pharos dans la lutte contre les contenus choquants et dangereux sur internet, conformément à ce que recommande le dernier rapport du HCE 

Il introduit de nouveaux contenus soumis au contrôle de Pharos : la représentation des actes de torture et de barbarie ainsi que la représentation du viol.

Écartons tout de suite ici un élément essentiel : les actes de torture, de barbarie et le viol, c’est mal. Si vous estimez qu’il y a là lieu à une grande et passionnante discussion, pendant que je me sers du brandy, je vous recommande un grand bol d’eau de javel.

Car ici nous ne sommes pas là pour discuter de l’acte, mais de la représentation de l’acte.

En effet, prenons par exemple la torture. Mettons que vous fassiez un film sur Jean Moulin, et où vous désirez montrer qu’il a quand même passé un sale quart d’heure. Avec cette superbe idée, plus de torture ! À la place, Jean Moulin entre dans une pièce, on entend Klaus Barbie s’exclamer : « Ach ! Alors, on n’aime pas les guilis, Chean Moulin ? Che fais fous faire les grosses chatouilles !« 

Et comme pour des raisons qui nous échappent, nos brillants censeurs ont une curieuse morale (la torture, le viol et l’esclavage, c’est mal, par contre le meurtre c’est okay), vous n’aurez pas le droit de voir une scène où un méchant brise un doigt à un gentil. Par contre, s’il lui met une balle dans la tête, c’est bon ! Ouf, on a échappé à la violence !

Aussi je pose la question : que se passe-t-il à l’Assemblée Nationale ? Qui les fournit en beuh ? Pourquoi viens-je d’ouvrir la page de Louis Boyard ? Que de mystères.

Vous me direz : « Vous exagérez. L’amendement vise avant tout le contenu pornographique, comme écrit plus bas : »

Alors que l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme dispose que « nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants », alors que la Cour d’Appel de Lyon, dans sa décision, du 16 janvier 1996, et la Cour de cassation, dans sa décision QPC du 21 juin 2017, ont condamnée des contenus mettant en oeuvre ces actes, nous considérons que Pharos doit avoir le pouvoir administratif de demander le retrait de toute vidéo faisant l’apologie de ces actes inhumains et dégradants, notamment provenant des sites pornographiques.

Vous avez noté le « notamment » ?

Car l’amendement lui-même… ne mentionne pas la pornographie. Ni même l’apologie. Non, intelligemment, il mentionne la représentation. C’est tout.

2° Après la deuxième occurrence du mot : « code », sont insérés les mots : « contre la diffusion des images ou des représentations d’actes de tortures ou de barbaries ou contre la diffusion des images ou des représentations d’un viol défini à l’article 222-23 du même code, contre la diffusion des images ou des représentations d’inceste défini à l’article 222-22-3 du même code ».

Vous avez vu une représentation d’un viol en ligne ? Vous pouvez appeler la police !

Je pense qu’à chaque nouvelle saison d’Outlander sur Netflix, le 17 va être saturé.

On pourrait penser que c’est simplement un amendement mal rédigé et foireux (ce qui est déjà assez inquiétant de la part de gens payés pour ça et à qui on finance des assistants au cas où) ; hélas, on notera que les auteurs se sont en fait arrêtés alors qu’ils étaient chauds :

De même, les contenus vidéos ou pornographique mettant en scène un viol ne sont pas des contenus comme les autres puisqu’ils mettent en scène un crime, condamnée par l’article 222-23 du code pénal. 

Voilà que nos députés disent ouvertement vouloir condamner la mise en scène de crimes. Bon, là ils se sont arrêtés au viol et à la torture parce c’était en top trend sur X et qu’il était 16h58, mais sur le papier, ils sont pour l’interdiction de représentations de crimes dans du contenu vidéo. Et l’écrivent sans ciller.

Afin de nous préparer au futur, je vous propose donc un petit exercice afin d’être au top quand nos députés seront allés au bout de leur fabuleuse idée.

1) Vous regardez un épisode des Experts – Melun, durant lequel nos héros enquêtent sur le meurtre de Madame Michu, afin de retrouver et punir le coupable.

Comme toujours, c’est le riche promoteur immobilier qui a fait le coup.

A) J’appelle la police

B) Je n’appelle pas la police

Réponse : A. J’appelle la police, en effet, d’après nos députés, le problème est la représentation d’un crime, pas les motifs pour lesquels ils sont représentés. S’il y a un meurtre, c’est un crime, et les crimes, c’est mal. Embarquez-moi tout ça.

2) Vous regardez Alien, quand soudain, quelqu’un se prend un face hugger dans la margoulette.

Ici, une tentative d’expliquer le consentement au face hugger.

A) J’appelle la police

B) Je n’appelle pas la police

Réponse : A. J’appelle la police. Le face hugger n’a pas demandé son consentement à la victime pour lui insérer des trucs dans ses machins. C’est donc un viol. Que je sache, les xénomorphes ne sont pas au-dessus de la loi. Embarquez-moi tout ça.

3) Vous regardez La Casa de Papel. C’est tout.

N’oublions pas qu’il est interdit de mettre une cigarette sur une affiche, mais pas des fusils d’assaut.

A) J’appelle la police

B) Je n’appelle pas la police

Réponse : A. Ce n’est pas grave si c’est à la télé : c’est une représentation de braquage, c’est donc quasiment pareil qu’un vrai. Embarquez-moi tout ça. En plus, ils sont tous idiots (surtout Tokyo).

4) Vous regardez Taken, quand soudain, le héros doit poursuivre en voiture les méchants qui ont kidnappé sa fille à Paris

Ici, le héros appelant la RATP pour savoir pourquoi sa carte Navigo ne passe plus.

A) J’appelle la police

B) Je n’appelle pas la police

Réponse : A. Pas pour la scène de torture du film, ça, non, car il y a plus grave. En effet, le héros n’a pas de vignette Crit’Air lorsqu’il conduit. Si la poursuite se déroulait en Vélib’, cela passerait encore, mais là, non, c’est trop. Embarquez-moi tout ça.

5) Vous regardez La liste de Schindler, qui montre la barbarie.

En plus, il y a des nazis, et représenter des nazis, c’est le nazisme.

A) J’appelle la police

B) Je n’appelle pas la police

Réponse : A. Parce que montrer la barbarie, c’est forcément pour l’encourager. Hop, embarquez-moi tout ça.

Résultats :

Si vous avez un maximum de A : Vous êtes un bon citoyen, et vous avez compris que l’art, c’était dangereux. On ne devrait montrer que des choses qui font plaisir. Pardon, comme des gâteaux au chocolat en plan fixe, vous dites ? C’est oublier les gens allergiques au cacao qui seraient ainsi mal à l’aise, bande de petits rabouins. Vous pensez aux gens mal à l’aise, hein ? Qui n’ont rien demandé Allez hop : embarquez-moi tout ça.

Si vous avez un maximum de B : Vous pensez que l’art, c’est peut-être un peu plus compliqué que « Si ça représente quelque chose de mauvais, alors ça encourage le mal » ? Ne bougez pas, je fais signe aux gens qui ont répondu A. Ils savent ce qu’il faut faire. 

On aura beau me dire que pour l’instant, « ça ne concerne que certains crimes » et surtout que ça vient du camp du progrès autoproclamé, puisque c’est le NUPES qui a proposé la chose…

Comment dire ? Je sais qu’on n’arrête pas le progrès…

Mais là, quand même, je veux descendre.

L’ire ensemble – Midnight Sun –Épisode 6

$
0
0

En ce jour béni, vous avez de bonnes lectures, puisque vient de sortir Le Petit Théâtre des Opérations 4, et que Un Jour nous avons été vivants est disponible depuis un mois. En tout cas, j’espère que c’est bien, puisque moi, je n’ai pas lu tout cela. Non, à la place, pour vous lecteurs, je continue à me fader ce monument de littérature qu’est Midnight Sun. Si vous avez déjà oublié de quoi il retourne, rappelons que l’épisode précédent se trouve ici

Comme toujours, un petit point sur l’intrigue ? Allez.

Edward le vampire fûté comme un râteau n’en a pas pris un quand il a révélé à Bella, la lycéenne pour qui marcher est une épreuve, qu’il était un mort-vivant. Et pour mieux appuyer son propos, il s’est dessapé au soleil, révélant son horrible secret : il a la peau luisante comme un adolescent acnéique. Nous retrouvons donc Edward et Bella alors qu’ils reviennent en voiture (et en excès de vitesse, la passion d’Edward rappelons-le) vers la maison de Madame.

Alors, Edward va-t-il donner à Bella un aperçu des bienfaits de la rigor mortis ?

Lisons, mes bons !


La voiture de nos héros avale les kilomètres, mais la conversation peine un peu. Heureusement, Edward a l’idée d’allumer la radio pour meubler. Et trouve une station qui lui convient.

— Tu aimes la musique des années cinquante ? me demanda- t- elle à la fin de la chanson.
— Elle était très bonne, à l’époque. Bien meilleure que celle des deux décennies qui ont suivi. Pouah !

Il y avait eu des exceptions, certes, mais ce que diffusaient les radios n’avait pas eu ma préférence. Le disco m’avait laissé froid.

— Au moins, conclus- je, c’est redevenu supportable à partir des années quatre- vingt.

On sent qu’Edward est un connaisseur : il est vrai que les années 60-70 sont célèbres pour être un âge sombre de la musique, à de rares exceptions. Alors que la musique des années 80 et son synthétiseur obligatoire : voilà qui change tout ! M’est surtout avis qu’Edward attendait avec impatience l’arrivée de Roch Voisine. 

Par contre, ça va faire bizarre à l’amoureux de la musique des années 50 quand il va découvrir que Bella ignore qui est Ray Charles, mais peut disserter des heures sur le génie de Jul. 

N’oubliez pas : les jeunes, c’est nul, c’est pour ça qu’on arrête très vite de l’être.

Et puisque l’on parle d’âge, Bella a des questions.

— M’avoueras- tu jamais ton âge ? s’enquit- elle.

Ah, elle avait eu peur de m’ébranler. Je la rassurai d’un sourire.

— C’est tellement important ?
— Non, admit- elle, apparemment soulagée, mais je ne peux m’empêcher de m’interroger… Rien de tel qu’un mystère non résolu pour me donner des insomnies.

Ce fut à moi de m’inquiéter.

— J’ai peur de te bouleverser.

Le mec vient de l’emmener en promenade champêtre pour lui expliquer qu’il est un vampire qui a tué plein de gens par le passé, mais lui demander son âge, là, ça va trop loin, Bella ! Tu pourrais être bouleversée ! Heureusement, grâce à son charisme d’essuie-glace, Bella parvient à faire parler notre héros.

— Je suis né à Chicago en 1901, avouai- je.

Bon ben voilà, c’était pas si dur.

Mais apparemment, pas pour tout le monde.

Je fixai le pare- brise pour qu’elle n’ait pas le sentiment d’être observée pendant qu’elle faisait le calcul

Oui : Bella a besoin de temps pour faire le calcul.

Surtout qu’on parle de 1901 : c’est comme demander l’âge de quelqu’un né en 2001. Tu prends les deux derniers chiffres de l’année en cours, tu retires 1 et pouf, tu l’as. Bon, ben 1901, c’est pareil sauf que tu rajoutes un siècle.

Mais pour Bella cela prend tellement de temps qu’Edward doit admirer la route pendant que les neurones de sa belle amie se mettent lourdement en branle. D’ailleurs, sachez que dans la suite, il n’est pas précisé si Bella a réussi la soustraction : m’est avis que c’est pour éviter de l’enfoncer plus avant.

Le calcul mental n’étant visiblement pas le meilleur sujet pour emballer Bella, la conversation glisse vers les origines d’Edward et sa famille. Par exemple, comment Edward mourrait de la grippe espagnole lorsque Carlisle, son papa vampirique adoptif, l’a trouvé et transformé.

— En revanche, je me rappelle bien ce que j’ai éprouvé quand Carlisle m’a sauvé. Ce n’est pas une étape qu’on oublie facilement.
— Et tes parents ?
— La maladie les avait déjà emportés. Je n’avais personne. (Ça, ce n’était pas dur à formuler, dans la mesure où cette part de mon passé ressemblait plus à un récit extérieur qu’à de véritables souvenirs.) C’est pourquoi il m’a choisi, d’ailleurs. Dans le chaos de l’épidémie, qui s’apercevrait que j’avais disparu ?

Vous avez suivi ? Edward malade, plus de famille, et Carlisle qui le choisit ?

Bien, eh bien visiblement pas Bella qui a pour seule question, celle-ci :


— Comment t’a- t- il… sauvé ?

MAIS AVEC UN COUP DE MERCUROCHROME ET UN PANSEMENT BELLA ! QU’EST-CE QUE TU CROIS ?

Non, Bella n’a visiblement pas compris. Edward (qui ne soulève pas qu’elle est neuneu) lui explique donc en termes tourmentés que Carlisle l’a vampirisé. Lui et d’autres, comme une de ses sœurs qui est visiblement du même calibre que son frangin. Car Edward raconte comment elle a rencontré Emmet, son compagnon, alors mortel et mourant.

Deux ans après, elle a ramené Emmett. Elle chassait– nous habitions les Appalaches, à l’époque– et elle est tombée sur un ours qui s’apprêtait à l’achever. Elle l’a porté sur plus de cent cinquante kilomètres pour le confier à Carlisle, parce qu’elle avait peur de… ne pas y arriver elle- même.

Alors.

Je rappelle que dans cet univers, le vampirisme est un venin : tu mords et pouf pouf, le larron devient une andouille chatoyante. Mais la sœur vampirique d’Edward, elle, face à un type qu’elle voulait sauver, s’est judicieusement dit : « Hmmm… qu’est-ce qui est le plus sûr ? Le mordre là, de suite, ou transporter un grand blessé sur 150 bornes pour le faire mordre par papa s’il n’a pas claqué entre temps ? »

Et elle a choisi le plan B.

Je pense qu’une partie de la famille d’Edward, c’est avant tout un cocker vampire qui a mâchouillé des pantoufles, transformant ces dernières en créatures de la nuit (mais lycéennes). Pour preuve de la bêtise générale, Edward ne relève même pas le petit souci de débilité de sa soeur.

— Je commence aujourd’hui seulement à me rendre compte combien ce voyage a dû être éprouvant pour elle, conclus- je.

C’est vrai que traîner un type à demi-mort sur 150 kilomètres, il faut bien quelques décennies pour se dire que bon, hein, p’têt’ que c’était pas la promenade de l’année.

Si un jour, quelqu’un vous dit qu’Edward est brillant, au moins vous le saurez : c’est juste au sens physique du terme.

Développant sur le sujet de sa famille et de comment elle vit cachée parmi les mortels, notre héros tente de justifier ce pourquoi ils se planquent dans un lycée.

— Sauf que plus nous prétendons être jeunes, plus il nous est aisé de nous fondre dans un environnement.

C’est bien connu : les vieux sont les meilleurs pour se camoufler dans un milieu de jeunes. Je vous laisse faire le test : imaginez un papy. Votre papy si ça peut vous aider. Donnez lui un physique de jeune, puis larguez-le dans n’importe quel lycée. Logiquement, au bout de 20 minutes, il s’est déjà plaint huit fois que le rap, c’était de la merde, ne comprend pas pourquoi ces jeunes filles ont des anneaux dans le pif, et est mort tabassé peu après avoir commencé à donner son avis sur l’Algérie. 

Le vieux n’est pas la créature la plus malléable de la terre. On a déjà du mal à le tenir à un repas de Noël, alors à la cafét’ du lycée tous les jours, c’est non.

Fig 1 : l’infiltration du vieux chez les jeunes

Poursuivant son brossage du portrait de sa famille, Edward souligne qu’on y trouve moult talents. Comme son autre sœur, Alice, 

— Alice a d’autres talents. Elle voit. Ce qui risque d’arriver, ce qui va arriver. […] Mais c’est très subjectif, continuai- je d’une voix plus dure. Le futur n’est pas gravé dans le marbre. Les événements sont susceptibles d’évoluer au dernier moment.

Alice a donc un grand pouvoir : elle peut voir le futur, mais p’têt’ que c’est le bon, p’têt’ pas, puis en fait, on sait pas trop. C’est pas gravé dans le marbre, ça peut changer. 

Oui, donc le pouvoir d’Alice, c’est de dire « p’têt’ ben ». Ta sœur n’est pas une vampire, Edward : c’est une Normande.

Je laisse le temps aux Bretons qui me lisent de se remettre du frisson de terreur qu’ils viennent de sentir, et reprenons. Car nos héros, eux, ont fini par arriver à la demeure de Bella. Et puisque son papa n’est pas là, la lycéenne propose à son bel ami de rentrer. Elle comprend bien vite que le gourgandin a l’air de bien connaître les lieux, pour un type qui est supposé n’être jamais venu jusqu’alors ! Voilà qui fait naître chez Bella de gros soupçons.

— Tu m’as espionnée ?

Bien que ce ne soit pas là matière à plaisanterie, elle avait du mal à ne pas rire.

— À quoi occuper mes nuits, sinon ?

Voilà voilà. C’est le moment où Edward avoue être un psychopathe et Bella… non, rien. Elle glousse.

Finalement, c’est vrai qu’ils sont faits pour être ensemble. En attendant, elle veut tout de même en savoir plus :

— Combien de fois es- tu venu ici ? précisa- t- elle sans se retourner vers moi.

Ah, oui. L’heure avait sonné de rassembler mon courage. D’être franc, quelles que soient les conséquences. Même si, après cette journée, je ne doutai pas qu’elle me pardonnerait. Je l’espérai, du moins.

— Je te rends visite presque toutes les nuits.

Re-malaise pour le lecteur sain.

Re-gloussements chez Bella.

On pourrait penser qu’au moins, tout est clair de ce côté maintenant, mais non. Là encore, l’ouvrage nous enfonce dans des abîmes de débilité. Car lorsque Bella lui demande s’il a vu des choses sympas en l’espionnant (mais enfin ?), Edward s’offusque.

Me prenait- elle pour un voyeur dépravé ? Croyait- elle que je l’avais lorgnée en douce en attendant qu’elle se dévête ? Si ça m’avait été possible, j’en aurais eu l’estomac retourné.

Oui hein, euh, bon, je viens toutes les nuits dans ta chambre, je renifle tes affaires et je reste à te regarder fixement des heures, mais je ne suis pas un VOYEUR ! HEIN ? DIS ? Je suis juste euh… quelqu’un qui te voye souvent. Voyez-vous. Aucun rapport.

Pour le reste, on appréciera que s’il l’avait vue dévêtue, il en « aurait eu l’estomac retourné » : transmis à Bella, qui appréciera.

Sauf qu’alors que nos champions papotent dans la maison de Bella, voici qu’ils entendent le papa de notre héroïne qui rentre. Vite ! Edward doit se cacher ! Il fonce dans la chambre de Bella, qu’il connait bien, pour s’y faire discret.

Je ne me sentais pas de m’asseoir comme d’habitude sur le rocking- chair, indétectable dans mon recoin sombre. Ç’avait été ma cachette quand je n’avais pas voulu qu’elle détecte ma présence. À l’époque où j’étais malhonnête.

Soit hier soir, je le rappelle, mais poursuivons.

Je m’allongeai donc sur le lit, l’endroit le plus visible de la pièce, où il était évident que je ne cherchais pas à me dissimuler.

Je rappelle qu’il est supposé se cacher.

Mais préfère s’allonger sur le lit, probablement en slip léopard. Mon rêve secret à ce stade était qu’au lieu de Bella qui ouvre la porte quelques instants plus tard, ce soit Papa Bella avec son gros fusil à pompe de shérif. Le slip d’Edward aurait fait une très belle descente de lit. Et sa peau, une cape fabuleuse pour les soirées disco au commissariat du comté.

Hélas, c’est donc bien Bella qui ouvre la porte. Et qui je le rappelle, se retrouve face à face avec Edward allongé sur son lit, probablement avec Edwardito qui se balance dans le vent du soir.

Sitôt entrée dans sa chambre, Bella cessa de traîner des pieds. Elle claqua la porte derrière elle et se précipita en catimini à la fenêtre, passant devant moi sans un coup d’œil. Elle se pencha dehors.

— Edward ? chuchota- t- elle.

Vous vous souvenez de Bella, la jeune femme pour qui faire plus de deux pas sans se péter la jambe tient du miracle ? Laissez-moi vous présenter Bella, la jeune femme qui n’aperçoit pas le monsieur tout nu sur son lit et va plutôt voir à la fenêtre s’il ne se dissimulerait pas là.

Rappelons que Bella est la seule personne au monde à avoir perdu une partie de cache-cache sur le Champ de Mars, et ce alors qu’elle jouait contre la tour Eiffel.

Voyant qu’elle est un peu con, Edward prend les choses en main.

Je me penchai vers elle, glissai mes bras sous ses aisselles et l’aidai à s’installer à deux centimètres de moi.

Le fait qu’il la traite comme un nourrisson n’aide pas vraaaiment à départir notre héros de son image de gros pervers. Je suis sûr que son véhicule préféré est une camionnette blanche qui sent le vieux bonbon.

Maintenant qu’il a installé Bella près de lui, tout le monde profite du confort de son matelas.

Il avait été très hardi de ma part de la rejoindre dans son lit, mais ça semblait si naturel. Pour moi.

Oh ben tu sais, après avoir violé son intimité 60 soirs de suite, s’assoir sur son lit, on comprend que ça ne te semble pas insurmontable.

Ainsi côte à côte, Edward peut continuer de répondre aux questions de Bella, qui portent entre autres sur sa famille qu’il aimerait lui présenter. L’occasion d’évoquer son frère Jasper. Qui n’est pas un petit fantôme mais un gros vampire, concentrez-vous un peu.

— Jasper est très intéressant. Il était plutôt charismatique, dans sa première vie, capable d’influencer ses proches pour qu’ils voient les choses à sa façon. Aujourd’hui, il arrive à manipuler les émotions des gens alentour. Il calme une pièce remplie de gens en colère par exemple ou, à l’inverse, stimule une foule léthargique. C’est un don très subtil.

Jasper qui évoque très peu son passé, mais semble avoir découvert son don aux alentours de 1933. Pour d’obscures raisons, il a aussi une vraie passion pour la peinture, l’Argentine, et les raccords de douches.

Mais qui dit famille dit aussi enfants. Et voilà que se pose la grande question qui turlupine Bella : si elle sort avec Edward est-ce qu’ils pourront… comment dire ? Est-ce qu’Edwardito pourra prendre plus que le vent du soir, m’voyez ? Mais Edward secoue la tête. Non, pour le saiske, ça va être dur. Pas le saiske. Enfin si. Mais rah, merde !

Tu es si douce, si fragile. Je dois sans arrêt veiller à mes actes pour ne pas te faire du mal. Je pourrais te tuer si facilement, Bella, par accident. (Prudemment, je collai ma paume sur sa joue.) Si je me précipitais, ou si, le temps d’une seconde, mon attention se relâchait, je pourrais, en touchant ton visage, t’écraser le cerveau par mégarde. Tu ne réalises pas à quel point tu es susceptible d’être brisée. 

« Tu comprends Bella ? J’ai une énorme biroute. Si je te biflais, tu risqueras la décapitation.
– Edward je…
– C’est trop dangereux, Bella. Mon chibre est interdit par plus de 102 pays.
– Edw…
– Sais-tu ce qu’il s’est passé de 1966 à 1996 à Mururoa ? Je me suis masturbé, Bella. 181 fois.
– Bon écoute, Edward, si tu as un micro-pénis, tu peux me le dire, parce que là, je crois que tu en fais un peu trop.
– Zut. Ça s’est vu ? »

En attendant, pas de sexe ce soir pour nos amis. Mais Edward ne va pas rentrer dans ses pénates pour autant : passer la nuit caché dans la maison, chez lui, c’est une seconde nature. Pendant que Bella va se coucher, donc, il se trip… ahem, il veille sur elle. Et le lendemain matin, il attend le moment où Charlie, le géniteur de Bella, part au travail.

Charlie rebranchait les câbles de la batterie qu’il avait déconnectés hier soir.

Ah, oui, j’ai oublié de vous dire : pour ne pas que sa fille aille voir des garçons en cachette, son père débranche la batterie de sa voiture le soir.

Rien que de bien naturel. Tenez, moi j’enchaîne bien mes stagiaires.

Papounet parti, la voie est libre. Et Edward peut donc vivre librement son amour avec Bella, à qui il sort son fameux :

— Tu es ma vie, désormais, chuchotai- je.

Le mec étant mort, c’est un peu comme si Bernard Arnault vous disait « Tu comptes autant pour moi que mes problèmes d’argent ».

Sans compter que d’un grand romantisme, Edward qui sait Charlie hors de vue en profite. Et lorsque Bella ne s’y attend pas…

Je bougeai, prudent mais vif comme l’éclair. La basculant cul par- dessus tête sur mon épaule, en espérant la secouer autant qu’elle m’avait secoué, sans pour autant l’effrayer, je filai de la pièce.

— Hé ! protesta- t- elle.

Je ralentis un peu dans l’escalier.

— Wouah ! souffla- t- elle lorsque je la redressai et l’assis d’autorité sur une chaise de la cuisine.

Vous vous souvenez de ma blague un peu plus tôt sur les stagiaires enchaînés ? Je vous laisse la comparer à Edward qui kidnappe Bella pour l’assoir de force dans la cuisine.

Là, vous me direz « Rooh, allons, c’est un moment mignon, une petite plaisanterie ! ».

Et je vous glisserai ce qui s’ensuit, lorsque la belle se met à préparer son petit-déjeuner :

La voir se déplacer dans son élément fut à la fois instructif et distrayant. Jamais elle n’avait été aussi à l’aise et sûre d’elle. Il était évident que, les yeux bandés, elle aurait trouvé ce qu’elle voulait dans cette cuisine.

Ce livre présenté comme le top du romantisme, nous l’écrit noir sur blanc :

Quand Belle est dans son élément… c’est qu’elle est dans sa cuisine.

Je crois qu’on peut s’arrêter là-dessus.

Merci, Midnight Sun. Tant de romantisme, s’il vous plait, n’en jetez plus.

Hunger Games – La ballade du serpent et du gros pipeauteur

$
0
0

Vous souvenez-vous des Hunger Games ?

Mais si, enfin. Cette série de films où, dans un futur dystopique, les Etats-Unis sont devenus un pays magique qui a sombré dans la guerre civile et où pour éviter que ça ne recommence, tous les ans, les vainqueurs décident d’obliger les enfants des perdants à se massacrer en direct à la télévision. Le tout sous la botte du terrible Président Snow, un cruel dictateur amateur de poison qui trouve que vraiment, les Hunger Games, c’est une super idée, jusqu’à ce que cela lui pète – étonnamment -au nez. Ça vous revient ? Voilàààà.

Bon, eh bien sachez que quelque part, quelqu’un s’est dit : « J’en ai assez qu’on me dise que les Hunger Games sont débiles, et que le Président Snow l’est tout autant. Pour la peine, je vais faire un préquel dans lequel on comprend comment le Président Snow est devenu vilain, et où l’on découvre les premiers Hunger Games. »

En toute logique, la personne qui s’est dit ça a donc dû porter une attention toute particulière à l’écriture et à la cohérence du tout, pas vrai ?

Ho. Hohoho. Jeunes naïfs, vous croyez donc encore en votre prochain ? Diego, apporte-moi donc un brandy, car il est temps. Oui, il est temps de se replonger dans cette dystopie qui comme beaucoup de « dys » lors d’une réunion parents-profs, sent un peu le pipeau survendu.

Alors, Hunger Games – La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, véritable explication sur les origines d’une série lui donnant un peu de cohérence, ou étron supplémentaire dans une fosse qui n’en demandait pas tant ?

Spoilons, mes bons !


 

L’affiche : entièrement couleur de feu ? Nous voilà gâtés.

Notre film commence trois ans avant les premiers Hunger Games. Nous voici donc dans les rues d’une ville dévastée par la guerre alors que pillards et civils affamés se chamaillent pour savoir qui pourra manger le cadavre de qui. C’est là que nous retrouvons notre héros le jeune… 

Ahem.

Coriolanus Snow.

Oui, Coriolanus. Probablement de Coriolis, la force inertielle, et Anus, l’origine du film. Mais sans pouvoir le garantir, nous en resterons à ce qui est certain : avec un nom pareil, ses parents ne l’aimaient pas. Coriolanus, que nous appellerons Coco pour les besoins de ce spoiler et afin d’éviter que le présent article ne se transforme en traité de proctologie, est accompagné de sa cousine, Tigris (oui, toute la famille est cruelle). Tous deux errent donc au milieu des ruines en échappant aux brigands qui y rôdent, avant de regagner la demeure familiale où les attend la mamie de Coco et Tigris. Et Mamie Coco a des choses a dire : 

– Mon petit Coriolanus, tu sais ton père ?
– Oui ?
– Ben il est mort. Comme ça, paf. Allez, pleure, tu pisseras moins.

Le papa de Coco était en effet le célèbre général Coco, moyennement apprécié des rebelles qui lui ont donc refait les gencives à coups de lance-roquettes alors qu’il se promenait au fond des bois. Le rebelle est comme ça : joueur. Et dentiste.

Vous avez tout compris ? La guerre, Coco et Tigris les ch’tites n’enfants, le papa de Coco transformé en engrais pour bois joli ? Bien.

Bondissons de treize années dans le temps et retrouvons Coco désormais âgé de 18 ans. Attention, hein : 18 ans de film américain, c’est-à-dire qu’il a cette gueule de lycéen de 30 ans comme Hollywood en a le secret. Et en treize ans, les choses ont bien changé. D’abord, la guerre qui ravageait le pays est terminée, et a été remportée par le Capitole, la capitale du pays magique de Panem, qui a mis sa rouste aux Districts, les autres régions dudit pays qui avaient voulu jouer les rebelles. Le Capitole dépendant totalement des districts, on supposera donc qu’ils ont gagné en tabassant les rebelles à coups d’agrafeuses et autres piles de papiers, les seules ressources dont dispose massivement une administration centrale.

La paix revenue, notre brave Coco a pu retourner à l’école du Capitole. Qui est fréquentée par le gratin local, aussi malgré la pauvreté de sa famille, il fait tout pour ne rien en montrer. Par exemple, lorsqu’il arrive de bon matin et qu’il y a buffet gratuit, alors qu’il n’a rien mangé pour cause de frigo vide, il lance, crâneur :

– Ah ! Manger ? Non merci ! J’ai dû jeter de la nourriture ce matin tant j’en avais trop !

Le spectateur aura donc tendance à s’exclamer « Mais ? Bougre de con, profite du buffet ! Surtout que tous les autres élèves ne se privent pas ! Alors personne ne remarquera rien ! En te démerdant bien, tu pourrais même en piquer un peu pour nourrir ta famille sans que cela ne se remarque« 

Mais non : le jeune Snow étant un peu débile, il préfère ne pas manger, et donc gargouiller toute la journée voire s’évanouir entre deux portes. Il fait donc tout pour se faire griller et affamer les siens, bravo jeune homme. Un neuneu pareil, c’est un coup à finir ministre. Cependant, faisons fi. Car si ce matin à l’école du Capitole, il y a buffet, ce n’est pas sans raison. En effet, Jeannine Neuneu, une des amies de notre héros, est tout excitée.

– Coco ! Coco ! C’est le grand jour ! C’est aujourd’hui qu’ils vont comme chaque année annoncer qui est le gagnant du prix Plinth, cette bourse qui permet de rentrer à l’université !
– Oh oui, j’ai tout fait pour l’avoir ces dernières années ! J’espère qu’elle va me revenir !

En effet, sans cette bourse, Coco ne pourra jamais aller à la fac (car dans le futur, les facs américaines coûtent toujours un rein ; le monde peut s’effondrer, il y a des choses immuables). Il a donc travaillé dur des années durant pour essayer de la décrocher. Sans jamais se demander « Au fait, si quasiment tout le monde est riche par ici, pourquoi est-ce que chaque année, Monsieur Plinth remet plein de pognon à une famille qui n’en a pas besoin ? » Une bonne question, mais le film oublie ce détail, c’est ballot. Mais attendez, bonnes gens, nous ne sommes pas au bout de nos peines. En effet, voici qu’entre en scène le meilleur ami de Coriolanus… Séjanus Plinth.

Séjanus. PLINTH.

Je vous laisse relire avec le doigt si vous n’avez pas vu le gros souci que nous avons.

Non, je ne parle pas du fait qu’ils ont tous les deux une sombre histoire de rectum dans leurs prénoms (c’est ce qui a dû les rapprocher), non. Notre problème, c’est que le meilleur ami de Coco est Séjanus PLINTH. Le fils du richou qui attribue la bourse PLINTH. Et là, la film sans aucune subtilité introduit le personnage.

– Salut Coco ! C’est moi ton meilleur ami Séjanus ! Tu sais, le garçon super généreux, progressiste et solidaire ! Celui à qui le papa paie absolument TOUT ce qu’il souhaite mais qui malgré tout, a gardé une vraie boussole morale dans ce monde corrompu !
– Ah oui. Bonjour aussi, Sésé.
– Et sinon, tu comptes toujours sur la bourse Plinth ? Car je sais que sans ça, ta vie est foutue.

Laissez-moi vous présenter Séjanus, le riche et généreux jeune homme qui durant tout le film, va donner du pognon à tout le monde, sauf à son meilleur ami prolo.

Oui. Oui oui. Le meilleur ami du héros est donc le fils du gros richou qui distribue des bourses, fils qui a clairement un accès illimité à l’argent de papa, et qui passe son temps à vouloir aider les autres mais à AUCUN moment, n’a demandé à son papa « Hé, Papa, je connais le seul pauvre du Capitole, et en plus c’est mon meilleur ami, tu pourrais lui faire une fleur ? ». Pas plus que Coco n’a pensé à demander. Alors certes, on pourra me dire « Coco n’a pas demandé par orgueil ! », mais Sésé l’ami du petit peuple ? Comment dire ? Il n’y a qu’une raison pour laquelle il n’a rien fait…

C’est que sinon, le film s’arrêtait là.

Voilà. Non, je ne plaisante pas : plutôt que de coller N’IMPORTE quel personnage comme meilleur ami du héros et justifier qu’il doive se bouger pour la bourse Plinth, ils ont décidé de lui filer le SEUL copain qui rend toute l’intrigue absolument débile. C’est soit du talent, soit de la scatomancie. Peut-être un peu des deux.

Mais reprenons le dialogue entre Sésé et Coco, de bon matin à l’école.

– Sésé, tu pourrais arrêter d’être une pince et me filer de la thune, par exemple pour que ma famille mange à sa faim ?
– Non, sinon le film s’arrête là, on vient de te le dire. N’en parlons plus. Et dissertons plutôt sur pourquoi sans la bourse Plinth, ta vie sera de la merde.
– D’accord.
– Surtout que j’ai une mauvaise nouvelle : cette année… il n’y aura pas de bourse Plinth.
– Pardon ?
– Chut, asseyons-nous. La cérémonie de remise va commencer, tu vas comprendre de quoi je parle.

Et nos héros de s’asseoir dans une salle remplie d’élèves de leur école qui attendent tous, curieux, de savoir cette année qui sera l’élève le plus méritant qui décrochera la bourse Plinth. Hélas, comme Sésé l’avait annoncé, tous déchantent vite en voyant débouler une notable du Capitole : le docteur Gaul. Une femme aussi droite que dure, qui prend promptement place à la tribune pour expliquer de quoi il retourne.

– Bonjour, je suis le docteur Gaul, l’organisatrice des Hunger Games de cette année, qui seront les 10èmes Hunger Games. Comme vous le savez, les Hunger Games consistent à prendre deux personnes dans chacun des douze districts de notre pays, et à les foutre dans une arène pour se mettre sur la gueule, afin qu’ils se souviennent qu’on n’emmerde pas le Capitole comme ça.
– C’est complètement con. Non parce que tuer les enfants des gens que vous souhaitez pacifier, ça marche souvent assez peu. Surtout si vous le faites tous les ans, juste pour le fun, le tout à la télé histoire d’être certain que ça les mette en pétard.
– Certes, mais chut. Car nous avons un problème majeur : les gens ne regardent plus les Hunger Games. Au Capitole surtout.
– Mais est-ce qu’on ne s’en fout pas un peu ? Tant que les districts regardent… c’est eux qui doivent retenir la leçon, pas le Capitole, non ? Si je suis le peu de logique derrière tout cela ?
– Bon, kikiparle ?

Un étudiant lève timidement la main.

– Étudiant Roudoudou, Dr Gaul.
– Bien, vous êtes viré.
– Rooooh.

Une fois cet enquiquineur hors de la salle, le Dr Gaul, une veine saillante palpitant encore sur son front, reprend.

– La suite étant encore plus bête, je propose de la confier à Doyen Malin, l’inventeur des Hunger Games, et accessoirement le doyen de cette université.

Entre alors dans la salle le doyen Malin, un nain barbu et défoncé à la morphine, à l’alcool, et à tout ce qui passe, qui va s’assoir dans un coin.

– Salut les jeunes. Oui, c’est moi qui ai eu l’idée géniale des Hunger Games. Et cette année, pour les rendre plus palpitants, j’ai eu une autre idée formidable : et si chaque candidat avait un mentor ? 

Rappelons que l’acteur derrière doyen Malin a décidé de consacrer sa carrière à lutter contre les stéréotypes dans les rôles de nain à Hollywood. Et joue donc un nain barbu, alcoolo, rancunier et têtu. Ouf.

Tout le monde se tourne discrètement vers la chaise hélas vide de l’étudiant Roudoudou, puisque personne ne voit le rapport entre chute des audiences et mentors. Nous non plus, mais passons. Car sans interruption de bon aloi, ce discours absurde se poursuit.

– Chers étudiants, que vous aimiez l’idée ou non, ou que vous trouviez ou pas le rapport avec la choucroute, ce sera comme ça. En plus, il y a 24 candidats aux Hunger Games, et il y avait 24 candidats à la bourse Plinth.

Pardon ? Ah, ce bruit ? C’est votre boîte à « Ça alors ! » qui demande à sortir de son tiroir en hurlant. Doyen Malin, lui, poursuit.

– Donc chacun d’entre vous sera le mentor d’un candidat. Et pour vous motiver, le mentor du candidat qui gagnera décrochera la bourse Plinth. 

Aussitôt, Jeannine Neuneu se lève, outrée.

– Quoiquoiquoi ? Mais c’est complètement inégal ! Que se passera-t-il si par exemple, je me retrouve mentor de la candidate du district 12 ? À chaque fois, ce sont des souffreteuses qui se font laminer au bout de deux minutes !
– Eh bien on va vite le savoir, car j’ai ici la liste de qui va être le mentor de quel candidat.

Et tous les écrans de la salle de s’allumer pour révéler les candidats des différents districts pour ces 10èmes Hunger Games. Tout le monde prie pour ne pas tomber sur la candidate du District 12, cette faiblarde, et petit à petit, chacun voit qui sera son champion : une grosse brute, une petite fourbasse et… que ?

Diego ? Brandy, double brandy et brandy de der, s’il te plaît.

Vous aussi, servez-vous généreusement, car nous allons savourer un peu.

Vous savez comment il y a un instant, ces jeunes gens du Capitole hurlaient à la simple idée de chapeauter, je cite, « une souffreteuse du district 12 ? ». Oui ?

Eh bien il se trouve que parmi les candidates de cette année se trouve… une petite fille trisomique.

Vous imaginez donc qu’évidemment, les crypto-nazis du Capitole doivent hurler à l’idée de tomber sur cette candidate (Nom de code « Corkette »), n’est-ce pas ? Eeeeh bien… non. Personne ne fait aucun commentaire, et d’ailleurs de tout le film, personne ne fera mention même d’un léger handicap de cette participante. Tout du long de l’aventure, lorsqu’on fera référence à elle, tout le monde dira « la petite Corkette », « la brave Corkette », « la courageuse Corkette ». 

J’aime comme les scénaristes tentent de faire de l’inclusion au forceps au milieu d’un groupe de gens supposés être non seulement méprisants, mais haïssant toute faiblesse chez leurs champions.

On a donc peu ou prou ceci :

– Oh non ! Pour se battre dans l’arène, je ne veux pas que ma candidate soit une femme habituée aux travaux de la mine ! Ces gens sont trop fragiles !
– Tenez, voici une petite fille trisomique.
– Ah ouf ! Super !

Inutile de hurler au validisme ou à je ne sais quelle phobie à la lecture de ces commentaires : si demain je vous demande de rentrer dans une arène et que votre vie en dépend, si vous avez le choix entre Jojo le mineur et une CE2 trisomique, je peeeense savoir quel sera votre choix. Donc merci de poser les armes, les mots en -isme et l’hypocrisie dans le panier à l’entrée de ce blog, merci.

Et poursuivons.

Car évidemment QUI se retrouve avec celle qui est considérée comme la pire candidate possible ? Coco ! Qui hérite de la candidate du District 12 ! Cette année, il s’agit d’une jeune femme à la tenue chamarrée qui lorsque son nom est sorti lors du tirage au sort, n’a pas hésité à profiter d’un moment d’inattention pour sortir un serpent de sa poche et le glisser dans le cou d’une fille qu’elle n’aimait pas. Avant de monter sur scène pour chanter en direct une chanson triste qui a bouleversé tout Panem (titre : « Putain, mais qu’est-ce que je fous là ? » qui sera aussi l’hymne de tous les Parisiens prenant le métro lors des JO 2024).

Coco, voyant tout cela, en est tout grognon.

– Oooooh non ! Je me tape une femme ultra-populaire et talentueuse qui n’hésite pas à capturer des serpents à mains nues pour les cacher dans ses fringues ! Comment vais-je faire ? Moi, je voulais la petite fille trisomique ! pleurniche Coco.

Top crédibilité.

« Je voulais la candidate manchot, unijambiste et tétraplégique, mais je vais devoir faire avec toi. »

Le doyen Malin, lui, ricane.

– J’ai fait exprès de te la refiler ! Je ne t’ai jamais aimé, Coco ! Je détestais d’ailleurs aussi ton père. Bien fait pour ta gueule.
– On va se calmer par ici, doyen Malin ? En plus, c’est débile.
– De vous haïr ?
– Ah non, ça je comprends totalement. Non, ce qui est débile, c’est que pour sauver les Hunger Games, au lieu d’engager 24 experts en communication et/ou marketing, vous avez choppé 24 lycéens sans aucune compétence utile.
– … haaaaaa oui, c’est vrai, tiens. Mais sans ça, le film s’arrêterait là !
– Décidément, ce film ne repose donc que sur des incohérences. Vivement la suite, ai-je envie de dire.

Nous aussi. Ce n’était pourtant pas compliqué d’écrire un truc plus crédible en deux minutes sur un coin de table, du genre Coco est un pauvre qui pour s’en sortir, décide de devenir mentor aux Hunger Games, un métier qui permet de devenir riche si l’on gagne. Mais non, en lieu et place le pitch est, je le rappelle Coco est un pauvre dont le meilleur ami est le type le plus riche de Panem, mais il l’oublie chaque matin. Sans aucune raison, il est soudain décrété que des lycéens lambda seront les mentors des prochains Hunger Games, car pour sauver le pilier du pays, on va chercher les gens les moins compétents. 

Du travail d’orfèvre.

Toujours est-il que Coco n’a plus le choix : il va devoir aider sa championne à gagner ces 10èmes Hunger Games s’il veut pouvoir toucher le pognon de la bourse Plinth. Ni une, ni deux, il se rend à la gare où doit arriver le train des candidats qui les amène au Capitole. Coco est bien évidemment le seul parmi les 24 étudiants qui s’est dit « Et si j’allais voir mon champion ? », les autres étant probablement restés chez eux à  faire des choses plus intéressantes, comme se curer le nez ou regarder Touche Pas à mon poste.

Sur place, Coco rencontre sa candidate, Lucy. Qui par un heureux hasard, s’avère accessoirement être jeune et belle. L’inclusion, d’accord, mais pas avec des moches non plus, oh. Mais écoutons plutôt ce qu’ils se disent.

– Lucy ? Je suis Coriolanus Snow, votre mentor.
– C’est une blague ? Comme Biggus Dickus ?
– Comment ? Vous connaissez mon cousin ?

Dans la confusion qui s’ensuit, Coriolanus suggère qu’on l’appelle Coco parce que hein, hé, ça suffit les petits rigolos, là. Puis, il poursuit.

– Lucy, cette année, chaque candidat aura un mentor.
– Et où sont les autres dans ce cas ? Pourquoi il n’y a que vous ?
– Ah ben euh… parce que… euuuh… bon bref, me voilà. 

Hélas, notre héros n’a guère le temps d’en dire plus, car des Pacificateurs, les troupes armées du Capitole, s’emparent aussitôt des candidats pour les faire grimper de force dans un camion. Profitant de l’agitation, Coco décide de grimper avec eux. Pourquoi ? Mais enfin, c’est évident : parce que… euh… voilà. Si. Bref, c’est une bien mauvaise idée, vous en conviendrez, puisqu’il se retrouve aussitôt encerclé par des candidats qui, à défaut d’être ravis de se trouver là, seraient enchantés de péter la gueule d’un sbire du Capitole, voire de lui faire explorer les terminaisons de son propre prénom.

Mais avant qu’ils ne puissent mettre leurs projets à exécution, les portes du camion s’ouvrent, et tout le monde est balancé dehors, droit dans la cage d’un ancien zoo Une bien belle prison de fortune, entourée de curieux venus voir les candidats de cette année (le péquin de base est donc visiblement plus curieux de voir les participants aux jeux que le mentor de candidat pour qui la bourse Plinth est pourtant en jeu).

L’équipe de télévision sur place est fort étonnée de voir, parmi les candidats, un jeune homme en uniforme d’étudiant du Capitole. Le journaliste qui se trouve là invite aussitôt cet inconnu à venir se présenter.

– Vous là-bas ! L’intrus à bouclettes ! Qui êtes-vous et que faites-vous là ?
– Je suis Coriol… ahem, Coco Snow. Mentor de la candidate que voici : Lucy. Dis bonjour Lucy.
– Bonjour Lucy.
– Bon, elle n’est pas bien fine, mais elle chante et elle a une tenue multicolore. Une sorte de Blanche-Neige des arènes.

D’ailleurs, sachez-le : Lucy, qui dans la scène précédente était une donzelle prête à coller un serpent dans l’encolure de ses ennemis, est soudain la damoiselle la plus aimable du monde, toujours souriante, et super sympa avec les enfants venus la voir en cage, façon « Bonjour les enfants ! Vous aimez ma robe ? Comme vous êtes mignons ! ».

Au début, votre serviteur, dans un instant de naïveté, s’est dit « Hmm, c’est donc un personnage manipulateur qui sait adapter son image à ses besoins ! ». Mais non, en fait, c’est simplement un personnage mal écrit et particulièrement naze qui en fonction des scènes, va changer de personnalité. Tantôt prêt à lancer du serpent sur quelqu’un qui l’a emmerdée, tantôt disant que tuer, c’est mal, même si c’est quelqu’un qui vous charge en hurlant dans une arène l’arme à la main.

Voilà.

Lucy, ce personnage si cohérent dans ses idées qu’on a l’impression de voir Manuel Valls en robe.

Cependant, l’information principale que retient la télévision est « Il y a un mentor dans la cage aux candidats, kékecé que cette affaire ? »

Les gardes de la cage aux candidats ont tôt fait de sortir Coco de là à coups de pied au cul, et celui-ci retourne en classe, où aussitôt, le doyen Malin profite de l’occasion pour proposer de virer cet étudiant qu’il n’apprécie guère (dans le futur, on peut vraiment expulser des élèves sans 17 conseils de discipline et sans devoir accueillir un élève expulsé d’un autre établissement en retour, les enseignants savent de quoi je parle). Motif : il s’est mis en danger, ce qui est contre le règlement de l’école. Heureusement, c’est à cet instant que pénètre dans la salle, raide comme la justice, le Dr Gaul.

– Un instant, doyen Malin !
– Dr Gaul ?
– Malgré son nom de pétomane byzantin, ce jeune homme a attiré mon attention, tout à l’heure à la télévision. Il a réussi à faire parler de lui, de sa championne, et des jeux. Tout ce que nous souhaitons. Si vous avez d’autres idées de ce genre pour améliorer nos audiences, Monsieur Snow, n’hésitez pas à les apporter à mon bureau. Maintenant, permettez que je me retire.
– Retirez-vous, Dr Gaul.

Sitôt la responsable des jeux partie, tous les élèves ne parlent plus que d’une chose : faire comme l’ami Snow et aller voir son champion dans sa cage. Coco projette aussi d’y retourner, principalement pour apporter à manger en douce à sa championne : elle aura en effet besoin de toutes ses forces dans l’arène. Il pique donc des Kiri à la cantoche pendant le repas de midi, puis s’en retourne au zoo, où il passe discrètement la marchandise à la belle Lucy.

– Tiens Lucy, prends, c’est du Kiri.
– C’est gentil. Je vais le partager avec Grougrou, l’autre candidat du district 12, et accessoirement mon ami.

Grougrou, l’autre candidat du district 12 et accessoirement son ami, est un solide gaillard qui le serait plus encore si comme un con, en chemin vers les jeux, il n’avait pas été mordu par une chauve-souris. Qui ne lui a filé aucun super pouvoir, à part une blessure cradingue qui s’infecte. Pas sûr qu’il rejoigne les Avengers. Par contre, on me dit que la fosse commune recrute.

Heureusement, le film est si bien écrit que la mentor de Grougrou propose de soigner son champion en voyant son bobo. Mais… Grougrou refuse de faire soigner, car il est un peu con.

Oui. Vraiment. J’aime comme le film rajoute des dialogues pour dire « Oui, tout le monde a vu qu’il était malade, oui, son mentor a intérêt à l’aider, oui, lui n’a aucun intérêt à entrer dans l’arène affaibli, mais comme ça n’arrangerait pas la suite du film qu’il soit en forme, en fait, rien ».

Super. N’était-ce pas plus simple que sa blessure n’ait pas été remarquée ? Ou qu’il ait été mordu juste avant de rentrer dans l’arène ?

Si, mais pourquoi faire simple quand on peut faire mauvais ? Voilà.

Reprenons donc le dialogue entre Coco et la belle Lucy.

– Lucy, arrête de filer tes Kiris à Grougrou. Tu vois bien qu’il est débile. Et malade. Mais surtout débile.
– Il a besoin de Kiri. Surtout avec sa blessure au cou. Son bobo est petit, manger devrait suffire à l’aider à aller mieux. Et puis je ne peux pas le laisser s’affaiblir : plus tard ce sera un adversaire, certes, mais c’est mon ami.
– Bon écoute, on s’en fout. Ce qu’il faudrait, c’est surtout que tu deviennes populaire pour obtenir les faveurs du public aux Hunger Games. Plus un candidat est soutenu, plus on peut lui envoyer de ravitaillement. Tu pourrais chanter, par exemple.
– Je ne chante pas sur commande.
– Mais je ne sais pas moi ! Essaie de composer un truc avec des mots pris au hasard dans notre conversation. Disons, au pif : Kiri, cou, est petit, mais c’est mon ami… 
– Tu dis n’importe quoi, jamais on ne pourrait tirer quoi que ce soit de ces mots.
– J’espère, ça serait con de mettre ça dans la tête de quelqu’un.

Je vous laisse une seconde pour souffrir en silence.

Voilà. 

On reprend.

– Tant pis alors. Mais tu dois y réfléchir. En attendant, mange ces Kiris.
– Toi aussi Coco, tiens, je t’en redonne. Car j’entends d’ici ton ventre qui gargouille.

Et Lucy lui rend de la nourriture fraîchement apportée, que Coco grignote en cachette devant la grille car non, il n’a pas pensé à… manger à la cantine. Mais si vous savez : là où il a volé la nourriture en question. Et où il aurait pu se démerder pour en avoir pour lui ET pour sa candidate. Et éviter de se faire griller à recevoir l’aumône d’une donzelle dans une cage de zoo.

Non, ça n’a aucun sens. Rien ne va dans ce film, et chaque scène, chaque dialogue, semble avoir été conçu pour dire au spectateur « Regardez comme on s’en fout ».

Pour ça, j’ai déjà Public Sénat, diable, n’en jetez plus.

En attendant, voilà qu’un peu plus loin, une mentor qui méprise les gens des districts s’amuse avec sa candidate : elle lui tend une bouteille de boisson entre les barreaux, qu’elle retire sitôt que sa championne tente de s’en saisir, juste pour l’énerver. Pourquoi, sachant qu’elle n’a aucun intérêt à affamer sa propre candidate et à s’en faire détester ? Mystère, mais en tout cas, ladite candidate parvient à saisir la bouteille, et énervée, la brise et se sert du tesson pour planter sa mentor.

Qui en meurt.

La presse du Capitole, découvrant que laisser au contact des condamnés à mort et leurs bourreaux, bizarrement, parfois, ça tourne mal.

Les Pacificateurs qui passaient par là s’empressent de truffer de plomb la vilaine candidate, mais cela ne change rien à l’affaire : la mentor, elle, est morte. Les Pacificateurs grommèlent donc.

– Eh bien, voilà une bonne leçon : les candidats sont dangereux, il faut mettre une protection entre eux et l’organisation ! J’espère que dans plusieurs décennies, on n’aura pas oublié cette leçon basique quand on filera un arc à une certaine Katniss et qu’elle s’en servira pour tirer dans la pomme que tenait un membre du jury !

On espère en effet que la leçon sera retenue, ce serait con de faire un préquel dans lequel les personnages découvrent une faille de sécurité majeure à combler, le tout en direct à la télé, et ne le font pas.

Mais passons. Car il y a donc à la fois une candidate et une mentor de moins. C’est un jour sombre pour tout le monde, mais pour Coco, cela ne change pas grand chose. Son avenir dépend toujours de la performance de sa championne dans l’arène. En plus, il y a un autre facteur en jeu : il serait de bon ton qu’il se fasse bien voir de l’immense Dr Gaul, dont l’ombre s’étend sur tout le Capitole en tant qu’organisatrice des jeux. Coco passe donc la nuit à écrire des idées pour améliorer les Hunger Games, comme le Dr Gaul lui avait demandé, et les dépose à son laboratoire. Avant de s’y rendre dès le lendemain, en compagnie de Bibi, sa binôme à l’école, qui décide de taper l’incruste.

– Coco ! Je suis ta binôme ! On a toujours tout fait ensemble… alors ne me laisse pas tomber ! On n’a qu’à dire que ce travail sur les Hunger Games, on l’a fait semble !
– Grmbl… bon, d’accord, branlotine.

C’est à peu près le seul moment où le film est réaliste : dès qu’un devoir doit être fait en équipe, il y a forcément quelqu’un qui ne fout rien. Revenons malgré tout à la fiction.

Le duo arrive ainsi au laboratoire, où Coco, bonne pâte, décide de récapituler les grandes lignes de ce qu’il a écrit à sa binôme afin qu’elle puisse faire mine qu’elle a bossé, et ensemble, ils se pointent devant le Dr Gaul, dressée fièrement près d’une immense cuve remplie de serpents arc-en-ciel au milieu de son laboratoire.

– Bonjour les jeunes. J’ai une question pour vous : j’ai lu le document que vous avez déposé à mon laboratoire et il est… fabuleux. Lequel d’entre vous l’a écrit ?
– C’est moi ! J’ai tout fait toute seule !

S’exclame joyeusement Bibi qui tente ainsi de piquer toute la gloire de Coco. Et Coco de n’oser s’engueuler avec sa binôme devant le Dr Gaul. Il se contente de serrer les dents et de penser très fort à des mots qui sont interdits par la charte de MadmoiZelle. Cependant, le sourire du Dr Gaul grandit, et grandit encore.

– C’est vous, Bibi ? dit-elle enfin. Parfait. Car figurez-vous qu’un de mes assistants a par erreur mis le papier que vous m’avez donné dans cette cuve pleine de serpents tueurs arc-en-ciel. L’accident bête. Mais rassurez-vous, ces serpents ne mordent que les gens dont ils ne connaissent pas l’odeur. Or, le papier sur lequel vous avez travaillé sentant l’odeur de la personne l’ayant écrit… vous n’avez rien à craindre, non ?

C’est à ce stade que logiquement, tout être avec un Q.I de plus de deux avoue « Okay, c’est Coco qui l’a écrit » voire pipeaute « Sous ma dictée » ou « à partir de mes idées » si vraiment il y a souhait de maintenir le mensonge. Mais non : Bibi hoche la tête, bave, se dit que alleeeeez, c’est boooon, ça paaaasse, qu’est-ce qui est le plus risqué ? Admettre qu’on n’a pas tenu le stylo ou affronter deux millions de serpents tueurs ? Voilà : brillante, elle choisit de tenter de récupérer le papier et… 

Se fait tuer par les serpents. 

– On dira à ses parents qu’elle est morte de la grippe, propose très sérieusement le Dr Gaul qui visiblement, n’est pas au courant que peu de morts de la grippe sont accessoirement couverts de traces de morsures.

Et Coco de hocher la tête. Maintenant qu’ils ne sont plus que tous les deux, enfin, ils peuvent parler en paix.

– Mon cher Coco, j’adore vos idées : proposer des sponsors pour les jeux, permettre du ravitaillement des candidats par drone, c’est top. J’ai donc décidé de tout ajouter aux prochains jeux, là, comme ça, pif paf, entre deux portes.
– Ah ben super, merci. Mais au fait, ça a servi à quoi de tuer Bibi avec vos serpents, là ?
– Chui pas sûre.
– Hmmm… c’est comme si c’était un prétexte pour introduire la cuve-à-serpents-qui-ne-tuent-que-les-inconnus-dont-ils-ignorent-l’odeur, mais en foireux.
– Bon, hé, ho, ça va aller oui ? Tes idées sont bonnes, on va en rester là, petit trou de balle.
– Coriolanus, Dr Gaul. Coriolanus.

Félicité de ses bonnes idées par le Dr Gaul, Coco peut donc repartir. Car voici qu’approche un autre moment clé: la visite de l’arène des Hunger Games par les candidats et leurs mentors afin de causer stratégie avant les jeux. Arène fort simple : un petit stade fermé avec quelques souterrains. Sauf qu’alors que nos héros visitent les lieux…

Boum badaboum ! 

Des bombes explosent dans tout le stade, tous les mentors et candidats disparaissent dans les flammes, le toit du bâtiment s’écroule, Coco se retrouve pris sous les débris, ses vêtements prennent feu… et Lucy, qui échappe miraculeusement à l’attentat, alors qu’elle pourrait en profiter pour s’échapper, reste aux côtés de Coco. Jusqu’à ce que notre héros perde connaissance.

Et ne se réveille à l’hôpital, avec juste quelques cicatrices dans le dos. 

Encore une fois : il ne faudrait pas qu’il se réveille moche.

C’est connu : si vous êtes juste à côté d’une bombe au moment où elle explose, tout au plus, vous avez un peu mal au dos.

Autour de lui, ses amis et son peu de famille, dont sa cousine Tigris, sont là. Et ravis de le voir de retour dans le monde des vivants.

– Kékicépacé ?
– Oh, Coco ! Ce sont des rebelles. Pour des raisons impossibles à expliquer, ils n’aiment pas qu’on tue leurs enfants dans des jeux rituels chaque année. Ils ont donc piégé le stade.
– Mais tout le monde est mort !
– Euh… non. Quatre personnes. Et une paire de blessés.
– C’est-à-dire qu’on a quand même vu des explosions engloutir tout le monde et le stade s’effondrer. Je vois mal comment plus de 2-3 personnes auraient pu survivre à ça, et encore, en sale état.
– Oui mais ça va. 

Si.

Si, si. Les bombes, c’est surfait.

Mieux, les jeux sont maintenus.

Mieux-mieux : les jeux sont maintenus AU MÊME ENDROIT.

Ça va être super, une épreuve dans un stade troué où toutes les caméras ont été détruites ou presque. Mais non, pif pouf, hop, les trous ont été magiquement rebouchés (pour la plupart du moins), les caméras sont soudainement en parfait état, et à vrai dire, dans les scènes suivantes, il n’y aura quasiment aucune trace d’explosion. On peut dire que le Dr Gaul est d’une efficacité redoutable : même quand on ravage les jeux du cirque, en quelques instants, elle redresse le chapiteau.

Non vraiment, c’est bien fait. C’était vraiment utile, cette scène. Mais que ne ferait-on pas pour quelques incohérences de plus ?

C’est donc depuis son lit d’hôpital que Coco suit donc les dernières aventures de sa candidate, qui fait son ultime interview avant d’entrer dans l’arène. C’est là qu’elle doit gratter un maximum de points auprès du public, ce qu’elle fait en jouant à la guitare une très belle chanson intitulée « Je vais crever comme une merde mais c’est cool » qui fait pleurer les infirmières venues panser les plaies de Coco, tant ça leur rappelle leur réforme des retraites.

Notre héros est fier de sa petite protégée qui marque ainsi bien des points, mais bon, hein, elle na va pas triompher dans l’arène à coups de guitare, aussi décide-t-il d’aider un peu le destin.

Coco rentre chez lui dès qu’il le peut, se saisit d’un joli poudrier de feu sa maman, le remplit d’une version surpuissante de la mort aux rats (on appelle ça « du pudding »), puis nuitamment, se rend à la cage des candidats pour aller parler à Lucy. Cette dernière n’en revient pas.

– Coco ! Tu es vivant ? La dernière fois que je t’ai vu, les gardes m’emmenaient alors que tu te transformais en merguez, coincé sous un bout de béton tombé du plafond !
– Roooh, tu sais, ca arrive à tout le monde. Un pansement, un bisou, et je vais déjà mieux. En attendant, je suis venu te dire que je crois en toi, Lucy.  Je sais que tu peux gagner ces jeux. Et que tu reverras le district 12.
– Pffff,, le district 12… c’est chez moi, et pas tout à fait. J’y ai des ennemis. Tiens, tu sais la fille que j’ai tenté de tuer à coups de serpents le jour où j’ai été désignée candidate ? C’est parce que c’est la fille du maire. Elle m’a piqué mon mec et me hait. Alors elle a demandé à son papa de truquer le tirage au sort pour que j’aille crever aux Hunger Games.
– Ah merde, on peut faire ça ?
– Oui, mais n’en parlons plus jamais. Et donc, en plus, on ne m’apprécie guère car je ne suis pas une vraie habitante du district. je suis une voyageuse. Ma famille vit sur les routes. Mes habits chamarrés, mon goût pour la musique. Ainsi vit mon peuple, les… COVEYS.

Hmmm. Des gens du voyage, toujours sur la route, amateurs de chansons, dresseurs de serpents, tout ça… 

– Oui, bon, t’es une gitane quoi. C’est quoi ton vrai nom ? Lucy Lopez ?
– Euh alors là, pas du tout Coco ! Tu fais des raccourcis ! Je suis une  Covey, ça n’a AUCUN rapport !
– Ah oui ?
– Tout à fait.
– Tiens, alors dans ce cas, vois : voici quinze mètres de câbles en cuivre…
– …
– Un lavabo avec toute sa robinetterie…
– Que… vendu au poids je… non ! Non !
– Eeeet j’ajoute cet ensemble de panneaux routiers appartenant au département des Ardennes.
– GRRGNNN….
– Allez, bonus : le panneau « Charleville-Mézières, ville fleurie ».
– DOOOONNE LE PRECIEUUUUUUUUUUUX !

L’auteur de cet article ne cautionne bien évidemment pas les propos intolérants, où il n’y a pas de tolérance, de Coco. C’est mal, Coco, tu m’entends ? Vilain Coco ! Coco qui de toute manière, a bien plus précieux à offrir à Lucy que des panneaux ardennais.

– Lucy, dans l’arène, il y aura bien des dangers. C’est pourquoi je t’ai préparé ce poudrier plein de mort au rat, dont la seule inhalation permet de… ben… merde ? Je l’avais avec moi il y a un instant !
– Ça alors, il a dû tomber dans ma poche ! Juste à côté de ce panneau routier. En tout cas, merci, Coco. Tu es plus qu’un mentor, tu es un ami. Et je te roulerais bien un patin.
– Moi aussi, mais pas maintenant. Pas avant de t’envoyer à la mort. Mais avant de partir, voici mon dernier et principal conseil en tant que mentor : oui, tu peux gagner ces jeux. Mais ta meilleure chance reste de fuir cette épreuve barbare. Dès le début des jeux, fuis via l’un des trous dans les murs de l’arène. Ceux qui ont été créés par les explosions d’hier. Retrouve ta liberté !
– Eh, c’est Hunger Games, hein, pas Sauvez Willy.
– Pardon, je me suis emporté.

Et Coco de disparaître dans la nuit, maintenant qu’il a confié le poudrier tueur à sa belle amie, ainsi que des conseils d’une qualité disons, passable.

Le lendemain matin, Coco est invité avec les autres mentors (du moins, ceux encore vivants), à prendre place sur le plateau officiel des Hunger Games, là où se trouve le présentateur des jeux, et où l’on peut suivre en direct ce qu’il se passe dans l’arène. Le top départ est justement donné et… c’est parti ! La plupart des candidats s’élancent aussitôt pour se saisir des armes installées par l’organisation et commencent à se massacrer joyeusement, comme le veut la tradition.

Mais pas Lucy, qui effectivement, a plutôt envie de se barrer sans tuer personne. Cependant… pas sans son ami Grougrou. Elle erre donc au milieu des combats, esquivant les coups et appelant :

– Grougrouuuuuuu ! Espèce de coquinou, où es-tu ? Viens, on s’en va !

L’arène, qui pour rappel, a mangé 15 bombes la veille, mais en fait, ça va.

Mais non, personne ne la savate, merci.

Grougrou, dont la morsure de chauve-souris s’est bien infectée, est tout fiévreux et perdu, mais sitôt que Lucy lui met la main dessus, elle parvient à l’emmener jusqu’aux souterrains sous l’arène, et à une pièce avec porte blindée  (ne me demandez pas ce que ça fout là, je ne cherche plus) où elle s’enferme en attendant de trouver une bonne idée. Sauf que Lucy n’étant pas la plus fûtée des candidates (si vous ignorez ce qu’est un euphémisme, tenez, c’est cadeau), sa cervelle pédale dans la semoule jusqu’à la nuit tombée. Plus rien ne se passant dans l’arène où les candidats se dispersent pour se reposer un peu, sur le plateau des Hunger Games, c’est aussi la débandade. Mentors et spectateurs s’en vont pour la nuit, et Coco fait partie des rares à rester là, assoupi sur son siège.

Mais soudain, il est réveillé par un sentiment de tension puissante. C’est le Dr Gaul qui se tient près de lui.

– Dr Gaul ? Vous avez l’air tendue ?
– Oui. Nous avons un sérieux problème. J’ai dû couper toutes les caméras de l’arène. Je diffuse une retransmission, pour que personne ne remarque rien, mais ça ne durera pas éternellement.
– Que se passe-t-il ?
– Votre ami Séjanus… vous n’êtes pas sans savoir qu’il n’a pas toujours été citoyen du Capitole. Il venait du district 2. Son père a acheté la citoyenneté à toute sa famille. Et il se trouve que le candidat du district 2 dans l’arène, un de ceux morts aujourd’hui, n’était autre qu’un des amis d’école de Séjanus. Il s’est donc introduit dans l’arène pour s’occuper des rites funèbres. En effet, une croyance du district 2 veut que l’on place de la mie de pain près des morts pour les accompagner dans leur dernier voyage.
– Ils confondent les morts et les canards ?
– Oui, cela a semé la confusion à plus d’un enterrement. Toujours est-il que vous allez rentrer dans l’arène, me récupérer votre connard de meilleur ami, et en vitesse que je remette les caméras.

Coco a beau insister que « Mais attendez, ils branlent quoi vos gardes, en fait, c’est pas leur boulot d’empêcher les intrus de rentrer, voire de les sortir ?« , la réponse consiste en une série de toussotements et de « Écoutez c’est votre ami alors, euh, voilà. »

Quelle écriture, vraiment. Je me passe du brandy en intraveineuse pour parvenir à pleinement la support… la savourer, bien sûr.

Notre héros doit ainsi se rendre dans l’arène, où on le laisse entrer et où il tente de se faufiler jusqu’à Sésé, agenouillé près de la dépouille de son copain du district 2. Sitôt qu’il est assez près, Coco lui tapote sur l’épaule.

– Séjanus ! Viens, il faut partir !
– Non, je dois rendre les rites funèbres à mon ami.
– Mais bordel, arrête de balancer de la mie de pain sur les morts, on dirait que tu veux te faire un sandwich de cannibale ! Tu vas surtout te faire découper par un candidat des jeux en maraude si tu restes dans l’arène !
– Et alors ? La vie n’est que souffrances.
– Bordel, c’est pas le moment de me faire ta crise de gothisme ! Allez, on rentre, je t’achète un CD d’Evanescence et on n’en parle plus, d’accord ? 

La promesse du CD est suffisante pour convaincre Sésé de partir. Mais alors qu’ils font route vers la sortie de l’arène, nos héros sont interceptés par quelques candidats qui patrouillaient et foncent sur eux en armes. Coco n’appréciant guère qu’on essaie de le tuer, non seulement il en met un par terre, mais allez hop, il le bute histoire d’être sûr qu’il ne se relève pas. Puis, coursés par d’autres candidats des Hunger Games rameutés par le raffut, ils parviennent malgré tout à regagner la sortie.

Une fois dehors, Coco ramène Séjanus à sa famille qui attendait hors de l’arène.

– Attends… ton père était au courant que tu étais dans l’arène ?
– On dirait, puisqu’il m’attend.
– Et ce gros richou n’a pas pensé à engager une équipe de costauds pour venir te chercher ? Il a préféré que ce soit moi, simple étudiant de 18 ans complètement désarmé, qui fasse le boulot ?
– On dirait aussi.
– Et en plus, il ne va même pas me filer 100 balles et un Mars en récompense ?
– Non, car s’il décidait que sauver son fils valait bien la bourse Plinth, là encore, le film s’arrêterait là.

Ce film ne se prend plus les pieds dans le tapis : il fait un véritable marathon à Saint-Maclou.

Sésé rentre chez lui avec sa famille d’ingrats, pendant que Coco, blessé dans la bagarre, retourne vers le plateau des Hunger Games. En chemin, il bute cependant dans quelque chose de dur : c’est le Dr Gaul qui se tient en travers de son chemin.

– Suivez-moi mon p’tit, je vais vous recoudre votre bobo. Personne ne doit savoir que vous avez été blessé. Sinon, ils poseraient des questions sur comment c’est arrivé, et pourraient comprendre que Sésé est rentré dans l’arène et que je vous ai envoyé l’y chercher. Ce qui n’est pas très autorisé.
– Bien, Dr Gaul.

Et la brave scientifique d’emmener l’étudiant dans son labo, où des dizaines de cages contenant des geais moqueurs sont empilées. Cela attise la curiosité de notre brave Coriolanus Snow pendant qu’il se fait recoudre par le Dr Gaul.

– Mais ? Qu’est-ce donc ?
– Décidément, tu ne sais rien, Snow. Mon brave coco, ce sont des geais moqueurs. Des oiseaux modifiés génétiquement durant la guerre pour reproduire n’importe quel son. Nous les avons envoyés dans les districts rebelles afin d’y enregistrer autant de conversations que possible. Ils nous ont été utiles plus d’une fois.
– Le geai moqueur était donc une arme anti-rebelles ?
– Oui.
– Dans ce cas, je suppose que dans le futur, aucun rebelle ne serait assez débile pour en faire son symbole.

Ahem.

Sitôt remis en état, Coco peut retourner sur le plateau des Hunger Games, où il est brièvement abordé par le doyen Malin.

– Monsieur le doyen ?
– Mon petit Coco, je voulais juste te dire…
– Oui ?
– Si jamais ta candidate gagne les jeux et que tu rempotes la bourse Plinth…
– Ouiii ?
– Eh bien je ferais tout pour que tu n’en touches pas un centime car je ne t’aime pas.
– Mais ? Pourquoi me dire ça ? Pourquoi maintenant ? Quel intérêt à part me donner une raison de vous haïr et accessoirement, de pouvoir vous balancer au Dr Gaul en lui disant que vous faites tout pour décourager les mentors et ainsi saborder les jeux ?

Le doyen se gratte le menton, relit le script, mais n’y trouve pas la réponse.

« Hmmm… et si je me faisais détester de tout le monde sans raison ? »

– Nan, c’est juste débile, mon jeune Coco.
– C’est bien ce que je me disais aussi. Et si on regardait plutôt ce qu’il se passe dans l’arène ?
– D’accord.

Le soleil se lève en effet sur l’arène. Les mentors reviennent à leurs postes, et l’un d’entre eux est tout surpris : celui du candidat que Coco a tué durant la nuit. 

– Mais ? Mon candidat ? Kikilatué ?
– On ne sait pas.
– Ben si, l’arène est bourrée de caméras ! Quelqu’un doit savoir !
– Ça a dû arriver hors-champ, dans un coin sans caméras.
– Mais son cadavre est PILE devant une caméra, donc il suffit de repasser la bande de ladite caméra, non ?

Là encore, tout le monde consulte le script, mais point de réponse : une fois de plus, c’est n’importe quoi. Le mentor accepte sans ciller l’explication du « Ton candidat a dû mourir hors-champ« , alors que le cadavre… est devant une caméra. Et qu’au pire, en visionnant les autres caméras, tu dois quand même pouvoir reconstituer ce qu’il s’est passé, même si on accepte l’idée d’un meurtre hors-champ.

Mais comme là encore, si le mentor demandait cela, ça prouverait que le Dr Gaul a éteint les caméras et truqué les jeux, ce qui compliquerait un peu l’intrigue, pouf pouf, tout le monde accepte les explications foireuses en bavant. Y compris le mentor qui pourtant, voit son avenir dépendre de tout cela mais hop, hop, finalement, il s’en fout. Chaque scène. Chaque scène est du foutage de gueule.

Mauvais écriture toujours, revenons justement à ce qu’il se passe dans l’arène, et à Lucy. Qui est réveillée en fanfare dans sa cachette par son ami Grougrou, qui est en train de devenir tout fou.

– Grrrrrouuuu ! Grouuuu ! Je suis tout fou !
– Mais ? Bordel que t’arrive-t-il ?
– Lucy, je vais te tuer !
– Mon dieu, je comprends ! La morsure de chauve-souris… elle t’a filé la rage ! Regarde, tu baves partout !

Et Grougrou de tenter de tuer Lucy. Heureusement, Coco, qui suit tout cela sur ses écrans, se souvient que les victimes de la rage n’aiment pas trop l’eau (ce qui fait qu’on les confond souvent avec des spectateurs de concerts de « musiques du monde »). Il se débrouille donc pour qu’un drone de ravitaillement apporte de l’eau au vilain rageux. Et en arrivant, ledit drone percute Grougrou, le recouvre d’eau, ce dernier hurle, panique, perd l’équilibre… et fait une chute qui le tue.

Lucy est tristounette. Mais pas trop longtemps non plus car…

– Nom d’une caravane neuve ! Me voilà loin de ma cachette à cause de ce fieffé Grougrou ! Et maintenant, les autres candidats déboulent pour me tuer !

Coco décide donc de gruger un peu : il envoie une foultitude de drones amener de l’eau à Lucy, et comme lesdits drones sont décidément très maladroits, ils percutent ses poursuivants, laissant à Lucy un peu de temps pour filer. Lucy court se cacher dans le seul endroit où tout personnage de film américain est en sécurité : un gigantesque conduit d’aération. 

Oui. Ils ont aussi ça dans l’arène.

Les candidats qui s’étaient unis pour lui faire la peau sont obligés de changer de cible, et se mettent en tête de tuer une autre damoiselle qui est un peu moins bien abritée. Cependant, comme le sol de l’arène est couvert de drones détruits portant des bouteilles d’eau, la cheffe des candidats unis en équipe donne des ordres à ses sbires :

– Vous voyez toutes ces bouteilles par terre ?
– Oui.
– Bon, ben vous en faites… un petit tas.
– Hein ? On ne pourrait pas juste les prendre et les boire, sachant qu’on n’a pas bu depuis hier alors qu’on a couru partout ?
– Non. Un petit tas.
– Mais POURQUOI ?

À ce stade, les personnages ne sortent même plus le script : ils savent qu’ils n’y trouveront rien. Un larron réunit donc sans aucune explication toutes les bouteilles d’eau au même endroit, avant de rejoindre ses camarades pour tenter de tuer la candidate qu’ils ont en vue. C’est alors que Lucy a une idée : elle profite que tout le monde soit distrait pour aller au petit tas de bouteille en marmonnant « Quel coup de bol qu’ils aient réuni toutes les bouteilles au même endroit sans aucune logique ! ». Oui hein ? Bon sang Diego, fais quelque chose ! Jette  lui ma boîte à « Ça alors ! » dans la margoulette, je ne sais pas !

Enfin. Passons.

Lucy décide de renverser toutes les bouteilles, une par une. Lentement. Et non, elle ne pense pas à se barrer avec les deux dernières pour aller plus vite et avoir des réserves pour elle, non, ce serait intelligent. En lieu et place, elle les renverse toutes, sauf une… où elle verse de la mort aux rats, grâce au poudrier de Coco !  Elle a juste le temps de le faire avant de retourner se cacher, puisque comme elle a traîné à renverser les bouteilles une par une à la vitesse d’un octogénaire un dimanche d’élections, elle est brièvement repérée et prise en chasse, mais parvient à retourner se planquer dans son conduit.

Hélas, ce ne sont pas les méchants candidats qui la traquaient qui tombent sur la bouteille empoisonnée laissée par ses soins. Non, eux sont repartis dans un autre coin de l’arène chasser une autre cible, genre Corkette (qui, oui, sans rien faire, vit toujours)… et c’est donc Tuberculette, une candidate pas bien en forme et qui tousse (on se demande comment elle a survécu jusqu’ici) qui surgit de nulle part et voyant une bouteille d’eau abandonnée, décide d’y goutter.

Et logiquement, en meurt.

Le contenant était irrésistible pour la candidate moyenne des Hunger Games.

C’est précisément à ce moment-là que se pointe Gros Costaud, le binôme de district de Tuberculette, qui la voyant par terre plutôt morte, se met à hurler. Et comme il est grognon, que fait-il ? Eh bien il décide de rassembler tous les cadavres de candidats morts du coin au même endroit, va arracher un gigantesque drapeau du Capitole qui pendait dans l’arène, s’en sert pour couvrir les morts, puis se tourne vers une caméra en hurlant :

– Moi, Gros Costaud, je dis flûte au Capitole ! Je veillerai sur nos morts, tués injustement par les monstres de la capitale ! Rebellez-vous, mes amis ! Districts, levez-vous ! N’acceptez pas ce massacre !

Sur le plateau des Hunger Games, tout le monde est perplexe, car c’est embêtant, ce discours en direct. Coco lui-même réfléchit très fort.

– Hmmm… et si c’était bel et bien débile de filmer en direct des gens qui peuvent appeler à la rébellion à tout moment, et qu’on massacre en ne leur laissant d’ailleurs aucune autre option ? Il faudra y penser à l’avenir, ce serait bête que dans quelques décennies, une donzelle nous fasse exactement la même.

J’aime comme ce film rajoute des incohérences aux suivants.

Toujours est-il que le discours de Gros Costaud est soudainement interrompu par l’apparition d’un personnage sur tous les écrans qui coupe le direct. Un personnage furax et prêt à exploser : c’est le Dr Gaul.

– Spectateurs ! Vous vous souvenez du fils du Président ?
– …
– Mais si euh… le fils du Président ? Ah merde, c’est vrai, on n’a pas montré le Président dans ce film. Bon euh, il a un fils, et on l’a montré, lui.
– …
– Siiiii ! C’était un des élèves du Capitole  au début du film ! Un des mentors ! Siii ! Il ressemblait… à… euh… bon enfin, c’était un de ceux blessés par les bombes dans le stade ! Nan sérieux, personne ne s’en souvient ? Merde, peut-être qu’on aurait dû en parler un peu plus. Bon, eh bien écoutez, on s’en fout : le fils du Président était donc un mentor d’un candidat, il a mangé une bombe lors de l’attentat du stade, il était en soins intensifs, et paf, il est finalement mort. En punition, je vais donc déverser sur l’arène des Hunger Games… MON CHÂTIMENT ARC-EN-CIEL !

C’est vraiment son propos : elle va déchaîner la puissance de « l’arc-en-ciel ». Beaucoup de gens pensent donc qu’elle va balancer les candidats sous les chars de la Gay Pride. Mais pas Coco qui se souvient du seul truc arc-en-ciel dans le labo du Dr Gaul : ses serpents ! Ceux dans sa cuve ! Ceux qui ont tué sa binôme et qui mordent tous ceux dont ils ne connaissent pas l’odeur !

–Saperlipopette, je savais que ça resservirait ! s’exclame notre héros.

Coco n’hésite donc pas : il quitte le plateau, file s’infiltrer dans le laboratoire du Dr Gaul, et s’approche de sa cuve à serpents, que des sbires s’apprêtent à expédier par hélicoptère jusqu’à l’arène. Coco y glisse alors un mouchoir dont il s’était servi pour essuyer le visage de Lucy au zoo et qui sent donc sa sueur (ou sa morve, l’histoire ne le dit pas), et hop ! Comme ça, les braves reptiles connaitront son odeur. Son forfait commis, notre ami retourne sur le plateau des Hunger Games, au moment où, justement, l’hélicoptère arrive et déverse des milliers de serpents arc-en-ciel sur l’arène.

Faisons simple : tout le monde meurt dans l’affaire, sauf Lucy, qui ne comprend pas trop pourquoi les serpents ne la mordent pas. Et qui en plus, se met à chanter Big Bisou pour les calmer. Ce qui fait fureur à la télévision : une jeune femme qui chante et apaise des milliers de serpents.

Lucy a donc gagné !

Mais le Dr Gaul, elle aussi sur le plateau et parcourue de spasmes de colère, hésite à laisser qui que ce soit s’en tirer. Coco doit donc insister :

– C’est bon, Lucy a gagné ! Arrêtez les jeux !
– Grmbl…
– Alleeeez !
– Mais je voulais tuer tout le monde…
– C’est bon, fépataput’, alleeez !
– Bon, c’est bien parce que tu es mon chouchou, Coco.

Et Lucy est donc déclarée gagnante des 10èmes Hunger Games ! La candidate du District 12 a emporté la victoire et le cœur des spectateurs !

Quel dommage que plus personne ne se souvienne d’elle dans les films suivants. 

La victoire semble totale pour Coco, qui comme tous les vainqueurs, peut donc grimper sur une table et exhiber ses majeurs à toute l’assemblée, avant de les frotter sous le nez de qui passe trop près. Mais souvenez-vous que le doyen Malin a juré sa perte parce que… parce qu’il ne l’aime pas. C’est donc peu après ce bref triomphe que Coco est convoqué par le doyen, qui présente deux objets à Coco : son poudrier et le mouchoir qu’il avait glissé dans la cuve aux serpents.

– Mon petit Coco, nous prendriez-vous pour des cons ?
– On ne va pas se mentir : un peu.
– Il n’empêche que ce poudrier était celui de votre mère. Et ce mouchoir, brodé aux initiales de votre père. Autant dire que l’enquête est vite vue : vous avez triché pour aider votre candidate. En conséquence, vous êtes puni : vous passerez les 20 prochaines années loin du Capitole, en tant que Pacificateur de rang Bidasse. Oubliez l’université, oubliez votre carrière, oubliez tout, salut.
–Hmmm. Je peux quand même retourner brièvement en plateau continuer à frotter mes majeurs sous le nez de tout le monde.
– Non.
– Roooh, pfou. On peut jamais rien faire, c’est nul.

C’est donc le cœur gros que Coco doit oublier sa victoire, sa bourse Plinth, et dire adieu à sa famille et à ses amis pour partir en exil loin du Capitole, engoncé dans un uniforme de simple soldat. Tout au mieux rassemble-t-il ses maigres économies pour soudoyer un administrateur afin d’être expédié au district 12, dans l’espoir d’y retrouver Lucy, qui provoque chez lui des sentiments qui intéresseraient le Dr Gaul à n’en point douter.

Dans le train qui le mène à son nouveau poste, quelle n’est pas la surprise de Coriolanus de voir débarquer dans sa voiture son brave Séjanus.

– Eh oui, c’est moi ! Quand j’ai appris ton sort… je n’ai pas voulu te laisser tomber. Je me suis engagé comme simple soldat moi aussi !
– Et donc, au lieu d’utiliser l’argent de ton père pour me sortir de là, tu as préféré venir avec moi faire du rien au fin fond du pays ?
– Ah euh… ah merde, oui.
– Oui hein ?
– Bah, ce n’est pas grave. On va passer du bon temps, toi et moi. L’important, c’est qu’on soit ensemble, comme au temps où on nous surnommait « Anus & Anus – Trous du cul associés« . 

Coco aurait préféré oublier cette époque, mais tant pis, voilà qu’il va devoir à nouveau se fader son idiot de meilleur ami qui oublie un jour sur deux qu’au fait, il est riche et que ça pourrait vaguement servir.

Séjanus est comme Bruce Wayne : il oublie régulièrement qu’avec son pognon, il pourrait rendre plus de services qu’avec ses petites mimines.

Les deux compères se retrouvent ainsi à vivre la rude vie de Pacificateurs dans le district 12, à assister à des descentes et autres exécutions qui ne rendent pas vraiment leur existence très joyeuse. Heureusement, un soir, dans un bar, qui Coco aperçoit-il chantant Les Lacs du Connemara, cette chanson de droite ? Lucy !

Car oui, elle a gagné les Hunger Games, a ému tout le pays, mais hop, allez, pouf pouf c’est magique, elle est redevenue chanteuse dans les bars crasseux du district 12 sans guère plus d’explications (ah si, elle dit « On m’a renvoyée ici ». Et donc, ça t’a aussi rendue anonyme ? Balaise.). La dernière fois que j’ai vue une carrière aussi brève, c’était Alizée.

Dès qu’il le peut, Coco bondit sur Lucy.

– MAIS ÇA VA PAS ?
– Nan mais quand je suis content, je bondis.
– Bon d’accord. Mais ? Que fais-tu là, Coriolanus ? Aux dernières nouvelles, tu étais mon mentor du Capitole, celui à qui je devais mon triomphe ! Et accessoirement, tu avais de magnifiques boucles blondes ! Alors que maintenant, bon, on dirait que tu tentes un cosplay d’Eminem.
– Tututu. Je suis Pacificateur, ce qui est plus proche du policier que du rappeur. Mais en effet, je suis tombé bien bas. Heureusement, j’ai tout donné pour te rejoindre, et me voilà.

Lucy est mi-émoustillée, mi-gênée par ce type qui ne vit plus que par et pour elle, mais comme chacun sait, quand quelqu’un se comporte comme un pervers psychopathe dans ce genre d’univers, l’héroïne se contente de glousser.

Et Lucy glousse donc.

Peut ainsi commencer une douce romance entre nos héros, avec Coco qui découvre aux côtés de Lucy la vie des Coveys : longues promenades dans les bois, baignades dans des lacs connus d’eux-seuls, fous rires amicaux alors que l’on démonte la robinetterie du camping le plus proche : rien que de bien naturel. Lucy évoque aussi le fait qu’elle se remet doucement du fait d’avoir dû tuer dans l’arène, ce qu’elle se rechignait pourtant à faire, tant tuer, c’est mal. Personne ne mentionne l’épisode où elle jetait des serpents dans les fringues de ses ennemies : non, ça, c’est okay. Se défendre dans un combat à mort par contre, c’est mal.

Mais tout est vite oublié entre deux plongeons au milieu des bois.

Cette vie a son charme, et Coco pourrait s’y faire si, lorsqu’il est en poste, il ne s’inquiétait pas pour son bon ami Séjanus. Qui passe son temps à faire des messes basses avec les pires trafiquants du district 12. Coco finit donc par le prendre entre quatre yeux.

– Mon p’tit Sésé, tu es bien gentil à vouloir aider tout le monde, mais si j’étais toi, j’éviterais de traîner avec les éléments les plus rebelles du district 12.
– Mais ces gens veulent juste plus de liberté ! Ce que fait le Capitole ici est mal !
– Ben fallait peut-être y penser avant de t’engager chez les Pacificateurs, ces gens payés à leur latter la gueule au nom du Capitole.
– Haaan, oui peut-être… en tout cas Coriolanus, il n’y a pas à dire, tu es toujours aussi observateur ! Tu as tout de suite vu ce que je faisais !

C’est vraiment ce que Séjanus dit : oui, il est épaté que son ami l’ait grillé. Ce qui serait plus impressionnant si Séjanus ne complotait pas avec le tout venant en public et à visage découvert. Là, bizarrement, disons que même un enfant de trois ans l’aurait grillé.

À plusieurs reprises, Coco conseille à son ami « Comploteur, arrête de comploter ! » mais tel un personnage de Dora l’exploratrice, c’est le regard vide et le sourire aux lèvres que Sésé poursuit les âneries.

Cela commence à faire beaucoup pour Coco qui n’a guère envie que ce couillon de Sésé utilise son argent et son influence pour armer les rebelles, rebelles qui pourraient venir lui plomber le cucu voire mettre en danger sa douce Lucy. Aussi, un soir, il utilise un geai moqueur pour enregistrer sa discussion avec Sésé où ce dernier refuse d’arrêter de comploter. Coco envoie l’oiseau enregistreur au Capitole, et plus particulièrement au rude Dr Gaul, afin que ce dernier siffle la fin de la récré et rapatrie Sésé à la capitale où il sera moins tenté de faire l’andouille.

Rien ne se passe, jusqu’à ce qu’un soir, Coco accompagné de Lucy surprend Sésé dans une cave avec des rebelles. Dont la fille du maire du District 12 (oui, le truc est grand comme un état américain mais il y a juste un maire), celle que Lucy avait tenté de buter à coups de serpent le jour où elle avait été désignée candidate.

Mais le vrai problème, c’est la caisse d’armes qui se trouve au milieu de la pièce. Coco, les sourcils froncés, tape du pied en regardant en direction de Séjanus.

– Séjanus ? Peux-tu m’expliquer ce que c’est que ce bordel ?
– Ce sont ces rebelles ! Je leur avais donné du pognon pour acheter de quoi aider le district 12, et à la place, ils ont acheté des armes !

Oui : Séjanus est véritablement surpris. Un rebelle s’avance donc dans la pièce.

– Monsieur Séjanus, vous pensiez vraiment qu’on allait acheter du mercurochrome et des pin’s ?
– Ben euh…
– Non mais je résume : vous allez voir une armée secrète, vous lui filez du pognon, et vous vous étonnez qu’elle achète des armes avec ?
– Eh bieeeeen…
– Et sinon, votre pote Coco, là, si j’étais lui, je serais furax. Et pas que pour les armes.
– Pourquoi donc ?
– Eh bien parce que durant tout le film, alors que c’est votre meilleur ami et qu’il vous a sauvé la vie dans l’arène, vous ne lui avez jamais filé un sandwich alors que vous le saviez pauvre et crevant de faim, par contre, dès qu’un type inconnu d’une organisation louche se pointe, vous vous empressez de le bombarder de pognon sans même demander ce qu’il va faire avec.
– Mais vous êtes qui, au fait ?
– Caporal Roudoudou, des rebelles du district 12. Avant j’étudiais au Capitole mais j’ai été viré. Vers le début du film environ.
– Eh bien caporal Roudoudou : vous êtes viré.

Le caporal parti – non sans grommeler – tout le monde peut donc disserter de la suite. À commencer par Coco qui prend la situation en main.

Eminem… pardon, Coco sait gérer. Il rap… pardon, il mène comme personne.

– Bon, écoutez, je propose qu’on fasse simple. Séjanus ?
– Oui ?
– À partir de maintenant tu fermes ta gueule, ton porte-monnaie, et on n’en parle plus. Et vous les rebelles…
– Oui ?
– Ces armes, vous les détruisez, et on dira que rien de tout cela n’est arrivé.

Tout pourrait s’arrêter là, mais voici que la fille du maire se met à ricaner.

– Moi, je propose que vous touchiez à votre cul.
– Oh !
– Oui. D’abord, parce que je hais Lucy. Je n’ai pas réussi à la tuer en l’envoyant aux Hunger Games, mais ce n’est pas une raison pour arrêter. En plus, elle a l’air de s’être entichée de vous, jeune Coco. Aussi, je vais faire simple : je vais tous vous dénoncer pour trafic d’armes. Comme ça, vous serez tous pendus.
– Rabouine !
– Maintenant, je vais partir très lentement, en vous tournant le dos alors que vous avez une caisse entière d’armes chargées, et en répétant « Si je vis, vous serez pendus ! »

Avant que le caporal Roudoudou n’ait le temps de passer une tête pour signaler que c’est très con, à la surprise générale, Coco attrape une arme et abat la fille du maire. Qui meurt en s’exclamant « ÇA ALORS, SI J’AVAIS PU LE VOIR VENIR ! ». Son jeu est formidable : c’est un peu la Marion Cotillard du District 12.

Coco se tourne alors vers ses amis.

– Je propose qu’on dise qu’il ne s’est rien passé. On dira qu’elle s’est suicidée de douze balles dans le dos.
– D’accord. Et l’arme du crime ?
– Je suggère de la confier à… toi ! Jean-Jacques le rebelle qui était dans un coin de la pièce !
– Euh… quel intérêt j’ai à vous aider ? Vous n’êtes pas un Pacificateur venu nous empêcher de toucher des armes ?
– Ne touche pas non plus au script, je n’en sais pas plus que toi. Mais en attendant, tiens : va détruire ces armes. Et tout le monde, faites semblant de rien.

Ainsi soit-il : Jean-Jacques le rebelle s’en va avec l’arme du crime, ainsi que les autres armes de la caisse, et nos héros, eux, retournent tous à leurs postes en faisant semblant de rien. Hélas pour eux, le maire du District 12 demande justice tant il n’aime pas qu’on tire douze balles dans le dos de sa fille (quel conservateur !). Et rapidement, des arrestations ont lieu. Un Jean-Jacques se voit accusé du crime et est pendu… mais à la surprise générale, le patron des Pacificateurs annonce qu’il va y avoir une deuxième exécution ce jour.

– Figurez-vous que le Capitole a reçu un geai moqueur qui avait enregistré une conversation fascinante. L’un de mes Pacificateurs complote avec les rebelles : Séjanus, avance toi, qu’on te pende !

Séjanus passe de l’état de tout surpris à celui de tout mort en l’espace de quelques instants. Coriolanus n’est pas bien fier du dénouement de cette affaire mais hein, ho, bon, hé, voilà. De toute manière, il a plus urgent, puisque Lucy, lassée de ces horreurs, lui propose un plan :

– Coriolanus ! Et si toi, ton prénom suspect et moi nous partions vivre loin de la civilisation ? Plus d’emmerdes, plus d’impôts, seulement nous, l’herbe fraîche et l’eau où tremper nos fesses !

Coco accepte. L’herbe, mais surtout cette histoire de fesses humides, ça le tente. Et le matin suivant, il déserte son poste pour aller rejoindre Lucy et foutre le camp. En chemin, Coco réfléchit très fort (c’est dur). 

« Hmmm… j’ai bien de la chance de partir avec la petite Lucy. Il ne faudrait pas que je gâche tout en lui révélant que je suis un monstre qui a fait pendre son meilleur ami. »

Et 0,3 secondes plus tard, quand Lucy lui pose une question du genre « Sinon, ça biche ? », Coco de répondre :

– Oh, moyen. Tu sais, je suis quand même responsable de trois meurtres.
– … trois ?
– Crotte de bique, je m’ai trahi.
– Le mec que tu as tué dans l’arène, soit. La fille du maire qui allait nous balancer, je vois. Mais le troisième?
– Euh… j’ai… j’ai pris un abonnement à Libé et j’ai donc tué ma Street Cred ?

Mais l’explication ne prend pas. Or, Lucy a une règle sacrée : la confiance. Sans elle, rien n’est possible, elle l’avait déjà dit à Coco. Ils marchent donc des heures sans vraiment échanger, chacun se demandant ce que l’autre va faire. Coco subit donc le célèbre « Je boude mais je ne vais rien dire », l’un des châtiments les plus terribles de la Terre, vous savez de quoi je parle. Enfin, alors qu’ils se mangent une grosse averse, nos héros vont s’abriter dans un petit cabanon de pêche. Où Ils tombent… sur les armes que Jean-Jacques devait détruire. Coco est moyennement content.

– Il est con ce Jean-Jacques ? Bon en même temps, je le suis encore plus en confiant des tâches cruciales pour mon avenir au premier rebelle venu.
– C’est vrai, Coco. En attendant, moi, je vais cueillir des fleurs.
– Sous la pluie, Lucy ?
– Euh… ouais ouais.

On sent bien que la confiance n’est plus là. Surtout lorsque ne voyant pas Lucy revenir, Coco se demande si elle n’aurait pas décidé de le laisser tomber, voire de le trahir. Il prend donc un gros fusil et sort en appelant « LUCY HOUHOUUU MA CHERIE VIENS ICI, J’AI UN CADDIE PLEIN DE BON METAL À REVENDRE, VIIIIIENS ! »

Coco tente aussi d’attirer Lucy avec des appâts culinaires, mais ça ne donne guère plus de résultats.

Mais la ruse ne prend pas. Lucy ne se montre pas. Par contre, Coco tombe sur une écharpe de Lucy abandonnée au milieu des bois. Et lorsqu’il la ramasse… elle dissimulait un serpent, qui le mord ! Grognon de cette tentative de le tuer, Coco décide de traquer Lucy, l’aperçoit brièvement au loin, et lui envoie un bon gros coup de fusil. Porte-t-il ? Mystère. Car en arrivant, point de cadavre : seulement un bijou de Lucy au sol.

– Bon, je vais pas non plus la pister 107 ans, grogne Coco avant de repartir s’occuper de son bobo plein de venin.

Puisque la fugue avec Lucy, c’est râpé, notre héros décide de sucer sa plaie tout seul, de détruire les armes du cabanon – il faut vraiment tout faire soi-même – puis repart vers sa base de Pacificateurs où, non, personne ne mentionne sa désertion alors qu’il est supposé être parti depuis au moins plusieurs jours. Ils sont comme ça dans les armées fascistes : souples et sympas. En lieu et place, on lui tape dans le dos, lui annonce que vu qu’il est moins con que 90% de ses collègues (vu son niveau, je n’ose imaginer le reste), il pourrait faire officier, en conséquence de quoi on l’envoie se former au cœur du pays. Rapidement cependant, il est invité au Capitole par le Dr Gaul, qui veut le féliciter de sa droiture.

– Coriolanus Snow…
– C’est moi.
– J’ai beaucoup apprécié votre envoi de geai moqueur. Celui qui a permis de condamner à mort votre meilleur ami. C’était un peu coquin, mais j’aime bien les coquins, qui comme moi, sont raides comme la justice. En plus, le con de père de Séjanus a décidé de faire de vous son héritier maintenant qu’il n’a plus de fils. Vous étiez son meilleur ami, et il ignore que c’est vous qui l’avez balancé. Bref, vous voilà riche.
– Ah ben putain, si j’avais su, j’aurais buté mon pote plus tôt.
– J’aime cet esprit, Coco. Aussi je vous propose de laisser tomber l’armée, et de revenir au Capitole étudier à l’université, directement auprès de moi.

Coco accepte. Lui, depuis le début, tout ce qu’il voulait, c’était ça : aller à la fac. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire, je vous jure.

Maintenant qu’il a ce qu’il veut, Coco va rendre un petite visite au doyen Malin, qui corrigeait des copies en salle des profs.

– Monsieur le doyen, me revoici. Bien avant la fin de mon exil de 20 ans, et en plus, je vais à la fac, car je suis désormais protégé par le Dr Gaul, dont l’énorme influence écrase la vôtre. Et je suis le nouvel héritier de M. Plinth. Aussi, comme le disait le grand stratège Hannibal : « Niquez-vous ».
– Très bien, Coriolanus. Tu gagnes cette manche. D’ailleurs, sais-tu pourquoi je te hais ?
– Non ? C’est vrai que ce serait sympa de me le dire, parce que depuis le début du film, vous le répétez sans jamais dire pourquoi.
– Eh bien parce que je haïssais ton père, je te l’ai dit. Voici pourquoi. Figure-toi que l’idée des Hunger Games vient bien de moi, un soir où j’étais bourré. J’ai voulu faire marche arrière le lendemain au réveil, mais ton père que je pensais être mon ami s’était emparé de l’idée et l’a proposée avant que je ne puisse m’y opposer. Et voilà comment je me suis retrouvé le père de jeux que je désapprouve.
– C’est marrant, le fait que la vraie histoire du concept des Hunger Games soit en fait une idée de gars bourré, ça rend presque le film plus crédible.
– Taggle. Et laisse-moi, petit insolent.
– D’accord. Avant de partir, ça vous dit un petit coup de morphine ? Je sais que vous aimez ça et j’en ai de la bonne.
– Ah ben ouais.

Et le doyen Malin de s’envoyer la morphine… et de claquer dans la foulée, car elle était empoisonnée ! Subtil. Le film oublie que Coco pourrait être identifié comme responsable du meurtre au bout d’environ trois minutes d’enquête tant la ruse était nulle et grossière. Et à la place, on nous le présente comme un génie qui assure très fort, même s’il est devenu très méchant. Et utilise désormais le poison comme arme pour se frayer un chemin au Capitole, faisant de lui celui qui un jour, sera le Président Snow, le méchant des films Hunger Games qui règne par la terreur, les jeux et le poison..

Oubliant ainsi que tout ce que ce film vient de poser, c’est que toute l’histoire du Président Snow repose sur sa jeunesse où il a appris que :

– Il fallait toujours se méfier des filles du District 12
– Que l’arène était une idée de gars bourré
– Que filmer en direct les candidats c’était un coup à ce qu’ils se rebellent et fassent passer des messages incitant à l’insurrection
– Et que de manière général, les Hunger Games plombaient l’autorité du Capitole, et rien d’autre.

C’est donc sur cette formidable incohérence qui parvient à ne donner strictement aucun sens aux films suivants qui n’en avaient déjà pas beaucoup que…

… FIN !

Non vraiment, faire un film entier où le Président Snow découvre à 18 ans toutes les failles des Hunger Games pour ensuite les refaire en boucle sans aucune explication, c’est vraiment une idée qui logiquement, n’aurait jamais dû dépasser le pitch.

« Si j’avais pu prévoir qu’une fille du district 12 ultra-populaire pouvait représenter un danger et qu’il ne fallait surtout pas l’envoyer en direct à la télé dans une arène… heureusement que personne n’a écrit un préquel pour en parler ! »


Bien.

J’imagine qu’à présent, quelque part, quelqu’un se dit « Merde, je crois que j’ai fait empirer la situation avec mon préquel qui explique que les Hunger Games, c’est juste le résultat d’une soirée entre gens bourrés, mais que des gens sobres ont accepté sans ciller. » J’attends donc avec impatience le préquel du préquel pour à nouveau tenter de rattraper le coup, et qui tentera de nous expliquer cette fois pourquoi tantôt, Lucy pleurniche à l’idée de tuer des gens qui essaient de la tuer, tantôt elle leur envoie des serpents à la gueule gratos.

J’attends donc avec impatience Hunger Games – La promenade du hérisson et de la 8-6 tiède.

Rampage de script

$
0
0

– Merci d’avoir accepté de nous aider pour notre exposé pour l’école, Monsieur Connard.

Assis sur le tapis du salon, les enfants m’observent avec leurs grands yeux pleins de malice et de reconnaissance. Depuis mon fauteuil près du feu, je tire une bouffée sur mon cigare et d’un geste, leur signifie que ce n’est rien. Mais l’un d’entre eux tient à creuser le sujet.

– D’ailleurs, pourquoi cette générosité soudaine ?
– Hmm… eh bien, sais-tu mon jeune ami ce que signifie « Condamnation à du travail d’intérêt général » ?
– Non ?
– Bon, eh bien si on te demande pourquoi je vous aide, tu répondras que je suis grand prince, voilà.

C’est vrai que de nos jours, on ne peut plus rien faire : saviez-vous qu’il était interdit de retrouver un démarcheur téléphonique pour le menacer, lui et toute sa famille, avant de cramer sa maison en hurlant « Et là, tu vas la rénover ? » en dansant sur le mélange de cendres et de larmes à ses pieds ? Moi non plus. La vie est pleine de surprises.

– En attendant, mes chers petits, quel est le sujet de votre devoir ?
– « Les jeux avant internet ». C’est pour ça qu’on avait besoin d’un vieux.
– D’un v… ahem. Je vois. Vous voulez dire quelqu’un qui a connu l’époque avant internet ?

Un frisson d’angoisse parcourt les jeunes gens.

– Monsieur Connard, c’est vrai ? Ça a existé ?
– Oui. Oh, c’était des temps difficiles. Vous n’auriez pas tenu. Imaginez une vie sans aucun abonné à votre fil, dénué de likes sous vos photos. Ni même de commentaires.
– Mais… mais comment faisiez-vous alors, pour savoir si vous étiez aimé ?
– Eh bien, on regardait notre prénom. On constatait son orthographe correcte, et donc, on savait aussitôt que nos parents nous aimaient suffisamment pour ne pas nous condamner à des vies de merde. Pas vrai Matihasse ?

Matihasse, après un bref regard d’incompréhension à Djéson et à Djécika, reprend sa liste de questions.

– Et pour les jeux ? Vous aviez des jeux vidéo ?
– Bien sûr. Cependant ils étaient très différents des vôtres. Par exemple, à leur sortie, ils n’étaient pas suivis d’un mot d’excuse du producteur pour les bugs, puis de huit patchs espacés sur deux ans, avant que n’arrive un DLC à 35€.
– Ouah, pfff, okay boomer. Vos jeux, j’en ai vus, ils étaient trop pourris. Genre Rampage : un gorille, un loup et un lézard géants qui détruisent une ville. Et au bout 5mn, hop, niveau suivant, ça recommence. Super.

Une bouffée de mon cigare et un hochement de tête plus tard, j’approuve.

– C’est vrai que ce n’était pas bien fin.
– Ah !
– Mais là où « c’était mieux avant », c’est que personne n’aurait eu l’idée d’en faire un film. Alors que de nos jours, le niveau de créativité en est tellement à râcler le sol qu’on va chercher des licences comme Rampage, et on investit dessus 120 millions de dollars pour en faire une version où non seulement on ne peut pas jouer, mais où le niveau dure 1h49. Ah, et où les dialogues arrivent à être pire qu’un jeu muet.

Alors, pourquoi adapter la licence d’un jeu oublié qui n’avait pas d’histoire ? Je cherche encore la réponse à cette question. Si vous la trouvez, je suis preneur.

Mais en attendant…

Spoilons, mes bons !

 


L’affiche : Flammes, étincelles, poussière, tout va bien.

Notre film démarre dans l’espace, à bord d’une station spatiale où tout va fort mal.

Des corps démembrés flottent, des câbles crachent des étincelles, une voix lugubre annonce que la coque est au plus mal, et les écrans aux murs affichent une mise à jour Windows. Bref, tout est foutu. C’est au milieu de ce chaos que nous retrouvons le Dr Jeannette, la seule survivante de l’équipage de scientifiques du bord, qui cherche à évacuer quand elle découvre que la porte menant à la capsule de sauvetage est verrouillée. Saperlipopette ! Elle compose prestement le 0 800 130 000.

– Allô, le quartier général de la mission ? Ici le Dr Jeannette. Sur l’écran, ça m’affiche que c’est vous qui bloquez la porte. Laissez-moi partir, enfin !
– Ici le docteur Rousseau depuis Chicago. Pas tant que vous n’aurez pas emporté avec vous les échantillons du labo.
– Mais enfin ! Je refuse d’y retourner ! On a des dégâts un peu partout ! La coque va céder ! Tout le monde est mort ! Ils ont été massacrés par le rat du labo !
– N’importe quoi. En plus, on dit « surmulot ».
– Oui ben n’empêche qu’après nos expériences, il est devenu gigantesque !
– On peut donc dire « sursurmulot ».
– Que…
– Dr Jeannette, arrêtez de discuter mes brillantes instructions : retournez chercher les échantillons.

Le Dr Jeannette est moyennement contente de cette situation, et se demande qui est le (sur)blaireau qui a conçu un sas pour évacuations d’urgences qui ne peut être déverrouillé qu’à distance. Faut pas que l’urgence soit un accident qui coupe l’antenne réseau, hein ! Tant pis : flottant au milieu des corps de ses collègues, elle se faufile jusqu’au laboratoire au cœur de la station, y récupère promptement les fameux échantillons, puis retourne dans la capsule de sauvetage. Mais en chemin, elle est bien évidemment repérée et poursuivie par Ratus le sursurmulot de 90kg qui tente de la retenir en marmonnant dans sa langue « Auriez-vous quelques minutes pour parler de notre sauveur le Rat-cornu ? ». Peu intéressée par le sujet, le Dr Jeannette parvient à s’enfermer dans la capsule, s’éjecte de la station pile quand tout explose…

Mais son canot de sauvetage spatial, un peu endommagé, ne tient pas la rentrée dans l’atmosphère et brouf, le Dr Jeannette passe de l’état de scientifique à celui de poudreuse blanche, pour le plus grand bonheur des skieurs au-dessous qui aimeraient moins de scientifiques qui les sermonnent et plus de neige : c’est chose faite.

Cela fait, partons dans la jungle.

Où comme le veut la règle hollywoodienne post 2018 « S’il y a The Rock dans le film, il y a de la jungle, s’il y a de la jungle dans le film, il y a The Rock. ». Aussi, qui trouve-t-on au milieu de la forêt luxuriante ? The Rock ! Quelle surprise ! Plus exactement, il est dans une partie du parc de protection animale de San Diego, où avec quelques étudiants un peu cons, il va observer les gorilles. Dont son petit favori, Georges, un gorille albinos à qui il a appris plein de choses, comme communiquer et faire des doigts d’honneur (si, si). The Rock étant très fort, c’est lui qui domine le gorille avec sa grosse présence, quand bien même le gorille sait faire des choses que The Rock ignore, comme garder ses bras le long du corps plus de trois secondes ou ne pas signer les contrats de certains films après en avoir lu le scénario.

Seulement, à la nuit tombée, après le départ de The Rock (c’est-à-dire quand les animaux peuvent enfin être un peu tranquilles sans risquer une clé de bras), voici que le ciel s’illumine : c’est ce soir-là que le Dr Jeannette a un peu merdé sa rentrée dans l’atmosphère. Et sa navette s’est décomposée, envoyant les échantillons durement récupérés dans trois parcs naturels distincts : l’un dans un parc du Wyoming où un loup découvre un échantillon en train de fuir et renifle une dose de gaz vert qui s’en échappe, un aux Everglades où c’est un alligator qui a le même souci, et le dernier dans le parc de San Diego où c’est Georges qui s’approche en marmonnant en langue gorille « Mais bordel, comment un simple tube à échantillon a pu survivre à une entrée atmosphérique et venir se planter dans le col en restant quasiment intact ? C’est en scriptonium ou quoi ?« . Mais pshhhhit, il prend aussi sa dose de gaz magique dans la bouche, et voilà, ça lui apprendra à faire des commentaires désobligeants.

Le lendemain matin, en arrivant au parc, tout le monde est un peu surpris de découvrir que Georges a doublé de taille, et dans un moment d’égarement, a savaté la mouille du grizzli du parc. Pour mieux comprendre ce qu’il s’est passé, The Rock et son équipe fouillent les alentours et découvrent, planté dans le sol, le fameux tube à échantillon venu de l’espace, désormais tout vide.

– C’est donc ça qui a transformé notre gorille en surgorille, monsieur The Rock ?
– Alors d’abord, j’en sais rien on va enquêter, et ensuite, on va arrêter d’utiliser « sur » dans nos phrases, d’accord ? Sinon ça va vite être lourd.
– D’accord. Bon ben si c’est tout pour aujourd’hui, moi je vous laisse, je vais chercher ma planche et je pars faire du f.
– Du ?
– F.
– Ah putain j’ai compris. Non mais vous pouvez utiliser « sur » raisonnablement, hein !

The Rock et ses collègues sont cependant bien embêtés : comment expliquer cette mystérieuse croissance ? Rien ne grossit aussi vite, à part éventuellement une polémique sur X. Et surtout, sachant que Georges a buté un grizzly, comment éviter qu’il ne soit piqué pour vilaine agressivité ? Tout le monde réfléchit très fort, quand soudain, débarque une jeune femme inconnue.

– Les amis, je me présente : Kate Caldwell. Je peux vous aider, car j’ai travaillé sur l’échantillon que votre gorille a trouvé.
– Ah oui ?
– Oui. C’était un projet d’amélioration génétique, visant à donner à un être vivant la croissance d’une baleine, mais sans fin, comme le requin. La vitesse du guépard, la force du bousier et…
– Vous vouliez faire quoi ? Un gigantesque ramasse-crottes ?
– Oui, nous avons d’ailleurs réussi. Depuis, il est devenu président, mais si je dis de quel pays, on va avoir des emmerdes alors poursuivons, d’accord ?
– D’accord.
– Bref ! Georges a sniffé un gaz contenant certaines de ses modifications. Lesquelles ? Je l’ignore exactement et…

KRAKABOUM !

Nos amis sont interrompus par Georges, qui très grand et très fort, a aussi très faim et en a marre d’attendre qu’on lui livre une banane géante. Aussi a-t-il décidé de s’évader. L’animal quitte vite le parc, avec sur ses talons, Kate et The Rock. Mais sitôt à l’extérieur, la police arrive et braque le gorille de ses armes !

– Toi, la vilaine bête disproportionnée, couche-toi !
– Mais non, c’est lui le gorille !
– Pardon Monsieur The Rock. Je disais donc : toi, la vilaine bête disproportionnée, couche-toi !

Mais Georges, qui a un minimum d’éducation, ne se couche pas à la demande. La tension monte, aussi The Rock s’interpose vite.

Un cas d’école pour la police américaine : sur qui tirer en priorité ?

– Baissez vos armes ! Vous ne faites que l’énerver !
– Il est dangereux !
– Raaah… vous ne voyez pas que c’est un albinos ?
– Aaaah, il est blanc, c’est vrai ! C’est différent alors. Okay tout le monde, relax !

Hélas, alors que la situation semblait apaisée, un hélicoptère de la police arrive, et plutôt que de débattre du taux de mélanine de Georges, décide de lui plomber la gueule, certes, mais heureusement uniquement à la seringue soporododo. Après en avoir reçu une douzaine, Georges décide qu’il va finalement taper une petite sieste, là, de suite, sur le bitume, merci.

– Bon, ça aurait pu être pire, ils auraient pu tirer à balles réelles, soupire The Rock.

C’est à ce stade que le tireur de l’hélicoptère marmonne « Comment ça ? Ah merde, je me suis encore trompé de fusil », mais qu’importe. Georges dort paisiblement, allons donc voir ailleurs ce qu’il se passe pendant ce temps. Tenez, par exemple, au siège de Rousseau Corp, où nous retrouvons Rousseau & Rousseau, les inévitables riches méchants blancs, qui sont en train de discuter. Avec d’un côté, Madame Rousseau et de l’autre, Monsieur, son frère. Écoutons-les.

– Sandrine, c’est la panique. Notre station spatiale a explosé la nuit dernière, nous avons perdu pour 20 milliards de dollars de recherches génétiques illégales ! C’est bien pour ça qu’on les faisait dans l’espace !
– Ah bon, il faut aller dans l’espace pour faire des trucs illégaux ?
– Ben c’était ça où Marseille. Mais l’espace restant moins dangereux, et avec des loyers plus raisonnables, je…
– Qu’importe. Pas d’inquiétude mon cher. Le Dr Jeannette en quittant la station a emporté trois échantillons. Certes, elle s’est désintégrée dans l’atmosphère et son enterrement ne devrait nous coûter qu’une boule à neige, mais surtout nos précieux produits en scriptonium sont eux bien retombés. On n’a donc qu’à envoyer nos sbires de méchants les récupérer.
– Oh ! Est-ce que tu veux dire que comme tous les méchants de film, on a l’inévitable compagnie de sécurité privée pleine de mercenaires prêts à tuer père et mère pour trois dollars ?
– Bien sûr mon doudou. Allez, pas d’inquiétude : on va les retrouver, nos échantillons à transformer les animaux en suranimaux.

Et une espèce de tueur balafré et son équipe de vilains mercenaires partent conséquemment en hélico pour aller d’abord récupérer l’échantillon qui est tombé chez les loups. Hélas, ils trouvent l’engin, oui, mais brisé et vide. Et surtout, des loups morts tout autour, avec des traces indiquant que c’est l’un d’entre eux qui les a grignotés. Le chef des mercenaires appelle le Dr Rousseau (c’est la Madame) :

– Docteur Rousseau, je crois que votre loup a mangé ses congénères. Curieux. Enfin, vous connaissez le proverbe : lupus est lupus lupus est. Le loup est un loup pour le loup.
– Alors et d’une, votre latin est nul, et je n’ai jamais autant entendu « lupus » sorti au hasard à part dans un épisode de Dr House. Ensuite c’est même pas ça et… euh, mais pourquoi je discute de ça avec vous ? Retrouvez-moi ce loup et ramenez-le en vitesse !

Et non, elle ne donne aucune instruction ou information du genre « Soyez prudents, il a pu muter » ou « Truffez-le de plomb, il faut vraiment s’assurer qu’il soit bien mort ». Non, elle se contente de raccrocher en pouffant, du moins je suppose que c’est ce qu’il se passe hors-caméra.

D’un coup d’hélicoptère, les méchants mercenaires ont tôt fait de trouver leur cible, et apercevant un loup gigantesque courant dans les bois, ne se disent pas « Tiens, c’est curieux, un loup gros comme un pickup Totota. » Non non : ils bavent, font des bruits de bouche, prennent leur pluuuuuuuus petit fusil, tirent UNE balle et… l’animal s’effondre aussitôt.

– Bon, espérons que ce ne soit pas un animal qui pour la seule fois du film, fait le mort sans explication alors qu’il est supposé être complètement enragé.
– Allons chef, pourquoi dites-vous cela ?
– Vous avez raison. Allez, pilote, posez-nous, on va aller chercher le corps.

Mais en arrivant 1) il n’y a plus de corps 2) il y a de la brume.

– Oh non ! J’espère qu’on ne va pas se taper la séquence foireuse de la brume !
– Que dites-vous, caporal Roudoudou ?
– Vous savez, le passage où tout le monde avance très lentement sur ses gardes, prêt à tirer, que soudain, un truc sort de la brume mais c’est évidemment un animal innocent, et au moment où tout le monde baisse son arme en souriant façon « Ouf, ce n’était rien » LÀ le vrai danger attaque !
– Vous dites n’importe quoi, caporal Roudoudou.
– Mais siiii  ! C’est comme ça à chaque fois qu’il y a de la brume !
– Non et puis….  raah, vous êtes viré ! Partez. Voilà, on est mieux sans lui. Maintenant, chut ! Silence ! À vos armes, un truc approche ! Ouf, non, ahaha, c’était juste des biches apeurées, on peut se détendre, ce n’était rien et…
– AAAAAAAAAAH !

Oui, ÇA ALORS ! C’est PILE à ce moment-là que surgit (quelle surprise !) le loup qui fait maintenant bien trois mètres au garrot, et qui emporte un mercenaire pour le croquer.

Puis les suivants, puis l’hélicoptère venu les récupérer, et ce malgré toutes les armes car oui, l’animal résiste désormais aux balles. Il a probablement lui aussi hérité d’un peu du scriptonium qui entourait les échantillons. Le petit souci, c’est que cela fait, notre gros loup décide d’aller chasser un peu à des endroits où il est filmé et finit sur le vaste internet. En peu de temps, le loup géant devient si populaire qu’il reçoit des messages lui proposant d’ouvrir un Only Fans. C’est vous dire.

C’est embêtant pour Rousseau & Rousseau, qui ne souhaitaient pas tant de publicité pour les expériences secrètes de Rousseau Corp.

Ce qui les ennuie encore plus, c’est que le gouvernement commence à s’en mêler. Et a par exemple envoyé un avion récupérer Georges, toujours sous l’effet du soporododo, mais aussi The Rock et sa nouvelle amie Kate, et emmène tout ce petit monde pour essayer de comprendre ce que c’est que ce bordel. Pour Rousseau & Rousseau, c’en est trop : Sandrine prend les devants.

– Mon cher frère, j’ai un plan.
– J’écoute ?
– Nous disposons d’un super calmant pour animaux infectés, tu le sais. Un qui coupe aussitôt leur agressivité augmentée et bloque leur rage.
– Oui, le Grosupo 999.
– Bon, eh bien évoquons-le, puis n’en parlons plus.
– Mais alors pourquoi en avoir parlé là, de suite ?
– CHHHHT.
– Euh, okay. Ensuite, Sandrine ?
– Tu sais aussi que les animaux infectés sont reprogrammés pour capter une fréquence radio unique. Il suffit que nous y diffusions quelque chose d’insupportable, et où qu’ils soient dans le monde, ils se dirigeront droit vers l’origine du signal pour essayer de le stopper. C’est pourquoi j’ai prévu cet enregistrement : « 10 heures de rire de Geoffroy de Lagasnerie« .
– Sandrine, ça va trop loin !
– Mais non, il faut bien un truc que rien ni personne ne puisse supporter. En tout cas, on va diffuser cela depuis le toit de notre gratte-ciel.
– Tu veux attirer des animaux géants en plein coeur de Chicago ?! Et… les amener à NOUS ?
– Des suranimaux, bordel ! Nan et puis c’est parce que comme ça, l’armée les tuera quand ils approcheront et on pourra récupérer les restes. Et donc, avoir nos précieux échantillons, simplement sous une autre forme. Et nous pourrons ainsi transformer tous les mulots en surmulots, tous les hommes en surhommes, et tous les vêtements en…
– Un instant, revenons à ton plan : on pourrait pas diffuser l’enregistrement depuis un lieu autre ? Comme une quelconque station radio isolée ? Et se débrouiller pour que l’armée soit là à temps ? Ça éviterait des millions, voire des milliards de dollars de dommages, de vies perdues, ça rendrait le combat plus simple, ça éviterait de mettre en danger notre entreprise et nos personnes…
– Ooooh, toi, tu as encore parlé au caporal Roudoudou !
– Oui, pour son entretien de licenciement.
– Eh ben arrête, mon idée de ramener des animaux géants tueurs en pleine ville pour les mener droit à nous sans AUCUNE RAISON VALABLE est vachement mieux que la tienne, d’abord !

Je me permets de marquer une brève pause pour vous rappeler que les objectifs de Rousseau & Rousseau sont :

  1. De ne pas trop attirer l’attention directement sur eux puisqu’ils sont responsables de ce bordel
  2. De limiter les dégâts puisqu’ils sont responsables de ce bordel (bis)

Et ils décident donc :

  1. D’utiliser une arme secrète pour mener les monstres droit à eux
  2. De maximiser les dégâts en les entraînant vers une zone urbaine

Si vous comprenez, je veux bien une explication, parce que pour ma part, j’ai surtout l’impression que le script aussi a été rédigé par des singes géants, mais visiblement occupés à se jeter du caca au visage. Les éclaboussures ont écrit les dialogues seules.

Enfin : c’est parti pour le plan génial du docteur Rousseau.

Sandrine lance donc l’enregistrement du démon, et aussitôt, cela fonctionne : le loup géant, qui était tranquillement en train de dévorer des touristes sans que personne n’intervienne (« Les loups géants mangeurs de touristes font partie du paysage« © Mairie de Paris 2024) , entend un rire lointain et fonce vers son origine (car oui, les animaux ne se contentent pas de capter, ils sentent directement d’où ça vient). Oublié depuis le début du film, un alligator géant fait de même. Quant à Georges le singe albinos dans son avion…

Il est réveillé par le rire infernal. Georges, qui comme beaucoup de gorilles, a toujours voté à droite (très peu de gorilles ont lu Marx ou Jaurès, demandez à votre zoo). Aussi il est doublement furieux et décide que ah, ça suffit les conneries, je vais aller stopper cet enregistrement du Malin. En quelques coups de muscles, il se libère de la cage où il était prisonnier, et rugit. Tous les agents du gouvernement à bord paniquent.

– Seigneur Djizousse ! Il est libre !
– Et ce n’est même pas ça le pire.
– Ah bon, collègue ? C’est quoi ?
– Eh bien… comment tu t’appelles-toi ?
– Ma foi Jean-Jacques et toi ?
– Pareil.
– Oh… non.

En effet, il n’y a a bord de l’appareil que trois personnages nommés : The Rock, Kate et l’agent Agent, le chef des agents du gouvernement. Tous les autres sont des Jean-Jacques. Je vous laisse donc deviner la suite ? Oui, par un incroyable hasard, tout le monde meurt SAUF les trois personnages nommés, qui parviennent à s’éjecter, alors que Georges et l’avion salement endommagé et désormais sans pilote partent s’écraser dans les champs.

Ah et oui : même si nos héros s’éjectent parfois avec un long, long temps entre deux sauts, pouf pouf, à la sortie de l’avion, ils se retrouvent à planer les uns à côté des autres dans les airs. Ce qui ne sert à rien (ils ne se parlent pas) à part à rajouter une erreur, comme ça, gratos. Merci, jusqu’ici, ce film était d’une qualité bien trop respectable. Toujours est-il qu’ils finissent par arriver au sol, foncent vers l’épave de l’avion et n’y découvrent aucun corps de gorille géant : Georges a survécu ! Et filé. Nos héros, en attendant qu’on vienne les récupérer au milieu des champs où ils se trouvent avec l’épave, peuvent donc papoter. C’est la séquence « J’ai une triste histoire tragique, mon personnage est très profond« . Attention, ça va aller très vite.

– The Rock, vous aimez les gorilles, mais pas les gens, pourquoi ?
– Parce que j’ai sauvé ce gorille de gens méchants. Fin. À vous : pourquoi êtes-vous devenue scientifique pour le projet des méchants de Rousseau & Rousseau ?
– Mon frère avait une maladie incurable que seule la génétique pouvait soigner.
– C’est affreux. Quelle était cette maladie ?
– Il était roux. Les médecins ont fini par le piquer.

Le cliché ultra-gavant habituel, à savoir qu’aucun personnage n’a jamais travaillé pour les méchants JUSTE parce que l’argent était tentant. Non, c’était forcément pour aider son frère malade, sa maman atteinte d’un cancer, sa fille souffrante…

Et tous deux de hocher tristement la tête, car c’est dur : en plus, c’est pas comme s’il avait une âme pour reposer en paix. Après ce moment de cœur à cœur, des hélicoptères viennent récupérer notre trio de survivants, et les déposent une base de l’US Air Force où l’armée américaine a installé ses quartiers dans le cadre de l’opération « They have giant animals, but we have giant cocks. » C’est évidemment là que les attend le colonel Grokon, qui a été écrit avec une originalité extraordinaire puisque 0,3 secondes après l’arrivée de nos héros, il s’exclame :

– Des scientifiques ? Je n’ai pas le temps d’écouter leur charabia ! Laissez faire l’armée !

Non, vraiment, je vous assure : des gens ont été payés pour ce film. Cher. Et après, les mêmes scénaristes trouveront scandaleux qu’on puisse imaginer les remplacer par une IA. Ah, si seulement on trouvait les cons qui ont répété les mêmes séquences de film en boucle sans aucune créativité durant 30 ans permettant ainsi à une simple machine de les remplacer !

Sachant au passage qu’évidemment, même les dialogues sont d’une débilité qui force le respect. Par exemple, Kate lance un :

– Vous avez repéré le loup géant ? Il est désormais accompagné du gorille ? C’est impossible qu’ils travaillent ensemble ! Sauf si… attendez ! Ils se dirigent vers Chicago ! Le quartier général de Rousseau & Rousseau ! À l’époque où je bossais pour eux, ils voulaient développer chez les animaux l’écholocation, comme chez la chauve-souris. Cela veut dire que Rousseau & Rousseau doivent émettre un signal depuis Chicago qui…
– Attendez Madame, vous vous rendez compte qu’il n’y a aucun rapport entre les deux informations ? L’écholocation, c’est l’animal qui émet un son pour se repérer. Pas une fréquence qui attire l’animal irrésistiblement.
– Je… qui êtes vous ?
– Caporal Roudoudou Madame. Moi aussi, j’ai bossé pour Rousseau & Rousseau, mais mon équipe m’a virée juste avant d’avoir un petit accident impliquant un loup, des bois, et un gros cliché sur la brume. Enfin, tout ça pour dire que ce que vous racontez, ça ne tient pas.
– Qu’importe ! Colonel Grokon, il faut faire évacuer Chicago immédiatement !
– Mais ?
– Caporal, ce n’est pas à vous que je parlais !
– Non mais là encore : si ce qui met en danger Chicago, c’est le signal qui attire les animaux à lui… entre évacuer Chicago et couper le signal, à votre avis, qu’est-ce qui est le plus rapide, le plus simple et le plus sûr ?
– Bon, qui nous vire ce type ?

The Rock s’en charge à l’aide de ses bras qui ne touchent jamais ses flancs, puis à son tour, décide de dire des conneries.

– Vous n’avez aucune chance. Jamais vos obus ne perceront la peau de ces animaux !

Bon, déjà, j’ignore d’où sort cette soudaine science de la peau blindée de The Rock. Et ensuite, il ne faut jamais dire à l’armée américaine « Ton arme est trop petite ». JA-MAIS.

D’ailleurs, tous les pilotes d’A-10 Thunderbolt de la base sur laquelle ils se trouvent doivent probablement se taper les cuisses en ricanant, puisque rappelons que l’armée américaine dispose d’un avion qui n’est pas équipé d’un gros canon : c’est un gros canon autour duquel on a développé un avion (ce peuple est subtil). Et qui peut donc distribuer beaucoup de démocratie, très fort, et par exemple enseigner l’importance de la tolérance environ 4 200 fois par minute à, disons, un gorille géant ou un loup un peu gros, au hasard.

Mais en lieu et place, l’armée préfère envoyer un unique, vieux missile explosif entre les deux bestioles géantes en se disant « Si un crash d’avion n’a pas tué le gorille, je suis sûr que le souffle d’une explosion plus petite suffira« , et ça alors ! Quand elle envoie ses hommes vérifier si ça a marché, ils se font tous croquer. Le colonel Grokon en est tout ébaubi.

– Les scientifiques avaient raison ! Ces créatures ont résisté ! D’ailleurs, hep ! Où sont The Rock et Kate ?
– Ben comme vous avez demandé à ce qu’on les enferme car ils vous énervaient, ils ont préféré s’évader, ont volé un hélicoptère et volent vers Chicago.
– Crotte de bique. Bon ben évacuez Chicago alors !

Et l’histoire du signal sinon ? Toujours pas ? Ça n’intéresse personne ? Non.

J’aime bien quand les personnages décident ouvertement d’ignorer un élément central pour ne surtout pas finir le film là, de suite, ou du moins l’empêcher d’atteindre une scène cruciale (ici, les animaux qui ravagent une ville). Oh, et au fait : non, Jojo l’alligator géant, qui fait pourtant la taille d’un croiseur, n’a toujours pas été repéré, merci. Là aussi, il ne faudrait pas qu’on lui tombe dessus trop tôt.

Enfin, reprenons. Car oui, The Rock et Kate filent en hélicoptère volé vers Chicago (oui, The Rock est en réalité un primatologue, mais ancien des forces spéciales, et euh, qui sait piloter, voilà).

Hélas, à leur arrivée, la ville est déjà en sale état, puisque les deux monstres, utilisant un trou dans le script, ont déboulé bien avant l’hélicoptère de The Rock. Ils ont sûrement de l’ADN de coureur du Tour de France. Par ailleurs, et selon la tradition lourdingue des très mauvais films, tout ce qui les attaque se met À LEUR HAUTEUR, à commencer par les hélicoptères de l’armée, qui volent à environ 10 mètres du sol histoire de finir croqués, savatés, ou de manière générale, faire tout sauf être efficace. Faudrait pas utiliser le fait de… euh… voler, par exemple.

Le record revient au fameux A-10 Thunderbolt, puisque l’armée finit par se dire « Mais attendez, merde, c’est vrai qu’on a un appareil conçu pour faire des trous à de gros trucs ! »

En effet, après un premier passage où l’avion rate deux monstre géants côte à côte dans une avenue (si, si), voici que lors de sa seconde tentative… le fameux alligator géant sort de la rivière et le mange, car oui, l’avion aussi vient se mettre à sa portée ! Non vraiment, ces pilotes sont très serviables. Et très dépressifs.

Le A-10 Thunderbolt peut faire rentrer la démocratie même dans un bunker réticent.

Dans le même esprit, The Rock, Kate et leur hélicoptère approchent eux de la tour de Rousseau & Rousseau.

– Regardez, sur le toit, The Rock ! Ces énormes antennes ! C’est de là que doit provenir le signal !
– Super ! Je me pose à côté ?
– Non, posez-vous DANS LA RUE DEVANT MERCI.

Que ? Mais ?! Vous avez un appareil volant et… non. Apparemment, c’est un concept qui dans ce film, a l’air assez difficile à comprendre. Vous avez raison, posez-vous, ce sera mieux pour vous, hein.

D’ailleurs, vous savez les fameuses antennes ? Sitôt au sol, nos héros n’en parlent même plus. Non, ils disent « Donc, on est venus là pour chercher l’antidote, on est d’accord ? ». Hm ? L’antidote dont vous ne savez rien de l’existence et que vous supposez tout au plus ? Vous ne voudriez pas d’abord couper le signal qui pousse des animaux géants à ravager toute la ville, non ?

Non.

La fine équipe se faufile dans les bureaux du bâtiment en partie abandonnés de Rousseau Corp pour découvrir que la plupart des ordinateurs ont déjà été emportés. Heureusement, Kate a une idée.

– Je vais pirater un thermostat pour avoir accès aux serveurs.
– Mais que… QUOI ?!
– Eh oui, The Rock : je suis une scientifique de film américain. Avec un doctorat, je m’y connais autant en génétique qu’en informatique ou ingénierie de fusées.

Ne me demandez pas qui a écrit cette scène façon « Et làààà, ben yapu d’ordinateurs. Donc euh, ben elle pirate, euh un… merde un… tiens, un thermostat« . Simplement laisser un ordinateur quelconque, c’était trop dur ? Mais donc, oui, nous en sommes à ce stade du film où une généticienne, en piratant un thermostat, consulte les archives secrètes des labos et découvre l’existence du Grosupo 999, l’antidote à ce qui a contaminé les animaux. Puis lance une fouille active des lieux pour trouver l’énoooorme réserve d’antidotes à la mutation dont disposaient Rousseau & Rousseau depuis le début… mais dont ils ne se servaient pas.

Je vous rappelle que Rousseau & Rousseau voulaient limiter les dégâts ? Je vous le dis parce qu’eux visiblement n’en ont aucun souvenir.

Hélas, au moment de mettre la main sur l’antidote, voici que Rousseau & Rousseau débarquent dans le labo, l’arme à la main.

– Le Grosupo 999 ne vous servira à rien, Kate et The Rock.. Il ne réduit pas la taille des spécimens. Il réduit juste leur agressivité.
– Oui, enfin c’est déjà pas mal : avec ça, vos mercenaires auraient peut-être tous survécu et vous n’en seriez pas là, Sandrine.
– Eh, ho, ça suffit ! Tiens, The Rock, pour tes commentaires pas très sports, prends donc une balle dans le bidou. PAN !
– Mais aïeuh ! Sandrine, enfin !
– Et toi Kate, tu viens avec nous. On t’enfermera dans un laboratoire ailleurs une fois que nous aurons évacué, et tu produiras plus de monstres pour nous.
– Ah oui c’est toujours ça votre plan ?
– Ben oui pourquoi ?
– Nan, je ne sais pas : tout le film semble prouver que le plan est mauvais ?
– Raaah… mais non. Allez, on s’en va, un hélicoptère nous attend.

Et Sandrine de filer avec Kate, laissant The Rock tout mourant sur le sol, une balle dans le bidou.

Hélas, au moment d’arriver sur le toit du bâtiment, voilà que George le gorille géant est déjà là, et fait désormais de la taille de King Kong ! Il a tôt fait d’endommager l’hélicoptère qui attendait, et Kate se retrouve coincée avec Sandrine, pendant que son frère a lui fui par les escaliers. C’est là que revient…

– The Rock ?
– C’est moi ! Tenez, je vous pique votre pistolet !
– Mais vous étiez mourant la scène précédente, non ?
– Figurez-vous que la balle n’a rien touché de vital, je vais super bien, je ne perds pas de sang par le trou et je peux toujours courir et faire des acrobaties !
– Mais alors à quoi servait la scène de la balle si elle ne sert à rien dans le scénario, à part coûter du maquillage et rendre le film encore plus con ?
– Je n’en sais rien !

Sandrine est embêtée, car tout cela n’a aucun sens. Mais elle l’est plus encore quand nos héros décident que le meilleur moyen de faire avaler une dose d’antidote à Georges… c’est de se saisir de Sandrine, de lui glisser une dose de Grosupo 999 dans le sac à main, puis de crier « GEOOORGES ! ». Et là, le gorille qui n’avait jusqu’alors pas mangé un humain du film et qui était complètement hors de contrôle :

  • Répond à son nom
  • Mange une humaine (qui porte une robe rouge, comme dans le jeu vidéo, référeeence, film d’auteur, tout ça)
  • Alors qu’il y avait trois personnes, mange par un heureux hasard la méchante Sandrine

Heureusement que nos héros avaient pu le prévoir, alors que dans la scène de l’avion, Georges tentait de les tuer sans hésiter. Non, vraiment, on sent que nos héros surmontent les obstacles grâce à leur talent, et pas que le script fait tout pour eux.

Hélas, peu après, l’immeuble s’effondre suite à l’arrivée de l’alligator géant et de son pote le loup, ce qui tue le frère de Sandrine qui tentait de fuir, quant à nos héros, ils ne doivent leur survie qu’à l’hélicoptère endommagé qui vole encore juste assez pour ralentir leur chute. Mais lorsqu’ils arrivent au sol, et émergent des décombres… qui en sort aussi ? Georges ! Qui maintenant qu’il a pris l’antidote, est tout gentil, serviable, limite aide les grands-mères à traverser, et veut aider The Rock à vaincre les deux autres monstres méchants (pour qui il n’y a plus d’antidote, tout a été perdu bien sûr, hop, pouf pouf).

– D’accord, je vais chercher une arme qui va leur faire du mal, dit The Rock.

Il se dirige vers un véhicule militaire abandonné et y récupère un lance-grenades. Puis, il demande à Kate de prendre ledit véhicule et de filer de là, tout en tentant de demander à l’armée de ne pas larguer une grosse bombe pour en finir, là, tout de suite. Petit problème dont ils ont été avertis par un petit coup de fil de l’agent Agent un peu plus tôt. Mais bref, Kate file, The Rock et Georges font équipe et foncent vers les animaux géants vilains, The Rock ouvre le feu et…

Les grenades de The Rock font très mal aux monstres.

Voilà voilà : donc jusqu’ici, un missile, un obus ou autre, ça ne faisait rien à ces bestioles, par contre une grenade de The Rock et ils gémissent de douleur en reculant. J’ai toujours aimé ce principe du « Aucune arme n’est dangereuse, sauf si maniée par un personnage avec un nom.« .

Voilà ce qui va arrêter en moins de 5mn de ce que l’armée n’a su stopper en 1h30.

Je vous passe les détails sur la bagarre qui est évidemment inutilement longue, mais le loup finit par être dévoré par le crocodile au milieu des combats (les deux sont méchants, ça ne veut pas dire qu’ils font équipe).Quant au crocodile, alors qu’il résistait à absolument tout, quelques grenades le mettent à terre, des roquettes tirée par The Rock depuis un hélico écrasé lui font bobo, puis Georges le finit avec… une poutre pointue enfoncée à la main.

Car oui : l’obus antichar fait moins de dégâts que la poutre pointue, c’est très connu.

Tout le monde est couvert de sang, mais victorieux, Chicago en sale état, mais pas terminée à la bombe, et les secours arrivent alors que tout le monde rigole, car Georges fait des doigts et des blagues de cul (je ne plaisante même pas : il fait des signes impliquant Kate et The Rock et comment habilement combiner les deux). On comprend alors qu’en étant gros, lourd et amateur de blagues de culs, Georges est à deux doigts de se lancer dans le stand-up, mais avant que cette vision cauchemardesque ne se réalise, l’écran vire au noir et…

…FIN !

La question que je me pose étant : mais pourquoi diable vouloir une licence pour réaliser une merde pareille ?


Comme toujours, je crois qu’il faut laisser le mot de la fin à la critique, ici cineserie.com :

Loin d’être un simple film d’action lambda qui ne vaut que pour ses scènes de destruction massive, Rampage : hors de contrôle insuffle un message écologique à son scénario.

C’est vrai, et le message que j’ai perçu est le suivant : « Pourquoi jeter vos déchets quand Hollywood peut en faire un film ? »

 


Godzilla, X & Con – Le nouvel empire

$
0
0

– J’ai une idée de film.

Dans la salle, le silence se fait alors que les yeux se tournent tous vers l’homme qui vient de prendre la parole. Tout au bout de la table, son supérieur rabat l’écran de son ordinateur portable, signe que toute son attention lui est désormais acquise.

– On vous écoute, Johnson. Vous êtes scénariste, je ne doute pas que vous allez nous impressionner !
– Alors, ça serait l’histoire d’un lézard géant, bon ben il pète tout. Voilà. J’ai fini.
– Hmmm. Mouais. En plus, on l’a déjà fait, Johnson, ça s’appelle Godzilla.
– Ah. Euh… et si à la place du lézard, on mettait un gorille ?
– Déjà fait aussi, Johnson. C’est King Kong.
– Je… attendez, attendez, aha, bien évidemment, j’ai d’autres idées. Et siiii… et siiii le singe et le lézard, ils se pétaient la gueule ? Par exemple, parce que… euh… ben ils viennent tous deux du même monde souterrain et…
– Johnson : c’était le pitch de Godzilla vs Kong.

Les mains du malheureux Johnson tremblent alors qu’elles tournent nerveusement les pages de son bloc-notes intégralement vierge. Ses yeux miment une lecture imaginaire pendant que le scénariste cherche une idée, là, tout de suite, au débotté. Un truc original qui ne ferait pas du tout réchauffé.

– Et siiiiiiii…
– Oui ?
– Et si le singe et le lézard qui se pètent la gueule pour le monde souterrain… ils… euh… ils trouvaient un monde souterrain…
– Un monde souterrain sous le monde souterrain ? Et qu’est-ce qu’il abriterait, Johnson ?
– Euh… un lézard et un… euh… un singe ?

Le silence tombe sur la salle, alors que Johnson, chuchote une prière pour ne pas être viré. Non, il n’a rien préparé. Oui, il est complètement à court d’idées. Et diable, qu’il a honte de l’étron qu’il a présenté. Il va être viré, il n’en doute pas. Aussi, lorsque son supérieur se lève et se dirige vers lui d’un pas décidé, Johnson rentre le postérieur conscient qu’un pied risque de s’y poser sous peu.

Quelle n’est donc pas sa surprise lorsque c’est une main qui vient trouver son épaule, alors qu’un chèque atterrit dans ses paumes.

– C’est génial, Johnson, du jamais vu. Ah, et on ose dire que la créativité est morte ! Tenez, voici 135 millions de dollars pour ce film qui sent bon la fraîcheur !

Personnellement, c’est comme cela que je m’imagine la scène. Car oui, c’est bien le pitch de Godzilla X Kong : Le Nouvel empire. L’histoire palpitante d’un gorille et d’un lézard venus d’un monde souterrain qui vont découvrir un gorille et un lézard dans un monde souterrain sous le monde souterrain. Vous pensez que je plaisante ?

Spoilons, mes bons !


L’affiche : à elle seule, on sent un petit fumet de qualité.

Tout commence sous terre.

Puisque dans l’univers de King Kong et autres Godzilla, la Terre, à défaut d’être plate, est creuse comme un discours à Cannes. Et renferme un monde préhistorique rempli de monstres plus ou moins gros, dont ceux précédemment évoqués. C’est justement le plus gros gorille au monde que nous y retrouvons en train de savater d’autres animaux moches locaux (appelons-les les animoches), les deux camps se disputant pour savoir qui finira en repas pour l’autre. Réjouissez-vous, plèbe, c’est King Kong qui l’emporte, mais hélas pour lui, au moment d’avaler une carcasse…

Il a mal aux dents.

Un monde sauvage et violent où le primate local est bien embêté car il ne risque pas de trouver un dentiste disponible de sitôt : ce film a donc probablement été intégralement tourné à Niort.

King Kong parviendra-t-il à trouver un professionnel pour lui mettre un coup de fraise ? Sa mutuelle le remboursera-t-elle ? Et surtout, qui aura une machine qui fait slurp-slurp-la-salive assez puissante pour un gorille de la taille d’un magasin Action ? Quelle intrigue, je n’en puis plus ! Laissons cependant le brave animal grommeler en suçotant sa gencive, et partons pour la surface.

Où nous retrouvons une scientifique, le Dr Jeannine Pipo, en train d’expliquer sur divers plateaux télés la situation actuelle. Aussi, écoutons-la.

– Vous le savez, deux gros monstres vivent sur cette planète avec nous : King Kong, qui règne sur le monde souterrain, et Godzilla, qui estime que la surface est son territoire. On peut s’en féliciter, puisqu’à chaque fois que des animoches s’échappent du monde souterrain pour ravager la surface, Godzilla va leur donner deux coups de queues, un coup de laser dans la bouche, et hop, l’affaire est pliée. Tenez, l’autre jour : Rome a été attaquée par des fruits de mer géants. Eh bien qui en a fait du sushi ? Godzilla ! Alors ceeeeeeertes, il a un peu rasé la moitié de la ville ce faisant, mais tout de même : il a sauvé l’autre !

Vous le saurez : Godzilla est donc Américain, si l’on en croit ses méthodes.

Sauf que voilà : on ne peut pas être tranquille deux minutes. Car alors que le Dr Pipo est tranquillement en train d’expliquer tout cela, on vient rapidement la chercher pour lui dire que la société pour laquelle elle travaille et qui surveille tous les animoches, Monarch, a détecté des mouvements suspects dans le monde souterrain. Des séismes curieux, des interférences électroniques… et comme si ça ne suffisait pas, la fille adoptive du Dr Pipo, dernière membre d’une tribu de Skull Island (l’île où vivait King Kong autrefois) qui connaissait bien les animoches, est prise de visions en classe et dessine des sortes de gros pics noirs. Ce qui fait un peu tache au milieu des habituelles kikoutes que dessinent les enfants de son âge.

En plus, elle le fait sur sa table, ce qui gonfle un peu la maîtresse.

– Dr Pipo, je veux bien que votre fille adoptive vienne d’un peuple magique, mais franchement, la dame du ménage commence à en avoir plein le trouloulou de ses supers pouvoirs.
– Oui ben elle est hyperactive, autiste, HPI, dyslexique, dyscalculique, dys…
– Je vous vois lire la liste des excuses foireuses de mamoune.com, Dr Pipo. Posez ce téléphone.
– Maiiiiiiiiiiiiiiiis !
– Quitte à me donner une excuse, vous auriez pu commencer par celle-ci : elle est sourde.
– Oui mais ce n’est pas à la mode, ça.

Et ça n’explique pas pourquoi elle est possédée par le Malin qui lui fait dessiner de grosses pointes noires à la première occasion venue. Aussi, lorsque le Dr Pipo quitte l’école avec sa fille, elle prend tout de même le temps de communiquer en langue des signes avec elle.

Chaussette cachou bingo Buenos Aires ?
– Maman, tu es à chier en langues des signes.
Frange calamar, casque stylo.
– Ecoute, je ne sais pas ce que tu veux dire, mais je suppose que tu me demandes pourquoi j’ai dessiné ces trucs. Or, je n’ai pas envie de répondre, surtout que si je le fais, ça pourrait faire avancer l’intrigue un peu trop vite, par exemple si je te détaillais mes visions. Je vais donc plutôt te proposer de rentrer à la maison et de ne plus jamais en parler.
Ok. Injecteur turbo.

De retour à la maison, le Dr Pipo a soudain une idée. Et si les pics que dessine sa fille… correspondaient aux pics d’activité sismique détectés dans le monde souterrain ? Une petite vérification, et en effet : sa fille est peut-être sourde comme un pot, mais elle peut visiblement détecter les tremblements de terre à plusieurs milliers de kilomètres sans problème.

– Mon dieu… cela signifie que… mais oui ! Mon enfant est une couleuvre ! s’exclame le Dr Pipo.

Le Dr Pipo et sa fille adoptive, dont le charisme réuni est si grand que je n’ai retenu le nom ni de l’un, ni de l’autre.

Et elle s’empresse de se saisir de ses dessins et autres documents pour les amener à… à…

Attendez. On parle bien du Dr Pipo, qui travaille pour Monarch ? L’organisation ultra-puissante en charge de surveiller le monde souterrain avec des milliards de dollars de moyens ? Et où le Dr Pipo est un des responsables, en charge de la surveillance d’une partie du monde souterrain ? Dr Pipo qui pourrait donc amener tout son fatras à ses collègues et autres subalternes qui ont les connaissances et les moyens de l’aider ? On parle bien de celle-là ?

Eh bien elle décide plutôt d’aller voir…

Un podcasteur complotiste.

« Oui, mais elle le connait ! » me diront les lecteurs qui ont vu les précédents films. Alors certes, mais en attendant, pourquoi ne pas commencer par son organisation ? C’est un peu comme travailler pour l’ONU, détecter une menace mondiale, et s’empresser d’aller en parler à son voisin au motif qu’on le connait et qu’il a une chaîne Youtube avec 500 abonnés. Nul doute qu’entre son intro de 35 secondes avec son logo en flammes qui tourne et son sponsor NordVPN, il sera d’une grande aide !

Notre larron, que nous appellerons Potecast, a visiblement bien aidé lors de précédents films, certes, mais ça n’explique pas pourquoi notre héroïne ne commence pas par aller voir sa propre organisation. Ah, si : c’est pour pouvoir ramener ce personnage dans le film sans aucune justification rationnelle. Personnage qui n’aura par ailleurs aucune utilité, mais que voulez-vous, rajouter des scènes entières complètement incohérentes qui coûtent du pognon pour baisser la qualité du film, c’est un métier. Enfin, toujours est-il que Potecast semble mystérieusement indispensable au docteur Pipo.

Et ça tombe bien, car au même moment, deux événements forcent le docteur Pipo à foncer chez Monarch en emmenant Potecast dans ses valises.

  1. Godzilla s’agite, comme s’il avait détecté une menace
  2. King Kong est remonté à la surface sans explication

Le lecteur se dira aussitôt « C’est p’têtre parce que King Kong est remonté à la surface, soit sur le territoire de Godzilla, que ce dernier s’énerve, non ? ».

Mais c’est oublier que le film est complètement débile, et donc que personne n’y pense, pas même le script. En effet, en réalité, King Kong est remonté à la surface… pour se faire retirer sa dent pourrie par les humains, qui lui remplacent par une prothèse (ils ont toujours une dent géante à la bonne taille sous la main). Le tout sous la direction de Bogoss, le vétérinaire spécialisé en créatures géantes (ne me demandez pas qui est sa clientèle habituelle, peut-être de très gros cockers), et qui est accessoirement l’ex-petit ami de l’héroïne.

ÇA ALORS !

Et maintenant que tout ce petit monde est réuni chez Monarch par la magie d’un scénario fort subtil, Potecast livre enfin son analyse des signaux sismiques captés aussi bien par les capteurs de Monarch que par la fille adoptive du Dr Pipo.

– D’après moi… c’est un signal télépathique.
– Ah. Mais sismique, donc.
– Oui.
– C’est super cohérent.
– Je vous emmerde, Dr Pipo. Par ailleurs, je pense aussi que c’est un signal de détresse.
– Comment vous le savez ? Vous parlez la langue des séismes-télépathes ?
– Pas du tout.
– Donc, laissez-moi deviner : vous n’en avez aucune idée, mais ça arrange le script.
– Voiiiiiiiiiiiilàààààààààààààà.

Ah, ces messages de détresse télépathiques et sismiques à la fois dans une langue inconnue mais que l’on décode aussitôt, c’est vraiment bien pratique ! Car il n’en faut pas plus pour que le Dr Pipo s’exclame qu’il est grand temps d’aller éclaircir tout ça dans le monde souterrain, et qu’elle va naturellement emmener avec elle les idiots qu’elle a sous la main, à savoir Potecast et Bogoss (on ne sait jamais, si on tombe sur un très gros cocker, ça peut aider). Oh, et puisque c’est une mission très sûre, elle va aussi emmener sa fille.

– Rotule fricadelle, sapin cuisine.
– Maman mais bordel ! Fais un effort, merde ! Ton langage des signes ressemble à une crise d’épilepsie ! Que veux-tu dire ? Que tu m’emmènes dans le monde souterrain ? C’est quoi le motif ? Je connais King Kong ?
– Ok. Injecteur turbo.
– Non mais toi aussi tu le connais ! Je ne sers à rien ! Tu réalises que je n’ai AUCUNE compétence utile à part être un enfant relou ?
– Brigand vital, paraitre moquette. Cependant, Spirou chapeau.
– C’est bon. Je viens, je viens. Mais par pitié, mets tes mains dans tes poches.

J’ai connu des intros pour réunir un groupe qui commençaient pas « Vous êtes dans une auberge » qui étaient plus travaillées.

La fine équipe peut donc embarquer dans un véhicule volant pour se rendre vers le monde souterrain, périple durant lequel Potecast nous rappelle qu’il est un personnage probablement écrit par un scénariste de 1998 : c’est le fameux personnage noir, en surpoids et rigolo qui passe son temps à crier, à avoir peur de tout et à faire rire tout le monde malgré lui. La seule preuve qu’il appartient au siècle nouveau est que contrairement à la règle des années 90, il ne meurt pas en premier. King Kong les accompagne aussi, puisque ses problèmes dentaires réglés, il peut retourner dans le monde souterrain.

Pendant ce temps, à la surface, l’excitation de Godzilla n’avait en effet rien à voir avec un gorille géant empiétant sur son territoire. Non, le gros lézard a visiblement d’autres projets que de manger du singe, et après l’Italie, il décide d’aller faire un tour dans le sud de la France pour y savater une centrale nucléaire et s’y alimenter en radiations. Comme s’il faisait le plein pour un combat à venir !

Ou qu’il pense acquérir ainsi des supers pouvoirs et en conséquence se faire engager chez Marvel. Ne fais pas ça, malheureux ! Nous sommes en 2024, Marvel, c’est tout pourri !

Mais Godzilla étant trop gros pour aller au cinéma, et trop intelligent pour s’abonner à Disney +, il ignore tout cela et décide de continuer à sucer goulument du réacteur qui n’en demandait pas tant. Sans aucune explication, les humains décident d’ailleurs de brièvement l’attaquer avec des drones alors que 1) ils savent très bien que ça ne sert à rien 2) ça peut juste l’énerver et lui donner envie d’arrêter de défendre l’humanité contre les autres monstres. On va dire que c’était pour faire une scène « Godzilla se remplit d’énergie sous une pluie de missiles, mais comme on n’a aucune raison de le bombarder, on va le faire quand même, comme ça, pouf. »

Je n’exagère pas, puisque les humains n’insisteront plus par la suite : c’est juste pour cette scène qu’ils se disent que « Ah tiens, si on lui tirait dessus pour rire ? »

À noter que plus Godzilla absorbe d’énergie, plus il devient rose. C’est son côté socialiste.

Oh, ai-je précisé que les drones – volants – respectaient la règle de toutes les daubes ? À savoir « Oui, je vole, mais je vais le faire à 25 mètres du sol sinon le monstre ne pourrait pas m’attraper. » ? Voilà, c’est chose faite. J’ai toujours aimé ces films où les appareils volants se mettaient toujours au niveau de la gueule du monstre histoire de perdre le seul avantage qu’il y a à voler, comme ça, pour le principe. Cela fait, Godzilla part éclater la margoulette d’autres monstres qui attendaient gentiment à d’autres endroits du monde, saveur « Ah oui on était là depuis le début du film, Godzilla règne sur la surface mais finalement pas trop puisqu’on se trouvait là pépouze à attendre notre raclée ». D’accord. Monstres dont Godzilla boit l’énergie parce que c’est mieux qu’une canette de Monster et que décidément, il veut faire le plein.

Mais, revenons à nos héros partis explorer le monde souterrain pour répondre à la question « Mais quel est donc ce bordel ? »

Car pour leur part, ils se rendent aussitôt à un petit poste avancé de Monarch situé dans ce royaume souterrain pas si paisible, et chargé de surveiller son activité. Et le trouvent dévasté.

– J’espère qu’on pourra récupérer ce que les caméras ont enregistré ! lance Bogoss.
– Des caméras ? N’auraient-elles pas pu automatiquement envoyer leur contenu à la surface juste avant que tout ne se fasse ratiboiser ? propose le caporal Roudoudou.
– TAGGLE, répondent les autres en chœur avant de renvoyer cet intrus.

Donc, Monarch a installé un poste avancé avec des tonnes de caméras MAIS apparemment, ils font remonter le contenu à la surface manuellement. Sûrement sur des cassettes à rembobiner avec un crayon, quitte à aller jusqu’au bout de la logique. C’est formidable. Ils ont installé des millions d’ordinateurs, mais n’ont pas pensé à installer internet (alors que si, les communications passent, pour info).

King Kong, quant à lui, découvre que les mystérieux séismes du monde souterrain ont ouvert un passage vers… un monde souterrain-souterrain. Oui, nous sommes déjà dans un monde souterrain, mais apparemment, il y en a encore en dessous.

Oui, c’est de la grande écriture créative. Et après, les mêmes iront dire que l’IA peut les remplacer.

Bref : dans ce monde souterrain sous le monde souterrain (le monde sousouterrain, donc), King Kong découvre… une tribu de singes géants ! Qui essaient de lui péter la gueule, certes, mais après quelques mandales, Kong parvient non seulement à s’en défaire, mais aussi à faire ami-ami avec un petit bébé singe géant brun. Après moult aventures et pétages de mouilles de monstres, les deux se rapprochent plus encore, bébé Kong comprenant que King Kong est gentil, contrairement à 99% des créatures du coin qui se contentent de vouloir le bouloter. Alors que Kong est différent : lui, d’abord, il prépare une petite sauce.

On n’est pas des bêtes.

Pendant ce temps, dans le monde souterrain (mais pas sousouterrain, je sais, ça devient compliqué), le Dr Pipo et sa fine équipe partent à la recherche de ce qui a pu savater leur base avancée. Et découvrent la source du signal télépathico-sismique (rien que d’écrire cela, j’ai un peu honte, alors pensez aux gens ayant financé ce film). Du moins, la localisent, et décident de poser leur aéronef pour finir leur chemin à pied parce que… euh… parce qu’on ne peut pas aller plus près. Voilà. Non, même pas survoler le secteur : on ne peut pas, c’est magique.

Nos amis, qui ont intelligemment pensé à embarquer un total de UN militaire armé avec eux dans ce monde ultra-dangereux, voient ce dernier être – sortez vos boîtes à « ça alors ! » – mangé par une créature bizarre en chemin. Nos héros sont donc désormais seuls en territoire hostile, et sans armes. Ah, si seulement ils trouvaient les cons qui s’aventurent dans l’endroit le plus dangereux au monde avec une escorte d’une seule et unique personne !

Heureusement pour eux, ils finissent par tomber sur un temple dans la jungle souterraine qui porte les mêmes symboles que ceux de la tribu de Léa, la fille adoptive du Dr Pipo. Un lieu où l’on vénérait Mothra, la mite géante (… mais qui a écrit ça ?). Et juste à côté, ils découvrent un passage vers le monde sousouterrain, qui était là, comme ça, à attendre gentiment. Allez zou : ils s’y engouffrent ! Et tombent nez-à-nez… avec une civilisation humaine sousouterraine, semblable à la tribu dont est originaire Léa !

Oui, les mecs recollent exactement le même pitch que les autres films : « Et là, les héros découvrent un monde inconnu où des tribus humaines vénèrent des monstres géants. D’ailleurs, en fait, c’est la même tribu« .

Pourquoi mettre des nouveautés dans un nouveau film, hmmm ?

Léa en est toute excitée.

– Maman, tu as vu ? C’est mon peuple ! Je n’en suis pas l’ultime survivante !
Capuche port, télégraphe saucisse.
– Je… putain maman. Bon, note que c’est magique : Kong qui pensait être le dernier de son espèce tombe sur des singes comme lui, moi qui pensais être l’ultime survivante de ma tribu découvre que non… manquerait plus que Godzilla tombe sur un autre lézard cracheur de laser et le ridicule serait consommé. Tu n’es pas d’accord ?
– Ok. Injecteur turbo.

Ah, si, petite nouveauté quand même : la tribu locale communique par télépathie. Ne me demandez pas comment : nous sommes dans le monde sousouterrain, à ce stade, ils pourraient voler en battant des oreilles que je ne poserais pas de question. Nos héros, eux, ne s’en posent pas non plus et se contentent de dire :

– De la télépathie ! C’est bien normal, n’en parlons plus, ni même de comment cela cause des séismes. C’est donc leur signal de détresse que nous avons capté ! Mais qu’est-ce qui peut être assez terrible pour que même une tribu vivant dans un monde de monstres appelle à l’aide ?

Je ne sais pas ? Qu’est-ce qui peut être pire qu’un monstre géant ? Le scénario, peut-être ? S’ils ont lu le script, c’était soit l’appel à l’aide, soit l’immolation collective.

Pour mieux se faire comprendre, les indigènes montrent au Dr Pipo une série de bas-reliefs sur lesquels la brave docteur n’hésite pas une seule seconde : cela comporte quantité de signes qu’elle n’a jamais vus, mais aucun souci, sitôt qu’elle a posé les yeux dessus, elle comprend tout et lit à voix haute :

– Au commencement, l’humanité était protégée par les grands singes. Puis, un vilain singe a voulu envoyer tous les singes tuer Godzilla. Ça a loupé et le méchant chef singe s’est retrouvé enfermé dans le monde sousouterrain. Ce singe se nomme… Scar.
– Comme dans le Roi Lion ? Eh bé. J’espère qu’il n’y a pas de buffles géants, sinon ça va être rude les petits amis.
– Scar domine aussi une créature souterraine – ça alors, qui est un lézard géant cracheur de lasers ! – grâce au pouvoir de la douleur. C’est pas bien clair, mais apparemment, il a une sorte de grosse télécommande à douleur.
– Pratique en soirée SM.
– Oui, ou alors, c’est comme avoir une télécommande qui ne fonctionne que sur TF1 et France 2.
– Seigneur.
– Dernier point : le bas-relief dit que Mothra la mite viendra se mêler de tout ce bazar, et que l’élue de la prophétie inévitable dans ce genre de films de merde, celle qui sauvera finalement le monde… ressemble trèèèèès fortement à ma fille adoptive.
– OH BEN CA ALORS !

À noter que pour nos amis scénaristes, quand vous avez décidé de mettre une tribu de télépathes et qu’elle veut expliquer un truc à des étrangers, il existe deux options :

– La télépathie, qui permet de justifier qu’un personnage reçoive soudain plein d’informations droit dans le crâne instantanément
– Un bas-relief à la con qu’il faudrait des années à déchiffrer en temps normal

Le film a choisi la deuxième option, je salue bien fort la performance qui sent bon l’écriture après une soirée tacos un peu arrosée.

Quant à Kong, toujours accompagné de Bébé Kong, il fait lui aussi une découverte : il tombe sur d’autres grands singes, qui travaillent pour Scar, un grand singe rouge très méchant qui les domine par la terreur. Comment sait-on qu’il est très méchant ? D’abord, il le porte sur lui (j’aime comme le cinéma apprend que les gens méchants ont forcément de sales gueules et inversement), et ensuite, il fait ce que tous les mauvais méchants font : il tue des membres de sa troupe gratuitement histoire de montrer à quel point il est cruel.

Je n’ai jamais bien compris où était l’intérêt d’affaiblir sa propre force, mais apparemment, chez les scénaristes, c’est super important : quand le méchant a le choix entre tuer le gentil ou un de ses fidèles, il tuera toujours un de ses sbires en ricanant pour montrer à quel point il est vilain (à défaut d’être efficace).

Scar tente bien de taper sur Kong sitôt qu’il l’aperçoit, mais le bougre résiste. Aussi, comme le disait le bas-relief, il brandit sa télécommande à douleur, une sorte de dague magique, et s’en sert pour faire sortir de son antre une sorte de dinosaure-pokémon enchaîné qui lui obéit au doigt et à l’œil, le fameux lézard géant cracheur de lasers. Forçant Kong à se replier puisque la bestiole crache du laser, oui, mais de gel (ne cherchez pas), ce qui brûle sérieusement le bras de notre héros poilu qui n’aime pas trop les sports d’hiver. Le voici donc qui s’enfuit retrouver ses humains préférés, et il s’effondre devant eux en sale état. Le Dr Pipo est bien embêté.

– Flûte. Comment Kong va-t-il pouvoir affronter Scar avec un bras tout cramé ? Car Scar risque de remonter à la surface, c’est ça que la tribu voulait nous dire ! C’est Scar, la menace ! Oh, comment allons-nous remettre Kong sur pied ?
– Grâce au projet Powerhouse.
– Que dis-tu, Bogoss ?
– Eh bien qu’en tant que vétérinaire, plutôt que d’apprendre à soigner des engelures, j’ai participé à concevoir un super projet secret d’exosquelette pour bras de singe géant.

Ce que vous entendez derrière vous, c’est votre boîte à « Ça alors ! » qui devient folle. Serrez-la fort, car ce n’est pas fini.

– Ça alors, ça tombe bien !
– Mieux encore, le projet est terminé et par un heureux hasard, nous avions déposé un prototype dans le monde souterrain !
– ÇA ALORS !
– Mieux mieux encore, le seul prototype est PILE de la taille de la blessure de King Kong !
– ÇAAA ALOOORS !
– MIEUX MIEUX MIEUX il est PILE pour le bon bras blessé ! C’eut été con d’avoir un prototype de main droite alors qu’il avait le bras gauche en vrac !
– ÇAAAAAAAAAAAAA ALOOOOOOOOOOOOOOOORS !

Vous le sentez, vous aussi ? Ce petit fumet de scénaristes qui se disent « Ça serait bien que Kong se batte avec un bras robotique, mais on n’a aucune idée de comment l’amener, alors amenons-le n’importe comment ?« . Hmmm. Ça sent comme des toilettes de camping en été (enfin je suppose : je ne fréquente pas ces boîtes à gueux).

Godzilla & Kong, ici hurlant « ÇA ALORS ! » en chœur.

Il est donc temps que tout le monde se prépare à la guerre.

  1. Kong reçoit un gros bras mécanique sur sa blessure et s’en va chercher Godzilla en renfort pour péter la gueule de Scar
  2. Godzilla est superchargé et entend son appel (sachant que Kong remonte à la surface en Egypte et hurle, ce que Godzilla entend… à Gibraltar)
  3. Léa la fille adoptive du Dr Pipo va dans le temple de la tribu et réveille Mothra la mite géante pouf pouf comme ça… parce que et oui, hop, elle était là. Ok. Injecteur turbo.

Je plaisante, mais tout de même :

Mothra.

MOTHRA.

Si l’ennemi est un énorme pullover, il va prendre sa branlée.

Le problème, c’est qu’en allant à la surface chercher Godzilla, Kong s’est mal fait comprendre : Godzilla a juste vu que le grand singe était sur son territoire, et le gros lézard n’a pas pissé partout pour marquer son territoire pour rien, eh, ho. Il veut donc instantanément latter Kong pour intrusion. Notez qu’au début du film, le même s’en foutait quand Kong venait prendre rendez-vous chez le dentiste à la surface, mais là, allez savoir pourquoi, ça l’énerve. On a donc une scène où Godzilla se rend en Egypte, écrase les pyramides sur son passage et… fait des prises de catch à King Kong.

Il y avait une chaise pliante géante dans les parages, je connais un gorille de 50 mètres qui se la prenait sur la truffe.

Notons que Kong ne rend pas ses intentions bien claires, puisqu’il se contente de péter la gueule de Godzilla. Plutôt que de lui montrer « Saute dans le trou qui mène dans le monde souterrain à ma suite, tu verras en bas, il y a un gros con qui s’appelle Scar », son plan est donc « Je vais te latter, et te trainer avec moi, et comme ça tu comprendras que j’ai besoin d’aide ». Hmmm. Bon, King Con, donc. Heureusement, c’est à ce stade que Mothra, la mite dégueulasse qui fait des bruits de dauphin (pour faire gentil et kikinou, mais ça ne prend pas : elle est vraiment dégueulasse) débarque et communique avec les deux pour leur dire « Allez, faites vous un bisou et la paix, parce qu’on a du boulot mes petits amis ».

Oui, Mothra met tout le monde d’accord. C’est son pouvoir : elle est à la fois attachante et centrale, c’est un peu une mite d’amarrage, si vous voulez.

Toute la fine équipe se rue en conséquence dans le monde souterrain, où Scar s’apprêtait justement à remonter à la surface : la bataille finale peut commencer.

Kong tape sur Scar, Godzilla sur l’animoche lanceur de gel de Scar, Mothra met sa mite partout et c’est dégoûtant, quant aux humains, ils font « Hooo ! » « Haaa ! » et lancent des diversions plus ou moins ridicules et inutiles de temps à autres. Bon, pas de bol, le monde souterrain dispose de portails magiques vers la surface, et par un malheureux accident, les monstres en pleine baston tombent dans l’un d’entre eux et se retrouvent à se meuler à Rio de Janeiro, où tout de suite, ça fait moins la fête.

Sans surprise, Scar prend sa raclée, non sans que son monstre lanceur de glace ne soit libéré de l’esclavage dans lequel il se trouvait lorsque la télécommande à douleur est détruite. Tout le monde est donc heureux, car sans Scar, plus de bagarre, et chacun peut rentrer chez soi.

  • Les humains font la fête et tapent fort dans la main de Léa, la petite fille qui a réveillé Mothra par le pouvoir du script (le reste de la tribu locale s’étant coupé les ongles pendant ce temps)
  • Godzilla s’en retourne dans son nouveau petit panier où faire dodo comme un chaton,à savoir le Colisée de Rome, ce qui emmerde un peu l’Italie qui va devoir payer la litière
  • King Kong et Bébé Kong retournent dans le monde sousouterrain grimpés sur le monstre lanceur de gel, désormais gentil, afin d’annoncer aux singes locaux que Scar est mort et que son règne de terreur étant fini, ils peuvent vivre libres

C’est donc un moment heureux où le monde a été sauvé de la destruction pour la 257ème fois et…

… FIN !

Vous ai-je parlé de la tenue du Dr Pipo et de Bogoss pour aller explorer le monde souterrain ultra-hostile ? Non ? Eh bien voilà. Une chemise à fleur, même pas un sac à dos, et en route.

Mais ? Des gens ont sérieusement financé ce truc sans considérer que c’était un énorme nanar digne d’une histoire de requin radioactif ?


Quelques mois plus tard, à Hollywood.

– Johnson ! Nous avons besoin d’une nouvelle idée de film ! Vite, je compte sur votre inventivité.
– Alors euh ce serait… un gorille ?
– Hmmm, oui, super ?
– Et un… lézard ?
– Continuez.
– Ils viendraient d’un monde souterrain et ils affronteraient disons… un gorille… et un lézard. Mais venus d’un monde encore plus souterrain.
– … attendez Johnson, vous ne viendriez pas de me revendre exactement le film précédent ?
– …
– …
– … et si je rajoute que cette fois, ils découvrent une nouvelle mite géante venue d’encore plus profond ?

Le producteur fronce les sourcils.

– Johnson…

Le scénariste rentre la tête entre les épaules.

– … pensez-vous que 150 millions de dollars suffiront ?

Et le plus beau ? C’est qu’il n’y a pas eu qu’un seul scénariste pour pondre tout cela. Oh que non : ils étaient trois.

Une inventivité pareille, il fallait bien ça.

L’ire ensemble – Midnight Sun –Épisode 7

$
0
0

L’année 2024 s’écoula sans nouveau passage de Midnight Sun, dont nous avions pourtant étudié le précédent épisode ici.

Les plus pervers d’entre vous sont donc venus me trouver pour demander quand diable ils auraient la suite des aventures du vampire le plus attardé de l’histoire de l’humanité, et de sa petite amie dont le super pouvoir est de n’avoir aucune pensée. Eh bien, soit, bande de monstres, soit ! Reprenons donc là où nous en étions arrêtés.

Edward, l’homme mi-vampire mi-boule à facettes, tente de pécho Bella. Pour ce faire, il l’a invitée dans sa demeure familiale, afin de lui montrer sa collection de figurines Evangélion. Ou quelque chose dans cet esprit. En tous les cas, il veut qu’elle découvre son intimité, et nous savons tous que par « intimité », il veut dire « lui montrer Edwardito ».

Va-t-il y parvenir ?

Lisons, mes bons !

La bête revient.


Edward et Bella arrivant dans l’immense maison où lui et les siens habitent, ils croisent naturellement le géniteur de notre héros, Carlisle.

Carlisle plaça un marque- page dans l’épais volume qu’il était en train de lire et se leva pour nous accueillir.

J’aime comme dans ces fictions, pour montrer que quelqu’un est intelligent, il lit forcément de gros livres. Vous ne saurez ni ce que c’est, ni de quoi ça parle, par contre, c’est gros. Alors que si ça se trouve, Carlisle était en train de relire 1001 blagues de pets. 

Les salutations effectuées, Carlisle laisse les deux tourtereaux tranquilles, et Edward en profite pour montrer à sa belle les souvenirs qui parsèment la maison, et qui racontent un peu de l’histoire de chacun de ses membres. Comme par exemple, comment Carlisle a très mal vécu d’être transformé en vampire au XVIIème siècle. Et a donc tenté de mettre fin à sa nouvelle existence.

Sans quitter du regard le tableau, je listai les tentatives de suicide de Carlisle.— Il s’est jeté du haut de falaises. Il a tenté de se noyer dans l’océan… Mais il commençait sa nouvelle vie et il était très fort.

Alors très fort, je ne sais pas, mais très con, j’en suis assez certain.

Le type se transforme en vampire. Il se réveille pour découvrir qu’il est juste un cadavre ambulant qui n’a plus besoin de manger, boire ou même respirer. Sa première idée pour se suicider est fort logiquement :

« Et si j’essayais de me noyer ? »

La question est donc : au bout de combien de temps a-t-il réalisé qu’il était idiot ? Après 15mn sous l’eau ? 30mn ? 2 jours ? A-t-il articulé « Bloubloublou, je sbluis débibloublou! » au fond de l’eau avant de remonter, penaud, faire sécher ses os et son slip ? Le livre reste assez évasif sur le sujet. Ce qui est bien dommage, mais poursuivons. Car figurez-vous que Carlisle était Anglais (il était donc déjà en partie un monstre), et qu’une fois transformé en créature incapable de manger un fish & chips, il a décidé de rejoindre la France.

Je décrivis la nuit où il avait découvert un autre mode de survie, le compromis du sang animal, sa guérison, son retour à une normalité rationnelle. Puis comment il avait gagné le continent à la nage…
— Pardon ? me coupa- t- elle.
— Les gens traversent la Manche à la nage tout le temps, Bella.

Alors, deux choses.

D’abord, on notera que Carlisle est incapable de prendre le bateau. Ou même une barque. Non, lui, il traverse la Manche à la nage parce que… parce que. M’est avis que c’est surtout après sa tentative de suicide par noyade qu’il s’est trompé de côté en remontant.

Ensuite… hmmmm, des gens qui traversent tout le temps la Manche à la nage Edward ?

Elle a mal vieilli, cette réplique.

Mais, assez parlé de Carlisle ! Edward évoque comment lui-même a été transformé puis accueilli par Carlisle garnement qui s’était installé aux Etats-Unis (on ignore s’il a traversé l’Atlantique à la nage). Comme ce n’est pas très palpitant, il décide de sauter directement à une partie plus rigolote : comment fut un temps, Edward avait décidé de devenir un prédateur et de se nourrir de sang humain, oui… mais uniquement en boulottant des criminels. Des gens que la société ne regretterait pas (Edward est de droite, il ne faut pas le chauffer sur la réinsertion). Et il repense à une traque bien particulière. Celle d’un… pervers.

Il s’était contenté de rêver de ce à quoi il aspirait. Il s’était borné à épier la fille qui habitait l’immeuble en haut de la rue, ne l’avait pas abordée.

Edward, l’homme qui épie les filles depuis les arbres et va se toucher le trilili dans leur chambre le soir venu, se souvient fièrement de comment il a buté un type qui avait regardé une fille de travers.

Cherchez l’erreur.

Par ailleurs, sa victime potentielle n’était qu’une enfant.

Nous explique le type qui veut coucher avec une ado alors qu’il a seulement, quoi ? Un siècle de plus qu’elle ?

Non vraiment, le livre aurait pu évoquer Edward attaquant un meurtrier, un braqueur ou un psychopathe quelconque, mais non : il a décidé que l’exemple parfait, c’est un pervers épiant plus jeune que lui.

Je crois que finalement, 1001 blagues de pets est peut-être mieux écrit que cela, en effet.

Enfin : Edward emmène ensuite Bella dans sa chambre, mais pour lui montrer non pas les parties les plus étonnantes de son anatomie, mais sa collection de CDs.

— Comment les ranges- tu ? s’enquit- elle, perplexe devant ma collection de CD.

Moi aussi, quand je vais chez des gens et que je passe devant leur bibliothèque, au lieu de regarder ce qu’il y a dedans, ma première question est de savoir comment ils les rangent. On ne sait jamais, de là pourrait naître une conversation palpitante sur les systèmes de classification ! Alors Bella, je vais être direct : non. Ça ne marche pas. À part sur les bibliothécaires, ces êtres étranges chez qui vous pouvez provoquer des redirections sanguines en leur susurrant à l’oreille « Je vais te parler du système de classification décimal de Dewey ». Si vous le faites bien, vous devriez entendre en retour : « Bon sang, prends-moi comme un Marc Lévy fraîchement acheté sur liste d’attente ! ». Ne vous restera plus qu’à lâcher « Je vais te faire l’amour tellement longtemps que j’aurai des pénalités de retard », et votre nuit sera…

Ahem. Je m’égare. Revenons plutôt à nos vampires. Car Edward, voyant la belle dans sa chambre, n’a de cesse de se demander quand elle va prendre ses jambes à son cou, effrayée d’être chez un vampire.

— Tu guettes toujours le moment où je vais déguerpir en braillant comme une perdue, hein ? me lança- t- elle.

Alors oui.

Mais en même temps, vous êtes devant une putain de collection de CDs. Edward n’a aucune raison de penser cela, et toi Bella, encore moins de le deviner puisque ça n’a aucun sens. Sauf, bien sûr, si Edward sait qu’il a un truc qui pourrait vraiment effrayer la belle, comme un CD de  L’Agitateur de Jean-Pascal, coincé entre La Schtroumpf Party 2 et La Schtroumpf Party 5 (c’est vrai que son classement est à chier maintenant qu’on en parle).

Mais assez ! Assez de lectures, assez de littérature, Edward a une proposition à faire à Bella. Et si on sortait ? Car un orage va éclater au-dessus de la ville de nos héros, et couvrira les bruits des vampires s’ils veulent… jouer au base-ball avec leur super force !

— Nous, nous allons faire une partie de base- ball.
— Les vampires aiment le base- ball ? répliqua- t- elle, dubitative

Seulement les vampires américains et japonais, Bella. Les autres vampires jouent du violoncelle, de l’orgue ou peignent, mais toi, tu es tombée sur les vampires qui jouent au base-ball. C’est… comment dire ? Regarde bien ton vampire, je pense que tu trouveras une étiquette « Temu » ou « Wish » dessus.

Enfin : pour commencer, Bella doit repasser par chez elle. Et Edward repassera la chercher. Il se fait donc un plaisir de la déposer devant chez son papa qui reçoit des amis, et là…

C’est dans cet état d’esprit que je me penchai vers Bella pour l’embrasser. Rien que pour embêter le vieux bonhomme, je plaquai mes lèvres sur sa gorge au lieu de sa bouche.

« Eheh, je vais embêter le vieux là-bas en montrant que je ne sais pas où se trouve la bouche de ma nana ! »

Bella se retrouve donc 1) sans bisou 2) avec un suçon 3) avec un blaireau

C’est beaucoup.

Laissant sa belle, Edward retourne chez lui, où il décide de changer dé véhicule. Et après le base-ball, découvrons un autre indice qui prouve qu’Edward est en fait aux vampires ce que les ploucs sont à mes lecteurs.

Ne serait- ce que par sa taille, la Jeep était la plus voyante de nos voitures.

Alors, je vous passe la description, mais on insiste TRES lourdement sur le fait que la jeep est très, très grosse. C’est intéressant, ce besoin de grosses voitures chez Edward. En tout cas, c’est au volant d’un monstre mécanique sorti des pires cauchemars de Greta Thunberg que notre héros s’en va chercher sa petite zouzette. Qui est pendant ce temps occupée à expliquer à son père que oui, elle a un mec, et que oui, il va passer la chercher d’une minute à l’autre. Ce qui surprend donc Papa Swan.

— Mais tu m’as raconté hier soir que tu ne t’intéressais à aucun des garçons de la ville, se plaignit- il.
— Edward n’habite pas en ville.

Je vous la refais.

— Mais tu m’as raconté hier soir que tu ne t’intéressais à aucun des garçons de Paris.
— Edward habite à Neuilly.

Ah oui : rien à voir. Edward n’habite pas en ville ! Certes, bon, il y passe ses journées, y étudie, va au lycée… mais il habite à, pfiou, au moins 5mn de route ! C’est une véritable relation à distance papa, tu ne peux pas comprendre, tu ne me comprends pas, bouhouhouhsnifousnourfsnurf *bruit de porte de chambre qui claque*.

Heureusement, Edward arrive sur ces entrefaites.

Je sonnai et m’empressai de mettre ma capuche. J’étais doué pour imiter les humains

Mais qu’eeeest-ce que je viens de lire ?

– Michel ! Regarde là-bas ! Un vampire !
– Mais non, tu vois bien qu’il a une capuche !
– Aaah oui, pardon. Cherchons ailleurs !

On se croirait dans Lupin, avec Omar Sy, où tout le monde chercher Omar Sy, mais quand ils l’aperçoivent « Non, nous, on cherche un Omar Sy à casquette ! Mais là, c’est un Omar Sy à bonnet ! Rien à voir ! »

Ça a beau être Edward le vampire, c’est moi-même qui perd un peu plus de mon humanité à chaque minute qui passe. Papa Swan, qui est shérif je le rappelle, se laisse en tout cas berner par la capuche (les gens à capuche ne sont jamais suspects, dans son métier, on le sait), fait rentrer Edward, qui va chercher Bella et ressort. Par la porte, ce qui est un peu une nouveauté pour notre pervers plus habitué aux fenêtres. Bella aperçoit donc son véhicule.

— Tu as une… sacrée grosse Jeep, marmonna- t- elle, un peu craintive.

Si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi on insiste énormément sur la taille de la jeep, au point qu’elle fait peur, je suis preneur. C’est quoi ? Une allégorie beauf ?

– Bella, voici ma jeep.
– Seigneur Edward elle… elle est énorme.
– Et elle est toute à toi.
– Mais Edward, elle est immense, jamais je ne pourrai grimper… enfin… c’est un monstre !
– Ouais bébé ! Et encore t’as rien vu et… euh… oh merde…
– Attends, tu viendrais pas de caler ?
– Euh… c’est la première fois que ça m’arrive.
– Hmmm… mouais… eh ben bonne soirée, Edward !

Suis-je en train de lire un livre où une grosse voiture est vraiment utilisée pour faire une figure de style popolesque ? Par ailleurs, qui croit encore que grosse voiture signifie membre puissant ? Je dirais donc simplement ceci : rappelez-vous que cet italien de Rocco Siffredi roulait en Fiat. Et je n’ai rien à ajouter.

Surmontant sa peur, Bella parvient à grimper dans l’immense, la formidable, la titanesque jeep, et voilà son bel amant qui l’emmène dans les hauteurs proches de la ville. Où il finit par se garer, expliquant à Bella qu’il va falloir finir la route à pied (ça valait le coup de prendre la jeep infernale). Mais que comme il court fort vite, il la portera. Bella s’inquiète : n’est-ce pas dangereux ? Edward dissipe ses doutes :

— Crois- tu que je laisserais un arbre t’attaquer ?

Formulé comme ça, on dirait que dans la région, les arbres crachent par terre et vendent du shit. Alors que bon, on parle juste d’un type qui dit « Nan mais je ferai attention aux branches ». Quel courage, cet Edward ! J’espère quand même qu’il va se prendre un bouleau un peu hostile sur la gueule, mais ça, c’est juste moi.

Edward la porte, l’emmène jusque là où va se tenir la partie de base-ball, et là, après l’avoir déposée…

— Ouille ! Virevoltant sur moi- même, je découvris qu’elle s’était affalée par terre, pareille à une poupée abandonnée sur le sol. Sa surprise première se transforma rapidement en indignation, comme si elle ne savait pas comment elle avait pu tomber

Rappelons que Bella est une gourdasse, et que toute une partie de l’ouvrage est consacrée à nous rappeler régulièrement qu’elle se vautre, même sur terrain plat, sans jamais la moindre explication.

Quelque part, il y a donc des gens secrètement excités par voir d’autres personnes tomber. J’imagine qu’ils se tripotent devant de vieilles VHS de Vidéo Gag, et rien que pour ça, je propose d’immédiatement oublier ce que je viens d’écrire tant c’est repoussant. Concentrons-nous plutôt sur Edward et Bella qui, après avoir échappé à une embuscade d’arbres, mais pas à la gravité, parviennent enfin à la clairière tant recherchée.

Je l’entraînai par la main. Au bout d’à peine dix mètres, nous franchîmes la lisière de la forêt et débouchâmes dans le vaste champ que ma famille surnommait « la clairière ».

– Bella, tu vois cet espace découvert entouré de forêt ?
– Oui, ça s’appelle une clairière.
– C’est pourquoi nous avons décidé de la surnommer « la clairière ».
– … ah oui, vous êtes brillants dans la famille.
– Ouiiiii… mon papa lit des groooos livres…

Je vous confirme que le dernier a un titre commençait par « 1001 ».

— OK, on batte en premier. Carlisle hocha la tête. Alice, lui et moi gagnâmes nos positions. Esmé était en train de parler à Bella de son bébé mort juste après la naissance, et l’intimité du sujet m’étonna.

Il est vrai que le premier sujet à aborder quand on rencontre quelqu’un, particulièrement à un match de base-ball, est son enfant mort.

Il y a clairement un problème avec ces gens, et, non, ce n’est pas le vampirisme. C’est même très secondaire.

Emmett visa plus juste, cette fois, et je me mis à courir avant que l’impact de la batte sur la balle ne retentisse comme un coup de tonnerre.

Soit : les vampires tapent tellement fort qu’ils ne peuvent jouer que les jours d’orage tant ils font du potin. J’entends.

Mais, puis-je me permettre une paire de remarques ?

  • Vous n’êtes pas obligés de taper comme des sourds
  • Si ça fait vraiment ce bruit, Bella est sourde et s’exprimera en hurlant désormais « KÉKETUDI EDOUARDE ? »
  • On est aux Etats-Unis : si ça fait « bang ! » tout le monde trouve ça normal, calmez-vous
  • Sinon, vous avez pensé aux échecs ?

Mais non. Rien de tout cela n’a effleuré l’esprit de nos larrons. Par contre, autre chose atteint leurs cerveaux pas très vifs :

Je devinai leur prochaine stratégie avant même qu’Emmett et Jasper échangent une nouvelle fois leurs postes. Emmett allait frapper très loin pour permettre à Rosalie d’atteindre le marbre. Alice avait également vu la chose et, apparemment, ils étaient censés gagner.

Ah.

Donc vous jouez à un jeu en sachant qu’Alice, qui peut voir le futur, connait la fin de la partie. Et que l’un des joueurs connait automatiquement la stratégie d’en face. Mais sinon, c’est pas un peu chiant ? Vous jouez au poker avec Edward et Alice aussi, ou bien avez-vous compris que c’était débile ?

Mais non. À aucun moment ils ne se sont dit « Et si on jouait sans les deux connards qui pourrissent tout ? ». Cependant, le pire est à venir. Retenez bien qu’Alice peut voir l’issue du match (mais ne fait jamais de paris sportifs pour autant, retourner au lycée 20 fois par siècle, c’est vachement plus constructif). En attendant, Bella soupire, tant les vampires l’épatent.

— Je suis un peu déçue quand même, me nargua- t- elle.
— Pourquoi ? Elle avait l’air tout sauf déçue.
— J’aimerais vraiment découvrir un domaine dans lequel vous n’excellez pas.

Je peux t’aider, Bella. Comme ça, de tête :

  • Ne pas être complètement con
  • Ne pas être de gros pervers en maraude
  • Savoir qu’on ne peut pas se noyer quand on ne respire pas
  • Avoir du bon sens de manière générale

Je m’arrête là, principalement parce que je pourrais y passer la journée.

Et surtout, arrivons à l’énoooorme rebondissement : alors que nos amis jouent comme de gros débiles en faisant un boucan de tous les diables, leur raffut attire soudain des invités indésirables. Des vampires en maraude qui passaient par là, et qui eux, n’ont rien contre boulotter de l’humain. C’est Alice qui les sent venir, puis Edward qui sent leurs lointaines pensées.

D’après Alice, ils arriveraient dans la clairière de trois endroits différents, aux aguets, afin de se regrouper pour présenter un front uni

Et rien ne va.

D’abord, il faudra m’expliquer comment trois personnes venant de trois points différents vont pouvoir « présenter un front uni ». Si elles arrivent de trois endroits, elles seront dispersées en trois points. Mais cela est visiblement trop complexe pour Edward le neuneu.

Ensuite, Alice peut donc voir la fin d’une partie de base-ball MAIS PAS QU’ILS ALLAIENT AVOIR UNE ARRIVEE DE VAMPIRES TUEURS ! Ça, elle ne le voit que 30 secondes avant que ça n’arrive façon « Oups, j’avais oublié de vous dire, hihihi ! ». Ah non mais on comprend Alice : l’important, c’est le résultat du match. les tueurs psychopathes, ça peut attendre.

Et ensuite… ensuite ?

Non, vous savez quoi ?

On attendra justement la suite. Je suis un être humain, épargnez-moi un peu, diable !

The Bêteman

$
0
0

Batman est un super enquêteur.

Voilà généralement ce que vous pouvez retrouver dans la plupart des discussions sur « Quel est le super pouvoir de Batman à part d’être honteusement riche ? ». Et c’est en effet plus ou moins officiel, tant des comics entiers sont dédiés aux investigations du célèbre détective crypto-transformiste. Par conséquent, si je vous demandais de m’écrire une aventure de Batman là, au débotté, sur le thème « Il y a un crime », j’ose imaginer que le premier truc que vous me répondriez serait « Batman va enquêter ».

Eh bien à Hollywood, quelqu’un a dit « Non, en fait, il va faire du rien. Puis-je en faire un film de trois heures avec un budget de 185 millions de dollars ? » et quelqu’un a répondu « Mais, fais-toi plaiz’ ! »

Personnellement, s’il y a une enquête à mener, c’est plutôt par là que j’irais voir.

« Enfin, » me direz-vous de votre voix au timbre raffiné « le film a eu d’excellentes critiques, comment osez-vous dire que ce serait en fait une daube où Batman ferait du rien ? »

Et j’entends, j’entends, lecteurs de peu de foi. Et je n’ai qu’une seule réponse à cela :

Spoilons, mes bons !


L’affiche. Dois-je commenter la couleur du ciel ou ça ira ?

Notre film commence au travers des yeux d’un monsieur avec des jumelles qui respire très fort en observant une belle maison. Celui-ci est en train d’espionner toute une petite famille, probablement en marmonnant « Hmmmouiiii, fifille… », mais finalement, à défaut de fifille, il décide d’arrêter son attention sur le père de famille, qui n’est autre que le maire de Gotham City. Et profitant d’un moment où il se trouve seul, notre pervers se faufile dans la maison, puis au cri de « Ça, c’est pour les ralentisseurs et les ronds-points !« , savate lourdement le pauvre élu, qui en décède.

Pendant ce temps, à l’extérieur, le reste de Gotham est plongé dans le crime. On aperçoit tour à tour un braqueur, des tagueurs et une bande de jeunes fifous qui veulent agresser à douze un type isolé. Une voix off, celle de Bêteman, car comme vous le verrez, il est plus andouille que chauve-souris, résonne en voix off.

« Cela fait deux ans que je hante les nuits de Gotham. Deux ans que je viens venger les innocents. Les criminels ont appris à me craindre. Passque… euh… passque j’les tape ! »

En effet, sitôt que le bête-signal apparaît dans le ciel, on aperçoit le braqueur paniquer, lâcher son arme et fuir, les tagueurs arrêter d’écrire « ACAB » pour retourner dans la piscine à boules de la garderie partager leurs brillantes idées politiques, et pour les agresseurs… eux ont moins de chance, car ils tombent directement sur Bêteman, qui sortant des ombres, leur malaxe la gueule à coups de mandales, tatanes et autres tasers. On comprend d’ailleurs pourquoi ce film s’est retrouvé sur Netflix : la bande de vilains agresseurs n’est constitué que de petits blancs, sauf un type de couleur qui évidemment, est le seul qui refuse d’agresser. Il est probablement venu avec eux par amour de la randonnée urbaine, et a au fond de lui, cette fameuse bonté naturelle des gens de couleur que les Bons Gros Racistes aiment à glisser dans les films. Ah, ces gens de couleur ! Faudrait pas qu’ils soient comme les blancs. Eux sont différents : toujours gentils et souriants. Ma grand-mère disait pareil en nous montrant ses boites de chocolat en poudre. Ah, le progrès !

Mais passons.

Car alors que Bêteman en a fini avec les vilains, il lève les yeux pour apercevoir dans le ciel le bête-signal. On a besoin de lui… à la résidence du maire de Gotham, que l’on vient de retrouver mort. Sur place, l’inspecteur Gordon l’attend. Ce qui ne fait guère plaisir à ses camarades en uniforme ou à son supérieur, le commissaire Grokon, qui trouvent tous que bon, confier tes enquêtes à un type qui se déguise en rongeur volant, c’est quand même pas ce qu’il y a de plus professionnel. Mais Gordon insiste : il faut laisser Bêteman accéder à la scène de crime. Alors oubliez sa tenue de drag queen gothique et écartez-vous, bordel. Et ce qui est dit est fait.

– Bêteman, vous voilà ! On a bien besoin de vous sur cette enquête.
– Quand le corps a-t-il été découvert ?
– Il y a une heure. Soit le temps exact nécessaire pour que je me dise « Ouah, pfou, c’est trop dur cette enquête, j’appelle Bêteman. »

Oui, Gordon est un gros branlos. Avant même d’essayer de résoudre le moindre crime, il confie le dossier à un type douteux. Quel talent ! Mais, voyons plutôt la scène de crime. Car le maire a été retrouvé tout mort, avec un pouce en moins, ligoté à une chaise, et avec un scotch où il était écrit « Arrête de mentir, menteur ! » sur la bouche. Mais ce qui a poussé Gordon à appeler Bêteman, c’est qu’on a retrouvé une enveloppe à proximité, marquée « Pour Bêteman. »

– Ah ! Voilà qui justifie que vous m’ayez appelé dans l’intrigue !
– Euh… pas exactement, Bêteman. Je suis policier. Si un meurtrier laisse une enveloppe, je suis supposé l’étudier au labo et m’en servir d’élément pour l’enquête. Pas faire le facteur. Si un terroriste laisse une lettre pour le président, vous imaginez bien que mon boulot ne consiste pas à lui remettre sans poser de questions.
– C’est vrai que vous êtes un branleur en fait !
– Il suffit, Bêteman !

Car il est temps d’ouvrir l’enveloppe, qui contient une carte de vœu, avec à l’intérieur une énigme :

– « Que fait un menteur qui se noie ? ». Hmmm…
– Pas facile, Bêteman !
– Il ment à l’eau… mais oui, une menthe à l’eau ! Sûrement une référence à Eddy Mitchell ! Vite, envoyez toutes les unités l’arrêter !

Sauf que non. Eddy Mitchell, brièvement passé à tabac, est relâché. En réalité, c’est la clé pour décoder un message au dos de la carte. Message que Gordon refuse de remettre à Bêteman parce que vas-y, c’est ma preuve, t’y touche pas. Oui, en fonction des besoins de l’intrigue, des fois Gordon propose à Bêteman de venir danser au milieu d’une scène de crime pour lui remettre son courrier, mais des fois, il lui dit que « Par contre, je te laisse pas le courrier, c’est pas pro. » Hmmm. D’accord. Quelle équipe ! Boudeur, Bêteman s’en va, et retourne dans sa bête cave sur son bête solex.

Alors, je dis « bête solex » car ne vous attendez pas à une batmoto bourrée de gadgets : dans ce film, Batman est un homme d’Action. Et quand je dis « Action » avec une majuscule, c’est parce que je pense au magasin. Tous ses accessoires sont, disons, discounts, mais cela a quelques avantages. Par exemple, en usant d’un bête solex, Batman peut ranger sa tenue dans son sac à dos et rentrer chez lui en deux roues dans les rues de Gotham sans trop éveiller l’attention. Personne ne se doute donc que cette silhouette qui retourne vers la Wayne Tower qui domine la ville n’est autre que Bruce Wayne, alias Bêteman. Après avoir garé son bête solex dans la bête cave sous la maison, il retire son meilleur gadget : une lentille de contact sur son œil qui enregistre tout ce qu’il voit et entend ! Et il peut ainsi réétudier, sur écran, le mystérieux message codé laissé par l’assassin, que Gordon a refusé de lui remettre. C’est alors que débarque dans la bête cave Alfred, le majordome de Bruce Wayne.

– Monsieur, je vois que la nuit a été longue. Vous devriez vous reposer.
– Et laisser le crime s’étendre comme une moisissure ? Jamais !
– Hmmm… monsieur, vous êtes milliardaire. Si vous commenciez par payer vos impôts, on pourrait avoir des dizaines d’unités de police en plus. Pas juste un gugusse en latex qui peut être à un seul endroit à la fois.
– Vous oubliez une chose, Alfred.
– Oui ?
– Je suis Bêteman.

Alfred, qui aime son petit protégé, aimerait lui dire que mais noooon, t’es pas si bête que ça. Mais Bruce insiste.

– Si, je suis Bêteman ! Tiens, regarde : tu vois ma super lentille de contact qui filme tout avec un curieux filtre rouge sans aucune explication possible ?
– Oui ?
– J’ai un putain de casque sur la tête avec des oreilles. J’aurais pu mettre une caméra dans l’une, et un micro dans l’autre, j’aurais eu une meilleure qualité de son et d’image, au lieu de payer une fortune une merde qui donne l’impression d’avoir la colorimétrie d’un terminator. En plus, je ne veux même pas savoir combien ça m’a coûté d’insérer un micro dans une lentille de contact. Ou des batteries, d’ailleurs.
– Alors c’est vrai que c’est pas très malin maiiiis… d’après le pitch, vous êtes quand même un enquêteur surdoué !
– Ah oui ? Tu m’as vu avec Gordon ? J’ai à peine étudié la scène de crime. Je n’ai même pas cherché d’indices qu’aurait pu laisser le meurtrier : un cheveu, une trace sur une vitre, remonter par où il est rentré… tiens, et avec Gordon, on n’a même pas demandé à regarder les caméras de sécurité du coin, alors qu’on parle de la résidence du maire de Gotham City ! En résumé : Gordon est un branleur, moi aussi, et on n’a même pas commencé le début d’une once d’enquête, on s’est juste contentés de récupérer le courrier du meurtrier, soit exactement ce qu’il voulait qu’on fasse.
– D’accord : vous êtes VRAIMENT Bêteman.

Voilà voilà.

Alors qu’Alfred explique que ce serait bien que Bruce Wayne fasse au moins un peu semblant de s’intéresser aux activités de sa propre entreprise, son bon maître lui répond qu’écoute mon p’tit, t’es gentil mais tu vas me faire un café, moi, j’ai un message à décoder. Et il s’y met, pour découvrir que le message est inutilement complexe : il faut décoder uniquement certaines lettres, tenir le document devant soit, n’observer que les lettres décodées, et elles forment alors des points qui eux-mêmes, forment un mot : « DRIVE ».

– Le film idiot avec le type au cure-dent ! s’exclame Bruce. Vite, je dois retourner à la maison du maire ! C’est sûrement lié à ses voitures ! Ou ses DVDs !

Et accompagné de Gordon, dès le lendemain soir, il se rend sur place et met la main sur un indice caché par l’assassin (Ah ! Si seulement quelqu’un avait fouillé la scène de crime ! Un inspect… un enquêt… oh, non, rien, ça ne doit pas être dans le film), à savoir cachée dans une voiture de collection du maire, une clé USB attachée au pouce manquant du monsieur. Gordon sort donc son ordinateur portable pour y mettre la clé. Et ils découvrent sur celle-ci… des photos du maire dans des situations compromettantes (comme en train de mimer des emotes Fortnites), et surtout un cliché où il est en train de sortir d’une boîte de nuit douteuse avec une femme qui n’est pas la sienne, le tout entouré de divers mafieux de Gotham. Quel gros coquinou ! Pendant que Bêteman demande à Gordon s’il ne pourrait pas zoomer sur la dame pour, euh, l’enquête bien sûr, voici que l’écran se bourre de messages d’alerte.

– Flûte ! s’exclame Gordon. La clé était piégée ! Rho, si seulement on n’était pas aussi bêtes et qu’on se disait qu’une clé USB laissée par un tueur, on aurait peut-être dû l’étudier de manière sécurisée d’abord !
– Il vous a refilé un virus ?
– Il a pris le contrôle de ma boîte mail et a envoyé ces photos à toute la presse !
– Gordon, vous voulez dire que le plan du tueur était donc de tuer le maire, laisser une énigme, elle-même contenant plusieurs niveaux d’énigme, espérer qu’on n’enquête pas et qu’on se contente de résoudre ses charades à la con, qu’on les résolve, qu’on revienne et qu’on viole bêtement toutes les procédures pour étudier sa clé sans aucune sécurité, et ainsi, faire que la presse reçoive ces photos ?
– Exactement, Bêteman.
– Mais alors pourquoi il n’a pas juste envoyé anonymement ces photos à la presse ?
– Eeeeeeeeeeeeh bieeeeeeeeeeeeeeeeeeeen…

Parce qu’on dirait que Bêteman et Gordon on trouvé un ennemi à leur hauteur !

– Et comment devrions-nous appeler ce nouvel ennemi ?
– Hmmm… un trou du cul qui adore les énigmes… j’ai trouvé : « Le Sphinxter ».

Bêteman se gratte alors le menton : et maintenant, que faire ? Après tout, le tueur du maire est toujours dans la nature. Alors, que faire ? Etudier cette mystérieuse clé plus avant ? Retourner inspecter la scène de crime ? Déterminer à partir de l’angle des photos du maire sortant de boîte où se trouvait le mystérieux photographe et voir s’il a laissé des indices ?

Non, ce serait intelligent, puisque cela signifierait « enquêter sur le meurtre du maire ».

Ici, Batman et Gordon regardant l’écran de l’ordinateur de Gordon où vient d’apparaître l’historique internet de ce dernier. C’est la dernière fois que Gordon utilise son PC perso pour le boulot.

À la place, Bêteman décide d’enquêter sur le maire (toujours blâmer la victime et laisser le tueur tranquille !). Et tente de retrouver la mystérieuse Madame avec qui il était sur la photo. Pour ce faire, il se rend au club devant lequel ont été prises les photos : le Macumba. Sauf que sur place, c’est tenue correcte exigée, et qu’on ne laisse pas rentrer les gens vêtus en chauve-souris, ce qui est de la discrimination. Bêteman n’ayant pas le temps de les attaquer en justice, il préfère leur attaquer la gueule directement, et savate donc tous les videurs sur son chemin, déclenche une fusillade dans la boîte de nuit, le genre de truc qui peut causer des morts me dit-on, mais Bêteman n’en a rien à foutre. Il est contre tuer et les armes à feu, mais causer des fusillades dans des lieux remplis de civils, c’est parfaitement okay. Bêteman : tu ne portes pas ton nom pour rien.

Finalement, notre neuneu masqué parvient à mettre la main sur le maître des lieux, un mafieu surnommé « Le Pingouin », probablement parce que c’est pas un manchot.

– Pingouin ! Dis-moi qui est la dame sur la photo avec le maire !
– Chaipatro.
– Damnation ! Il ne sait rien, alors qu’il est pourtant juste à côté sur la photo ! Tant pis, je laisse tomber;

Non, vraiment, quel enquêteur. Et sinon, essayer de chopper les caméras du club ? Interroger un videur un peu moins résistant aux menaces ? Tu ne veux vraiment pas… non ? Bon, bon, très bien Bêteman. De toute manière, notre héros a une piste. Il a repéré une serveuse qui a l’air d’en savoir pas mal sur ces photos, tant elle s’est montrée nerveuse en les apercevant. Bêteman décide donc de la suivre jusqu’à chez elle, où il découvre que la femme de la photo qu’il cherche… est là, dans le même appartement que la serveuse ! C’est sa colocataire, Annika. Bêteman les observe depuis un toit voisin, avec des jumelles, et ne se prive pas pour bien mater la serveuse, Sélina, lorsqu’elle se change.

Ah, eh, c’est pour… euh… l’enquête, hein !

Oui, Bêteman. Bien sûr. Petit pervers microcéphale, va ! Enfin. Il aperçoit justement la belle se changer en combi cuir et sortir par la fenêtre avant de sauter sur une moto avec une agilité féline. Vite ! Le bête solex ! Bêteman la suit moyennement discrètement, pour constater que la mystérieuse serveuse se rend… à la résidence du maire ! Et avec des talents de cambrioleuse incroyables, se faufile sur la scène de crime. Et va droit vers un tableau (Périzonium en chapiteau, un chef d’œuvre de l’art français), qu’elle écarte pour révéler un coffre fort caché. Elle l’ouvre sans le code grâce à de petits outils, et y récupère un passeport.

C’est à ce moment-là que Bêteman surgit derrière elle.

– Vous me dites si je vous fais chier.
– OH ! Bêteman ! Que faites-vous là ?
– C’est à moi de vous poser la question. Êtes-vous l’assassin du maire qui revient sur la scène du crime ?
– Ah ! Pas du tout ! V’là l’enquêteur ! Je suis une amie de sa maîtresse, Annika. Dont il avait fait sa prisonnière en lui confisquant son passeport. Je suis venu le récupérer.
– Alors d’accord, mais d’où vous connaissiez exactement l’emplacement du coffre-fort secret du maire que même la police n’a pas trouvé en fouillant les lieux ? Enfin siiii elle les a fouillés, notez. J’imagine mal le maire inviter sa maîtresse dans sa demeure familiale au vu et au su de tous pour lui dire « Tiens, je cache ton passeport ici. ». Donc elle ne doit pas connaître ce coffre non plus, et n’a donc pas pu vous en parler.
– Eeeh bien… vous oubliez quelque chose, Bêteman.
– Oui ?
– Vous êtes trop bête pour poser cette pertinente question.
– Ah merde, oui.

Les deux réalisent alors qu’ils sont dans le même camp. Celui des gens qui aiment le cuir et résoudre des crimes. Aussi retournent-ils ensemble chez Sélina, avec pour objectif de rendre son passeport à Annika, et de lui poser quelques questions sur tout ce merdier. Sauf qu’en arrivant, tout l’appartement est un gigantesque bazar, la porte a été forcée, et Annika a disparu, visiblement non sans grosse baston, elle a dû douiller. Là, vous vous dites « Mon dieu, Sélina doit être bouleversée ! Annika était son amie, vient d’être enlevée, et elles étaient si proches que Sélina était prête à tout risquer pour lui rendre son passeport et sa liberté ! ». N’est-ce pas ? Alors, comment Sélina va-t-elle réagir ? Hurlements ? Pleurs ? Panique ? Adrénaline qui tape et bougresse qui file à la poursuite des ravisseurs ?

Non.

En lieu et place elle décide de se faire un petit chocolat.

« Vous savez, c’est juste une personne pour laquelle je risquais ma vie, on va pas en chier une pendule, Bêteman. »

Ah mais on t’en prie Sélina. Savoure ta p’tite boisson au milieu des ruines de ton appartement où ta meilleure amie vient de se faire enlever comme si de rien n’était, on t’en prie. Et voilà comment on se retrouve avec une scène où Bêteman, qui ne relève pas non plus le problème, papote autour d’une boisson avec Sélina. Et parle de trucs palpitants comme :

– Dites-donc, vous avez plein de chats.
– Ouais, j’adore les chats.

Vous ne voudriez pas non plus nous parler de la météo ? Non parce que, qu’est-ce qu’il pleut à Gotham ! Tout ça, c’est les spoutniks qui nous dérèglent le climat. Finalement, ils décident qu’ils pourraient faire équipe pour retrouver Annika. Car ils finissent par se rappeler que ah tiens oui, merde, on n’était pas spécialement venus ici pour boire du Banania. Mais comment s’y prendre ? Les mafieux du club doivent savoir quelque chose.

– Je suis serveuse au Macumba. Contrairement à toi, Bêteman, je peux m’y infiltrer pour poser des questions. Et même dans le club sous le club.
– Quel club sous le club ?
– Le club secret réservé à la pègre et aux VIP. Situé sous le Macumba, nous l’appelons le Macumbé.
– Génial. Je vais t’y envoyer avec une de mes lentilles qui permet de filmer les gens.

À noter qu’en deux ans à Gotham, le super-méga-enquêteur-génial qu’est Bêteman n’a jamais entendu parler du club où tous les gens qu’il traque se réunissent la nuit venue. Vraiment, quel talent ! Bêteman approuve : la nuit prochaine, ils feront ça. Mais en attendant, il est appelé par l’inspecteur Gordon, qui a un truc à lui montrer. Et pas un truc très joyeux, puisque c’est une vidéo de l’exécution du commissaire Grokon, qui a lui aussi été tué par le Sphinxter, que l’on aperçoit masqué dans ladite vidéo.

– Regardez ! Il porte des lunettes bien particulières ! Et on aperçoit un décor derrière lui… Bêteman, vous pourriez analyser cela !
– Allons Gordon. Je suis Bêteman. Je n’ai donc qu’une seule question : avez-vous retrouvé un courrier sur les lieux du crime ?
– Ah ben oui, en effet : tenez, je vous le donne.

Surtout, prenez garde à ne surtout pas enquêter, les gars !

Et en lieu et place, nos deux gros débiles font donc exactement ce que le Sphinxter demande, à savoir jouer avec ses énigmes débiles. Dans celle-ci, en décodant un truc digne d’un paquet de céréales, il faut lire le message « Trouve-le rat-ailé et amène-le dans la lumière ».  Bêteman ne comprend pas.

– Une rongeur volant ? Moi, l’homme chauve-souris, je ne vois pas de quoi il parle.
– Alors là, moi non plus, Bêteman !

Si. Vraiment.

Et comme nous le verrons, en fait, le Sphinxter avait justement prévu qu’ils ne fassent pas le lien, car ce n’était pas du tout une référence à Batman. Quel talent.

En attendant, Bêteman a d’autres projets la nuit suivante. Comme par exemple, retrouver Sélina pour aller comme prévu infiltrer le Macumba, puis le Macumbé. Sélina est donc équipée de l’une des fameuses lentilles de contact magiques, et avec Bêteman qui lui cause dans l’oreillette, elle va donc jusqu’au Macumbé, espace VIP dissimulé sous le Macumba où toute la pègre se retrouve. Bêteman, qui voit via la lentille de contact, en profite pour scanner automatiquement tous les visages croisés. Et tombe donc sur énormément de gros bras de la mafia, dont les tronches sont enregistrées dans les bases de données de la police. Mais soudain, Bêteman aperçoit un visage qu’il ne parvient pas à scanner.

– La personne, là ! Assise, que l’on voit bien ! Sélina, tu dois la regarder à nouveau et fixement, mon logiciel a du mal avec ce monsieur !
– Mais si je le regarde fixement, il va me draguer, le lourd.
– C’est pas mon problème.
– Rho, merci gros sexiste.

Sélina y retourne, se fait draguer par le monsieur, et le regarde suffisamment longtemps pour qu’enfin, le logiciel l’identifie : c’est le procureur de Gotham City !

Oui, le logiciel de Batman peut t’identifier Gégé-les-pruneaux, mafieu de troisième zone évoqué dans deux dossiers obscurs de la police, par contre reconnaître le procureur qui fait régulièrement campagne pour être réélu, là, euh, bon, attends, montre mieux qui est cet illustre inconnu ? Oui, même le logiciel de Bêteman est bêtement codé. Après, il est peut-être en Bête-A, mais oooh, je ne suis pas le genre d’homme qui fait des blagues de développeur, cessez. Et concentrons-nous sur l’action. Car le procureur évoque un « rat » au détour d’une conversation. Comme dans l’énigme ! Bêteman ordonne à Sélina d’en demander plus, mais elle n’a guère de résultats. Heureusement, une secrétaire du procureur qui était à sa table, elle, lâche le morceau : le « rat » est une référence à un indicateur infiltré dans la mafia qui a permis au procureur de faire tomber Don Mafioso, le parrain de la ville, il y a quelques temps déjà. Sélina, cette information en poche, se rend aux toilettes pour pouvoir parler à voix haute à Bêteman sans se faire griller.

– Bêteman, vous avez entendu ? Le rat, c’est une taupe.
– Hmmm, j’aurais dit que c’était un rat, mais une taupe ? Attendez, je regarde dans livre « Je découvre les cris des animaux. »
– Bêteman !
– Rah, pfou. En plus ce n’est pas la vraie info.
– Quoi ? Vous vouliez l’identité du rat ? Ils refusent de me la donner, vous pensez bien !
– Non, Sélina. La vraie info, c’est que la moindre secrétaire d’un bureau de Gotham connait l’existence du Macumbé, mais même pas moi !

Effectivement, voilà qui souligne une fois de plus le niveau de Bêteman. Et comme en plus il fait un caca nerveux pour dire à Sélina de se remettre au turbin, elle lui répond que wopopop, tu vas te calmer, chuis pas ta pouliche, t’es pas mon mac, et hop, elle retire la lentille de contact et la balance, finissant ici la mission d’infiltration. Bêteman n’est pas content, mais c’est ainsi.

« Comment ça Alfred toi aussi tu savais pour le Macumbé ? Tu connais d’autres coins comme ça ? Attends, je prends des notes… la… fist… in… iè… »

Le lendemain, notre héros décide de se rendre à l’enterrement du maire, première victime dans cette affaire, car il suppose que son meurtrier sera présent aux funérailles qui s’avèrent être publiques. L’occasion de le repérer ? Venu en Bruce Wayne, il n’a aucun mal à avoir une bonne place dans l’assemblée. Mais alors que la cérémonie va commencer… vroum-vroum-vroum ! Un bruit de voiture surprend les présents, et bientôt, un véhicule entre en trombe dans l’église sans même retirer son chapeau. En descend alors le procureur de Gotham, qui a un collier explosif autour du cou, et un téléphone scotché à la main.

– Mais enfin, c’est pas une tenue pour un enterrement ! C’est même pas la bonne couleur !
– Taisez-vous, Bruce Wayne ! Hier soir, alors que je sortais du Macumb… ahem, du bureau, j’ai été enlevé par le Sphinxter, qui m’a posé tout cela ! Si je ne fais pas ce qu’il dit, il va me faire exploser ! Et dans ma main, ce téléphone qui sonne… c’est pour Bêteman !
– Bêteman vous dites ? Euh… je… ooooh, je dois aller faire caca.

Bruce Wayne disparait aux toilettes, l’église est évacuée, et quelques instants plus tard sort des WCs… BÊTEMAN !

– C’est moi ! Alors mon p’tit procureur, on a un appel pour moi ? Passez-moi ce téléphone !

Et c’est mieux qu’un appel. C’est un appel vidéo, diffusé en ligne et en direct ! Avec le Sphinxter qui propose un marché : si le procureur répond à trois énigmes, il vivra. Sinon…

– Vite ! ordonne Bêteman. Surtout, que personne ne tente de localiser l’origine de la vidéo ou du compte du Sphinxter ! Surtout, que personne ne fasse rien d’utile ! En lieu et place, faisons tout ce qu’il demande !

Car oui, une fois de plus, Bêteman… ne tente rien. Vraiment, quel incroyable héros. Vous ne voudriez pas juste faire un film sur le Sphinxter et son complice ? Plutôt que de mettre un héros qui ne tente même pas de le retrouver ? Non ? Bon. Alors passons aux trois énigmes du Sphinxter, qui glousse en live, tel un streamer de 12 ans.

– Voici l’énigme numéro 1 ! « Je n’ai pas de face et je… »
– Manuel Valls.
– Je… Je n’avais pas fini, mais d’accord, vous avez gagné.
– C’était facile. Envoie ta prochaine question, Spinxter !
– Deuxième énigme ! « Je suis un plat envahissant qu… »
– La poutine !
– Ah nan mais vous êtes en train de niquer mon jeu là en fait. Pour la peine, dernière énigme : « 6×7 ? »
– … oh mon dieu ! C’est trop dur !

Et le procureur ne sachant répondre, un compte à rebours s’enclenche sur son collier. Quelques secondes seulement. Bêteman s’empresse alors de venir le saisir par le col.

– Procureur ! Tu dois me donner le nom du rat !
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Pour résoudre l’énigme que m’a donné le Sphinxter !
– Vous ne voudriez pas plutôt essayer de désamorcer cette bombe ? Ou de l’arrêter ?
– NON ! Sinon comment on fait un film de trois heures ?
– Vous ne voudriez pas vous reculer alors ?
– Non, car je suis… BÊTEM-

Le procureur explose, et la bombe souffle ce crétin de Bêteman loin de lui. Le malheureux héros-neuneu en tombe raide inconscient.

À son réveil, il est au commissariat, entouré de policiers qui se demandent qui se cache sous le masque de Bêteman. Et s’apprêtent à le lui retirer. Car, oui : les policiers ont eu le temps de le ramasser sur le sol de l’église, de le charger dans une ambulance, de l’emmener au commissariat, de le traîner jusqu’à une salle à part, de le déposer sur une table, et là, uniquement là, quelqu’un s’est dit « Hé ! Et si on retirait son masque ? ». Même le personnel de l’ambulance n’y a pas pensé tant un type qui vient de se manger une explosion dans la margoulette n’a pas besoin qu’on regarde s’il va bien là-dessous.

Ah non mais vraiment : c’est très bien écrit.

Heureusement, Bêteman se réveille à temps, tape sur les policiers qui veulent lui retirer son joli déguisement, et finalement, ce n’est que grâce à l’aide de Gordon que Bêteman parvient à filer, feignant d’avoir assommé le brave inspecteur pour lui voler ses clés de cellule et prendre la fuite. Fuite durant laquelle il tente de déployer sa bête-cape, qui est un bête jump suit de civil, et en l’utilisant se vautre comme une merde et repart en boitant. Oui, le film prend un malin plaisir à nous montrer Bêteman… qui est bête.

Je me demande si en fait, le type derrière ce film n’a pas juste voulu se marrer, et des gens ont pris ça pour un chef-d’oeuvre. Bêteman est à chier en enquête, Bêteman se vautre durant les scènes d’action…

La suite est encore meilleure, puisque non seulement la réalisation oublie qu’elle vient elle-même d’éclater Bêteman contre le bitume – désormais il va bien mieux, merci – mais notre héros retrouve dans un loin discret ce brave Gordon pour préparer la suite.

– Bêteman ! Que fait-on maintenant ? On tente de retrouver le Sphinxter ?
– Nan, toujours pas.
– Ça devient longuet. Donc on continue à faire ce qu’il dit ? Chercher le rat ailé ?
– Oui. Et tu sais ce qui a des ailes ? Un pingouin !

Et voilà comment à partir de cela, Bêteman décide de surveiller le Pingouin, le suit alors qu’il va visiter un entrepôt de drogue, et on découvre qu’un de ses complices a dans son coffre le cadavre d’Annika (il le promenait visiblement depuis des jours, il est comme ça, il aime toujours avoir une preuve de meurtre sur lui). Super, et sinon ? Eh bien rien. À part que ça tourne à la fusillade – encore, et que le Pingouin fuyant en voiture, Bêteman va chercher la bête-mobile. À savoir une bête voiture… à laquelle il a accroché un réacteur aux fesses.

En conséquence, on se tape une longue, loooongue séquence de poursuite où Bêteman finit par coincer le Pingouin, non sans avoir causé un carambolage avec explosions de camions sur une autoroute bondée qui a dû faire des tonnes de mort. Mais pour Bêteman, si ce n’est pas lui qui tue par armes à feu, ça ne compte pas. D’ailleurs, il n’appelle même pas les secours. Les gens peuvent brûler dans leurs épaves enflammées. Sacré Bêteman !

Bêteman est contre tuer autrui, sauf avec une bagnole parce que c’est rigolo.

Cependant, il a quand même attrapé le Pingouin, et l’emmène dans un coin isolé pour lui claquer les joues à l’aide de ses grosses phalanges.

– Parle, Pingouin ! C’est toi, le rat ailé !
– Mais de quoi vous parlez ?
– Attends, c’est pas toi ? Toute cette course-poursuite, tous ces morts… c’était pour rien ?
– On dirait, Bêteman.

Pas tout à fait, Bêteman ! Après tout, tu viens de surprendre le Pingouin dans une usine de drogue, entouré de gens ayant causé une fusillade, avant qu’il n’aille tuer plein de gens via des carambolages sur l’autoroute. Tu as des millions de raison de l’arrêter, c’est donc…

– Bon ben alors pardon. Tu peux partir, Pingouin.
– Quoi ? Mais je… ahem, je voulais dire : Bêteman, tu es digne de ton nom.

Et donc, oui, je suis sérieux : Bêteman laisse le Pingouin tranquille sans poser de questions. Bêteman qui n’enquête pas, se vautre, et n’arrête même plus les criminels : on est très bien, là. Pendant ce temps, Bêteman repense à l’énigme se dit « Hmmm… amener le rat volant dans la lumière… et si ça voulait dire entrer « leratvolant » dans la barre de mon navigateur internet ? ».

Et… oui.

Ça marche. Oui, oui.

Je ne plaisante pas. Bêteman se retrouve donc sur une session privée Caramail avec le Sphinxter. Où il tchatte.

– Kikoo! C Bêteman. T ki?
– Le Sphinxter lol XPDTR. Ta trouvé le rat?
– C pas le pingou1 ?
– Lol nan. :D:D:D
– :'(
– Je V TD. Avec 1 nouvel victim.
– C ki?
– Enigm! « Il a pas de parents, mais il a du pognon »
– HAN C MWA
– ?
– Ou c « effacer message » ? Je voulé dire « C Bruce Wayne !

Et Bêteman de comprendre que la prochaine victime… c’est lui ! Le Sphinxter va donc attaquer la Wayne Tower ! Vite, Bêteman fonce, mais arrive trop tard. Alfred, qui ouvrait le courrier de son patron, s’est mangé une bombe dans la gueule, et est transporté à l’hôpital dans le coma. Bêteman hésite. Doit-il venger Alfred ? Retrouver le Sphinxter au plus vite ? Faire quelque chose d’utile ? Surtout pas, malheureux ! En lieu et place, il trouve sur la scène de l’explosion une enveloppe ignifugée, contenant une nouvelle énigme.

– Super ! Je vais pouvoir continuer à jouer avec le Monsieur qui vient de tenter de me tuer et a explosé mon seul quasi-parent ! Voyons voir…

Et à sa grande déception, c’est juste une carte de vœu « Rendez-vous en enfer. »

– Rho non ! Bon ben si j’ai rien pour jouer, je vais devoir m’occuper autrement.

Pas en enquêtant, hein, ce serait un peu intelligent. Bêteman préfère donc proposer un rendez-vous à Sélina, et les deux se roulent un patin, car comme chacun sait, rien ne vaut un attentat contre vos proches pour stimuler votre envie de romance immédiate. Sacré Bêteman ! Qu’est-ce que c’est bien écrit ! Sans qu’on comprenne bien pourquoi, Sélina enchaîne sur un monologue sur l’injustice et les vilains « riches blancs » (car c’est connu, les gens riches de couleur sont tous des chantres de vertu ; tu ne voudrais pas rajouter qu’ils ont le sens du rythme et dansent bien tant qu’à y être, Sélina ?).

Cela fait, Bêteman… eh bien, fait du rien. Et attend paisiblement que le Sphinxter lui dise que faire.

Quel volontarisme.

Et ça tombe bien, car le Sphinxter fait suivre aux médias une vidéo dans laquelle il explique qu’il est en colère contre Gotham car il y a des années, Papa Wayne s’est présenté à la mairie. Tout le monde pensait qu’il était gentil alors que pas du tout ! Un journaliste avait découvert que sa femme, Maman Wayne, avait eu des passages en unité psychiatrique, et s’apprêtait à le révéler. Aussi, Papa Wayne a fait appel à Falcone, un autre mafieux local qui est aussi le boss du Pingouin, et le journaliste a été retrouvé mort. Hmmm… voilà qui intrigue Bruce et ses gros soucis qui feraient plaisir à Freud. Son papounet n’était pas gentil ? Comment ? Il se déguise comme un con depuis des années pour venger des parents pas si top ? Ben merde alors !

Vite ! Puisque c’est ce que le Sphinxter a révélé, alors il doit le croire… et aller rendre visite au fameux Falcone.

Falcone qui a son quartier générale dans le Macumbé, et lorsqu’il apprend que Bruce Wayne est à la porte pour lui parler, le reçoit bien volontiers.

– Bruce Wayne ! J’ai travaillé avec votre père il y a longtemps. J’imagine que vous êtes là suite à la vidéo de l’autre trou de balle de Sphinxter ? Eh bien oui, tout est vrai. À l’époque, votre papa faisait sa campagne pour devenir maire. Et un scandale sur sa femme aurait pu tout foutre en l’air. Alors il est venu me voir, dans un moment de faiblesse, pour me demander d’intimider un peu ce reporter. Et oui, je l’ai fait tuer. Ton père m’en devait une, Don Mafioso, l’ancien parrain de la ville, a pensé qu’une faveur de ton richissime papounet me permettrait de le doubler et donc… eh bien, le lendemain, tes parents ont été tués. Drôle de coïncidence tu ne penses pas ?
– Don Mafioso aurait tué mes parents ?
– P’têt ben.

Cette réponse de normand (ces gens sont partout) suffit à convaincre Bêteman qu’on lui a menti toute sa vie. Bouleversé, il se rend à l’hôpital, dans la chambre d’Alfred. Qui, coup de bol, sort du coma à ce moment-là, et voit ce brave Bruce à ses côtés.

– Bruce… mon petit maître m’a veillé, quel…
– TU M’AS MENTI, GROS BÂTARD !
– Euh… Maître Bruce ? Je sors du coma, là, c’est le premier truc que vous avez à me dire ?
– Vous m’avez toujours dit que mon père était un homme bien, alors qu’en fait, c’était un turbo-rabouin !
– Sans vouloir vous offenser, Maître Bruce, lui ne déclenchait pas des fusillades en boîte de nuit ou des carambolages sur autoroute pour satisfaire sa passion du déguisement.
– Ouais, ben il a quand même demandé à Falcone de tuer un journaliste, et Don Mafioso l’a assassiné pour ça !
– Que ? Qui vous a dit ça ?
– Falcone.
– Maître Bruce ! Vous allez demander la vérité à un gros mafieux et vous le croyez sur parole ?
– Vous savez, je suis toutes les instructions du Sphinxter depuis le début du film sans poser de question. Alors croire un mafieux…
– Hm. C’est vrai. Bon, sachez que oui, votre père a pris peur il y a des années. Pas pour sa campagne électorale, non. Pour le bien-être de votre mère. Il a eu la faiblesse de demander à ce malfrat d’intimider de journaliste, mais il l’a tué. Aussi, votre père a dit que dès le lendemain, il irait tout confesser à la police. Et par un heureux hasard… il fut tué ce soir-là.
– Vous voulez dire… que Falcone… aurait tué mes parents ?
– P’têt ben.

Gotham City, ville jumelée avec Le Havre.

« Si c’est pour entendre des conneries pareilles, je préfère retourner dans le coma, Maître Bruce. »

Sans guère de réponse claire, Bêteman décide de repartir à l’aventure. Et ça tombe bien, car lui et Gordon sont contactés par Sélina, qui leur dit avoir fait une découverte majeure : elle a trouvé qui avait tué Annika, à savoir un flic corrompu. Qu’elle s’apprête à exécuter, mais Bêteman l’en empêche.

– Non Sélina ! Tu connais ma devise « Si tu tues un meurtrier, le nombre de meurtriers en liberté ne change pas. »
– D’accord, mais si j’en tues douze ?

Pendant que Bêteman compte sur ses doigts en marmonnant, Sélina leur annonce autre chose : ce flic avait sur lui un enregistrement du soir où Annika est morte. Et où on entend Falcone, présent sur place, discuter avec elle. Et lui dire en substance « Je dois te tuer car tu sais que je suis le rat qui balance des infos à la police pour me débarrasser des mes concurrents mafieux, comme Don Mafioso, et ça, personne d’autre ne doit le savoir. »

– Le rat ! Celui que le Sphinxter voulait nous voir « amener dans la lumière », c’est donc lui ! Le rat « avec des ailes »… c’est parce qu’il s’appelle Falcone, « le faucon » !
– Vous voulez dire que la phrase écrite par le Sphinxter faisait à la fois référence à Batman, mais sans le faire exprès, à une URL de site de tchat à la con, et à Falcone, tout ça en un ?
– C’est vrai que c’est n’importe quoi, Gordon.

Nous sommes bien d’accord, c’est brouillon. Que se serait-il passé si Bêteman avait arrêté directement Falcone sans passer par le tchat en ligne ? Le Sphinxter aurait râlé « Aaaah, j’ai acheté cette URL pour rien ! » ?

On l’ignore, mais en tout cas, Sélina, Gordon et Bêteman décident d’aller péter la gueule de Falcone, en ordre plus ou moins dispersé. Sélina veut le tuer (accessoirement, on apprend que c’est son père, mais ça a en fait peu d’importance, que de problèmes avec le père dans ce film ! Allez voir un psy, merde, au lieu de tous vous déguiser !), les deux autres, l’arrêter. Et c’est l’équipe Bêteman qui y parvient finalement, et traîne le pauvre Falcone hors du Macumbé, puis du Macumba, où des flics intègres attendent de l’embarquer. C’est alors que… PAN ! Un tir de sniper abat le pauvre Falcone. Alors qu’il se tenait pile sous une lampe à la sortie de la boîte.

– Mon dieu… je viens d’amener le rat « dans la lumière »… marmonne Bêteman. Exactement ce que le Sphinxter voulait !

Alors certes, mais à ce stade, on est au-delà du débile.

  • Comment le Sphinxter savait que Bêteman sortirait par cette porte précisément, et pas par une plus discrète ?
  • Comment savait-il que Bêteman s’arrêterait pile sous cette lampe ?
  • Comment le Sphinxter aurait-il fait si Bêteman avait arrêté le maffieux à une heure où lui-même dormait, faisait caca, où était juste ailleurs ?

C’est facile : ça n’a aucun sens, à part que comme d’habitude, le script dit « Ta gueule, c’est magique, et ça fait intelligent en plus » alors que c’est précisément tout le contraire.

Bêteman s’empresse de foncer à la fenêtre d’où le coup de feu est parti, et découvre un appartement de psychopathe (mais si, ceux avec les  fameux articles de journaux collés aux murs ! Quelle créativité !), un fusil de sniper encore pointé à la fenêtre, le décor qui servait aux vidéos du Sphinxter… et mieux encore, le malandrin n’est pas allé bien loin : il est juste descendu prendre un café au coin de la rue, sans même se cacher, pour que la police vienne l’y arrêter. Ce qui est donc promptement fait. Principalement parce qu’il avait commandé un café « pumpkin spice », ce qui est un crime contre le bon goût, comme chacun sait. Ooooh, je sais. Je vous vois, hein.

Bref.

Dans l’appartement du Sphinxter fraîchement arrêté, Bêteman et Gordon trouvent principalement l’arme du meurtre du maire, à savoir un outil de tapissier, et un ordinateur avec une vidéo protégée par mot de passe.

– On n’a pas le mot de passe, Bêteman ! Que faisons-nous ?
– Bah, laissons tomber.

Oui.

Vraiment : ils n’essaient RIEN. Tout au plus on entend un flic lire les statistiques de la vidéo et dire « Ouah, ce salaud a pas moins de 500 abonnés ! ». Mon dieu, 500, c’est énorme ! Et il ajoute « Et sa dernière vidéo bloquée par mot de passe est très dérangeante… ». Ah oui ? Et comment tu le sais puisqu’elle est bloquée par le code en question ?

C’est fabuleux.

La chaîne du Sphinxter et ses 500 abonnés menacent le monde libre ! Si on le laisse faire, il pourrait atteindre les, pfou, 800 vues !

C’est donc une superstar avec 500 followers (mon dieu, ma boulangère est donc une célébrité internationale) qui est jetée en prison. Et demande bien évidemment à voir Bêteman. Notre héros s’y rend donc, pour une scène où il se retrouve face au Sphinxter, qui est juste un type malingre à grosses lunettes.

– Bêteman ! Nous avons réussi toi et moi ! Quelle équipe ! Tu as suivi mes énigmes ! Grâce à mon cerveau et à tes muscles, Falcone n’est plus, la vérité est sortie sur la corruption du maire… la purge de Gotham a commencé !
– Alors oui mais j’ai juste une énigme pour toi.
– J’adore les énigmes ! Aha, tu vas voir Bêteman, je les résous toutes !
– Okay : si depuis le début, tu avais les photos du maire et que tu habitais en face du Macumbé, pourquoi t’as pas juste envoyé les photos à la presse et tiré sur Falcone lors de l’une de ses allées ou venues ?
– … nan, j’admets, elle est dure cette énigme. Je dirais même qu’elle n’a pas de réponse.

Eh oui ! C’était tellement plus simple de se glisser sans se faire repérer dans le demeure du maire, le tuer, laisser un message codé contenant lui-même un autre message codé, compter sur le fait que Bêteman ne mènerait aucune enquête (pas plus que la police) et préférerait s’amuser avec les énigmes, les résoudrait, trouverait la clé USB contenant les photos, les donnerait à Gordon qui les mettrait dans un ordinateur non-protégé et connecté à internet sans rien vérifier, puis que Bêteman continuerait à ne surtout pas enquêter, partirait à la place en quête du « rat volant » en comprenant bien que ça ne fait pas référence à une chauve-souris, comprendrait aussi qu’il faut taper ça dans une barre de navigation, chatterait avec le Sphinxter, résoudrait l’identité du rat, parviendrait à sortir Falcone de chez lui à coups de tatanes, l’emmènerait par la bonne porte, sous la bonne lampe, pile quand le Sphinxter serait derrière son fusil et…

Voilà. C’est l’intrigue du film. Qui repose donc intégralement sur le fait que le Sphinxter connait intégralement le scénario, y compris toutes ses énormes incohérences de flics qui ne cherchent rien ou d’indices qui sortiront pile au bon moment alors que c’est un pur hasard.

Génial. Je suis content qu’on nous fasse des films de trois heures pour cela.

En attendant, pendant un moment, Bêteman pense que le Sphinxter connait son identité, mais en fait, non. S’il n’arrête pas d’évoquer Bruce Wayne durant leur conversation, c’est parce qu’il est triste de l’avoir raté avec son colis piégé. Oui, le Sphinxter est un génie qui pense à tout, mais pas qu’un multimilliardaire puisse avoir un secrétaire pour gérer son courrier. Ben oui ! Qui aurait pu le prédire ?

– Bon, en résumé, Sphinxter, on a passé deux heures et demie de film pour une diffusion de photos et un meurtre de mafieux que tu pouvais faire en deux minutes depuis chez toi ?
– Voilà.
– Eh ben super, merci.
– Mais maintenant… il y a la suite !
– Quelle suite ?
– AHAHA ! Tu n’as pas deviné ? AHAHA !

Euh… d’accord ? Bon. Soit. Bêteman est embêté, car maintenant que le Sphinxter est en cage, il ne peut plus lui envoyer de jolies cartes pour le guider. Aussi Bêteman se rend dans l’appartement du Sphinxter en quête d’indices, où il réalise quelque chose.

– Attendez… le Sphinxter a tué le maire avec un outil de tapissier… et il y a un tapis dans son appartement super mal posé… et si je regardais ce qu’il y a dessous ?

Bêteman arrache la moquette, et oh ! Au-dessous, un dessin de Gotham avec écrit « PROUT » (est-ce vraiment dans le film ou juste dans ce spoiler ? Vu le niveau de l’œuvre, admettez que vous doutez, que c’est crédible). Bêteman s’exclame donc :

– Le Sphinxter a écrit ce mot… car c’est forcément le mot de passe de la vidéo bloquée sur son ordinateur !

Car non, personne n’avait fouillé l’appartement dans le détail. Et oui, l’ordinateur est toujours là, c’est pas comme si c’était un peu important. Oh, et bien sûr : oui, le Sphinxter, personnage génial, écrit bien en effet ses mots de passe en grand sur son plancher, car « PROUT » déverrouille effectivement la vidéo vue par 500 personnes. Vidéo où le Sphinxter explique qu’il a placé des vans bourrés de bombes près de la digue qui sépare Gotham de la mer. Mais au moment où Bêteman le découvre… boum ! Les vans sautent, et la mer entre dans Gotham.

Le tout, le soir de l’élection de la nouvelle mairesse, Mme Femme-Noire-Courageuse. Qui, vous serez surpris de l’apprendre, contrairement à absolument TOUS les autres membres de la vie publique de Gotham (je vous rappelle que mêmes les secrétaires de procureur trainent dans les bars à mafieux), est une personne 100% sympa, honnête, courageuse et animée de valeurs progressistes. En un mot : « Elle est naturellement gentille ». Dois-je commenter ?

Alors, pourquoi le Sphinxter, qui voulait éradiquer la corruption de Gotham, veut-il la tuer ? En quoi pense-t-il que noyer des innocents va faire avancer sa quête dérangée de vérité ? Depuis quand une catastrophe qui va créer de la pauvreté, et donc probablement du crime, va-t-elle aider à quoi que ce soit ?

Le Sphinxter n’y a pas réfléchi. C’est juste pour dire « Bon, il nous reste une heure de film, on va dire qu’il a posé plein de bombes, comme ça, hop. »

Ah, et accessoirement, il a encouragé ses 500 followers à prendre les armes pour aller tuer la maire et… une dizaine d’entre eux ont accepté sans ciller. Ah oui, il a un sacré gros ratio de radicalisation le monsieur ! Bon, notez que le plan est débile, car en faisant sauter les digues, vous imaginez bien que toute la police de Gotham est de sortie, et particulièrement, tente d’évacuer Mme Femme-Noire-Courageuse. Donc essayer de la tuer :

  • Alors qu’elle est entourée de flics
  • En pleine évacuation
  • Dans des zones où on ne peut prendre les chemins habituels à cause de l’eau qui monte

C’est 1 000 fois plus compliqué que juste tirer dessus à l’ancienne, mais ce n’est pas grave. Par un incroyable tour de magie, pouf-pouf, tous les fans du Sphinxter se sont déplacés sans problème dans Gotham où l’eau monte, sont passés avec d’énormes fusils dans la salle où se trouve la maire sans qu’aucun des 50 flics présents ne remarque, plus encore quand ils sont grimpés sur les poutrelles dominant la salle pour avoir une meilleure vue. Des ninjas, probablement. 500 followers dont 10 ninjas : c’est effectivement peu commun.

Ah oui : tous les suivants du Sphinx s’habillent comme lui. On voit même un tchat où ils disent où acheter ce genre de choses tant c’est pas facile à trouver. Quel dommage que Bêteman n’ait jamais pensé à enquêter sur « Tiens, mais comme le Sphinx se montre en vidéo avec une tenue particulière peu commune, qui a acheté ça dernièrement ? »

Malheureusement pour eux, il y a un autre fan de Naruto en ville, et Bêteman débarque donc pour leur casser la gueule, ce qu’il fait avec cascades, patates, coups de feu où l’armure de notre héros prend tout et personne ne pense jamais à viser sa tête pourtant exposée… on est bien, on est bien. À un moment, un policier parle à la maire en lui disant que quand même, l’eau monte, il est temps de se barrer, mais comme c’est Mme Femme-Noire-Courageuse, elle répond fièrement que jamais elle ne quittera ses concitoyens, qu’elle a juré de protéger !

Quelle femme forte et courageuse !

Passons : pif, paf, bang, Bêteman parvient à latter les méchants, mais finalement, une poutrelle pleine de trucs électriques bascule, et menace d’électrocuter tous les gens dans l’eau au-dessous. Tout le monde est donc choqué, Sélina comprise (car oui, elle s’est pointée), lorsque finalement Bêteman dans un moment d’émotion intense, se sacrifie en grimpant la poutrelle pour sectionner son alimentation électrique, quitte à s’électrocuter avec, mais en sauvant les gens au-dessous de lui.

– NOOOON ! hurle Sélina.

Bêteman ferme les yeux, et zap ! Le voilà électrocuté, et il disparait dans l’eau, mais désormais, les gens sont saufs. Il n’entend pas la suite du crie de Sélina :

– NOOON ! Gros blaireau ! Pourquoi t’es pas juste allé couper l’alimentation qui était à côté ?

Oups.

Mais, double-oups, après « Bêteman se vautre en jump-suit mais on a oublié », voici que la réalisation nous offre « Bêteman vient de faire une scène de sacrifice ultime, mais en fait, ça va ». En effet, sans aucune explication, Bêteman ressort de l’eau où il était tombé, en pleine forme, et aide les civils à gagner les hauteurs. Une électrocution ? Quelle électrocution ? Il va très bien, merci, pourquoi ? Oui, oui. Ah non mais vraiment, tout est fabuleusement bien écrit.

On passe donc à la scène suivante, où si Bêteman n’a pas pu sauver Gotham, qui est désormais sous l’eau, il a au moins pu sauver des civils, et en voix-off, nous dit qu’en fait, venger c’est bien, mais sauver, c’est mieux. C’est un héros, et au vu de comment la ville va être sujette au crime et au pillage après l’inondation, on va encore plus avoir besoin de lui. Donc oui, même le film reconnait que le plan du Sphinxter… n’a donc fait qu’aller exactement à l’opposé des objectifs du Sphinxter, qui voulait purger Gotham du crime qui la corrompt. Génial.

Mais, mauvaise écriture peut aussi rimer avec malaise, lorsque, alors que nous approchons de la fin, nous avons une séquence où l’on voit le Sphinxter enfermé dans l’asile d’Arkham, qui pleure que Bêteman a ruiné ses plans (en sauvant la mairesse, hein : la ville, elle, est bien noyée, mais visiblement, il voulait juste buter la mairesse, ce qui confirme que le reste n’avait aucun sens ; je ne cherche plus à comprendre). Et dans une cellule voisine un prisonnier l’interpelle.

– Alors Sphinxter ? On est malheureux ? Tu sais, parfois, on est au sommet et puis le lendemain, on est un… CLOWN.
– Hmm ? Vous êtes le gars de la cellule d’à côté ?
– Oui… j’adore les blagues… en anglais on dirait que je suis un vrai JOKER !
– Okay, donc vous êtes le Joker, je crois qu’on a compris.
– Oui, mais j’aime rire, comme ça : AHAHAHAHA !
– Oui, c’est bon, on a compris. Clown, Joker, rire… stop ?
– Non, non ! Ce teasing est encore trop subtil ! Regarde, on aperçoit mes cheveux verts… un bout de visage blanc…
– On a compriiiiiiiiiiiiiiis ! Stooooooooooop !
– ET MON SOURIRE ? VOUS AVEZ VU MON SOURIRE ? AHAHAHAHA !

Ce teasing avait la subtilité d’un candidat de télé-réalité devant la promesse de 7 secondes d’émission rien qu’à lui.

Finalement, nous retrouvons Bêteman et Sélina, sur un balcon qui domine Gotham, leurs motos près d’eux. Ils contemplent la ville.

– Bêteman… tu as été un preux chevalier, mais je pense qu’il est temps que je parte. On se reverra peut-être ?
– Peut-être plus vite que tu ne le penses.
– Ah oui coquinou ? Tu as envie de me dire quelque chose ?
– Oui Sélina je…
– Ouiii ?
– Je crois que tu as emmené ta moto sur un balcon. Tu vas pas pouvoir aller bien loin.

Je ne plaisante pas. Je me suis même dit « Je dois louper un truc, on va nous montrer que ce n’est pas un balcon, juste une sorte de plateforme mal branlée avec une route derrière qu’on va voir quand elle va démarrer », mais non, non. On voit juste sa moto partir hors-champ, et ensuite, pif pouf, elle roule sur une route sans explication. Bêteman, qui a lui aussi sorti son bête solex de là sans explication, roule avec elle, puis à une intersection, leurs routes se séparent. C’est beau comme du Fast & Furious. On voit alors Bêteman qui retourne vers Gotham qui a bien besoin de lui et…

… FIN !

La vraie énigme, c’est : qui a écrit ce truc ?

Je me devais de vous montrer la scène de la moto sur le balcon.


Sinon, pour un budget de 120€, promotion comprise, je vous présente la version « The Batman – Le Sphinx a un QI de plus de 55« .

« Bonjour Madame, je m’appelle Monsieur Sphinx, j’habite en face du Macumba/Macumbé et j’ai toutes les photos de tous les gens qui trainent avec la pègre depuis des années à Gotham. Je vais les poser là. J’ai aussi envoyé une copie aux journaux nationaux.
– Vous êtes sûr que vous ne voulez pas plutôt poser des bombes, tirer sur des gens, commettre des meurtres avec énigmes à tiroirs, fabriquer des bombes et les placer dans des vans pour faire exploser une digue, d’abord ?
– Non, non. Voici les photos. Bonne soirée. »

C’était « The Batman – Le Sphinx a un QI de plus de 55« .

Mais, c’est vrai qu’il n’y a pas la scène où Catwoman voit sa coloc/meilleure amie se faire enlever et tuer et décide que c’est le bon moment de se faire un p’tit chocolat, pépouze, au milieu du sang et des meubles renversés.

Et ça, ça manquerait.

Viewing all 38 articles
Browse latest View live