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Channel: Nul – Le blog d'un odieux connard
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The Edge of the Marmotte

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« Vous devez m’aider Monsieur Connard, je revis toujours la même journée !« 

Le type a agrippé ma manche au moment où je passais devant son bureau. Il la serre de toute ses forces au point que je suis obligé de froncer un peu les sourcils pour lui faire comprendre que s’il arrache un seul des boutons de ma manchette, la prochaine manchette sera justement pour son nez. Il se calme un peu et se recule dans son bureau, m’entraînant avec lui en roulant des yeux fous. Aussitôt que la porte claque derrière moi, il s’agite en tous sens.

« Monsieur Connard, ce n’est plus possible ! Cela fait des dizaines, des centaines de fois que je revis la même journée !
– Allons Berthier, soyez raisonnable, toutes ces histoires, c’est le stress qui parle.
– Mais non, enfin ! Ecoutez, je peux le prouver ! Je voyage dans le temps ! Je ne contrôle juste pas le déplacement : je suis bloqué dans… dans une boucle !
– Hé bien, prouvez-le alors. »

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Au moment où ma main descend vers ma poche intérieure, il m’arrête.

« Là par exemple, vous allez vous allumer un cigare ! Je le sais : vous le faites à chaque fois ! 
– C’est un peu facile : vous savez très bien que j’aime fumer un cigare lorsque je fais semblant d’écouter quelqu’un. Ca me donne un côté pensif qui m’aide à dissimuler le mépris pour votre propos.
– Ensuite, vous allez chercher votre flasque de brandy !
– Oui mais uniquement puisque tout amateur de cigare sait bien que celui-ci ne se savoure qu’avec un alcool bien choisi. Là encore Berthier, c’est facile.
– Non mais… ensuite, on entend un cri qui vient des sous-sols. Ecoutez… maintenant !
– Ce sont les stagiaires qui appellent à l’aide. Vous ne m’apprenez rien. Ecoutez Berthier, dites-moi : qu’est-ce qui vous a mis cette idée dans la tête ? »

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La tête de Berthier s’enfonce lentement dans ses épaules, et il lâche d’une voix plaintive : « The Edge of Tomorrow ! L’histoire d’un type qui a le même problème que moi !« 

Je lève un sourcil inquisiteur à l’attention du petit homme. Le film est-il si puissant que cela sur l’esprit des pauvres spectateurs ? Que faire lorsque l’on revit en boucle une seule journée ? Et surtout, Berthier ne serait-il pas un petit peu con ?

Spoilons, mes bons !

______________________

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L’affiche : des explosions, des grosses armures et des grosses épées. Je m’incline.

Notre film s’ouvre sur une succession de flashs télévisés qui nous informent que la Terre va bien mal : des fripons d’extra-terrestres appelés « Mimics » ont débarqué lors d’une pluie de météorites et semblent bien décidés à péter la gueule à l’humanité, ce qui est somme toute tout à fait compréhensible si jamais ils ont capté Direct 8 depuis le fin fond de l’espace intersidéral. Chose originale : ils ont débarqué en Europe, ce qui a rendu les échanges Erasmus beaucoup plus compliqués, surtout quand ils ont conquis la quasi-totalité du coin (à part l’Angleterre, qui, contrairement à la Turquie, met d’accord tout le monde pour dire qu’elle n’est pas en Europe). Le film montre même parmi moult images de dirigeants mondiaux réagissant à l’invasion une demi-seconde de François Hollande, qui explique probablement que attention, maintenant, il ne déconne plus, il a mis ses menaces à exécution : il a envoyé un courrier recommandé avec accusé de réception à l’armée ennemie pour leur dire qu’il est « très déçu« . Quelle violence.

Mais fi de commentaires putassiers, car au milieu de tout ce petit monde, un autre visage apparaît : celui du major Bill Cage, officier de l’armée américaine et porte-parole des forces alliées unies à peu de choses près, qui va de plateau télé en plateau télé pour dire aux gens que c’est okay, on va les éclater ces petits spatio-bâtards. Les flashs infos défilent et un jour, le major est fier d’annoncer que l’ennemi a pris sa première branlée à Verdun (ne me demandez pas ce que les mecs fichaient en plein milieu de l’Europe conquise, on va dire que quelqu’un a oublié de prendre une carte), puisque l’armée y a déployé de nouveaux exosquelettes pour les soldats qui les rendent plus efficaces et aussi plus jolis, hein, parce que du coup on peut faire du tuning militaire (qui n’a jamais rêvé d’avoir des néons sous les rangers ?). Ainsi, une certaine Rita Popolski a réussi grâce à son armure dernier cri à exterminer un nombre d’ennemis à trois chiffres sans trop se fatiguer, et on imagine donc quels prodiges pourrait accomplir l’armée terrienne avec cette arme en grande quantité. C’est donc parti pour en filer à tout le monde.

Nous retrouvons donc, un peu plus tard, le major Bill Cage qui ronfle tranquillement dans un hélicoptère alors que celui-ci l’amène dans la joyeuse cité de Londres.

Car Billou se rend chez le général Brigham, en charge de commander toute l’armée en Europe, qui l’attend de pied ferme. La conversation débute donc dans le vaste bureau du général en chef.

« Bonjour général Brigham ! Alors, que puis-je pour vous ?
– Hé bien mon p’tit Cage, comme vous le savez, demain, on envahit la France pour commencer la reconquête de l’Europe. On va donc envoyer 100 000 hommes et du matériel de foufou sur les plages du coin et bourrer la binette à tout ce que nous allons rencontrer. 
– C’est formidable général, en effet. Mais je ne vois pas trop pourquoi vous avez besoin de moi ? Je ne suis qu’un porte-parole.
– Il se trouve qu’il va sûrement y avoir de bien beaux actes de courage sur cette plage. Je voudrais que vous y alliez, Cage, pour filmer ce qui va s’y passer. 
– Mmmm ouiiii alors bon…
– Oui major ?
– C’est-à-dire que c’est un peu con. Déjà, parce que je suis porte-parole et non caméraman : c’est un peu comme si vous envoyiez Tex filmer l’Irak parce que vous l’avez vu à la télé.
– Ah.
– Bon et puis accessoirement : on est dans un film où toute l’armée est équipée d’exosquelettes du futur avec des caméras de visée et tout. Je suis assez certain qu’on doit pouvoir assez facilement les faire filmer leurs actions, voire juste leur coller une go-pro sur le casque. Pour pas cher, en plus.
– Oui mais non : pour d’obscures raisons, c’est vous que j’ai envie d’envoyer sur cette plage, major. Je me suis déjà mis d’accord avec votre supérieur : vous partez demain pour l’invasion. »

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Un jour, je trouverai un film où, dès qu’un personnage a un plan, c’est autre chose qu’une enfilade d’incohérences. J’en suis sûr. Mais pas aujourd’hui.

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« Bon Cage, en fait je dois vous l’avouer : hier, on était un peu bourrés avec votre supérieur et quand je me suis réveillé, mon bureau sentait le vomi, mon stylo le caca, et il y avait cet ordre de mission pour vous dans ma poche. Alors je n’ai vraiment pas envie de revenir là-dessus : contentez-vous d’obéir, moi non plus je ne comprends pas comment on en est arrivé là et je ne veux pas savoir. »

Puisque non seulement envoyer Billou se prendre des pruneaux est débile, puisqu’il n’a rien à voir avec la mission que l’on attend de lui, mais qu’en plus je ne sais pas vous, mais personnellement, quand mon armée a un visage public, j’évite que celui-ci ne se prenne des shrapnels dans la gueule : à ce qu’il paraît que c’est moyennement bon pour le moral. Mais là encore : je ne suis point militaire, ce genre de subtilité doit donc m’échapper.

Toujours est-il que le major Cage, lui, n’a pas non plus envie d’aller crever comme une merde même si on lui promet que tout va bien se passer. Il explique donc bien que lui n’est qu’un publicitaire au sein de l’armée qui n’a jamais combattu, mais le général n’en a que faire. Cage tente donc une ultime ruse de Sioux : il dit au général que si c’est comme ça, après l’invasion, grâce à ses pouvoirs de grand communiquant, il fera bien attention à mettre tous les morts sur le dos du général pour que les familles lui en veuillent très fort. Face à ce chantage, Brigham fait arrêter Cage, et lorsque celui-ci tente de se barrer, complètement paniqué par cette situation qui n’a strictement aucun sens (je le comprends), il se fait taser la gueule par un homme de la police militaire sur son chemin. C’est pas d’bol, comme dirait l’autre.

A son réveil, Bill Cage est allongé et menotté sur un tas de sacs au milieu d’une base militaire pleine d’activité. Après une rapide analyse de la situation, il constate qu’aucun homme d’arme désœuvré n’a profité de lui pendant son sommeil : l’honneur est plus ou moins sauf.

Mais s’il est encore relativement étanche, Bill Cage n’en est pas moins fort surpris.

En effet, un instructeur vient l’obliger à se lever, et avant qu’il ne l’engueule, un certain sergent Farell vient à sa rencontre pour lui annoncer que debout les campeurs, et haut les cœurs ! Il est désormais sur la super base qui prépare l’invasion de la France pour le lendemain. Cage tente donc de lui expliquer son cas :

« Ecoutez sergent, c’est sympa et tout, mais j’ai besoin de téléphoner car il y a un gros malentendu : je ne suis pas une nouvelle recrue pour l’invasion de demain. Je suis l’officier Bill Cage, de l’armée américaine, et suite à une grosse méprise, je suis ici. Je ne suis pas un soldat mais un communiquant, alors si vous pouviez m’aider à trouver un fucking téléphone, ce serait vraiment chouettos. 
– Ahaha… tiens donc ! J’ai ici un courrier du général Brigham qui me dit que vous êtes un déserteur qui va tenter de se faire passer pour un officier, justement ! Alors ferme ton clapet, bleu bite, et va enfiler ton uniforme de bidasse pour participer à l’entraînement pour demain !
– Sérieusement ?
– Pardon ?
– Je disais, sérieusement ? C’est le scénario ? Je suis l’officier le plus connu au monde, le visage de l’armée, mes papiers disent que je suis bien Bill Cage, mon uniforme dit que je suis bien Bill Cage, je vous dis que je suis bien Bill Cage, ma tête est celle de Bill Cage et je peux même vous donner des détails et vous, vous ne me croyez pas à cause d’un papier administratif qui raconte une histoire pas vraiment crédible ?
– Tout à fait. Mais si ça peut vous rassurer, alors qu’on a passé tout le début du film à vous montrer sur moult écrans de télé, et même à dire que vous étiez à l’origine du recrutement de millions de recrues, personne dans toute l’armée ne vous reconnaîtra jamais plus jusqu’à la fin de cette sombre bouse dans laquelle nous sommes. On y va ?
– Bon, ben, allez… »

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Pour la petite histoire, sachez qu’en fait, justement, toute la première partie du film sur le fait que Bill Cage est une légende dans la communication de l’armée ne servira à rien dans l’intrigue. Ils l’ont juste rajoutée pour s’assurer de se vautrer dès les premières minutes. Chapeau les enfants, quel talent. Mais, poursuivons, voulez-vous ?

Cage est donc emmené malgré ses protestations jusqu’à l’escouade J, composée de quelques soldats pas finauds, et avec lesquels notre héros va plus ou moins s’entraîner (et apprendre un certain nombre de blagues hilarantes, n’en doutons pas) jusqu’à l’invasion du lendemain où pour la première fois de sa vie, on le glisse dans l’une des fameuses supers armures de combat. Evidemment, personne ne veut lui dire où est la sécurité sur son arme, du coup, notre héros se retrouve incapable de savoir comment tirer le moindre coup de feu alors qu’il va partir à la bataille, hahaha, houhouhou, qu’est-ce qu’on déconne les petits amis. Qu’importe : il est chargé dans un des gros hélicoptères du coin et avec des milliers d’autres, direction la civilisation gastronomique France !

Dans l’appareil, on se fait plein de blagues (j’ai demandé à Diego de plâtrer mes côtes tellement elles étaient drôles, puis de plâtrer la gueule du dialoguiste) jusqu’au moment où, peu avant le saut, l’engin se ramasse un missile. Puisque, oui, les aliens tirent des missiles. C’est assez décevant je dois dire, je m’attendais à ce qu’ils envoient des shblürg ionisés ou des particules de schmülülü, mais non, visiblement, ils se fournissent chez madame le marchande, comme tout le monde. Qu’importe.

Toute l’escouade un peu paniquée saute donc à terre et se retrouve sur la plage, où c’est un massacre : l’ennemi, qui ne devait pas être là dans les plans et ne devait même pas savoir que les humains arrivaient, arrose toute la plage de loin et c’est un peu la boucherie. Les hommes se font massacrer, les hélicos en flammes s’écrasent sur les survivants, et Billou ne doit sa survie qu’à une sacrée chance. L’ennemi étant constitué de grosses bêtes tentaculaires (des tentacules ? Pas d’armes ? Mais alors, d’où viennent les missiles de la scène précédente ? Ce sont sûrement des projectiles magiques), autant vous dire que tout le monde se fait méchamment tentaculer, au point que même une écolière japonaise pourrait en être jalouse. Dans un coin de la plage, Billou surprend Rita Popolski, la légendaire « ange de Verdun », qui se fait écraser par un appareil allié venu se crasher sur la plage.

Bref, c’est la merde.

Bill Cage retrouve donc ses petits camarades survivants de l’escouade J entre deux dunes, mais, hélas, des mimics viennent leur latter la tête vite fait bien fait, et notre héros se retrouve à terre à mouiller ses chausses, alors que les ennemis se regroupent autour de lui. C’est alors que Bill note la présence d’une créature tentaculaire plus massive que les autres, et bleue là où les autres sont orangées. Il est donc tout intrigué jusqu’à ce que la bestiole lui saute sur la tronche en remarquant qu’il est vivant. Bill a donc juste le temps d’attraper une mine antipersonnelle que transportait l’un de ses camarades et de la mettre contre son torse lorsque la vilaine bête vient le croquer : tout explose, et Bill meurt donc…

… mais la bestiole bleue, en mourant elle aussi, le couvre de son sang, et Billou sent qu’il absorbe quelque chose de la bête.

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« Regardez sergent, j’crois que Cage est touché ! Ho mais… qu’est-ce qu’il fait à cette bête ? Ils échangent des fluides ? Mais ? Mais ? Il en a partout ! Bordel, je déteste le hentai ! »

Mais meurt quand même, faut pas déconner.

Et pouf !

Bill Cage se réveille menotté sur un tas de sacs dans une base militaire en pleine activité, et bientôt, le sergent Farell, pourtant mort durant la bataille, vient vers lui, parfaitement en forme, et debout les campeurs !

Bill comprend qu’il se passe quelque chose d’anormal. Déjà, parce qu’à l’heure actuelle, il devrait ressembler à un steak Charal oublié dans un coffre de Twingo en revenant de Shopi, et ensuite parce que tout le monde est vivant et agit exactement comme à la veille de l’invasion. Où qu’il aille, tout se passe exactement de la même manière.  Mais comment est-ce possible ? Avant que le pauvre bougre n’aie la réponse, l’assaut recommence, donc à nouveau on le colle dans un hélicoptère qui s’écrase au-dessus de la plage où la bataille a lieu et à nouveau, tout le monde meurt de la même manière. Bill tente bien de sauver un copain, mais du coup, c’est lui qui meurt à sa place comme une crotte.

Il se retrouve donc à nouveau à se réveiller sur la base à la veille de l’invasion, et c’est reparti !

Notre héros s’interroge donc quand même un peu : « Mon p’tit Billou, il se passe un truc bizarre. Mais quoi ?Réfléchis : tu es coincé au milieu de militaires caricaturaux, tout le monde agit de manière complètement scriptée, et quand tu meurs comme une merde, tu reviens à ton point de départ… mmmm, je crois que je vois : je suis bloqué dans une partie de Call of Duty. » mais un faisceau d’indices le met sur le chemin de la vérité : la moyenne d’âge de ses camarades n’est pas de quinze ans, et aucun n’a de pseudo comme « Mega_Knight81 » ou « [TACOS]RoXoR » : il est donc plus probable qu’il soit bloqué dans une boucle temporelle. Par ailleurs, personne ne lui propose de DLC toutes les quinzes minutes, ce qui confirme son idée, mais bref.

Bill (qui a le même prénom qu’un certain Monsieur Murray, mais c’est une coïncidence ; cela dit, il a aussi le même nom de famille qu’un certain Nicolas, ça doit être pour équilibrer) revit alors l’invasion, encore et encore, et il tente tout : expliquer son histoire (on le croit donc fou), faire flipper ses camarades en leur révélant tout ce qu’ils vont faire juste avant qu’ils ne le fassent, tenter d’être meilleur sur la plage… mais tout se finit invariablement par sa mort de manière plus ou moins ridicule. Il y a même un jour où il déserte et découvre que juste après l’invasion échouée, l’ennemi en profite pour commencer sa propre contre-invasion de l’Angleterre. Et que dans la même journée, Londres tombe donc.

Jusqu’au jour où il se dit qu’il va essayer d’aider l’ange de Verdun sur la plage puisque c’est quand même un super soldat, et après de nombreux essais pour apprendre tous les dangers qui la guettent comme des trucs qui tombent du ciel ou Paul le Poulpe qui l’attend tapi dans le sable pour la tentaculer sévère, il parvient à aller relativement loin sur la plage avec elle sans mourir. Elle note cependant que notre héros semble capable de prévoir tous les dangers, comme s’il avait déjà vécu cette bataille moult fois. Il finit donc, entre deux rafales, par plus ou moins lui avouer, que c’est une histoire qu’elle ne croira jamais, mais qu’il a déjà vécu cette journée moult fois. Elle lui hurle donc : « Venez me trouver quand vous vous réveillerez ! » avant de se laisser mourir à côté d’un appareil que Bill lui a pourtant recommandé de ne pas approcher, parce que oui, hop, plutôt que d’essayer d’être efficace, autant se suicider.

C’est ce que je préfère dans ce film : même les personnages se suicident plutôt que de le continuer. Intéressant.

En tout cas, Bill meurt donc à peu près au même moment puisque c’est de la grosse explosion ça madame, et il se réveille comme d’habitude la veille.

Il trouve donc avec plus ou moins d’essais/erreurs (où il meurt) un moyen de fuir son escouade pour courir retrouver le hangar où Rita et sa propre équipe s’entraînent , et celle-ci est tellement coolos et badass qu’elle fait des exercices physiques au milieu d’un système d’entraînement super dangereux censé reproduire des attaques de mimics, et est constitué de grosses pinces de chantier qui volent dans tous les sens à vive allure. Puisque oui, faire ses exercices dans un coin tranquille, c’est pour les nazes. Et idem pour Bill, donc, qui plutôt que d’appuyer sur le gros bouton rouge FIN DE L’EXERCICE situé au portique devant le site d’exercice, se lance en plein milieu des bidules lancés à pleine vitesse pour rejoindre Rita.

Et sinon, agir de manière logique, non ?

Mais faisons fi de tout cela, car avant tout, Rita s’étonne de voir ce bidasse s’approcher d’elle.

« Oui soldat ?
– Rita Popolski ? Ecoutez, je sais que ça va vous paraître bizarre mais…
– Qui vous a dit que vous pouviez me parler ? Je suis bien trop cool pour vous.
– Hé bien vous, en fait. Demain. Vous m’avez dit « Venez me parler à votre réveil », parce que je revis toujours la même journée et…
– Suivez-moi ! »

Rita tire donc son nouveau compagnon par la manche et lui demande d’expliquer tout ce qu’il a vécu, l’invasion qui merde (peut-être aussi parce qu’aucun satellite n’a repéré 12 000 poulpes qui attendent sur la plage, ou que personne n’a pensé à juste les bombarder de haut – ha, si les drones, l’artillerie ou les avions existaient, par exemple !), quand tout cela a commencé… et elle lui demande si à tout hasard, il n’aurait pas buté, avant son premier « réveil », une grosse bête bleue.

« Ah ben si alors, même qu’elle m’a foutu du sang et de la bidoche plein la margoulette ! » s’indigne notre héros qui sait très bien que tout ça, ça ne part pas au lavage.

Rita va donc chercher un autre type dans le hangar, un certain Carter, mécanicien de son état, et tous trois vont s’enfermer dans une petite salle où Bill n’est pas bien sûr de comprendre ce qui lui arrive. C’est donc le moment où Rita lui explique les choses un peu plus en détail.

« Billou mon bon, tu vis une chose extraordinaire : tu voyages dans le temps. J’ai moi aussi eu ce pouvoir. C’est comme ça qu’à Verdun j’ai été super efficace ! 
– Mais comment est-ce possible ?
– Le docteur Carter va t’expliquer.
– Oui, merci Rita. En effet, je ne suis pas un simple mécanicien : je suis un physicien-biologiste-scientifique-de-film-américain donc je sais forcément tout faire. Avant je travaillais dans un centre de recherches, mais j’ai émis l’idée que l’ennemi pouvait voyager dans le temps. On m’a donc traité de fou et j’ai atterri ici pour suivre Rita lorsque j’ai compris qu’elle avait ce pouvoir elle aussi. Vois-tu mon petit Billou, contrairement à ce que nous pensons pour beaucoup, nous n’avons pas DES ennemis mais UN ennemi. C’est en fait un organisme. Il y a les poupoulpes, orangés, que nous connaissons tous. Et tous les X millions de poupoulpes, il y a une grosse version du poupoulpe, bleue, que j’appelle sobrement « la marmotte ». Là où les poupoulpes sont des globules blancs, la marmotte est plutôt le système nerveux. Il faut donc un cerveau à tout cela, et il existe ! Il s’appelle… l’omega ! Regarde cette fantastique représentation 3D que j’en ai faite dans le moindre détail alors que je ne l’ai jamais vu !
– Incroyab’ ! Mais quel rapport avec moi ?
– Hé bien l’omega a le pouvoir de voyager dans le temps, ce qui le rend invincible ou presque. Ainsi, dès qu’il perd une marmotte, comme il les aime très fort, hop ! Il remonte le temps et recommence la journée sans perdre sa précieuse marmotte. Et idem s’il perd une bataille : il remonte le temps et la recommence pour mieux nous latter les balls. C’est comme ça qu’il a su pour l’invasion de la France : il a remonté le temps et redéployé ses forces pour nous attendre.
– Du coup, si les marmottes sont super précieuses, quelqu’un pourrait m’expliquer ce que l’une d’entre elles faisait sur une plage où l’ennemi savait qu’on allait arriver ?
– Nous pensons que l’omega est con comme une motte de beurre.
– Je vois. Rita, votre avis ?
– Sur l’omega qui est un con ? Ça ne fait aucun doute sinon il aurait déjà plié le film : les voyages dans le temps, c’est surpuissant.
– Non, sur comment j’ai pu me retrouver avec ce pouvoir.
– Hé bien en fait, les marmottes sont reliées à l’omega on ne sait comment. Mais lorsqu’elles sont tuées et que leur sang coule sur un humain – ce qui rend d’autant plus con le fait de les exposer – elles transmettent le pouvoir de l’omega à l’humain. Qui peut alors rebooter la journée. Alors que l’omega ne peut plus.
– C’est navrant de nullité.
– Oui hein ? Bref, l’omega doit te chercher pour essayer de récupérer son pouvoir. Il va tenter d’infiltrer ton esprit. Et tu auras des visions, tu le verras, lui, tu sauras où il est ! C’est comme ça que j’ai su qu’il était à Verdun. Mais le temps que j’arrive, il était parti. 
– Juste une question : comment il fait pour récupérer son pouvoir ? Il me tue ? Ça va être moyennement pratique vu que je reboote comme un vieux Windows 98 quand ça arrive.
– Heu… il va… il va…
– Il va faire la même chose en sens inverse ? Demander à une marmotte de se rouler dans mon sang ? 
– … bon, laissons tomber. Il est méchant et tu as le pouvoir, point final. »

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La représentation 3D ultra-précise de l’oméga : sachant que Carter ne l’a jamais vu et que Rita n’en a eu que de vagues visions, on en déduira que Carter est avant tout un ancien champion de Pictionary

C’est ainsi que nos deux fiers compagnons décident de mettre à profit la capacité de notre héros à recommencer en boucle la même journée, non pas pour voir s’il peut finir par avoir vu tout Youtube, mais pour l’entraîner, encore et encore, et en faire une bête de guerre. Et s’il est fatigué, blessé ou autre, sa petite camarade lui tire une balle dans la tronche pour lui faire rebooter la journée et reprendre. Bon, à chaque fois il faut supposer qu’il se tape le réveil « Debout les campeurs et haut les cœurs ! » qu’il doit déserter sa section, gagner celle de Rita et lui ré-expliquer qui il est pour qu’elle accepte de l’entraîner, ce qui doit être un peu lourd, mais il semble se débrouiller.

Lors d’un entraînement, tout de même, Rita donne un bon conseil :

« Au fait, assure-toi toujours de mourir vite et bien chaque jour. Sinon tu perdras le pouvoir.
– Comment ça ?
– Hé bien moi, je me suis retrouvée blessée, à perdre pas mal de sang, mais sans mourir. Du coup, j’ai perdu connaissance et me suis réveillée dans un hôpital de campagne où on m’avait fait une perfusion. J’avais perdu le sang avec le pouvoir, on m’en avait mis du tout pourri de pauvre mortel : résultat, je ne pouvais plus voyager dans le temps en mourant.
– Je peux poser une question ?
– Je t’en prie.
– Comment tu peux le savoir puisque tu n’es pas morte depuis, du coup, sinon tu ne serais pas là ?
– Heu… je… haha… hohoho… hé bieeeeeen…
– Non mais laissons tomber en fait, je crois que j’ai compris le problème. »

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Non non mec, je t’assure, il y a encore plus d’incohérences. Tiens, tu veux un autre dialogue ?

« Mais, Rita, pourquoi n’avez-vous pas essayé de parler au général Brigham quand vous voyagiezdans le temps ? Lui expliquer ce qui vous arrivait ?
– Mais je l’ai fait des dizaines de fois ! Et à chaque fois, c’est l’hôpital psychiatrique, ou pire, s’il me croit, la dissection pour tenter de me prendre le pouvoir… c’est affreux !
– Attendez, vous voulez dire qu’on a fait d’horribles expériences sur vous ?
– Oui !
– Dans des laboratoires ?
– Oui !
– Donc qu’on vous a mis dans un lit en vous foutant des poches de sang pendant qu’on jouait avec votre bidoche !
– Oui !
– Un peu comme dans un hôpital de campagne, en fait ?
– Ou… ah merde oui, attendez.
– Du coup, si vous avez subi ce genre de truc, pourquoi le pouvoir ne s’est pas barré avec votre sang à ce moment là ?
– Hihihihi, hohoho, regardez, j’ai trouvé une fleur ! »

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Vous en voulez encore ?

« Bill, nous devons attendre que vous ayez des visions de l’omega. Lorsque nous saurons où il est, nous irons le chercher tous les deux. Et le tuerons. 
– Ça me va. Mais sinon, je ne pourrais pas vous le transmettre, ce pouvoir ? Non parce que moi, sinon, je ne suis quand même pas super bon.
– Non, j’ai déjà tout essayé. Même le sexe, des fois que ce soit une MST.
– Je vois. Il n’y a donc aucun moyen ?
– Aucun.
– Quel dommage. Ah, si seulement on connaissait un endroit où il va y avoir une marmotte magique. Un endroit où on pourrait se rendre facilement. Genre sur une plage, avec toute une armée. Un endroit où on serait sûr que la marmotte serait puisque, du genre si on connaissait quelqu’un qui voyageait dans le temps et l’avait vue. Vue de si près qu’il serait mort avec et aurait piqué ses pouvoirs.
– Oui, ça serait chouette Bill, mais je ne connais personne comme cela. Continuons plutôt d’attendre qu’il se passe quelque chose. »

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Allez, on va s’arrêter là pour l’instant si vous voulez bien, parce que vraiment : ça fuse.

Bref d’entraînement en entraînement, si Bill devient meilleur, il n’en commence pas moins à avoir des songes étranges : l’omega l’a retrouvé. Il a donc la vision lointaine d’un barrage hydro-électrique qui se trouverait en Suisse selon le Dr Carter au sein duquel se planquerait l’oméga. C’est donc parti pour nos petits amis : il faut qu’ils gagnent la Suisse ! Certes, mais comment ? En se faisant larguer au-dessus ? En détournant un avion ? En…

« On a qu’à rester avec l’invasion ! » déclare Rita.

Ah mais oui, tenez. Tant qu’à faire, autant débarquer à pied sur une plage du Nord de la France. Pour aller en Suisse en passant par toutes les lignes ennemies, ça me paraît être une super idée. Vraiment, vous êtes des champions. Vous avez pris votre plan Mappy j’espère. Du coup, Bill, qui visiblement n’a aucun traumatisme quant au fait de mourir de toutes les manières jour après jour, apprend par cœur ce qu’il se passe sur la plage, l’explique à chaque réveil à Rita, et chaque jour, ils arrivent un peu plus loin avant de mourir.

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Et chaque matin, Bill se réveille donc sur cette base en se disant « Si seulement je savais où trouver un véhicule capable de nous emmener en Suisse ! »

A noter que le docteur Carter, qui assiste à leurs petits briefings chaque matin s’exclame « Je sais ! Le barrage de votre vision, je l’ai localisé : il est en Suisse ! » et Bill de lui répondre d’un ton blasé « Oui, cela fait des dizaines de fois que vous le trouvez, docteur, nous savons qu’il est en Suisse. » Certes mon bon Bill, mais qui est le rabouin qui du coup, doit décrire le barrage chaque matin, obligeant ainsi le mec à lancer une recherche plutôt que de lui dire directement « Il est en Suisse, je le sais, vous l’avez déjà découvert dans une précédente boucle » ? Non parce que sinon, il ne dirait pas ça. Donc soit tu es con, soit ce film est incohérent, soit les deux.

Je vais y réfléchir très fort.

En tout cas, la petite troupe s’amuse donc joyeusement sur la côte à chaque boucle, jusqu’à ce qu’enfin, la plage soit passée pour nos deux héros qui découvrent derrière la dernière dune…

… un village de caravanes de rednecks avec vieux manège qui grince.

Probablement les légendaires forains mystérieux des plages du Pas de Calais. Ou de Normandie. On n’est pas très sûr sur l’endroit où ils débarquent. Mais qu’importe, car notre héros lance :

« Nous sommes déjà venus ici plusieurs fois. Et à chaque fois, nous avons échoué à trouver une voiture qui marche. Il n’en reste plus que deux à tenter, une chance sur deux  donc !« 

Quel dommage que personne n’ait pensé, en sachant cela, à emmener de l’essence, une batterie, ou juste à prendre l’un des nombreux véhicules abandonnés sur la plage (qui marchent tellement bien que lors de l’une des premières boucles, l’un d’entre eux roule sur Bill). Mais non : continuons d’essayer de trouver une R12 pourrie qui marche à peine, quitte à mourir, c’est un sentiment si agréable.

Qu’importe : nos deux couillons finissent par trouver un véhicule en état de marche, et après avoir mitraillé la gueule de quelques poupoulpes, ils font route vers la Suisse et en ont donc pour un moment. L’occasion de rajouter encore du n’importe quoi à ce film qui n’en avait plus besoin.

« Enfin nous sommes en route, Bill ! Allons en Suisse !
– Tout à fait. Bon, si on parlait un peu de vous sur la route ?
– Non.
– Vous allez le faire, je le sais : d’habitude, vous commencez à parler lorsque nous arrivons vers Lyon.
– Attendez, vous avez déjà vécu ce trajet ?
– Tout à fait. C’est comme ça que j’ai appris des trucs sur vous, comme votre copain que vous avez vu mourir plus de 300 fois à Verdun.
– C’est cool, mais si vous avez déjà vécu tout ça, pourquoi m’avoir dit que vous ne saviez pas quel véhicule prendre au village des gitans mystérieux et qu’on avait une chance sur deux d’en trouver un qui marche ?
– … 
– Vous comprenez pourquoi je ne parle pas maintenant ? Dès qu’on le fait dans ce film, c’est pour dire une connerie ! »

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La route se fait donc silencieusement, jusqu’à ce que notre duo tombe en panne sèche, puisque si la route est couverte de véhicules abandonnés, personne ne pense à essayer de piquer un peu d’essence. On en déduira donc qu’à chaque fois que Bill a fait ce trajet, il a oublié ce détail : ce qu’il est tête en l’air, hohoho, oublier la même chose des dizaines de fois, alors qu’il n’a que ça à penser durant des heures de routes, c’est tellement ballot. Mieux encore, en abandonnant leur véhicule, nos héros se retrouvent aussi à court de batterie pour leurs armures (oui, ils conduisaient avec, merci) et les laissent derrière eux à leur tour pour aller s’abriter dans une petite maison isolée à quelque distance de la route. Sur place, il y a même un hélicoptère d’épandage, mais sans la clé. Crotte de bique ! Bill profite donc d’être au calme, tous deux, dans cette demeure tranquille pour faire sa parade amoureuse (qui ferait pâlir d’envie les champions du site Art de Séduire), mais ça ne marche que moyennement. Surtout lorsqu’il se trahit et que Rita comprend qu’ils sont déjà arrivés jusqu’ici plusieurs fois, et que Bill sait exactement où sont les clés de l’hélicoptère. Mais il tente d’expliquer le problème :

« Nous ne sommes jamais arrivés plus loin, Rita ! A chaque fois, vous tentez de faire décoller cet hélicoptère, je ne parviens pas à vous convaincre de ne rien en faire, et des poupoulpes enterrés à proximité vous détruisent la gueule ! Ne prenez pas cet hélicoptère, il y a d’autres solutions ! Et puis… je dois l’avouer, ça me fait mal de vous voir mourir chaque jour !« 

Mais Rita s’en fout, de ce gros aveu plein de bons sentiments : elle grimpe dans l’hélico, et en effet, le bruit du moteur attire des méchants qui tuent tout le monde.

Juste comme ça mon petit Bill : tu ne veux pas qu’elle meure ? Que vous finissiez toujours dans cette impasse avec cet hélico ?

Hé ben la prochaine fois, tu fais le plein et tu n’emmerdes pas le monde. Comme ça, vous ne vous arrêtez jamais dans cette maison avec son hélicoptère, et il n’y a aucun problème. Mais c’est vrai que c’est un peu subtil. Non parce que du coup, à chaque fois, c’est en fait toi qui l’emmène là où tu ne veux pas.

Du coup, à son réveil, Bill en a marre : ce jour là, il ne contacte pas Rita. Comme ça, elle n’enquiquinera plus et ne mourra plus devant lui, non mais, quelle emmerdeuse ! Bon, à un détail près mec : si tu ne l’aides pas, elle meurt sur la plage, donc le résultat sera le même, mais bon. Détail, hein, ce n’est jamais que celle que tu aimes qui meurt, et puis si tu tues l’omega, tu ne pourras plus revenir en arrière. Vraiment, touuuut petit détail. Allez, continuons. Il va donc tout seul jusqu’à la maison avec l’hélicoptère après avoir passé la plage durant l’invasion et visiblement, finit par trouver un moyen de tuer les méchants avant qu’ils ne l’embêtent, lui permettant de voler jusqu’en Suisse sans problème (le petit hélico doit avoir un très gros réservoir). Il se pose donc sur le fameux barrage du pays du chocolat, et descend dans ses entrailles à la recherche de l’oméga. Sauf que sur place, point d’oméga !

« Quel est le fuck ? » s’exclame Bill juste avant que ne surgissent un poupoulpe et une marmotte qui essaient de lui taper le museau !

Un-jour-sans-fin

Rappelons que la marmotte est un animal très dangereux : ici, l’une d’entre elles juste après avoir pris Bill Murray en otage.

Et visiblement, les deux ont un plan puisqu’ils ne tuent pas notre héros, et le désarment même lorsqu’il essaie de se suicider pour rebooter ! Quel est leur objectif maléfique ? On ne le sait pas trop, car au final, Bill trouve le moyen de se noyer pour mourir quand même, et comme ça, il peut rebooter en paix. Non mais.

« Debout les campeurs, et haut les cœurs !« 

De retour la veille à sa base de départ, Bill file voir Rita et le docteur Carter et après s’être présenté, leur réexplique la situation : oui, il a eu des visions de l’oméga. Et vous savez quoi ? L’oméga n’était pas à l’endroit des visions, ce qui veut dire qu’il envoyait de fausses informations pour tendre des pièges ! Un peu comme cette fois où l’oméga lui a envoyé une vision de lui et de Salma Hayek faisant la chenille, il se disait bien qu’il y avait un truc bizarre. Donc si Rita a vu l’oméga à Verdun… c’est que l’oméga VOULAIT qu’elle y aille ! Et il voulait qu’elle gagne la bataille ! Parce que comme ça, en déduit Bill qui a forcément raison puisque c’est Tom Cruise quand même, l’armée terrienne enverrait toutes ses forces, sûre de sa victoire, lors de l’invasion de la France, prendrait sa fessée, et la conquête du reste du monde n’en serait que plus facile une fois l’armée balayée alors qu’elle était loin de ses retranchements.

Mais alors, que faire ?

« Bah il y a bien le transpondeur ! » explique tranquillement le docteur Carter. « C’est un truc qui permet, à partir d’une marmotte, de savoir où se trouve l’oméga.« 

Bill tombe donc de sa chaise, tout comme l’ensemble des spectateurs devant cet étron cinématographique.

« Mais enfin ? Pourquoi personne n’en a parlé plus tôt ? J’ai du sang de marmotte dans les veines, donc je dois pouvoir me connecter avec l’oméga non ?
– Non mais bon, on se disait que ça ne valait pas le coup d’en parler. Mais de toute façon, le transpondeur ne marche pas. Ce n’est qu’un prototype que j’ai fait quand je travaillais dans mon centre de recherche. Quand je leur ai dis sur quoi je travaillais, mes collègues m’ont dit fou et j’ai dû fuir. 
– J’imagine bien, oui. Parler d’oméga, de marmotte et de voyages temporels, ils n’ont pas dû y croire.
– Non en effet. Mais du coup, il y a plein de prototypes qui marchent planqués dans le coffre-fort du général Brigham.
– Que… PARDON ? Vous voulez dire qu’on vous a traité de fou, traîné dans la boue, viré à coup de pied au cul mais que dans la foulée, on a terminé des recherches considérées comme loufoques, produit des exemplaires du prototype en question et enfermé le tout dans le coffre personnel du plus général en chef de la plus grande armée de l’histoire tellement tout le monde trouvait ça ridicule ?
– Hem je… oui ? »

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Bon ben, d’accord, on peut au moins dire que c’est cohérent avec le reste du film. Je parle du niveau général, hein.

Par conséquent, la nouvelle mission de nos héros est désormais d’infiltrer le QG de Brigham pour aller dans son bureau. Ce que, à force d’essais-erreurs, Bill a fini par savoir faire à la perfection. Ils esquivent donc les gardes, les mecs qui pourraient reconnaître Rita (mais pas Bill : comme expliqué au début de ce spoil, tout le monde ignore qui est Bill, pourtant passé au début du film sur toutes les télés du monde), et arrivent dans le bureau de Brigham, qui est fort surpris.

« Que… Bill ? Mais enfin ! Je vous ai viré de ce bureau de ce matin, si je m’attendais à vous voir revenir aujourd’hui même avec ma soldate la plus décorée à vos côtés ! Hé ! Mais d’ailleurs, vous êtes armés ? Que me voulez-vous ?
– Je vais vous raconter une histoire que vous ne croirez sûrement pas, général. L’invasion a eu lieu. J’y suis mort. Et suite à une erreur de l’ennemi qui peut contrôler le temps, me revoilà dans le passé pour essayer de vous prévenir. J’ai déjà vécu cette conversation des dizaines de fois, car à chaque fois, je reviens à cet endroit du temps. Je peux tout prédire. Votre téléphone qui va sonner ? C’est le général Beaufort qui vous dit que son avion est retardé à cause de la pluie. Décrochez et dites-lui que vous le rappelez.
*Dring !*
– … allô ? Général Beaufort ? Mmm… très bien. Je vous rappelle.
– Bien général. Un autre exemple ? Votre secrétaire va rentrer dans une seconde et vous demander si tout va bien.
*Clac*
–  Mon général ? Est-ce que tout va bien ?
– Mmmoui…moui… très bien.
– Votre secrétaire a tapé des rapports. Il en manque un sur le largage de carburant pour demain.
*Flip flap*
– Mais… effectivement !
– Maintenant, elle va vous annoncer ce qu’elle sait depuis un instant seulement : votre dîner de ce soir est annulé.
*Glups*
– Comment est-ce que… il a raison mon général ! Mais je viens de l’apprendre, c’est impossible !
– Et à présent je vais vous montrer mon cul.
*Boing boing*
– Incroy… hé mais dites-donc Cage, vous me prenez pour un con ? Remettez ce slip sur le champ !
– Excellent général, c’était un test pour voir si vous suiviez. Maintenant, je vais vous dire mon problème : de toutes les fois où je suis venu dans ce bureau, jamais vous n’avez accepté d’ouvrir ce coffre derrière vous pour me donner un prototype du transpondeur, quand bien même c’est le seul espoir de l’humanité. Alors je vous le demande général : allez-vous le faire ?
– Mmmm… okay. »

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Et à la surprise générale (hohoho, suis-je drôle), Brigham accepte d’ouvrir son coffre-fort et tend un prototype de transpondeur à un Bill qui se demande comment il a réussi son coup.

Tout serait donc si simple que cela ?

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Personnellement, j’aurais opté pour la séquence tirage de slip et brûlures indiennes jusqu’à ce que le général donne la combinaison du coffre. Comme ça, à la prochaine boucle temporelle, il n’y avait même pas besoin de le convaincre. Mais bon.

Hé bien non : car si le général a décidé de donner aux enquiquineurs ce qu’ils voulaient, il a donné l’alerte, et à la sortie, des gardes attendent de pied ferme nos héros. Après plusieurs essais grâce aux voyages temporels, nos héros décident de fuir vers le garage du QG où ils font les kakous en voiture pendant que Bill utilise le transpondeur sur lui-même… et découvre lors d’une vision qui lui rappelle sa jeunesse en boîte de nuit à se péter les rétines sous LSD que l’oméga n’est pas en Suisse : il est à Paris, sous le Louvre !

Les entités aliens ont du goût, reconnaissons-le : on les retrouve rarement embusquées sous l’hôtel Formule 1 de Limoges.

Hélas, si le plan fonctionne, il se termine mal : la sécurité du QG finit par avoir raison du véhicule de nos héros, et ceux-ci finissent dans le décor. Aussi, lorsque notre héros se réveille…

… il n’est pas sur une base militaire avec le sergent Farell : il est dans une infirmerie, attaché, et on l’a perfusé ; il a donc probablement perdu son pouvoir !

Miséricorde ! Enfoirés du don du sang ! Ça va se payer !

Cependant, notre héros est bien vite secouru par sa bonne amie Rita, qui le tire de cette situation et l’aide à fuir les lieux sans anicroche. Et ensuite ?

« Rita, merci, mais j’ai perdu mon pouvoir ! Je suis inutile, hein, une grosse bouse à présent ! Nous savons où est l’oméga mais personne ne nous croira… et il ne reste que quelques heures avant l’invasion !
– Alors il faut nous grouiller d’aller à Paris. Mais comment ? Et puis en pleine zone occupée, il va nous falloir des soldats pour nous aider !
– Bof, sachant qu’on pouvait aller jusqu’en Suisse quasiment sans être emmerdé plus tôt dans le film.
– Oui mais chut. Il nous faudrait un appareil volant et des hommes.
– Mmmm… je pense savoir où l’on peut trouver ça ! »

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Et Bill va trouver les soldats de l’escouade J, dans la nuit précédant l’invasion, pour leur expliquer toute son histoire. Et ils sont convaincus car il connaît moult secrets sur eux, puisque oui, Bill avait prévu cette situation et donc trouvé le temps de convaincre tous ses camarades de révéler leurs plus grands secrets (comme leur personnage préféré de Naruto) lors de précédentes boucles, ce qui est complètement crédible puisqu’il passait son temps à se barrer pour aller voir Rita d’entrée de jeu. Mais bon, toujours est-il que les loulous sont bien vite dans son camp, et qu’ensemble, ils vont détourner un engin volant de la base pour voler jusqu’à Paris sans que personne ne s’en émeuve sur la plus grande base de l’humanité la veille de l’invasion de la dernière chance.

Rien que de bien naturel, donc. S’il reste un peu de LSD à Tom Cruise, je suis preneur.

Et c’est donc bien vite que nos larrons arrivent au-dessus de la cité en bien piteux état : quelqu’un a joué au bûcheron avec la tour Eiffel, et visiblement, les aliens avaient connaissance du secret du lac de la Forêt d’Orient et autres réservoirs merveilleux de la Champagne-Ardenne et sont ainsi parvenus à noyer la ville. C’est donc une équipe qui patauge dans l’eau qui est larguée près du Louvre et s’approche du coin en mitraillant sévère. Le véhicule de largage s’est crashé, certains camarades sont morts, mais faisons la courte : sur place, il y a moult poupoulpes et même une marmotte pour garder l’oméga. Rita explique la situation :

« Surtout, ne tuez pas la marmotte… sinon l’oméga va le sentir, rebooter la journée et probablement mettre les voiles ou en tout cas s’adapter !« 

Oui, ou alors autre option : si vous tuez une marmotte, pensez à vous barbouiller de son sang les enfants. Comme ça on pourra recommencer cette ultime mission avec une sauvegarde à l’entrée du niveau, si je puis me permettre. Et ça n’en sera donc que plus facile. Mais là encore, c’est un détail : après tout, ce n’est que ce qui a changé le destin de Rita et Bill et la dernière chance de l’humanité. Je comprends que l’on puisse oublier.

Mais bref : la troupe entre dans le Louvre après moult spectaculaires aventures, certains se sacrifient héroïquement, et au final ne restent que Rita et Bill (ça alors!), Rita n’hésitant pas à rouler un gros patin à Bill en pleine situation critique pour dire que oui, bon, tout de même, il ne l’a pas volé, son bisou, et que oui, là tout de suite, ils n’ont que ça à faire. Par ailleurs, le scénariste a dû oublier qu’à part pour Bill, personne n’a connaissance des autres boucles : donc pour Rita, c’est la première fois aujourd’hui qu’elle rencontre notre héros, et elle qui est super froide et pro ne devrait donc pas vraiment sombrer dans ce genre de cucuterie avec un quasi-inconnu, mais bon, là encore, hein, bon, dites, ho. On va dire que ces tous ces poupoulpes et cette grosse marmotte, ça les a follement excité. Mais en tout cas, elle va faire diversion pour emmener la marmotte et les poupoulpes dans un coin pendant que Bill se rue vers l’oméga. Rita meurt dans l’affaire, et pour ne rien cacher, Bill aussi, puisque s’il parvient à envoyer tout un paquet de grenades vers l’oméga qui est planqué au fond d’un trou d’eau sous le musée, il se fait tuer par une marmotte furieuse. Je vous disais que c’était un animal taquin.

Les grenades arrivent sur l’oméga, lui explosent à la tronche, et celui-ci pète lamentablement, faisant que, ça alors, tous les aliens de la planète s’effondrent, raides morts.

J’aime beaucoup le principe des extra-terrestres qui meurent toujours d’un seul coup, histoire que ce ne soit pas trop compliqué à gérer dans l’intrigue. La Terre serait envahie par des humains, ou pire, des démarcheurs téléphoniques, on serait vachement plus emmerdés en fait. Heureusement que les aliens sont sympas.

En attendant, me direz-vous, Bill et Rita sont morts, le monde est sauvé, tout est fini ? Non ! Car le corps de Bill s’enfonce lentement dans les eaux noires où l’oméga avait fait son nid… et des morceaux de la bête viennent s’agglutiner autour de lui (souvenez-vous : xénozoonécrophilie jusqu’au bout !) jusqu’à ce que…

… Bill se réveille dans l’hélicoptère qui l’emmenait au début du film chez le général Brigham : il est revenu dans le temps ! Il a à nouveau le pouvoir ! Lorsque son hélicoptère se pose à Londres, la ville est en liesse : l’invasion alien est terminée. D’après les informations, une vague d’énergie a été détectée à Paris et tous les poupoulpes et autres marmottes se sont effondrés comme de vulgaire footballeurs dans une surface de réparation.

Ce qui serait très intéressant si tout cela n’était pas supposé arriver le lendemain, et ce grâce à Bill. L’oméga se serait donc suicidé ? Il serait revenu dans le temps pour mourir ? Le scénario serait tout pourri jusqu’au bout et en fait, tout cela n’aurait aucun sens autre qu’un happy ending sorti de nulle part ?

Je n’ose y penser.

Qu’importe : la victoire est à l’humanité, et Bill se rue donc sur la base où l’invasion se préparait. Dans son bel uniforme de major, personne ne l’embête lorsqu’il se rend aux quartiers de l’escouade de Rita, et lorsqu’il va trouver la belle, il lui fait son sourire le plus ravageur, se disant qu’il a désormais tout son temps pour essayer de lui montrer que tous les tentacules ne sont pas forcément hostiles et…

… FIN.

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On termine tout de même avec une spéciale cacedédi à François Bayrou.

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« Alors ? Vous comprenez ? J’ai le même problème !« 

Berthier s’excite tant et si bien que ses gestes font à présent voler tous les papiers présents dans le bureau.

« Tous les matins, je me lève et je suis toujours aussi fatigué ! Je me traîne jusqu’au RER où les mêmes personnes me bousculent ! Puis, je me glisse dans un métro où un type rentre pour jouer la cucaracha à l’accordéon ! Ensuite, j’arrive ici et je fais les mêmes tableaux Excel, toute la journée ! Je répète sans cesse la même tâche ! Et quand je vais sur les réseaux sociaux, c’est pareil : les mêmes amis se plaignent qu’on est déjà lundi, d’autres postent des photos d’eux enfants en me défiant de faire de même, et un autre parle de la météo. Je rentre le soir, épuisé, je passe à Franprix où la caissière me regarde à peine, et je me couche pour me réveiller à nouveau le même jour et tout recommencer.« 

J’écoute tranquillement l’homme finir son récit, tout en écrasant mon cigare dans le vieux cendrier de la fête des pères qui trône fièrement sur son bureau. Je hoche la tête puis lui tape sur l’épaule.

« Allons Berthier, pas d’inquiétude, vous n’êtes pas Tom Cruise. Vous n’êtes pas dans une boucle temporelle.
– Vous… vous êtes sûr ? 
– Berthier vous êtes mon comptable depuis un moment, vous me connaissez, j’aime être direct, à part peut-être avec le fisc. Alors si vous vivez toujours la même journée, rien ne doit changer, non ?
– Non !
– Alors dans ce cas, comment était la stagiaire qui servait de table basse dans la salle d’attente devant mon bureau hier ? Vous savez bien que j’en change chaque jour.
– Hé bien… châtain, je crois.
– Et aujourd’hui ? »

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Berthier entrouvre timidement la porte pour regarder de l’autre côté du couloir et la referme dans un grand soupir.

« Rousse ! Elle est rousse ! Je suis sorti de la boucle temporelle !
– Ah, Berthier, Berthier… pas d’inquiétude : il n’y a jamais eu de boucle temporelle.
– Mais ? Vous êtes sûr ? »

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Je pose une main paternelle sur l’épaule de mon employé, et nous contemplons tous deux la ville qui vibre juste de l’autre côté de la fenêtre de son bureau.

« J’en suis sûr« , lui dis-je tranquillement. « Aucune boucle temporelle. » Je sens ses épaules se détendre sous mes doigts.

« Vous avez juste une vie de merde« , conclus-je avant de repartir vers mon bureau pour les entretiens d’embauche de mes assistantes.



Lucy (fer)

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« Bon les gars, j’ai une super idée pour mon prochain film.« 

Un bruit de cuir accueille la nouvelle alors que tous les collaborateurs de Luc Besson s’enfoncent peu à peu dans leurs sièges. L’un d’entre eux tente même de passer sous la table, mais il est aussitôt accueilli par un « occupé ! » lancé par d’autres ayant été plus rapides que lui. Il se redresse péniblement et timidement, demande :

« C’est… qu’est-ce que c’est ? 
– Un truc qu’on n’a jamais fait !
– Un bon film ?
– Berthier : dehors ! J’en ai assez des moqueries ! »

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Luc Besson tourne dans la pièce sous le regard inquiet de ses assistants, et les sourcils froncés, finit par marteler du poing la vaste table.

« Je ne suis pas n’importe qui ! On se moque, mais hein, Léon, c’est qui ? Et Nikita ? Et le Grand Bleu ? 
– Ça a plus de 20 ans, chef. Un peu comme quand vous dites aux gens que Jean-Marie Bigard ne fait pas que des blagues de cul parce qu’il y a le sketch de la chauve-souris. Ça remonte et ça fait peu comparé au… au reste.
– Justement Lanbert ! C’est là que mon idée touche au génie ! Je vais renouer avec le grand cinéma ! Avec les sujets complexes ! Je vais consacrer mon prochain film a un sujet particulièrement difficile et profond… »

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Un grand silence flotte dans la salle, jusqu’à ce qu’enfin, Luc Besson lâche :

« L’intelligence ! »

La suite, personne ne la connait. Certains prétendent que c’est ce qui aurait provoqué cette série de mystérieuses crises de fou rire ayant conduit à la mort d’une partie des assistants de Luc Besson. D’autres se demandent encore comment des journalistes ont pu reprendre noir sur blanc le communiqué de presse disant que l’on n’utilise que 10% de notre cerveau, provoquant d’autres morts par pendaisons dans le milieu scientifique. Tout ce que l’on sait, c’est que le résultat se nomme Lucy, et que oui, Luc Besson oblige, on y trouve des chinois, des courses poursuites, des messieurs qui jurent de protéger des mesdames et autres subtilités.

Alors, bouse ou précis de philosophie (ce qui dans les deux cas, fera les beaux jours de bien des forums 2.0) ?

Spoilons, mes bons !

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L’affiche : « On utilise en moyenne 10% de nos capacités cérébrales. Le scénariste était à 0,7% »

Notre film débute il y a bien longtemps, ce qui est décidément très à la mode, du côté de l’Afrique ou une Australopithèque est en train de boire un coup. La voix off de Scarlett Johansson se lance alors dans le début de ce qui va être de la philosophie de collégienne fan de One Direction à savoir « Il y a ouat’mille années, on nous a donné la vie… et voyez ce que nous en avons fait ! » et s’ensuivent alors toute une série d’images d’urbanisation galopante, de pollution, de bébés animaux tristes et tout ce que vous voulez et qui aurait sa place dans un Powerpoint moralisateur de Gégé de la compta.

L’occasion de parler tout de suite de ce phénomène : tout le film, Luc Besson, qui a probablement racheté une banque d’images à pas cher, balance quasiment une fois par scène des images de la savane, de ch’tites nenfants qui naissent ou de cellules qui se divisent pour illustrer soit le discours d’un personnage, soit la situation d’un autre. Et toutes les 2 minutes, ça donne surtout envie d’envoyer à Luc Besson des images de chatons qui se noient, de castings de Télé-Réalité et bien évidemment, de diarrhées explosives.

Cela étant dit, allons dans le présent pour retrouver, à Taiwan, deux Américains occupés à discuter devant un hôtel de luxe de Taipei. L’occasion de débuter avec un dialogue particulièrement notable, dont je vais tenter de vous synthétiser la qualité.

« Salut Lucy ! C’est moi Richard ! Dis, tu voudrais pas entrer dans ce building et donner cette valise mystérieuse que j’ai à la main à un certain Monsieur Jang ?
– Non.
– Allez !
– Non.
– Steuplé !
– Non, je dois rentrer chez moi étudier.
– Tu veux vraiment pas y aller ?
– J’ai pas envie.
– Mais ce serait sympa.
– Oui, mais non.
– Allez, vas-y, steupléééé.
– Non.
– Tu me fais confiance hein ? Alors, allez !
– Non.
– Non mais vraiment, tu veux pas ?
– Non, je veux pas. »

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Vous trouvez ça chiant ? Ben ce n’est que le début, parce que ça continue longtemps. Très longtemps.

« Mais allez, steuplé Lucy, tu veux pas y aller ?
– Non merci.
– Mais vas-y ! 
– Non.
– Allez, rentre dans le building !
– Non.
– Ça me rendrait super service !
– Non, je m’en vais.
– Reste, reste ! Et va dans le building, alleeeeeeeeeez !
– Non. »

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Cet excellent dialogue particulièrement bien écrit et qui donne une scène qui ne veut pas s’arrêter est aussi l’occasion pour le spectateur de se demander pourquoi Richard embête Lucy. Car semble-t-il, Richard est un habitué du transport de mallettes suspectes, mais il est « grillé auprès de M. Jang« , raison pour laquelle il voudrait que Lucy, qu’il ne connaît que depuis une semaine, prenne sa place. Parce que oui, moi aussi, quand j’ai une mallette super louche à faire circuler, je la confie à un mec « grillé » auprès du destinataire. Du genre envoyer Jean-François Copé livrer des livres de compte à François Fillon. Complètement plausible on vous dit.

Voilà. Luc Besson, si tu me lis (et si tu sais lire), j’en profite : la prochaine fois, plutôt que de faire une scène de deux plombes où un mec pas crédible essaie de refiler une mallette à une étudiante pour un plan pourri qu’elle a refusé 269 fois, tu fais juste une scène où un mec file de la thune à une étudiante qui en a besoin pour une mission en apparence toute simple et sans danger. Ce sera moins long, moins cher et plus crédible. Mais bon, hein, c’est toi l’expert, mec.

Toujours est-il que ledit Richard, visiblement perturbé par la résistance de Lucy à ses incroyables arguments, décide de couper court à la conversation en utilisant des menottes, technique fort appréciée des connaisseurs. Sauf que le nigaud, plutôt que d’ensuite emmener Lucy jusqu’à un coffre de berline (l’enfance de l’art), se contente de la menotter à la fameuse mallette en lui expliquant que seul Monsieur Jang a la clé. Au boulot, donc, ma petite Lucy ! C’est donc vêtue de son élégante veste en léopard que Lucy se rend à la réception de l’hôtel pour demander si Monsieur Jang ne voudrait pas venir récupérer un colis de la part de Richard.

Et en effet, Monsieur Jang a bien envie de récupérer le colis.

Mais comme Monsieur Jang est lui aussi un personnage particulièrement con, plutôt que d’inviter Lucy à monter, il décide d’envoyer une équipe en bas kidnapper Lucy en plein milieu du hall de l’hôtel devant toutes les caméras et les témoins que vous pouvez imaginer, et fait abattre Richard qui suivait la scène depuis l’extérieur, ce qui, là encore, au milieu d’un quartier chic, dans une ville riche, tout contre un bâtiment de luxe fort sécurisé, est probablement une excellente idée, du moins si vous êtes du genre à vous enfoncer des pieds de chaise dans les narines.

Monsieur Jang, vous fleurez bon le champion.

Bref, Richard mort, Lucy est emmenée dans l’hôtel jusqu’à une suite de luxe où l’attend le fameux Jang, qui est occupé à tuer des gens pour bien montrer qu’il est très très méchant, houlala, grougroum. Et bien que Monsieur Jang dispose dans son équipe de gens qui parlent l’anglais, il décide plutôt, pour communiquer avec Lucy, d’appeler la réception pour qu’elle fasse la traduction. Oui, moi aussi, lorsque j’ai une discussion super illégale à tenir, j’aime le faire en utilisant un moyen non-sécurisé pouvant tout enregistrer et avec l’aide d’un tiers qui pourrait tout balancer quand j’ai le choix de faire autrement. Non vraiment, Jang, tu es un bon. Enfin, au moins il est  est clair : il souhaite que Lucy ouvre la valise car il craint qu’elle ne soit piégée ou pire, ne contienne des CD de Skrillex. Lui et sa petite équipe s’éloignent donc pendant qu’il laisse la malheureuse, un peu traumatisée, derrière un bureau avec le code (c’est le 2) pour ouvrir la fameuse mallette.

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Monsieur Jang est tellement fort que quand il bute des gens, ça lui éclabousse le visage mais pas le costume. C’est fou, quand même.

Clikiklikiklak : nenni d’explosion lorsque notre jeune héroïne ouvre le précieux conteneur.

Ce qui semble étonner Jang et ses amis, visiblement certains que le tout était piégé. Ah ? Vous voudriez donc dire qu’ils pensaient que manipuler un colis probablement explosif était beaucoup plus pratique dans la suite d’un hôtel de luxe où la police arrivera super promptement en cas de pétarade plutôt que dans un hangar tranquille à l’écart de la ville ? D’accord d’accord. Sinon, la prochaine fois, vous ne voulez pas l’ouvrir directement dans un commissariat ? Ou devant le ministère de la justice ?

Hé bien croyez moi ou non, mais la suite va prouver que même cette idée n’a pas été considérée comme si absurde que cela par l’équipe du film.

Non mais vraiment ? Qu’est-il arrivé au cinéma ?

Toujours est-il, pour en revenir à Lucy, que la valise ne contient pas de bombes, mais quatre sachets de drogue contenant d’étranges cristaux bleus. Jang n’hésite donc pas à sortir d’une pièce voisine un toxico ravagé (peuplade typique des hôtels de luxe, comme chacun sait, l’autre jour j’en avais encore un sous mon lit, on a dû gazer toute la suite des fois qu’il y en ai d’autres) pour lui faire goûter la chose : c’est de la bonne ! Le camé se met à rire comme un dément jusqu’à ce que Jang l’abatte parce qu’il… que.. ah, oui : il est méchant. La chose entendue, Jang explique à Lucy (toujours via la réception de l’hôtel) qu’il a un travail à lui proposer…

Et avant que la bougresse ne puisse décliner la bien belle offre, elle se prend une grosse mandale dans la margoulette.

Lucy se réveille donc dans la suite de l’hôtel de luxe toujours, avec un gros mal de tête, un étrange mal au cucu et son chemisier entrouvert pour que le public puisse profiter de Scarlett Johansson se promenant en soutien-gorge. Mais en baissant les yeux, plus que ses seins, c’est surtout un curieux bandage qui attire l’attention de Lucy car lui n’était pas là avant aux dernières nouvelles. Qu’est-ce qu’on lui a fait ? La réponse vient bien vite lorsque les hommes de Jang arrivent, la traînent dans la pièce voisine où justement, Jang attend, cette fois assisté de l’un de ses hommes anglophones (quelle bonne idée ! Il faudrait juste l’avoir plus tôt la prochaine fois).

« Bonjour Mademoiselle Lucy ! 
– Qui êtes-vous ? Pourquoi ai-je un gros pansement sur le bide ? 
– Hahaha, une simple petite opération chirurgicale de rien du tout ! Au début on pensait vous prendre un rein et puis pfou, on s’est rappelé que vous étiez étudiante. Quand on a ouvert, qu’est-ce qu’on a rigolé ! Au départ, on a cru que vous aviez un haricot magique dans le bide, mais quand on appuyait dessus, ça faisait « pouic » et ça sentait la vodka, alors avec Michel, on est allé chercher une paille et…
– Non mais au final, vous m’avez fait quoi ?
– Hein ? Ah, oui ! Non, en fait, on vous a mis dans le bidou un sachet de dope, du CPH4, parce qu’on adore donner des informations confidentielles à nos mules. C’est une drogue qui va cartonner en Europe !
– Mais je ne veux pas !
– C’est ballot, parce que Monsieur Jang veut, lui. Alors vous et trois autres candidats, chacun avec un sachet dans le buffet, vous allez rentrer dans vos pays où des agents à nous viendront récupérer le précieux bien. Et si jamais vous ne coopérez pas, nous savons où sont vos familles, alors ne déconnez pas ! »

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Et c’est ainsi que Lucy et trois autres types que les méchants sortent d’un placard reçoivent un passeport et un billet d’avion pour rentrer chez eux. Puis, on leur met un sac sur la tête et on les emmène jusqu’à l’aéroport du coin.

Je vous propose, pendant ce temps, de nous rendre à Paris pour suivre une conférence du professeur Norman, spécialiste mondial du cerveau, qui est en train de présenter sa super théorie scientifique à des étudiants, à savoir que l’être humain n’utilise que 10% de ses capacités cérébrales et que s’il en avait plus… ho, vous savez quoi ? Écoutons plutôt le professeur Norman.

« L’être humain n’utilise que 10% de son cerveau. Et voyez tout ce que nous avons fait avec ! Des bateaux, des avions, la conquête de l’espace, Internet, Closer… alors imaginez si nous utilisions mieux notre cerveau !
– Professeur, professeur ! 
– Oui, étudiant qui interrompt les conférences de manière complètement crédible pour poser des questions allant dans mon sens ?
– Y a-t-il des preuves de votre passionnante théorie ?
– On a pris Darwin pour un fou quand il a présenté la sienne. Nous sommes là pour bousculer les règles, pas les suivre. C’est ça, être un scientifique !
– Ah putain, moi je croyais que c’était se baser sur des faits observés. 
– Ouais ben non, rent’ chez toi.
– Merci professeur.
– Que disais-je ? Ah oui ! Tenez, prenons le dauphin ! Le dauphin dispose du meilleur sonar au monde, plus puissant que tout ce que nous avons inventé. Et pourquoi ? Parce que le dauphin utilise 20% de son cerveau ! 
– Professeur, professeur ?
– Oui, étudiant Roudoudou ?
– Si le dauphin utilise un sonar, ce n’est pas juste parce qu’il a un sonar naturel ? 
– … vous voudriez dire que ce n’est pas son cerveau qui envoie des ondes magiques ?
– Ben non.
– Okay, cassez-vous de cette salle et rendez-moi les étudiants qui me servent la soupe. Passons à la suite. Savez-vous comment les cellules traversent le temps ? Elles ont deux solutions. La première, c’est de devenir immortelles. Pour cela, elles doivent rencontrer Sean Connery puis décapiter des gens pour absorber leur pouvoir, voire potentiellement devenir Christophe Lambert. Une option complexe, j’en conviens. L’autre, c’est la reproduction : la cellule va transmettre son savoir à une autre, puis à une autre, en profitant d’un environnement favorable pour se multiplier… »

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Ho, je sens que je vous ennuie avec ma conférence du professeur Norman sur l’immortalité ou la reproduction des cellules et le cerveau à 10%. Allez, retournons voir Lucy. Mais c’est bien parce que c’est vous.

Car visiblement, entre le bureau de Monsieur Jang et l’aéroport, Lucy a été prise dans un trou spatio-temporel et s’est retrouvée, sans aucune raison, menottée à une chaise dans une cellule quelque part en Chine. Non, vous n’aurez aucune explication. Je n’exagère pas : pouf, c’est comme ça. Deux Chinois visiblement intéressées par Lucy et pas seulement intellectuellement lui tournent autour en montrant leurs muscles, mais lorsque la belle refuse de les aider à soulager leur trop plein de masculinité, l’un d’entre eux la jette au sol, la tabasse et lui défonce le bidou à coups de pied pour lui faire comprendre qu’il a un gros traumatisme vis-à-vis de l’emploi du négatif.

Ce qui confirme accessoirement que ces gens ne savent pas qu’elle est une mule sinon ils ne feraient pas ça. Ils n’ont donc vraiment aucun rapport avec Jang, un gang rival, les autorités, l’intrigue ou le film ils sont juste là, pif pouf. Une sorte de Deus Ex Monchinois.

Oui mais voilà ! En tabassant Lucy, les brigands ont crevé le paquet dans son ventre, qui libère la fameuse drogue ! Ah ! Et alors que les deux vilains quittent sa cellule, Lucy se met à convulser sur le sol… puis sur le mur ? Puis contre le PLAFOND ?! Car grâce à ladite drogue, Lucy est en train de libérer ses capacités cérébrales, comme la fameuse qui permet de dire à la gravité qu’elle est bien gentille, mais qu’elle peut repasser dimanche. Après avoir joué à Gravity toute seule dans sa cellule, Lucy reprend le contrôle d’elle-même, et habitée par une assurance nouvelle, elle retourner sur sa chaise attendre qu’un des deux vilains Chinois entre. Ce qui arrive peu après, et grâce à une subtile technique de séduction, la belle arrive non seulement à obliger le brigand à s’approcher, mais aussi à lui péter la gueule (car visiblement, la drogue lui a enseigné le kung-fu, j’ai bien vu que les cristaux avaient une petite moustache de vieux maître). Elle récupère donc ses clés et son pistolet et quitte sa cellule, aussi froide et déterminée. Enfin je crois.

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« Désolé Madame ! On ne sait pas ce que vous faites là ni pourquoi on vous retient mais on va vous taper. Faudra pas nous en vouloir, hein ! »

En chemin, elle croise un groupe de méchants qui étaient occupés à manger en rigolant dans la pièce voisine, et elle les abat donc tous froidement.

Le spectateur coquin notera qu’il y en a un qui n’est pas touché mortellement tout au fond de la pièce, loin de là, mais visiblement, il doit faire le mort jusqu’à la fin du film pour s’éviter plus d’ennuis voire quitter cette bouse. D’ailleurs, dans l’affaire, Lucy reçoit une balle dans l’épaule comme ça, pouf, et la retire avec les doigts sans problème ni douleur. Elle s’assoit donc à la table des morts et se nourrit donc pour se remettre de toutes ses émotions. Puis sort de là pour trouver deux chauffeur de taxis en train de discuter. Elle demande qui parle anglais : le premier ne répond pas et elle lui colle donc un pruneau dans la jambe, ce qui incite le second à coopérer. Et Lucy exige donc d’être amenée à l’hôpital.

Cela dit, quelqu’un aurait répondu « I speak english. Wall street english« , je pense que lui, il était bon pour la balle dans la tête direct.

Sur place, c’est de mieux en mieux pour Lucy qui découvre qu’elle entend les gens parler de très loin, et mieux encore, que soudainement elle lit le chinois à la perfection (mais toujours pas le néerlandais, ça par contre, faut pas déconner). Elle trouve donc sans aucun souci la salle de chirurgie de l’hôpital, analyse les radios accrochées au mur pour constater que le patient sur le billard ne survivra sûrement pas à l’opération (car elle a aussi soudainement un diplôme de médecine) et abat donc ce dernier pour prendre sa place et exiger des chirurgiens, non pas qu’ils lui recousent le trou béant qu’elle a dans l’épaule (hohoho, détail mes pauvres amis !) mais qu’ils lui sortent du bide la drogue qui y est encore.

« Bon ben okay, c’est cool, ça nous dérange pas que tu tues nos patients, on t’aime bien. » répond le chirurgien en chef qui n’est vraiment pas farouche et se met donc au travail pendant que la sécurité de l’hôpital est probablement occupée à jouer à Jungle Speed.

Lucy en profite pour faire deux choses urgentes.

1) Appeler sa mère en utilisant le téléphone du chirurgien. Et là encore, attention, grand dialogue.

« Allô maman ?
– Ma chérie ! Mais quelle heure est-il à Taiwan ! Tu appelles bien tard ? Tu vas bien ?
– Maman, je me souviens de tout… le goût de ton lait… le liquide dans ton ventre… et je ressens tout… la gravité… la rotation de la Terre… le vide… je ressens la moindre zone de mon cerveau… l’accès complet à toute ma mémoire…
– Ma chérie ? Je t’entends mal ? Que disais-tu au sujet de la mémoire ?
– Je t’aime maman. Merci pour toutes les caresses que tu m’as données, je les sens sur mon visage. »

*clic*

Hé bé, voilà une maman bien compréhensive. Parce qu’en fait, ça aurait probablement dû se passer comme ça :

« Allô maman ?
– Ma chérie ! Mais quelle heure est-il à Taiwan ! Tu appelles bien tard ? Tu vas bien ?
– Maman, je me souviens de tout… le goût de ton lait… le liquide dans ton ventre…
– Ma chérie, tu ne serais pas un tout petit peu défoncée par hasard ?
– Et je ressens tout… la gravité… la rotation de la Terre… le vide…
– Attends chérie, je te met sur haut-parleur, il faut que ton père entende ça ! Whololo, le trip qu’elle se fait…  putain, mais tu nous appelles de Woodstock en fait ?
–  Je ressens la moindre zone de mon cerveau… l’accès complet à toute ma mémoire…
– Ah ben ça, c’est nouveau parce que tes contrôles d’histoire aux dernières nouvelles, c’était zobi.
– Je t’aime maman. Merci pour toutes les caresses que tu m’as données, je les sens sur mon visage.
– Tu vas voir la caresse que tu vas prendre en rentrant, à claquer la thune que l’on t’envoie pour des études dans de la ganja ! »

*clic*

Cela fait, la suite.

2) Demander au chirurgien ce qu’est le CPH4

Et d’après les explication de ce Monsieur, il s’agit en fait d’un produit généré en quantité infime par les femmes enceintes pour donner l’énergie à leur enfant de construire leur corps. L’équivalent énergétique d’une bombe atomique pour le fœtus. Il avait ouï dire qu’un produit de synthèse était en cours d’étude, mais le retrouver ainsi sous forme de drogue dans le corps d’une Américaine visiblement un peu tarée… voilà qui le surprend. Et lui paraît un peu débile, aussi, mais passons.

L’affaire réglée, Lucy repart tranquillement de l’hôpital, pom podom podom, personne ne m’embête c’est bien normal, et s’en retourne vers le quartier général de Jang pour prendre sa revanche, équipée de deux pistolets avec silencieux que son cerveau a probablement générés seul, ainsi que de poignards. Grâce à ses nouveaux supers réflexes, tous les hommes de Jang sont donc abattus comme de petites crottes lorsqu’ils tentent de se dresser devant elle, et comme en plus, maintenant, Lucy a le pouvoir de voir à travers les murs (c’est tout à fait logique), elle les abat avant même qu’ils ne puissent la voir. Et enfin, elle va trouver Jang, qui se faisait tatouer tranquillement chez lui ; elle le cloue donc à la chaise de tatouage en lui plantant ses poignards dans les mains, puis scanne sa mémoire pour savoir où les autres mules ont été envoyées. Car elle veut récupérer toute cette maudite drogue.

Chose amusante, en scannant sa mémoire, Lucy a accès… au point de vue des hommes de Jang, pas de Jang lui-même. Ce qui est un peu incohérent, mais comme tout ce film l’est, finalement, c’est cohérent (si, si). Et lit ainsi dans la mémoire des hommes de Jang qui se trouve dans la tête de Jang sans raison valable que les mules sont parties pour Berlin, Rome et Paris.

Et cela fait…

… elle se barre.

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La super intelligence, c’est aussi de se promener avec une blouse piquée à l’hôpital sans raison et ne pas avoir changé de t-shirt juste pour avoir l’air super suspecte au premier coup d’œil.

Pardon ? Dis-donc Lucy ! Mon cerveau n’est peut-être pas aussi performant que le tiens, mais je crois me souvenir que tu avais abattu plein de gens de sang froid auparavant ! Et même tiré sur un chauffeur de taxi au motif qu’il ne parlait pas l’anglais ! Mais le mec qui t’a mis dans la mouise, risque de te poursuivre et a tué plein de vilains et buté ton pote Richard, lui par contre, c’est okay ?

Ça doit être trop intelligent pour moi.

Bon, ben très bien.

Cela fait, Lucy décide de se renseigner un petit peu sur ce qui lui arrive, et commence donc par rentrer chez elle pour retrouver sa coloc’ de Taipei. Grâce à ses nouveaux pouvoirs surhumains, Lucy est capable de détecter que « se bourrer la gueule est mauvais pour ton foie » et tape donc aussitôt une fausse ordonnance en chinois pour son amie (car oui, du coup, elle a aussi appris à utiliser Photoshop grâce à son cerveau surpuissant) tout en lui recommandant de changer de vie. Puis, quitte à utiliser un PC, elle va donc sur Doctissimo demander ce qui se passe dans son cerveau. Après 277 diagnostics de surdouance & autre zèbrerie, 87 d’hyperactivité, 18 de cancers et 2 de MSTs exotiques, elle décide de plutôt recourir à Google et tombe sur la page Facebook du professeur Norman, où entre diverses photos de lui avec son slip sur la tête, trouve un lien vers l’intégralité de ses études, qu’elle lit en quelques secondes. Puis, appelle le professeur Norman, qui lui était tranquillement à son hôtel en train de regarder le Grand Journal.

« Allô, professeur Norman ?
– Oui ? A qui ai-je l’honneur ?
– Je m’appelle Lucy. 
– Lucy comment ?
– Lucy. L’équipe du film n’a pas pensé à me donner un nom de famille. D’ailleurs, au casting, il n’y a qu’un seul personnage qui a un nom complet, c’est vous dire la profondeur des personnages.
– Je vois. Que puis-je pour vous Lucy ? 
– Votre théorie sur l’utilisation du cerveau. Elle est rudimentaire, mais vraie. J’ai lu l’intégralité de vos travaux sur le sujet.
– L’intégralité ? Mais enfin… il y en a beaucoup trop ! »

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Notez que le galopin explique que personne ne pourrait lire tous ses travaux tellement il y en a. Juste comme ça mec : si tu as eu le temps d’écrire quelque chose, quelqu’un aura forcément le temps de le lire, puisqu’aux dernières nouvelles, c’est même moins long. Même si dans le cas présent, je pense que les dialogues ont été beaucoup moins longs à écrire qu’à lire tant ils sont tous ratés. Mais, reprenons le fil.

« Il y en a exactement 6796 pages professeur.
– Ho ! Comment…
– Qu’importe professeur. Sachez que j’utilise désormais mon cerveau à 28% suite à l’absorption d’une drogue mystérieuse. Et que le pourcentage continue de grimper. Par contre, d’après mes calculs, il me reste 24 heures à vivre. 
– Comment puis-je vous croire ?
– Regardez, je contrôle votre téléphone. Tous vos téléphones que je fais sonner en même temps, hop ! J’apparais sur votre télévision.
– Ha ben tiens, oui, c’est pas banal.
– Professeur, j’ai une question pour vous que même ma super intelligence ne peut résoudre.
– Laquelle ?
– Cette drogue, ces pouvoirs… ils ont annihilé mes sentiments. Je me sens comme un robot. Que dois-je faire, maintenant, professeur ?
– Hé bien, comme je le disais plus tôt dans le film, les cellules disposant d’informations ont deux manières de la transmettre : devenir immortelles ou se reproduire. 
– Et ?
– Je pense que vous devez faire comme les cellules : transmettre l’information.
– Parfait. Je serai à votre porte dans 12 heures pour tout vous transmettre. A bientôt professeur. »

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Et elle raccroche.

Ce que le film ne montre pas, c’est qu’elle a tenu le même dialogue à un personnage beaucoup plus crédible qui était dans la chambre d’hôtel voisine de Norman quelques minutes plus tôt. Comme je suis sympa, je vous redonne ce que ça a donné.

« Allô, professeur Connard ?
– Oui ? A qui ai-je l’honneur ?
– Je m’appelle Lucy.
– Ecoutez, je ne me souviens que rarement des prénoms. Vous étiez stagiaire chez moi ? Comment vous êtes-vous échappée ? Vous voulez un CDI, c’est ça ? Donnez-moi votre adresse, je vous envoie quelqu’un. Diego ! Va chercher du chloroforme, une pelle et un grand sac poubelle ! 
– Non professeur. Je vous appelle car vous êtes un expert en absurdités. Or, je suis victime d’un truc absurde. J’ai lu tous vos spoilers, vous vous y connaissez.
– Tous mes spoilers ? Mais enfin Mademoiselle, il y en a beaucoup trop pour la santé mentale de n’importe qui ! Même ceux des Twilights ?
– Tous. Mais là n’est pas le sujet. Je vous appelle car j’utilise désormais 28% de mon cerveau suite à l’absorption d’une drogue mystérieuse.
– Je n’ai rien fait et d’ailleurs, vous n’avez aucune preuve. Par contre, je suis d’accord avec vous sur un point : vous êtes complètement stone. Maintenant il faut me laisser, hein. Les appels désespérés de damoiselles qui disent être fans de ce que je fais mais avoir été droguées contre leur gré , je connais et ça s’appelle mes ex. 
– Ecoutez-moi professeur. Le pourcentage d’utilisation de mon cerveau continue de grimper. Par contre, d’après mes calculs, il me reste 24 heures à vivre. 
– C’est ballot. Mais comment puis-je vous croire ?
– Je contrôle votre télévision. Et vos téléphones.
– Ouais, ben allez faire ça chez le voisin. C’est le professeur Norman et je l’entends glousser comme une écolière devant le Grand Journal, alors soyez sympa et faites-lui baisser le son.
– Professeur, j’ai une question pour vous que même ma super intelligence ne peut résoudre.
– « François Hollande est-il tangible ? »
– Non, une autre : cette drogue, ces pouvoirs… ils ont annihilé mes sentiments. Je me sens comme un robot. Que dois-je faire, maintenant, professeur ?
– Hé bien, comme le disait le professeur Norman plus tôt dans le film, les cellules disposant d’informations ont deux manières de la transmettre : devenir immortelles ou se reproduire. 
– Et ?
– Je pense que vous devez faire comme les cellules : vous reproduire pour transmettre l’information.
– Parfait. Je serai à votre porte dans 12 heures.
– Okay, et moi je commande du champagne et du lubrifiant. La reproduction, tout ça.
– Professeur je… je sens comme un danger qui plane sur moi maintenant que j’ai accepté votre offre. Je crois que je vais plutôt appeler la chambre d’à côté.
– Roooh, l’autre ! »

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Lucy se prépare donc à embarquer pour un vol Taipei-Paris, mais d’abord, elle a un autre coup de fil à passer. A la brigade des stups, en France.  Et c’est le capitaine Pierre Del Rio qui prend l’appel (oui, encore un).

« Allô, capitaine Del Rio ?
– Oui ? C’est vous la fille qui appelez tous les personnages du film pour leur raconter des âneries ?
– C’est moi. Capitaine, trois mules vont arriver à Berlin, Paris et Rome. Chacun de ces passagers a dans son corps un sachet contenant une nouvelle drogue ultra-puissante. Vous devez les arrêter et me donner la drogue. J’en ai besoin.
– Heu… vous savez que ça ne se passe pas comme ça, en fait ? Que la drogue, on ne la distribue pas ?
– Ce n’est pas dans le script. Faites oui oui de la tête.
– Mmm… oui oui…
– Très bien. Je vais vous envoyer les photos des passeports des trois passagers en question, que j’ai obtenues en… heu… ah merde, c’est pas écrit… je les ai… reproduites de mémoire sous Paint ?
– On va dire ça.
– Merci. Je vous les envoie sur votre PC grâce à mes supers pouvoirs psychiques. Mes supers pouvoirs psychiques qui me permettent aussi de vous dire, depuis Taipei, et sans caméra, que vous êtes assis sur votre bureau sans prendre de notes. Alors attrapez le stylo rouge à votre gauche et notez ce que je vous dis.
– Mais comment savez-vous tout cela ?
– Deux options : soit je suis une femme surpuissante avec des pouvoirs mystérieux, soit vos collègues de bureaux un peu cons vous font une blague grossière.
– Va pour les pouvoirs mystérieux. Je vous crois sur parole et préviens aussitôt Berlin et Rome ! »

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« Chaire proffeceur Norman, je suit une fille surdouai qui voudré un conseille. J’utilises cette ordinateur parsse que je chairche commant stoquer les connéssences que j’est accumuler. Si tu a connéssence d’un objé ou qu’on peux stoqué des donnée ce seré genti. Répon moi a ptitelouloutedetaipei@caramail.fr. Bisoo. »

Le capitaine Del Rio ne se pose donc guère plus de questions que cela et lance donc l’affaire, pendant que de son côté, Lucy monte dans son avion. Mais alors qu’elle arrive au-dessus de Paris, peu avant l’atterrissage, elle est fort surprise car… elle commence soudain à se décomposer ! Elle court donc s’enfermer aux toilettes en prétextant une méga-chiasse, et découvre qu’en absorbant un peu de la drogue qui restait dans le sachet qu’on lui a retiré du bide, ça va tout de suite drôlement mieux. Cependant, elle perd tout de même conscience, et à son arrivée à l’aéroport Charles de Gaulle, elle est droguée et attachée à un lit dans une chambre sécurisée. De la même manière, la police intercepte aux quatre coins de l’Europe les trois autres mules et… les fait envoyer en France pour leur retirer la drogue de l’estomac.

Ah ben oui. C’est vrai que ce n’est pas dangereux de voyager avec un sac dans le bide. Alors on leur fait faire encore un petit tour avec. Et que transférer un prisonnier se fait en 10 minutes. Et que tous les prisonniers sont déjà au Val-de-Grâce au moment même où Lucy arrive, soit à peine quelques heures après leur interpellation : bravo !

Non mais… bon, bref.

Sauf que Lucy se réveille. Et que cela surprend tout le monde, puisqu’on lui avait filé assez d’anesthésiant pour endormir un Jean-Pierre Castaldi. Aussi, toute la police lui tombe dessus lorsqu’elle essaie de quitter l’aéroport, et Lucy explique qu’elle aimerait parler seul à seul avec le capitaine Del Rio, et donc qu’il serait gentil de dire aux 250 agents de sécurité autour de bien vouloir la laisser en paix. Et comme la situation ne se règle pas assez vite, elle utilise ses pouvoirs surpuissants pour faire tomber tout le monde inconscient… sauf le capitaine Del Rio.

« Bon bé voilà capitaine, je vous ai donné les mules, vous allez leur retirer la drogue et me la filer.
– Non. 
– Allez, steuplé !
– D’accord. »

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Ce fabuleux argument suffit à convaincre le capitaine Del Rio, qui bien que trouvant ce qu’il vient de se passer bizarre, ne demande aucune explication à ce sujet parce que, bof, vous savez, des gens qui font tomber 250 mecs inconscients sans ciller, c’est curieux mais pas bien important. Tous deux montent donc dans la voiture du capitaine… sauf que Lucy a désormais le super pouvoir d’intercepter toutes les télécommunications ! Et utilisant ses pouvoirs mystérieux, elle parvient à détecter une conversation parmi des millions, en coréen par ailleurs : c’est Monsieur Jang ! Qui, oui, est Coréen, oui, est à Paris, oui, veut se venger, et oui, a appris que ses mules avaient toutes été prises par la police. Et qu’elles attendaient d’être opérées au Val de Grâce.

Les Coréens envoient donc tout un groupe sur place pour meuler la police et récupérer la drogue. Aussi simple que cela.

Et con, aussi. Mais est-ce que ça vous surprend encore ?

Lucy décide donc de prendre les choses en main : elle n’a jamais conduit mais prend le volant et s’avère être un pilote de génie (son cerveau lui a aussi fait passer ler permis). Elle met le gyrophare de Del Rio en marche, et en avant les enfants ! Sauf qu’en roulant à fond pour essayer de devancer les Coréens, elle attire l’attention d’autres unités de police, qui prennent la voiture de Del Rio en chasse.

« Je vais leur dire de nous lâcher, passez-moi la radio. » propose intelligemment Del Rio. « Non, j’ai une meilleure idée ! » répond Lucy histoire de bien pourrir l’affaire.

Et elle utilise donc ses pouvoirs pour provoquer un carambolage mortel entre les différentes voitures de police, le tout sur une place de marché où les véhicules hors de contrôle peuvent ainsi tuer plein d’innocents.

Sérieusement ? C’était ça ta meilleure idée ? Tu es sûre que ton cerveau fonctionne mieux qu’avant ? Non parce que non seulement Del Rio avait une solution simple, pacifique et sans risques, mais en plus, il aurait même pu dire « Continuez de nous coller aux fesses ! On va intercepter des méchants Coréens, on aura besoin d’autant de monde que possible ! » mais non. Et pourquoi ? Parce que Lucy est stupide. Aussi bien le film que le personnage, d’ailleurs.

Bref, pendant ce temps, au Val-de-Grâce, les Coréens qui doivent avoir des voitures avec des turbo-réacteurs sont arrivés avant même Lucy qui a pourtant une voiture de police, des supers pouvoirs et a intercepté le message ordonnant l’attaque. Et ils arrivent dans la salle où les mules sont retenues, tuent tous les policiers qui les surveillaient et…

Oui ? Se barrer et opérer les mules au calme ? Noooon. Vous vous souvenez de ce que j’avais dit plus haut ? Sur le fait que ces gens étaient assez cons probablement pour essayer de faire n’importe quoi en plein milieu d’un commissariat ? Hé bien c’est gagné : les Coréens décident d’opérer les trois types, sur place, bien lentement en prenant leur temps (plutôt que de les tuer et de récupérer la dope, même s’ils le font pour l’un d’entre eux sur un coup de tête mais ne poursuivent pas avec le candidat suivant), le tout entouré par les corps des policiers et après avoir vidé leurs flingues au milieu de l’hôpital.

Mais rassurez-vous, personne ne les dérange.

Bon je… je vais égorger un bébé phoque et je reviens d’accord ?

Hop.

Voilà. Donc, disais-je, ils ne sont pas dérangés, à part par Lucy qui débarque avec le capitaine Del Rio. Le chef de la petite troupe, sous-fifre de Monsieur Jang, ordonne donc à ses hommes de tuer Lucy pendant que lui se barre avec la mallette contenant les trois sachets de drogue qu’ils viennent de récupérer sur les pauvres mules.

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Chose intéressante : lorsque l’on a des supers pouvoirs, il faut quand même utiliser ses mains comme sur une tablette pour percevoir le monde. Moi aussi, quand j’essaie d’écouter deux conversations, je suis obligé de les faire glisser devant moi pour préciser sur laquelle je me concentre le plus.

« Ah ! Parfait, Lucy va tous les faire tomber inconscient ! » s’exclame le public.

« Mmmmm noooon je vais plutôt faire un mur invisible pour empêcher le chef des méchants de fuir. » répond Lucy qui confirme ainsi son statut de bulot qui parle. Car oui, plutôt que de tout régler en une seconde – ah, le problème des pouvoirs surpuissants ! – elle préfère faire du n’importe quoi. Elle fait donc son mur invisible, puis pendant que les hommes du méchant attendent en faisant du rien malgré le fait que leur chef leur ordonne de tirer, Lucy prend son temps pour leur faire dégager leurs armes, puis les fait léviter pour se frayer un chemin jusqu’au méchant en chef et récupérer la mallette.

Et devinez quoi ?

Elle ne tue personne. Ne les fait pas tomber inconscient. Et une fois partie… hé bien elle les laisse même se barrer.

QU’EST-CE QUI NE VA PAS CHEZ TOI ?

« Bon ben maintenant que j’ai la drogue, et que la police qui vient d’arriver n’empêche personne de sortir de l’hôpital, capitaine Del Rio, je vous fais un bisou. Cela fait, soyez bien urbain et emmenez-moi au centre de recherche où m’attend le professeur Norman dont j’ai détecté les pensées à 12 000 bornes et compris qu’il m’attendrait là et non pas à l’hôtel.« 

Ça doit être pratique, ça, de pouvoir lire les pensées de gens tellement loin qu’ils ne sont même pas en vue.

Surtout quand en sortant de l’hôpital, Lucy croise la voiture de Monsieur Jang, mais là par contre, le mec a beau être limite en train de ronger sa vitre en hurlant des insanités, lui, elle ne le remarque pas. Ni ne détecte quoi que ce soit. C’est beau la magie du scénario : je vous rappelle que depuis le début, tout ne repose que sur le fait qu’à chaque fois que Lucy croise les méchants, elle fait bien attention à les ignorer/les épargner/leur donner une chance de faire une nouvelle scène d’action.

Et c’est ce qu’il se passe. Car Jang ordonne à ses hommes de suivre Lucy jusqu’au centre pour lui mouliner la margoulette. Et lui-même mènera l’assaut, car il la tuerait bien de ses mains. Le capitaine Del Rio, à l’opposé, préfère prendre ses précautions et appeler des gardiens de la paix en renfort (mais pas d’unités plus costaudes comme le GIPN, le GIGN, ou même des ninjas, ce qui est bien dommage). Cela fait, tout le monde se rend donc au centre de recherche où Lucy rencontre pour la première fois le professeur Norman, le légendaire scientifique et une équipe de sommités qu’il a réunies.

Vous ai-je d’ailleurs parlé du moment où le professeur Normal parle de Lucy l’australopithèque en disant « la première femme de l’humanité s’appelait Lucy » au lieu de « le plus ancien corps de femme retrouvé a été baptisé Lucy » ? Quand je vous dis que c’est un grand scientifique, je ne déconne pas.

« Prouvez-nous que ce dit Norman à votre sujet est vrai ! » demande un des scientifiques présents. Aussitôt, Lucy lui saute dessus, lui touche le front et a la vision d’un chauffeur sur le point de renverser une fillette. Elle explique donc :

« Vous aviez une fille, elle a été renversée quand elle avait 6 ans. Par une voiture bleue, avec un petit oiseau qui pendait au rétroviseur.
– Alors c’est très vrai, mais vous pouvez m’expliquer comment encore une fois, en scannant ma mémoire, vous n’avez pas ce que j’ai vu mais ce qu’a vu le chauffard qui n’a rien à voir avec moi ?
– … c’est… heu… magique ?
– Okay, vous m’avez convaincu. »

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C’est donc encore une fois en se vautrant lamentablement que le film se poursuit. Car Lucy explique son plan : avant de disparaître, elle veut transmettre, comme convenu, le savoir qu’elle a accumulé (parce que oui, utiliser son cerveau plus largement lui donne accès à plein de mystères qui traînaient dedans sans que l’on sache bien pourquoi). Pour ce faire, elle propose de faire un test : lui injecter toute la drogue qui reste. Elle pourra ainsi s’en servir pour monter ses capacités cérébrales jusqu’à 100% et ainsi savoir ce qu’il se passe à ce moment là. Et en même temps, elle va tenter d’utiliser ses pouvoirs pour créer un ordinateur suffisamment puissant pour contenir son savoir car elle peut désormais manipuler la matière, y compris fécale au vu de l’intrigue. Mais son plan est interrompu par de tristes nouvelles données à Del Rio par ses camarades de la maréchaussée.

« Capitaine  ! Il y a des Coréens avec des lance-roquettes et des gros flingues qui arrivent ! 
– J’ai une idée : on va tenter de les retenir au maximum pendant que Lucy fait son expérience, quand bien même on ignore combien de temps ça va prendre.
– Super ! Et sinon, on ne pourrait pas juste dire à Lucy de tous les neutraliser comme elle l’a déjà fait à l’aéroport et ensuite reprendre le test en toute sécurité ?
– Comment vous appelez-vous ?
– Roudoudou. J’étais étudiant mais je me suis fait virer, alors pour gagner ma vie, je suis devenu flic.
– Cassez-vous Roudoudou ! Vos plans intelligents n’ont rien à faire dans ce film ! Encore une fois, on ne va pas utiliser de pouvoirs surpuissants de manière utile ! A la place, on va se faire une grosse scène de fusillade sans aucune raison ! »

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Et c’est exactement ce qu’il se passe.

Pendant que Lucy fait monter son pourcentage de matière grise utilisée, les policiers et les Coréens s’affrontent dans le couloir menant à la salle où Lucy est (mais dont la porte arrête toute les balles, merci, quand bien même elle est au fond du couloir) et Lucy pendant ce temps raconte des trucs comme « 1+1 ne fait pas 2 car en fait, ce n’est pas la bonne échelle, il faut être conscient du temps qui passe » bref, vous l’avez compris, plus le temps passe, plus en fait Lucy se transforme tout simplement en Jean-Claude Van Damme. Et une fois qu’elle a fini de raconter du caca, elle met bel et bien son plan à exécution, à savoir qu’elle s’assoit dans une chaise, se concentre, et transformant l’un de ses bras en enchevêtrement de tubes façon Akira, commence à absorber tout ce qu’il y a dans la pièce (à part les scientifiques) pour convertir cette matière en un gros PC surpuissant au milieu de celle-ci.

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Le professeur Norman se marre : Lucy n’a toujours pas compris que puissance cérébrale et savoir étaient deux choses différentes. Pour stocker toutes ses connaissances, elle aura donc juste besoin d’un Amiga 500.

Sauf que les Coréens, dehors, ont pris l’avantage et réussi à coller une roquette dans la porte alors que Lucy était à 99% d’utilisation de son cerveau. Monsieur Jang arrive donc, l’arme à la main, et sous les yeux médusés des scientifiques (tous les policiers dans le couloir qui étaient encore vivants il y a une seconde sont partis faire caca semble-t-il), braque Lucy. Il reste comme ça 40 bonnes secondes, sans raison là encore, jusqu’à ce que Lucy atteigne soudain 100% d’utilisation de son cerveau… et disparaisse à la seconde où Jang tire !

AH BEN CA ! C’est tellement original que je crois que je l’ai en 87 exemplaire dans mon album Panini « Poncifs qui puent & ficelles grossières.« . J’échange d’ailleurs ces vignettes contre la légendaire carte rare Ridley Scott, celle avec les bords dorés.

Mais bref.

Jang est bien embêté : il vient bêtement de fusiller une chaise vide. Il est doublement embêté quand Del Rio, qui était donc bien vivant, juste à côté de la porte qu’il était censé défendre, mais avait laissé Jang rentrer sans le déranger, fait son grand retour sans aucune explication (pourquoi commencer maintenant ?) et abat le méchant qui s’effondre dans la chaise en question. Del Rio et les scientifiques se retrouvent donc dans la pièce, un peu embêtés et sans savoir quoi faire. Il ne reste plus de Lucy que l’immense ordinateur en plein milieu, et duquel surgit… une clé USB.

Qui sitôt saisie, fait que l’ordinateur tombe en poussière : il a fait son office.

Toutes les connaissances accumulées par Lucy sont donc sur cette clé particulièrement moche (spécial dédicace à l’effet spécial pourri pour donner l’impression qu’il y a des étoiles qui bougent sur la coque), et on imagine que si Lucy était née 15 ans plus tôt, elle aurait généré une disquette 5 pouces 1/2 chatoyante, ce qui aurait quand même eu vachement plus de classe. Tout le monde se regarde donc et est bien content : elle a accompli sa mission.

Elle a légué à l’humanité la seule clé USB assez puissante pour y stocker tout le porn du monde dès qu’ils auront formaté les conneries que Lucy a laissé dessus.

Del Rio, quand même bien enquiquiné car il aurait bien voulu un autre bisou, demande à la cantonade « Ben ? Où s’qu’elle est ?« 

Et un SMS sur son téléphone lui répond :

« Je sui partou, lol. »

Alors que Del Rio réfléchit à tout ce que cela implique d’avoir une Scarlett Johansson invisible et omnisciente, surtout au sujet de ses activités habituelles sous la douche, la voix off de Lucy vient accompagner la caméra qui s’éloigne.

« On nous a donné la vie. Maintenant, vous savez quoi en faire.« 

Et…

… FIN !

Pardon ? Mais qu’est-ce que ? Mais ! Attendez, le film se finit là-dessus, paf, elle disparaît, fait la morale et c’est plié ? Oh oui, je sais ce que je vais en faire, de ma vie !

Diego, charge mon fusil dans la voiture : on va chez Luc Besson !

_________________________________________

Vous pensez que j’exagère sur le bullshit philosophico-prout-prout de ce film et de sa phrase finale ? Alors dites-vous que je ne vous ai pas parlé, alors que Lucy est sur sa chaise à s’approcher des 100% de capacité cérébrale, des scènes où Lucy voyage dans le temps (si), l’espace (aussi), touche le doigt de Lucy l’Australopithèque façon chapelle Sixtine, comme ça, pour déconner, et voit que l’univers n’est en fait qu’un gros ovule qui s’est fait engrosser par de la semence intersidérale (si, là aussi). Parce que oui, le cosmos aussi a sa sexualité. Il est comme ça. Des fois, il va en boîte, rencontre un inconnu et paf, big-bang à l’arrière de la Twingo.

Et vous voulez le plus beau ?

Ambitieux, « Lucy » atteint ses objectifs comme spectacle de divertissement, spectaculaire et intelligent.

Culturebox – France Télévisions

« Intelligent« , donc.

Bravo, les gars.

Je crois que ce sera le mot de la fin. Inutile d’en rajouter.


The plus ou moins Expandables – 3

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« Non mais c’est un film d’action ! Tu vas pas non plus demander un scénario écrit par Sartre !« 

François soupira et plongea sa main dans le saladier de chips tout en secouant la tête. Il en avait assez, de cette bande de prétentieux qui n’arrêtaient pas de critiquer l’intrigue des films d’action. Après tout, on y allait pour voir des explosions, alors il ne fallait pas se plaindre qu’il n’y ait pas une intrigue politique. Il jeta tout de même un coup d’œil du côté d’Alice, l’étudiante en sociologie qu’il essayait de séduire depuis un moment. Son regard s’arrêta brièvement sur son débardeur bien rempli, mais voyant que la jeune fille portait son regard vers lui, il prétendit regarder ailleurs. Elle n’avait pas l’air de l’avoir vu. Ou de désapprouver son propos, ce qui était plutôt une bonne chose. Elle n’était pas comme toutes ses coincées de Télérama qui réclament des… des… mais que regardait-elle ? Son épaule ? François fronça les sourcils et constatant qu’il n’y avait pourtant pas les pellicules qu’il craignait d’y voir, ne comprit pas de suite.

La fenêtre explosa soudain derrière-lui, et il y eut une terrible détonation qui projeta au sol une bonne partie des objets et étudiants qui peuplaient la pièce. François ouvrit péniblement un œil pour constater que le saladier lui était tombé dessus et qu’il était couvert de chips. Malgré le sifflement dans ses oreilles et sa tête qui lui tournait, il entendit clairement Alice s’exclamer avec enthousiasme :

« Hooo, les Excusables !« 

Ce qui fut plus mystérieux encore fut le gros poing ganté qui s’abattit sur le visage de François à la seconde où il tentait de relever la tête, suivi d’un autre, puis de toute une série de coups de divers trucs, dont, François en était certain, au moins un taser et une boîte de Pringles qui traînait et que quelqu’un tenta d’utiliser pour l’aider à élargir son horizon. Alors qu’il était au sol, à demi-inconscient, il aperçut enfin penché au-dessus de lui, le visage aux cheveux et au mauvais rasage poivre et sel du chef du commando, fronçant les sourcils.

« Alors François ? Sais-tu qui nous sommes ?
– Moi je sais ! s’exclama Alice depuis le clic-clac en sautillant.
– Oui jeune fille aux tressautements dignes d’intérêt ?
– Vous êtes les Excusables ! A chaque fois que quelqu’un utilise une excuse de merde, vous intervenez et lui maravez la margoulette ! A ce qu’il paraît que dans chaque bureau de la vie scolaire de France et de Navarre, il y a une ligne directe pour vous appeler tant les mots d’excuses pour les retards sont nazes ! HooOOOoooo Monsieur Connard, j’adore votre commando ! Je vous adore !
– Certes, mais je suis là pour le travail. Alors François, sais-tu pourquoi ton excuse est à chier ?
– Mmm… non ? dit-il en crachant une dent.
– Parce que qu’importe le film, la cohérence est un principe de base. A ne pas confondre avec le réalisme. Ainsi, surtout dans le cadre d’un film d’action tout bête, ce serait quand même dramatique de ne pas arriver à écrire un script tout bête.
– Tu comprends ? »

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François hésita. D’un œil, il constata qu’Alice continuait à regarder amoureusement le chef du commando, et que les autres étudiants présents restaient à terre sans rien dire, terrorisés par le second du chef qui les menaçait à l’aide d’un fusil à pompe. Il réfléchit à ce que l’on venait de lui dire et conclut :

« Non.« 

L’homme penché sur lui secoua la tête et se tourna vers son adjoint.

« Diego, je crois qu’il va nous falloir une autre boîte de Pringles. Quant à vous, les autres, je vais vous donner un exemple : Expandables 3. Des coups de fusil, des explosions… ça doit pas être bien compliqué. Alors peut-on quand même se rater ? Spoilons mes bons !« 

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L’affiche : plus de la moitié est réservée au casting. L’autre moitié aussi. Bon, hé bien je crois que tout est dit quant à ce que ce film propose.

Tout commence quelque part, au Moumoukistan, alors qu’un train blindé faisant office de transport de prisonniers circule à vive allure au milieu du désert.

Ce que les fiers Moumoukis ignorent, c’est que bien plus loin sur la ligne, un hélicoptère est posé sur les voies et des hommes aux muscles comme des bouillottes et aux testicules souvent confondus avec des ballons de plage (ce qui a conduit plus d’une fois à des drames et des procès que je vous passe) sont en train de tendre un lourd câble métallique en hauteur entre deux poteaux : ce sont les Expandables, le super commando d’élite de la mort qui réussit toutes ses missions avec panache (et blagues pourries).

Mais l’équipage du train blindé ne sait rien de ces événements. Ainsi, à bord, l’un des membres d’équipage est en train de téléphoner à son chef pour lui parler de l’avancement de la mission. Je vous traduis donc ce dialogue, issu du langage Moumouk (que j’ai étudié en LVIII au lycée, je savais que ça me servirait un jour).

« Allô, Zoumtar le vilain chef de prison ? Ici Kaloum le chef de train blindé un peu con.
– Je t’écoute Kaloum.
– Je tenais à vous dire que nous avions le prisonnier et que nous arrivions dans quelques minutes.
– C’est très intéressant Kaloum. Mais tous les occidentaux qui regardent ce film vont un petit peu se foutre de notre gueule.
– Ben pourquoi ?
– Peut-être parce qu’aux dernières nouvelles, tu es dans un train blindé qui fonce vers ma prison et que je t’y attends vaguement ? Du coup, où est-ce que tu as vu jouer que les transports de prisonniers n’avertissaient pas la prison où ils allaient, sauf deux minute avant leur arrivée du genre « Au fait les mecs, on est en bas, faites péter les chips ! » ?  Ce sera pas juuuste pour aider le spectateur à comprendre le pitch, ce coup de fil ?
– Ouais, enfin Zoumtar, t’es gentil mais toi tu commandes une prison qui n’est reliée QUE par une voie de chemin de fer qui rentre directement dans le bâtiment. Alors niveau logique, touche à ton cul.
– Ah ouais ? Et qui c’est qui a tout un train blindé pour transporter un seul prisonnier ?
– Tu fais chier Zoumtar ! Toi et tes portraits partout alors que tu es juste chef de prison ! Bon tu sais quoi ? Je propose qu’on se fasse exterminer par les Expandables. Ça réglera le problème.
– Vendu ! »

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Et sur ces entrefaites, l’hélicoptère des Expandables arrive au-dessus du train blindé, et les hommes du commando mitraillent les geôliers sans pitié.

Bon, ils sont peut-être vaguement aidés par le fait que sur les 25 mecs sur le toit, aucun ne tire même une seule balle de kalachnikov sur l’hélicoptère. Vous pouvez regarder, j’ai guetté, et non, aucun. C’est vrai que du coup c’est vachement plus pratique. Cela dit, le train blindé n’est pas complètement dénué de défenses : ainsi, alors que l’alarme est donnée et que toujours plus de Moumoukis montent sur le toit du train pour se faire massacrer sans tirer une balle, sort d’un wagon une grosse pièce de DCA. L’hélicoptère des Expandables a donc tôt fait de voler bas et de se planquer derrière le train pour ne pas pouvoir être touché par la pièce montée (je fais pareil durant les mariages), et attend donc tranquillement que le câble tendu plus loin sur la voie fauche tous les Moumoukis encore sur le toit, puis fauche net la pièce de DCA (qui oui, est fauchée alors que les deux poteaux sur les bords de la voie, eux, ne bougent pas : c’est tout de même bien fait, sûrement des poteaux lestés à l’uranium).

Bon, l’autre option, ami Expandable, c’était juste de laisser le câble faire. Après tout, ça aurait fauché tout le monde sans tirer un coup de feu, et vous pouviez ensuite prendre le reste de la garde locale par surprise dans les wagons. Mais l’hélicoptère était tellement plus cool, vous avez raison.

Bref : le commando infiltre le train, nettoie les derniers survivants, et s’en va libérer un Monsieur tout attaché dans un coin (vraiment, ce n’est pas juste un donjon belge blindé), qui cela fait, ignore superbement les Expandables, obsédé par le fait de se venger de ceux qui l’ont laissé enfermé là (durant 8 ans, nous l’apprendrons plus tard). Mais malgré 8 ans sans exercice, Doc, puisque c’est son nom, bondit partout comme un cabri, ignore les Expandables qui lui ordonnent de filer à l’hélico pour s’enfuir, et à la place, retourne courir sur le toit du train pour foncer vers la locomotive. En chemin, il tue deux sentinelles qui… qui…

… qui attendaient là ? Malgré l’alarme ? Les coups de feu ? Tous les cadavres autour d’elles ? Mais enfin ! Qui a eu cette idée absurde ?

Le Doc (ce qui pour certains, sera toujours lié à la phrase « Non, ce n’est pas sale« ) remonte donc jusqu’à la locomotive, bloque les gaz à fond, bondit sur les commandes du canon en tête de train (normal) et se met à arroser la prison sitôt qu’il est assez près, où tous les gardes viennent se faire massacrer en se pointant devant son arme. Puis, au dernier moment (évidemment), il rejoint l’hélicoptère des Expandables pour s’enfuir loin de la prison au moment où le train y rentre à fond et… explose. Voilà. Hop. Avec toute la prison. Mais oui. Adieu, Zoumtar, donc.

Qu’eeeest-ce que c’était que cette scène ?

Attendez, je sniffe un peu d’éther et ça devrait aller. Voiiilà. Les Expandables retournent donc sur un aérodrome isolé où ils font exploser l’hélicoptère, pour ne pas laisser de traces, avant de remonter dans leur énorme avion pas furtif du tout sur lequel il est écrit en gros « EXPANDABLES ».

Ah oui. Effectivement, ça valait le coup de faire sauter l’hélico. Nul doute que toute la chasse du pays, sitôt qu’elle aura vu l’avion sur ses radars, n’aura pas besoin de bien longtemps pour savoir a) qui a fait le coup, b) abattre tout le commando qui vient de faire sauter une prison avant de retourner à la maison fêter ça avec un chant traditionnel Moumouk. Mais comme le dit le proverbe : au Moumoukistan, on n’a pas d’avions, mais on a des trains blindés. Les Expandables peuvent donc rentrer tranquillement au pays pendant qu’à l’intérieur de l’appareil, tout le monde discute paisiblement. Je vous résume donc la conversation :

  • Le Doc était à la fois un médecin et un Expandable. Raison pour laquelle Barney Ross, le chef des Expandable, est venu le sauver
  • Oui, ils ont mis 8 ans à le sauver, mais parce qu’il était prisonnier dans un lieu super secret et qu’il a fallu le temps de le trouver
  • Le Doc avait été capturé parce qu’il avait tenté un coup d’état au Swaziland
  • A l’arrière de l’appareil des Expandables sont accrochées toutes les plaques de ceux tombés au combat pour rappeler que la vie de mercenaire, c’est trop triste, tavu

Mais surtout, Barney annonce une chose importante au Doc : en fait, il déconnait, hohoho, haaa, qu’est-ce qu’on rigole copain. Ils ne rentrent pas à la maison. Ils vont d’abord en Somalie où ils doivent abattre un trafiquant d’armes, Victor Minsk. Parce que trafiquer des armes, c’est mal.

Le Doc fait donc un peu la gueule, se rase avec un énorme couteau, comme ça, hop, pour bien montrer que c’est un ouf, et toute la petite équipe se rend dans un port de Somalie pour infiltrer discrètement le point de rendez-vous. Coup de bol, dans le coin, tout le monde porte le chèche pour se voiler tout le visage, donc ça devrait faciliter le boulot des Expandables, puisqu’ainsi, ils pourront dissimuler leur… leur…

Ho.

En fait, Barney a préféré, intelligemment, filer des chèches aux noirs de son équipe et des casquettes aux blancs histoire que l’on puisse bien voir leurs visages. Barney, tu n’as pas compris le jeu ?

Je ne sais pas mon petit Barney. L’inverse n’aurait-il pas été plus rusé ? Non parce que là, des blancs surarmés qui se promènent au beau milieu de la Somalie, j’ose penser que ça devrait vaguement attirer l’attention et faire comprendre au premier péquin venu qu’il y a des étrangers dans le coin. Mais bon. Alors que quand tout le monde est armé et a le visage masqué, tu aurais pu te faire passer pour une milice. M’enfin bon, hein, c’est toi l’Expandable, tu sais.

Toujours est-il que le script, lui, n’a pas prévu cela : nos larrons peuvent donc courir dans tous les sens l’arme au poing sans que personne ne les remarque (ce qui aide pas mal), et ils finissent par arriver jusqu’à la zone de rendez-vous, où ils s’embusquent dans un container suspendu à une grue pour mieux observer ce qu’il se passe, ce qui est très intelligent, vous en conviendrez (une roquette, et hop ! Au revoir les copains !) . Mais alors que Barney observe l’arrivée du fameux Victor Minsk, soudain, il devient tout fou en reconnaissant ledit Victor : il s’agit d’un homme qu’il connaît bien, son ancien très méchant associé, supposé mort, avec qui il avait fondé les Expandables : Conrad Stonebanks, de son vrai nom.

J’en déduis donc que Barney avait pour mission d’abattre un type sans savoir à quoi il ressemblait. Pratique. Dans le doute, il aurait sûrement tout fait péter.

Bref, tout fou, vous dis-je, Barney bondit hors du container, puis hurle « CONRAAAAD STONEBAAAAANKS ! » et se met à mitrailler dans tous les sens sans viser.

Mais enfin ? Barney ? Depuis quand on annonce son attaque pour attaquer un mec ? Tu t’es cru dans Naruto ou bien ?

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Quelques secondes avant que notre héros ne devienne tout fou : notez que je ne mens pas quant à la qualité de leurs déguisements pour infiltrer la Somalie. C’est… bluffant.

Résultat, Barney rate tous ses tirs (car oui, d’habitude il tire comme un dieu, mais là, non), et Stonebanks, vaguement alerté par ces cris de cochon qu’on égorge riposte mais lui aussi rate alors que c’est un tireur d’élite (ce serait bête que le film s’arrête là) et c’est donc une fusillade digne d’une soirée paintball chez Gilbert Montagné qui s’ensuit. Les Expandables tentent donc de fuir les lieux maintenant que leur chef a donné l’alarme comme un gros débilou, et ils s’enfuient donc en camion volé au travers du port somalien. A noter que chez les Expandables, c’est comme dans Zelda : à un moment, ils traversent un mur en béton avec leur vieux camion pourri. Comment font-ils pour savoir qu’il va céder ? Hé bien c’est facile : le mur est marqué par une grosse fissure.

Pratique. J’attends donc « Expandables 4 – Panique à Jardiland » où ils font péter pots et buissons pour gagner de l’argent.

Autre super pouvoir des Expandables : la télépathie. Ainsi, alors qu’ils fuient en camion, deux autres Expandables sont encore dans la rade du port avec un canot. Barney leur lance donc par radio « Rapprochez-vous le plus possible !« 

Personnellement, moi, si on me dit ça, je me rapproche. Avec dans l’idée que les mecs veulent sauter, rejoindre le canot et gagner le large plutôt qu’être coincé dans un port avec 1 500 mecs aux trousses. Sauf qu’en fait non. Car les Expandables du canot ont bien compris que le message était « Faites des acrobaties avec le canot pour sauter en l’air et atterrir à l’arrière du camion. »  Ce qu’ils font avec succès. Je n’aurais donc jamais pu être un Expandable : je ne suis pas assez con. Ou télépathe. Ou les deux (on parle alors de « Professeur Xavier« ).

Sauf qu’alors que nos héros ont massacré à peu près tous leurs poursuivants, voici qu’un bruyant « flap-flap » se fait entendre au-dessus d’eux ; il ne s’agit pourtant pas d’un énorme Cupidon sur le retour, mais pire : de l’hélicoptère de Conrad Stonebanks. Qui vole à 25 mètres au-dessus de nos héros, le méchant assis à la portière avec son fusil.

Et là, c’est le drame. Suivons plutôt ce qu’il se passe en bas.

« Barney ! Quelle chance, ce couillon de Stonebanks est juste au-dessus de nous, bien en vue et à bord d’un appareil tout fragile alors qu’on a des tonnes d’armes de foufou !
– Non. Je propose plutôt que l’on reste ici à ne pas tirer en regardant la scène au ralenti.
– Hein ? Mais Barney, enfin ! On peut le tuer, là, tout de suite !
– Chut.
– Ecoute je… aaaAAAAAaaah ! Stonebanks vient de me tirer une balle dans la jambe !
– Ah oui, c’est ballot. Surtout qu’en plus il ajuste bien lentement. Mais tu sais, quoi, on ne va rien faire. Attention, je crois qu’il va tirer à nouveau.
– Putain mais… AAAAAaaaïeuuuuh ! Une balle dans le cul ! Non mais… Barney ! Fais quelque chose !
– Attends, je regarde en l’air sans rien faire avec une moue contrite. Je suis occupé.
– Relou ! »

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Et en effet : César, l’un des membres de la bande, après s’être fait trouer le genou et le cucu, se retrouve à terre avec autour de lui ses petits camarades qui font du rien. Non mais sérieusement ? Vous avez fait 10 minutes de fusillade, vous ne pouviez pas le blesser là, de manière crédible ? Pourquoi les seuls moment où les mecs sont ENFIN touchés sont AUSSI surréalistes ? Stonebanks, qui visiblement, est un sacré déconneur, appuie sur un gros bouton à l’arrière de l’hélicoptère, et aussitôt, un gros missile sous l’appareil vole vers le camion de nos héros et l’explose, propulsant tous les Expandables dans l’eau voisine, le véhicule étant stationné en bordure de quai.

Il faudra m’expliquer comment le missile a pu toucher le camion, sachant qu’il y avait 15 véhicules autour et que Stonebanks n’a pas visé ou fait quoique ce soit. Il a juste appuyé sur un bouton rouge pour larguer le missile. Peut-être que c’était un missile renifleur de gentils ? Une fois qu’il a senti cette odeur unique faite de big balls, d’amitié et de poudre, il se dirige droit vers la cible ? Mystère. En tout cas, j’en veux un comme ça. S’il pouvait aussi renifler les blogueurs qui font des vidéos pour dire qu’ils ont pleuré devant Lucy, ça me ferait plaisir. Merci.

Mais dans tous les cas, nos héros ressortent de l’eau, et devinez qui a encore plus bobo que 5 minutes avant, avec désormais un trou dans le poitrail ? César.

« Chui sûr que c’est parce que je suis noir ! » pleure-t-il alors qu’autour de lui, ses camarades sifflotent très fort. Avec l’aide du Doc, ils parviennent à le stabiliser pendant que tout le reste des milices somaliennes du port est parti pour sa pause déjeuner (je vous laisse insérer vous-même ici vos calembours sur la pause déjeuner en Somalie, tas de fripons), puis, aidés de leur téléporteur, ils retournent sans explication malgré toutes les forces hostiles à leur gros avions pour filer aux Etats-Unis déposer César à l’hôpital, remplir quelques papiers, filer sa carte vitale et appeler sa mutuelle pour savoir si elle couvre les soins liés à des balles dans le cul et des missiles magiques (la dame de l’accueil aurait raccroché à ces mots, Barney n’a pas bien compris pourquoi).

Mais à la sortie de l’hôpital, Barney tombe nez à nez avec le chef des opérations de la CIA : Max Drummer. Barney est donc bien étonné.

« Mais attendez ! N’était-ce pas Bruce Willis jusqu’ici, mon contact à la CIA ?
– Si, mais il coûtait trop cher. Bonjour, je suis Harrison Ford, et j’étais en promo. Vous m’avez peut-être vu dans Star Wars, Indiana Jones ou encore Witness. 
– D’accord, qu’est-ce que vous voulez, Monsieur…
– Max Drummer. J’insiste. Voilà mon problème : je vous ai envoyé tuer Victor Minsk.
– C’était pas Victor Minsk, c’était Conrad Stonebanks ! Mon ancien associé et ennemi juré que je croyais avoir tué il y a bien longtemps !
– Ah oui ? Hahaha, hohoho… quel dommage que l’on ait oublié de vous filer une photo du sujet ou de vous dire que c’était votre ancien associé ! C’est vraiment trop ballot. Bon, enfin bref : vous avez merdé, alors je suis venu vous faire les gros yeux. 
– Ho non ! Pas les gros yeux !
– Grouuuu !
– Non, arrêtez Drummer !
– Très bien. Mais sachez que Minsk, Stonebanks ou qu’importe comment vous l’appelez est un gros rascal qui a torturé et tué mes meilleurs hommes. Je veux sa peau. Alors vous attendrez qu’on le retrouve, et vous rattraperez le bazar que vous avez mis en Somalie, okay ?
– D’accord. Mais vous ne me faites plus les gros yeux, hein ?
– Non. Allez, filez Barney ! Vous avez du pain sur la planche. »

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Et il y a en effet du pain de mie sur la planche à burger, car de son coté, Stonebanks vit heureux. C’est un trafiquant d’armes qui vend des armes aux méchants pays, et est donc très riche et aime l’art. Car comme dans tout bon blockbuster, les pauvres sont sympas et ont des plaisirs simples, alors que les riches sont tous des enculés qui aiment les trucs de bourgeois.

Ces préjugés, je vous jure.

Attendez, je vais me reprendre un petit verre d’un excellent alcool de 110 ans d’âge et je reviens.

Voilà, que disais-je ? Ah oui : c’est fou comme le bon goût est forcément associé à des personnages de connards. Ces scénaristes ne font aucun effort.

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Alors que les gentils, ils boivent de la mauvaise bière à la bouteille avec des chapeaux à la con et des chemises moches lors de soirées karaoké. Ça me vend du rêve.

Barney en tout cas en a pris un coup au moral : depuis que César a été blessé (et en même temps, si je trouvais la bande d’idiots qui était restée sous l’hélicoptère à attendre les balles), il n’a plus envie de voir d’autres Expandables mourir. Il réunit donc toute la petite bande et leur explique que c’est fini. Ils peuvent prendre leur retraite. Car ils sont des reliques du passé et il n’a pas envie de voir d’autres camarades se faire cartonner comme des crotouilles. Evidemment, chacun soupèse ses balls tout en expliquant que jamais il n’abandonnera ce beau métier qu’est celui de mercenaire, et que Barney ne peut pas faire ça, mais si.

Et il le fait.

Seulement voilà : Barney n’a pas non plus oublié que Stonebanks devait mourir. Déjà parce qu’il devrait déjà être mort, et ensuite parce qu’il a fait bobo à César. Cela mérite donc vengeance. Sans compter que Barney n’aime pas laisser un boulot inachevé. Il va donc contacter un vieil ami, Bonaparte, dont la spécialité est de trouver du personnel pour des équipes de mercenaires. Tous les deux engagent donc la conversation.

« Hey, Barney ! Comment vas-tu ? Pourquoi viens-tu me voir, tu n’as pas une équipe ?
– Je l’ai virée, pas envie de les voir crever. J’ai besoin de nouveaux. Du sang frais. Des d’jeun’z qui n’ont rien à perdre.
– Je vois. En fait, ce que tu es en train de me dire mon petit Barney, c’est que tu veux une équipe dont tu n’as strictement rien à foutre pour pouvoir la laisser crever en paix sous tes yeux ?
– C’est ça.
– C’est cool. Dis-moi, je ne me souviens plus bien… c’est qui le gentil du film, déjà ?
– C’est moi. 
– Hem. Soit, okay. C’est cool. Et donc, tu pourrais m’en dire plus sur ce pourquoi tu en as besoin à part les laisser mourir ?
– Je dois aller buter Conrad Stonebanks. 
– Ben ? Il est pas déjà mort ?
– Visiblement, non.
– Hmmm… il est super fort, c’était quand même ton ancien associé. Très bien, laisse-moi aller chez Vediorbis et Pôle Emploi te trouver deux ou trois mecs. »

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Et en effet. En passant une annonce chez les recruteurs du coin, Bonaparte arrive à obtenir une liste de volontaires tous plus navrants les uns que les autres, mais ça, personne n’a l’air de le remarquer. Ainsi, ils perdent des heures à aller voir chaque candidat aux quatre coins du pays et même plus au lieu de directement les convoquer, mais pourquoi pas. Et c’est ainsi qu’ils recrutent :

1) Drony. Un expert en drones qui aime l’escalade. Mais sinon, en-dehors de ça, il sait faire des trucs ? Oui ? Non ? Et puis quels drones d’abord ? Barney se contente de regarder le Monsieur faire de l’escalade et de dire « Wouah, il est trop bon, il a un parachute pour quand il tombe !« . Si tu veux. En même temps, il n’en aurait pas eu, c’eut été plus délicat, mais je dis ça. Ho, et non : il ne lui parle même pas. Il le prend direct. Heureusement qu’il n’était pas à côté d’un club de parapente, sinon il recrutait 40 personnes d’un coup pour les envoyer à une mort certaine.

2) Moustachos. Ils le trouvent dans le centre d’entraînement d’une super unité d’élite américaine et celui-ci, pour les convaincre de le prendre, leur fait une super démonstration avec une arme.

« Vous voulez voir ce que je sais faire ? Voici le fusil CS-250. Il tire des balles explosives qui peuvent sauter dans ou derrière la cible sur commande. Regardez, je vous fais une démonstration !
– C’est intéressant mais quel rapport entre vous et ce fusil ? Aux dernières nouvelles, c’est le fusil de l’armée, pas le vôtre, et ça n’a strictement rien à voir avec vos compétences sans compter qu’on ne verra plus cette arme du film.
– …
– Vous êtes aussi con que nous : je vous recrute ! »

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3) Luna. C’est une videuse de boîte de nuit qui fait du catch. Quel rapport avec le mercenariat ? Aucun. Mais elle fait du catch !

4) Gronul. Ancien Marines, trop indiscipliné pour appartenir à n’importe quelle unité (c’est à se demander comment il a pu y rentrer), il est complètement inadapté à toute mission de type militaire comme par exemple, un truc avec des mercenaires. Par ailleurs, quand ils viennent le voir, il est au Mexique en train de se prendre une raclée dans une arène. Mais grâce à son nez magique, Barney renifle l’odeur du pipeau et devine que « Hmmm je suis sûr qu’en fait il a fait exprès de perdre et qu’il est super fort. » Et ils le prennent. Mais enfin, arrêtez, n’en jetez plus !

5) Galgo. Un Espagnol super acrobate qui aurait eu sa propre compagnie de mercenaires et qui en plus, fait la démonstration de ses talents (via un cascadeur qui ne ressemble pas, la marque de fabrique de la série des Expandables) devant nos héros. Mercenaire, compétent, a fait une démonstration crédible et au dire de Bonaparte, a une réputation d’être super fort…

« HOLALA FAUT PAS LE PRENDRE ! Il essaie de se faire recruter depuis super longtemps en m’envoyant des CVs sous de faux noms, c’est relou ! » s’exclame donc Bonaparte quand bien même il reconnaît qu’il est super fort.

Okay. Donc je résume : une catcheuse, un type qui montre des fusils même pas à lui pour dire qu’il est fort comme eux, un gros indiscipliné et un pilote de drones, c’est okay, par contre pile poil le profil recherché, c’est pfoulala, non.

Bouhou. Bouhouhou. Bouhouhouhou. C’est un film d’action ! C’est pourtant pas compliqué ! Mais visiblement, SI !

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Alors qu’à la place, Galgo aurait fait un truc comme des dérapages en Segway, ils le prenaient direct.

Qu’importe. Ainsi entouré de sa nouvelle équipe de busards, Barney n’a plus qu’à attendre que la CIA lui dise où se trouve Stonebanks pour aller lui coller des pruneaux dans le museau. Et ça tombe bien, car un soir que Barney monte dans sa voiture, il voit apparaître dans son rétroviseur au moment de démarrer, son bon ami Drummer, chef des opérations, assis dans l’ombre sur la banquette arrière. Si le film avait été logique, ça aurait dû se passer comme ça.

« *sifflote sifflote* allez, les clés dans le contact et…
– Bonsoir, Ross, je…
– WOPUTAIN BLAM BLAM BLAM BLAM BLAM BLAM BLAM BLAM
– Uuh… pourqu… *couic*
– NAN MAIS ! Ça va pas de monter dans la voiture d’un super mercenaire pour lui faire peur ?! Vous êtes pas un peu débile aussi ? J’ai des réflexes, quoi, merde, et je suis toujours armé ! Bon… allô, les Expandables ? J’ai un macchabée à l’arrière de ma bagnole. Oui, c’est encore un directeur de la CIA qui a cru malin de me faire peur sur ma banquette arrière au lieu de m’attendre près de la voiture ou de venir me voir comme tout le monde. Préparez l’avion, on va larguer de la viande aux grands requins blancs ! »

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Mais comme le film est mauvais, ça se passe comme ça.

« *sifflote sifflote* allez, les clés dans le contact et…
– Bonsoir, Ross, je venais vous dire qu’on avait retrouvé votre bon ami Stonebanks. 
– Tiens, vous êtes là ? Où est cet enfant de salaud ?
– Il est en Roumanie pour une transaction, à Bucarest pour être exact. Voici le dossier avec toutes les informations. Et cette fois-ci, plein de photos que, hihihi, on avait oublié de mettre dans le dossier la première fois. Ho, on a aussi mis plein de photos de gens morts pour montrer qu’il est méchant. 
– Il tue des gens. Le gros bâtard. Alors que moi, jamais.
– Hmmm… okay. Bon, allez Barney, dans 36 heures la cible se sera envolée, alors vous avez peu de temps. Un détail : il nous le faut vivant.
– Ben ? La dernière fois vous vouliez qu’on le bute.
– Oui, ben faut croire que depuis qu’on a retrouvé les photos, les ordres ont changé, c’est fou. La CIA veut le livrer au tribunal de La Haye pour crimes de guerre.
– La Haye ? Mais on est américains ! On a même pas ratifié le traité sur La Haye ! Pourquoi la CIA voudrait livrer quelqu’un à un tribunal avec lequel elle ne travaille pas ?
– Oups. Le script. Mais c’est grave comme détail ?
– Ben oui. Parce que ça veut dire qu’en fait, si vous savez où est le bonhomme, il suffit d’appeler les Européens, Interpol, qui vous voulez et ils vont vous arrêter le loulou en deux temps trois mouvements. Alors que là, vous commanditez une opération illégale sur le sol d’un pays allié pour court-circuiter la police locale en envoyant de gros bourrins amateurs de gros fusils et donc de dommages collatéraux, tout ça pour au final, remettre la cible audit pays allié.
– Vous avez quoi, Ross ? On va s’en tenir au script. Et vous savez ce que dit le script ?
– Que je suis Barney Ross et que je suis un gros con ?
– Voiiiiiilààààà ! »
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Barney réunit donc sa nouvelle équipe promptement, et si l’ancienne équipe se pointe, jalouse, et que les relations se tendent brièvement avec les petits jeunes, Barney n’en est pas moins ferme : il part avec les jeunes et c’est tout. Rentrez chez vous, les vieux, il y a des Chiffres et des Lettres qui va commencer ! Barney congédie donc les anciens et part avec son gros avion pas furtif, avec lequel, encore une fois, il traverse la moitié de l’Europe illégalement (mais sans qu’on l’embête). Et pendant que Schwarzy pilote (il passait par là), Barney et ses copains qui sont décidément aussi subtils qu’un lycéen en boîte sautent donc sur la Roumanie. Et arrivent à Bucarest incognito, probablement après avoir strangulé 12 civils pour prendre leurs vêtements et remplacer leurs tenues de parachutistes.

Cela fait, ils attendent devant l’hôtel où Stonebanks réside, et le voient arriver entouré de moult gardes armés. Voilà qui ne sera pas facile !

« Hooo je sais comment faire ! » s’exclame Barney. « On va au point de rendez-vous et on leur pète tous la gueule !« . Mais ses nouveaux compagnons d’arme ne l’entendent pas de cette oreille : ainsi, Drony a un plan qu’il formule comme ceci « Hahaha, c’est tellement années 80, votre plan ! Non, voyez : on va déconnecter les détecteurs ici, ici, ici et là et ce sera bon. » et tout le monde opine du chef. Oui ? Certes ? Tout cela me rend tout à fait perplexe. Interrogeons donc un expert ès tactique.

– – – – – – – – – – – – – – – – – – – –

« Monsieur Connard, bonsoir !
– Bonsoir Stéphane Bern.
– Alors Monsieur Connard, on vous connait pour bien des choses, puisqu’on peut bien le dire, vous avez de multiples casquettes !
– Presqu’autant qu’une cage d’escalier de Seine-Saint-Denis.
– Hihihi… hem. J’ai pas compris.
– C’est une blague pour les pauvres, Stéphane, c’est normal. 
– Ho. Bon, très bien. Monsieur Connard, je disais donc qu’on vous connaissait dans bien des domaines, mais on oublie trop souvent que vous avez aussi été le leader charismatique d’un groupe de shadowrunners. Qui ne se souvient pas de votre célèbre technique dite du « On abat la cible à 1 500 mètres et on se casse« , « Passe le drone, passe les explosifs,  on va leur rejouer la bataille du golfe de Leyte tranquille » ou encore « Il s’enfuit en moto ? Ça tombe bien, je l’ai faite plastiquer. La dernière chose qu’il entendra, ça devrait être le détonateur qui joue la Cucaracha.« 
– Tout à fait. 
– Alors que pensez-vous du plan de l’équipe de Barney Ross ? Plutôt que d’entrer et de tout péter, déconnecter les détecteurs, entrer, et tout péter ?
– C’est très con puisque si c’est pour tout péter, l’alarme sera donnée, par les détecteurs ou par les coups de feu, en fait.
– Alors qu’auriez-vous préconisé ?
– Hé bien, les hommes de Stonebanks sont tous en civil. 
– Ça leur va très bien.
– Si vous voulez, Stéphane. Mais du coup, vous savez ce qu’ils n’ont pas ?
– De noms et ils vont donc crever comme de petites crottes l’un après l’autre comme le veut la règle des mauvais films d’action ?
– Alors oui, déjà, mais ils n’ont pas de masque à gaz. Du coup, vous bloquez les portes et vous envoyez les lacrymos (si vous êtes taquins), ou le gaz soporododo. Sauf que contrairement à nos amis russes en leur temps, vous n’avez pas à vous inquiéter des otages : vous vous assurez juste de bien vous occuper de Stonebanks et hop, c’est fini, vous repartez sans tirer un coup de feu et avec votre chargement. Aussi silencieux que vicieux, ce plan inspiré des trajets en ascenseur après un trop plein de féculents à la cantoche marchera à la perfection. 
– C’est un peu un plan de gros fourbe. 
– Vous savez qui je suis ?
– Ah oui, c’est vrai. »

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Mais Barney en reste au plan de sa jeune et fière équipe, et décide, plutôt que de je ne sais pas moi, attaquer Stonebanks lors d’un de ses trajets, de l’attaquer… sur le lieu de la transaction. Un musée (ça va être super pratique) ou en plus de la bande à Stonebanks, celle de son acheteur va arriver à un moment ou à un autre (deux fois plus de difficulté), acheteur que Barney ne connait pas (ajout d’une inconnue dans l’équation), et ils décident en plus de commencer à agir… uniquement lorsque Stonebanks est dans la place.

Parce que c’est connu : les embuscades, ça ne se prépare pas. Non Madame.

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« 30 ans que je suis dans le métier et j’ai jamais eu besoin d’un seul plan ! Alors je ne vois pas pourquoi je commencerais maintenant ! »

Et évidemment, le plan marche : Stonebanks discute avec son acheteur, arrivé en avance, de vente d’armes, et même peut-être d’armes nucléaires, lorsque soudain les lumière s’éteignent et Barney et sa troupe commence à tout sulfater. Une fameuse fusillade s’ensuit, et seule partie intelligente du plan (la partie « éteindre les lumières » était pas mal jusqu’à ce que l’on se rappelle que nos héros n’ont pas, non plus, de matériel de vision nocturne), Drony ouvre et ferme des portes pour créer un corridor unique vers lequel les hommes de Stonebanks vont tenter de l’évacuer. Sauf qu’au bout du corridor, Luna la catcheuse attend, et pif pouf, elle tabasse les gardes, neutralise le vilain au taser, et l’affaire est dans le sac. Comme quoi, les chocs électriques restent la solution à tous les problèmes, comme le disait Claude François.

Qu’advient-il des autres hommes ? De l’acheteur ? Mystère, car pouf ! Nous voici à bord du van des Expandables qui repart vers l’aéroport où les attend leur avion. A l’arrière, Stonebanks est ligoté et bâillonné, mais chose étrange, sitôt qu’il se réveille, on lui enlève son bâillon. C’était donc uniquement pour l’empêcher de ronfler ? Mais merde, même un bâillon vous n’arrivez pas à faire une scène où vous vous en servez de manière crédible ?

L’équipe des Expandables se retrouve en tout cas face à Stonebanks, qui joue la provoc’.

« Ahaha ! Salut Barney, heureux de te revoir ! Tu te souviens que tu as essayé de me tuer ? Tu pensais avoir réussi, mais mon gilet pare-balles m’a sauvé ! Puisque c’est connu, un mercenaire spécialiste des exécutions se fait toujours avoir par un gilet pare-balles, surtout quand on voit la taille de ceux que l’on porte chez les Expandables. Sinon, c’est vous la nouvelle équipe ? Barney vous a recruté pour vous laisser mourir sans remords ? Sympa. D’ailleurs Barney, que dirais-tu que l’on règle ça entre toi et moi, à mains nues ? D’ailleurs, si je puis me permettre, si à un moment du film, toi et moi nous retrouvions seuls, je te tuerais à mains nues. Mais je dis ça AU HASARD !« 

Hmmm. J’ai comme un pressentiment. Allez savoir pourquoi.

Toujours est-il que soudain, l’un des Expandables se dit que tout de même, ces rodomontades, ça cache quelque chose. Il se saisit donc des mains de Stonebanks et découvre… UNE MONTRE QUI FAIT BIP BIP BIP !

« Un GPS ! » s’exclame-t-il. Puisque oui, jusqu’ici, personne n’avait entendu l’énorme bip bip de celui-ci (en plus si ça ne fait pas de bruit, on ne comprend pas que c’est un GPS, c’est connu), ou pensé à fouiller le garçon. C’est donc à ce moment là qu’à l’extérieur du véhicule, un hélicoptère que personne n’avait remarqué jusqu’ici alors qu’il était à 12 mètres du van, s’approche dangereusement (et oui, il sait que Stonebanks a fini son petit speech : il n’aurait pas voulu interrompre le chef) et à la portière, un homme sort…

… un lance-roquettes ?

C’est vrai que c’est très pratique, pour sauver quelqu’un, de tirer une roquette dans le véhicule qui le transporte. J’imagine que Stonebanks a juste eu l’idée du GPS, et que le reste a été pensé par Michel, son employé de la COTOREP qu’il a pris pour avoir des réductions fiscales. Je ne vois pas d’autre explication.

Heureusement, là encore, ça doit être une roquette qui a du nez car elle ne fait sauter que la porte du van tout en obligeant celui-ci à se renverser sur le flanc, mais sans blesser Stonebanks ! Ce n’est plus une roquette, c’est un technicien de chez Norauto autopropulsé ! Seuls les Expandables sont en sale état et rampent au-dehors du véhicule, désormais arrêté au beau milieu d’un pont. Barney tente un semblant de résistance face aux méchants qui arrivent aider leur chef, mais bien vite, une nouvelle roquette le fait chuter du pont et il tombe dans la rivière en contrebas où il s’assomme. Stonebanks, prudent, envoie donc des hommes chercher son corps pendant qu’il fait prisonnier les petits jeunes des Expandables pour les emmener dans son infâme repaire. Ou quelque chose du genre. Il est méchant, ne l’oublions pas. Il leur fera sûrement des trucs vilains comme les frapper, les torturer, ou pire, leur lire du Guillaume Musso.

Barney n’est évidemment lui pas mort, car même inconscient dans une rivière et couvert de matériel militaire, ses big balls l’aident à flotter et c’est ainsi que guidé par ses testicules de survie, il s’échoue paisiblement sur un bord de la rivière où les hommes de Stonebanks le trouvent au petit matin. Mais pas longtemps, car Barney étant rusé comme un renard, lui et son pistolet qui a passé plusieurs heures dans l’eau les abattent tous avant qu’ils ne puissent avertir leur chef. Cela fait, il retourne donc à pied jusqu’à l’aéroport où l’attendent son avion ainsi que Schwarzy, un peu inquiet de ne pas avoir vu l’équipe revenir. Et ce dernier apprend à Barney que la situation sent un peu comme ce cake que vous aviez oublié au fond du frigo cet été (mais si, ne niez pas).

Car en effet, sur topkoolbarneydu88@hotmail.us, un terrible mail vient d’arriver, qui contient une simple vidéo où l’on voit Stonebanks.

« Un deux… un deux… ça marche là ? Michel ? Michel, merde ! Concentre-toi ! Déjà qu’avec les roquettes… bon, bref ! Oui, je vois la loupiote, ça doit enregistrer. Bon, je voulais dire quoi ? Ah oui ! Barney Ross ! Haha ! Tu me reconnais ? C’est moi, Stonebanks ! Figure-toi que je retiens en otage tes quatre petits jeunes ! Et tu sais quoi ? Dans 48 heures, je vais les tuer ! Ta seule chance de les sauver est de venir les chercher aux coordonnées que voici : 3, rue de la Pétaudière, à Langres. Tu regarderas, c’est sur Mappy. »

Barney est donc très en colère ! Langres, le monstre ! Il va devoir agir. Heureusement que Stonebanks lui donne 48 heures histoire de pouvoir retourner au pays chercher du renfort. Sinon, il aurait dû y aller direct et aurait pris sa raclée. Il est comme ça, Stonebanks, sympa. Il fait même pendant ce temps un discours aux otages sur le fait qu’il n’est pas si vilain que ça. Ce qui donne :

« Ahaha ! Mais moi les gars, j’ai été un Expendable, comme vous ! Sauf que moi, quand il a fallu se salir les mains, j’y suis allé ! Oui, j’ai vendu des armes. Et vous savez pourquoi l’Oncle Sam m’en veut ? Parce que je lui ai fait concurrence. Mais évidemment, Barney et son sens moral sans faille s’opposent à moi…« 

Alors qu’à sa place, j’aurais été moins… plus…

« Monsieur Connard, relâchez-nous où vous aurez affaire à Barney et son sens moral sans faille !
– Taisez vous, les stagiaires. Mais si vous voulez que l’on parle de Barney, très bien.
– C’est le plus gentil et le plus courageux de tous les héros !
– Ah oui ? Alors reprenons au hasard la première scène du film. Barney qui libère un de ses amis de prison.
– Ça prouve qu’il est fidèle en amitié !
– Ceeeertes. Et son ami c’était qui ? « Un militaire qui avait tenté un coup d’état dans un pays d’Afrique ». Donc il aurait été copain avec Pinochet et l’aurait sorti d’affaire si la justice l’avait attrapé assez tôt, vous auriez trouvé cool qu’il le sorte de prison ?
– Heu… non mais c’est pas pareil.
– Meilleur argument depuis la création du monde. Et en plus, il a tué des gens pour le sortir de prison.
– Ahaha ! Sauf que c’était le Moumoukistan, et que c’était un pays de méchants !
– C’est un peu facile. Mais même en supposant que tout soit blanc ou noir, voici : si le Moumoukistan était un pays de méchants, alors rappelons que Barney et son copain ont fait sauter une prison entière. Ultra-secrète. Soit celle où l’on envoie, dans les pays méchants comme vous dites, les opposants et prisonniers politiques. Auquel cas vous pouvez tenter de retourner la situation et me dire qu’en fait, le Moumoukistan est un pays de gentils, et que dans leurs prisons, il n’y avait que des méchants. Auquel cas, leurs gardes étaient gentils. Alors, je vous laisse le choix : soit Barney est responsable du massacre de fonctionnaires œuvrant pour la justice d’un pays en difficulté, soit Barney est responsable du génocide de l’opposition politique d’une dictature, et l’a donc renforcée. Dans les deux cas, c’est un peu un petit bâtarounet. Et je n’ai pris que la première scène.
– C’est que… je… attendez ! Vous, vous vendez des armes, quand même !
– Et lui en achète et en plus s’en sert pour tuer des innocents, soutenir des régimes dictatoriaux, tuer des fonctionnaires de l’institution judiciaire et libérer des criminels de guerre ayant eux-même voulu devenir dictateurs. Lequel d’entre nous deux va jusqu’au bout pour faire le pire ? »

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Et après je leur diffuse un Powerpoint de mes plus belles photos de moi en train de vendre des armes aux polices dépassées par les gangs de divers pays pauvres avec en titre « M. Connard aime la justice, M. Connard aide la justice« .

Si avec ça ils ne passent pas dans mon camp dans les 10 minutes, je ne sais plus quoi faire.

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Sinon, mec, tu pouvais aussi juste venir tirer sur Barney au moment où il arriverait à l’aéroport où son gros avion repérable à 12 000 kilomètres attendait. C’était bien aussi.

Mais revenons à notre héros et à ses 48 heures données sans raison aucune. C’est donc à bord de son avion au carburant illimité et toléré dans tous les espaces aériens du monde que Barney retourne aux Etats-Unis faire le plein d’équipement, quand soudain, quelqu’un le rejoint dans le hangar où il charge son appareil : Galgo ! Le type qu’il avait refusé d’engager parce que… heu… bon. En tout cas, Galgo est la seule aide dont Barney dispose dans l’immédiat, puisqu’il ne veut pas risquer les mecs de sa vieille équipe, et il l’accepte donc. Seulement voilà : Galgo est aussi un infernal bavard, et on a donc droit à une succession de scènes où Galgo parle et hihihi, c’est drôle parce qu’il parle beaucoup, haha. Du genre.

Barney fait le plein de l’avion. Galgo est à côté.

« Mmmm, ça sent bon. Ca sent quoi ? L’essence ? Le diesel ? Le carburant d’avion ? Ho ben ça alors c’est extraordinaire, parce qu’une fois…« 

Barney vérifie un moteur de l’avion. Galgo est à côté.

« Et donc tu connais la mécanique ? Moi aussi je connais la mécanique. Une fois, j’étais sur l’A20 avec ma Twingo quand soudain, j’ai le voyant « check » qui s’allume, alors moi…« 

Barney fait caca. Galgo passe un oeil sous la porte.

« Toi aussi tu fais caca ? Alors que moi, ma mère était blogueuse mode. Du coup, une fois sur deux, je fais des papillons. Ça m’oblige à tenir des comptes, sinon, si j’inverse, c’est un peu compliqué à gérer et… »

Bref, voilà voilà.

Sitôt les deux compères prêts, ils montent dans l’avion, mais alors qu’ils vont s’élancer sur la piste, apparaissent devant eux… l’ancienne équipe des Expandables, prête au combat ! Ceux que Barney avait renvoyé sont tous là, équipés. On va dire qu’ils ont été prévenus par Schwarzy des malheurs de Barney, hein. Ou que eux aussi sont télépathes, mais ça commence à faire beaucoup. Tous grimpent donc dans l’avion et en avant pour la cachette de Stonebanks, qui n’est pas à Langres (je trouvais pourtant ça crédible) mais au Nardinamoukistan, un pays où « Stonebanks a corrompu tout le gouvernement et peut faire ce qu’il veut !« .

Ce qu’il veut ? Comme par exemple, avoir accès aux musées la nuit sans que les caméras ne s’en mêlent, pouvoir survoler le coin en hélico sans autorisation et tirer des roquettes sur des ponts sans problème ?

Il faudra peut-être commencer à se poser des questions sur la Roumanie alors.

Enfin, je dis ça. Mais bref.

Nos héros arrivent donc au lieu de rendez-vous : une espèce de zone d’entraînement pour l’armée au milieu de nulle part au Nardinamoukistan, avec quelques immeubles, des rues et des voitures qui brûlent (comme dans les films de zombies : même 10 ans après l’apocalypse, dans les villes ruinées, les voitures brûlent toujours ; on a enfin trouvé une alternative énergétique au nucléaire). Barney sort donc ses supers jumelles à infrarouge et détecte, dans un immeuble, quatre formes vivantes. Tout serait donc désert à part pour les otages ? Voilà qui pue le piège. Mais il faut bien admettre qu’il n’y a personne d’autre à des kilomètres à la ronde.

Barney et son équipe filent donc jusqu’à l’immeuble et arrivés à l’étage des otages, les libèrent.

C’est alors qu’à côté d’eux, une télévision des années 60 surmontée d’une webcam s’allume et qu’apparaît bien évidemment le visage souriant de Stonebanks.

« Salut les nazes ! C’est bien que vous soyez tous venus ! Bon, ben maintenant que vous êtes là, je dois vous le dire : j’ai piégé tout l’immeuble. 
– Ça alors ! Une décision intelligente !
– Aaaaattendez ! J’ai décidé de les faire exploser avec… un compte à rebours !
– Ouf. Je me disais, aussi.
– Ah ben oui, hé. Nul jusqu’au bout. Bref, sachez qu’un soldat moyen met 90 secondes à sortir de l’immeuble. J’ai réglé les détonateurs sur 45 secondes ! Bonne chance ! »

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C’est vrai que « Salut les gars ! Au revoir les gars ! » et appuyer sur le bouton était tellement moins efficace. A noter qu’en face, ce n’est pas beaucoup plus malin.

« Vite, nous n’avons que 45 secondes pour sortir ! Engueulons-nous comme de gros blaireaux ! » et c’est ce que font nos amis, et ce, de manière complètement artificielle. Heureusement, Drony, à l’aide d’un ordinateur qui traînait sur l’un des Expandables venus à sa rescousse, parvient à diffuser un brouillage qui empêche le signal du détonateur de passer. « Voilà ! Il n’y a plus que 9% de batterie dans cet ordinateur… ça nous laisse donc 25 minutes avant que tout ne pète !« . Deux choses à signaler, donc :

  1. Brouiller le signal du détonateur n’arrête pas le compte à rebours. Ça peut éventuellement empêcher le détonateur d’activer le compte à rebours. Mais là, comme c’est fait, ça ne sert à rien. Mais c’est magique, allez !
  2. 25 minutes ? Quelque chose me dit qu’il faudra 24mn et 59 secondes à nos héros pour sortir d’ici.

Au hasard.

Vexé comme un pou, Stonebanks, qui commande en fait tout cela depuis un QG de l’armée du Nardinamoukistan non loin, commande justement à l’armée d’entourer le bâtiment et de le prendre d’assaut. Les Expandables vont donc affronter des bataillons entiers ! Barney raisonne donc ses troupes, leur fait un discours sur l’espoir et l’importance de travailler de concert, puis comme le veut la tradition en cas de grand danger, leur ordonne de se diviser en petits groupes pour patrouiller dans l’immeuble (« Divisons-nous, on aura moins de chances !« ).

Deux nouvelles choses, des fois que ça manque :

  1. Sinon, Barney, en supposant que ton plan soit bon, tu n’aurais pas voulu l’expliquer, je ne sais pas moi, autre part que juste devant la webcam de Stonebanks qui commande les troupes face à toi ?
  2. Tiens et puis tout à l’heure, avec vos jumelles à vision thermique, vous avez repéré 4 péquins dans un immeuble mais pas toute une armée + ses chars + ses hélicoptères juste à côté ? C’est ballot.

Ballot, consternant, qu’importe : tout est raté depuis le début de ce film. Et la bataille commence. Et pour aller vite, chacun des Expandables se retrouve plus ou moins à massacrer entre 100 et 200 mecs tout seul, parfois juste en faisant du catch (comme l’amie Louna). Lorsque les méchants tirent 2 600 000 balles dans un couloir, ils n’arrivent même pas à érafler le gentil qui court en ligne droite un mètre devant eux, par contre, à chaque fois qu’un Expandable tire 3 balles, il y a 4 morts. Pourtant, l’armée du Nardinamoukistan n’a pas dit son dernier mot ! Ainsi, elle envoie des soldats en motocross prendre d’assaut le bâtiment (l’un des Expandable vole une moto et un casque, mais malgré tout d’ailleurs, les deux camps le reconnaissent instantanément, c’est beau), des hélicoptères le mitrailler (qui pareil, identifient les Expandables et les distinguent de leur armée d’un seul coup d’oeil quand bien même c’est la mêlée la plus confuse qui soit, on va dire que décidément, la taille de leurs testicules est utile même pour leurs ennemis), des chars le bombarder (des Expandables volent un char et là encore, n’ont aucun souci avec leurs alliés) et Stonebanks envoie même son bras droit combattre ! Et lorsque celui-ci surprend un Expandable dans le dos, plutôt que de le tuer… il lui fonce dessus pour faire du catch.

Mais ? Et pourquoi pas lui faire des chatouilles, aussi ? Arrêteeeez ! Arrêteeeeeeeeeeeez !

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Rey Mysterio aime ça.

Du côté des Expandables, un renfort inattendu se pointe : un hélicoptère piloté par Drummer, de la CIA, qui a décidé de partir en mission dans un pays étranger histoire de créer une crise internationale s’il se fait prendre, et avec à chaque portière d’un côté Schwarzy et de l’autre Jet Li (l’hélico doit pencher, mais passons). Ils ont aussi des roquettes et détruisent ainsi les chars qui menacent nos héros (mais toujours en identifiant sans souci celui volé par des Expandables), et pètent les hélicos qui les poursuivent avec aisance. Hop, allez. Peut-être aussi y arrivent-ils d’autant plus facilement qu’encore une fois, les hélicos ennemis ne tirent pas. Ils se contentent de les suivre et de douiller. Ceci explique cela.

Re-vexé comme un pou, Stonebanks décide d’aller se battre lui-même, non sans avoir abattu plusieurs officiers de l’armée locale dans sa colère sans que qui que ce soit autour ne réagisse. C’est tellement normal : les gens adorent se faire tirer dessus par un étranger arrogant. Il file donc jusqu’à l’immeuble où tout le monde se bat, et alors que toute l’équipe des Expandable a rejoint sur le toit l’hélico de Drummer, retrouve Barney, resté en arrière alors que, ça alors, il s’est écoulé environ 24mn30 depuis l’activation du brouillage des détonateurs.

Stonebanks colle une balle dans l’épaule de notre héros, mais pouf, elle disparaît dès le plan suivant, et n’empêche donc pas notre bon Barney, qui a pourtant chu dans une sorte de pièce inondée, de se battre en mettant des patates face à son adversaire qui, vous ne vous y attendiez pas, a jeté son arme pour se « battre à mains nues« . Pif, paf bang, et finalement, les deux se ruent chacun sur une arme qui traînait dans l’eau (mais tire encore à la perfection, c’est bien normal) et Barney abat donc le vilain Stonebanks comme une grosse bouse.

« Attention, tout va péter ! » s’exclament alors ses amis à bord de l’hélicoptère.

Barney court comme le vent, et malgré les explosions qui secouent l’immeuble, atteint une corde qui pendouillait hors de l’hélico à la dernière seconde (ça alors !), et alors que le bâtiment s’effondre sous ses pieds.

« Haaa, Barney, tu nous as fait peur, hahaha ! 
– Remontez-moi les gars !
– Non, ça t’apprendra à jouer avec nos tripes, hahaha, allez, on s’en va ! »

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Tout le monde rigole donc de cette bonne blague et l’hélicoptère avec Barney suspendu au bout d’un fil s’éloigne donc dans le soleil couchant, béni par la grâce de l’armée locale qui est partie s’entraîner pour un tournoi de Super Mario Kart et oublie de faire des trucs comme abattre l’hélicoptère contenant les mecs qui ont tué 12 000 des leurs, envoyer la chasse le faire ou autre. Et le script oublie aussi, donc que les Expandables rigolent aux dépends d’un mec suspendu à une corde par les bras et qui aux dernières nouvelles, avait une balle dans l’épaule et devrait donc s’écraser au sol tel la crotte du pigeon sur la voiture sortant de l’Eléphant Bleu.

De retour au pays, tout le monde se donne donc de grandes tapes dans le dos, car les vieux comme les jeunes sont désormais unis dans la bataille, et sont tous devenus des Expandables, des vrais.

C’est donc une nouvelle équipe, forte et unie, qui est prête pour l’aventure, et alors que les plus jeunes lancent un karaoké, tout le monde est content et…

… FIN !

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Alice se frotta langoureusement contre le gilet en kevlar du leader du commando.

« Vous savez, je suis votre plus grande fan. Vraiment. Même si vous avez abattu François avec votre Maüser quand il a demandé si le Moumoukistan existait vraiment. 
– Un simple réflexe jeune fille. 
– Ne pourriez-vous pas rester encore un peu ? dit-elle en tirant langoureusement sur les coutures de son débardeur.
– Non. Nous sommes encore en été, même si la rentrée est là. Tant de blockbusters, tant de gens pour les défendre, si peu de temps. Et si ce n’était que ça… »

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Elle recula d’un pas, incertaine.

« Que ça ? Que voulez-vous dire ?
– De plus en plus d’excuses de merde passent sans que personne ne s’en offusque dans d’autres domaines aussi. Notre mission est sans fin. 
– Mais ? De quoi parlez-vous ? »

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Il sortit un petit magnétophone de sa poche et appuya sur le bouton lecture. Une voix grésillante résonna dans la pièce.

« Je n’ai pas été viré du gouvernement. J’ai décidé de reprendre ma liberté parce que je suis un homme de convictions, mais seulement une fois qu’on m’a sorti à coups de pied au cul, vous ne pouvez pas comprendre. »

Elle comprit de suite. Et avant même qu’elle ne puisse réagir, le commando avait disparu. La pièce était vide, et là-bas, derrière le rideau qui s’agitait devant la fenêtre brisée, les Excusables étaient partis pour une nouvelle mission.

Elle n’eut qu’à attendre le lendemain pour apprendre qu’un mystérieux commando avait attaqué le QG de Benoît Hamon puis celui d’Arnaud Montebourg en une seule nuit.

« Tant d’excuses de merde. Si peu de temps. » murmura-t-elle du fond de son lit en écoutant la nouvelle, rougissante.


Le Labyrinthe, sans détour

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Attention !

Le spoil qui suit est tiré d’un livre. Ce qui, comme d’habitude, va attirer dans les commentaires du « Non mais en fait, il faut lire le livre pour comprendre.« . Donc comme toujours, rappelons cette bonne vieille règle : le film est un film, pas une illustration vidéo du livre. Il est donc censé tenir debout tout seul.

Mais comme nous allons le voir, il rampe.

Prêts pour un dédale scénaristique ? Alors spoilons, mes bons !

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L’affiche : « Courir ou mourir ». Par contre, réfléchir, non. Ça n’a jamais servi dans un labyrinthe.

Notre film commence tout au fond d’un monte-charge qui file à folle allure.

Au milieu des caisses, voici que se réveille un jeune garçon qui est quelque peu paniqué de se trouver là. Comment a-t-il atterri ici ? Pourquoi est-il trempé de la tête aux pieds ? Vers où est-il en train de monter ? Pourquoi est-ce que ses doigts sentent mauvais ? Si notre fier héros appelle à l’aide, seul le bruit entêtant de la machinerie qui s’active lui répond. Et il a du temps pour s’énerver et tourner en rond, car palsembleu, que ce trajet est long ! Mais enfin, il aperçoit quelque chose au-dessus de lui : le monte-charge arrive à destination ! Ah, tout de même ! L’appareil s’immobilise au-dessous d’une trappe, qui s’ouvre lentement et laisse entrer l’aveuglante lumière du jour…

… l’occasion pour notre héros de découvrir une foule d’adolescents un peu cracras exclusivement de type mâle penchés au-dessus de lui, qui se marrent en l’appelant « Le Nouveau. » Logiquement, voici ce qui devrait se passer.

« Quoi ? Le Nouveau ? Pourquoi je ne me souviens de…. attendez, attendez, j’ai tout compris ! L’amnésie, le fait que je sois trempé, vos rires de mâles demeurés… je viens d’intégrer une fraternité, c’est ça ? Et je viens de passer le bizutage ! Par contre, v’là la cuite, je ne me souviens de rien. Bon allez, filez moi un miroir que je regarde combien de bites vous avez dessiné sur moi pendant que j’étais dans le coma.
– Ah non, attends mec, tu fais erreur, ici, c’est le Labyrinthe, personne ne dessine de bites sur…
– Attendez ? Pas de bites ? Qu’est-ce que c’est que cette fraternité de gros nazes qui n’assure même pas le minimum ? Allez, qu’on m’amène un Velleda, puisqu’il faut tout faire par soi-même ! »

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Mais non : notre héros ne revient pas de bizutage, et en fait, personne ne lui adresse la parole. Les adolescents un peu con-cons qui l’entourent se contentent de lui gueuler « Haaan Le Nouveau ! Le Nouveau ! » et de le malmener en tous sens, le balancer à terre, bref, lui faire un accueil qui ressemble plus au prélude d’un sacrifice humain ou d’un viol de chèvre qu’à un rite de bienvenue. Visiblement alerté par le niveau ambiant qui n’a rien à envier à une soirée au Macumba, le nouvel arrivant tente bien de s’enfuir en courant sous les exclamations hilares de ses nouveaux camarades qui le laissent faire, mais il finit par se vautrer de lui-même sur un gros caillou. Il est donc ramassé, encore malmené, et traîné jusqu’à une prison en pierre, brindilles et matières fécales qui a l’air si solide que je pense qu’un cochon d’Inde pourrait en forcer la porte sans trop de soucis.

Heureusement, avant que notre héros ne commence à raisonner en cochon d’Inde (nous découvrirons qu’il est un peu en-dessous), voici qu’arrive un jeune homme un peu plus aimable que la moyenne qui vient le libérer.

« Salut mec ! Je suis Alby, plus ou moins le chef ici. Bienvenue au bloc ! 
– Salut Alby moi je m’appelle…  bon sang ! Je ne me souviens de rien ! Je ne sais pas qui je suis !
– C’est normal. C’est notre cas à tous ici. Seul ton prénom te reviendra bientôt. C’est tout ce que nous ont laissé ce qui nous ont pris notre mémoire avant de nous envoyer ici. 
– D’accord.
– Bon allez viens ! Je t’emmène faire un petit tour. Comme tu peux le voir, tu viens d’arriver dans un grand pré entouré d’immenses murs. Là-bas il y a un bosquet, ici un village en branchages, là un potager… nous formons une communauté soudée basée sur la confiance et le respect.
– C’est donc pour ça que vous accueillez comme de gros connards les gens qui débarquent chez vous ? Non parce que dans la scène précédente, alors que j’étais paniqué et perdu, j’ai un peu été traité comme un sac de rats morts.
– Ah oui je… heu… en fait… cette scène c’était parce que…
– Okay. Donc nous en sommes à la deuxième scène du film et tu es le personnage qui vient m’expliquer que la première n’avait aucun sens, c’est ça ?
– Bon, heu, continuons à nous promener. Comme je te le disais, nous vivons ici en paix. Une fois par mois, le monte-charge arrive, nous fournit un nouvel arrivant ainsi que du ravitaillement, puis redescend. Ce mois-ci, c’était toi.
– D’accord. Mais dis-moi, c’est quoi cette immense porte dans le mur là-bas ?
– *regard dans le lointain*
– Dis ?
– *regard dans le lointain*
– Mais ? Mais pourquoi tu ne réponds pas ? Ce ne serait pas juste pour faire durer l’intrigue complètement artificiellement ?
– PAS DU TOUT ! Bon, écoute, il n’y a que trois règles dans notre communauté : un, tout le monde fait sa part du boulot. Deux, il est interdit de frapper un autre membre de la communauté. Retiens bien cette règle. Et trois, il est interdit de passer les portes du mur. 
– Mais pourquoi ?
– *regard dans le lointain*
– Hoooo je sens que ce film va être long ! »

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Je me permets de vous spoiler (je sais, c’est mal), mais accrochez-vous bien parce que tout le film, ça va être comme ça. Dès que le héros a une question qui pourrait faire avancer l’intrigue, voire sauver tout le monde, les autres personnages ont une fâcheuse tendance à regarder l’horizon (ou à avoir l’air constipé, c’est selon) silencieusement. Et quand ce n’est pas eux qui jouent les autistes, c’est le héros qui ne pose pas les questions les plus élémentaires ou fait de la rétention d’informations qui pourraient sauver des vies. Ah ben sinon toute l’intrigue pourrait être pliée en cinq minutes, donc bon.

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« Bon alors tu vois ici c’est… non, on ne va rien te dire et espérer que tu ne le remarques pas. »

Bref : Alby confie le nouvel arrivant à Chuck, le plus jeune, petit et gros de la communauté arrivé le mois précédent, autant vous dire que je ne sais pas vous, mais moi je connais déjà son destin. Chuck poursuit donc le tour du propriétaire de la petite communauté, en expliquant qu’il y a plusieurs groupes en son sein, comme par exemple les bâtisseurs, les soigneurs, les jean-jacques ou autres. Mais ce qui attire l’attention du Nouveau (appelons-le ainsi dans l’immédiat), c’est que soudain, sortent des immenses portes deux larrons qui rentrent dans le camp au petit trot sans que personne ne s’en offusque. Il se tourne donc vers Chuck.

« Chuck ! Tu as vu ? Il y avait des gens de l’autre côté des portes alors que c’est interdit !
– *regard dans le lointain*
– TU VAS PAS COMMENCER, HEIN !
– Oui, bon, d’accord : ce sont des coureurs ! Chaque jour, ils rentrent dans le labyrinthe pour l’étudier et en sortent avant que les portes ne se ferment à la nuit tombée. 
– Le labyrinthe ?
– *regard dans le lointain* J’ai dit labyrinthe, moi ?
– Non mais ça suffit ! Pourquoi tu ne veux pas me répondre ? Pourquoi Alby ne m’en a pas parlé ? Pourquoi tu estimes que c’est un secret alors que tout le monde est au courant et qu’Alby ne t’a pas dit de ne pas m’en parler ? Vous ne pouviez pas juste dire « Salut mec ! Nous sommes une communauté enfermée au milieu d’un labyrinthe mortel, donc tu comprendras que seuls des gens entraînés y partent en éclaireur ! » au lieu de me dire « Hé, tu as vu le truc super intriguant là-bas ? C’est interdit, mais on ne te dira pas pourquoi, comme ça tu ne seras pas curieux, hein ? En plus il y a des gens qui en rentrent et sortent sans qu’on les engueule, ce qui ne va pas te donner d’idées, hein ? » Et puis d’ailleurs, s’il y a des endroits où il ne faut surtout pas aller, quand je suis arrivé dans le monte-charge, pourquoi vous ne m’avez pas couru après quand je me suis enfui au lieu de vous marrer comme des cons ? Parce que sachant que ce sont les seules portes hors d’ici, si je n’étais pas tombé, à votre avis, vers où serais-je allé pour commencer ?
– Est-ce que je peux regarder dans le lointain pour te répondre ? »
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La scène où le Nouveau tire le slip de Chuck jusqu’à pouvoir le stranguler avec a été coupée au montage, ce qui est fort triste car ça en aurait fait la meilleure scène du film, mais passons et poursuivons avec le n’importe quoi. Car alors que nos deux héros sont face aux portes du labyrinthe, le Nouveau fait un pas en avant. Et aussitôt, quelqu’un lui fonce dessus et lui défonce la gueule en le plaquant au sol comme un rugbyman frénétique. C’est Gally, le costaud local.

« TU N’ENTRES PAS DANS LE LABYRINTHE ! TU N’AS PAS LE DROIT !
– Oui alors tu es gentil mais pourquoi tu ne m’as pas juste saisi par l’épaule ? La règle numéro 2, ce n’est pas de ne pas frapper les gens ? Leur éclater la gueule par terre, ça ne compte pas ? »

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Visiblement, non. En tout cas, cela fait, c’est l’occasion pour nos héros de contempler le rituel du soir pour les habitants du Bloc : les portes du labyrinthe qui se referment au soir venu. Un spectacle majestueux comme le coucher de Pierre Ménès, ou quelque chose dans cet esprit, mais enchaînons.Car le soir-même une petite fête est donnée pour célébrer l’arrivée du Nouveau. On picole donc de l’alcool frelaté tout en se racontant des histoires, l’occasion pour le Nouveau de fraterniser avec Newt, le bras droit d’Alby.

« Alors le Nouveau, t’es content d’être ici ?
– Pas vraiment. Mais au fait, on entend des bruits étranges dans le labyrinthe. Des grincements et des cris horribles !
– Les grincements, c’est le labyrinthe qui se modifie chaque nuit. 
– Ah oui ? Du coup, quel intérêt d’envoyer des gens en reconnaissance si chaque jour ils doivent tout refaire de zéro ?
– Hé bien je… bon, et les cris horribles, ce sont les griffeurs.
– Les griffeurs ?
– Oui ! Des créatures monstrueuses qui hantent les couloirs du labyrinthe la nuit ! C’est à cause d’elles que personne n’a jamais survécu à une nuit là-bas. 
– C’est terrible. Mais j’ai une question.
– Oui ?
– Si personne n’a jamais survécu, qui vous a parlé de ces créatures et a par exemple, au hasard, pu vous dire qu’elles avaient des griffes ?
– Mmmmmgggggnnnnnn…
– Tu fais super mal le regard dans le lointain. Vraiment. Arrête tout de suite. 
– Bon, si on retournait à la fête ? Après tout, elle est en ton honneur ! »

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Et sur ces lamentables considérations qui font de chaque dialogue une insulte au genre humain, nos deux larrons s’exécutent. Même si le Nouveau en profite pour glisser qu’après moins d’une demie-journée passée au bloc, il a déjà envie de devenir un coureur et de parcourir le labyrinthe. Mais peu nombreux sont ceux qui ont le droit de le devenir ! Toujours est-il que tout à ses réflexions, le Nouveau ne voit pas Gally dans son dos et les deux se bousculent par accident. Gally grogne donc.

« Tu veux te battre ? 
– Je ne sais pas : est-ce que tu veux que je te rappelle la règle numéro 2 ?
– Non, puisque personne n’en parlera plus. Jamais. En fait, je ne sais même pas pourquoi Alby te l’a donnée. 
– Bon ben alors battons-nous ! »

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Et tout le monde se met joyeusement en cercle pour un duel à mains nues où Gally annonce : le but est pour lui de pousser le Nouveau hors du cercle. Et pour le Nouveau, de tenir 5 secondes face à la brutalité de son adversaire. On va être clair tout de suite : le Nouveau tient bien une minute pendant que Gally fait le kakou sans que personne ne le fasse remarquer. Mais alors que Gally finit par éclater le Nouveau par terre un bon coup parce qu’entre amis, plus que les kit-kat, rien ne vaut de partager un bon traumatisme crânien, voici que ce choc est si violent (vous voyez, même le scénario le dit : les seuls qui ne disent rien, ce sont les gros débiles autour qui trouvent ça rigolo) que la mémoire en revient soudain au nouveau : il s’appelle… Thomas.

Allez, assez d’émotions pour ce soir ! La fête s’arrête, et tout le monde va donc regagner ses cabanes en brindilles pour passer la nuit. Ce qui est un peu difficile pour Thomas qui n’est pas habitué aux cris abominables qui sortent du labyrinthe. Et dans son sommeil, il fait des rêves étranges : des scientifiques sont penchés sur lui et une femme lui répète « Wicked est bon !« . Il voit aussi une jeune fille qui lui fait de grands yeux amoureux et à qui il tient la main. Bref, c’est youpi. Jusqu’à ce qu’il soit réveillé par quelqu’un qui lui plaque une main sur la bouche : Alby !

« Salut mec ! Je venais te réveiller à l’aube pour te parler un peu. Suis-moi.
– Okay mais pourquoi la main sur la bouche ? Tu as un secret à me dire dans un coin ?
– Non en fait je venais juste te réveiller pour te dire qu’ici, on aime la paix et l’harmonie. Et t’amener jusqu’à un mur où on a tous gravé notre nom. Non, la scène où je te fais flipper ta petite maman en t’asphyxiant pour te réveiller, c’était juste pour déconner. »

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Je ne sais pas ce qu’il se passe depuis le début du film, mais à mon avis, le réalisateur, M. Ball, avait comme un problème.

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Tournage du film Le Labyrinthe, un mardi.

« Bon, Alby tu as compris ? Dans cette scène, tu vas réveiller Thomas pour parler avec lui.
– Okay… je m’avance… hé, Thomas !
– Coupez ! Couuupez ! Non, allons allons, ça ne va pas du tout ! Mets-toi dans ton personnage. Tu es un chef juste et amateur de paix et tu dois réveiller un garçon amnésique et encore traumatisé de son arrivée parmi vous de la veille. Comment t’y prends-tu ?
– Super doucement pour ne pas ajouter à son traumatisme, non ?
– Raaaah ! Idiot ! Allez, avance toi ! Voilà, comme ça ! Thomas, tu ne bouges pas, tu dors ! Maintenant… maintenant penche-toi sur lui !
– Heu… vous êtes sûr M. Ball ?
– Tais-toi ! Penche-toi ! Maintenant… maintenant avance ta main !
– Je… ici ?
– Oui ! Maintenant, mets-lui sur la bouche ! Empêche le de respirer !
– Que…
– Plus fort ! comme ça ! Oui, continue ! Malaxe sensuellement ses lèvres ! Maintenant… maintenant tu passes ton autre main sous sa chemise !
– Ecoutez, je…
– Traite-le de … de salope ! De pétasse ! Dis-lui des choses sales !
– Ecoutez M. Ball, je veux bien mais à condition que vous remettiez votre pantalon. »

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Web Ball en plein travail. A voir la tête qu’il fait, je pense qu’il filmait la scène telle que décrite ci-dessus.

Si quelqu’un a une meilleure explication, je suis preneur.

Toujours est-il que pour Thomas, le travail débute : il doit participer à la vie de la communauté. Il aide donc Newt au potager, et lui pose plein de questions.

« Alors, Newt, vous avez déjà pensé à escalader les murs du labyrinthe ?
– Bien sûr ! Mais le lierre qui pousse sur celui-ci ne va pas assez haut.
– C’est dommage parce que tous les décors montrent le contraire.
– Chhhht… 
– Okay. Et sinon, pour grimper, avez-vous essayé de…
– Oui. Deux fois. Ecoute mon vieux, tu es gentil mais on a tout essayé. Même le monte-charge : impossible de descendre avec. Il détecte si quelqu’un est à bord. La seule issue, c’est le labyrinthe. »

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Je vous donne la traduction ?

« Tu sais, on aime pas trop avoir de nouvelles personnes qui arrivent avec de nouvelles idées, alors par principe, on ne les écoute pas.« 

Ce film. Mais ce film. Et histoire de bien enfoncer le clou, Newt ajoute : « En plus, même si on escaladait un mur, je ne vois pas ce que l’on ferait une fois en haut !« . Je ne sais pas : à titre personnel, j’ai environ 12 idées différentes là, comme ça, au pied levé. Mais bon, hein. Du coup, pour le punir de poser des questions, Newt envoie Thomas chercher du fumier pour le potager au fond des bois. Car il n’y a pas de coin latrines, alors pépère, à toi de trouver les meilleurs coins à crottin de tes amis avec ton seau et ta pelle ! Qui sait quel merveilleux étron tu pourrais découvrir au pied d’un arbre ! Une sorte de géocacaching, si je puis dire, quelle excitation ! Les bois, d’ailleurs, parlons-en : de bosquet de bord d’autoroute, ils se transforment en forêt de Brocéliande sitôt que Thomas est dedans, puisque le truc devient tout bonnement gigantesque. Décidément, la réalisation a en plus du scénario un certain talent pour se vautrer, mais passons. Car au cœur de la forêt, Thomas découvre… une tombe ? Et des ossements en pagaille. Mais alors qu’il observe la chose, sort d’un buisson un membre des coureurs, qui se rue sur Thomas en hurlant, des veines noires sur le visage. Il lance « Je t’ai vu ! C’est de ta faute ! » et tente de tuer notre héros qui s’enfuie à toutes jambes en appelant à l’aide.

Il parvient à quitter la forêt, son poursuivant aux trousses, et à attirer les autres blocards à son aide qui maîtrisent vite Ben, le coureur tout fou. Ils lèvent le t-shirt de ce dernier et constatent une grosse piqûre sur son ventre, et des veines noires tout autour. Alby s’exclame donc « Bon sang ! Il a été piqué… en plein jour en plus ! Comment cela est-il possible ?« 

J’imagine que vous vous attendez à ce que Thomas se fasse un peu caca dessus et demande ce qui pique ainsi, d’où cela sort ou comment s’en prémunir ? Non, hohoho : il s’en fout. Alors peut-être va-t-il demander pour la tombe au fond des bois ? Oui, vaguement, et encore, il se satisfait de la réponse la plus pourrie du monde qu’Alby lui donne à savoir « Nous avons connu des jours sombres« .

Non mais sérieusement ? Thomas ? Les ossements non plus, tu n’as pas envie d’en parler ? Et vraiment, la piqûre, non ? Ça a failli te tuer mais tu estimes que ce n’est pas important ?

Bon, allez : comme je suis sympa (mais si, mais si, tenez Mademoiselle, reprenez un verre), je vous donne l’explication. Ces « piqûres », ce sont en fait les griffeurs qui les font. Et vous savez quoi ? C’est encore plus incohérent ! Parce que du coup, d’où un griffeur a-t-il pu piquer un mec qui se trouvait au bloc ? Et question bonus : sachant que les griffeurs tuent tout le monde de l’aveu de tous les personnages, comment Ben a-t-il survécu à la rencontre ? Est-ce que le griffeur lui a injecté son bidule avant de lui souhaiter une bonne journée en sifflotant pour aller s’acheter Le Figaro Histoire ?

C’est complètement con. Un scénariste qui s’emmerdait en réunion a dû dessiner un labyrinthe sur son bloc-note et quelqu’un confondre le tout avec un script terminé. C’est la seule explication.

Mais allez, allez, poursuivons notre descente vers les profondeurs de la médiocrité.

Le pauvre Ben subit donc le châtiment de tous ceux qui ont été piqués par des griffeurs (car oui, il y a un châtiment déjà prêt, avec un petit rituel et tout, comme quoi, il y a eu dû en avoir un paquet, en fait, des gens qui ont survécu à une rencontre avec un griffeur, qui je le rappelle, jusqu’ici ne sortaient que la nuit-même-que-personne-n’est-jamais-ressorti-du-labyrinthe-après-une-nuit-dedans-donc-en-fait-c’est-pas-possible), à savoir qu’on le repousse vers le labyrinthe à coups de perches comme un gros cachalot que l’on rejette à la mer ou une blogueuse mode devant un stand de macarons. Aussi, cela étant fait à l’heure de la fermeture, le pauvre Ben voit les portes du labyrinthe se refermer sur lui… et nous ne le reverrons plus jamais, car plus rien ne pourra le sauver : c’est Ben perdu.

Que ? Qui a…

Oubliez. Mais cependant, cet événement provoque un changement d’importance : avec la mort de Ben puisque le labyrinthe a raison de lui, le lendemain matin, c’est Alby qui remplace le défunt pour accompagner son ancien binôme de course, Minho, dans le labyrinthe. Thomas est donc tout étonné quand il les voit tous les deux partir sitôt que les portes du labyrinthe s’ouvrent au petit matin, et il partage son étonnement avec Newt.

« Mais ? Alby part dans le labyrinthe ? N’est-ce pas dangereux ?
– Si, complètement. Mais il fallait bien remplacer Ben.
– Directement par notre chef qu’il ne fallait surtout pas perdre ? Ce ne serait pas un peu con, des fois ?
– Hé ho, tu arrêtes tout de suite ! En plus, Alby est un super chef.
– Raison de plus pour ne pas le perdre. D’où c’est le chef, d’ailleurs ?
– Il y a trois ans, ça a été le premier d’entre nous à arriver ici. Tu imagines ? Un mois tout seul ! Avant qu’enfin, le monte-charge n’amène du ravitaillement et un nouveau. Puis un autre le mois suivant… Alby a organisé cette communauté. C’est grâce à lui que tout tient. »

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Je ne sais pas vous, mais moi, non seulement j’aime beaucoup comment ils insistent bien sur le fait qu’Alby est indispensable, et donc que le laisser partir dans le labyrinthe est encore plus idiot, mais surtout, il va falloir m’expliquer ce qu’Alby a fait tout seul le premier mois dans le bloc. Il s’est tripoté ? Non parce que je ne sais pas, mais sans mémoire et au milieu d’un labyrinthe aux portes grandes ouvertes, j’aurais pensé qu’il serait rentré dedans. Et comme personne ne lui aurait parlé des griffeurs, bah il serait mort. Tout comme le prochain arrivant qui du coup, serait arrivé seul. Puis le suivant. Etc.

Bref, c’est très con, mais nous ne sommes pas au bout de nos peines, car vous ne le savez pas encore, mais c’est encore plus incohérent que ça ne le semble déjà. Si. Ah non mais il y a clairement du niveau, même moi j’ai été surpris, et pourtant, j’ai quand même vu La Planète des Singes : Origines.

Le soir venu, toute la petite communauté se rend aux portes du labyrinthe pour attendre le retour de Minho et d’Alby. Mais à leur grand désarroi, ceux-ci ne se montrent pas… et en fait, n’apparaissent au bout du couloir face aux portes que lorsque celles-ci sont déjà en train de se refermer ! Minho traîne un Alby blessé derrière-lui, et il va trop lentement pour pouvoir regagner le bloc avant que les portes ne se soient refermées. Au moment où tout est perdu, Thomas ne peut laisser ces braves gens en danger parce qu’il a le cœur gros comme ça et accessoirement le QI d’un hamster défoncé : il traverse les portes à la seconde où elles se referment et va pour aider ses camarades afin d’essayer de les aider à survivre aux dangers du labyrinthe la nuit. Minho l’accueille d’un « Tu viens de signer ton arrêt de mort ! » avant d’expliquer ce qu’il s’est passé : Alby a rencontré un griffeur en plein jour. Celui-ci l’a piqué avec son fameux venin qui rend un peu agressif, Minho a donc dû l’assommer et le traîner jusqu’à la sortie, qu’il a donc ratée de peu. Il s’exclame donc « Il faut abandonner Alby ! Il a été piqué ! » mais Thomas, qui est un gros gentil, lui dit que non non, jamais, parce que l’amitié, c’est plus fort que tout et jamais il n’abandonnera son nakama ou quelque chose du genre.

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Voici la scène où Thomas pointe du doigt l’arrivée de Minho et Alby au moment où les portes se referment. A savoir, à la tombée de la nuit. Maintenant, regardez la luminosité. Hééé oui.

Alors que moi, ce que je retiens, c’est surtout que Mihno s’est enquiquiné à traîner Alby dans tout le labyrinthe (d’ailleurs, qu’est-il advenu du griffeur qui l’a piqué ?) pour le ramener au bloc où je le rappelle, les piqués sont automatiquement envoyés, comme feu Ben… dans le labyrinthe pour y mourir. Très utile, donc. Et Minho en plus d’insister pour dire « Il est foutu, il faut l’abandonner.« . Certes ? Tu peux donc me rappeler pourquoi tu insistes sur le fait que tu n’avais aucune raison de le traîner à part pour rater la fermeture des portes, de ton propre aveu ?

Je parlais du film qui se vautrait régulièrement. Correction : il est vautré, et on attend qu’il se relève.

En tout cas, la nuit tombe sur le labyrinthe, et Minho et Thomas s’acharnent à traîner Alby dans tout le secteur. Finalement, Thomas aperçoit du lierre qui monte du bas d’un mur jusqu’en haut (je vous avais dit que dans les décors, le lierre montait plus haut que ce que les personnages ne disaient, dans le labyrinthe comme dans le bloc). Il décide donc d’utiliser du lierre pour en faire une corde comme ça, pif pouf, puis de tirer dessus pour faire monter le corps d’Alby en hauteur et donc en sécurité. Pour cet exercice, j’imagine donc que Minho et Thomas ont aussi fabriqué une poulie à partir de feuilles et de crottes de nez, mais le film n’en dit rien. En tout cas, le truc doit être solide car ils montent tranquillement un Alby inconscient de 90 kilos jusqu’à 6 ou 7 mètres de hauteur avant qu’un bruit ne les fasse se retourner : un griffeur arrive !

Alors, me demanderez-vous, à quoi ressemble un griffeur ?

Prenez une grosse larve, mettez-lui de petites dents (sinon on ne comprend pas qu’elle est méchante), attachez-là à un corps de scorpion cybernétique, et pouf, vous avez un griffeur. Personnellement, j’aurais appelé ça une « méca-merde« , mais griffeur, ça ira bien. Minho, en voyant le griffeur, lâche une série de petits pets liquides et le pantalon souillé, abandonne Thomas et s’enfuit en courant. Thomas, lui décide de se planquer sous le lierre, ce qui le rend invisible aux yeux de la créature. Excellent Thomas ! Tu n’as plus qu’à rester planqué jusqu’au lever du jour et…

« Non ! Si je me mettais plutôt à courir comme un gros con dans tout le labyrinthe ?« 

Je… bon. Hé bien soit. Thomas se met donc à courir partout, et évidemment, finit par rencontrer un autre griffeur, ou le même, ou son cousin germain, on n’est pas bien sûr, ils se ressemblent tous, un peu comme les…

J’allais dire les canards. Petit raciste ! Vous êtes intenables, sacrebleu !

Qu’importe : Thomas court donc de plus belle, fait moult acrobaties, escalade les murs du labyrinthe (comme quoi !) et parvient même à échapper au griffeur lors d’un terrible corps-à-corps où notre héros aperçoit sur l’une des pattes de la bête des seringues. C’est donc avec cela, qu’elles piquent ? A noter que tout du long de la poursuite, le griffeur a une queue de scorpion surpuissante mais ne s’en sert pas pour mettre sa branlée à Thomas en deux-deux. Ils sont sympas, ces griffeurs, quand même. Au final, et au détour d’un virage, Thomas retombe sur Minho qui guide Thomas, toujours poursuivi, jusqu’à un couloir en train de se refermer (souvenez-vous que le plan du labyrinthe change chaque nuit !). Minho pense ainsi semer la bête, mais Thomas a un autre plan : il appelle le griffeur, lui fait des doigts, montre ses fesses et se permet même une remarque désobligeante sur la sexualité de maman-griffeur. Outré, le griffeur s’exclame « GRGLÜGROÜSCHLÜBLÜB ! » (ou « Saperlipopette ! Tu vas voir, petit malappris ! » dans sa langue) et fonce sur Thomas. Trop tard ! Car les murs du couloir se referment sur la bête, qui est ainsi écrasée comme une vieille noix. C’est ballot.

Le lendemain matin, c’est donc le choc pour les habitants du bloc lorsqu’ils aperçoivent sortant du labyrinthe à l’ouverture des portes, Minho et Thomas transportant Alby avec eux ! Ils ont survécu à une nuit dans le labyrinthe ! Ce sont les premiers ! On demande donc à Minho :

« Alors, vous avez vu des griffeurs ?
– Merci encore une fois d’insister sur le fait qu’on en avait jamais vu donc qu’on ne pouvait guère savoir pour eux. Mais oui. Et mieux encore : Thomas en a tué un ! »

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Tout le monde est très impressionné, mais la priorité du moment, face à cet événement extraordinaire, consiste avant tout à attacher Alby dans un coin de l’infirmerie locale pendant que le venin du griffeur le rend fou à petit feu et que le conseil de la communauté se réunit pour discuter de ce qu’il vient de se passer. Les chefs des différentes factions sont donc réunis : Gally pour les bâtisseurs, Minho pour les coureurs, et Newt pour le tiers-état ou quelque chose du genre. Gally est donc clair sur sa position :

« Thomas a bravé nos interdits ! Il est rentré dans le labyrinthe sans autorisation ! Pire encore, il a tué un griffeur ! Il y aura sûrement des conséquences !« 

C’est vrai ça, quel salaud ! Il a sauvé votre chef et le chef des coureurs et tué un des trucs qui vous tuent déjà dès qu’ils le peuvent ! Tu veux qu’il se passe quoi ? Qu’à partir de maintenant, les griffeurs vous retuent au lieu de simplement vous tuer ?

Gally demande donc à ce que l’on sanctionne le héros du jour, mais Minho, Newt et tout le monde refusent parce que Thomas est bien trop cool pour cela. Mais effectivement, l’action de Thomas doit avoir eu des conséquences, car soudain, tout le bloc bruisse de folles exclamations : le monte-charge ! Le monte-charge remonte ! Alors que cela ne faisait que trois jours depuis l’arrivée de Thomas. Tout le monde court donc autour du monte-charge (dont, je le rappelle, personne n’a jamais pensé à essayer de le défoncer pour descendre par le tunnel d’où il vient – ou alors ils ne voulaient pas endommager leur approvisionnement de biactol et de gel pour cheveux qu’ils utilisent en quantité déraisonnable) pour s’apercevoir qu’il ne contient pas du ravitaillement mais…

… une FILLE ! Et 50 litres de lubrifiant.

Pour une communauté constituée uniquement de mâles, vous imaginez bien que cela provoque débats et redirections sanguines à foison. Chacun y va de son petit commentaire du genre « Ho ben ça alors, une fille ! » « Ça ressemble à ça ? » « Elle a des roploplos, regardez ! » ou encore « La mémoire me revient… une fille seule… plein de garçons perdus au milieu de nulle part… je crois que nous sommes dans un album des Schtroumpfs ! » mais nenni. Par ailleurs, si la nouvelle est trempée comme à peu près tout le monde en arrivant, elle a dans sa main un papier tout sec (quelqu’un l’a sûrement couvert d’un protège-carte Magic) sur lequel il est écrit.

« C’est la dernière. Cordialement, bisous.« 

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Seine Saint-Denis : The Early years

Et même retirée du monte-charge, celui-ci ne redescend pas comme il le devrait. Il n’y aura donc plus de ravitaillement ? En tout cas, la jeune fille jusqu’alors inconsciente, se réveille soudain et faisant fi de l’air rendu épais par la testostérone,  parvient à prononcer un mot : « Thomas !« 

Voilà qui n’est pas banal ! Encore, elle aurait dit « One Direction« , on aurait mit ça sur le compte de son sexe, mais là, tout de même ! Elle se souvient de quelque chose, et mieux encore, de l’un d’entre eux ! Mais pourquoi toujours Thomas s’étonne Gally (comprendre « Pourquoi personne ne s’intéresse à mon personnage sans aucun intérêt ? » la réponse est dans la… remarque, non : Thomas n’a aucun intérêt non plus, donc tu n’as pas tort, c’est injuste)? La jeune femme n’en dit pas plus puisqu’elle est retombée inconsciente. On l’emmène donc à l’infirmerie pendant que de son côté, Thomas va retrouver Minho pour lui proposer d’occuper un peu sa journée.

« Minho, nous devons retourner dans le labyrinthe !
– Ah oui ? Et pourquoi ? T’as paumé les clés de ta bagnole ?
– Non ! Mais il y a le cadavre du griffeur… nous devons l’étudier pour connaître notre ennemi.
– Très bien, mais nous devons y aller en nombre. Et les autres coureurs ne veulent plus aller dans le labyrinthe depuis ce qui est arrivé à Ben et Alb… pourquoi tu me regardes comme ça ?
– Les autres coureurs ?
– Ben oui. 
– Mais alors pourquoi vous avez envoyé Alby dans le labyrinthe au lieu de prendre un de ces gars-là ? 
– Je… *regard dans le lointain*.
– Ça f’sait longtemps, tiens. 
– Bon, je vais regrouper quelques camarades un peu cons et on y va. »

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Et quelques camarades un peu cons regroupés plus tard, la fine équipe retourne dans le labyrinthe en profitant du jour pour retrouver le cadavre de la bête, ce qui est bien vite fait. Or, sur celui-ci, ils aperçoivent un truc qui clignote.

« Regarde Thomas, ça clignote !
– C’est sûrement une pièce importante : les gens adorent mettre des loupiotes clignotantes sur les pièces qu’il ne faut surtout pas que l’ennemi découvre. Prenons-là. Gnnn… voilà ! On dirait… un tube métallique avec une led. Et un écran qui indique « 7 ». Probablement un sex-toy.
– Parfait, alors allons nous-en à présent ! Ne prenons surtout rien de plus sur ce précieux cadavre ! »

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Après avoir fouillé de manière superfétatoire l’inventaire de la bête, nos héros filent donc vers le bloc pour y retrouver tout le monde. L’occasion pour Gally de gueuler à nouveau, car cette expédition a encore violé les règles en envoyant des non-coureurs dans le labyrinthe. Oui, Gally est juste lourd, en fait. Il réclame donc une punition pour Thomas qui fout le dawa et finit par convaincre Newt, qui fait office de chef en l’absence d’Alby. Mais Newt est un rusé renard : il n’accepte qu’une punition symbolique pour satisfaire Gally : une nuit en prison sans manger pour Thomas. Soit. Et Newt demande à ce que Thomas devienne officiellement un coureur pour que Gally arrête de gueuler.

Mais un événement bien plus important intervient au même moment : la fille s’est réveillée ! Et visiblement, elle a aussi des talents de ninja, car en plus de se réveiller, elle a réussi à fuir l’infirmerie pourtant tenue par Ganjaman (un personnage qui n’a qu’une ligne de dialogue mais dans la VF, sa voix sent bon le gros pétard), à traverser tout le camp sans être arrêtée, à grimper jusqu’en haut de la tour qui se trouve au milieu du camp pour tout surveiller et mieux encore, à amener avec elle une réserve de cailloux où il faudra qu’elle explique où elle les a trouvés sachant qu’ici c’est une prairie kikinoute. Elle bombarde donc quiconque tente d’approcher, du moins, jusqu’à ce que Thomas débarque.

« Arrête avec les cailloux ! C’est moi, Thomas ! Apparemment, tu me connais ! Je peux monter ?
– Hmm… okay.
– Très bien, j’arrive. »

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Et pendant que derrière lui, ça gueule « Hooo, le chouchou ! », Thomas grimpe donc dans la tour pour rejoindre la damoiselle. La conversation s’engage donc.

« Alors comme ça, tu es une fille ?
– Gros sens de l’observation. Mais où suis-je ? Qui suis-je ?
– Tu es au cœur du labyrinthe. Personne ne sait pourquoi, aucun d’entre nous n’a de souvenirs. A part toi qui a l’air de te souvenir de moi.
– Oui. Je m’appelle Théresa, je m’en souviens, et toi Thomas, tu m’es apparue en rêve. Des gens étaient penchés sur moi… des scientifiques. Et une femme qui me répétait « Wicked est bon ! ».
– Ça alors, moi aussi ! Et tu étais aussi dans mes rêves. Et tu me disais « Wicked n’est pas bon. Tout va bientôt changer.« 
– C’est tout ? C’est un peu naze.
– Hé, ho, dis !
– Non parce que pendant que toi tu accumulais des infos pourries, moi, regarde ce que j’ai trouvé dans ma poche ! Deux seringues d’un liquide bleu. Marqué « WCKD », comme tout ici.
– Hmmm… intriguant ! »

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« Mais sinon j’ai une question : où est-ce que vous trouvez tout ce gel, les garçons ? »

Cela donne une idée à Thomas. Vite, à l’infirmerie ! Car sur place, Alby est toujours en train d’agoniser, couvert de veines noires. Thomas s’en approche donc : il pense avoir une solution pour le soigner ! Ces seringues (alors que si ça se trouve, c’était juste de l’insuline futuriste pour Thérésa qui ne se souvenait pas être diabétique, c’eut été rigolo) ! Ni une, ni deux, il va pour en planter une dans Alby, qui s’éveille soudain en gueulant « C’est toi, Thomas ! Tout est de te fauuuute ! Gros bâtard ! » jusqu’à se prendre la seringue, qui le calme instantanément. Visiblement, cela devrait le guérir. Mais en attendant, la nuit est tombée et Gally réclame que Thomas aille effectuer sa punition au trou. Soit ! Thomas est donc mis en prison pour la nuit. L’occasion pour Chuck de venir le voir et de lui apporter de la nourriture discrètement.

« Salut Thomas ! Je t’ai apporté à boire et à manger.
– Bien joué p’tit gros. Mais… qu’est-ce que tu as dans la main ?
– Cette figurine sculptée ? Je l’ai faite pour mes parents. Je ne me souviens pas d’eux, mais eux doivent se souvenir de moi, alors je pense à eux. Tiens, Thomas, je te la donne. 
– Mais pourquoi ?
– Parce que tu es le premier qui a une chance de tous nous sortir d’ici. Alors prends-là. Trouve mes parents. Donne-leur. »

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Chuck fais ensuite son regard dans le lointain, puis va pour s’en aller, mais Thomas le rappelle.

« Qu’est-ce que tu veux ?
– Tends ta main, Chuck.
– Okay ?
– Tiens. Je te rends ta figurine. Tu la donneras toi-même à tes parents, Chuck, je vais te sortir de là ! »

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« Noooooooooooooooooon ! » devrait s’exclamer Chuck. « Le coup du truc que tu diras/ramèneras/serreras dans tes bras de retour au pays, c’est une condamnation à mort dans tout film de merde ! Pitiééé ! » mais à la place, il est juste content. Quel con, ce Chuck. Enfin bon : la nuit se passe, et au petit matin, Minho vient trouver Thomas et le sort de sa prison. Il lui annonce qu’il est désormais officiellement un coureur, et que tous deux peuvent donc partir en paix dans le labyrinthe. Mais d’abord, il a quelque chose à lui montrer. Minho l’emmène dans une cabane habilement cachée au fond des bois du bloc, et à l’intérieur se trouve une immense table couverte d’un drap. Minho la soulève… et révèle une immense maquette du labyrinthe !

« Bon sang Minho !
– Hé oui. C’est le plan complet du…
– Non, je veux dire : pourquoi une maquette ? Vous ne pouviez pas juste faire un dessin ?
– Ah ? C’est que… on… bon. Ecoute, tu dois connaître la vérité. Depuis trois ans, on fait croire à tout le monde qu’on part explorer le labyrinthe chaque jour, mais ce n’est pas vrai. En fait, on l’a déjà entièrement exploré. Et il n’y a aucune sortie. 
– Comment ? Mais pourquoi ne dites-vous rien ?
– C’est Alby qui ne voulait pas. Il fallait entretenir l’espoir.
– Tu veux dire qu’Alby savait que ça ne servait à rien d’aller dans le labyrinthe vu qu’il n’y a plus rien à explorer mais y est allé quand même remplacer Ben pour… rien ?
– C’est vrai que c’est con.
– C’était déjà incohérent mais vous arrivez à en rajouter des couches après coup. C’est merveilleux. J’en pleure, tiens. Sinon, tu as de vraies infos utiles à part le fait que les coureurs se tripotent la kikoute dans les couloirs depuis trois ans ?
– Oui ! En fait, il y a sur les bords extérieurs du labyrinthe des « sections » numérotées. Elles vont de 1 à 8. Chaque nuit, une section s’ouvre et le labyrinthe se modifie en conséquence. Nous avons étudié le tout : cela suit une combinaison très précise. La section 8, puis la 4, puis la 5, puis la 7 puis… bref. Donc chaque jour, je sais comment le labyrinthe sera configuré. Et quelle section sera ouverte.
– C’est cool.
– Et la nuit où tu as tué le griffeur, la section 7 était ouverte. Or, sur le bidule qu’on a retrouvé sur son cadavre, le numéro 7 est indiqué ! Que dirais-tu que l’on aille explorer cette section aujourd’hui ?
– Allez, t’as raison ! »

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Mais sur ces entrefaites, ils sont dérangés par Newt qui arrive à la porte les informer qu’Alby vient de se réveiller. Et qui a la gentillesse de ne pas remarquer juste derrière eux la maquette géante du labyrinthe complète. Faisant fi de cette énième erreur de réalisation, nos héros filent donc à l’infirmerie où ils retrouvent Alby, assis dans son lit, tout triste. Et qui annonce juste :

« Je me souviens… je me souviens à présent. Thomas, tu es l’un des leurs. Tu as toujours été leur préféré. Tu travailles avec ceux qui nous ont envoyés ici… » mais n’en dit guère plus parce que sinon, il pourrait juste finir le film ici et maintenant. A la place, je vous laisse deviner ce qu’il fait ? Voilàààà. Il regarde dans le lointain sans rien dire. Minho et Thomas le laissent donc et sans creuser ce sujet tellement peu intéressant, partent donc galoper dans le labyrinthe en emmenant avec eux le bidule qu’ils avaient trouvé sur le griffeur. Nos héros traversent donc les tours et détours du labyrinthe jusqu’à arriver dans des zones plus spacieuses : les fameuses bordures extérieures. Et ils mettent même un pied du côté de la section 7 où en s’approchant d’un cul-de-sac… leur bidule fait bip et les murs se soulèvent pour les laisser passer ! Mais enfin, comment diable ? Qu’importe, nos héros avancent encore et encore, traversent une passerelle au-dessus d’une sorte de gouffre, et arrivent à un sas qui s’ouvre, là encore grâce au bidule… sauf que derrière, il y a un scanner ! Qui les inspecte et lancer une alarme en constatant qu’ils ont beaucoup moins de pattes que le griffeur supposé transporter ce bidule. Le labyrinthe commence donc à bouger, et Minho et Thomas courent comme des fous et font mille cascades que je vous passe pour enfin, regagner le bloc. Et à vrai dire, l’accueil est mitigé.

« Vous dites avoir trouvé une potentielle sortie ? » disent les uns. « Qu’est-ce que c’est que ce bordel monstre qu’on a entendu jusqu’ici ? » demandent les autres.

Et c’est plutôt le deuxième camp qui l’emporte, car alors que la nuit tombe… les portes du labyrinthe ne se referment pas ! Pire encore, d’autres portes s’ouvrent tout autour du bloc et restent grandes ouvertes ! Il n’en faut pas plus pour que rapidement apparaisse au bout d’un couloir… un griffeur ! Puis deux ! Puis moult qui arrivent en courant dans le bloc ! Tout est-il perdu ?

Le scénario l’est en tout cas. Voulez-vous que je vous parle du passage où des personnages se cachent dans un champ de maïs qui n’était pas là avant ? Voulez-vous que je vous précise que pour se cacher, les mecs gardent leurs énormes torches allumées à la main ? Du coup, c’est fou, mais plein de gens se font tuer par les bestioles qui les repèrent aisément. Gally et quelques-uns se cachent dans le monte-charge, ce qui les sauve, alors que Thomas et les autres s’abritent dans le bâtiment en brindilles servant de salle du conseil et là je dois dire : bravo les gars ! Parce que le truc est fait en branchettes incapables de supporter le poids d’un lapin, par contre, un griffeur avec des pattes hydrauliques qui doit faire plusieurs tonnes peut grimper sur le toit sans même que le truc n’ait l’air de bouger. Idem avec les portes en osier qui résistent aux charges des bestioles. Cependant, un griffeur qui avait fait des études d’architecture avant de trouver ce boulot de griffeur de labyrinthe en intérim utilise ses connaissances pour percer le toit d’un violent coup de queue de scorpion, puis s’en sert pour péter LE pilier de soutènement qu’il ne fallait surtout pas toucher ! Comment a-t-il su ? Et surtout, comment l’a-t-il vu depuis l’extérieur ? Je continue de voter pour des études d’architecture et une excellente connaissance des cabanes pourries. Le griffeur profite donc du trou béant dans la structure affaiblie pour attraper Alby et le buter. C’EST TROP BALLOT ! LUI QUI AVAIT TOUS SES SOUVENIRS ! Il ne pourra plus rien dire et ça sauve encore une fois l’intrigue, c’est fou, les coïncidences !

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J’allais oublier : la maquette du labyrinthe. Notez que les galopins ont même trouvé le temps de mettre de petits arbres au milieu.

J’ai mal. J’ai l’impression que mon âme meurt un peu plus avec chaque seconde de ce film.

J’ai bien fait de la vendre avant, du coup.

Dans l’affaire, nos héros parviennent quand même à meuler un peu un griffeur et à lui arracher sa seringue à venin. Sur les autres, ils jettent des harpons, des bougies-molotov (si, si), des cailloux et tout un tas de trucs, mais même si les griffeurs semblent s’en moquer, soudain, ils se replient tous. Comme ça. Sans raison. Non parce qu’ils étaient venus pour tuer tout le monde et puis en fait, changement de plan : il y avait une crêpe-party chez Gründün, le griffeur de la section 6.

Ainsi abandonnés à eux-mêmes, nos héros sortent des ruines, choqués et bien moins nombreux qu’auparavant, et découvrent un Gally un peu grognon qui vient mettre son poing dans la gueule de Thomas pour avoir déclenché ces sinistres événements. Thomas, un peu sonné, mais aussi un peu vexé d’être accusé de ce massacre, décide d’essayer de terminer le film. Non pas en se suicidant, mais pas loin. Car utilisant la seringue de venin volée sur un griffeur, il se la plante, puis râle « Maintenant, guérissez-moi avec la deuxième seringue ! » avant de s’effondrer.

Après tout, si la mémoire ‘Alby était revenue comme ça… pourquoi pas lui ?

Et en effet : il se réveille le lendemain matin, au fond de la prison du bloc, Thérésa à côté de lui. Et de l’autre côté de la porte de la prison, Chuck, Newt & co qui le regardent de leurs yeux ronds et lui demandent :

« Bah alors ? Tu serais pas con comme un balai, des fois ?
– Non. Mon super plan visant à m’inoculer un venin mortel pour retrouver la mémoire était parfait et a marché. Je me souviens de tout. Je vais donc faire avancer l’intrigue : en réalité, vous êtes tous des sujets de test. Depuis votre naissance, on vous a fait passer des épreuves, et celle-ci en est une. Vous étiez dans un centre et on vous a effacé la mémoire avant de vous envoyer ici. Je me souviens : chaque mois, l’un d’entre vous disparaissait du centre… et arrivait ici. Mais moi, les autres avaient raison : je bossais pour WCKD, qui visiblement, n’a pas de politique sur l’âge minimum pour les rejoindre. J’étais le chouchou de la patronne. Et toi Thérésa, tu bossais avec moi. On était de l’autre côté. Dans l’équipe qui vous a envoyés ici.
– Alors d’accord, c’est moyennement cool, mais pourquoi ils vous ont envoyés ici aussi ? »

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En voilà une question intéressante. Quelle est la réponse de…

« ON S’EN MOQUE ! » intervient Newt. « L’important, c’est qui vous êtes, pas qui vous étiez, et je suis sûr qu’avoir des informations sur la stratégie que déploie l’ennemi à notre égard n’a aucun intérêt alors s’il-te-plaît Thomas, ne nous dit rien ! »

Ce film. Ce film ! Les mecs sont en train de tellement s’enfoncer rien qu’avec leurs dialogues qu’ils auraient déjà pu fuir le labyrinthe 25 fois en creusant un souterrain rien qu’en parlant. Je me demande s’il y a eu des suicides sur le tournage.

Il n’empêche que pendant que Thomas était dans le coma à essayer de se rappeler son passé, Gally, lui, n’a pas chômé. Il a explique que Thomas ayant engendré une véritable boucherie avec ses conneries, il prenait le pouvoir pour rétablir la sécurité du bloc. D’ailleurs, histoire de calmer les ardeurs des griffeurs, il a même prévu de leur offrir Thomas et Thérésa en sacrifice humain ! Il compte donc les attacher à l’entrée du labyrinthe avec un petit mot comme « Voici pour calmer votre colère« , « Ayez pitié de nous. » ou « Arrête de griffer, griffeur ! » Sauf que voilà, Thomas et Thérésa ont des alliés, et au moment d’être attachés à leur poteau, Newt, Chuck, Minho et d’autres blocards décident de venir à leur aide ! Le bloc se divise donc en deux camps : Gally et ceux qui veulent la paix, parmi lesquels une sorte de croisement entre Kurt Cobain et Dawson, et en face Thomas et ceux qui veulent fuir le bloc et tenter leur chance dans le labyrinthe. Gally les laisse donc partir : qu’ils aillent se faire bouffer ailleurs !

Thomas et sa troupe partent donc en courant vers le labyrinthe vers la section 7 (du moins faut-il l’espérer), le bidule du griffeur avec eux pour se faire ouvrir les portes. Ils foncent donc comme il se doit, sauf qu’à l’entrée de la section 7, même si nous sommes en plein jour se trouve… un griffeur !

Hardi petit : on n’est pas là pour reculer ! La petite troupe charge donc avec des perches et armes improvisées pour tenter de pousser la bête hors du chemin le temps qu’ils passent. Comme vous pouvez l’imaginez, tout y passe : aaaah non, le griffeur a mangé Jean-Jacques ! Vite poussons-le ! Crotte de bique, j’ai fait tomber le bidule qui ouvre les portes ! Je le rattrape de justesse, ouf ! Ho non, d’autres griffeurs, etc. Heureusement, pendant que les poncifs s’enchaînent, les trous dans le scénario aussi (d’ailleurs, on est désormais plus surpris d’y rencontrer quelque chose que du rien à ce stade, encore un peu et ce film va générer de l’antimatière) et vous vous souvenez du scanner qui avait déclenché l’alarme la dernière fois ? Hé bien… il a disparu ! Remplacé sans raison aucune par un code à rentrer. Qui est la séquence d’ouverture des sections du labyrinthe, que Minho connait. La porte ouverte, nos héros peuvent donc s’y engouffrer, et elle se referme sur les vilains griffeurs, histoire de.

Sont-ils sortis du labyrinthe pour de bon ?

Thomas et ses petits camarades se retrouvent dans ce qui ressemble à un couloir d’entretien. Ils le remontent jusqu’à trouver une petite porte marquée « sortie » et poussant la poignée… découvrent un laboratoire rempli de scientifiques.

Morts, les scientifiques.

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Pendant ce temps, dans le bloc… « Je vais rayer leurs noms et ça s’ra bien fait pour eux ! »

Il y a des impacts de balles partout, du sang dans tous les sens, et des cadavres de scientifiques et d’agents de sécurité dont surtout, nos larrons ne ramassent pas les armes quand bien même ils sont des fugitifs en terrain hostile, faudrait voir à pas mettre toutes les chances de son côté. Enfin, ils arrivent jusqu’à un ordinateur entouré de cadavres de scientifiques, avec moult écrans montrant le labyrinthe. Alors donc, depuis le début, ils étaient observés d’ici ? Et c’est de là que l’on envoyait les candidats au labyrinthe ? Alors, sachant que cet endroit est au même niveau que le labyrinthe, pourra-t-on m’expliquer pourquoi les mecs arrivaient depuis un monte charge sortant des entrailles de la terre ? Serait-ce encore du caca pour rendre le peu qui tenait encore debout plus bancal encore ?

Un gros bouton rouge qui clignote interrompt ces réflexions : Thomas se dit que ce serait une bonne idée d’appuyer dessus (je croyais pourtant qu’il avait ses souvenirs, il n’a pas une petite idée de ce qu’il se passe ici ?). Et cela lance une vidéo.

« Bonsoir, je suis Nadine Pipotron, directrice de WCKD, « Wicked ». Et comme chacun sait, Wicked est bon ! Si vous voyez cette vidéo, c’est que quelque chose a merdé pour nous. Mais, comme vous ne devez avoir aucun souvenir, laissez-moi vous rafraîchir la mémoire, après vous l’avoir enlevée, c’est bien le moins, huhu. Hu. Bon, bref : vous n’en avez pas souvenir, mais le soleil, ce gros rascal, a carbonisé la planète…
– Tu as vu Thomas ? C’était une situation d’urgence mais elle a quand même trouvé le temps de faire un montage vidéo avec des images de villes et de gens qui brûlent.
– … mais ce n’était que le début ! Car le pire était à venir : Braise. Un virus qui attaque le cerveau et rend les gens agressifs et leurs veines toutes noires. Mais vous, vous jeunes candidats, vous chers élus, vous résistiez à Braise. Alors nous avons décidé de vous étudier, d’étudier vos ondes cérébrales pour voir pourquoi et trouver un remède. Mais… nos méthodes ne faisaient pas l’unanimité. Et ne la font toujours pas. Et aujourd’hui, nous en payons le prix. Wicked est bon ! »

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Et alors que derrière elle, des scientifiques se font massacrer par un commando cagoulé visiblement peu d’accord avec leurs méthodes, Nadine Pipotron sort un revolver et se tire une balle dans la tête pour ne pas tomber entre leurs mains. Thomas aperçoit dans une salle voisine l’endroit où Nadine a enregistré sa vidéo et où gît encore son corps.

« Mon dieu Thomas ! s’exclame Thérésa. Ce film était à chier mais c’est de pire en pire !
– Que veux-tu dire ?
– Attends ! Les mecs disent qu’ils trouvent des gens qui résistent à la pire maladie du monde, et plutôt que d’en disséquer un, de les étudier tranquille dans un labo ou tout ce que tu veux, ils dépensent des milliards pour construire un labyrinthe géant à la con qui n’a strictement aucun intérêt à part de faire une expérience de sociologie sur la vie en communauté, et accessoirement, de perdre des sujets en les tuant à coups de monstres bioménaniques !
– Je… ce… c’était un test, enfin, ça explique tout, non ?
– Attends je la refais : « Mon dieu ! Le SIDA tue des gens ! Regardez, des gens qui résistent ! Je propose qu’on les enferme dans un labyrinthe avec des singes enragés séropositifs qui leur malaxent la gueule pour voir ce qu’il se passe ! »
– Non mais je… sûrement… explication… remède…
– Oui c’est ça, arrête de faire des phrases, il vaut mieux. Tiens d’ailleurs, tu te souviens de ce qu’injectaient les griffeurs ? Un truc qui rendait tout agressif et filait des veines noires !
– Ben oui, Braise !
– Et tu as eu l’impression que les patients y résistaient, toi ?
– Ah non, tiens, c’est vrai, maintenant que tu en parles, ça a tué tout le monde. Mais bon, c’était pour rechercher le remède ils ont dit !
– Le remède qu’ils avaient déjà puisque je l’avais dans ma poche quand ils m’ont envoyée dans le labyrinthe ?
– Ho. Tiens, oui. »

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Vite, un rebondissement ! N’importe quoi ! Même un truc crédible, juste un qui tienne debout, du genre un scientifique pas mort qui tue toutes ces têtes à claques dans la panique !

« Personne ne bouge ! » s’exclame soudain une voix. Tout le monde se retourne et…

« Gally ?
– C’est moi !
– Mon dieu, regardez ses yeux ! Sa peau ! Il a été piqué ! Il a Braise, lui aussi ! Et en plus, il a pensé à ramasser un pistolet sur un garde, il est trop malin ! Quel dommage que l’on ne l’ait pas fait avant.
– J’vais vous buter !
– Tiens mais j’y pense, comment es-tu arrivé jusqu’ici ? Sachant que tu étais le chef des gens qui voulaient rester au bloc ? Que tu n’avais jamais parcouru le labyrinthe ? Que tu ne savais du coup ni où aller, ni dans quelle section ? Que tu n’avais même pas de bidule pour passer les portes ? Que tu devais d’abord affronter des griffeurs ?
– *regard dans le lointain*
– Putain, il est fort, il connait tous les trucs !
– N’empêche, j’vais vous buter ! »

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Et en effet : il semble chaud patate pour le faire. Sauf que Minho, lui, n’est pas de cet avis et armé d’un pieu qu’il utilisait dans le labyrinthe, lui envoie en plein cœur. Gally appuie sur la gâchette, puis s’effondre. Et devinez qui prend la seule balle tirée par Gally juste avant de sortir définitivement du labyrinthe ?

« CHUUUUUUUCK ! Non !
– Thomas… prends-moi dans tes bras… ce poncif… c’est… ah… mon préféré…
– Chuck, accroche-toi ! Je vais te ramener chez toi !
– Thomas… je sais que j’suis foutu… prends la petite figurine sculptée. Mes parents… tu leur… donneras… argh !
– CHUUUUUUUUUUUUUUUUUUCK ! »

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Et tout le monde se met à pleurer alors que la plupart des spectateurs ont sabré le champagne tant Chuck était insupportable. Et, oui, alors qu’il y a eu une boucherie au bloc, qu’ils ont perdu Ben et d’autres, qu’Alby, le plus ancien d’entre eux est mort et que dans le labyrinthe lors de la fuite finale, ils ont perdu plus d’un Jean-Jacques, nos héros n’avaient jamais pleuré. Mais là, la tête à claques arrivée depuis un mois au camp, c’est le gros traumatisme. Tout le monde pleure donc jusqu’à ce que la porte du laboratoire s’ouvre et que le commando armé qui avait liquidé les scientifiques ne revienne et ne les aide à sortir.

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Chuck. Plus à sa place dans Hook que dans le Labyrinthe, on ne voyait pas du tout venir sa mort. Vraiment. Duuu tout on vous dit. En même temps, rien que sa coupe de cheveux le méritait.

Dehors, nos héros découvrent un vaste désert et les ruines d’une grande cité. Ils sont amenés à des hélicoptères pour se barrer d’ici, et s’élevant dans les airs, ils découvrent le labyrinthe vu du dessus et se demandent bien comment ils pouvaient avoir une clairière verdoyante à ciel ouvert quand juste à côté, le soleil cramait visiblement tout. Sûrement une grosse climatisation. A bord, le chef du commando retire sa cagoule et sourit aux adolescents.

« Vous voilà libres ! Libres ! Wicked n’est pas bon : bientôt, tout va changer !
– J’aurais juste une question.
– Oui mon jeune ami évadé ? Comment t’appelles-tu ?
– Roudoudou.
– Hé bien Roudoudou, pose ta question.
– Voilà : sachant que vous êtes venus nous libérer et qu’on a bien vu en vidéo que vous aviez défoncé tous les scientifiques, pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous n’avez pas désactivé le labyrinthe et les griffeurs depuis la salle de commande ou, plus simplement, envoyé votre hélicoptère sauver tout le monde au bloc vu que c’est à ciel ouvert ? »

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Quelques secondes plus tard, la portière de l’hélicoptère s’ouvre et on en balance Roudoudou qui vient de saloper la dernière scène du film.

La dernière ? Pas tout à fait ! Car alors que nos héros se croient libres, Nadine Pipotron arrive dans une salle de réunion. Oui, elle va bien, et elle essuie juste des restes de maquillage sur sa tempe. Nadine se serait donc tirée dessus avec un pistolet à fausses balles dans la tête ? Comme c’est intéressant. Et con. Même si ça doit permettre de jouer à la roulette russe en toute sécurité. Elle se place donc devant son conseil d’administration et déclare :

« Tout s’est passé comme prévu. La phase 1 des tests est terminée et ils ont mordu à l’hameçon. Passons à la phase 2 ! 
– Excellent Mme Pipotron. J’ai beaucoup aimé votre plan consistant à faire semblant d’être morte juste à côté de gamins qui avaient des flingues à disposition. Un soupir malvenu ou un pet fourbe et ils vous démasquaient et tout le plan était fichu alors que ça ne servait à rien que vous fassiez tout ça. Il n’empêche, est-ce que la phase 2 du plan consiste là encore à laisser mourir les sujets en les faisant s’entretuer ou dévorer par des créatures génétiquement modifiées ? Non parce que si c’est ça, je resigne des deux mains, c’est génial.
– Votre nom ?
– Michel Roudoudou. Mon fils fait partie des sujets qui ont réussi à s’évader, je vous soutiens complètement Nadine ! »

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Et alors que le conseil d’administration passe à tabac M. Roudoudou et ses questions à la con, les spectateurs échangent des regards interloqués. « Phase 2 ? Il y aura un 2 ?« 

Et tout le monde sent un frisson parcourir son dos, tant le retour du néant a quelque chose de terrifiant.

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Attention : deuxième avertissement !

A partir d’ici, moult commentaires basés sur « Non mais tout se tient, parce que telle incohérence, en fait, c’était un test« , devraient apparaître. Un peu comme les films avec des rêves et « Non mais en fait, c’était un rêve, tout s’explique« . Merci donc de bien prendre conscience que les grosses ficelles ne peuvent pas servir de mastic à scénario. Et que même en remplaçant « Trou » par « Test« , les scènes sont toujours aussi ratées, voire parfois sont encore pires.

Vous voulez une dernière incohérence, celle-là bien réelle ? Voici une capture d’écran des notes attribuées par les professionnels au film.

Honte

Je vous laisse savourer. Moi, je cherche encore où on peut trouver 0,5 points.

Sur ce, j’ai besoin de brandy. De beaucoup de brandy.


Hunger Games : Révoltant – première partie

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Le nouveau volet de la série Hunger Games est sorti. Joie !

Mais pour mieux le spoiler, comme vous le savez, sur ce blog, le maître des lieux aime autant faire des résumés que parler de lui à la troisième personne. Aussi, remémorons-nous les fascinants événements des épisodes précédents.

Hunger Games I : Dans un futur proche, Katniss et sa sœur Primrose vivent dans le district 12, l’un des douze districts du pays magique de Panem, dirigé par le luxueux mais tyrannique Capitole et son président Snow. Et comme dans le futur on a paumé les boules des pétanques et que plus personne ne sait où il a rangé son jeu de rami, pour s’occuper on a inventé les Hunger Games. Le Capitole oblige chaque district à envoyer deux de ses enfants dans une arène géante pour s’entretuer jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un, qui repart avec un DVD de Highlander et une encyclopédie Larousse. Katniss se porte volontaire pour remplacer sa sœur Primrose, tirée au sort, et accompagnée d’un autre membre du district 12, Peeta l’homme-kebab, tous deux surmontent les épreuves, vivent une folle histoire d’amour et à la fin gagnent à deux parce qu’ils sont super populaires avec leur numéro d’amants maudits. Le président Snow est dég’ car en brisant ainsi les règles du jeu, Katniss nique le système, tout ça, et ça pourrait encourager une rébellion. Rah, crotte, qui aurait pu prévoir que buter des enfants à la télé pour se marrer pouvait potentiellement énerver les gens contre les organisateurs ?

Pour rappel, le spoiler est là.

Hunger Hames II – l’embrasement : Le président Snow se demande comment rendre Katniss moins populaire pour éviter qu’une révolte n’éclate. Plutôt que de dire « Si on arrêtait de lui faire de la pub ? » son conseiller Bob lui propose de faire des Super Hunger Games où on tue tous les anciens gagnants des précédentes éditions, comme ça, pour se marrer, parce que remettre l’idole Katniss sur tous les écrans en menaçant de la buter, vraiment, c’est trop une chouette idée pour que les gens l’oublient et ne la considèrent pas comme une martyr. Les nouveaux Hunger Games sont un massacre, mais Katniss survit de justesse malgré l’acharnement de Bob pour la tuer avec plein de pièges maléfiques. A la fin, Bob la sort de l’arène en lui annonçant qu’en fait, hihihi, il est du côté des gens qui veulent se rebeller, vite filons Katniss, je vais t’emmener dans notre base secrète de rebelles ! Avant que Katniss lui demande pourquoi il n’a pas fait ça dès le début du film au lieu d’essayer de la tuer durant 2 heures, le générique de fin est déjà en train de défiler.

Pour rappel, le spoiler est ici.

Et nous voici de retour pour Hunger Games III – La Révolte – Première partie (car c’est connu, il faut toujours diviser le dernier livre d’une saga pour le principe, personne n’y trouve rien à redire. Qui a dit Le Hobbit ? Oui, ça marche aussi pour une saga d’environ un livre). Alors, Katniss va-t-elle enfin réaliser que tous les personnages sont débiles ? A quelle sauce Peeta va-t-il être mangé ? Blanche ? Samouraï ? Et surtout : est-ce qu’il va enfin se passer quelque chose depuis la fin de Hunger Games I ?

Ni une, ni deux : spoilons, mes bons !

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L’affiche : Nom d’une pipe ! Les flammes prennent toute l’affiche ! C’est le bouse-signal !

Notre film s’ouvre très subtilement, sur notre bonne amie Katniss, un peu nerveuse, qui est partie bouder dans un conduit d’aération on ne sait où. Visiblement au courant qu’il y a des gens qui la regardent au cinéma, elle se décide à résumer l’intrigue des épisodes précédents à voix haute au prétexte merveilleux qu’elle a « fait un cauchemar » et « doit se raccrocher à des choses concrètes« . Si à chaque fois qu’elle fait un mauvais rêve, il faut qu’elle raconte sa vie avec tous les détails à voix haute, j’espère que la personne qui dort à côté d’elle lui interdit de regarder des DVD de Jeanne Moreau avant d’aller au lit.

« Je m’appelle Katniss Everdeen. Mon copain s’appelle Gale. J’ai gagné les Hunger Games avec mon pote Peeta, pour lequel j’ai des sentiments hihihihi. Ensuite je suis retournée aux Hunger Games à cause de Bob-qui-en-fait-voulait-me-sortir-des-Hunger-Games. Et puis ensuite, ils m’ont emmenée au district 13, où la rébellion se prépare contre le Capitole. Après, c’est un peu flou. Je sais qu’il y a eu des photos de mon cucu sur 4chan, puis que je suis partie bouder dans un conduit d’aération, mais je n’arrive pas très bien à faire le rapport entre les deux.« 

C’est à cet instant que des gens à la recherche de Katniss déboulent dans le conduit et lui disent qu’allez, il faut dormir maintenant. Oui, tu fais des cauchemars, mais c’est pas une raison pour squatter la ventilation, et d’une parce qu’il fait froid, et de deux parce que ça résonne et que du coup tu emmerdes tout le quartier avec tes résumés à voix haute, ah mais. Katniss est donc ramenée à sa chambre médicalisée où des somnifères l’aident à pioncer correctement. Le chloroforme est la solution à tout, comme je le dis souvent.

Profitons du sommeil de notre héroïne pour parler du district 13.

« Comment ?  13 ? Mais dans le résumé, vous n’avez parlé que de 12 districts, espèce de voleur de poules ! Remboursez mon clic sur ce blog !« . Du calme, foule en colère ! Soufflez vos torches, baissez vos fourches, et laissez-moi plutôt vous expliquer. Panem, le pays magique de notre héroïne a pour capitale le Capitole, la cité des bourgeois un peu cons (ils sont riches, donc cons : n’oubliez pas que ce livre doit faire rêver du prolétaire). Autour de celui-ci, 12 districts plus ou moins éloignés du Capitole ont chacun une spécialité : production électrique, production minière, production de magazines pornos… etc. Le district 12, c’était les mineurs. Mais il fut un temps où il y avait un treizième district, en charge des recherches, du nucléaires et de tout un tas de trucs rigolos. Mais celui-ci s’est révolté, et du coup, il s’est fait raser la face par le Capitole. Comment ont-ils survécu ? Attendons le réveil de Katniss pour savoir.

Car sitôt qu’elle a les yeux ouverts, Katniss quitte sa chambre en entendant des sanglots : dans la pièce voisine, un autre ancien champion des Hunger Games devenu idole rebelle, Finnick, pleure parce que sa copine est prisonnière du Capitole et que du coup, sa turgescence ne connait nul apaisement. Il évoque aussi Peeta, disparu à la fin de l’épisode II, et prisonnier du Capitole, mais bon, Peeta n’a pas la même utilité à ses yeux, et c’est heureux pour mes lecteurs de La Manif pour Tous. Mais alors qu’ils sont en train de pleurer leurs êtres chers, ils sont soudains dérangés par un soldat de haute stature.

« Katniss Everdeen ?
– Oui ?
– Je m’appelle Jean-Jacques et la présidente du district 13 m’a demandé de venir vous chercher, elle veut vous voir. Tenez, profitons-en pour nous promener dans le district, qui est en fait un immense bunker-ville-souterraine.
– Ça alors, je pensais que le district 13 avait été rasé. J’ai encore du mal à croire que je suis en plein dedans !
– Hé oui, mais nous sommes des soldats. Nous n’avons eu aucun mal à nous réfugier sous terre et à nous adapter à cet environnement.
– C’est super cool, wohlolo ! »

Rien ne vous choque ?

Refaisons la scène avec un personnage autrement plus charismatique mais au fessier tout aussi populaire dans les milieux autorisés.

« Odieux Connard ?
– C’est ce qui se dit. Que puis-je pour vous ?
– Éteignez votre cigare, finissez ce brandy et… dites-moi, est-ce le bras d’une infirmière qui dépasse de votre casier ?
– Maiiiis non. Bon alors, que me voulez-vous ?
– Je m’appelle Jean-Jacques et la présidente du district 13 m’a demandé de venir vous chercher, elle veut vous voir. Tenez, profitons-en pour nous promener dans le district, qui est en fait un immense bunker-ville-souterraine.
– Ça alors, je pensais que le district 13 avait été rasé.
– Hé oui, mais nous sommes des soldats. Nous n’avons eu aucun mal à nous réfugier sous terre et à nous adapter à cet environnement.
– D’accord. Mais dites-moi, ma chambre médicalisée…
– Oui ?
– D’où sort tout ce matériel tout neuf si votre district n’a plus aucun ravitaillement du Capitole depuis la période où il a officiellement été rasé, à savoir il y a des années ?
– Heu…
– Et puis vous êtes gentil mais des soldats, vous êtes aussi architectes et spécialistes du bâtiment pour avoir construit un bunker géant high-tech où vous abriter ?
– C’est-à-dire…
– Attendez, c’est un avion que je viens de voir là ? Les mecs, vous vivez sous terre ! Vos ressources, ce sont des cailloux et de la boue, et avec ça, vous avez fabriqué un avion à réaction ? Vous êtes le district Minecraft en fait, c’est ça ? Et puis rien que la bouffe, vous m’expliquez ? Vous sucez des quartz ? »

Mais reprenons plutôt avec Katniss qui ne se pose aucune question, ce qui est sa plus grande qualité. N’empêche, pour fabriquer des mitraillettes ou des avions à partir d’argile, les mecs doivent être la civilisation de potiers la plus évoluée de l’univers. Ça doit donner, la fête des mères dans ce district.

Dans tous les cas, Katniss est amenée dans une pièce du bunker où se trouve un véritable centre de commandement. L’y attendent Bob, le producteur & agent double idiot des précédents Hunger Games, Electro, un ancien candidat ingénieur de son état, et surtout, Présidente, qui est la présidente du district 13.

« Bonjour Katniss, je suis Présidente la présidente. Ça biche ? Si tu es ici, c’est parce que nous avons un projet pour toi. Nous préparons une rébellion et depuis les Hunger Games, tu es une véritable icone chez les districts opprimés. Alors Bob a eu une idée.
– Roh non, pas une idée de Bob ! 
– Si ma petite Katniss, et moi aussi je suis content de te revoir. Alors mon idée, c’est de faire des clips de propagande avec toi qu’Electro pourrait diffuser dans les districts en piratant les ondes du capitole. J’ai appelé ça « des propaclips. » »

C’est véridique.

Personnellement, un mec utilise le terme de « propaclip » dans n’importe quelle réunion de mon conseil de guerre, je me lève stoïquement, je quitte la pièce d’un pas digne et je me rends dans la salle de bain la plus proche pour me laver les oreilles à l’alcool à 90 avant d’aller longuement pleurer sous la douche. Un communiquant pareil, je pense que je le fais balancer dans la fosse aux lions, juste à côté de l’académicien qui a proposé « Intelliphone » pour les smartphones. Nom d’un petit bonhomme, il faut arrêter, maintenant, hein ! En tout cas, Katniss n’est pas convaincue (c’est fou).

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« Tu sais Katniss, la communication, c’est l’art d’être clair. Alors tu t’asseois dans notre open-space de coworking et tu brainstormes sur les propales. On diffusera le best find en micro-blogging pour teaser. »

« Mais je m’en fous de vos propaclips !
– Allons allons, il faut te cadrer… pardon, te calmer. Excuse moi, un lapsus… enfin une déformation professionnelle… hmmm, ça me donne une idée ! On pourrait dire « Prolapsus ! »
– Bob, votre gueule. Vraiment. Tenez, mettez cette chaise dans votre bouche.
– Calmez-vous Katniss ! Bob a malgré tout eu une idée intéressante avec ses clips. Que diriez-vous d’être notre « Geai Moqueur » ? Vous savez, du nom de votre badge porte-bonheur.
– Vous voulez parler du badge porte-bonheur que j’avais trouvé et offert à ma sœur et qui, à la seconde où elle l’a porté, a été désignée au hasard parmi des milliers de candidats pour aller mourir aux Hunger Games ? Le badge qu’elle m’a refilé ensuite – sympa ! – et que j’ai trimbalé avec moi pendant que tous les gens que j’approchais de près ou de loin crevaient comme des crottes ?
– Oui, je trouve que c’est une image très positive.
– Jeeee vois.
– Bon, mais sinon, ça vous dit, le rôle ?
-Nan ! Parce que je suis pas contente, parce que vous avez pas sauvé Peeta ! Et qu’il a disparu ! Alors du coup, je vous aide pas, na !« 

Et elle s’en va bouder, provoquant dans toute la base des cris comme « Qui c’est qui chouine dans les conduits encore ? Tu t’es crue dans Piège de Cristal ?«  ou « Rah, y a encore quelqu’un planqué dans la clim’ qui raconte le scénario ! ».

Sitôt Katniss partie, Bob, Electro et Présidente se retrouvent seuls dans la pièce. Présidente est contrariée.

« Okay, on laisse tomber, elle ne veut pas. Elle a raison, on aurait dû sauver Peeta, pas elle. Allez, c’est fini.« 

Quelle force de caractère, Présidente ! Tu rencontres une adolescente pour la première fois, tu as deux minutes de conversation à peine au bout desquelles elle refuse ton offre, et toi ça y est, allez hop, on plie les gaules ? Hé ben dis donc, il est bien mené le district 13 ! J’espère qu’il n’y aura pas trop d’obstacles difficiles à surmonter ! « Bon les mecs, on arrête la Révolte : on vient de me dire que c’était interdit, et vous me connaissez, je ne suis pas du genre à insister. Du coup, je propose qu’à la place, on fasse du macramé. » Vas-y Présidente ! Tu vas les avoir !

Bon et puis surtout : « On aurait dû sauver Peeta » ? Vraiment ? On parle bien du mec qui a un charisme quelque part entre l’endive et le bulot ? A la limite, si vous faisiez des propaclips (… chut) pour Minidoux, je ne dis pas, il aurait une petite chance d’être convaincant, mais pour faire la guerre à autre chose qu’à la peau rêche et aux bouloches, c’est un peu une merde, pour rester courtois.

En tout cas, dans la salle de commandement, Bob propose une solution : pour aider Katniss à se dire qu’elle doit les aider et jouer dans leurs propaclips, il suffirait peut-être de lui montrer ce que le Capitole a fait au district 12 pour punir Katniss de s’être enfuie des Hunger Games avec la complicité de Bob et d’avoir bafoué les règles, tout ça. Bonne idée ! Alors, des photos ? Une vidéo ? Non vous… vous voulez l’envoyer sur le terrain ?

« Oui, on va sortir un avion de notre base secrète qui ne doit surtout pas être repérée, amener Katniss jusqu’à un district fraîchement attaqué et probablement encore sous surveillance, et ainsi risquer de la perdre comme de grosses buses. Tout le monde est d’accord ? Alors en avant !« 

Et c’est ainsi que Katniss se retrouve dans un avion avec Gale pour aller voir ce qu’il reste du district 12. Histoire de bien appuyer le n’importe quoi général, elle est déposée en plein milieu du district sans la moindre arme ni protection, seule, avant que l’avion ne se casse. Oui parce que le pilote a dit « Nos radars ne détectent rien, vous pouvez y aller en paix !« . Non mais mec, t’es gentil mais si tes radars sont assez précis pour détecter s’il n’y a personne en l’air ou au sol, tu ne te dis pas que, tieeeeens, peut-être que le Capitole a aussi des radars qui font pareil et qu’ils vont donc te cartonner toi ET Katniss ?

Non. Et c’est heureux, car visiblement, le Capitole n’a pas cette technologie. Et ne surveille pas du tout le district 12 des fois que des rebelles viennent l’inspecter. Sympa, vraiment.

En tout cas, le district a été bombardé, et bien bombardé : il n’en reste que des ruines et des cadavres. Le tout qui fume encore, sinon le spectateur ne comprendrait pas. Merci les mecs. Katniss est donc toute bouleversée et comme Gale est sans aucune raison resté dans l’avion plutôt que d’accompagner sa copine sur le district où ils ont grandi, déjà parce que ça pourrait être sympa, et ensuite parce que la soutenir devant ce genre de spectacle pourrait avoir du sens, la bougresse est toute traumatisée.

J’en profite pour signaler cette scène merveilleuse où dans les ruines, Katniss récupère son chat (qui n’a pas reçu de napalm sur la gueule, merci) qu’elle fourre dans sa besace sans que l’animal ne se barre en la défigurant pour lui apprendre. Car juste après, elle récupère des cadres photos qu’elle fourre là aussi dans sa besace, comprendre, si j’ai bien suivi, sur la gueule du chat. J’en connais une qui ne devra pas s’étonner quand elle sera réveillée à 5h du matin par des miaulements de rascal, qu’elle marchera dans du vomi en se levant ou qu’elle retrouvera un étron fumant sur son oreille (et encore : c’est uniquement parce que l’anus d’un chat ne lui permet pas de démouler une tête de cheval, parce que sinon, ce serait direct dans tes draps).

Enfin très bien, Katniss a compris. Le district 12, les bombes, l’anus de son chat : tout cela est très clair : elle doit se dresser contre le Capitole.

Et au Capitole justement, on se dit aussi qu’il faut utiliser la propagande pour combattre l’insurrection. C’est ainsi que l’on a le droit à une scène sans intérêt où le Président Snow qui prépare un discours dit « Il ne faut surtout pas appeler les rebelles des rebelles. Ce serait reconnaître leur insurrection. Que dit ma conseillère en com’ ? Dire « Radicaux ? » Okay, je prends, en plus j’ai jamais aimé le PRG. »

Du coup, à la cantoche souterraine du district 13 ravitaillée par le trou dans le scénario à ce sujet gros comme un passe-plat, toutes les télés branchées sur le Capitole permettent de suivre le discours du Président Snow, que nous pourrions résumer ainsi : « Chers citoyens de Panem. Certains d’entre vous ont décidé de faire grève voire de grogner un peu, et des radicaux ont même commis de terribles actes de violence contre le Capitole. Mais le Capitole est le cœur de Panem ! Sans lui, qui irriguera vos districts avec paix et sécurité ? Qui enverra la vie là où il y en besoin ? Qui s’encrassera quand vous mangerez trop de burgers ? Alors sans déc’ arrêtez les conneries, merci, bisous, tout ça.« . Mais comme visiblement, au Capitole, on est complètement con, peu après cette intervention, on a le droit à une nouvelle émission spéciale, où cette fois-ci, César, ex-présentateur des Hunger Games au service du président Snow, a un invité très spécial.

« Regardez !‘ s’exclame un membre du district 13 en pointant la télé. « Je n’ai jamais vu une endive aussi grosse !« 

Et en effet : l’invité spécial, c’est Peeta, qui est vivant. Et a bien été récupéré par le Capitole lors de la confusion qui a régné à la fin des précédents Hunger Games. Katniss est donc heureuse de voir son ami vivant, mais aussi horrifiée de le savoir prisonnier. Écoutons plutôt l’interview de Peeta le kébab par César la salade (Hunger Games, en fait, je suis sûr que c’est complètement ironique) :

« Alors Peeta, tu as entendu parler des REBELLES ? Parce qu’il paraît que les derniers Hunger Games ont mal fini et que Katniss s’en est échappée car alliée aux REBELLES ?
– Non, ce sont des bêtises ! Ni Katniss ni moi ne savions que des REBELLES étaient infiltrés ! Nous ne connaissions par leur plan !
– Et qu’est-ce qui prouverait ta bonne foi ?
– Franchement ? Vous avez vu les derniers Hunger Games ? On a failli mourir 24 fois, seule la chance nous a sauvés, alors ça prouve bien que les REBELLES derrière tout ça n’étaient pas vraiment avec nous ! »

Bien joué Peeta. C’est un excellent argument. Et tu sais pourquoi ? Parce que ça souligne à quel point le plan des rebelles du dernier film était non seulement complètement con mais en plus contre-productif. Même les personnages insistent sur les incohérences, c’est vraiment tellement bien la saga Hunger Games. Un peu comme le mot « Rebelle » où il y a eu une scène exprès pour dire qu’il ne fallait surtout pas l’utiliser. Et ben du coup, tout au long du film, les agents de la propagande du Capitole l’utiliseront… à chaque fois.

Je n’arrive même pas à m’expliquer comment ça a pu arriver quand un simple Ctrl + F dans le scénario permettait de chasser cette incohérence pourtant évidente. C’est… c’est tellement… beau ? En plus sur des scènes qui se suivent. Vraiment, à ce stade, les mecs doivent faire des efforts pour se planter sur des trucs aussi simples, c’est impossible autrement.

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Pour rappel, César. Car dans le futur, les blogueuses modes ont pris le pouvoir, et ça se voit.

Mais, revenons à notre n’importe quoi. Car l’interviewe se termine bientôt sur des propos intéressants.

« Peeta, as-tu un message pour les REBELLES ?
– Oui. Mes amis, a-t-on vraiment besoin d’une guerre civile ? La guerre civile, c’est mal, ça tue des gens ! Il faut vous rendre, nom d’une pipe ! Déposez les armes ! »

A la cantoche du district 13, c’est le chaos. Les gens se lèvent, crient à la traîtrise, accusent Peeta d’être au service du Capitole voire font des doigts à l’écran ou montrent leur cul, parfois même les deux en même temps, quelle souplesse.

Katniss, du coup, cauchemarde encore plus maintenant qu’elle sait que Peeta est vivant mais prisonnier du Capitole, qu’il sert. Elle fait des rêves où Peeta est avec elle et où elle l’invite dans son lit, comme dans la célèbre chanson de Panem « J’ai encore rêvé de lui et mes draps sont pourris« . Heureusement, lorsqu’elle se réveille en sueur, sa petite sœur qui dormait à côté est là pour la rassurer.

« Ça va Katniss ? Tu étais agitée dans ton sommeil. Tu as d’abord appelé Peeta, puis tu as remercié « Jacquie et Michel », c’était un mauvais rêve ?
– Oui, heu, un mauvais rêve, hem, c’est ça. Très mauvais. Pfou, fait chaud cette nuit, pas vrai ?
– Pas spécialement, non. Enfin, Katniss, je voulais te dire : tu ne dois pas oublier une chose. Tu es le Geai Moqueur. La Présidente a besoin de toi. Tu peux lui demander ce que tu veux.
– Même d’aller libérer Peeta ?
– Moi je pensais plus à un poney, mais pourquoi pas. »

Et c’est ainsi que dès le lendemain, Katniss se retrouve face à Bob et à la Présidente dans la salle de commandement pour leur présenter sa requête.

 « Madame la Présidente, j’ai décidé d’accepter d’être le Geai Moqueur symbole de votre rébellion. Mais à plusieurs conditions !
– On vous écoute.
– D’abord, vous devrez me promettre d’aller libérer Peeta et les autres participants des derniers Hunger Games prisonniers du Capitole.
– Hmmm…
– Ensuite, vous devez leur garantir l’immunité ! Aucun procès contre Peeta suite à ce qu’il a dit à la télé.
– Alors ça, jamais ! Il aura le droit à un procès équitable !
– NAN JE VEUX PAS !
– Bon, d’accord Katniss, très bien. D’autres demandes ?
– Uiiii, je veux que ma sœur puisse garder son petit chat même si les animaux sont interdits sur la base ! »

La Présidente accepte, c’est donc parti : Katniss va pouvoir tourner dans les films de propagande du district 13 pour rallier les autres districts à la cause. Mais pour ça il faut trouver quelqu’un capable de lui faire enfiler des habits et de la maquiller ? Mon dieu, mais oùùùùùùù va-t-on trouver quelqu’un d’aussi qualifié sachant que le maquillage va probablement être « Zone de guerre » et que la base est bourrée de militaires ? Hé bien nos héros vont trouver… Effie Trinket ! Ce nom ne vous dit probablement rien, et c’est normal puisque le personnage était proche du néant absolu, mais c’était en fait la responsable du Capitole en charge du duo Katniss-Peeta pour les Hungers Games. Chose amusante, on se demande déjà comment elle a atterri dans le district 13, qui aurait eu un quelconque intérêt à la capturer vu qu’aux dernières nouvelles, c’était juste une pintade superficielle, et enfin, pourquoi est-ce qu’elle revient dans le film ?

Hé bien parce que Bob pense que c’est la seule personne capable de faire enfiler des habits à Katniss.

Pourquoi, Katniss a 8 bras et ça rend tout très technique ? Elle se débat quand on essaie de l’habiller car est une intégriste du nudisme ? Quel est le problème ?

Mais en plus, Katniss ne la hait pas ? Ce n’était pas la nana qui les accompagnait partout en leur rappelant que servir le Capitole et mourir aux Hunger Games, c’était génial ?

Non. C’est devenu la Best Friend Forever de Katniss par la magie du scénario et… hé bien… c’est tout ? Attendez, elle a un vrai intérêt dans le film ? Non ? Non. Bon, ben voilà, elle sort de nulle part, devient la maquilleuse de Katniss de manière mystérieuse et nous n’en parlerons plus. Je seeens qu’il y a un film qui essaie de meubler.

Profitons-en pour aller voir un autre personnage secondaire : Electro. Depuis qu’il est arrivé au district 13, soit il y a quelques jours tout au mieux vu qu’il est arrivé en même temps que Katniss aux dernières nouvelles, il a déjà réussi à reprogrammer l’antenne de diffusion du district pour qu’elle puisse envoyer les propaclips (vous en boufferez jusqu’au bout, rascals !) dans tous les autres districts, et travaille à essayer de pirater le système de sécurité du Capitole, qu’il a programmé lui-même. On va donc en déduire qu’il est ingénieur en… en trucs de communications ? Systèmes de sécurité ? Allez, en sécommunications, je suis sympa. Mais il a quelque chose à montrer à Katniss !

« Katniss, regarde : j’ai fabriqué un arc pour toi et une arbalète pour Gale ! »

Le scientifique de film américain : il est « scientifique », donc il maîtrise toutes les sciences et les techniques liées. Il peut aussi bien faire une opération à cœur ouvert que monter intégralement une fusée à partir de polystyrène et de pâte à sel ou  fabriquer un arc et une arbalète. Bref, il n’a strictement aucun sens.

« Et je t’ai fabriqué des flèches incendiaires et explosives !
– Electro, comment avez-vous pu sachant que vous n’êtes là que depuis moins d’une semaine ?
– La poterie, Katniss, la poterie ! »

Vous pensez que c’est complètement con ? Attendez la suite.

« Au fait Katniss, tu diras à Finnick de passer me voir : je lui ai aussi fabriqué une arme. Un trident pour être exact, je me suis dit que ça lui ferait plaisir !« 

UN TRIDENT ?

Non mais les mecs d’en face ils ont des mitraillettes et des mitrailleuses, sur toute la base on voit des gars se promener avec des fusils d’assaut (Gale, selon les plans, porte d’ailleurs son arbalète ou un fusil d’assaut: il a dû se dire que ça commençait à bien faire les armes pourraves), et toi tu proposes de filer à un mec un TRIDENT ? Non mais tu crois qu’ils vont affronter quoi, des mérous ? Non parce qu’à part pour faire du cosplay de La Petite Sirène, je ne vois pas bien l’utilité. Enfin, dois-je encore m’étonner ?

Allez, allons plutôt voir comment se passe le tournage des propaclips, tiens.

Car désormais bien décidée à devenir le Geai Moqueur symbole de la révolte, Katniss se rend au super studio de cinéma high-tech du district 13 (d’où sort-il ? Mystère !) où on lui propose de réciter un discours héroïque pendant qu’on rajoutera en arrière plan des images de synthèse d’une foule en train de l’acclamer. Sauf que voilà : Katniss joue à peu près aussi naturellement que Francis Huster. C’est donc catastrophique. Et c’est sur ces entrefaites qu’arrive l’ancien coach de Katniss aux Hunger Games : Haymitch, ou Mitch, voire Michou pour faire court, qui revient de cure de désintoxication (oui, ils ont AUSSI un centre de désintoxication dans le district 13, bravo). Celui-ci est aussitôt invité en salle de commandement pour discuter des résultats navrants du tournage.

« Madame la Présidente, j’ai la solution.
– Donner des cours de théâtre à Katniss ?
– Nan, trop compliqué.
– Mettre d’autres acteurs autour d’elle pour la mettre à l’aise ?
– Trop dur.
– Utiliser la super technologie vue dans les deux films précédents permettant de créer des hologrammes pour la mettre en situation et donc lui rendre son naturel ?
– Nan, j’ai une bien meilleure idée.
– On vous écoute.
– On va la balancer en plein milieu d’une zone de guerre ! Comme ça, LA elle sera naturelle !
– C’est complètement con, un risque inutile et une excellente opportunité de la perdre ce qui ferait la propagande du Capitole pour des mois voire des années… ON FONCE ! »

Nom d’une pipe.

Enfin en même temps, ils l’avaient déjà abandonnée à poil ou presque au milieu du district 12 super dangereux en ruines au début du film, alors pourquoi pas aller encore plus loin dans le n’importe quoi ?

Et c’est ainsi que Katniss se retrouve une fois encore dans un aéronef, cette fois-ci accompagnée de Gale et de toute une équipe de tournage, pour rejoindre le district 8 où la révolte est déjà en cours. Comme les opérateurs radars du Capitole sont visiblement occupés à jouer aux fléchettes, nos héros peuvent donc arriver sur zone sans encombre et ainsi retrouver dans les ruines du district les insurgés locaux. Qui ont plein d’armes, y compris de gros calibre, alors que leur district n’en produisait pas.

Ils les ont probablement trouvées sous un champignon.

En tout cas, les révoltés proposent d’emmener Katniss à leur hôpital local, où ils entassent tous leurs blessés.

« Vous ne devriez pas réunir tout le monde au même endroit, déclare Gale.
– Ah oui ? Si vous avez une meilleure idée, je suis preneuse, répond la chef locale. »

Et Gale se tait tant cette répartie est cinglante.

Personnellement, j’aurais répondu « Ben les mettre dans plusieurs endroits, par exemple ?« . Mais je dois être naïf.

En tout cas, en voyant Katniss débarquer dans l’hôpital, aussitôt, tout le monde la salue et se met à siffloter en faisant le signe de ralliement de la rébellion, à savoir une sorte d’imitation d’un geai moqueur. C’est trop cool, mais t’as intérêt à savoir siffler si tu veux prouver que t’es un rebelle. Sauf que voilà, pendant ce temps, le Capitole a repéré Katniss via une vieille caméra de surveillance qui traînait et que les rebelles n’avaient pas pensé à désactiver. C’est dommage quand on veut se cacher, enfin, sûrement un détail. Du coup, le Président Snow, qui est très méchant, décide d’envoyer ses bombardiers frapper l’hôpital de fortune histoire de potentiellement tuer Katniss et dans tous les cas, punir les locaux de s’être acoquinés avec elle. C’est donc un peu la panique lorsque les radars du district 13 détectent les bombardiers en approche !

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« Que ceux qui ont des doutes sur la qualité du scénario lèvent la main ! »

Aussitôt, tous les rebelles filent à leurs postes de combat car dans le futur, les bombardiers sont sympas : ils volent à 50 mètres du sol plutôt que de balancer des pruneaux de très très haut (on appelle ça « la tactique Avatar« ). C’est ainsi qu’ils tuent plein de gens avec une précision incroyable, sauf lorsqu’ils tirent sur Katniss auquel cas toutes leurs armes la loupent. Idem : ils volent à environ 500 kilomètres heures, mais dès qu’ils survolent Katniss, ils passent la première et vont plutôt à la vitesse d’un vélib’ à 2 heures du matin. Ce qui permet – ça alors, ça tombe bien quand même ! – à notre héroïne de caser une fléchounette explosive dans un bombardier, qui va évidemment s’écraser contre un autre, puis vont exploser au sol.

Victoire ! Mais l’hôpital de campagne a été rasé quand même dans l’affaire.

Oups. Désolé les gars, hein !

L’occasion d’énerver Katniss, et donc pour son équipe de tournage d’enregistrer une grande séquence où notre héroïne se lance dans un grand discours colérique devant les ruines de l’hôpital.

« Regardez ! Regardez ce tas de béton avec des flammes derrière moi qui pourrait être tout et n’importe quoi ! Hé bien c’était un hôpital plein de gens gentils que le Capitole a tué. Le Capitole veut nous faire brûler ? Il brûlera avec nous !« 

C’est dans la boîte : il n’y a plus qu’à diffuser le tout aux autres districts, ce qui est promptement fait grâce à Electro.

Aussitôt, la révolte éclate, par exemple dans le district des joyeux bûcherons. Comment donc ? Voyons plutôt.

Les bûcherons partent dans les bois au son des hauts-parleur qui les informent qu’il faut oublier les 35h : ils vont devoir bosser 2h de plus par jour pour compenser les pertes dues aux grèves & co. Et pour s’assurer qu’ils ne vont pas faire n’importe quoi, ils sont mis en groupes et suivis par des commandos de Pacificateurs, les forces de coercition du Capitole, ici armées de mitraillettes. Mais alors que la troupe s’enfonce dans les bois, l’un des bûcherons sifflote soudain la mélodie de ralliement des rebelles. Et tous les bûcherons s’élancent en courant ! Environ 70 à 80% d’entre eux se font aussitôt déchiqueter par les mitraillettes, et le restant… grimpe aux arbres ? Oui je… pourquoi pas ? Les Pacificateurs, tout aussi perdus que le spectateur, restent donc au sol à se demander ce que c’est que ce bazar quand l’un des bûcherons appuie sur un détonateur et tout le sol sur 500 mètres carrés explose, tuant tous les Pacificateurs ! Wouhouuuu !

Wouhou ?

Excusez-moi les bûcherons, j’ai plusieurs questions : est-ce que vous avez remarqué qu’en déclenchant votre insurrection au moment où vous étiez suivis par des mecs armés, vous avez été quasi-anéantis ? Pourquoi n’avez-vous pas attendus d’être dispersés au boulot pour grimper aux arbres, pendant que les Pacificateurs ne pourraient pas tous vous surveiller ? Ou pourquoi n’avez vous pas piégé une zone précise pour la faire sauter une fois que vous l’auriez dépassée et ainsi tuer tous les Pacificateurs derrière vous sans subir aucune perte ? Questions complémentaires : A) d’où sortiez-vous ces milliers de kilos d’explosifs B) quand avez-vous trouvé le temps de retourner tout un bout de forêt pour les planter sans que personne ne le remarque C) je sais pas vous, mais moi, j’aurais pensé qu’en faisant sauter tout le sol, non seulement vous tuiez vos propres blessés mais en plus vos arbres auraient dû s’effondrer et vous avec.

Le regard consterné de ma voisine de cinéma a croisé le mien à cet instant précis. Le désarroi, ça rapproche.

Du coup, pour le district 13, les choses vont bien : pendant que personne ne pense à faire remarquer que maintenant que le Capitole bombarde les districts, ça va être vachement plus dur de se ravitailler (par exemple, plus de district 12, plus de minerai : c’est difficile pour des gens qui aiment la technologie), ou qu’aucun responsable ne se dit que ce serait bien d’unir les districts plutôt que de les laisser se révolter sans aucun plan chacun dans leur coin, on continue l’opération propaclips. Et en face, le Capitole fait de même en balançant plein d’interviews de Peeta qui explique qu’il faut poser les armes, que le Capitole est gentil et que la paix c’est bien, ce qui ressemble un peu au discours d’une Miss France, mais en plus joufflu. Jusqu’au jour où Katniss, au bord d’une rivière, se retrouve entourée de geais moqueurs. L’équipe de tournage avec elle trouve ça cool, et l’un d’entre eux, probablement défoncé par des années de télé-crochet, demande à Katniss si elle ne voudrait pas… chanter.

Mais, mon petit Monsieur ! Quel est le rapport avec la choucroute ?

Et coup de bol, Katniss n’entonne pas « La bite à Dudule » mais une chanson qui ressemble à peu près à ceci :

« Tu m’avais donné rendez-vous à l’arbre
Pour faire des trucs gentils.
L’arbre où il se passe des trucs chelous.
Des trucs pas gentils. »

Quelque part entre Renan Luce et Sébastien Patoche, sa chanson bouleverse tout le monde autour d’elle, et elle est donc aussitôt désignée pour servir de BO au prochain propaclip. Electro lance donc la diffusion, où la chanson pourrie est rajoutée par dessus des images de Katniss visitant le district 12 en ruines (elle y est retournée une deuxième fois pour occuper du temps de film, et pour que Gale raconte comment le bombardement a eu lieu et a tué 9 000 personnes sur 10 000 habitants ; c’est vrai Gale, mais d’ailleurs, pourquoi tu as expliqué tout ça cette fois là au lieu de la première fois, quand tu as laissé Katniss errer seule au milieu des ruines et des cadavres sans aucune explication ni soutien ? Tu n’avais pas envie ? Tu boudais ? Tu veux un conduit d’aération, toi aussi ?).

L’effet est immédiat.

Dans le district 5 où se trouve le barrage qui alimente en énergie le Capitole, la population se met à entonner la chanson et avance en masse vers le barrage, mais sans armes, parce que…. parce qu’eux n’ont pas de coins à champignon où on on peut en trouver. Puis, ils se jettent sur les mitraillettes des Pacificateurs qui défendent le point stratégique, jusqu’à ce que les civils les enfoncent par la force du nombre. Cela fait, ils déposent des explosifs dans le barrage, et plutôt que de les faire péter une fois en sécurité, ils se contentent de les faire sauter là, tout de suite. Enfin, pas tout à fait : ils les règlent sur « Pète dans 5 secondes« , ce qui est très con sachant que lorsque le barrage va céder, l’eau risque de courir plus vite que vous, les mecs.

Et c’est exactement ce qu’il se passe.

Mais… mais enfin, pourquoi ? POURQUOI ?

Bon, les districts, il faut arrêter avec les explosifs, vraiment. A part vous tuer, vous ne faites pas grand chose. Mais bon, là pour le coup, le résultat est là : le Capitole a soudain un sacré black-out sans son barrage hydro-électrique préféré. Et l’énergie est désormais rationnée. Ils utilisent quand même celle-ci pour diffuser une nouvelle interview de Peeta par César.

« Alors Peeta, comment vas-tu aujourd’hui ?
– Nickel César, c’est la grosse frite. 
– Peeta, pourrais-tu nous parler du black-out, car chacun sait qu’un candidat de télé-réalité qui n’a rien vu est forcément la personne la plus crédible pour en parler ?
– Tout à fait César, hé bien en fait, c’est un train de marchandises en feu qui a provoqué ce black-out en… »

Non, vraiment, j’insiste : vous n’avez que Peeta pour raconter ça ? Je veux bien que le scénario dise que les gens l’aiment bien même s’il est moins charismatique que Martine Aubry, mais tout de même, pourquoi ne pas faire intervenir un vrai reporter ? Ou un vrai expert, pour faire crédible ? Quitte à le mettre devant de fausses images d’un convoi en feu puisque la manipulation des images est visiblement très facile dans le futur. Non ? Vous avez raison : Peeta qui explique des trucs dont il ne peut pas avoir connaissance depuis un fauteuil, c’est tellement plus crédible. Un peu comme si nous demandions à Steevy de commenter la situation des Kurdes en direct. Brillant.

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Est-ce que vous avez envie de croire quelqu’un qui ressemble à ça pour vous parler de train en feu ? Est-ce que vous n’avez pas juste envie de lui demander où il arrive à se procurer autant de gel ?

Je rappelle que ces films sont qualifiés « d’intelligents » presque coup sur coup par la presse et les critiques professionnels. Comment ? Je suis de mauvaise foi et j’exagère ? Une seconde.

Ce troisième volet de transition explore un peu plus la question de l’engagement, tout en livrant un divertissement intelligent et solide. – 4/5

Les Fiches du Cinéma

Avant-dernier épisode de la saga, « La Révolte » propose une peinture intéressante de la guerre médiatique et de la propagande. – 3/5

Le Monde

Et il y en a d’autres, comme me l’a prouvé un lecteur belge après avoir longuement pleuré en ouvrant son journal bruxellois.

Bien, mais puisque nous en sommes à parler d’intelligence, c’est justement au beau milieu du discours de Peeta qu’Electro se dit que tiens, allez, c’est le moment de brouiller les ondes du Capitole pour cette fois diffuser grâce à une nouvelle technique son propaclip jusqu’au Capitole lui-même et plus juste dans les districts ! L’image de Peeta se brouille donc alors que Katniss et son clip moisi tentent de lui voler la vedette.

« Comme je vous le disais César, ce black-out est dû à un train, car comme chacun sait, dès que la SNCF s’en mêle il… bzzz… bzzz….
– … bzzz… bzzz… Tu m’avais donné rendez-vous à l’arbre. Pour faire des trucs gentils…
– … bzzz… que… Katniss ? Katniss, tu es là ? Je vois des images de toi ! … bzzz… comme sur Reddit mais en moins bien !
– bzzz… L’arbre où il se passe des trucs chelous. Des trucs pas gentils…. bzzz
– Katniss, tu m’entends ?
– bzzz… je suis un putain de clip, espèce de blaireau… bzzz…
– Katniss ! Vite, Katniss ! Le Capitole s’apprête à bombarder le district 13 ! Planquez vos miches ! »

C’est donc un peu la grosse surprise au district 13. Bien vite, le radar confirme des bombardiers en approche, et tout le monde est envoyé se mettre dans les niveaux les plus bas du bunker pour se protéger. Après une brève séquence fascinante à base de « Mon dieu ! Primrose est partie chercher son con de chat et les portes anti-explosions vont bientôt se fermer, viiiiiite !« , Primrose est sauvée, le con de chat aussi et tout le monde peut aller se planquer dans les souterrains. Ca bombarde sec, mais le district 13 ne riposte pas au prétexte que « Ils se basent sur de vieux plans du district, ils ne savent pas où nous sommes exactement, ne montrons pas nos défenses. »

Ah oui, ils ont de vieux plans du district, d’accord.

Tu veux dire qu’entre temps, vous avez bougé votre bunker géant de 2 kilomètres en le poussant avec vos petits bras ? Pour mon prochain déménagement, je vous appelle, hein.

En tout cas, l’alerte passée, la Présidente tient à parler à Katniss.

« Katniss, je pensais que Peeta était un traître, comme tout le monde ici. Mais son avertissement nous a donné 8 minutes de plus pour évacuer vers les abris. Ainsi, personne ne traînait plus dans les couloirs supérieurs, qui ont été endommagés. Je ne l’oublierai pas.« 

Alors que moi, ce que je n’oublierai pas, c’est d’où Peeta pouvait savoir pour le bombardement. Il y a quelqu’un au Capitole qui s’est dit qu’il serait sage de l’informer de tous leurs plans de bataille et d’en donner le jour et l’heure ? Un film « intelligent« , donc, je le rappelle. Non parce que ça ne se doit pas se voir au premier coup d’œil.

En attendant, une fois le bombardement terminé, nos héros ressortent du bunker… et découvrent que l’entrée s’est faite exploser par une bombe et plus étrange, que le cratère est rempli de roses blanches !

Vous voudriez dire que pour des mecs qui avaient « de vieux plans« , ils ont quand même bombardé pile l’entrée ? Et puis, pas au hasard hein : autour, la forêt est impeccable. Une seule bombe pile au but. Pour des gens qui ne savaient pas où ils tiraient, ils sont précis ma foi ! Et les bombardiers ont aussi largué les fleurs pile là où il fallait dites-donc ! Et idem, pas une à côté de la cible !

« Des jets qui larguent des fleurs ? Appelons cela des Florajets !
– Bob, votre chaise a dû glisser, je ne la vois plus dans votre bouche.
– Rhooo, maiiiiis !« 

Malgré toutes les incohérences du bombardement, nos héros sont surtout obsédés par l’idée de faire un propaclip où Katniss annoncerait que le district 13 va bien et qu’elle est vivante. Mais la bougresse est bien trop paniquée.

« Les fleurs ! Les roses blanches ! Je sais ce que ça veut dire !
– Tu as un dictionnaire des fleurs ?
– Non ! J’ai juste lu le script ! Ça veut dire qu’ils vont tuer Peeta pour les avoir trahi et annoncé l’attaque ! Ils va mourir, ho noooooon !« 

Moi ce qui m’étonne surtout, c’est qu’entre le temps où Peeta a trahi et les a prévenu à la télévision et l’arrivée des jets sur zone, il ne s’est passé que quelques minutes. Alors à quel moment ont-ils trouvé le temps de réagir à la trahison de Peeta, de se dire qu’ils allaient le tuer, décidé de larguer des fleurs pour l’annoncer, commandé 10 000 roses blanches et chargé le tout dans les appareils avant de décoller ?

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« Attention Gale, ils balancent des fleuuuuuurs ! »

Ah, on me dit que les jets ont été ravitaillés en fleurs en vol par le même trou scénaristique qui ravitaille la cantoche du district 13. Mes excuses.

En tout cas, Katniss se met à brailler qu’il faut aller sauver le soldat Peeta. Mais comme cela paraît compliqué et qu’elle n’a pas non plus la moindre envie de faire un propaclip, elle part bouder. Oui, vous avez deviné : dans son conduit d’aération préféré. Non mais je ne sais pas, vissez les caches, faites quelque chose, mais arrêtez-la ! Sauf que voilà, à force de bouder dans son coin, Katniss loupe un événement intéressant. Et c’est Mitch qui vient l’en informer.

« Hey, Katniss. Alors comme ça, tu boudes ?
– Oui ! 
– C’est dommage parce qu’un commando vient de partir sauver Peeta.
– QUOOOOOOOOOI ?
– Le Capitole manque d’électricité et d’après Electro, ses défenses sont HS car toute la cité est sous black-out. Il a même trouvé le moyen de les maintenir dans cet état en diffusant un signal qui pourrit les leurs. Et pour que le Capitole ne réalise pas ce qu’il fait, ce signal est camouflé comme un propaclip.
– Mais j’ai refusé de tourner dans le propaclip !
– Ton pote Finnick est en train d’en faire un, en direct, à ta place. Il raconte plein de terribles secrets !
– Alors oui, mais du coup, qui peut les entendre au Capitole si la ville est en plein black-out ?
– … aaaah, pas con. »

Katniss, revigorée par ces nouvelles, se rue donc dans la salle de commandement pour suivre la progression du commando parti sauver Peeta pendant que Finnick raconte lui des âneries en direct.

« Bonjour, je suis Finnick, ancien vainqueur des Hunger Games. Je vous parle depuis le district 13, qui va très bien. Vous ne le savez pas, mais après avoir gagné, et comme je suis plutôt beau gosse, le Président Snow a vendu mon cul à des citoyennes du Capitole friquée. Oui, il m’a prostitué, le coquin. Je suis la Zahia de ce film, ce que mes pectoraux confirment. Mais vous savez comment je me faisais payer ? En secrets. Ça ne paie pas le loyer, mais c’est rigolo. Et c’est comme ça que j’ai appris que le Président Snow est parvenu à se maintenir au pouvoir grâce à une arme : le poison. Il a tué tous ses concurrents potentiels. Et personne n’a jamais trouvé suspects tous ces hommes politiques influents qui mouraient, tout simplement parce que cette saga est stupide. Et pour tromper la vigilance de ses ennemis, il buvait lui-même dans les coupes qu’il leur offrait, allez savoir pourquoi puisque si j’en crois le reste de l’intrigue, jamais personne ne l’a soupçonné d’empoisonner autrui. Puis il prenait des antidotes. Sauf que ça ne marchait pas toujours assez bien ! D’où le fait qu’il a toujours un puissant parfum de rose autour de lui : c’est pour masquer l’odeur de ses ulcères à la bouche. C’est ça, le secret : le Président Snow pue de la gueule ! »

Okay Finnick. Gentil garçon.

Pendant ce temps, l’aéronef du commando lui parvient à passer sans encombres les défenses automatiques du Capitole, où en cas de black-out, personne n’a pensé à poster des Pacificateurs, il faut croire. Il fait nuit noire et l’avion avance sans lumières, à part au niveau du cockpit et en volant au ras du sol histoire de bien se faire repérer par le premier passant qui lèverait les yeux. D’ailleurs, à bord, au moment où nos héros arrivent dans le Capitole, le pilote lance :

« Passage en vision nocturne.« 

Ah oui ? Parce que sachant qu’il faisait déjà nuit, jusqu’ici vous étiez en quoi ? Plein phares ? Feux de détresse ?

Encore une de ces spécialités hollywoodiennes : des scènes qui rallongent le film, font qu’il coûte plus cher et ne servent qu’à se tirer une balle dans le pied.

Mais comme à chaque fois les critiques sont contents quand même, c’est cool.

L’aéronef se stabilise au-dessus du bâtiment où les vainqueurs des anciens Hunger Games sont logés, et le commando descend en envoyant des grenades de gaz soporododo sur son passage pour ainsi progresser en paix. Malin ! Du mois, aurais-je eu envie de le dire si les Pacificateurs ne portaient pas TOUS un casque intégral. Heureusement, celui-ci ne fait pas masque à gaz. Alors pourquoi un casque intégral dans ce cas ? Sûrement pour faire de la moto. Voilà. Si quelqu’un a mieux, j’écoute Bref, les Pacificateurs s’endorment sans parvenir à donner l’alarme (ce gaz doit vraiment être à effet rapide), et le commando progresse jusqu’à arriver à l’endroit où Peeta doit être retenu…

… quand soudain, le courant revient !

« Sacrebleu ! s’exclame Electro. S’ils ont du courant, ils vont pouvoir détecter le commando et l’aéronef ! Sauf si on parvient à maintenir le propaclip qui brouille leurs signaux en même temps, mais ils vont sûrement le couper et se défendre contre maintenant qu’ils ont à nouveau accès à leurs défenses.
– Pas si je parviens à convaincre le Président Snow de maintenir le contact ! intervient Katniss.
– Mais comment faire ?
– Coupez le direct de Finnick : JE prends le direct ! »

Finnick, qui était donc en train de broder autour du peu qu’il avait à dire ce qui donnait à peu près « Voilà… du poison. Qui empoisonne. Mais c’est Snow, le poison ! Parce que c’est un serpent ! Et les serpents, le venin, le poison. Poison, Snow ! Snow poison, venin. Venin Snow ! Poison. Venin venin. Poison ! » est donc interrompu, ce qui est bien dommage au vu de la grande qualité de son discours. Et Katniss va se mettre devant une webcam pour tenter de gagner du temps en occupant les ondes du Capitole.

« Président Snow ! Allô allô ? Président Snow vous m’entendez ? Snowounet ?
– …
– Président Snow, j’ai des trucs intéressants à vous dire.
– …
– Président Snow, si vous ne répondez pas, je chante la chanson de l’arbre gentil.
– Okay, stop, c’est trop niais. Je suis là. Que puis-je pour vous ?
– Relâchez Peeta !
– Nan.
– Si !
– Nan.
– Allez !
– Mademoiselle Everdeen, savez-vous que ce sont les choses qu’on aime le plus qui nous font du mal ?
– Oui, c’est aussi ce que je me dis à chaque fois que je mange du chocolat
– Nan, mais je… bon. Ce que je voulais dire c’est : HAHAHA ! Je sais ce que vous tentez de faire ! Pensez-vous que j’ignore que vos amis sont en train d’essayer de sauver Peeta ? »

« It’s a TRAP ! » s’exclame Katniss en faisant sa bouche de poulpe en hommage au plus célèbre amiral Mon Calamari de l’univers.

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« Si vous pouviez me laisser en dehors de vos conneries, ce serait sympa. »

Le Président Snow coupe la transmission, la sécurité est rétablie, et Katniss repart… bouder ?

Ah oui, non mais ce film est passionnant, vraiment.

Sauf que quelques heures plus tard, on vient la trouver : le commando est de retour, victorieux ! Ils sont à l’infirmerie avec les otages qu’ils ont récupérés au Capitole. Et non, personne n’a pensé à prévenir Katniss qu’ils allaient bien avant qu’ils soient déjà là, probablement pour la torturer un peu, c’est tellement rigolo. Katniss va donc sur place où elle retrouve son copain Gale, qui faisait partie du commando, et lui annonce un truc bizarre :

« On les a sauvés mais… toutes les défenses du Capitole étaient actives et braquées sur nous. Pourtant, ils n’ont pas tiré.« 

Tu veux dire, un peu comme si le Capitole voulait que vous rameniez les otages ? Quelqu’un pour re-hurler « It’s a TRAP ! » ou ça ira ? Bon, cela dit, il y a encore plus con que nos héros pour ne pas s’en douter : il y a le Président Snow. Puisqu’aux dernières nouvelles, s’il voulait vraiment que personne ne se doute qu’il leur tendait un piège et qu’il voulait que leur mission réussisse, c’était d’autant mieux s’il ne criait pas à la télé qu’il savait qu’un commando était chez lui et où depuis le début.

Un détail. Mais que tout le monde a oublié, donc ça va.

Déchirée entre sa relation avec Gale et son amour pour Peeta alors qu’un plan à trois aurait tellement d’avantages, Katniss court à l’infirmerie pour retrouver Peeta, en train d’être ausculté, mais bien vivant.

« Mon dieu, qu’il est chou ! s’exclame Katniss.
– Vous ne devriez pas dire ça, lui répond le docteur Roudoudou.
– Ah oui ? Et pourquoi donc ?
– Parce que comme chacun sait : Peeta chou attaque éclair.« 

Ho, hé, ça va hein ! J’essaie de rendre ce film vaguement intéressant.

Car oui, Peeta devient tout fou – de rage ! – et saute sur Katniss pour la stranguler. Les deux médecins qui étaient là doivent partir jouer aux cartes car ils n’interviennent pas (remarquez, j’aurais fait pareil, mais juste pour que cette saga s’achève), quant aux gens qui accompagnaient Katniss, ils mettent deux minutes à intervenir, probablement qu’ils faisaient caca. Ils n’obligent donc Peeta à lâcher Katniss que quand elle perd connaissance tant le galopin sert fort.

A son réveil, Katniss est un peu dans le coltard, de retour dans sa chambre médicalisée. A ses côtés, ses amis lui expliquent la situation :

« Le Président Snow voulait que nous récupérions les otages… pour que Peeta te tue.
– On a du bol qu’on affronte le Président Snow et pas le Président Connard. Parce que lui, le connaissant, il aurait fait un Peeta aux explosifs, ou un Peeta avec un dispositif de guidage pour les bombardiers bien implanté, ou plus rigolo, un Peeta avec une bonne grosse souche de peste noire juste histoire de voir ce qu’il se passe quand on lâche le tout dans un bunker souterrain sans aide extérieure.
– Oui mais notre ennemi est tout pourri.
– C’est vrai. Mais comment a-t-il convaincu Peeta ?
– Tu te souviens du premier film ? Du venin des guêpes tueuses ?
– Celui qui ne tuait pas même après 12 piqûres ?
– Celui-là même. Hé bien il s’en est servi pour rendre Peeta tout fou et le reprogrammer en faisant rejaillir ses peurs profondes. 
– Et il a eu le temps de le reprogrammer intégralement entre le moment où hier il était à la télé à nous avertir d’un bombardement et aujourd’hui quand nous avons libéré Peeta, le tout si bien que rien ne s’est vu ? 
– Heu… oui… c’est ça. Voilà. Il est fort ce Président Snow.
– Ou alors il est très aidé par le scénario. En attendant, que fait-on ?
– Hé bien on va tenter de déprogrammer Peeta. Le formater. Et ensuite, on pense essayer de lui installer Linux, pour voir ce que ça fait. »

Mais la révolte, elle, ne peut se laisser arrêter par un simple Peeta tout fou.

Ainsi, alors que la Présidente du district 13 fait un discours enflammé à ses troupes pour leur dire que la mission de sauvetage a été un succès et que bientôt, tous les districts pourront s’emparer des défenses du Capitole et ainsi libérer Panem, Katniss file hors de sa chambre et tente de revoir Peeta. Elle le découvre isolé dans une salle, attaché à son lit, hurlant de rage en se secouant dans tous les sens, et l’apercevant, elle se dit qu’on dirait une scène de l’Exorciste, donc qu’elle va faire des cauchemars, donc qu’elle va devoir aller raconter le scénario tout haut dans un conduit d’aération…

… et sur ce néant scénaristique absolu qui a duré deux heures : FIN.

Waow.

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Allez, allez, finissons sur une note positive tout de même :

Si Hunger Games II était, souvenez-vous, un film déjà entièrement inutile à l’intrigue puisqu’il aurait pu s’arrêter à la première scène (je vous renvoie au spoiler), l’épisode III – 1 se poursuit dans sa droite ligne en n’ayant que deux choses à dire : Katniss tourne dans des « propaclips » (sic) et Peeta est encore plus con qu’avant si c’était possible. Guère de quoi remplir plus de 10 minutes de film, mais pouf, on en fait deux heures quand même.

Alors faire un épisode de rien après un épisode de vide, il faut au moins voir le bon côté :

Sur un point au moins, Hunger Games est complètement cohérent.


Le Hobbit – La bataille des scènes ratées

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La science est une chose sérieuse.

Raison pour laquelle ce spoiler sera entièrement rédigé depuis Oxford, où Diego et moi-même avons installé un compte-tour sur la tombe de Tolkien. Car si de mauvaises langues m’accusent bien souvent de mauvaise foi pour des raisons qui m’échappent, quoi de mieux qu’un indicateur parfaitement objectif pour parler de la qualité du film ? Voilà qui devrait faire taire les esprits les plus chagrins qui se cachent parmi vous. Et pour les autres, et afin de conclure cette fameuse trilogie qu’est Le Hobbit, commençons par le résumé des épisodes précédents.

Le Hobbit I : Bilbo Sacquet est un sympathique hobbit qui passe ses journées dans sa belle demeure de la Comté à manger, lire son journal et se plaindre de ces feignasses d’elfes qui font rien qu’à dealer de l’herbe et profiter des aides divines à longueur de temps. Jusqu’au jour où Gandalf le magicien se pointe à sa porte non pas pour lui proposer d’animer un goûter d’anniversaire mais bien pour l’emmener à l’aventure. Et quelle aventure ! Car 13 nains veulent reconquérir leur royaume souterrain perdu, Erebor, situé sous le lointain Mont Solitaire, perdu il y a fort longtemps lorsque Smaug le dragon anarchiste a décidé d’en faire son squat. Sauf que cela fait un moment que l’on a plus entendu parler de Smaug ! Plus de cris, plus d’attaques, plus d’invitations à des soirées projection-débat sur le capitalisme… serait-il mort ? Bilbo et les nains partent donc sur place pour inspecter tout cela et rétablir Erebor. En chemin, ils croisent Azog, l’orque au charisme de pantoufle mâchouillée, des gobelins, Gollum, des aigles pas pressés de faire avancer le scénario et bien sûr, un anneau qui permet de se rendre invisible. Le spoiler empli de merveilleuses images animées est ici.

Le Hobbit II : Après avoir bien avancé, voici que nos amis nains traversent une dangereuse forêt où ils sont d’abord aux prises avec le cul poilu d’araignées taquines, puis le cul lustré d’elfes grognons. Mais aidés par Bilbo, les nains s’échappent et gagnent la commune de Lacville, ville bâtie par les réfugiés de la cité de Dale, autrefois aux portes d’Erebor mais elle aussi rasée par Smaug lors de sa pendaison de crémaillère. Sur place, et suite à des blessures lors de précédentes aventures, nos héros se divisent en deux groupes : l’un restera à Lacville avec les blessés, l’autre ira au Mont Solitaire. Aussi, pendant qu’à Lacville une idylle naît entre un nain et une elfe de passage, union qui comme évoquée alors, est probablement l’origine d’Eric Zemmour, du côté du Mont Solitaire, on rigole moins. Car Smaug est vivant. Et réveillé par Bilbo et ses amis, il décide d’aller se dérouiller un peu en allant brûler Lacville… et le spoiler est donc .

Tout vous revient en mémoire ? Je vérifie mes instruments… où en est Tolkien après ces deux résumés ? 5 tours minutes ? Parfait.

La technique est prête, le lectorat aussi ?

Alors spoilons, mes bons !

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L’affiche : du feu, du feu, du feu et deux personnages que vous ne verrez guère du film ici dans une scène qui n’existe pas. Hmmm, voilà qui n’augure rien que de bonnes choses.

Notre film débute du côté de la riante cité de Lacville, « la Venise des terres du milieux » d’après le site de l’office de tourisme local. Car à la fin du volet précédent, souvenez-vous (surtout que je l’ai écrit quelques lignes plus haut, alors si vous décrochez déjà, ça va être compliqué), Smaug s’élançait pour attaquer la ville et rôtir les autochtones. Les cloches jouent donc la cucaracha à la volée (c’est le signal anti-dragon local ; alors que David Guetta, c’est plutôt une attaque d’orques), les habitants crient en bondissant dans leurs barques où ils ont entassé leurs maigres richesses, et le maître de la cité, lui, tente de faire de même mais avec un butin autrement plus conséquent puisque c’est un vil bourgeois. C’est donc la panique en plein blitz draconique. Mais quid de nos héros ?

Car d’un côté, nous avons les quelques nains restés en ville avec Tauriel, l’elfe nanophile (si, ça se dit) qui évacuent eux aussi la ville et emmènent avec eux les enfants de Bard, l’homme qui les avait accueillis. Mais si, Bard ! Le fils de celui qui avait tenté de défendre Dale et moqué pour avoir échoué. Mais suite aux aventures du volet précédent, Bard a été mis au trou. Or, avec le dragon qui s’amuse à semer la terreur en survolant la ville et embrasant les passants, il est un peu pressé de sortir pour ne pas griller et finir comme viande à kebab ! Aussi, disposant d’environ 30 mètres de cordage dans sa prison (qui n’a pas ça dans sa cellule de nos jours ?) il s’en sert pour faire un lasso qu’il agrippe à la barque du maître de la cité lorsqu’elle passe à proximité, et pouf, la barque arrache les barreaux ET le mur de sa prison.

Sacrée barque les enfants, ai-je envie de dire.

Bard peut donc se mettre à galoper dans toute la ville alors que Smaug a lui commencé à cracher du feu, et pas qu’un peu. Mais comme il se doit, il ne brûle que des Jean-Jacques : aucune personne avec un nom ne subit le moindre bobo. Bard, protégé par la magie de son prénom, peut donc filer comme le vent, péter la fenêtre de l’armurerie locale, s’y saisir d’un arc et sortir en défonçant le toit à coups de poing. Si. Moi aussi des fois, j’ai la flemme d’utiliser la porte alors je sors de chez moi par le toit, hop. Et puis, tout de même, ça vous pose son homme, sacrebleu. Il file donc jusqu’au plus haut clocher de la ville où une cloche continue de battre, probablement grâce à un audacieux système électrique puisque personne n’est là pour l’agiter. Et puis, pour bien viser, c’est vrai que c’est tellement bien de se mettre juste à côté d’une énorme cloche en train de donner : ça ne fait pas du tout vibrer, ça ne rend pas tout sourd et ça ne déconcentre pas, non. Bard finit donc quand même par réaliser que son idée était un peu débile, et coupe donc la corde de la cloche qui s’arrête aussitôt de sonner (non, elle ne sonne pas encore un petit peu : elle passe directement en mode silencieux, bravo à elle, c’est sympa). Mais cloche ou non, les flèches que Bard décoche sur le grand dragon ne donnent rien, car le cuir de l’animal est trop épais ! Ou bien il a juste trop de points de vie, allez savoir. Tout serait-il perdu ?

Non ! Car Bardiche, le fils idiot de Bard, a vu son père en train de tirer. Et il a donc abandonné l’embarcation des nains sur laquelle il était pour évacuer la ville afin d’aller chercher la flèche noire !

Souvenez-vous : dans l’épisode précédent, on apprenait que lorsque Smaug avait attaqué la cité de Dale, celle-ci était défendue par des balistes anti-aériennes (ah non mais vraiment, quelle qualité ces films) équipées de flèches noires, joli appellation pour un fucking harpon. Et Bard a ramené une de ces flèches à Lacville. Ainsi qu’une baliste anti-aérienne, mais nous n’en parlerons plus, car non, Bard n’a pas pensé à commencer par ça. Il s’est dit qu’un arc ferait le boulot. D’accord ? Donc en fait, toute cette histoire de baliste anti-dragon dans le dernier film, c’était déjà bien con-con, mais en plus c’était pour ne pas s’en servir, par exemple, en cas d’attaque de dragon ? Quel talent. Sachant qu’en plus Bard s’était fait arrêter en route pour la baliste, c’est intéressant que ça ne l’intéresse plus. Quel talent. Diego, que dit le compte-tour ? 7 tours minute ? Jeeee vois.

Mais revenons à Bardiche.

« Papa ! Papa ! Regarde papounet, je t’ai amené la flèche noire ! s’exclame Bardiche en rejoignant son père en haut du clocher.
Fils d’imbécile ! Pourquoi n’as-tu pas fui la ville ? Mais, merci, ça va servir. J’vais lui mettre un harpon à l’autre Smaug, tu vas voir Moby Dick.
Vas-y papa ! Marrave-le !« 

Hélas, il semble que Smaug a repéré notre héros car à cet instant précis, il fonce sur le clocher, en arrache le toit, la cloche et un peu de la charpente et manque de tuer Bard et Bardiche dans la foulée. Lorsque ceux-ci se redressent dans les ruines de la frêle tour, le dragon va se poser plus loin sur les toits et se décide à causer… à Bard.

« Toi ! Qui es-tu, archer, qui ose ainsi me défier ?
– Genre je suis le seul archer en ville ! Et tu m’as repéré directement ! Dis-donc Smaug, t’aurais pas un petit peu lu le script, par hasard ?
– Mgnnoooon ?
– Mouais mouais. Bon, je suis Bard et je vais te… ah merde ! Mon arc est pété ! »

En effet, c’est plutôt ballot : dans l’attaque du clocher, Smaug a brisé l’arc de notre héros. Déjà que tirer un harpon à l’arc, c’est pas simple, alors sans arc… heureusement, si notre héros a déjà prouvé qu’il était Mac Giver en fabriquant 30 mètres de cordes dans sa cellule à partir de drap, de paille et de ses propres excréments, il regarde désormais ce qu’il a sous la main, à savoir :

  1. Un arc pété
  2. Un fucking harpon
  3. Un fils un peu con

Bard se souvient donc qu’il avait pour habitude de dire que son fils était « con comme une baliste » lorsqu’il lisait son bulletin trimestriel. Serait-ce un signe du destin ? En combinant son fils comme appui, l’arc pété comme tendeur et le harpon comme munition, Bard fabrique une baliste de fortune, certes, mais tellement familiale. Et oui, il a le temps de le faire puisque Smaug décide de jouer la carte du discours de grand méchant super longuet et super crédible. Ce qui donne à peu près ça :

« Tu oses me défier, petit humain ? Ne sais-tu pas que je vais peux te tuer d’un simple souffle ?
– Hmmmm… une baliste… Bardiche, attends, mets-toi là. Comme ça.
– Je peux te tuer si aisément ! Il suffirait que je le veuille. Là. Maintenant.
– Maintenant je positionne les restes de mon arc comme ceci… voilà…
– Je suis si fort ! Je vais tellement te tuer ! Et ensuite, tu seras mort ! Et ton fils aussi !
– Alors, le harpon… bon, ça s’met dans quel sens ? Y a  pas une étiquette ? Bon, on va le mettre comme ça.
– Et même que tu seras tellement mort qu’après tu seras décédé ! Car je vais te tuer, figure-toi !
– Maintenant, je tends… je tends… vas-y Bardiche, mets-toi plus à gauche…
– Ta fin va être si rapide humain, quand tu vas mourir de la mort qui tue !« 

Et je n’exagère pas, hein. C’est tout simplement consternant. Du coup, pendant que Smaug raconte sa vie avec tous les détails, Bard aperçoit sur son poitrail un emplacement avec un panneau clignotant « Tirez ici pour me tuer. » Bard réfléchit… hmmm… s’il tirait ici pour le tuer ? Voilà qui paraît être une riche idée ! Et c’est à cet instant précis que Smaug, qui menaçait de brûler la gueule de Bard depuis dix minutes se décide à… le charger ? Oui ? Bon. Pourquoi pas, en fait. Bard tire, Bard touche, Bard fait un critique, double les dégâts, rajoute ses dommages magiques, ignore l’armure, c-c-c-combo et Smaug est donc touché en plein cœur. La bête grogne et s’élève brutalement vers le ciel avant de s’immobiliser et de retomber, raide morte. Son corps tombe sur la barque du maître de la ville, qui est ainsi puni pour sa cupidité et meurt, bien fait, vilain, tout ça. Mais sans une goutte de sang : c’est un film tous publics, que diable.

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Smaug, le dragon qui passe 5 minutes à monologuer pour buter un seul type, mais qui à côté de ça, a rasé la moitié de la ville sans dire un seul mot. Intéressant.

Pendant ce temps, depuis le Mont Solitaire, Bilbo et les autres nains qui suivaient la bataille de loin et s’étaient retournés pour discuter de sujets inintéressants, s’exclament soudain en entendant choir le dragon sur la ville « Vous avez entendu ?« . Parce que oui, les mecs ont une oreille tellement entraînée qu’ils peuvent distinguer le bruit d’un dragon qui s’écrase sur un bâtiment mort de celui d’un dragon qui s’écrase sur un bâtiment vivant pour le péter. Bravo les petits gars. Et sinon, juste « Regardez ! » pour s’éviter une incohérence puisque vous suiviez la bataille de loin ? Non ? Non, on va faire exprès une scène où ils ne regardent pas et font tout à l’oreille. Mais c’est vrai que ça fait durer le film.

En tout cas, après cette bataille agitée, le groupe du Mont Solitaire rentre s’abriter dans la forteresse car…

… ah bah tiens, d’ailleurs, qu’est-ce qu’ils foutaient dehors à 800 mètres de l’entrée ? Heureusement qu’ils avaient lu dans le crottin de poney que Smaug allait mourir, parce que si le coquin rasait la ville et revenait, ils étaient tous à découvert et mouraient dans la foulée. Diego, que dit Tolkien ? 17 tours minute ? On progresse, on progresse. En tout cas, le groupe du Mont Solitaire se replie donc dans la forteresse naine, disais-je, car maintenant que le dragon est mort, Thorin leur chef craint qu’il n’y ait foule pour venir piller les richesses locales. Et ça, jamais, vous m’entendez ?

En tout cas, au petit matin, du côté du Lac, c’est un peu moins la fête. Certes, le dragon est mort, tout ça, mais la ville a été entièrement rasée. Du coup, impossible de célébrer l’événement dans la salle des fêtes municipale qui ressemble désormais à une oeuvre contemporaine d’un FRAC, c’est dire si elle a pris cher. Les survivants de Lacville se regroupent donc sur la rive du lac, sans maître, mais avec désormais un héros : Bard. Parmi les survivants se trouve le bras droit du maître de la ville, et j’aimerais tout de suite vous proposer un point Jar-Jar.

Car oui, le bras droit du maître – que nous appellerons Jar-Jar – dès sa première apparition est là pour faire rire les enfants. Il a une apparence cradingue, car les riches ont les dents pourries et les pauvres un sourire émail diamant (il est riche, donc méchant, comme dans les autres films évoqués ici : Hollywood, c’est un peu la jet set qui essaie de vous faire croire qu’elle vote Lutte Ouvrière), est bête et chacun de ses gestes, chacune de ses paroles est supposée être drôle. Aussi, il est atteint du célèbre syndrome de Jar-Jar Binks, à savoir qu’il fera l’exact opposé de tout ce qu’on lui dira. « N’énerve pas la foule des réfugiés, fais-toi discret » ? Jar-Jar se lance dans un grand discours et manque de se faire lyncher. « Monte la garde, et surtout, ne manque rien » ? Jar-Jar loupe toute une armée qui passe sous son nez. « Ne va pas te cacher avec les femmes et les enfants » ? Je vous laisse deviner où l’on retrouve Jar-Jar.

Ah, Diego me dit que rien qu’avec Jar-Jar, on vient d’atteindre les 30 tours minute. Un ajout de cette qualité, ça se comprend. Bref, vous me pardonnerez si je n’évoque pas les séquences Jar-Jar qui n’ont aucun intérêt, à part éventuellement faire rire Enzo, 5 ans et déjà un peu con. Je sais, ça va vous manquer, mais soyez forts.

Bref, sur la côte du lac, tout le monde s’organise. Les habitants de Lacville par exemple, menés par Bard, décident d’aller trouver refuge dans le seul endroit possible à proximité : les ruines de la cité de Dale. La ville était située juste en face de l’entrée du royaume nain d’Erebor, et a été abandonnée lorsque Smaug a attaqué. Mais, Smaug mort, ils peuvent enfin y retourner ! Certes, la ville est en piètre état, mais au moins, elle était en pierre et n’a donc pas entièrement brûlé contrairement à Lacville. Cela fera au moins des toits pour s’abriter des éléments.

Quant aux nains qui étaient à Lacville, ils se font discrets et partent devant pour rejoindre Erebor aussi vite que possible et essayer de voir si Thorin, Bilbo et les autres ont survécu. Avant de partir, Fili, le plus jeune d’entre eux et qui vit une amourette avec Tauriel, se tourne vers l’elfe qu’ils abandonnent avec les humains pour lui faire ses adieux et tenter de lui faire un p’tit bisou, vas-y, quand soudain…

« HEM HEM !« 

Bon sang, c’est Legolas ! Il était là depuis le début et comme lui aussi zoumzoumerais bien Tauriel, il n’a pas trop envie de la voir rouler des patins à un nain ! Dans la salle, chacun s’essuie les yeux en contemplant Legolas dont le nom signifie en elfique « lifting raté« . Même si ce n’est probablement que du maquillage, cela n’en permet pas moins d’en rappeler la célèbre règle : n’oubliez pas les enfants, le lifting, c’est comme le tuning, il n’y a que ceux qui en font qui pensent que c’est beau. La chirurgie esthétique, c’est un peu le tuning des riches. Mais, bref. Legolas fait donc son relou et Fili et ses copains partent donc vers le Mont Solitaire sans même un petit bisou porte-bonheur. Voilà qui sent la frustration à plein nez, ce soir, il faudra manier la pioche.

Une fois les nains hors de vue, Legolas se retourne vers Tauriel et tous deux peuvent discuter d’affaires d’elfes en paix, comme savoir où se trouve la source secrète de l’eau précieuse ou encore les meilleures adresses de restos vegans. Bref, les affaires sont nombreuses ! Déjà, Tauriel a été bannie de son royaume d’origine. Parce que… heu… elle… bref, bannie. Mais Legolas ne compte pas l’abandonner : lui non plus ne veut pas retourner en son royaume, même s’il est le fils du roi. Il veut rester avec elle et accessoirement, enquêter sur d’où venaient les orques qui les avaient attaqués dans l’épisode précédent ! Ayant trouvé sur eux l’insigne de la 82e division de cavalerie orque, les célèbres « Dwarves Fuckers« , il propose à Tauriel d’aller inspecter leur forteresse, le sombre château de Châteauvilain. Tous deux partent donc au grand galop.

Tant que nous en sommes à nous attarder sur moult personnages, je vous propose d’aller voir Gandalf, qui est lui aussi dans une forteresse de méchants, mais pas la même.

Souvenez-vous : dans l’épisode précédent, quelqu’un disait à Gandalf « Ne va pas dans la forteresse des méchants, c’est un piège. » Gandalf y allait donc, et, ça alors, se faisait piéger par Sauron en personne. Nous retrouvons donc le magicien gris dans une petite cage d’acier depuis laquelle il passe son temps à envoyer des messages à l’aide en utilisant la magie, en parlant aux papillons et aux oiseaux mais aussi en écrivant des missives en utilisant diverses sécrétions ainsi que des poils de barbe. Aussi, lorsqu’un vilain orque vient s’amuser à le torturer en lui faisant des brûlures indiennes, les spectateurs sentent arriver un moment absolument ridicule et kitsch, puisque dans la forteresse ennemie, de petits pieds délicats s’avancent. Mais qui est-ce ?

« Ho ! Une salade niçoise ! » s’exclament les spectateurs ayant lu les précédents spoilers.

Et en effet : Galadriel débarque.

Toute seule (parce qu’attaquer une place forte avec une armée, c’est tellement has-been), vêtue d’une robounette kikinoute, elle, sa bouche entrouverte et son attitude vaporeuse de bas étage s’avancent donc jusqu’à l’orque qui torture Gandalf sans rencontrer de résistance, et lorsque le bourreau remarque que tiens, il y a une princesse elfe dans la forteresse, celle-ci utilise son pouvoir magique de détonation atomique pour le faire voler au loin. Elle peut donc libérer Gandalf, qui est dans un sale état.

Mais c’est alors qu’arrive ce que personne n’attendait !

Des effets spéciaux dignes d’un vieil épisode de Star Trek !

Je vous passe le jeu d’acteur lui aussi proche, mais voici qu’apparaissent des spectres semi-transparents et complètement kitsch : les nazguls. Ils encerclent Galadriel et s’apprêtent à la tataner pendant que toute la salle hurle « Mais enfin ? Utilise l’explosion atomique comme il y a deux minutes ! » mais non. A la place, Galadriel fait un petit rire façon Christophe Lambert et s’exclame : « Parce que vous croyez que je suis venue seule ? Non, je suis venue avec deux mecs !« 

Et en effet, arrivent donc Elrond le roi elfe et Saroumane le magicien, qui jusqu’ici devaient probablement se raconter des blagues au détour d’un couloir de la forteresse. Heureusement que les nazguls n’ont pas attaqué Galadriel avant qu’elle ne puisse les appeler à l’aide, hein. Bravo les gars. Le combat s’engage donc, et Elrond combat comme… un ninja ? Pendant que Saroumane fait du kung fu. Oui, du kung fu. Pardon ? De la magie ? Enfin ! Les magiciens font du kung-fu, c’est connu, où avez-vous vu qu’ils faisaient de la magie ? Et puis c’est tellement crédible de voir Saroumane distribuer des coups de bâton. Bref, les nazguls sont mis en déroute, tout comme la santé mentale de la plupart des gens ayant vu cette scène.

Mais tout ne va pas pour autant pour le mieux, car Gandalf est visiblement un peu dans le coma. Pas de problème, Galadriel le soigne en lui… en… en lui faisant un bisou magique.

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Muacks ! Un bisou magique, du rouge sur le genou et un pansement des héros et hop, tu peux retourner jouer mon petit Gandalf.

Diego ? 60 tours minute ? C’est bien ce que je me disais.

Non mais sérieusement Peter Jackson ! Un bisou magique ? Et pourquoi pas Galadriel qui met sa casquette, fout un coup de bombe froide et d’éponge magique sur Gandalf et paf le mec repart jouer son match ? Ça n’aurait pas été plus con. Et vous savez quoi ? Et ben ça marche. Le bisou magique réveille Gandalf, qui assiste donc à l’arrivée d’un nouvel ennemi, à savoir Sauron en personne. Galadriel fait donc évacuer Gandalf, puis se dresse devant Sauron, change de couleur (ah mais je vous avais dit que c’était kitsch) en brandissant une bouteille de dacryosérum et se met à lui brailler des incantations top crédibles, qui donnent à peu près ceci :

« Rent’ chez toi, Sauron ! Rent’ chez toi !
– Non, hahaha ! Car je suis très méchant et je compte bien conquérir les terres du milieu !
– Non, Sauron ! Tu prends tes miasmes et tu te casses ! Tu n’as pas de corps ! Pas de corps !
– Mais enfin, si !
– Non ! Retourne dans la trilogie que tu n’aurais jamais dû quitter ! Je te banniiiiiiiiiis !
– Naooooon ! »

Et pif pouf, Sauron pousse un grand cri, se transforme en boule de feu et se retrouve propulsé loin au-dessus de l’horizon. Tout le monde se félicite donc de cette victoire, Saroumane jure qu’il s’occupera de botter le cul désincarné de Sauron à la première occasion, et la scène s’arrête là. Et n’apporte rien au film, soit dit en passant, donc vous pouvez l’oublier si le cœur vous en dit.

Retournons donc au film et non aux scènes ajoutées pour justifier d’une trilogie, par exemple en allant voir ce qu’il se passe au Mont Solitaire. Car les nains qui étaient à Lacville rejoignent Erebor, et rentrent donc dans l’antique forteresse souterraine de leurs ancêtres. »Houhouuuu ! Les copains ? Bifur ? Bombur ? Jean-Jacques ? » appellent-ils, mais personne ne leur répond. Jusqu’à ce que soudain, Bilbo sorte de l’obscurité.

« Ho bordel les gars, ils ne faut pas rester ici !
– Hein ? Mais on vient d’arriver !
– Oui mais… c’est Thorin ! Depuis qu’on a récupéré la montagne, il est tout fou. Il a repris le trône de ses ancêtres, mais il ne pense qu’à son trésor ! Et à récupérer la plus belle pièce, l’Arkenstone, qu’il ne retrouve pas !
– Attends, on va aller voir ça par nous-même. »

Et en effet, les nains se réunissent tous mais ne peuvent que constater que Thorin est devenu un peu fou-fou, obsédé par son trésor. Pour un peu, il ressemblerait à un tennisman devant son avis d’imposition. Balin, le bras droit de Thorin, en est fort attristé et explique à Bilbo de quoi il retourne : c’est la phobie administrative le « Mal du Dragon ». Un mal qui ronge le cœur des habitants des terres du milieu lorsque des richesses entrent en jeu. Et vu la taille du trésor d’Erebor, cela a touché Thorin, qui est donc devenu obsédé par les richesses. Visiblement, Balin connait bien le sujet. Aussi, plutôt que de demander « Comment ça se guérit ?« , Bilbo se contente de dire « Mais, Thorin irait mieux s’il avait l’Arkenstone ? » et la réponse est claire : non.  Bilbo n’insiste donc pas et ne demande pas ce qui aiderait Thorin (probablement qu’il s’en fout) et s’en va dans un coin reculé de la forteresse. Pour mieux observer ce qu’il cache dans son manteau : l’Arkenstone ! Il l’a trouvée dans l’épisode précédent et refuse de la donner à Thorin, puisque cette pierre semble l’obséder et qu’il est déjà assez fou-fou comme ça.  Mais pendant que les nains en sont à ces observations, voici que ça bouge du côté de Dale : les réfugiés de Lacville sont en train de s’y installer.

« Vite ! Fortifiez les portes ! » s’exclame Thorin. « Je connais ces rabouins, ils s’installent sur un camping près de chez vous, et le lendemain, paf, plus une pièce d’or ou un lavabo dans toute la forteresse !« 

« Rhooo, Thorin ! » s’exclament ses camarades avant de malgré tout se mettre à l’ouvrage, car d’accord ou pas, il reste leur roi. Nos amis fortifient donc la brèche par laquelle Smaug était entré il y a bien longtemps, et rallument les braseros de l’entrée de la cité pour bien montrer qu’il y a des nains là-dedans et que ce n’est pas journée portes-ouvertes, non mais dis.

A Dale, on voit donc les braseros s’allumer, et même d’après certains, Thorin faire des doigts depuis les murailles. Bard n’est cependant guère inquiet : après tout, Thorin, lorsqu’il avait traversé Lacville, avait donné sa parole de partager un peu de l’or d’Erebor avec les habitants pour les aider à reconstruire Dale. Donc tout devrait bien se passer, n’est-ce pas ? Dans l’immédiat, ses préoccupations sont plus directes : or ou non, ils manquent de nourriture, de couverture, d’eau (et non, ils n’ont pas idée de faire fondre la neige)…

Mais le lendemain matin, une solution apparaît.

Car voici qu’arrive en ville Thranduil, le prince elfe père de Legolas, monté sur son caribou (les elfes sont un peu les québécois de la terre du milieu). J’en profite pour rappeler le formidable jeu d’acteur et maquillage de Thranduil, qui voudrait bien avoir une tête de gars hautain, mais se retrouve de fait avec la tête de celui qui vient de péter discrètement et fait semblant que ce n’est pas lui.

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« Comment ? Ah non, moi je ne sens rien. »

Toujours est-il que Thranduil est venu avec une armée d’environ 16 millions d’elfes qui ont tous la même tête, et une ribambelle de chariots contenant vivres et couvertures pour tout le monde. Bard est donc bien étonné.

« Roi Thranduil ? 
– Tenez, les gueux. Nourriture et couvertures pour tout le monde. Et promis, il n’y a pas de maladies dedans.
– Ah c’est vraiment sympa de faire dans l’aide humanitaire… mais comment avez-vous su qu’on en avait besoin aussi vite ? Vous avez eu une réunion à l’ONELF ?
– Non. En fait, nous avons appris que les nains avaient repris Erebor… et il y a dans leur trésor des bijoux de mes ancêtres que je voudrais récupérer. Alors je suis venu avec mon armée.
– Heu oui mais alors 1) d’où vous avez appris qu’Erebor avait été repris si vite, 2) sachant que le dragon est mort hier, comment avez-vous pu en une seule journée réunir une armée géante, préparer des chariots, circuler avec le tout – à vitesse de chariots donc – et arriver jusqu’ici ce matin ? Vous habitez au bas de la rue en fait ? Vous avez une porte des étoiles?
– C’est que… tu vois… en fait… hoooo, regarde ! Tu as vu mes beaux cheveux ?
– Ouais ouais. C’est ça. 
– Bon, sinon, vous n’avez pas plutôt envie de me demander pourquoi je viens avec une armée au lieu d’essayer la diplomatie ?
– Si, aussi.
– Hé bien je fais ça parce que les nains sont de petits cons obtus. 
– Soit. Mais ils ont donné leur parole, alors moi, Bard, je tenterai la diplomatie !
– Très bien, fais-toi plaiz’, Ban Ki-Moon.. »

Et ce qui est dit est fait : Bard prend donc son plus beau cheval et s’en va vers l’entrée de la forteresse naine pour tenter la diplomatie. Lorsqu’il arrive, les nains sont perchés sur leur muraille et le regardent d’un sale œil. Cela dit, aucun ne lui jette un seau d’excrément à la gueule d’entrée de jeu, ce qui laisse entendre une certaine ouverture d’esprit.

« Bonjour, roi Thorin d’Erebor ! Je suis Bard !
– Que puis-je pour vous, Bard ? Il n’y a pas assez d’or dans cette montagne pour vous acheter un vrai nom.
– Espèce de… hem. Ecoutez Thorin, je suis venu vous demander de tenir votre parole. Les habitants de Dale…
– … crèvent la Dale ?
– …
– Roh, ça va. C’est de l’humour nain. 
– Oui bon, écoutez Thorin, lorsque vous êtes passé à Lacville, vous aviez promis de l’or pour les habitants de la cité s’ils vous aidaient. Ils l’ont fait. Il est temps de tenir votre parole. 
– Sachant que j’ai donné ma parole contraint par les circonstances, je vous propose de bien cordialement aller vous faire voir chez les elfes.
– Rhooo, Thorin ! 
– Et en parlant d’elfes, la prochaine fois que tu veux négocier garçon, évite d’avoir 16 millions de types aux oreilles pointues bien visibles juste derrière toi. J’aime moyennement les menaces.
– Soit ! Si c’est ainsi, à 13 nains contre 16 millions d’elfes plus les hommes de Dale, nous viendrons chercher le trésor nous-même !
– C’est ça. On vous attend.« 

Et les négociations s’arrêtent là. Au grand désespoir des autres nains qui trouvent que Thorin a vraiment le cœur dur désormais.

A noter que Bard n’a pas pensé à utiliser un argument rigolo : les nains ont besoin de Dale. Parce que sans eux, pas de nourriture. Et sans nourriture, à part sucer des cailloux et des pièces d’or, les nains ne vont pas faire grand chose et mourront ou changeront d’avis assez rapidement. Mais bon, hein, on ne va pas chipoter pour des détails, pas vrai ? Bard retourne donc à Dale en disant que comme il a tenté la diplomatie 3 minutes, c’est mort. Ah oui. Je vois. D’accord. Surtout, n’insiste pas, hein ! Bref. Humains et Elfes se regroupent donc dans Dale et commencent à évoquer le fait que demain à l’aube, il faudra bourrer la gueule des nains.

C’est sans compter sur l’arrivée d’un fameux cavalier en ville : Gandalf !

Qui se fait accueillir par Jar-Jar d’un « Allez-vous en ! On ne veut pas de vagabonds et de mendiants ici !« . Hmmm, comment dire… certes ? C’est une ville en ruines remplie de réfugiés, et toi, le seul mec qui arrive sur place avec un cheval personnel et un manteau impeccable, tu le traites de pouilleux ? C’est intéressant de rater jusqu’à la moindre ligne de dialogue. Toujours est-il que Gandalf va trouver Bard et Thranduil pour les supplier de ne pas faire la guerre, car il en est certain : une armée d’orques lancée par le seigneur des ténèbres approche ! Il l’a vue quand il était prisonnier ! Ils veulent reprendre la montagne – quel coup de bol qu’ils aient prévu que le dragon soit déjà mort ! – qui est un site stratégique pour eux.

« Nan mais du calme papy, nos éclaireurs n’ont repéré aucune armée, c’est tranquille, gros.
– Nom d’une pipe Thranduil ! Puisque je vous dis que des orques viennent vous bourrer la gueule !
– Hahahaha, allons Gandalf, quelles preuves avez-vous de cela à part votre parole, celle de Galadriel, celle d’Elrond, celle de Saroumane et celle de tous les gens super influents et sérieux des terres du milieu ? Je propose plutôt de complètement ignorer cette annonce pour laquelle vous avez fait tout le chemin. 
– Thranduil, vous me décevez.
– Hé, ça va, hein.
– Non, je veux dire : c’est incohérent mais je suis sûr que vous pouvez faire encore mieux.
– Hmmm c’est vrai, vous avez raison Gandalf. Vous savez quoi ? GARDES ! Sans aucune raison, allez dire aux archers d’être super vigilants quant à la porte des nains ! Dites-leur bien de tirer sur tout ce qui remue !
– Merci Thranduil. »

Et en effet, vous avez bien entendu ce que vient de dire Thranduil ? Alors allons du côté de la porte des nains pour la scène suivante.

Les nains se préparent pour la guerre et ressortent de la forteresse les meilleures armes et armures. Thorin offre même à Bilbo une splendide côte de mailles en mithril « qu’aucune lame ne peut traverser« . Mais Thorin n’en reste pas moins tout fou. D’ailleurs, pour appuyer que Thorin est tout fou, lorsqu’il parle, le film est au ralenti et il a une voix qui résonne. Pour un peu, il aurait de l’auto-tune. Des fois que le spectateur ne comprenne pas. Ce qui rend ces scènes déjà fort ennuyantes incroyablement longuettes. Toujours est-il que pour sauver les nains, Bilbo décide de quitter la forteresse. Et il passe donc… par la porte ! Et sans l’anneau.

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« Bon. Je dois me rendre d’un point A à un point B sans me faire repérer et j’ai un anneau d’invisibilité. Rah, comment combiner tous ces éléments ? C’est chaud c’t’affaire ! »

Pendant ce temps, sur les murailles de Dale…

« Hé ! Hé les mecs, je crois que ça bouge chez les nains ! Vite, à nos arcs frères elfes ! Les ordres de Thranduil sont de faire feu !
– Maiiiis non. Il n’y a rien.
– Attends, je te dis que si ! On est 16 millions d’elfes sur les murailles avec des ordres précis, on ne va quand même pas louper un hobbit qui vient de descendre des murailles à la corde et qui court en plein terrain découvert sans même utiliser son invisibilité !
– Si.
– Tu veux dire que l’ordre de Thranduil…
– Était juste pour rajouter du temps de film et une incohérence gratuite, oui.
– Ah. Bon. Ben okay alors. »

C’est consternant. Pourquoi ces rajouts pour les fusiller dans la scène qui suit ? Pourquoi ? Bouhouhou… arrêtez… mais bon, je sèche mes larmes de sang et on continue, allez ! Bilbo gagne donc Dale et parvient à atteindre la tente de commandement où l’on rentre comme dans un moulin, parce qu’en cas de guerre, c’est connu, le QG est toujours l’endroit le moins surveillé.

« Salut les amis ! Je viens arrêter la guerre !
– Ce n’est pas vous le hobbit qui avez permis aux nains de s’échapper de chez moi ?
– Si seigneur Thranduil, mais là, j’ai plus urgent. Je sais comment arrêter la guerre et obliger Thorin à tenir sa parole !
– Moi aussi. J’ai amené la chorale elfe de Mirkwood pour chanter « Tiens, Thorin du boudin » jusqu’à ce que le bougre cède.
– Alors c’est un très bon plan, mais le mien est mieux : voici… l’Arkenstone !
– Hooooo ! 
– Ha, ça, tu la trouveras pas à la boutique magique. Mais bon : Thorin la veut plus que tout. Proposez de la troquer en échange du fait qu’il vous donne ce qu’il vous doit, et paf, c’est plié.
– Bravo petit Hobbit !
– J’aime… j’aime pas quand vous m’appelez comme ça. Je ne sais pas, ça sonne bizarre.
– Qu’importe ! Demain à l’aube, nous irons voir Thorin. Et avec cela, nul doute qu’il changera d’avis ! »

Soit. Profitons du repos des armées pour aller voir ce que font de leur côté Legolas et Tauriel (qui est tellement charismatique que je dois aller rechercher son nom à chaque fois que je veux l’écrire, c’est dire si elle m’a marqué). Car ils ont atteint Châteauvilain… et constatent que les lieux sont bien occupés ! Par exemple, par une armée de chauve-souris géantes. Legolas plisse les yeux très fort malgré son lifting.

« Des chauve-souris géantes ! Ils en élèvent une armée !
– Mais pourquoi élever une armée de chauve-souris géantes ? demande Tauriel.
– *regard sombre* pour… LA GUERRE ! »

Merci pour ta superbe question Tauriel. Tu pensais que les mecs élevaient une armée de monstres pour quoi à ton avis ? Des tournois de beach-volley ? Non mais vraiment, quelle bande de têtes à claques. Enfin : ils constatent qu’une armée orque part de la forteresse pour marcher vers le Mont Solitaire. Palsembleu ! Ils doivent aller prévenir les autres !

Et revenons aux autres.

Le jour s’est levé, tout le monde a pris son petit-déjeuner et les elfes ainsi que les hommes de Dale rapidement armés avec ce qu’on a trouvé dans les vieilles armureries de la ville sont en position au pied des portes d’Erebor prêts à taper du nain. Les nains ont eux justement fortifié la zone, et du haut de la muraille, regardent le spectacle et font donc les kakous en disant que hahaha, agad’ Thranduil, agad’, on peut te menacer avec nos arcs, wouwouwouh ! Mais Thorin fait un peu moins le zazou lorsqu’il constate que Bard brandit bien haut l’Arkenstone.

« Hé vazy bâtard où t’as piqué ça ! Vazy rends-là !
– Certes, Thorin Ecu-de-Chêne, roi sous la montagne. Mais elle ne vous reviendra que lorsque vous aurez tenu votre parole de partager un peu de votre trésor.
– On lâche rien ! Tous avec moi les nains : on lâche rien ! On lâche rien ! On lâche rien – pas comme Thranduil ! – on lâche rien !
– Qu’est-ce qu’ils ont dit, là ?
– Rien, rien seigneur Thranduil. L’humour nain, tout ça.
– Bon, je vois. Allez mes armées ! Ils ne sont que 13 ! On les tabasse et on rentre en force !
– 13 ? Moi, Thorin, je vous l’annonce : plus pour longtemps ! Il n’empêche, j’aimerais bien savoir comment vous avez eu l’Arkenstone.
– C’est moi. Je leur ai donné.
– Bilbo ?! »

Et en effet : Bilbo a regagné la forteresse naine, et debout sur les murailles près des nains, il avoue son crime. Comment il aurait aimé la donner à Thorin et fêter la victoire avec lui en se rinçant au Champomy, mais comment il l’a vu devenir vilain et tout corrompu et donc s’est refusé à le faire. Il l’a donc donnée aux Elfes et aux Hommes pour éviter un conflit et sauver Thorin de sa propre perte. Thorin est furieux, mais avant qu’il ne pète la gueule à Bilbo, Gandalf depuis le bas des murailles demande à ce que tout le monde se calme et qu’on lui rende son hobbit en un seul morceau. Ce qui est fait. Mais autre chose intrigue l’armée des assiégeants : que voulait dire Thorin quand il disait qu’ils ne seraient pas 13 pour longtemps ?

La réponse arrive bien vite lorsque surgit à l’horizon toute une armée : des nains ! Thorin a en effet appelé son cousin des Monts de Fer à la rescousse ! Qui eux aussi, visiblement, habitaient juste à côté, c’est tout petit, en fait la Terre du Milieu ! Tu voudrais en faire un film, ça te prendrait deux min… ho, attendez ?

« Putain ! 
– Seigneur Gandalf ?
– Mon p’tit Thranduil, qu’est-ce qu’ils foutent vos éclaireurs ? Je vous dis qu’une armée géante d’orques est en route, ils vous disent qu’ils n’ont rien vu. Hier, ils ont loupé un hobbit qui se promenait à découvert entre la forteresse soi-disant über-surveillée et Dale, et maintenant, ils ratent toute une armée de 4 millions de nains ?!
– Heu… en fait… j’ai une explication. Mais je l’avais mise dans un cahier que mon chien a mangé pendant l’enterrement de ma grand-mère parce que j’étais malade.
– Je vois. 
– Bon heu… armée ! Pivotez et préparez-vous à cueillir du nain ! »

Ce qui est donc fait. Les nains fraîchement arrivés s’approchent donc de l’armée au pied du Mont Solitaire, et leur général, le Nain Rouge, explique tranquillement que tout le monde doit dégager ou il fera évacuer la place à coups de pieds au cul. Que tout le monde laisse Thorin et les nains en paix, sinon, ça chiera ! La tension monte petit à petit, et comme personne ne tente de, je ne sais pas moi, discuter, les armées se mettent en ligne pour s’affronter.

Palsembleu ! Est-ce que cela va être la bataille des 3 armées ?

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« Mais sinon Seigneur Nain, est-ce que vous et vos hommes vous auriez des éclaireurs qui puent un peu moins que ceux des elfes ? Non parce que là ça commence sérieusement à manquer. »

Que nenni ! Car au même moment, un grondement terrible se fait entendre de l’autre côté de la vallée, sur les montagnes faisant face au Mont Solitaire-mais-en-fait-non ! Et sortent de la roche les vers des sables géants de Dune qui… que… attendez, qu’est-ce que je viens d’écrire ? Non, attendez, qu’est-ce que je viens de voir ? Et surtout, est-ce que Tolkien vient de passer à plus de 300 tours minute parce que certes, il a bien évoqué des vers mystérieux dans son oeuvre mais n’en a jamais rien fait d’aussi débile ?

Car oui, donc, les vers des sables géants de Dune, aussi appelés « mangeterre », viennent de jaillir de la montagne d’en face et de creuser d’immenses tunnels d’où sortent des millions d’orques ! Bon, sachant que les mangeterres ont l’air énormes, ne me demandez pas comment les orques peuvent sortir des tunnels que les bestioles ont creusé, car vu qu’on vient de voir les mangeterres disparaître dans les trous en questions, ils auraient dû écraser toute l’armée pour repartir, mais bon, hein. En tout cas, au sommet de la montagne d’où sortent les orques, sous de gigantesques bannières orques avec un systèmes de poulies pour donner les ordres apparaît…

« Azog ! 
– Vous avez une sacrée bonne vue Gandalf. 
– Meilleure que vos éclaireurs !
– Ah là, je dis non. Parce que les mangeterres, tout ça, c’était pour justifier que mes hommes n’aient pas vu arriver l’armée d’Azog puisqu’elle se déplaçait sous terre. Donc là, c’est pas incohérent !
– Ah ouais ?
– Ouais.
– Alors tu peux m’expliquer comment tes hommes ont pu rater des orques en train de monter une tour de bois avec poulies et bannières géantes probablement depuis des heures en plein sur le sommet d’une montagne parfaitement en vue ?
– Ho. Ah. Ah oui, tiens. C’est fou. »

Et encore, Gandalf est sympa : il ne fait pas remarquer que quitte à pouvoir jaillir de souterrains n’importe où, et quitte à vouloir prendre Erebor, les orques auraient gagné vachement de temps à surgir directement DANS la forteresse souterraine plutôt qu’en face, à découvert et devant toutes les armées du coin. Mais bon, hein, c’est juste un détail. Après tout, ce n’est que l’objectif de toute l’armée orque, on peut comprendre qu’il n’y aient pas pensé.

Je vais tuer des chiots et je reviens. Voiiiilà.

En tout cas, chez les peuples libres des terres du milieu, c’est un peu la panique. On fait bouger les armées pour encaisser le choc de la horde orque qui approche, et les nains montrent eux un certain enthousiasme à aller mouliner la gueule des vilains margoulins. Curieusement, seuls les deux premiers régiments de l’armée naine se mettent en marche pour aller cueillir les orques, tout le reste de l’armée restant à… hé bien… faire du rien. Quelqu’un a dû les oublier sur le fond vert. Mais attention ! La bataille débute, alors soyons attentifs.

Car les nains et leurs lanciers se mettent en ligne devant l’armée elfe pour recevoir la première charge. Intéressant me direz-vous, sauf quand, à la seconde où les orques vont se manger les lances en arrivant dessus, les elfes se mettent à courir, se servent des nains comme tremplin (si, si, et visiblement sans même se concerter, tout le monde était d’accord) et sautent donc par dessus leur mur de boucliers et de lances pour aller péter de l’orque.

Alors c’est certes impressionnant, mais juste comme ça : est-ce que vous ne viendriez pas un tout petit peu de péter tout le principe des lanciers qui devaient cueillir la charge en vous foutant juste devant ? Ne serait-ce pas un petit peu con ? Pendant que les elfes font preuve d’un sens stratégique digne d’un bulot, on assiste à une séquence où les orques viennent cette fois s’écraser sur les lanciers nains. Et là, je demande : comment est-ce possible ? On vient de voir les elfes se mettre devant les nains, alors comment peuvent-ils charger sans rencontrer les elfes d’abord ?

Est-ce que quelqu’un a monté ce film ou est-ce juste une série de clips sur « les elfes sont cools, j’aurais tellement voulu en être un plutôt qu’un mauvais réalisateur » ?

Au passage, l’armée elfe qui comptait moult millions d’hommes réduit drôlement de taille en fonction des plans. Quant à ses archers, visiblement, ils sont partis en vacances à Nice où leurs talents légendaires de fausses blondes ont un grand succès sur les plages. En tout cas pif, paf, boum, tout le monde se tape dessus, on met des passages rigolo-ho-ho-ho pour faire rire les enfants et finalement, les quelques humains de Dale décident de retourner en ville en voyant que les orques essaient de s’en emparer. Et vas-y qu’on se tape dessus dans les rues, que Jar-Jar fait des trucs de lâche là encore pour faire rire, que des méchants tentent de manger les enfants de Bard qui les sauve à la dernière minute car c’est un bon père de famille, fuck yeah… bref. Je vous laisse imaginer le tableau. A noter aussi que les orques ont beau déferler dans les rues, quand les humains s’exclament « Replions-nous ! » ils arrivent à se trouver des coins tranquilles où discuter en paix, douter, écouter Bard leur faire un petit discours avant de repartir au combat comme ça, pif pouf, pendant que les orques étaient probablement occupés à regarder Seinfeld (les orques adorent Seinfeld). La bataille peut reprendre, et comme Bard a fait un discours de motivation, ses hommes équipés de bric et de broc et pêcheurs avant d’être soldats parviennent à repousser sans souci les vilains en armure lourde.

Devant Erebor cependant, les nains des Monts de Fer n’ont pas eu le droit à un discours de motivation cucu la praline : ils sont donc eux en train de prendre une branlée malgré leur super entraînement et équipement. Et hurlent « Mais nom d’une pipe, où est Thorin ? Je suis sûr que lui et ses 12 copains suffiraient à faire la différence !« 

Alors, justement, où est Thorin ?

Pas bien loin, en fait. Planqué dans Erebor, il continue de délirer sur le fait que certes, ses cousins nains meurent pour lui devant ses portes mais que bon, il a plus important à faire, comme par exemple se rouler dans son or en gloussant comme une blogueuse mode devant une photo Instagram de macaron. Ses petits camarades nains essaient de le secouer, mais rien à faire, Thorin est tout fou-fou. Et puis, finalement, alors que Thorin se promène dans la forteresse et marche sur un tapis d’or, il se met à sombrer dans ce qui m’est apparu à première vue comme une pub Dior. Il se met accessoirement à entendre des voix et à avoir des flash-backs dignes de Naruto, et puis, finalement, persuadé que l’amour et l’amitié sont plus importants que le reste et guéri du Mal du Dragon comme ça, pouf, par un vieille ficelle scénaristique venue de nulle part, il va retrouver ses petits nains et ordonne que l’on sorte de la forteresse et chargeeeez ! Après avoir fait sauter leur fortifications de fortune avec une cloche géante balancée au bout d’une chaîne (qui disparaît dès les plans suivants), ils s’élancent donc !

Ah oui, vous vous souvenez quand je vous disais que les nains de Thorin s’étaient équipés en armes et armures ?

Hé bien finalement, ils balancent tout et chargent avec le même équipement qu’ils ont depuis deux films. Oui, c’est au moment de se jeter dans la bataille qu’ils retirent leurs armures. Non mais sérieusement : qu’est-ce qu’il s’est passé au sein de l’équipe du film ? Il y a eu une grosse soirée schnaps, c’est ça ? Non ? Hein ? Dites ? D’ailleurs, vous savez quoi ? Les nains chargent… sur des bouquetins caparaçonnés ! Et là je pose la question :

D’où

Sortent

Les

Bouquetins ?

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« A l’assaut mes amis ! Mais sans nos supers armes et supers armures ! C’est tellement plus rigolo de partir avec juste une épée et un manteau en cuir ! »

Diego ? 1 600 tours ? Prépare-toi à balancer de l’azote là-dedans mon vieux, ça sent la surchauffe !

Dans tous les cas, Thorin décide de prendre avec lui trois de ses meilleurs guerriers pour faire ce à quoi personne n’avait pensé : aller péter la gueule à Azog qui organise les troupes depuis son sommet montagneux. Rusé ! Grâce à leurs bouquetins sortis d’un trou scénaristique, foncer jusqu’à Azog est donc chose aisée pour nos amis. Cependant, à l’arrivée… point d’Azog ? Le centre de commandement ennemi a été abandonné. Et comme il y a quelques vieilles ruines alentours, Thorin ordonne à ses camarades de se diviser en groupes de un pour aller inspecter tout ça et essayer de trouver où se planquent Azog et ses lieutenants.

Mais alors qu’ils sont en train de le faire… ils s’aperçoivent que c’est un PIÈGE !

Ah bah c’est sûr qu’en vous divisant en groupes de un, il y avait toutes les chances de vous faire piéger. Azog surgit donc de nulle part avec ses hommes et capture l’un des nains isolés. Puis, il se montre et s’exclame : « Ahahaha, regardez comme je le tue aisément ! » et en effet, le bougre tue Kili ! Bon, sang une goutte de sang, hein, mais il le tue quand même. Ce qui énerve très fort son frère, Fili, qui décide d’aller mouliner sa gueule à Azog. Thorin part pour faire de même, pendant que le dernier nain, lui, retient, je cite « 100 mercenaires gobelins » à lui seul. Facile. Espérons qu’eux aussi l’attaquent par groupes de un.

Sauf que pendant que nos amis affrontent l’ennemi au sommet, du côté de Dale, deux larrons viennent de revenir de patrouille : Legolas et Tauriel ! Ils vont donc trouver le roi Thranduil qui lui, trouve qu’en fait, c’est nul de se battre car « trop de sang elfe a coulé« . Ben oui pépère. Donc si je résume : te battre pour récupérer des bijoux quitte à perdre des troupes, c’était okay, par contre te battre contre des orques venus t’exterminer, ce n’est pas assez intéressant ? Quel personnage profond. Et je ne vous parle pas du moment où en pleine bataille dans les rues de Dale, il décide de parler du sens de l’amour avec Tauriel, et sort « Mais qu’est-ce que tu y connais à l’amour ? » sur le même ton que « Mais qu’est-ce qu’il y connait aux femmes, Rick Hunter ?« . Même le doubleur devait en avoir marre. Mais en tout cas, Legolas et Tauriel viennent informer d’une chose importante : Bolg, le bras droit d’Azog, est en train d’arriver de Châteauvilain avec une seconde armée d’orques et de chauve-souris géantes ! Ce qui ferait un total… de cinq armées sur le champ de bataille !

« Et l’armée de Bolg va arriver par le sommet, là !
– Que dis-tu Legolas ? Mais enfin, c’est là que les nains sont en train d’affronter Azog ! C’est terrible, il faut les prévenir ! Gandalf, qu’en pensez-vous ?
– Je repensais à vos éclaireurs. Ils n’ont pas remarqué non plus une armée survolée en permanence par des chauve-souris géantes ?
– Lâchez-moi avec mes éclaireurs vieux relou ! Bon heu… Bilbo ! Vous, vous en pensez quoi ?
– Je vais aller prévenir les nains ! Je sais comment ne pas être vu. 
– Parfait. Faisons ceci. Et vous Gandalf vous… Gandalf ?
– Non, je me demandais : comment une armée peut-elle arriver par un sommet ? Les mecs se font toute la grimpette pour ensuite redescendre ? Ils ne devraient pas justement contourner le sommet pour gagner du temps ?
– VOUS FAITES CHIER AVEC VOS QUESTIONS, GANDALF ! »

Et Bilbo file donc vers le sommet et aidé de son anneau, échappe à la vue de ses ennemis. Hop, hop, en deux-deux, il arrive sur place et voyant des orques en train d’attaquer les nains déjà sur place… retire son anneau et leur balance des cailloux.

Sérieusement ? Que… bon. Ne pas s’énerver. D’accord. Merci Bilbo, vraiment, tu es utile. Et sinon, être invisible et mettre des coups d’épée dans le dos, non ? Tu as raison, les cailloux, c’est vachement plus efficace. D’ailleurs, c’est exactement ce qu’il se passe : chaque caillou lancé à la main par Bilbo tue un orque. Efficace. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux finisse par tomber sur le hobbit et ne l’assomme. Zut, qui va voler au secours des nains ?

C’est l’heure de la séquence Legolas !

Car si Legolas est du côté de Dale, il a un plan pour arriver rapidement au sommet : une chauve-souris géante passe, il lui agrippe les pattes, et pouf, il la dirige et vole.

Diego, balance l’azote ! On vient de brutalement passer à 6 200 tours minute ! Tolkien tourne beaucoup trop vite !

C’est donc un Legolas volant qui arrive au sommet au même moment que Tauriel (qui elle, a dû se téléporter je suppose). Legolas marave donc de l’orque les doigts dans le nez et la situation s’améliore un peu pour les nains. Du moins, jusqu’à ce que Bolg, le général de la nouvelle armée qui arrive, ne tombe sur le pif de Tauriel et ne tente de la tuer. Heureusement jaillit Fili, l’amoureux transi de l’elfe, qui vient à son secours et… se fait buter comme une grosse quiche. Tauriel est donc très triste et dans un sale état lorsque Bolg se tourne vers elle pour la tuer. L’occasion de relancer une nouvelle séquence Legolas (il vous manquait déjà !).

Car comme dans tout mauvais film, il faut en faire des caisses. Les gens ne peuvent pas juste s’affronter où se mettre une flèche dans la gueule à 200 mètres. Non, à la place, il faut du n’importe quoi, je vais donc tenter de vous l’expliquer. Un troll a fait choir une tour en ruine au sommet de la montagne. La tour forme désormais un pont au dessus d’un précipice. Bolg et Legolas se rencontrent donc évidemment sur ce fragile édifice qui, à chaque coup un peu vif, s’effondre en partie ! Ce qui donne tout de même une séquence où Legolas manque de peu de tomber dans le vide, mais… dois-je l’écrire ? Attendez, je mets mes moufles antidouleur… voilà. Legolas manque de peu de choir, donc, mais utilise des pierres en train de tomber avec lui pour bondir de l’une à l’autre comme sur un escalier invisible et violer toutes les lois de la gravité. Voilà voilà. Lors de cette séquence, des gens se sont arrachés les yeux, je pense. Moi en tout cas, j’ai essayé. Mais comme j’avais mes moufles antidouleur en prévision, j’ai échoué. J’ignore si c’était une bonne chose ou non puisque du coup j’ai dû regarder la suite du film mais… en tout cas, je vous passe le reste du combat, tout aussi débile, que Legolas finit bien évidemment par gagner. Youpi !

Thorin, lui, se retrouve face à Azog et là aussi, le combat est donc n’importe quoi, puisque les deux s’affrontent sur une cascade gelée et qu’Azog utilise pour arme principale… un parpaing.

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« Hmmm, ces nains se battent en slip… très bien, laissez tomber les épées : amenez-moi mon parpaing. Vous voulez jouer aux cons ? Je compte bien gagner. »

12 000 tours-minute Diego ! 12 000 tours-minute ! L’aiguille est bloquée, on ne peut pas aller plus loin ! Et on a plus assez d’azote, barrons-nous, ça va péter ! A couvert !

Pif, paf, plouf, Azog finit par être trahi par son propre parpaing et il coule sous la glace. Thorin triomphe donc en voyant le corps de son ennemi flotter de l’autre côté de la couche gelée… mais soudain, Azog ouvre les yeux et plante une lame dans le pied de Thorin au travers de la glace avant, lui aussi, de faire un doigt magistral aux lois de la physique en bondissant hors de l’eau et pétant la couche de glace sans même un appui dites-donc ! Le combat peut donc reprendre, et probablement fatigué par le film, Thorin décide de se laisser transpercer par son ennemi pour mieux le transpercer en retour.

« Putain… si seulement j’avais pensé à garder une armure intransperçable un peu comme celle que j’ai filée à Bilbo ! » se dit Thorin en glissant au sol aux côtés de son ennemi qui fait une tête de petit chiot triste en mourant.

Bon, Bolg et mort, Azog aussi… mais la nouvelle armée qui arrivait ?

Hé bien elle arrive. Et dure environ 2 secondes puisque soudain arrivent… les aigles géants ! Le pire ressort scénaristique de la saga ! Et ils piquent sur les vilains orques, visiblement peu ennuyés par le fait que les mecs aient des lances géantes. Là encore, un détail. On a jamais dû dire à Peter Jackson à quoi servait une lance. Cela fait donc 6 armées dans la bataille ! Sans compter Béorn, l’homme capable de se changer en ours, qui débarque aussi pour distribuer des claques. Sachant que c’est une armée à lui seul, peut-on dire 7 armées ? En fait, combien de temps y a-t-il eu 5 armées ? Est-ce que le titre du film serait du foutage de gueule ? Attendez, je pense au film en lui-même… hmmm, je crois qu’un schéma se dessine. Mais passons.

Bilbo se réveille sur ces entrefaites et apercevant Thorin en piètre état, file donc à son chevet.

« Thorin ! Thorin, accroche-toi mon vieux ! Les aigles sont là !« 

Je vous laisse remplacer « aigles » par « hélicoptères » pour vous donner une petite idée de la qualité de cette scène tragique. Et encore, je ne vous parle pas des prothèses de pieds de Bilbo qui changent de couleur et de pilosité en fonction des plans ou des yeux de Thorin qui passent du bleu glacial au vert herbeux là aussi selon une formule connue de la seule réalisation. Mais, faisons fi de tous ces ratages et écoutons plutôt ce que nos amis ont à dire.

« Bilbo… Bilbo…
– Thorin, accrochez-vous ! 
– Bilbo, je voulais vous dire… je regrette mes paroles de colère… vous avez agi en ami. En vrai ami. Je veux que nous nous séparions en amis.
– Personne ne va se séparer. Médeciiiiiiiin !
– Laissez tomber Bilbo. De toute manière, je veux quitter ce film. 
– Mais enfin, pourquoi ? C’est presque fini ! La réalisation ne pourra pas encore rater beaucoup de choses !
– Ah oui ? Regardez, Bilbo. Regardez en contrebas, vers la vallée, que voyez-vous ?
– Hé bien… la bataille gagnée… les armées orques qui se replient par les trous béants dans la montagne par lesquels ils étaient arrivés…
– Rien ne vous choque ?
– Bah non.
– Regardez, sombre con ! Regardez la vitesse à laquelle ils se déplacent ! Nous sommes super loin et pourtant ils regagnent leurs trous en quelques secondes alors que cela représentait des centaines et des centaines de mètres ! Tout le monde est en train de courir à 250 kilomètres heures !
– Ah tiens, oui. 
– Vous comprenez maintenant ? Allez, laissez-moi mourir. Argh. Et même, Marion Cotillargh.
– Thorin ? Thorin ? NAAAAAAAAOOOOOOOOOOON ! »

Quelle tristesse ! La bataille est gagnée, mais à quel prix ? C’est aussi ce que se dit Legolas lorsqu’il est rejoint par son père, Thranduil.

« Bravo, mon fils. On a gagné. Que dirais-tu que nous fêtions ça comme de vrais elfes ? 
– En nous frottant sensuellement en slip les uns contre les autres en buvant des boissons sans alcool ?
– Oui ! J’ai même demandé à mes hommes de préparer des serviettes éponges pour nous faire claquer les fesses !
– Je… bon, écoute papounet.
– Oui ?
– Ça me fait vraiment rêver tout ça, mais après toutes ces aventures, je crois que je veux partir seul à l’aventure.
– Ha. Bon. Hé bien si tel est le cas, tu devrais partir vers le Nord.
– Pour les frites ?
– Non. Au Nord se trouve un grand homme : Arathorn. Il a un fils, un rôdeur qui se fait appeler Grand-Pas. Tu devras découvrir son vrai nom par toi-même mais… il est encore jeune mais promet de devenir quelqu’un de bien !
– Je…
– Oui ?
– Bon. Comment te dire ? Déjà, c’est pas complètement artificiel ce dialogue ? Pourquoi m’envoyer spécialement là-bas ?
– Heu… je ne sais pas, ça sonnait cool ? Et puis c’est un clin d’œil aux fans, parce que Grand-Pas, c’est Aragorn ! 
– Sauf que je ne suis pas supposé le rencontrer. Principalement parce qu’en fait, il n’est pas encore né, ou alors tout au mieux il doit avoir dix ans. Probablement qu’il est rôdeur, certes, mais sûrement dans une couille.
– Ho. Bon. Bah… c’est fini alors ?
– J’espère. »

Cours Diego ! Cours bon dieu ! Le tombeau de Tolkien va exploser !

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La prochaine trilogie de Peter Jackson : « Aragorn – The early years »

Tout cela achevé, retrouvons donc Bilbo à la porte d’Erebor, quelques heures plus tard.

« Bon ben… tout est fini les mecs. Je sais que vous allez conter des légendes pour honorer la mémoire de Thorin, mais moi, je dois rentrer chez moi avec Gandalf. Au revoir les gars ! Et n’hésitez pas à passer à la maison.
– Au revoir, Bilbo ! C’est dommage de se quitter si vite !
– Ho, Balin, ça fait trois films quand même.
– Non, ce que je veux dire, c’est que c’est justement dommage de s’être tapé trois films surgonflés au rien et de zapper la séquence finale. Alors, on le partage ou pas, le trésor d’Erebor ? Qui va en devenir roi ? Comment va-t-on le repeupler ? Et l’Arkenstone alors, elle devient quoi ? Et le cadavre de Smaug, tout le monde s’en fout ? Tu sais en fait, un peu toutes les raisons pour lesquelles on est venu jusqu’ici, tout ça tout ça.
– Je comprends. Mais il fallait choisir entre ça et Legolas qui vole sur des escaliers invisibles. Peter Jackson a choisi. »

Gandalf et la doublure de Bilbo qui ne lui ressemble pas reprennent donc la route une dernière fois jusqu’à arriver à la frontière de La Comté, où les deux se séparent, car on aime pas trop les étrangers à La Comté, surtout ces fainéants de magicien qui squattent les bancs pour fumer la pipe, abordent les hobbits à grands renforts de « Hééé pssst, ça t’dirait une aventure ? » et de manière générale, multiplient les incivilités. Gandalf explique tout de même à Bilbo qu’il n’est pas dupe.

« Au revoir Bilbo ! Au fait, me prends pas pour un con : je sais que tu as trouvé un anneau magique.
– Ahahaha, en effet Gandalf ! 
– Mais je t’aime bien alors n’en parlons plus. J’ai été capturé par Sauron, torturé, mais étudier ton anneau magique qui pourrait être le sien ou au moins un de ceux qu’il a forgé ne m’intéresse pas, et je trouve que ce n’est pas du tout dangereux de te laisser avec.
– Non mais, je l’ai perdu en fait, hohoho.
– Mouais. Allez, salut Bilbo !« 

Et Bilbo rentre donc chez lui. Pour mieux découvrir que présumé mort, on a mis toutes ses affaires aux enchères ! Bilbo prouve donc qu’il est bien lui-même en présentant sa carte vitale, fait quelques doigts et insulte une paire de mères, et cela fait, rentre donc chez lui sans être plus ennuyé. Il retrouve son foyer, heureux, et s’y installe paisiblement… l’anneau avec lui, car il a bien évidemment menti à Gandalf ! Les années passent et nous retrouvons Bilbo, désormais fort âgé, qui s’apprête à célébrer son anniversaire. Lorsque soudain, on frappe à sa porte… c’est Gandalf !

Tous deux se retrouvent joyeusement alors que dans l’ombre, une nouvelle aventure se prépare pour les hobbits et l’anneau et…

… FIN !

Voire « Enfin« , si je puis dire

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« Et puis, tout de suite en exclusivité pour la BBC, les premières images de la terrible explosion qui a ravagé le quartier de Wolvercote, à Oxford. Pour l’instant, l’origine de l’explosion reste inconnue, mais les enquêteurs du service de déminage privilégient l’hypothèse d’une bombe cachée dans une tombe du cimetière local. Plusieurs témoins affirment avoir vu une lumière aveuglante au-dessus de la sépulture de JRR Tolkien, avant qu’une onde de choc ne ravage le quartier. La police est parvenue à arrêter deux suspects qui s’enfuyaient en berline en hurlant. L’un d’entre eux aurait affirmé :

« Ce n’est pas moi, le terroriste. C’est Peter Jackson ! »

Et puis, actualité toujours, le célèbre réalisateur Peter Jackson vient d’annoncer qu’il adapterait bien « Petit Ours Brun pose une pêche » au cinéma. Il évoque déjà 4 films pour retranscrire toute l’ambiance sombre et oppressante de cet ouvrage de 14 pages, dont 7 dessinées. D’ores et déjà, on attend fébrilement la bande-annonce.« 

Et nul doute que la qualité sera la même.


Jupiler Ascending

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« Alors, c’est l’histoire d’une princesse…
– Mais les méchants ils tuent son PÈRE avec des GROS FLINGUES !
– Alors elle est pauvre et triste. Mais heureusement le prince…
– Il vient la chercher avec son GROS FLINGUE !
– Mais ensuite, sa cruelle famille veut…
– LA TUER avec des GROS FLINGUES de l’ESPACE ! 
– C’est pour ça qu’un dragon vient…
– Essayer de la TUER avec un GROS FLINGUE !
– Mais le prince part la sauver…
– Avec son VAISSEAU de l’ESPACE et pioupioupiou ! Pioupioupioupioupiou ! Pioupiou ! Et BOOOOOOM !
– Du coup ils se font des bisous, et fin. »

Contrairement aux apparences, ceci n’est pas le résumé d’une partie de Il était une fois dans les couloirs d’une COTOREP mais, je le crains, le dialogue complet qui a eu lieu au sein du duo Wachowski pour l’écriture complète de Jupiter Ascending. Si quelqu’un a une meilleure explication qui n’implique pas d’utilisation massive de drogue, ou l’intervention du scénariste d’Axe Cop, je suis preneur.

Alors, Jupiter Ascending, perle de science-fiction ou blague à 175 millions de dollars ?

Spoilons, mes bons !

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L’affiche. Pas de flammes, j’en conviens. Mais du lens flare. Soit ce que l’on retrouve d’habitude dans des powerpoints. J’aurais dû me méfier.

Notre film s’ouvre sur notre bon vieux XXIe siècle, alors qu’une jeune femme rêvasse sur un balcon de Chicago.

Cette femme, c’est Jupiter, notre héroïne, et à cet instant précis, elle est en train de faire le point sur sa vie un peu pourrie ce qui implique un retour en arrière commenté en voix off… retournons donc au XXe siècle, du coup. Car en ce temps là, figurez-vous qu’à Moscou, une mathématicienne de talent est un soir tombée amoureuse d’un astrophysicien un peu rêveur. Tous deux ont donc décidé de se faire des bisous dans un premier temps, puis de faire la brouette péruvienne dans un second. Mais suite à une erreur de montage dans ladite brouette, conséquence il y eut puisqu’un enfant fut conçu. Seulement voilà, alors que Maman Jupiter était enceinte et que Papa Jupiter était en train de dire « Tiens, si on appelait notre fille Jupiter pour que toute sa vie on lui fasse des remarques désobligeantes sur son prénom ? » des méchants bandits russes débarquent dans l’appartement, cassent un peu tout et surtout, tentent de piquer le télescope familial.

Papa Jupiter n’est pas content : défoncer sa porte, oui, menacer sa femme, d’accord, mais s’en prendre à son télescope, alors ça, jamais ! Le sens des priorités, les enfants.

Il s’interpose donc et reçoit en guise de médaille une balle dans le poitrail. Ce qui se révèle vaguement mortel. Et lui permet de bénéficier du bonus des morts : puisque sa dernière volonté était d’appeler sa fille à naître Jupiter, alors ce sera le cas. Hé bien heureusement que sa dernière blague avant de mourir n’a pas été « J’appellerais bien notre fille Uranus en hommage au soir de sa conception. » sinon nous avions un grand gagnant. Enfin en tout cas, pour une vie perdue, une vie gâchée, j’ai envie de dire bravo.

Maman Jupiter décide donc que tiens, puisqu’elle vient de perdre son mari et qu’elle se retrouve seule, et si elle quittait son poste de super mathématicienne à l’université pour partir clandestinement sur un cargo vers les Etats-Unis, le tout enceinte jusqu’aux yeux et en abandonnant toutes ses ressources ? Mais quelle idée extraordinaire ! Pendant que les spectateurs se demandent d’où sort cette idée débile, le film se poursuit et nous explique que Jupiter est née au beau milieu de l’océan, donc sans pays, tout ça tout ça, à part éventuellement l’Atlantide (ce qui en fait la deuxième citoyenne officielle, juste après Sandra Oh, célèbre actrice de Grey’s Anatomy aussi connu comme le premier ambassadeur humanoïde du peuple des mérous).

Mais aujourd’hui alors ? Hé bien, grâce à l’idée géniale de Maman Jupiter, toute la petite famille qui a émigré aux Etats-Unis avec oncles, cousins et compagnie a désormais une merveilleuse entreprise de nettoyage. Jupiter est donc femme de ménage en situation plus ou moins illégale, et récure des toilettes avec bonheur en se levant chaque matin à 4:45 en répétant « Je hais ma vie. » quel manque de positive attitude ! Que dirait Lorie si elle te voyait, friponne ?

Tenez, éloignons-nous de ces ondes négatives et filons plutôt à l’autre bout de l’espace, par exemple sur Cyclotron-XXXII

Car la planète est déserte. La civilisation qui était là, visiblement bien différente de la nôtre, a disparu (mais on trouve quand même des Smarts abandonnées dans les rues ; intéressant, il y a un accessoiriste qui ne s’est pas fait chier). Et au milieu d’une rue un peu moins vide, nous retrouvons trois personnages en tenues kitschs qui discutent joyeusement. Mais, laissez-moi vous les présenter.

Il y a là Titus Vilain, jeune, beau, séduisant et visiblement très ambitieux. Il est en train de s’entretenir avec sa sœur, Kalique Vilain, qui elle est une jeune actrice grimée en vieille. Nous verrons que ça a une utilité plus tard, mais j’aimerais surtout vous parler du troisième larron, Balem Vilain. Balem est un jeune acteur grimé en vieux lui aussi. Et tout le long du film, il se force du coup à parler avec une voix de vieux. Et c’est très, très mal joué. On dirait un adolescent qui essaie d’imiter le parrain ou qui a un gros mal de gorge. Du coup, j’ai passé tout le film à lapider l’écran à coups de Strepsil à chaque fois que ce gros naze y apparaissait.

Non mais vraiment, que s’est-il passé ? Qui a eu cette idée stupide ? Comment est-ce qu’un truc pareil peut encore être accepté en dehors d’une pièce de théâtre de collège ?

Bon, allez, avançons et écoutons plutôt ce qu’ils se racontent.

« … ah, encore une planète déserte après une moisson ! Mais la récolte a été bonne ! J’ai entendu dire que c’était sans douleur pour la population.
– De toute manière, on s’en tape puisque l’on est méchants.
– Ah oui, c’est vrai.
– Titus ! Kalique ! Vous êtes là ! 
– Oui… tu tombes bien Balem, je voulais te parler.
– Que puis-je pour toi Titus ?
– Hé bien depuis la mort de notre mère et la division de son empire entre nous tous, je me souviens qu’il y avait une planète qu’elle aimait beaucoup. La Terre. Je crois que c’est toi qui l’a eue en héritage, Balem ? Tu ne voudrais pas me la donner ou l’échanger contre une planète que j’ai en double, tu vois, en souvenir de maman…
– Oui alors Titus, tu es bien gentil, mais n’essaie pas de m’entuber, hein. La Terre vaut super, super cher. Donc va chier, tiens.
– Commeeeeeeent ? Elle vaut cheeeeer ? Hooooooooo ! Je ne le savaiiiis paaaaaas ! 
– Tu joues aussi bien le menteur que moi le vieux. C’est formidable. »

Et nos larrons se dispersent donc tranquillement après cet échange.

L’occasion de retourner sur Terre, car alors que Jupiter continue de faire briller les toilettes d’autrui, dans une ruelle, trois mystérieux personnages avec des armes futuristes observent un quatrième galopin qui se balade dans la rue au-dessous d’eux. Comment je sais qu’ils sont futuristes, ou en tout cas, technologiquement avancés ? Hé bien c’est très simple : ils sont über-kitsch. Et dans ce film, 90% de tout ce qui n’est pas terrien est forcément kitsch, jusqu’à en avoir les yeux qui pleurent. Par exemple, visiblement dans le futur, les armes sont couvertes de LEDs de toutes les couleurs. Rien qu’armer son flingue, ça allume trois loupiotes, fait clignoter le canon, tourner deux gyrophares et il ne manque plus qu’à ce que le bousin se mette à jouer la Cucaracha pour que l’effet soit parfait. Même dans une partie de Laser Game, les combattants font moins de lumière. Heureusement qu’ici, tout le monde a l’air de vouloir se faire discret, après tout, ce n’est pas comme si toutes leurs armes les rendaient plus visibles qu’un char de la Gay Pride au milieu d’une rue de Pyongyang.

Bref.

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Notez que le héros n’oriente pas son bouclier en direction de ses ennemis (puisque c’est la même direction que son pistolet, logiquement), mais que les méchants s’efforcent quand même de tirer sur sa seule protection. Sympa.

Les larrons-punks qui observent le Monsieur en contrebas arment donc leurs pétards pendant que l’homme au bas de la rue pénètre discrètement dans une clinique locale via la porte arrière. Il y retrouve un dossier particulier, qu’il étudie, avant de partir… et devine grâce à son super odorat/instinct/pouvoir de divination qu’une embuscade l’attend à la sortie. Il active donc son pistolet à piou-piou (sic), allume son bouclier magique de poignet (re-sic) et surtout, allume ses rollers volants (sic-sic fraülein).

Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Bon. Hé bien voilà, trois espèces de crypto-anarchistes de l’espace se battent avec un mec qui vole dans les airs grâce à ses babouches magiques, tout le monde échange des tirs, personne ne meurt et… hé bien c’est tout. Voilà voilà. Merci d’être venus. Ah, si, tout de même : les trois filous qui attendaient le coquin en embuscade s’exclament « Il cherche la même fille que nous ! Allons prévenir le seigneur Balem !« 

Et donc, celui que l’on appellera Lord Ricola puisque rien qu’y repenser me rend fou, au même moment en vacances dans son palais kitschouille doré de Jupiter (la planète, pas la fille), donne l’ordre : « Retrouvez la fille et tuez-là.« 

Revenons donc à Jupiter, qui récure donc tranquillement ses watères et rêvasse à une vie meilleure, comme par exemple star de la télé-réalité. Jusqu’au jour où alors qu’une cliente lui demande des conseils sur comment s’habiller pour aller à un rendez-vous avec un mec pété de thunes (Jupiter est femme de ménage, elle doit bien savoir comment faire briller une cruche), des extra-terrestres façon petits gris débarquent, neutralisent la riche donzelle et commencent à l’examiner sous toutes les coutures avant d’être un peu déçus : ils ont un pistolet qui analyse son ADN et leur dit que non, ce n’est pas la fille qu’ils cherchent. Jupiter, qui était dans la pièce d’à côté au même moment, reste cachée en voyant la chose et commence à filmer avec son iPhone (elle est très pauvre mais a quand même un bousin neuf, chut). Seulement voilà, au même moment, quelqu’un l’appelle pour lui proposer de lui racheter son or/lui vendre de nouvelles fenêtres pour sa maison/lui proposer un diagnostic énergétique, et son téléphone se met donc à hurler. Les aliens qui examinaient la cliente entendent donc soudain « Tournez les serviettes ! » provenir de la pièce voisine et y aperçoivent donc Jupiter… sur laquelle ils sautent. Pouf.

Jupiter se réveille un peu plus tard sans que quoi que ce soit ne lui soit arrivé. Sa cliente a fini de se changer, Jupiter va bien, et tout le monde se sépare en se disant avoir rêvé. Notre héroïne rentre donc chez elle où elle rêvasse devant son ordinateur à hésiter à acheter un télescope à 3 500 dollars qui est la réplique exacte de celui de son père.

Modèle qu’elle n’a jamais vu, rappelons-le, puisqu’elle n’était pas née quand il a été volé, mais bon, elle est comme ça, Jupiter.

Et son cousin Vlad débarque pour lui proposer une super affaire :

« Hé, cousine, tu as réfléchi à ma super proposition ? De vendre tes ovules à 15 000 dollars ? 10 000 pour moi, 5 000 pour toi ? Et ce n’est pas du tout une arnaque ?
– Oui, j’ai déjà déposé mes échantillons à la clinique sous le nom d’une cliente pour éviter les emmerdes… mais je ne sais pas.
– Allez !
– Mais…
– Alleeeeeez !
– Bon, d’accord. »

Et Jupiter d’accepter parce qu’elle le veut, ce pognon, sacrebleu. Elle s’en va donc un peu plus tard à la fameuse clinique où visiblement, beaucoup de gens s’intéressaient au dossier qu’elle avait laissé sous un faux nom, et s’apprête à subir l’opération dans la joie et la bonne humeur lorsque soudain, elle remarque que les médecins utilisent des instruments d’une technologie qu’elle ne connait pas. Pire, elle a l’impression de voir leurs visages changer pour ceux de petits gris ! Mon dieu ! Ils l’ont attachée, c’est un piège ! Serre tes sphincters ma petite, on les connait ces gens-là ! L’un d’entre eux sort son pistolet à ADN, pique la bougresse et confirme :

« C’est elle ! Tuez-la.« 

Et plutôt que de lui mettre une grosse balle dans la tête, un coup de scalpel dans la gorge ou autre, ils se sont embêtés à lui mettre un masque dans lequel ils coupent l’oxygène. Jupiter va-t-elle mourir comme un de ces vulgaires étrons qu’elle chassait à coup de balai ? Non ! Car soudain, la porte de la salle d’opération saute et entre un homme en rollers volants armé d’un bouclier et d’un pistolet à piou-piou que nous avons déjà vu qui neutralise les aliens déguisés avant de libérer Jupiter, inconsciente, qu’il emmène avec lui.

Alors que moi quand je fais ça, tout le monde appelle la police. C’est vraiment dégueulasse. C’est parce que je n’ai pas de babouches magiques, c’est ça ?

En tout cas, non, Jupiter ne se réveille pas dans un sous-bois, à ma grande déception, mais tout en haut d’un immeuble avec près d’elle son sauveur, occupé à travailler sur on ne sait quoi. Près d’elle, il a laissé un pistolet pour la « rassurer« , ce qui est particulièrement con, notons-le. Sitôt Jupiter réveillée, la conversation s’engage.

« Qui êtes-vous ? Où suis-je ? Que me voulaient ces gens ? 
– Du calme, Jupiter. Je me nomme Caine, et je vous ai sauvée de gens qui voulaient vous tuer.
– D’accord, mais pourquoi vous avez les oreilles pointues, une drôle de tête, un bouc moche et l’air débile ?
– Parce que ce film a une direction artistique qui fait peur. 
– C’est vrai, on dirait de vieux épisodes de Star Trek.
– C’est bien mon opinion.
– Bon mais sinon, une explication ?
– Soit. Je disais donc m’appeler Caine. Je suis un lycanthe, un humain génétiquement modifié avec des gènes de loup. J’ai été engagé par Titus Vilain pour vous retrouver. Ceux qui tentent de vous tuer sont au service de Lord Ricola son frère. 
– Mais je ne les connais pas ! Je n’ai rien à voir avec tout ça ! 
– Hélas, il semblerait que si. Quant aux Petits Gris que vous avez vus, ce sont des espions dispersés sur toutes les planètes de l’univers. Ici, tout comme moi, ils ont retrouvé la trace de votre ADN grâce aux échantillons que vous aviez laissé à la clinique. Mais sous un faux nom, d’où le fait qu’ils soient remontés jusqu’à la mauvaise personne. Vous avez la preuve que je dis la vérité dans votre téléphone : ils ont effacé votre mémoire, mais la photo est encore là !
– Ho, vous dites vrai ! Mais juste une question alors.
– Oui ?
– Sachant que je me suis fait repérer chez ma cliente quand ils étaient là. Qu’ils me cherchaient. Qu’ils avaient leur pistolet à ADN. Bref, qu’ils avaient tout ce qu’il fallait pour m’identifier, comment se fait-il que lorsqu’ils m’ont choppée, ils ne m’aient pas tuée ?
– Hé bien je… heu…
– Je vois. Donc en fait, selon toute vraisemblance, le film aurait déjà dû s’arrêter il y a plusieurs scènes ?
– Oui.
– Bon. Cassons-nous. »

Se casser, oui ! Sauf qu’il y a un problème. Si Caine a bien signalé à Titus qu’il avait trouvé la fille, et que Titus a bien fait envoyer un transport, Lord Ricola a lui aussi appris que ses agents avaient échoué. Il demande donc au commandant de ses forces armées, une sorte d’être draconique, de mettre la planète Terre sous blocus et d’abattre tout ce qui tente d’y entrer ou d’en sortir. Résultat, lorsque Caine et Jupiter sortent de leur planque et commence à s’élever dans les airs, soulevés par le rayon tracteur magique d’un transport en mode invisible, d’autre appareils débarquent et se révèlent : des chasseurs ! Pilotés par des Petits Gris, ils abattent le transport puis poursuivent nos héros en détruisant la moitié de Chicago ce faisant. À noter qu’en fonction des plans, les immeubles sont impeccables ou endommagés, les épaves de voitures disparaissent, les trucs détruits se reconstruisent… bref, c’est long, c’est plein d’effets spéciaux, mais oups, hihihi, on a juste oublié de faire attention au script, c’est bête.

JUPITER ASCENDING

« Bon les gars, assassins ou non, on reste des Petits Gris : posons-lui une sonde anale d’abord, c’est un peu notre signature. »

Après moult péripéties que je vous passe, toutes plus improbables les unes que les autres, nos deux héros triomphent des Petits Gris et le lendemain matin, fuient la ville à bord d’une voiture volée. Dans le rétroviseur, Jupiter constate que tout ce qui a été endommagé se reconstruit brutalement à la vitesse de l’éclair (et là, c’est prévu par le script, ce n’est pas un oubli, profitez-en) et Caine explique ce qu’il en est : les Petits Gris effacent les dégâts et les mémoires de toute la population en quelques secondes seulement !

C’est dommage que du coup, ils ne sachent pas effacer une photo dans un iPhone à côté de ça. Un détail là encore car du coup, des millions de Go de vidéos, de reportages télévisés & co vont rester accessibles et montrer qu’il y a eu quelque chose de vraiment louche. Et je ne vous parle pas des centaines de morts : ils les expliquent comment ? D’ailleurs, ils effacent aussi la mémoire des gens à l’autre bout du monde qui ont vu les images retransmises toute la nuit ? Les appels téléphoniques et les messages envoyés par des gens paniqués ?

Mais le film se passe de ce genre de détails, après tout, ça pourrait juste faire basculer l’intrigue avec l’humanité qui se rend compte qu’elle a été attaquée par des extra-terrestres, pourquoi s’en préoccuper ? On a qu’à dire que les Petits Gris on un BTS de maçonnerie et du GHB, et pouf, c’est plié.

Toujours est-il que nos héros, eux, continuent d’enquiller les poncifs avec le célèbre :

« Mon dieu Caine, maintenant que nous sommes au calme, je me rends compte que vous êtes blessé !
– Ne vous inquiétez pas Jupiter, ce n’est rien de grave.
– J’imagine, oui, parce que mine de rien vous perdez du sang, il faisait nuit lorsque la bataille aérienne a eu lieu et maintenant il fait grand jour, alors si ça fait 8 heures que vous saignez sans que je ne le remarque, c’est qu’effectivement, ça ne doit pas être bien grave.
– Je… bon… je veux bien que vous appliquiez quand même quelque chose sur mon torse musclé pour faire une scène de dragounette.
« 

Et notre héroïne trouve donc une serviette hygiénique dans la voiture, qu’elle applique sur la plaie. Voilà voilà. La prochaine fois, nous découvrirons comment arrêter une hémorragie post-amputation avec un Tampax. La chose faite, la route se poursuit jusqu’à une ferme en ruine où semble-t-il, un apiculteur doit encore opérer puisqu’il y a des ruches partout. Et pas artificielles, hein : des ruches naturelles. Jupiter s’inquiète un peu.

« Mais où m’emmenez-vous, en fait ? Voir votre fameux Titus Vilain ?
– Non. Le vaisseau qui devait nous y emmener a été détruit hier soir, vous l’avez vu. Alors changement de plan : je vous emmène voir un membre de la police de l’espace.
– La police de l’espace.
– Ui. Ze Spayce Maraychaussay. Vu que tout a tourné au n’importe quoi, je pense qu’on peut leur faire confiance. »

Et Caine de frapper à la porte pour voir apparaître…

« SEAN BEAN !
– Oui, c’est moi ? Mais en fait, là je suis un policier de l’espace très original puisqu’ancien camarade à l’armée du héros et que…
– On s’en fout ! C’est incroyable Monsieur Bean, je suis désolée pour vous !
– De ?
– Hé bien dans tous les films et toutes les séries où vous êtes vous mourrez toujours avant la fin ! Alors je suis désolée pour vous !
– Bon, si nous passions plutôt à la suite de l’intrigue ?
– Si vous voulez, mais vous vous rapprochez de votre mort, du coup.
– Taisez-vous ! Bon, d’abord, je vais m’engueuler un peu avec Caine pour montrer qu’il y a une tension virile entre nous. Vilaiiiin Caine ! Et ensuite je vais… ho ! Regardez, les abeilles !
– Quoi ?
– Elles font amie-amie avec vous, Jupiter ! Les abeilles savent naturellement reconnaître la royauté, vous êtes donc… NOTRE REINE !« 

Et Sean Bean de mettre genou à terre.

En tout cas, je suis content de savoir que A) Sean Bean avait décidé de s’installer comme ça, hop, au beau milieu des abeilles, des fois qu’au hasard une personne-de-sang-royal-qui-ne-le-sache-pas puisse le découvrir (quelle coïncidence, tout de même !) B) les abeilles reconnaissent la royauté ce qui doit être très pratique en cas de disputes autour d’un trône : il suffit de mettre une ruche sur la gueule de chaque candidat, le seul qui n’en meurt pas a gagné C) c’est moi ou ce film est de plus en plus con ?

Sean Bean invite donc Caine et Jupiter à rester à l’abri chez lui pendant qu’il contacte la police de l’espace sur sa CB du futur. Il en profite pour parler un peu seul à seul avec Jupiter lors de dialogues parfaitement naturels.

« Jupiter, vous voulez un café ?
– AHLALA CAINE A DRÔLEMENT CHANGÉ DEPUIS NOTRE RENCONTRE HIER SOIR POURRIEZ-VOUS ME RACONTER SA VIE AVEC TOUS LES DÉTAILS ?
– Que… non mais… un sucre ou deux ?
– COMMENT ? QUE NOUS ALLIONS NOUS ISOLER POUR EN PARLER PENDANT QUE CAINE SE PROMÈNE TORSE-NU DANS LA MAISON ? D’ACCORD !« 

Et Sean Bean de raconter toute la véritable histoire à Jupiter.

JUPITER ASCENDING

Heureusement que c’est la première fois de sa vie que Jupiter croise des abeilles. Sinon, elle était grillée bien plus tôt, et probablement tuée. Quelle chance !

« Jupiter, laissez-moi reprendre les choses dans l’ordre. Pour commencer, l’Humanité ne se limite pas à la Terre. En fait, la Terre n’est qu’une planète colonisée il y a bien longtemps. Le monde d’origine de notre race s’appelle Horus et est très très loin d’ici. Nous avons colonisé une bonne partie de l’univers connu. Et la Terre, au départ, était peuplée de créatures du genre lézard, que nous avons exterminés pour pouvoir installer une…
– Vous avez buté les dinosaures ?
– Oui. Puis nous avons mêlé l’ADN humain à celui d’une espèce indigène pour favoriser votre reproduction sur cette planète et…« 

Moi j’aurais été curieux de savoir « Quelle espèce ? » des fois que le type nous apprenne qu’en fait, on descende du hamster nain, mais bon.

« Quant à Caine… Caine est solitaire… mystérieux…
– Ça suffit de le survendre, oui ?
– C’est un lycanthe. Son ADN a été mêlé à celui d’un loup pour en faire un soldat. Mais contrairement aux autres, lui est né en partie albinos.
– Mouais. Ça se voit moyennement.
– Du coup sa meute l’a rejeté. Il est donc seul et prêt à tout. Dangereux aussi : il a égorgé à coups de dents une personne de sang royal. Comme ça, sans raison.
– Il est con, en fait, non ?
– Bref. J’étais son supérieur à l’époque. J’ai pris la responsabilité. Du coup, lui et moi avons été chassés de l’armée. Et avant, nous avions des ailes artificielles dans le dos pour mieux combattre. Mais elles nous ont été retirées à notre départ de l’armée. Notre rêve est de les retrouver. D’où la petite tension entre Caine et moi, car c’est à cause de lui que j’ai perdu les miennes.
– Dites-moi, une histoire de mec qui s’appelle « Caine », qui perd ses ailes et tombe de l’espace pour se retrouver sur Terre… est-ce qu’à tout hasard les gens derrière ce film n’auraient strictement aucune imagination et seraient en train de nous pondre une sorte de resucée Biblico-Murica des plus grossières ?
– Quoi ? Que… mais… pas du tout !
– Bon, vous savez quoi ? On s’en fout. On fait quoi maintenant ?
– Demain matin, la police de l’espace va arriver avec un croiseur et vous emmener en sécurité. Si vous êtes de sang royal, vous avez un titre à réclamer, votre Majesté.
– Ho mais vous savez, je ne suis qu’une humble récureuse de watères, je ne suis pas sûr d’être prête pour tout ça…« 

Soit.

Mais Caine, lui, trouve qu’il y a des questions plus pressantes à régler. Comme par exemple, les vilains punks de l’espace qui lui avaient déjà tendu une embuscade une fois près de la clinique qui sont en train de s’approcher de la ferme. Accompagnés d’une armée de petits gris. Alerte !

Tout le monde file donc à son poste de combat, et c’est donc parti pour du piou-piou et du roller volant dans tous les sens. Les méchants parviennent cependant à isoler Jupiter, et aidés de son énorme canon à onde de choc pour assommer les cibles, l’un des punks la met au sol. Mais au moment où les petits gris et ledit punk vont pour achever notre héroïne au sol… les deux autres spatio-kepons tuent les petits gris et leur copain avant de s’enfuir avec la belle inconsciente ! Ils ont trahi !

J’imagine bien comment ça a dû se passer juste avant de partir en mission chez nos amis punks.

« Bon, donc la mission c’est de tuer la fille, c’est ça ? Traître 1 ? Traître 2 ? 
– Oui oui, c’eeeest ça. Ho, et tiens, si tu t’armais de ce fusil qui ne tue pas pour y aller ? Tu sais, celui qui est tout lent à utiliser et ne tue personne et se contente d’assommer ?
– Quelle bonne idée les amis ! Au lieu d’avoir un flingue qui tire et tue vite, une arme lente et non-létale ! Pour un assassinat, ça me paraît idéal !
– Pffrrrrr…
– Pourquoi vous rigolez ? Dites ? »

Sérieusement ?

Qu’importe : deux filous s’enfuient donc avec Jupiter, et Caine court donc à la poursuite des kidnappeurs avant de parvenir à se cacher dans le train d’atterrissage de leur vaisseau au moment où il décolle, tel un candidat inconscient à l’immigration. À noter que visiblement, ici, le train d’atterrissage doit être chauffé et oxygéné, car notre héros traversera l’espace sans aucun souci. Quelle chance, vraiment ! Le retrouver tout mort et tout sec au moment de sortir le train aurait été plus rigolo.

D’ailleurs, vous vous souvenez de Lord Ricola qui avait ordonné un blocus sur la planète Terre ?

Hé bien les punks passent sans problèmes, merci bonsoir. Ils peuvent donc se rendre droit vers une autre planète : Piplouf du Centaure, où notre héroïne reprend connaissance richement vêtue au sein d’un luxueux palais. Tiens ? Mais que fait-elle là ? L’IA avec la voix la plus geignarde de l’histoire du cinéma l’accueille donc d’un « Bienvenue, altesse, vous êtes sur Piplouf du Centaure, planète propriété de Kalique Vilain, la sœur du trio« . Qui vient d’ailleurs accueillir son invitée.

« Bonjour à vous, Jupiter Vilain ! 
– Jupiter Vilain ? Non, non, moi c’est Jupiter Jones, mon père était le fils d’un diplomate anglais à Moscou et…
– Allons ! Je vais tout vous expliquer. Suivez-moi jusqu’à cette statue, là-bas, dans mon palais kitsch. 
– Ho ! Mais c’est une statue de moi ! Enfin c’est ce que dit le script, parce que bon, difficile d’y reconnaître qui que ce soit en fait.
– Hem, oui bon, Jupiter : cette statue est ton sosie. Et tu sais pourquoi ? Parce que c’était une statue de ma mère. Tu es ce que nous appelons une récurrence. 
– Une récurrence ?
– Oui. Le hasard t’a donné une combinaison génétique exactement semblable à celle de ma mère. Elle et toi avez le même ADN. Tu es donc, pour nous, son clone naturel, sa réincarnation.« 

Dans la salle, et surtout après toutes les histoires de « Vous les humains de la Terre, on a croisé votre ADN avec une espèce indigène« , toute personne ayant déjà lu un article sur l’ADN dans Okapi se met à hurler de douleur tant son cerveau lui fait mal.

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Une civilisation de plus de 100 millénaires d’avance sur la nôtre. Une passion commune : la consommation abusive de bougies.

« Ma mère a été assassinée, Jupiter. Ton retour est donc un miracle ! Elle est morte au tout début de son 91e millénaire.
– 91 000 ans ?!
– Et moi, j’en ai 14 004 pour être exacte. Je sais, je ne les fais pas. Allez, viens, je vais te montrer ce qui t’attend, maintenant que tu vas pouvoir réclamer ton rang ! Tiens, par exemple, le secret de ma longue vie ? Le bain de jouvence ! Hop, pif pouf, je rajeunis en passant dedans ! À moi, seins fermes et fesses rebondies !
– C’est incroyable ! Quel dommage que vous n’ayez pas de sei…
– HEMHEMBROUM ! En plongeant dans ce bain, et avec un peu de technologie, nos cellules fatiguées sont remplacées en quelques secondes par de plus jeunes.
– Via du clonage ?
– Non… tu verras, c’est intéressant ! Ah et au fait, si tout le monde veut te tuer, c’est parce qu’en tant que récurrence, ma mère avant son décès avait prévu de léguer un petit cadeau à sa prochaine vie.
– À savoir ?
– La Terre. Tu vas pouvoir revendiquer la Terre, qui sera ta propriété. Et comme mon frère Lord Ricola était jusqu’ici possesseur de ladite planète… il préférerait que tu meures pour éviter de la perdre. »

Mais avant que la discussion n’avance trop, Caine, qui avait quitté discrètement le vaisseau des spatio-punks et qui depuis 10 minutes mitraillait des gardes sans que personne ne l’entende dans le palais, débarque devant Jupiter et Kalique. La tension retombe vite, car Kalique semble presque heureuse de le voir. Et lorsqu’elle apprend que Caine est parvenu à appeler la police de l’espace pour signaler où se trouvait Jupiter, c’est limite la fête. Jupiter patiente donc un peu, et bientôt, un croiseur de la police spatiale vient la chercher, et à son bord, tout le monde l’accueille au garde à vous d’un « Votre altesse ! » martial.

Sachez qu’on ne reverra plus Kalique du film.

Je vais donc en profiter pour tenter de comprendre le plan de Kalique : elle a capturé Jupiter, mais pour mieux la laisser revendiquer la Terre. C’est tout ? On dirait. Je suppose donc que son plan était d’affaiblir Lord Ricola, rien de plus. Mais auquel cas, pourquoi s’emmerder à payer des spatio-punks corrompus pour prendre le risque de briser le blocus de son frère, ce qui aurait pu tuer Jupiter, plutôt que de simplement appeler la police de l’espace pour qu’ils aillent directement sur Terre chercher la bougresse ? Voire payer les punks à ne rien faire, ou mieux, à protéger la damoiselle ?

Bon, même en cherchant bien, son plan était donc complètement con, puisqu’il rajoutait du risque inutilement à une situation qui ne le nécessitait pas. Bon. Hé bien Kalique, merci et au revoir !

À bord du vaisseau de la maréchaussée qui emmène Jupiter vers la planète Horus, siège administratif de l’humanité, Jupiter prend le temps de remercier Caine comme il se doit.

« Vous avez tellement bien veillé sur moi.
– C’était mon devoir, votre altesse.
– Et moi j’ai un peu flashé sur vous.
– Oui mais heu… je suis mystérieux et tout. Et techniquement, j’ai plus de points communs avec un chien qu’avec vous.
– J’adore les ch… quoi ? Qu’est-ce que vous foutez ?
– Et bien, je me traîne l’anus par terre. C’est dans mon ADN.
– Mais bordel, arrêtez ! 
– Ça vous dérange si je vous renifle le cul ?
– Caine, ça suffit, j’ai compris ! Caine !
– Je finis de me masturber contre votre jambe et je vous réponds. »

L’ADN canin. C’est mal. Et encore Jupiter, tu ne l’as pas vu manger les coussins du canapé, gratter pour sortir ou surtout, produire des étrons d’environ deux fois son propre poids.

En tout cas, le vaisseau arrive sur Horus, où Jupiter découvre l’administration locale, supposée être une séquence rigolote du film. Sauf que sans aucune raison, l’administration locale est intégralement équipée en machines façon XIXe siècle, avec des guichets uniques au bout de longs couloirs, des trucs où il faut tourner des manivelles pour obtenir ce que l’on veut, des vêtements poussiéreux de vieux dandy… oui ? Mais sinon, la cohérence avec le reste du film ? Non ? Ah bon, bon.

Jupiter finit donc pas recevoir un tatouage qui bouge et brille dans la nuit et sur lequel on peut voir la Terre tournée, et symbolise ses droits sur ladite planète. Voilà ! Jupiter est impératrice de la Terre. C’est le moment de se séparer, alors, n’est-ce pas Caine ?

« Ben oui…
– Caine, arrêtez, vous avez grave envie de me faire des bisous, je le sais.
– Wouf.
– Si, Caine. Sinon, pourquoi m’avez vous aidée au lieu de m’amener à Titus Vilain comme vous étiez payé pour le faire ? Parce que vous kiffez mon boule, avouez ! »

Mais avant que Caine ne puisse approcher sa truffe humide dudit boule, ou avouer qu’il a déjà quelqu’un dans sa vie, à savoir un cocker nommé Bill, Sean Bean surgit de derrière une benne à ordures (car nos deux héros discutaient dans une ruelle obscure d’Horus sans que l’on sache pourquoi) armé d’un gros fusil et accompagné d’autres larrons.

« Haha ! MOI je vais t’emmener à Titus Vilain, Jupiter !
– Sean Bean ! Vous, un traître !
– Hé bé oui.
– Vous le paierez ! 
– Peut-être, mais pas de suite ! Caine, tu veux venir aussi expliquer à Titus Vilain pourquoi tu l’as trahi alors qu’il t’avait engagé ? Alors viens ! »

Et Sean Bean kidnappe donc Jupiter et Caine qu’il emmène à bord du vaisseau de Titus Vilain, dans un coin tranquille de l’espace…

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« Bienvenue à bord de l’USS Gros Titi. Comme je suis très riche, j’ai beaucoup de goût. Que pensez-vous de mes lévriers en plastoc doré derrière moi ? N’est-ce pas tip top classe ? »

J’en profite pour vous donner des nouvelles de Lord Ricola, qui nous envoie une carte postale car il se sent oublié dans ce spoiler.

Chair Odieux Connart

Tu parle peu de moa, alor que je fait des truc, et sa, s’est pas trés simpa. Parce que tu oublie de dire que pendent se tant, j’ai aussi enkillé des ponssifs. Par exemple, quand j’ai dis au commendant de mais forsses armés : « Si vous échoué encore une foi, je vou tue ! » du cout, tout le monde sé qu’il va échoué encore une fois, sinon ce seré nul ! Tu imajine, toi ? « Ah nan cé bon, vous avez plu merdé, tien, tu a gagnai 5 trimestre pour ta retrète ? » voilà. Donc, ben il a merdai, je l’ai tué et remplassé par son cousin germain quan j’ai appri que Jupiter avait échapper à mon blocus grasse à un trou dans le scripte. Ensuite, je tien à souligner qu’en aprenant que Jupiter avait fui, j’ai compri qu’elle allé revendiquai son titre sur la Terre. Aussi j’ai ordonez que la moisson sur la planète consistant à en kidnappé tous les étres humains commense dés le lendemun comme sa elle héritera d’une planete vider de ces richaisses. Bon, ca fé bien troi jour maintenan vu tout ce kil sé passé, mé tu sé, le script a aussi oublié sa et on n’en parle plus du film. Du kou, je serre à rien. Je m’ennuie. Tu me manque mon choubidou.

Bizou,

Ton Lord Rikola d’amoor

Nous voilà rassurés.

Ces nouvelles de Lord Ricola prises, allons donc voir à bord du vaisseau de Titus Vilain ce qu’il s’y passe. Car à leur arrivée, nos héros sont divisés en deux groupes de un : Caine est discrètement envoyé dans une geôle, alors que Jupiter est accueillie comme une reine et invitée à dîner avec le maître des lieux. Qui lui explique quelles sont ses intentions.

« Titus Vilain, vous m’avez kidnappée, et comme j’ai eu le temps de lire le Space Dalloz en route, je sais que vous n’avez pas le droit. Je vous ordonne de me ramener chez moi, sur Terre.
– Très bien, alors cap sur la Terre ! Je vous ai juste invitée ici pour vous parler.
– C’est complètement crédible.
– Hé, ho, ça va, hein ! Je voulais vous parler du secret de notre jeunesse : saviez-vous avec quoi on refait nos gènes ? Avec des HUMAINS !
– HOBENCAALORS !
– Je ne vous le fais pas dire. C’est ce que nous appelons des « moissons ». Et la Terre a été conçue pour être moissonnée. Ses habitants seront raffinés, et serviront à créer le produit qui nous rend éternellement jeunes. Et ils mourront tous.
– Ho ! Mais c’est mal !
– Oui. Et j’ai ouvert les yeux. J’ai compris moi aussi que c’était mal. Je peux protéger la Terre. Arrêter ce trafic. Pour cela, il suffirait d’une alliance entre vous et moi. De nous marier.
– Attends ! Tu veux te marier avec la réplique exacte de ta mère ? Son clone naturel ?
– Oui.
– As-tu déjà entendu parler de Freud ? Ou à défaut, de Christine Boutin ?« 

Et ce ne serait pas impossible ! Car visiblement, tous les personnages connaissent bien la Terre. Un exemple ? Titus parle à un moment, pour qualifier la relation entre Caine et Jupiter, de « Belle et de Bête« . Un autre exemple ? Je vous spoile le film depuis un moment à présent. Vous avez remarqué comme à aucun moment je n’ai parlé de traducteur ? Hé bien c’est normal : tous les personnages parlent évidemment tous anglais.

Normal on vous dit.

En tout cas, Jupiter hésite quant à la proposition de Titus, car se marier à un inconnu… mais il lui explique que le mariage ici n’a rien à voir avec le mariage terrestre. Ce sera juste un accord officiel. Rien de plus.

Mais pendant que notre héroïne réfléchit sans penser à demander « Mais sinon, vous pouvez aussi m’aider sans nous marier, vous savez ?« , Titus va sortir Caine de sa cellule et l’amène jusqu’à un sas d’évacuation.

« Hahaha, Caine, tu vas mouriiiiiiir !
– Ah bon ?
– Je t’ai enfermé dans ce sas qui va dans quelques secondes s’ouvrir sur l’espace intersidéraaaal ! Et tu mourras ! Hohohohohoho !
– Est-ce que vous réalisez que vous m’avez enfermé dans le sas qui contient toutes les combinaisons de survie ? 
– Oui je…. CHUT ! Que dirais-tu que je fasse quelque chose d’aussi original que te révéler mon plan avant que tu ne meures ?
– …
– Alors, mon plan, c’est d’épouser cette idiote de Jupiter puis de la TUER ! Ainsi, en tant qu’époux, j’hériterai des biens de ma femme… dont la Terre ! Qui est si riche d’humains que je pourrai faire une super moisson et devenir plus riche que riche ! Hohohohohohoho !
– Ecoutez, éjectez-moi mais qu’on en finisse, parce que vous êtes tous complètement cons.
– SOIT !« 

Et pouf, Caine est éjecté dans l’espace ! Mais il a le temps de donner un bon coup de bottes magiques (que personne n’a pensé à lui retirer) dans les casiers à combinaisons, et hop, le voilà entouré de tenues de survie qui flottent autour de lui. Comme elles sont high-tech en plus, il suffit de poser sa main dessus, et pouf ! Elle s’enfilent automatiquement sur vous, et c’est bon ! Caine est sauvé !

Non mais sérieusement. Ils enferment le héros avec les combinaisons de survie ? Personne dans l’équipe n’a pensé à se dire « C’est con ?« . Un peu comme « On va te balancer à la flotte, mais depuis le local à bouées ?« 

Et quelqu’un a mis 175 millions dans ce film ?

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Titus va-t-il penser à demander aux quinze types derrière lui de d’abord tirer sur son prisonnier AVANT de le balancer dans l’espace ?

Titus et son vaisseau abandonnent bien vite notre héros à son sort en se disant que tout cela, ce n’est pas bien grave… mais à peine Titus s’est-il éloigné qu’un autre vaisseau vient secourir notre héros ! La police spatiale ! Caine se réveille donc avec près de lui le commandant Patulacci, chef de passerelle, mais gardien de la paix avant tout.

« A fortiori, vous allez bien, Caine.
– Comment m’avez-vous retrouvé ?
– Nous avons capturé Sean Bean alors qu’il revenait vers Horus. Il a avoué le kidnapping. Et donné les coordonnées auxquelles il vous avait emmené. Et nous voilà.
– Vous avez fait vite, dites-moi !
– A fortiori, oui. »

Et le vaisseau de la maréchaussée de l’univers active donc son gyrophare, mais pas sa sirène parce que dans l’espace, c’est un peu nul, vous ne suivez pas, je vous y prends ! En avant, donc.

Jupiter, elle, convaincue par des arguments aussi puissants que « Allez, steuplé« , a accepté de se marier avec Titus pour sauver la Terre. Et comme décidément, les aliens font tout comme les Américains, un mariage affreusement kitsch se prépare et très rapidement, Jupiter est emmenée dans la… la… la « splendide » chapelle nuptiale du vaisseau ? Où devant tout un tas d’androïdes, une sorte de prêtre (quelle religion, les gens de l’espace ?) se prépare à marier les deux tourtereaux.

C’est sans compter sur le vaisseau de la police qui rattrape celui de Titus à ce moment là !

« Un deux, un deux, test ! Ici la police, veuillez ranger votre vaisseau spatial sur le bas côté et préparer les papiers du véhicule, nous allons monter à bord.« 

Discrètement averti du problème, Titus veut achever le mariage avant que la police ne l’en empêche : vite, retenez les par tous les moyens ! Déployez les bloqueurs !

Les bloqueurs. Parlons-en.

Les bloqueurs, ce sont visiblement des… des pièces de mécano ? Des mines moches ? Qui sortent par milliers et forment un mur entre le vaisseau de Titus et celui de la police. Pardon ? Non, ils n’entourent pas le vaisseau de Titus. Ils font juste un mur. Pas bien haut. Pas bien large. Du coup… hé bien le plan de Caine, aidé de Sean Bean qui explique qu’il n’a trahi que parce sa fille risquait de mourir si elle n’avait pas un remède que seul Titus avait et désormais veut se repentir, consiste à foncer dans le mur tous les deux.

Non, pas à le contourner, non.

Ni à tirer dessus de loin.

À foncer dedans.

Nos deux tacticiens lobotomisés sautent donc dans des robots de combat (…) et filent dans l’espace courageusement affronter un mur de merdes qui les agressent en retour. Chose intéressante, je vous rappelle la situation : la police sait que Jupiter, de sang noble, a été kidnappée. Ils savent qu’elle est dans ce vaisseau. L’USS Gros Titi refuse de coopérer. Mieux, ledit vaisseau essaie par ses défenses de tuer Caius et Sean Bean, tous deux envoyés par la maréchaussée.

Croyez-vous que la police spatiale va dire « Hé les mecs, on nous tire vaguement dessus, si on le signalait ou qu’on appelait du renfort ?« 

Non. Elle s’en fout. Et préfère se faire les ongles pendant une séquence aussi longuette qu’inutile où nos deux héros affrontent courageusement un mur au milieu de l’espace.

J’ai mal rien qu’à l’écrire. C’est fou. Men VS Parpaings. Et ils arrivent à en faire un film.

Caine est le premier à sortir de la masse des bloqueurs et aidé de son gros robot, rentre donc de force dans la chapelle du vaisseau de Titus, évidemment juste à la seconde où le mariage allait être scellé (pas consommé, chut). Que d’efforts scénaristiques ! Et surtout, au passage : mais sinon, comme Caine vient de faire un trou dans la coque, le vide, ça va ? Vous ne devriez pas tous être en train de vous serrer la gorge et d’être aspirés dans le néant ? Non ?

Décidément : les trous du scénarios sont bien plus sympas que ceux dans la coque.

Plus gros, aussi.

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Pour plus de subtilité encore, le vaisseau qu’utilisent les méchants pour kidnapper la princesse est en forme de dragon.

Après avoir mis une paire de taloches à Titus, Caine récupère Jupiter et la ramène à bord du vaisseau de la police. On l’informe que Titus sera puni pour son crime, et qu’en attendant, elle va être ramenée sur Terre, son chez elle. Un peu déprimée par les événements, Jupiter accepte et toute la petite équipe se met en route. Oui mais voilà, au moment où elle rentre dans la maison familiale accompagnée de ses nouveaux amis, Jupiter tombe nez-à-nez… avec les hommes de Lord Ricola !

« Où est ma famille ? hurle la belle.
– Ho… aucune inquiétude. Si vous nous suivez et que vous abdiquez la Terre, Lord Ricola s’assurera qu’il ne lui arrive rien.« 

Bon.

SUIS-JE LE SEUL À AVOIR REMARQUÉ LES DOUZE SPATIO-FLICS DERRIÈRE JUPITER ?

J’entends par là : plus ou moins avouer que vous servez Lord Ricola, qu’il a kidnappé des gens sur une planète qui ne lui appartient plus, et qu’en plus, il s’en sert pour faire chanter l’impératrice locale, ce ne serait pas vaaaaguement illégal, au hasard ? La police ne devrait pas juste les arrêter, voire directement leur blaster la gueule histoire de leur apprendre la politesse ? Non. À la place, ils bavent en faisant des bruits de gorge pendant que Jupiter accepte. Mais la police est autorisée à suivre Jupiter, mais à distance ! C’est vraiment trop sympa.

Jupiter part donc dans le vaisseau des méchants, et le croiseur du commandant Patulacci le suit. Mais alors qu’ils se dirigent vers la planète Jupiter, il faut traverser une sorte de vortex pour traverser l’atmosphère… qui se referme juste après le passage des méchants et de Jupiter ! La police est donc coincée dehors. Va-t-elle avertir son QG, au hasard ? Non.

Non, ils vont plutôt rester là à faire du rien.

Caine déprime à bord, mais pas autant que le spectateur moyen. Il fait donc tous les trucs de lycanthe dépressif : il perd les poils de son bouc, urine sur le canapé du commandant Patulacci voire hurle à la mort dans son panier. Sean Bean, touché par ce spectacle vient le trouver.

« Tu pensais avoir trouvé ta meute, une famille quoi, avec cette Jupiter ?
– Wif wif wouf. 
– Je comprends. À part ce que tu viens de dire sur le concept de libertés individuelles, ou mon avis diverge. Mais je voulais te dire : Jupiter est là. Sur Jupiter. Hihihi… Jupiter est sur Jupiter… ça me rappelle un porno qui… non, attends. Je voulais te dire ! Elle est juste sous ce damné vortex qui mène à la base secrète du méchant Lord Ricola. Alors tu peux rester ici à pleurer. Ou descendre péter la gueule au méchant.« 

Quelle riche idée ! Quel plan complexe !

Hé bien, soit, alors ! Heureusement que Caine n’y avait pas pensé tout seul. En même temps, c’est un chien.

Caine file donc chercher un robot géant, saute dedans, et fonce vers le vortex. S’il est fermé, ça veut dire qu’il va devoir traverser l’atmosphère un peu lourde de Jupiter sans aide. Mais allez, ça va passer et… ça passe, ça alors ! Caine arrive donc à fond les ballons sur la base du méchant, où il pète encore la paroi pour rentrer (décidément !), ce qui fait rentrer l’atmosphère de Jupiter dans la base, qui commence à s’effondrer.

La base du méchant qui s’auto-détruit à la fin lors du sauvetage héroïque ? Là encore, du jamais vu.

Lord Ricola, lui est à ce moment là occupé avec Jupiter (la fille) :

« Jupiter, abdiquez !
– Nan !
– Si !
– Nan !
– Abdiquez où je tue votre famille !
– Hmmm… je… 
– Ah ! Vous hésiteeeez !
– Arrêtez ! Avec vos lèvres surnaturellement lippues et votre voix à la con, vous me déconcentrez !
– Quoi mes lèvres ?
– Je ne sais pas. On dirait un peu Angelina Jolie.
– Ah mais pas du tout ! Qu’est-ce que vous… oh je vois ! Vous tentez de gagner du temps !
– Aussi, oui, mais pour vos lèvres, vraiment. Depuis le début du film, je ne vois que ça, c’est super énervant, ça donne envie de vous demander ce que vous avez bouffé qui provoque une telle réaction allergique. Bon, et puis pour la Terre, je refuse d’abdiquer : si je le fais, vous moissonnerez les gens. Donc tuer ma famille sauvera 7 milliards de vies ! »

C’est à ce moment que le commandant en chef des forces de Lord Ricola arrive.

« Monsieur, une sorte de gros caniche pilotant un robot géant vient de traverser la coque qui protégeait votre base du reste de Jupiter.
– Pourquoi ai-je construit ma base là, moi, déjà ? Bon. Ben évacuez, alors !« 

Et pendant que tout commence à exploser, le vortex s’ouvre pour que le personnel de la base évacue. Le vaisseau de la police se jette donc dans le vortex en sens inverse pour tenter de retrouver Caine et Jupiter et évacuer la famille de la bougresse.

JUPITER ASCENDING

Lord Ricola. Aussi appelé « Lord Knacki » à cause de ses lèvres.

Je vous la fais vite : Caine affronte le commandant en chef de Lord Ricola durant trois plombes, ils font 250 acrobaties à la seconde, et Caine gagne à la fin. Jupiter elle affronte Lord Ricola durant trois plombes, fait 250 acrobaties, et gagne à la fin (à noter que durant le combat, elle blesse à la jambe Lord Ricola, qui est blessé ou non en fonction des plans, boîte, ne boîte plus… c’est assez intéressant un tel niveau de ratage sur la scène qui se veut l’apothéose du film).

Et je vous laisse deviner quand nos deux héros parviennent à quitter la base qui explose ?

« À la dernière seconde » vous dites ?

Vous êtes super forts. Comment avez-vous deviné ?

Pour vous dire où on en est de la caricature, le vaisseau de la police pense que nos deux héros sont morts, jusqu’au moment où ils entendent sur la radio « Haha, on est là et bien en vie ! » et sur la passerelle du commandant Patulacci, tout le monde se met à applaudir, crier de joie, s’enlacer… vraiment, du jamais vu.

La Terre est sauvée. Jupiter aussi. Les méchants sont en déroute. Jupiter va donc pouv…

Que ?

Non. Attendez ?

Jupiter retourne à sa vie terrienne. Sa famille dont la mémoire a été effacée doit donc encore vendre les reins des enfants pour lui payer un télescope (alors qu’elle a désormais des vaisseaux et tout ce qu’elle veut pour aller en orbite), et elle continue à récurer des chiottes. Oui, ça s’appelle « Jupiter Ascending », mais le seul truc surprenant du film, c’est qu’en fait, elle n’Ascende pas du tout. Quant au « Destin de l’univers » en Français, en fait, c’était juste le destin de la Terre. Comme quoi, tout était prévisible, sauf ce qui était lié au titre. Oui, même ça c’est loupé. Et en deux langues s’il-vous-plaît !

Avouons tout de même qu’une chose a changé : Jupiter a donc toujours une vie pourrie sans aucune raison à part qu’elle soit stupide, mais sort désormais avec Caine. Lui a récupéré ses ailes, puisque réintégré dans les armées de l’espâââce, et c’est donc désormais un… mi-homme mi-chien mi-pigeon ? L’archnemesis des costumes de François Hollande, je suppose. Jupiter peut donc se blottir dans ses ailes en gloussant, puis partir avec lui faire du roller volant au-dessus de Chicago, en continuant à laisser sa famille et une partie de l’humanité crever de faim et ne pas profiter de technologies auxquelles elle a désormais accès, tuant ainsi des millions de gens juste parce qu’elle a mieux à faire que les sauver en passant un coup de fil.

Bravo ! Ce film est tout simplement misérable d’un bout à l’autre et ne parvient même pas à assumer son titre.

C’est tout bonnement formidable.

Et donc…

… FIN !

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« Qu’est-ce que c’est ?
– Quoi ?
– Mais ça ! Regardez, tout est noir et il y a des noms qui défilent à l’écran !
– Ben c’est le générique.
– Le… 
– Attendez, mais vous êtes… 
– C’est la première fois que j’en vois un ! Alors ça ressemble à ça, un générique ? C’est le plus beau jour de ma vie !« 

Okay, je retire tout ce que j’ai dit : ce film a un élément original et sert à quelque chose.

Pour la première fois, Sean Bean survit jusqu’à la fin.

Ce film est un miracle.


50 nuances de Grey à gré

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À l’instant où vous lisez ces lignes, vous avez tous une dette de sang envers moi.

Car vous, cruels lecteurs, n’avez eu aucune pitié pour l’honorable gentilhomme que je suis. Mails, messages Facebook, Twitter, et même demandes de vive voix, rien ne m’aura été épargné pourvu que j’aille voir 50 Shades of Grey à votre place. Et pour vous donner un aperçu de l’ampleur de la tâche, rappelons que 50 Shades of Grey est le film adapté du livre éponyme, lui-même à l’origine une fanfiction de Twilight (mais nous y reviendrons), qui est un livre lui aussi tiré d’autre chose, à savoir l’anus de Satan d’après les premiers éléments de l’enquête.

Sans compter que pour votre information, et c’est authentique, Madame la marchande de billets (non, pas de possibilité d’automate, évidemment) m’a fait répéter trois fois, oui, trois fois ce que je voulais voir. Avant de dire « Hihihihi désolé, je suis un peu sourde. » Oui, et maintenant, tu es un peu MORTE, hein ! Tu fais moins la maline, et… hem. Je m’égare déjà. Ho, et ajoutez à cela une salle bondée qui rit de tous les moments supposément drôles mais dignes d’un spectacle d’Arthur, ou qui est en émoi du genre « Han il a un hélicoptère nan mais, han, un hélicoptère, quoi, qui vole et tout, ouaaaah ! » et vous comprendrez pourquoi ce film fut un Vietnam tant pour mes neurones que mes nerfs. Diego n’a jamais eu autant de corps à planquer. Et je ne vous parle pas des deux sacs de sports de chatons qui y sont passés.

Un jour prochain, je frapperai à votre porte. Et vous SAUREZ ce que vous me devez !

Coup de bol, en général, je suis plutôt sympa : je me contente de demander la réalisation une statue à mon effigie en remerciement, tout votre pognon, ou plus sobrement, votre fille première née. Rien que des choses raisonnables, quoi.

Mais, je parle, je parle et  je vous sens impatients d’en découdre avec 50 Shades.

Alors, qu’est-ce qui est le plus proche du sado-maso ? La trame du fond du film ou le simple fait de le regarder ?

Ni une, ni deux : spoilons, mes bons !

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L’affiche : regardez bien cette image, à elle seule elle résume près de 75% du film. Et au moins 20% des bonnes raisons que vous aurez de vouloir lacérer l’écran à chaque minute..

Notre film s’ouvre sur une joyeuse cité américaine au sein de laquelle un riche et bel homme fait son jogging, pendant qu’une étudiante fait des trucs comme, tiens, hop, étudier, c’est fou. Et nous la retrouvons un petit moment plus tard chez elle en compagnie d’une autre fille. Mais qui sont elles, ces bougresses ? Hé bien, il s’agit de Kate, la blonde, et d’Anastasia Steele, la brune. Et c’est sur cette dernière que nous allons nous attarder, même si ça, elle le fait déjà très bien toute seule tant son jeu d’acteur semble tout droit sorti d’un spectacle de fin d’année d’IME. Car voilà, Kate étudie le journalisme et est parvenue à décrocher un rendez-vous avec le célèbre Christian Grey, éphèbe multimilliardaire à qui tout sourit, surtout les nunuches décérébrées. Seulement, Kate est malade ! Elle est en effet dans un état lamentable à manger de la soupe devant une rediffusion de Friends (l’un des gros symptômes de maladie chez la femelle homo sapiens), et a donc plusieurs options :

  1. Prévenir qu’elle devra décaler le rendez-vous
  2. Envoyer un de ses camarades de promotion de journalisme à sa place
  3. Se rappeler qu’elle bosse pour le journal de la fac et que par conséquent tout le monde s’en fout et personne ne le lit

Mais l’option 3 n’est pas valable puisque nous sommes dans un film américain, où n’importe quelle étudiante peut interroger le président des Etats-Unis pour la gazette de l’université ou obtenir l’accès à une scène de crime en invoquant le journal du lycée. Ce pourquoi Kate a choisi l’option 4 :

« Envoyer ma coloc, qui n’a strictement rien à voir avec la choucroute. »

C’est donc notre héroïne Anastasia Steele qui s’y colle. Que dire d’Anastasia Steele ? Hé bien ma foi, que c’est une jeune fille que dès la première scène, on a envie de barbouiller de napalm. Entre sa frange improbable (toute l’équipe du film devait provenir de l’IME, coiffeur compris), sa capacité à s’habiller avec du papier peint volé chez des personnes âgées ou surtout, sa propension à se mordiller la lèvre inférieure pour un oui ou pour un non, cela suffit à vous faire comprendre au bout de deux minutes que le film va être très, très long. Mais peut-être que je n’ai pas compris et qu’en fait les grosses lèvres d’Anastasia Steele lui permettent de stocker de la nourriture ? Un remplacement malheureux dans le script de « herpès labial » et « hamster labial » aurait accidentellement pourvu Anastasia d’une bajoue dans laquelle elle peut régulièrement puiser de quoi se sustenter ? Un coup de dent et paf, elle récupère un Skittle, deux et elle peut remonter une saucisse de Morteau en cas d’urgence ?

Qu’importe.

Car Anastasia, après avoir emporté les questions préparées à l’avance par sa colocataire (« Ça vous fait pas chier de vous appeler Chrétien Gris ?« ) et meilleure amie saute dans sa coccinelle vieux modèle et file vers Seattle où en bonne grosse plouc des familles, lorsqu’elle s’arrête devant l’immeuble de Grey Corp où il y avait une place pile pour elle, elle lâche un « Ouaaaaah ! » d’admiration.

Ben oui, tu penses, un immeuble. Avec des vitres, et tout ! C’est tellement rare dans une ville moderne ! Ai-je raté le passage où on nous annonce que la bougresse vit en fait dans une hutte en crottin ?

En tout cas, notre simili-journaliste file dans la bâtisse, franchit les étages, se fait annoncer, franchit la porte du bureau de Monsieur Grey et… se vautre comme une bouse.

« Hihihihi, qu’est-ce que je suis gourde ! Comme je suis pauvre et innocente, je suis forcément aussi super maladroite, huhuhuhihihihihuhuhihihihihihihi.« 

Vous ai-je parlé du rire d’Anastasia ? Il est proverbial. Car si son prénom sonne comme « impératrice », son rire sonne plutôt comme « Philippe Bouvard ». En tout cas, Christian Grey n’a lui probablement pas d’oreilles car plutôt que de battre à coups de pieds cet espèce de gros rideau qui rit comme un phoque sur le sol de son bureau pendant qu’il le peut encore, il va l’aider à se relever et découvre sous les motifs à fleur et la frange digne du cousin Machin une fille. Ça alors, c’est pas banal !

« Vous ne vous êtes pas fait mal ?
– Hihihihuhuhuhihihihih ho nooooon hoooolalala, hoooo mais quelleuuuuh gourdasseeeuuuh ! 
– Quel jeu d’actrice aussi, je suis bluffé.
– Merci. Au fait, je ne suis pas Kate, la fille que vous attendiez : je suis Anastasia Steele. 
– Une amie d’école de journalisme ?
– Non, non. Sa coloc’. 
– Heu… d’accord. Et vous étudiez ?
– La littérature anglaise.
– Donc vous n’avez rien à foutre ici, en fait ?
– Complètement.
– C’est cool. Commençons. »

Anastasia s’installe donc nerveusement sous le regard de Christian Grey. Elle déballe ses affaires, son enregistreur & co, et puis pouf, elle se dit qu’en fait, tiens, ce serait bien d’avoir un crayon parce que les enregistreurs, ça n’est pas justement fait pour pouvoir écrire par la suite. Christian Grey lui tend donc un crayon à papier sur lequel nous reviendrons plus tard. Et c’est parti pour l’interview.

« Bon alors, bonjour Christian Grey. Comment ça va ?
– Ça va bien, merci.
– Christian Grey, première question, vous êtes super méga riche, avez un immeuble géant tout ça… comme le film oublie d’en parler, c’est quoi votre métier en fait ?
– Vous êtes mauvaise langue : un coin du script évoque des domaines très vagues, et des investissements agricoles en Afrique.
– Oui mais le script dit aussi que ce n’est pas votre cœur de métier.
– D’accord, j’avoue. Je suis le plus gros fabriquant mondial d’ouvertures faciles.
– Ho ?
– Oui, j’aime provoquer la douleur chez autrui.
– Très bien, deuxième question : pourquoi votre bureau est-il aussi grand ? Avez-vous un tout petit truc à compenser ?
– Je joue beaucoup à Super Mario Kart sur ma chaise à roulettes. Quand je tombe, ma secrétaire vient me chercher avec une petite canne à pêche pour me remettre sur pied et hop, je repars.« 

Quoi les vrais dialogues ? Je vous assure qu’ils sont plus ridicules que ce que je vous mets ici pour vous préserver. Tous tournent autour de grosses déclarations aussi subtiles qu’originales, du genre « Oui, si je suis super fort en affaires, c’est parce que je sais lire qui sont vraiment les gens au premier coup d’œil. J’aime SAVOIR et CONTRÔLER dans TOUT CE QUE JE FAIS CLIN D’OEIL CLIN D’OEIL SI TU VOIS C’QUE J’VEUX DIRE NARDINAMOUK« 

Subtil, on vous dit.

Mais Anastasia Steele se contente de hocher la tête, de mordiller ses grosses lèvres pour y sucer un vieux morceau de travers de porc et d’écouter Christian Grey débiter son pipeau. Celui-ci se rapproche de plus en plus d’elle physiquement et lui fait encore plus ouvertement du gringue façon « Hmmm, tu as l’air tellement intéressante pour un rideau qui parle, raconte-moi ta vie avec tous les détails » et fait même annuler ses rendez-vous pour passer plus de temps avec notre héroïne au charisme d’endive. Finalement, l’entretien touche à sa fin, et Anastasia doit partir sans avoir pu poser toutes ses questions. Aussi Christian, ce farceur, lui pique-t-il discrètement sa fiche de questions pour les compléter plus tard. Et pif pouf, voilà.

Ana (puisque c’est ainsi qu’elle se fait surnommer, un peu comme « Bella » pour Isabella, je dis bien sûr cela au hasard) sort donc de l’immeuble tellement chaude comme la braise qu’elle se met à glousser stupidement sous la pluie après cette rencontre. Quelques personnes se demandent qui est cette jeune fille qui fait de la vapeur sur le trottoir, mais personne ne l’empêche de rentrer chez elle, ce qu’elle fait.

Notre héroïne retrouve Kate, dont le script a oublié qu’elle était malade. Ce qui est dommage puisque c’était le motif de la rencontre qui ouvrait le film, mais bon, hein, détail. C’est donc une Kate fraîche et pimpante qui harcèle Ana de questions façon « Alors alors il est comment ? Il est pas trop super sexy ? Il a été gentil ? Il n’a pas fait de remarques sur le fait que tu es une gourdasse hihihuhuhuhihihi ? Ho, et puis il m’a gentiment renvoyé un mail avec toutes les réponses aux questions que j’avais posées ! C’est trop génial !« 

Du coup, si le mec est aussi efficace par mail, c’eut été une idée de commencer par là avant d’envoyer ta copine Ana faire la kakou, mais bon, pour ce que j’en dis.

Ana se montre très réservée. Elle n’ose dire que la tempête tropicale, ce n’était pas uniquement au-dessus de Seattle après l’interview avec l’ami Grey. Mais Kate glousse, glousse et reglousse et finalement, sent bien qu’Ana n’était pas indifférente au charme de mauvais acteur du multimilliardaire. Et comme la production a envie de faire dans le sous-entendu léger, on retrouve Ana en cours qui s’aperçoit qu’elle a toujours le crayon à papier de M. Grey avec elle. Pour information, le crayon est long et noir (jusqu’ici, pourquoi pas), avec une espèce de déformation discrète au bout pour faire encore plus phallique (non, ce n’est pas juste un stylo rongé, il y a vraiment un truc). Le tout marqué « Grey ». Ana s’empresse donc de sucer goulûment ledit crayon, ce qui vous en conviendrez, est des plus poétique. Je crois qu’ils auraient pu rajouter tous les figurants qui font des clins d’œil, Ana qui chatouille une paire de gommes en même temps et un rappeur qui jette des dollars au-dessus sans que ça ne fasse tache pour autant.

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Fig 1 : la finesse – allégorie.

Vous m’avez envoyé voir ce film. Vous me le paierez. Tous.

Bref.

Le lendemain, alors qu’Ana est en poste à son boulot étudiant dans un magasin de bricolage, devinez qui elle voit arriver entre deux rayons ? Christian Grey ! Ho ben ça !

« Christian Grey ! Ho ben ça !
– Hé oui. C’est moi.
– Mais qu’est-ce que vous foutez là ?
– J’avais un rendez-vous professionnel juste à côté. Je suis venu acheter deux ou trois choses ici, voilà tout.
– Non, je veux dire : qu’est-ce qu’un type multimilliardaire vient faire ici ? Vous n’avez personne pour aller acheter votre patafix ? Et vous allez me faire croire que dans votre appartement super design,vous faites du bricolage ? Du genre mettre vous-même une étagère dégueu sur votre mur de designer à 17 millions de dollars ?
– Ho. Ça se voit que c’est un prétexte de merde ?
– Un peu. Mais vous savez, moi, je suçais goulûment un crayon à papier dans la scène précédente, alors la finesse…
– Moui, bon : il me faudrait des liens en plastique, de l’adhésif et cinq mètres de corde.
– Vous voilà le parfait serial killer, hihihihihihihuhuhuhuhihihihihihihihuhuhuhuhuhihihiiiiiiiiii.
– C’est vrai que ce n’est pas du tout suspect. Mais allez-y, déroulez la corde… hmmm, vous faites ça tellement bien…
« 

Non mais ? Je ne déconne pas : le mec fait vraiment le compliment. Je rappelle que dérouler un rouleau fut-ce de corde, comme son nom l’indique, c’est quand même un petit peu un truc que même un enfant fraîchement trépané peut faire. Tu les as trouvé où tes compliments, mec ? Sur Art de Séduire ?

En tout cas, Christian Grey discute encore un peu avec Ana et lui propose de faire une séance photos, car ils ont oublié d’en prendre une pour l’article du journal de la fac ! Le drame ! Il donne ainsi sa carte de visite, l’hôtel où il est descendu, et propose donc de jouer le modèle le lendemain matin. Ana est toute jouasse : elle avertit donc Kate sa coloc’, et José, son meilleur ami accessoirement photographe ce qui tombe fabuleusement bien, histoire de faire tout ça bien. Tout ce petit monde se retrouve donc, fait poser l’ami Grey, vas-y, fais-moi un sourire, oui, comme ça, plus malicieux, oui, bien, bien le doigt, vas-y, joue avec ta cravate, c’est ça, mets-la sur ta tête, maintenant, enlève ton pantalon, fais l’amour à l’objectif, c’est…

Ho, et puis j’en ai déjà marre tellement c’est convenu et mauvais. Sautons à la scène suivante.

Christian a proposé de conclure la séance par un café avec Ana. Tous deux discutent donc un peu, jusqu’au moment où Ana finit par avouer que « Ho oui ! Je suis une grosse gourdasse romanticucu hihihi !« . Christian paraît bouleversé par cette nouvelle pas du tout prévisible (pourtant je vous rappelle que le mec explique que tout son succès repose dans sa capacité à lire la personnalité des gens au premier coup d’œil, hein), se lève et annonce à Ana que ça ne va pas être possible, il doit partir. Maintenant. Mais alors qu’il s’en va avec Ana hors du café, soudain…

« HO MON DIEU ATTENTION : UN VÉLOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !« 

Grosse scène d’action : Ana risque de se faire bousculer par un vélo ! Ni une, ni deux, Christian n’hésite pas et se saisit de la bougresse qu’il serre très fort contre lui pour empêcher que le terrible deux roues ne fasse quelque chose de dramatique, comme par exemple, actionner sa sonnette. Mon dieu, j’ai senti un frisson de terreur dans la salle ! Christian peut donc tenir la gourgandine contre lui avant de se reprendre :

« Je ne suis pas un homme pour vous. 
– Mais que voulez-vous dire ?
– Je suis… dangereux…« 

Non mais ? Ce numéro de drague digne d’un ado de 15 ans. « Désolé Samantha, je suis trop dangereux ! Si tu restes avec moi, tu pourrais prendre deux heures de colle. Ni toi ni moi ne voulons ça. Notre relation n’est pas prête. Puis-je me contenter de t’envoyer des photos de ma bite sur Snapchat ?« 

Et sur ces propos digne d’une écolière qui fume un pétard derrière le gymnase au lieu d’aller en SVT, Christian Grey disparaît, aussi digne que mystérieux, c’est-à-dire ni l’un ni l’autre puisqu’une fois, j’ai connu un ragondin vachement plus mystérieux. Et pourtant, je venais de rouler dessus.

Ana peut donc se concentrer sur ses études, sucer des crayons et passer ses examens de fin d’année pour enfin décrocher ce fameux diplôme de littérature anglaise qui de toute manière, ne lui donnera aucun emploi. Les tests passés (sauf celui de QI, quatre fois qu’elle redouble), Kate lui propose de faire une méga-grosse teuf à savoir… d’aller en boîte ! Waaah, quelle truc de ouf malade ! Soirée mousse les enfants ! Ana s’y rend donc après avoir eu l’aide de son amie Kate pour mettre du rouge à lèvres (« Hihihihi, je suis bien trop innocente et empotée pour ça !« ), ce qui soulève deux grandes questions : sachant que le restant du film, Ana a régulièrement du rouge à lèvres, qui lui met ? Et surtout : sachant qu’elle passe son temps à se mordre les lèvres, pourquoi n’a-t-elle pas les dents de devant colorées en permanence ? Mystère.

Sauf que voilà. En boîte, Ana boit un monaco, puis un deuxième, et c’est le drame : elle est complètement beurrée. Elle part donc s’isoler aux toilettes pour dégainer son téléphone à clapet, car pour bien appuyer que c’est une fille ringarde, elle a forcément un téléphone vieux de 10 ans. Vraiment, un film subtil on vous dit. Nul doute qu’Ana n’a la télé qu’en noir et blanc, écoute Radio Londres sur sa TSF et soutient ardemment Valéry Giscard d’Estaing. Elle hésite à effacer le numéro de Christian Grey, et puis tiens, puisqu’elle est bourrée, elle passe de « Je vais t’effacer. » à « Je vais t’appeler.« 

C’est ce que j’appelle un revirement.

Mais, regardons plutôt.

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« Ho mon dieu, une fille bourrée qui m’appelle, c’est tellement excitant, il faut que je m’accroche aux meubles. »

Christian Grey est donc tranquillement chez lui à faire semblant de bosser, un verre de vin blanc à la main, et j’en profite pour le glisser : dans tout le film, tous les personnages ont toujours un verre de vin à la main parce que « ça fait classe ». Ils travaillent ? En buvant. Ils téléphonent ? En buvant. Ils font l’amour ? Un verre sur la table de nuit. Franchement, s’ils boivent autant que le film le prétend, Christian Grey devrait avoir une sacrée couperose, un pif qui ressemble à une balle de golf et crever d’une cirrhose après avoir largué 50 nuances de gerbe. Heureusement, le blanc qu’ils boivent est si clair que ce doit être du Château Vittel, nos héros peuvent donc continuer en paix. Mais je digresse : revenons à Ana qui appelle Christian.

« Aaaaaaaallô Christian ?
– Ana ? Que me vaut l’honneur de cet appel ?
– Je suis cooooomplètement pétéééééééée ! 
– Ana ! Vous avez bu de l’alcool ! Vite, dites-moi où vous êtes ?« 

Car oui. Lui, il peut boire dans toutes les scènes, mais si Ana boit un mojito, c’est Dien Bien Phu.

« Naaaan ! J’dis pas ! En plus, j’voulais juste dire, z’êtes lourd ! Genre ouiiiiiiiii j’veux boire un cafééééééééé blablablaaaa pis après vazyyyyyyy j’suis dang’reux… relouuuu !
– Ana, ne bougez pas ! J’arrive !
– J’ai pas diiiit où j’étais !
– Oui, mais la réalisation s’en fout ! Je fonce !« 

Quelques minutes plus tard, nous retrouvons donc Ana en train de tituber devant la boîte. C’est alors que José s’approche d’elle. Car il a décidé que c’était le bon moment pour avouer quelque chose à Ana : il ne veut pas être son meilleur ami. Il veut lui faire des bisous. Et pas seulement sur la joue.

Oui, le mec s’est dit : « Tiens, elle est bourrée ! Si je lui avouais mes sentiments, là, maintenant ?« 

Rusé, le José.

Heureusement pour notre héroïne et hélas pour José, alors qu’il commence à agripper Ana pour lui faire des bisous contre son consentement, Christian Grey surgit de nulle part et dégage violemment l’ami José si fort qu’il le propulse hors du film. Oui, vous avez bien lu. C’est le meilleur ami d’Ana, il vient de faire un truc qui devrait un peu la remuer, mais pouf, Ana n’en parlera plus. Désolé José, c’était ta dernière scène ! Laissons plutôt la place à Christian Grey, qui lui, assure comme un dieu.

« Ana ! Bon sang, vous êtes ivre ! 
– Oui, et je geeerbe sur tes chaussures pour faire rire le public du cinéma parce que c’est trop rigolol ! 
– Bon, allez hop, je vous embarque loin d’ici, vous allez cuver à mon hôtel. Embarquer une fille cuite au monaco, c’est trop mon style.
– Attendez ! Je suis venue avec mon amie Kate, je ne peux pas la laisser !
– Pas d’inquiétude ! Par un raccourci scénaristique digne d’un Disney, il se trouve que j’avais par hasard dans ma voiture mon frère, qui est lui aussi riche et beau, est aussitôt tombé amoureux de Kate, et ils sont occupés à se faire des bisous, ce qui simplifie drôlement la situation et permet de jouer la carte du « deux mecs rencontrent deux filles et forment deux couples la vie c’est trop cool tout ça ».
– En effet, quel gros coup de bol !
– N’est-ce pas ? Allez, en voiture Simone ! »

Et en voiture Simone, donc, pendant que dans la salle, on se tranche les veines tant tout cela paraît avoir été écrit par une adolescente de 13 ans.

Le lendemain, Ana ouvre donc les yeux pour découvrir qu’elle est bel et bien dans un hôtel. À côté d’elle, deux pilules et un verre de jus de fruit l’attendent avec les mots « Mange-moi » et « Bois-moi« . Ana s’exécute donc et s’enfile les deux pilules contre le gros mal de tête (et seulement de tête) qu’elle a. Christian Grey aurait pu être joueur et mettre du LSD à la place, mais non, petit bras, va. Car c’est un gentleman, comme il l’explique en arrivant avec le plateau du petit déjeuner.

« Bonjour Ana. Tenez, le petit déjeuner.
– Christian ? Mais attendez, je suis en pyjama ! Vous m’avez changée ?
– Il le fallait bien.
– Mais ! Et nous avons… ?
– Non, rien de cela. Nous avons simplement dormi.
– Je suis rassurée.« 

C’est cet instant que choisit Christian pour… retirer son T-shirt ?! Mais enfin ! Mais qu’est-ce qu’il se passe ?!

« Hmmmm j’avais tellement envie de retirer mon T-shirt après mon discours sur le fait que je suis un gentleman qui ne cherchait pas à transformer cette mésaventure en mauvais plan cul !
– Heu… oui ?
– Et maintenant, je vais me promener à quatre pattes sur le lit et… croquer la biscotte que tu avais à la main.« 

Non mais… le truc qui démarre sans aucune raison après un dialogue où le mec la jouait chaste ?

Et surtout, Christian Grey, je vais t’apprendre un truc. Il y a deux choses qu’il ne faut jamais faire avec une personne à double chromosome X dans la vie :

  1. Les laisser approcher leurs pieds froids à moins de 10 centimètres
  2. Leur croquer la biscotte

Comme je t’aime bien, mon petit Chrichri, je vais te la refaire avec une vraie fille.

« Et maintenant, je vais me promener à quatre pattes sur le lit et… croquer la biscotte que tu avais à la main.
– Hé ! 
– Crounch.
– Hé mais dégage de là ! Putain, ma biscotte !
– Non mais ça va, je…
– Il y avait du Nutella dessus ! Tu es qui pour te mettre entre moi et mon Nutella ?
– Okay, on se calme, en fait c’est une manière de te…
– Christian, je vais être clair. Tu retouches une seule fois à ma biscotte, tu me piques une seule frite au restaurant ou tu me chourres un Pim’s, je sors le taser et je te le colle sur les baballs jusqu’à ce que Monsieur Knacki lui-même te fasse un procès pour contrefaçon. C’est clair ? 
– Attends, je…
– TOUCHE. PAS. MA. BISCOTTE. »

C’est comme ça Christian. Le possesseur de double chromosome X n’hésitera jamais à taper dans ton assiette. Mais si jamais tu tapes dans la sienne, dans le meilleur des cas, tu t’en sortiras avec le bras pété en trois endroits. Alors tu laisses la biscotte de la dame tranquille.

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« Choubidou, je voulais juste… – Tu touches encore une fois à ma bouffe, je te crève, c’est clair ? – Mais la biscotte… – C’est ma biscotte, alors touche à ton cul. »

Mais toujours est-il que Christian Grey parvient à ne pas se faire taser par Ana, et la conversation s’engage sur un sujet précédemment abordé.

« Je ne suis pas un romantique, Ana.
– Ho…
– Je sais. C’est comme ça. Disons que j’ai des goûts… particuliers. Vous ne pourriez pas comprendre« 

Nouvelle erreur mon Chrichri ! Jamais on ne joue le mystérieux là-dessus ! Sinon, tu peux être sûr qu’elle va extrapoler.

« Vous aimez les One Direction, c’est ça ?
– Non ! 
– Vous aimez vous rouler dans du fromage fondu en chantant du Luciano Pavarotti ?
– Oui mais je… attendez, non ! Non, c’est pas ça ! Pas ça du tout !
– Ho, je sais ! Vous adorez mettre votre annulaire dans le cul de petits animaux !
– TU ARRÊTES MAINTENANT ! »

Ha ben hé, tu l’as cherché aussi. Mais finalement, Ana la joue débutante et se contente d’un « Initiez-moi. » Christian Grey hésite, mais rejoue le mystérieux. En expliquant qu’il ne peut rien faire tant qu’elle n’a pas signé certains accords écrits avec lui. Étrange ! Mais malgré tout, il lui tient des propos comme « J’ai terriblement envie de te croquer les lèvres » (moi c’est plutôt d’en faire du jambon, mais pourquoi pas) ce qui est dommage car elle le fait déjà pour deux. Aussi, lorsqu’ils vont dans l’ascenseur pour quitter l’immeuble, Christian s’exclame « Tant pis pour la paperasse ! » et saute sur Ana pour lui rouler une patinette.

Lorsque l’ascenseur s’ouvre deux étages plus bas pour accueillir des gens, il faut croire que soit Christian Grey a des sèches-cheveux à la place des mains, soit Ana a des poux convertis au Jihad qui se sont fait exploser, mais l’équipe de tournage en voulant montrer que les bisous sauvages avaient un peu décoiffé la belle a finalement doublé le volume capillaire d’Ana donnant l’impression que Christian Grey vient de peloter Mufasa. À ce rythme, encore deux étages et il se tapait les Jackson Five.

Ana peut donc rentrer chez elle, où elle retrouve Kate qui, elle, fait plus que des bisous à Eliott, le frère de Christian. Les garçons mis dehors, ça glousse, glousse et glousse encore, et Ana avoue qu’elle n’a finalement fait qu’un bisou au célèbre multimilliardaire. Kate qui s’attendait à un récit digne d’une soirée Youporn est un peu déçue.

Mais Christian ne compte pas en rester à un petit bisou, ho que non ! Ce fétichiste des franges hideuses invite dès le lendemain Ana pour lui montrer une surprise. Non, pas celle là. Pas tout de suite, du moins. Car le jeune homme envoie son chauffeur quérir la belle pour l’amener au sommet de son building local où Christian l’attend, costume sur-mesure et chemise entrouverte, près de son hélicoptère personnel façon « Salut, je fais de la pub pour du parfum très naturellement, c’est comme ça« . Scène d’un érotisme insoutenable, Christian Grey boucle lui-même la ceinture de sa passagère qui bien évidemment, frémit à chacun de ses gestes. Hé ben dis donc, vu l’effet que lui font les bases de la sécurité routière, elle doit être très populaire chez la Police Municipale. Enfin, Christian prend les commandes, et en avant.

Soupirs dans la salle. Hééé oui. Vous, la dernière fois que votre mec vous a fait une surprise de ce genre, il avait loué un pédalo sur le lac du Der. Et debout sur le frêle esquif, les cheveux au vent, il n’hésita pas à lâcher d’une voix sensuelle : « Tu as vu ? J’ai fait des folies pour toi. Il y a deux places pour pédaler. » Et floupoufloupoufloupou, vous êtes partie avec lui manger un sandwich au gouda sur les eaux grises. Waow.

En tout cas, l’hélicoptère fait de l’effet à Ana, puisque Christian lui fait survoler Seattle, la ville où la jeune fille compte bien s’installer prochainement. Puis il se pose sur l’immeuble où l’attendent ses appartements et descend avec la jeune fille à l’intérieur. Là, après s’être servi son 248e verre de blanc depuis le début du film ce qui en fait une sorte de Gérard Depardieu, mais avec un quintal de moins, il lui tend un contrat.

« Tiens, Ana. Signe ce contrat et nous pourrons avoir des relations intimes.
– Un contrat ? Mais pourquoi ?
– J’aime mes secrets. Si tu signes, tu acceptes de ne rien dire de ce qu’il se passe entre nous ou de ce que tu vois. À personne. »

Ana, si tu veux mon avis, cette affaire fleure bon le micropénis.

La jeune femme signe, et lâche alors, véridique : « Et maintenant, vous allez me faire l’amour ?« 

Non mais ? Mais nom d’une pipe ! Ce n’est pas toi, la romantique des deux ? Tu demandes ça comme si tu lui demandais s’il avait du Nesquik ! Mais qui a écrit ce film ? Ces dialogues ? Cette merde ? Qu’est-ce que je fais là de toute manière ? Pourquoi suis-je attaché à ce siège ? Qui êtes vous ? Lâchez- moi ! Que de questions ! Et nous allons en avoir plus encore, car Christian fait faire le tour du propriétaire à Ana. Non, pas ce tour là ! Attendez, aaaattendez, ça arrive, du calme, sacrebleu. Mais surtout, soyez attentifs. Car nous entrons dans le gros du sujet, si je puis dire.

Christian montre en effet une chambre dans l’appartement et explique à Ana qu’elle peut être sienne.

« Voilà, Ana. Si tu acceptes les règles de notre contrat, il y a des récompenses. Cette chambre en est une. Elle peut être tienne.
– Mais, nous ne dormirons pas ensemble ?
– Non. Je dors toujours seul car je suis mystér…
– Toi, tu pètes au lit. 
– Quoi ?!
– Ça va, c’est bon, le mec qui veut dormir seul genre c’est parce qu’il est trop dark. C’est quoi le problème ? Un burritos qui ne passe pas ? Tu sais, c’est pas grave si tu rejoues Verdun sous la couette tant que tu ne secoues pas les draps.« 

Et surtout, pour ma part, ce qui me choque, c’est que plus que vaguement sado-maso, le film m’a surtout l’air diablement pédophile. Non parce qu’en dehors de l’âge officiel d’Ana, Christian Grey se comporte avec elle dans chaque scène comme si elle avait 6 ans.

« Ana, tu as trébuché dans mon bureau, tu ne t’es pas fait mal ? Tu veux que je mette du rouge sur ton genou ? »
« Ana, tu déroules si bien la corde ! Tu as au moins assez de talent pour coller des gommettes. »
« Ana, tu as traversé sans regarder, tu sais très bien que c’est dangereux ! Heureusement que j’étais là pour te retenir ! »
« Ana, tu as bu de l’alcool ! Tu sais très bien que ce n’est pas de ton âge ! Prends plutôt du Banga ! »
« Ana, je vais boucler ta ceinture dans l’hélicoptère. Tu es bien trop petite pour le faire seule ! »
« Ana, voici ta chambre. Elle sera tienne si tu le veux. Tu pourras y coller tes posteeers, y mettre ton tapis en pilouuu, appeler tes copines si tu veuuux… »

C’est un pédophile, Ana, aucun doute. Sauf que comme il est multimilliardaire, il a remplacé la camionnette par un hélicoptère. Fuis tant que tu le peux, malheureuse !

camionnette

Christian Grey, the early years.

Mais non, Ana reste et Christian finit de faire le tour de ses appartements en la prévenant de ce qu’elle va découvrir maintenant.

« Ana, tu vois cette porte ? Derrière c’est ma… salle de jeux.
– Avec une Xbox et des jeux vidéo (je n’invente pas, c’est le dialogue d’origine) ?
– Non… Ana, je dois te prévenir… tu peux encore faire demi-tour. L’hélicoptère est en stand-by sur le toit. Tu peux le rejoindre, il t’emmènera où tu le souhaites.« 

Ouais, sauf que c’était toi le pilote, mec. Donc si elle retourne à l’hélicoptère toute seule, elle risque de s’emmerder un peu. Ou de s’écraser, au choix.

« Je veux voir ce qu’il y a dans cette salle.
– Tu es sûre ?
– Oui, sûre.« 

Et Christian d’ouvrir la porte pour révéler une salle rouge remplie de fouets, menottes, photos d’Eric Zemmour et autres martinets. Ana est donc un petit peu étonnée, mais rien ne se passe ici. À la place, tous deux ressortent et discutent de ce qu’Ana pense de ce qu’ils viennent de voir.

« Voilà Ana. J’aime le sado-maso, les trucs qui font mal. Mais c’est moi le dominant, que ce soit clair.
– Christian… je ne suis pas sûr d’être fan de cette salle rouge de la douleur.
– De la douleur ? Non, salle rouge du plaisir ! Et puis tu sais, il faut expérimenter. Qu’as-tu expérimenté sexuellement ?
– Je…
– Oui ?
– C’est que…
– Ana ?
– Christian. Je suis… VIERGE ! »

CA ALORS !

Christian, qui est un mec sympa, se propose pour dépanner la belle sur la question. C’est très serviable de ta part mon garçon. Et comme bon, hein, ils sont deux dans ce grand appartement et qu’ils ont tous les deux envies de se prendre la bouche, ils vont dans une chambre et hop, zip zip, c’est parti. Plusieurs éléments sont à retenir : si Kate copulait avec Eliott en soutien-gorge, accrochez-vous, car miracle, Ana ne garde pas tous ses sous vêtements pour faire le sexe ! C’est incroyable ! Et il y a même, et là, c’est fou, des poils ! Non, braves gens qui vous documentez uniquement en vidéo : la femme n’a pas uniquement des poils à partir des sourcils ! Unebeulibibeule, on vous dit.

Bon, mais ça s’arrête là pour le vaguement crédible, car pour le reste, Ana est l’opposé d’un diesel. À chaque fois que Christian l’éffleure avec sa langue, un doigt, le gros orteil, une fesse sale ou même une perche télescopique de 22 mètres, la bougresse frémit à en faire trembler les murs. Autant vous dire que vu sa facilité à être excitée, je pense que sa culotte aura besoin d’un sacré marouflage en fin de séance, mais passons sur ces considérations de bricoleur. C’est tellement beau. Je vais retirer les caillots de sang au coin de mon canal lacrymal et je reviens.

Bref, la première fois d’Ana se passe évidemment divinement bien, hop.

Et surtout, comme Christian est trop mystérieux, quand il a fini son coït, il enfile son petit pantalon taille basse, retourne dans le séjour de son immense appartement, et assis à un piano près de son immense baie vitrée, se met à jouer un air triste pour appuyer le fait qu’il est trop dark. Ana vient donc l’écouter et se frotter à lui, rrrr. Le bougre refera ça à chaque fois qu’il copulera dans le film. Et Ana évidemment est là « Holala, tu joues toujours des choses tellement tristes, tu es si profond !« 

Oui, ou alors il ne connait qu’un seul morceau. Et puis si ça se trouve ce n’est même pas triste. C’est juste qu’il le joue lentement et au piano.

« Christian ? Tu m’as réveillée de mon 217e orgasme, celui que tu as provoqué en me passant un Monster Munch dans les cheveux.
– Excuse-moi Ana, je suis occupé à jouer un morceau triste et profond. Lalala… lala..
– C’est beau…
– … lalala…. la bite… à Dudule… je la prends… elle m’en…
– Tu es tellement un poète maudit, Christian, j’en frémis. Prends-moi là, tout de suite !« 

Et rebelote.

Allez, un petit coup de brandy et un rail de coke pour se donner du courage et on continue, parce que non, ce n’est pas fini, loin de là.

Au petit matin, Ana découvre que Christian est quand même resté faire dodo avec elle. Mais alors qu’ils s’apprêtent à remettre le couvert, voici qu’une voix féminine appelle dans l’appartement ! C’est…

LA MAMAN DE CHRISTIAN.

Oui. Le mec est multimilliardaire, mais il n’a même pas de quoi se payer une serrure. Et son chauffeur/homme de main n’est pas capable d’arrêter une mamie relou. Tout le monde se fringue donc en urgence pour voir débouler Maman Grey. Qui est ravie de rencontrer Ana ! Car Christian aime être super secret, par contre présenter son coup d’un soir à sa maman qui passait par là, aucun souci. Fais toi plaiz’, mec.

« Bonjour, je suis Maman Grey ! Mais tu peux m’appeler Docteur Grey, comme dans Grey’s Anatomy, ce qui n’a bien évidemment rien à voir avec les goûts de chiotte de l’auteur.
– Bonjour Maman Grey, je suis Ana !
– Ana ! Nous avons un dîner à la maison prochainement pour fêter le retour d’Europe de la sœur de Christian, Mia ! Venez dîner avec nous, ce sera trop cool ! Bon, sur ce, je venais juste dire ça et proposer à mon fils de manger avec moi. Mais puisque je vois que tout le monde est occupé, je me casse ! »

Ah oui ? Donc en fait, tu es juste venu faire chier dans l’appartement pour un total d’environ 45 secondes pour demander un truc que tu aurais pu faire par exemple avec un… hmmm… téléphone ?

Non. Dans ce film, tout le monde est bien trop con pour ça.

Christian propose donc de raccompagner Ana chez elle. Et lui confie un second contrat : si elle veut vraiment rester avec lui, elle devra jouer selon ses règles. Et le contrat détaille donc ce qu’il attend d’elle, à savoir une « totale soumission » avec des articles comme « le sujet ici dénommé « la Soumise » accepte par la présente qu’elle aura des relations sexuelles avec l’autre partie, dénommé « le Dominant » à chaque fois qu’il le souhaitera et sans faire d’histoires« .

Qu’est-ce qu’il est intelligent, Christian, de proposer des contrats comme ça.

Ma petite Ana, je pense qu’un mec qui te propose de signer un truc dans lequel il écrit noir sur blanc « Ton consentement, je l’emmerde bien volontiers « , tu dois pouvoir emmener ça devant n’importe quel tribunal et repartir avec la moitié de la fortune de M. Grey sans souci. Dieu qu’il est con. Et visiblement fan de sites de séducteurs pour écrire autant de caca. Je veux sortir. C’est insupportable. J’ai envie de tous les gifler avec une rame de galère.

Ana rentre chez elle et retrouve Kate qui la… non ? Non ! Non Kate, stop ! Ne dis pas ça, ce film est déjà bien trop mauvais ! Arr…

« Ana ? Tu as l’air… différente, hihihihi !« 

NON ! Pas la phrase « Ho mon dieu, depuis que tu as vu une kikoute de près, c’est comme si tous tes chakras s’étaient ouverts !« . Nooooooon, on n’ouvre pas les chakras des gens à coups de trilili ! Il n’y a que dans les sectes qu’éventuellement, un gourou peut prétendre ça ! Mais généralement, la femelle humaine porte rarement sur elle des stigmates post-coït, à part éventuellement lors de certaines pratiques japanisantes qui font du bien au cuir chevelu.

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« Ma chérie, depuis que tu es avec Christian tu es… différente et ça se voit sur toi. – C’est l’herpès, maman. »

Et puis qu’est-ce que je raconte, moi, d’abord ? Laissez-moi sortir ! Ouvrez la porte, gens du cinéma, je veux partiiiiiir !

Bon. Ces rabouins ont barricadé les issues, soit. Revenons donc à Ana, qui découvre que son ordinateur, dont elle se plaignait qu’il soit en panne, a été remplacé par un flambant neuf par l’ami Christian. L’occasion d’aller consulter sa boîte mail pour découvrir que visiblement, sa vie sociale est proche de zéro car elle est entièrement vide à part un mail de Christian qui dit :

« Ta lu le contra ? Ten pens koi ? A biento lol ;)« 

Ana répond donc promptement « Je doi i reflaichir, bisoo <3 » et commence à faire des recherches sur ce qu’est cette histoire de dominant et de dominé. Elle tombe donc sur des images de cuir, de liens, et bien sûr, plusieurs sites sur le féminisme qui utilisent le même vocabulaire à des fins de pipotron. Voilà qui n’enchante guère Ana. Mais Christian étant un peu un psychopathe, il insiste très fort (et tous deux s’échangent des mails courts à une vitesse si folle qu’il va falloir leur parler du principe du SMS) :

« Alor tu di oui ? :)
– Nan desoler, je réfléchi, c bizar :(
– Alé ésser tu vera c tro cool ;) 
– Je doa enkore reflechire :s
– Alé alé alé steuplé je veu foueté ton Q ! :((((
– Aret Christian.
– Alé ! 8====> (o)(o)   ;) ;) :D
– Christian t lour
– :'(« 

Et en effet, Christian a la délicatesse du char Tigre qui roule sur une garderie. Mais Ana trouve ça teeeellement séduisant ! Cela dit, elle n’est pas enchantée par la perspective de se faire fouetter le cucu, aussi s’occupe-t-elle d’autres choses vaguement plus urgentes, comme d’assurer son déménagement sur Seattle prévu de longue date. Ce qu’elle fait donc. Et puis, lassée que Christian lui envoie des photos de son cul par mail pour achever de tenter de la convaincre, elle lui envoie un ultime message.

« Ct simpa de te conetre ;)« 

Comment ? Elle repousse ses avances ? Christian Grey n’aime pas ça ! CHRISTIAN PAS CONTENT !

Ana est donc fort surprise lorsqu’alors qu’elle est en train de monter un meuble Ikéa chez elle, elle voit paraître à la porte de sa chambre… Christian Grey (avec une bouteille de vin blanc et deux verres, bien évidemment, il se déplace toujours avec ça sous le bras) !

« Christian !
– Tu as réfléchi à mon offre ? Devenir mon esclave en échange de heu… moi ?
– Ben c’est à dire que là je réfléchis surtout à comment tu es entré chez moi ?
– Ho, nous sommes aux Etats-Unis. Je suis sûr qu’envoyer des messages à caractère sexuel à une fille qui dit non, lui laisser des contrats du même type et pénétrer chez elle par effraction ne risque pas de me poser problème. Et puis tu sais, comme je l’ai écrit noir sur blanc, le consentement…
– Bon, mais sinon, tu es là pourquoi ?
– Je pensais te refaire l’amour, histoire de.
– Ah ben écoute, je finis de monter mon meuble et on y va. Mets-toi en slip-chaussettes s’il-te-plaît. »

Et c’est reparti pour une séquence durant laquelle Christian peut faire ce qu’il veut, la bougresse frémit au point que ça ressemble plus à un exorcisme qu’à du sexe. Et vas-y que je jouis si tu me touches la joue, si tu me fais un clin d’œil, si tu me pètes au nez…

C’en est vraiment gênant pour le spectateur qui a plus de 55 de QI. À partir de ce moment, je regardais le film avec une cagoule. Non, en laine, non. Merci.

En tout cas, l’affaire rondement menée, Christian remet son slip, reprend la cravate avec laquelle il avait attaché la bougresse, et après avoir réinsisté 22 fois sur « Dis, tu voudrais pas signer mon contrat qui ferait de toi mon esclave steupléalléfépatapute ? » s’en va. Mais pas pour longtemps ! Car il y a la remise des diplômes à l’université d’Ana, et en tant que mécène, c’est Christian Grey qui assure le show. Tout le monde vient donc récupérer son précieux bout de papier, et lorsque c’est au tour d’Ana de venir serrer la paluche du gourgandin, le mec, pas du tout lourd on vous dit, n’insiste pas du tout.

« Hé, tu voudrais pas signer mon contrat ?
– Hooo, Christian ! Ce n’est tellement pas du harcèlement que tu es en train de me faire. Mais pour la 13 287e fois : non !
– Allez !
– Tu sais quoi ? Comme ça fait 13 288 fois que tu insistes, d’accord, je veux bien essayer le sado-maso.« 

Ce n’est pas une blague. Le mec la harcèle depuis des plombes, est un psychopathe complet et incroyablement con avec ça, il retente sa chance en pleine remise des diplômes, le truc qui n’a rien à voir, et donc pendant que toute la famille d’Ana est à 20 mètres à applaudir leur fille, mais comme il insiste une fois de plus, allez hop, c’est bon, elle y va.

Diego, amène moi un sac de sport de chatons. J’ai des vertèbres à péter.

Christian, qui je le rappelle, tenait à rester super secret sur ses relations au point de contractualiser le tout, décide donc que tiens, regardez, une remise de diplômes d’une grosse université où je suis le mécène avec des milliers de gens ! Ho, il y a même la presse ! Si je serrais tranquillement Ana contre moi devant tout le monde en espérant que personne ne remarquera rien ?

Non mais… tu es un bulot ou bien ?

Mais mieux encore : ça passe ! La presse fait même sa une sur Christian Grey qui remet des diplômes, avec lui et Ana en photo, et en légende « Christian Grey et une amie« . Ho oui, tellement crédible ! Je crois que la légende complète était « Christian Grey et une amie, rien de sexuel, et si elle se mord la lèvre sur la photo et lui a la main sur ses fesses, c’est strictement amical, arrêtez ces rumeurs insupportables, c’est honteux, d’ailleurs on adore faire des unes avec des photos où l’on dit du rien.« 

Diego, deuxième sac s’il-te-plaît, j’ai déjà fini le premier.

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« Notre relation doit rester secrète. Ça ne te dérange pas si je te prends la bouche en public ? »

Okay, donc après ce passage où Christian Grey fait exactement l’inverse de tout ce qu’il explique depuis le début du film, il rejoint Ana chez elle. Et l’initie à la puissance du sado-maso en lui collant une petite fessée, allez hop. Et comme elle a accepté la fessée, elle a le droit à un cadeau : une voiture ! Comme quoi, les fessées, ce n’est pas vraiment pour punir.

« Mais où est mon ancienne voiture, qui était de collection je le rappelle ?
– Ho, je l’ai vendue sans ton accord sur le Bon Coin.« 

Ana est toute folle, hihihihi ! Il contrôle ma vie sans mon accord, c’est tellement génial, huhuhihihi ! Vivement qu’il m’éventre et me colle dans un sac poubelle, c’est tellement romantique, les psychopathes ! C’est donc aussi stupide que séduite qu’Ana décide non pas d’accepter de signer le fameux contrat pourri de Christian, mais de lui proposer un rendez-vous pour l’amender ensemble avant qu’elle n’y réfléchisse à nouveau. Tous deux arrêtent donc un horaire le lendemain au bureau de Grey Corp pour faire genre c’est un rendez-vous strictement business, ce qui est très crédible.

Ana arrive donc habillée en bombasse (je vous rappelle qu’elle s’habillait en rideaux pour venir au même endroit au début du film : elle a sûrement découvert un double fond dans sa garde-robe), et une fois encore, Christian qui tient à rester super secret tout ça, se met à la peloter devant tous ses employés.

Non mais sérieusement ? L’intrigue tient sur UNE LIGNE ! Vous ne pouvez pas la tenir au moins un minimum ? Ho, ce que j’ai mal ! C’est comme si chacun de mes neurones hurlait en se consumant. Je… je souffre.

En tout cas, les deux se retrouvent autour d’une table de réunion et commencent à discuter de ce qu’Ana aimerait éclaircir dans le contrat, amender ou supprimer.

« Alors, je lis ici, et c’est véridique ce n’est pas l’auteur de ce spoil qui l’invente, « Ana n’aura pas le droit de boire d’alcool. »
– En effet. D’ailleurs, veux-tu encore un peu de cet excellent vin blanc que j’ai fait apporter pour accompagner notre discussion ce qui rend ce dialogue encore plus crédible ?
– Putain. Même ça c’est raté. Ho, et puis les autres articles : « Ana devra manger uniquement ce qui lui sera indiqué » « Ana devra prendre la contraception choisie ». Ça va, tu ne t’emmerdes pas ? 
– Je voulais écrire « Ana sera ma femme trophée et me fera des sandwichs » mais ça ne serait jamais passé sous cette forme auprès du public cible. J’ai donc juste paraphrasé.
– Super.« 

Ensuite, il y a toute une séance où Ana pose plein de questions sur les pratiques sexuelles proposées décrites dans le contrat.

« Sodomie, c’est non.
– Grmbl… je raye.
– Fist, c’est non.
– Hmmmgrbmblblblb… je raye aussi.
– Bon, tout le paragraphe « Le Dominant pourra s’asseoir sur le nez de la Soumise après avoir mangé une choucroute et chanter le générique de Papa Schültz », c’est non.
– Et si je change de générique ? Albator par exemple ?
– D’accord. Suivant : « Le Dominant se déguisera en Kronprinz et pourra soliloquer pendant qu’une maquette de Sedan sera posée sur le cul de la Soumise. Elle devra lui hurler « Prends-moi comme les Allemands ont pris Sedan ! ».
– Oui ?
– Peut-on remplacer la maquette de Sedan par celle de Rethel ?
– Tu es dure ! Mais allez, va. »

Pendant que je m’enfilais de la morphine dans chaque bras, la scène s’achevait enfin par Ana qui chauffait un peu l’ami Christian avant de le laisser en plan : certes, le contrat est modifié, mais elle a encore besoin d’y réfléchir pour signer. Christian est tendu de bien des manières, mais décide de faire un geste : si Ana signe le contrat, il l’autorise, tenez-vous bien, à faire UNE sortie, comme un restaurant ou un cinéma, une fois par semaine !

Ouaaaaaaaaaaaaaaaaah. Quelle générosité. Tu m’étonnes Ana : vendre ton cul 6 jours sur 7 en échange d’un restaurant, ça revient à des tarifs inférieurs à ceux pratiqués par Germaine la Goulue derrière la baraque à frites de l’aire du Chevreuil sur l’A6. Je comprends que tu hésites ! Et puis, basculer dans l’esclavage, n’est-ce pas tentant ?

Ce film. Ce… mais qu’est-ce que… comment est-ce que qui que ce soit peut trouver ça intéressant ? Crédible ? Et je ne parle même pas de bon. J’ai abandonné tout espoir.

En tout cas, entre les histoires de contrat d’esclavagiste, de voitures vendues & co, Ana est un peu perdue. Ce que sa mère (qui elle boit du gros rouge en téléphonant, ce film est magique) détecte, aussi propose-t-elle à sa fille de venir passer quelques jours à la maison pour se détendre. Mais pas de bol, avant cela, Ana a une autre invitation à tenir : le repas où Maman Grey l’avait invitée ! Christian offre pour l’occasion une jolie robe rose « qui se soulève quand tu tournes » (pédophilie ++) et part avec Ana assurer les obligations familiales.

Laissez-moi vous parler de la famille Grey au grand complet.

Vous vous souvenez qu’à l’origine, ce truc est une fanfiction de Twilight ? Attention, vous allez voir à quel point l’auteur s’est éloigné de l’original.

– Comme dans Twilight, Christian n’est pas vraiment le fils de son père, mais est adopté.
– Comme dans Twilight, Christian a un médecin pour parent
– Dans Twilight, le père de Christian s’appelait Carlisle ? Dites bonjour à Carrick, le papounet de Christian !
– Comme dans Twilight, Christian a un frère. Au revoir Jasper, bonjour Eliott, qui ont un style étrangement proche !
– Comme dans Twilight, Christian a une sœur. Et ça alors, Mia ressemble jusqu’à la coupe de cheveux au personnage de Twilight !

LA SUBTILITÉ.

Seulement voilà : alors qu’Eliott est là avec Kate, donc (et qu’ils évoquent brièvement Jacob, pardon, José), ça se passe moins bien pour le couple Christian – Ana car la jeune fille annonce qu’elle compte passer quelques jours chez sa mère. Christian s’énerve donc aussitôt et emmène Ana avec lui dans un coin de la propriété familiale (probablement pour planquer le corps si elle lui dit non). Il lui fait comprendre qu’il n’est pas content ! Comment ose-t-elle voir sa famille ? C’est vraiment honteux ! Ça ne se passera pas comme ça. S’ensuit donc un dialogue pourri à base de « Tu es à moi, à moi ! À moaaaaaaaa !  » et qu’Ana prend très bien, merci pour elle, après tout, c’est bien normal d’isoler les gens de leur famille en leur hurlant dessus s’ils osent prétendre le contraire. C’est très sain.

Bravo Ana. J’ai connu des teckels plus indépendants, mais passons.

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Fig 2 – Celui qui a dû accompagner sa copine voir le film, allégorie

La soirée s’achève, et tout le monde rentre chez soi. À noter qu’à l’occasion d’un voyage retour, Twilight toujours, Christian décide de partir discuter seul avec Ana… DANS LES BOIS ! Le tout filmé, comme une bonne partie du film, avec des gros plans bien trop gros sur les visages histoire de voir d’encore plus près les lèvres maltraitées d’Ana. Oui, même la réalisation est hideuse, qu’on se le dise. Bref, ça papote un peu, et Christian commence à confesser des trucs :

« À 15 ans, une amie de ma mère m’a initié au sado-maso. Mais on est restés potes, merci. Bon, et puis c’était de la pédophilie, mais est-ce vraiment un problème vu le reste du film ?« 

Et un peu plus tard, Christian se re-confesse, mais pendant qu’Ana dort, parce que parler aux gens éveillés, c’est chiant, des fois, ils écoutent.  Ah non mais moi, je ne sais pas vous, j’ai laissé tomber depuis un bail, hein. C’est vraiment trop à chier. Je crois que justement, même Twilight était mieux. C’est dire où nous en sommes niveau scatophilie. En tout cas, qu’est-ce que Christian confesse ? En substance :

« Holala, ma mère biologique était accro au crack et est morte quand j’avais 4 ans, d’où mon adoption. Si seulement moi, le combattant qui a dû affronter la vie, je rencontrais un petit être pur pour guérir les grosses cicatrices de mon sombre passé ?« 

Ouais en fait, t’as raison. Confesse-toi pendant que les gens dorment, puisque vu ce que tu as à raconter, mieux vaut qu’ils soient inconscients.

En tout cas, Ana, elle, décide que confessions pendant qu’elle pionçait ou non et malgré les réticences de Christian, elle va partir voir sa mère. Ce qu’elle fait. Elle est un peu jalouse quand elle apprend par SMS (ils y ont enfin pensé !) qu’en son absence, Christian mange avec une amie (c’est rigolo, en fait, elle ne s’énerve que pour les trucs qu’il ne faut pas). Et quand il l’essaie de l’appeler pour la rassurer, elle ne répond pas (alors que lorsqu’il la harcelait, là elle répondait à chaque fois, merci). Aussi le lendemain, alors que sa mère et elle prennent un verre au bar du coin…

… A WILD CHRISTIAN GREY APPEARS !

« Bonjour Ana. Je t’observais depuis un moment.
– Ho ! Ça alors, après avoir insisté pour que je n’aille pas chez ma mère alors que toi aller chez la tienne, c’était bien normal, tu me stalkes comme un gros pervers psychopathe, hihihihi, tu es trop chou !« 

À noter ce dialogue véridique :

« J’ai brisé une des règles du contrat. Comme tu le vois, je bois de l’alcool.
– Le contrat n’est pas encore signé. Et puis, on peut faire une exception.« 

Aussitôt suivi par Christian qui arrache le cocktail des mains d’Ana, parce qu’il vient d’expliquer qu’elle avait le droit, mais comme tout ce film est un étron fumant, c’est raté jusque dans le moindre dialogue, hé ben en fait, il agit comme s’il avait dit l’exact contraire. Et que fait Ana ? Mais, elle glousse bien sûr ! Et puis, histoire de tuer ses derniers doutes, et puisque c’est une femelle, Christian se décide à l’acheter, par exemple en l’emmenant faire du planeur, waooooh, trop fou.

Puis, lorsqu’il en a assez du planeur, Christian a soudain un appel urgent, là encore super bien joué.

« Dring, dring !
– Allô ?
– …
– Que dites-vous ? Où, quand ?
– … 
– J’arrive tout de suite.
– …
– Mon avion est sur le tarmac dans 30 minutes.
– …
– Clic. »

Alors que je suis certain qu’en fait, la conversation complète, c’était ça :

« Dring, dring !
– Allô ?
– Bonjour Monsieur, je suis Jean-Jacques de Bouygues Télécom, auriez-vous quelques minutes à me consacrer pour parler des avantages que nous pourrions vous proposer ?
– Que dites-vous ? Où, quand ?
– Heu… je… hé bien, ici et maintenant, Monsieur.
– J’arrive tout de suite.
– Attendez, pourquoi vous répondez des trucs bizarres ? Monsieur, vous ne seriez pas en train de faire semblant d’avoir un coup de fil super important pour vous barrer parce que vous avez oublié qu’il y avait un match ce soir et qu’une fille aux grosses lèvres pourrait vous le faire rater ?
– Mon avion est sur le tarmac dans 30 minutes.
– Z’êtes vraiment un trou du cul.
– Clic. »

Et Christian s’en va, laissant Ana seule et désemparée, sans personne pour lui dire ce qu’elle a droit de boire, de manger ou de faire. Comment va-t-elle survivre sans Christian ?

Tant pis. Elle aussi rentre à Seattle. Où elle retrouve Christian dans ses appartements, visiblement préoccupé par une affaire de business. Le milieu des ouvertures faciles est décidément sans pitié. Comme il a l’air un peu tendu, voire carrément stressé, elle se dit qu’elle va lui proposer d’accepter un autre petit coup de sado-maso, comme ça, pour se détendre. Trop content que sa ruse de rabouin de faire le mec concerné ait marché, Christian emmène la donzelle dans sa chambre rouge, l’attache, lui met une paire de coups de cravache et hooo ouiiii mon dieuuuuu je ressens du plaisiiiiir et non de la douleuuuuuur !

Ah oui ? Bon ben félicitations Christian : tu viens de trouver la première cravache magique de l’histoire. Du plaisir dans la douleur, admettons, mais à la place de… elle a bien fumé, la petite.

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Christian est très excité par les gens les bras en l’air. Du coup, il est interdit de stade.

Cela dit, cela provoque moult interrogations chez Ana : pourquoi ce besoin de douleur chez Christian ? Pourquoi refuse-t-il qu’elle le touche, alors que lui, il la tripote comme du papier à bulles ? Pourquoi est-ce qu’elle l’entend encore jouer La Bite à Dudule au beau milieu de la nuit, l’air philosophe ? Que de questions, si peu de réponses, elle va donc interroger le garçon. Qui lui répond ainsi :

« C’est parce que j’ai… CINQUANTE NUANCES DE FOLIE !« 

Que… oui ?

Est-ce moi où est-ce une pitoyable tentative de justifier du titre du film avec des dialogues merdiques ? Ah, on me souffle que tout l’était jusqu’ici, soit. Christian insiste donc : il est tout tendu, quand il est tout tendu, il a besoin de faire mal. Ce qu’Ana refuse pendant environ 17 secondes, jusqu’à ce que le charismatique Christian la convainque d’un « Alé steuplé« .

Elle qui venait de faire tout un speech sur le fait qu’elle refusait qu’on lui fasse mal accepte donc (mais… pitié, achevez-moi ! Moi ou ce film, mais faites quelque chose !) et Christian l’emmène à nouveau dans sa chambre rouge pour lui coller six coups de ceinture sur le cucu. Ana est donc très énervée : il lui a fait mal aux fesses !

En même temps, c’est pas comme si tu avais demandé, hein. Mais bon, peut-être ne regardes-tu pas le même film que moi, Ana ? En tout cas, je te le souhaite. Même à mon pire ennemi je ne souhaite pas de subir cela.

Elle part donc bouder dans sa chambre, où Christian s’en veut un peu, flûte. Frapper les gens, ce serait moyen ?

« Tu veux de la pommade pour ton cul ?
– Christian, arrête.
– Un coup de bombe froide ?
– Garde ça loin de mes fesses.
– Du rouge alors ? Et un bisou magique ?
– Christian, j’en ai marre d’avoir l’impression de sortir avec un Marc Dutroux multimilliardaire.« 

C’en est donc trop pour Ana, qui si elle était prête à vendre son cul, tenait à le garder éloigné des ceintures farceuses. Elle décide donc… de quitter Christian.

Christian retourne donc à son piano, abattu. Par la baie vitrée, il pleut sur Seattle. Une de ces pluies comme seul un tuyau d’arrosage dégueulasse peut en produire. Ana passe près de Christian, lui rend les clés de sa voiture et son ordinateur. Ordinateur qu’elle ne pouvait pas avoir avec elle puisqu’aux dernières nouvelles, il était dans son appartement à elle, mais dois-je encore relever ça vu où nous en sommes ? J’espère juste qu’elle a pensé à effacer son historique internet.

Elle s’en va donc.

Christian s’élance pour la rattraper.

Mais elle lui dit de s’arrêter. De ne pas s’approcher.

Les portes de l’ascenseur se ferment sur elle et…

… FIN !

Attendez ! Ça se finit sur une fessée qui tourne mal entre les deux débiles profonds ? Que… non, remarquez, en fait c’est bien. Car finalement, c’est bien là le meilleur moment du film : le moment où l’écran devient noir.

Mais attendez, cela veut aussi dire qu’il y aura une suite ? Des suites ?

Non ! NON ! NOOOOOOOOOOOOOOON !

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Il n’empêche, ce film m’aura appris plusieurs choses.

Déjà, que l’enfer existe, et que la place y coûte environ 8,50€, voire plus à Paris.

Ensuite, qu’il est possible de devenir millionaire en écrivant une fanfiction à partir d’une merde. Je vous propose donc en exclusivité quelques extraits de ma fanfiction de 50 Shades of Grey, 50 Nuances de Petit Gris, comme promis dans un précédent spoil.

Nul doute que ce sera un best-seller, j’ai tenté de conserver l’esprit de l’original.

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Jurassic Sick World

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Avant de commencer le présent spoiler, je tiens à informer mon aimable lectorat qu’Hollywood vient de faire un pas de plus en direction du n’importe quoi ouvert et assumé. Et pour vous détailler la chose, laissez-moi vous présenter le pitch officiel de Jurassic World, tel que présenté sur les sites officiels par la production elle-même.

L’Indominus Rex, un dinosaure génétiquement modifié, pure création de la scientifique Claire Dearing, sème la terreur dans le fameux parc d’attraction. Les espoirs de mettre fin à cette menace reptilienne se portent alors sur le dresseur de raptors Owen Grady et sa cool attitude.

Je reprends pour les deux du fond qui n’écoutaient pas.

[…] le dresseur de raptors Owen Grady et sa cool attitude.

Ah oui. D’accord.

La « cool attitude« . Faut-il vraiment que je commente ? Que je souligne que les types sont tellement à court d’idées qu’ils en sont à rajouter ce genre de trucs dans le pitch ? Est-ce que quelqu’un d’autre que moi a envie d’enfoncer ses pouces dans les orbites du coupable à la simple lecture de pareille expression ?

Jurassic World l’annonçait : un doux fumet d’étron s’échappait déjà de son pitch. Mais alors, quid de la réalité ? Tout cela n’était-il qu’une erreur du stagiaire en charge de la rédaction du film ? Ou bien est-ce que toute votre enfance va se faire piétiner en l’espace de deux heures ?

Spoilons, mes bons !

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L’affiche : What The Fuck – Allégorie

Notre film débute dans un laboratoire, alors que des dinosaures sont en train de sortir de leurs œufs, probablement pour aller faire des trucs de dinosaure comme courir partout, crier fort, ou lire L’Humanité.

Mais déjà, nous filons ailleurs, et plus précisément, dans une demeure familiale des Etats-Unis où les marmots de la maison s’apprêtent à partir en voyage. Mais qui sont-ils ces délicieux enfants ?Laissez-moi vous présenter les deux charmants bambins de la famille Mitchell. Tout d’abord, il y a Gray. Gray est le plus jeune des deux frères. Il est espiègle, vif, mais surtout, passionné par les dinosaures. Il est triste de devoir quitter sa famille, fut-ce pour une semaine de vacances, mais excité à l’idée de partir à Jurassic World, sa destination, où sa tante Claire travaille. Heureusement, il ne part pas seul, car son frère Zach l’accompagne. Lui est plus grand, puisque bientôt en âge de quitter la maison, plus rebelle, et plus intéressé par les filles. Il fait donc ses adieux à sa petite amie avant de partir dans…

Bon. C’est trop dur. Je n’arrive pas à faire semblant. Je dois vous avouer l’horrible vérité. Nous n’en sommes qu’à la première scène du film et déjà, si vous regardez icelui en 3D, vous devez être en train de fouetter l’air de vos mains. Pourquoi ? Pour tenter de baffer les grosses joues de Gray, qui est tout simplement insupportable. Caricature d’enfant de film américain, il a une coupe de cheveux à la con, des valeurs familiales qui feraient passer Sarah Palin pour une dangereuse gauchiste, passe son temps à courir partout (la définition de « espiègle » selon Hollywood) quant à sa supposée intelligence, elle ne se manifeste que par sa capacité à brailler à voix haute des informations tirées de Wikipédia en permanence, même sans rapport avec la conversation en cours. Et comme en plus il ne s’arrête jamais et court partout, nous l’appellerons Ritalin. Son frère, ce n’est guère mieux ; je pense que dans le scénario, son personnage est décrit avec la seule ligne suivante : « a une sérieuse crise de priapisme« . En effet, à part baver sur tout ce qui porte roploplos (à quelques exceptions scénaristiques près, sur lesquelles nous reviendrons), il a à peu près autant de personnalité qu’une pantoufle fraîchement honorée par un cocker. Etant donné le désordre chimique qui secoue son corps fraîchement pubère, nous l’appellerons donc Hormonax.

Ces deux enfants, qui vous feront donc prier pour que les dinosaures leur arrachent la tête, sont ainsi chargés dans une voiture, qui va les déposer à l’aéroport pour prendre un avion vers l’Amérique Centrale, où ils sont récupérés par un ferry pour les guider jusqu’à leur destination : Jurassic World.

Sur le bateau, ça continue donc : pendant que Ritalin déclame des trucs vaguement scientifiques, son frère tente tant bien que mal de contrôler ses diverses glandes à la vue de femelles de son espèce. À défaut de dinosaures, il est déjà question de cerveaux reptiliens, je suppose. Lorsqu’enfin, les deux débarquent sur l’île de Jurassic World, on notera cependant que les scénaristes sont déjà partis en pause, puisque Hormonax roule des yeux en apercevant l’accueil qui les attend sur le quai.

« Roooh, pfouuuu ce n’est pas tante Claire qui nous attend ! À la place, elle nous a envoyé une espèce de bombasse, trop nul.« 

Ah ben oui, mec. On vient de passer 10mn à nous montrer que tu avais visiblement un poltergeist dans le slip, je comprends que du coup, tu sois déçu que l’on t’envoie une jeune femme bien faite de sa personne pour s’occuper de toi. De là, deux options. Soit l’équipe du film elle-même n’a vraiment aucun intérêt pour ses propres personnages, soit Hormonax n’a de goût que pour les jeunes filles. Ce qui risque de lui poser quelques problèmes avec la maréchaussée par la suite, mais passons.

Car cette jeune femme, c’est Katie. Assistante de Claire, elle a été envoyée là pour accueillir les deux neveux, et s’en occuper pour la journée. En effet, Claire est une femme très très occupée, puisque directrice du parc. Elle emmène donc les marmots jusqu’à l’hôtel, leur donne des bracelets VIP pour le parc, et leur explique qu’elle les accompagnera partout. Mais malgré tout, les enfants sont déçus, car eux, ils voulaient tante Claire. Sachant que ladite tante Claire est présentée comme chiante et sans grand intérêt pour ses neveux, il faudra m’expliquer d’où leur vient cette soudaine affection. L’écriture des personnages est digne d’un téléfilm français.

Mais justement : que fait tante Claire pendant ce temps ? Hé bien ma foi, elle accueille des sponsors, à qui elle fait visiter les laboratoires du parc où l’on travaille à recréer toujours plus de dinosaures.

« Bonjour les sponsors, je suis Claire, directrice du parc. Voici nos laboratoires. Chaque année, nous retrouvons de plus en plus d’ADN de dinosaures, comme par exemple, en retournant des cailloux ! C’est super pratique, comme ça, on les recrée, et paf, ça fait une nouvelle attraction. C’est chouette, non ? Mais bon, on sait que les visiteurs veulent toujours plus de sensations. Les dinosaures tout court, ça ne fait plus autant rêver.
– Ah ouais. Gros blasés, vos visiteurs, quand même.
– Oui. Et justement chers sponsors, vous voudriez filer du pognon pour une nouvelle attraction, c’est cela ? De quel genre ?
– Nous voudrions… frissonner, huhuhuhu !
– Okay, donc vous êtes aussi cons que le visiteur moyen, quoi. Hé bien ça tombe bien : qu’est-ce que vous diriez si je vous annonçais que l’on pourrait montrer un nouveau dinosaure, plus méchant encore que le T-Rex ?
– On dirait youpi-youpi ! Quand pourrait-on voir ce nouvel animal ?
– Ça tombe drôlement bien ! Car nous avions prévu le coup : il est déjà prêt ! Il se nomme l’Indominus Rex, et c’est un dinosaure génétiquement modifié pour être très très méchant et faire très très peur !
– Ah ben heureusement qu’on ne vous a pas dit qu’on voulait juste des dinosaures jolis à regarder, sinon vous auriez eu l’air bien cons.
– Ouiiii, en effet, c’est bien fait quand même ! »

Après ce dialogue absurde, Claire va se promener à droite et à gauche, tout en faisant comprendre qu’elle est overbookée en permanence, que c’est une femme d’affaire, et qu’à ce titre, elle n’a pas de vie. Et même qu’elle ne veut pas d’enfants, malgré le fait que sa sœur lui dise que c’est super (elle n’a pas dû regarder ses propres gosses, dont la seule vue donne envie d’investir massivement dans l’industrie des aiguilles à tricoter). Tout cela est évidemment présenté sous un jour fort négatif façon « elle loupe sa vie et est un robot » parce qu’une femme qui fait carrière et qui n’a pas pour projet d’être mère, merde alors, c’est inhumain. Lectrices sans enfants, vous êtes des vilaines, sachez-le.

La bougresse passe donc saluer ses neveux, avec Ritalin qui se roule par terre la bave aux lèvres pour faire son caprice parce que sa tante est trop occupée pour passer la journée à lui tenir la main. Elle promet donc de les accompagner le lendemain. Mais en attendant, leur dit de suivre Katie et d’être sages. Car elle est attendue ailleurs : le fondateur du parc, Simon Masrani, multimilliardaire ami des dinosaures l’attend avec son hélicoptère personnel, qu’il pilote lui-même accompagné de son instructeur, tout de même, car il n’a pas encore sa licence. Vous sentez que ça va être utile, n’est-ce pas ? Moi aussi. À bord, Claire continue à se ridiculiser à chaque fois que Masrani explique qu’il veut savoir si les dinosaures vont bien et si les gens sont contents, car Claire ne répond qu’avec des chiffres et des indices de satisfaction. Et Masrani finit par lui dire que ouaiiiis, cool grosse, tu vois, zen, prends un pétard, moi j’ai payé des milliards pour ce parc, mais je m’en fous des bénéfices, je suis un gentil. Je veux faire le bien, tu vois. Allez, tire une latte, tu vas voir, c’est cool.

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Le truc de Masrani, c’est de rendre les gens heureux, pas du tout de faire du business. Ce pourquoi il a créé un parc payant pour touristes. Et non lancé un programme humanitaire. Il est comme ça, Masrani. Il a son petit sens des priorités.

Tout ce petit monde se rend donc à l’enclos de l’Indominus Rex au Nord de l’île, en cours de renforcement car la bête serait coquine, voire carrément joueuse. Et Claire y guide son patron jusqu’à un poste de sécurité vitré qui domine l’enclos, pour mieux voir l’animal : un monstre de près de 15 mètres qui ressemble à un T-Rex, mais avec de plus gros bras, et une tête à regarder Les Ch’tis à Miami. Masrani est impressionné, mais aussi un peu inquiet en voyant les impacts de griffes sur les vitres : le bestiau serait vraiment du genre agressif. Il propose donc à Claire d’aller chercher Owen Grady (et sa cool attitude ?), ancien de la navy en charge de l’enclos des raptors, pour inspecter l’enceinte et confirmer que la sécurité du site est correcte et que le dinosaure n’est pas en train de creuser un tunnel ou se faire tatouer le plan de l’enclos sur le dos. Claire bougonne un peu, car on sent bien qu’elle a eu une aventure avec Grady (vous reprendrez bien un peu de poncifs ?), mais s’exécute, grmblblbl.

Allons d’ailleurs découvrir Owen Grady.

Le vétéran de la navy est occupé à courir sur les passerelles de l’enclos des raptors pour essayer de dresser les bestiaux, le tout en utilisant le clicker d’une manière qui laisse supposer que personne dans l’équipe n’a pensé à regarder à quoi ça servait et que boh, ça ferait bien dans le film. Cela dit, aidé par le script et malgré la débilité de sa méthode, il a quelque succès. Il les nourrit, les laisse chasser des cochons qui sortent de portes blindées dans l’enclos pour venir se faire boulotter, bref, c’est leur pote. Seulement voilà, aujourd’hui vient d’arriver sur l’île un autre ancien militaire, Fatbouc. Fatbouc est gros et porte un bouc, autant vous dire que son destin est déjà tout tracé. Mais écoutons plutôt ce qu’il raconte à Owen.

« Owen, la guerre, c’est trop cool, tu vois. C’est dans la nature, c’est comme ça, et ça aide à évoluer, parce que le plus fort, tout ça. Ou un truc du genre. 
– C’est intéressant ce que tu racontes, dis-donc.
– Oui mais en fait, si je te dis ça, c’est parce que je vois que tu arrives à dresser les raptors. 
– J’établis un lien de confiance avec eux, c’est très différent !
– Certes, mais réfléchis ! Ils sont l’arme ultime ! Mieux que les drones, ces trucs tout nuls qui obéissent au doigt et à l’œil ! Les raptors sont des chasseurs parfaits ! Rusés ! Qui travaillent en équipe, et qui grâce à toi, ont montré qu’ils pouvaient obéir aux ordres ! En cas de guerre, ce serait formidable ! »

Ah ben oui. C’est vrai que les animaux en temps de guerre, c’est tellement bien. Ça panique, ça agresse son propre camp, ça change de cible quand quelqu’un lance une baballe, et le plus souvent, des baballes, ça s’en prend plein la gueule. Mon petit Fatbouc, tu vas être gentil, ouvrir un livre d’histoire et aller à « chien antichar ». Tu verras qu’avec bien plus docile, on s’est rendu compte que c’était bien plus con.

Mais Fatbouc ignore ce qu’est un livre. Et il n’a pas internet. Ni la télé. Il ne peut donc pas savoir que raptor contre mitrailleuse lourde, ce n’est pas gagné-gagné.

Et justement, alors qu’ils causent, quelqu’un hurle « Alerte ! Cochon échappé ! » dans l’enclos des raptors.

Attendez ! On nous a clairement montré un plan où les cochons étaient enfermés derrière des portes blindées ! Il s’est enfui comment ? Il a crocheté la serrure ? Sorti son chalumeau ? C’est Michael Scofield le cochon farouche ? Notez que les mecs ont pour mission de garder des dinosaures, mais ils en chient déjà avec des porcins, ce qui met complètement en confiance. Voilà qui promet. Toujours est-il qu’un employé débile tente de récupérer le cochon avec une perche (bah oui, vu le budget très limité du parc, sauvons les cochons, ça coûte cher), et suite à une bonne blague de raptor, tombe lui-même dans l’enclos. Heureusement, Owen arrive, calme les raptors, et parvient in extremis à s’enfuir hors de l’enclos avec l’employé débile. Ce qui achève de convaincre Fatbouc, qui explique que haha, bravo Owen, c’est bien la preuve que les raptors t’obéissent ! Ils sont dressés !

C’est marrant, moi j’ai vu une scène où Owen et l’employé ont failli se faire boulotter par leurs propres bestioles. Mais bon. Je dois sûrement regarder un autre film.

Profitons de ce moment consternant pour aller voir ce qu’il se passe ailleurs :

– Hormonax et Ritalin continuent de faire le tour du parc. Hormonax boîte un peu avec ses problèmes de redirections sanguines, pendant que Ritalin court partout en récitant son encyclopédie des dinosaures. Le top du top étant l’aqualand local, ou à défaut de voir des candidats de télé-réalité copuler, on peut voir le Mosasaure, gigantesque reptile, se bouffer du grand requin blanc comme si c’était un goujon. Tout le public fait « Woaaaaah, trop cool !« 

Et puis là, on leur rappelle que étymologiquement, « Mosasaure », ça veut dire « Lézard de la Meuse », rapport à son lieu de découverte, et tout de suite, ça sonne moins cool. Ah, j’aime piétiner les rêves de mon prochain.

Toujours est-il que les deux enfants un peu cons courent dans tout le parc, avec Ritalin qui continue à être insupportable (il hurle encore plus de trucs semi-scientifiques, même laissé tout seul devant un ordinateur du parc, véridique), et à un moment, se met à chialer que bouhouhou, papa et maman vont divorcer, j’ai vu qu’ils avaient pris des avocats différents spécialisés dans le domaine, bouhouhou, je suis triste. Okay Ritalin, mais tu réalises que ça n’a rien à voir avec la choucroute ? J’ai déjà vu sur les trottoirs d’Amsterdam des types défoncés à l’acide avec un comportement plus cohérent que toi, sais-tu ? Soit. Hormonax, lui, décide qu’il en a assez d’avoir Katie à proximité, et donc la sème dans le parc, parce qu’encore une fois, il est en manque de donzelles, mais celle-là, non. Trop vieille, elle a son bac. Tout à fait crédible. Les deux enfants se retrouvent donc seuls, CA ALORS JE NE L’AVAIS PAS VU VENIR DITES-DONC.

– Claire, elle, continue à courir dans le parc de son côté. Lorsqu’elle passe par le PC sécurité, elle engueule un des informaticiens locaux, qui porte un t-shirt « Jurassic Park », ce qu’elle estime être de très mauvais goût parce que des gens sont morts, à Jurassic Park ! On ne plaisante pas avec ça ! C’est très vilain ! Quoi ? Moi ? Moi j’ai juste rouvert exactement le même parc, sur la même île où les gens sont morts, et avec peu ou prou les mêmes conditions de sécurité. C’est beaucoup moins grave qu’un t-shirt, espèce de petit salopard !

J’en ai marre. Vraiment. Ce film n’a aucun sens.

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Avant de dresser des raptors, Owen était professeur de français dans un collège en zone d’éducation prioritaire. Alors des raptors, pfou, c’est rien du tout.

Toujours est-il que notre bougresse, après avoir raconté n’importe quoi, s’en va trouver Owen pour lui demander de venir inspecter le… mais ? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Bon ? Hé bien sachez que Owen, pour montrer qu’il est cool, n’a pas un appartement dans un complexe pour employés. Non. À la place, comme tous les héros cools, il vit dans un bungalow pourri accolé à une caravane (« Bonjour, puis-je amener ma caravane moisie sur votre île ultra-préservée ? C’est pour dire que je suis cool, c’est très important. Merci.« ) et bricole sa moto devant devant lorsque Claire arrive. Ah non, les mecs n’ont vraiment honte de rien. Enfin. Après une brève séance de dragounette où Claire repousse ses avances tout en contestant le fait qu’elle soit une femme overbookée et ultra-administrative, elle emmène Owen jusqu’à l’enclos de l’Indominatus Rex pour l’inspecter.

Sauf qu’une fois dans la salle de contrôle, c’est la surprise.

« Comment, vous élevez un dinosaure en captivité, sans contact ? Monstres ! Il va être tout déséquilibré !
– C’est le cas de tous les autres dinos du parc ou presque, alors pourquoi celui-là, maintenant, vous titille ?

– Parce que je suis aussi débile que tous les autres personnages de ce film. Bon, et puis vous m’emmerdez avec vos questions : où il est, du coup, votre pépère ?
– Il doit se cacher.
– Se cacher ? Il ne fait pas quinze mètres ?
– Nan mais si, mais il est très timide. Gros employé en charge des caméras de surveillance ? Scanne l’enclos.« 

Gros employé – qui ne va pas du tout mourir comme 100% des gros, fat is the new black – inspecte donc les caméras mais… rien ! Activation du scan thermique ? Nom d’une pipe, toujours rien de rien ! C’est alors qu’Owen fait une stupéfiante découverte.

« Là ! Regardez, juste à côté de la vitre : des traces de griffes sur le mur ! La bête aurait escaladé l’enclos ? Il est donc dans la nature, vite ! »

Oui ? Tu veux dire que le type qui montait la garde n’aurait pas remarqué un truc de quinze mètres et de moult tonnes en train de jouer à saute-mouton sur l’enclos à environ deux mètres de la salle où il était, puisque les traces de griffes sont là ? Et s’il s’est barré, quid des quarante ouvriers occupés à renforcer l’enclos ? Ils n’ont rien vu non plus ? Tu ne veux pas leur poser de questions ? Ah, et accessoirement, les dinosaures ont des puces GPS je suppose, un peu comme les chihuahas de vieilles dames, non ?

« Si. Mais je propose qu’on ne regarde pas où est le dino et qu’à la place, on descende dans l’enclos en slip pour inspecter tout ça de visu ! »

Non ! Laissez-moi me trancher les veines bordel je… gnnn… lâchez-moiiiii !

Owen et deux techniciens en surcharge pondérale descendent donc dans l’enclos et vont inspecter les traces de griffes sur le mur. Owen, en tant qu’expert, est formel : ce sont des traces de griffes. Merci mec, tu es décidément bien utile. Claire, elle, est repartie en voiture, et entre deux appels de sa sœur qui couine au téléphone pour dire « Bouhouhou, tu avais promiiiiis que tu passerais la journée avec les enfants snurf snirf snourf.« , elle appelle le PC de sécurité pour demander à ce qu’ils localisent le dinosaure évadé.

Il serait temps. Tu ne veux pas attendre vingt minutes de plus ? Voire deux heures ? Histoire de ?

Et là, la réponse est fort étonnante : l’Indominus Rex… est toujours dans son enclos !

Claire ne comprend que trop tard que l’Indominus Rex est tellement fourbe qu’il a tendu un piège, et mieux encore, qu’il a su à quel moment du script Claire allait passer un coup de fil ! Car au moment où elle appelle en urgence Owen pour lui dire qu’ils ne sont pas seuls dans l’enclos, le gros dinosaure pas content se montre, et s’empresse d’essayer de boulotter tout le monde. Il parvient à grignoter un technicien, et à bloquer l’issue par laquelle les humains étaient arrivés. Paniqué, l’autre technicien ouvre la porte principale de l’enclos et tente de fuir, accompagné d’Owen. Ils y parviennent, certes, sauf qu’au moment où les portes doivent se refermer, le dinosaure farceur arrive à fond les ballons, les bloque avec sa grosse tête, puis passe en force.

Ça y est. le bougre est en liberté.

Owen a juste le temps de se cacher sous un véhicule du parc et de s’arroser d’essence pour masquer son odeur de pet liquide, que l’Indominus Rex, que nous appelerons le I-Rex car c’est un peu chiant à écrire, dévore le deuxième gros employé (celui qui était en charge des caméras et qui accompagnait Owen) avant de se barrer tranquillement. Owen souffle donc, il l’a échappé belle.

À noter que durant cette scène, on a droit à un passage où l’on voit juste le dino coller son museau juste à côté de la cachette du héros avant de renifler longuement à sa recherche. Bon, hé bien je vais vous passer les détails, mais cette scène doit revenir environ 7 ou 8 fois dans le film, tranquillement. C’est un tout petit peu lourd, mais le film n’étant pas particulièrement léger, que voulez-vous que je vous dise ?

Tout le monde regagne donc en urgence le PC de sécurité (au fait, qu’est-il advenu des employés qui travaillaient sur l’enclos du I-Rex ? C’était sûrement la pause, on va dire, pour tenter d’arrêter de lapider ce film honteux), et c’est parti pour le discours de Simon Masrani qui explique à ses équipes que c’est bon, tout va bien.

« Chers amis, depuis le début du film, je fais genre j’ai plein de valeurs éthiques, que tout ce que je le fais, je le fais pour les gens et les dinos. Bon, je finance aussi des projets de dinos mutants tueurs, mais qui pourrait me le reprocher vu qu’être incohérent est l’essence même de 100% des personnages du film ? Bien, l’I-Rex vient de se barrer, justement. Et comme j’ai plein de valeurs éthiques, je propose de ne surtout pas donner l’alerte. Après tout, on va plutôt gérer ça tout seuls, comme des grands, et sans même prévenir les employés. La dernière fois que c’est arrivé, tout le monde est mort, alors pas de quoi s’inquiéter, non ? Envoyez plutôt notre escouade de confinement. Elle est là pour gérer ce genre de problèmes. Sans compter notre système de barrière invisible : grâce à son implant, nous pouvons suivre le dinosaure à la trace, et s’il franchit la limite de sa zone, il sera électrocuté, direct !« 

C’est con que la limite de la zone n’ait pas été son enclos, du coup. M’enfin je dis ça, hein.

Owen, lui, passe brièvement dans le QG de sécurité expliquer que c’est de la folie, qu’il faut envoyer des hommes avec des armes pour l’abattre, pas le capturer. Et qu’il y a un minigun sur l’île : il faut le fixer à un hélico et donner la chasse à ce petit rabouin de dinosaure. On lui explique donc que l’I-Rex a coûté 26 millions de dollars, et donc, qu’on va éviter de lui péter la gueule directement, parce que c’est la crise, comprends-tu ? Puis, on sort Owen du PC à grands coups de pied au cul.

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« C’est-à-dire qu’à 26 millions de dollars, vous auriez aussi pu mettre un coupe-circuit dessus. Genre un implant pour le calmer à distance. Mais bon, hein, je veux pas déranger ! »

La chose est entendue : suivons donc les aventures de l’équipe de confinement.

Une quinzaine de types (ben oui, hé ! 26 millions de dollars pour un dino, mais 199 dollars de sécurité) armés de filets et de tasers à dinosaures filent donc dans la jungle en direction du signal GPS de notre bon ami, l’I-Rex. Sauf que lorsqu’ils arrivent sur place… point d’I-Rex en vue ! Par contre, par terre, un petit morceau de viande. Mais qu’est-ce que… ho !

« Les gars ! signale le chef de patrouille. L’I-Rex s’est arraché son propre implant GPS ! Et c’est encore frais ! »

Au PC de contrôle, on s’exclame : « Il est vraiment très intelligent ! Il se souvient d’où on a placé sa puce !« .

Alors que de mon côté, on s’étonne d’autre chose : elle était placée où, la puce, qu’il puisse se l’arracher tout seul ? C’est un peu con, non ? Ou alors il est vraiment très souple et je suis sûr qu’un cirque chinois en fera bon usage. Et sinon, petit détail, mais comme ça, hein : D’OÙ UN DINOSAURE SAIT-IL CE QU’EST UN IMPLANT GPS ET QUAND IL DOIT LE RETIRER ?

Enfin je dis ça comme ça, encore une fois, hein. Si ça se trouve, entre deux carcasses de mouton, ils avaient aussi descendu des manuels d’électronique dans l’enclos, que l’I-Rex lisait au coin du feu en fumant la pipe. Allez savoir.

En tout cas, l’affaire tourne mal pour l’équipe de confinement, ce qui est très étonnant, j’en conviens. Car figurez-vous que non seulement l’I-Rex sait se rendre invisible aux caméras thermiques… mais en plus, il peut aussi changer de couleur à volonté ! Mais oui ! Ah ben tiens, ça aurait été pratique pour le montrer à d’éventuels visiteurs. « Désolé, là il est camouflé. Ah, je crois que je le vois qui nous fait des doigts depuis un buisson. » Du coup, il jaillit d’un fourré, tombe sur les pauvres margoulins pris dans son embuscade (car il savait aussi qu’ils suivaient le GPS, évidemment ! Le margoulin a lu Sun Tzu !), et les dévore pendant que leurs armes ne lui font strictement rien.

La prochaine fois : emmenez des armes qui marchent sur les dinosaures, les gars.  Dans un parc avec des dinosaures, ça pourrait servir.

Depuis le PC de contrôle, l’équipe assiste donc au massacre, et Masrani décide d’agir en ordonnant une alerte de niveau 1, la fermeture des attractions proches de l’endroit où rôde la bête, et le regroupement de tous les visiteurs au cœur du parc en attendant que cela se calme.

Mais pendant ce temps, quid d’Hormonax et Ritalin ? Je vous sens impatients d’en savoir plus : ces derniers sont évidemment du côté Nord de l’île, non loin de là où l’I-Rex fout la zone. Et ils sont dans une attraction particulièrement stupide : des sortes de petites boules transparentes qui permettent de circuler au milieu d’herbivores en paix. Je ne sais pas vous, mais moi, dans ma tendre jeunesse, on ne m’a jamais laissé piloter un véhicule dans un parc d’attraction en-dehors d’un rail. Et bien là, non seulement c’est Hormonax qui pilote, mais il n’y a pas de rail, et les larrons se promènent au milieu des tricératops et des diplodocus. Avec à bord un écran vidéo qui leur dit « L’important, c’est votre sécurité ! Cette boule peut résister à une balle de calibre .50 !« . En même temps, les dinosaures utilisent peu de flingues. Et un diplodocus qui te tombe sur le coin de la gueule, je doute que tu l’arrêtes avec une vitre.

Mais l’important, c’est votre sécurité, on vous dit.

Seigneur. Arrêtez de rajouter des lignes de script pour souligner à quel point vous êtes mauvais, enfin !

Pendant que les spectateurs sirotent de l’eau de javel pour tenter de tuer leurs neurones agonisants, l’alerte arrive jusqu’à la boule d’Hormonax et Ritalin. Sur leur écran, ils reçoivent un message « L’attraction est fermée : veuillez rentrer.« . Hormonax se met donc à ricaner très fort.

« Huhuhu, on s’en fout on est des rebelles ! Allez, on grille quelques minutes de plus ? On a des bracelets VIP !
– Je ne sais pas, Hormonax. La dernière fois, dans ce parc, tout le monde est mort. Je sais que tout le monde a l’air d’ignorer cette information, mais tout de même.
– Mais non ! Personne ne s’en souvient dans l’équipe du film, tu le sais bien ! Et puis regarde, ces bouboules ne sont curieusement même pas équipées d’un système pour repartir automatiquement ! On peut donc faire ce que l’on veut. Tiens, si on allait par là ? Tiens, si on faisait paniquer les dinos pour rigoler ? Hahaha, ils manquent de nous écraser et de nous tuer, qu’est-ce qu’on se marre !« 

Ce n’est pas une exagération : ils se marrent, à deux doigts de mourir piétinés. Et enthousiastes qu’ils sont, arrivent à la clôture qui délimite la zone.

« Tu as vu Ritalin ? Il y a une porte grande ouverte sans aucune raison ! Et siiii on la prenait pour faire du hors-piste ? En pleine alerte, ce n’est sûrement pas dangereux !« 

Et ils y vont. Histoire de générer tout seul du temps de film, puisque le scénario en est incapable autrement. Pardon ? Non, les boules n’empêchent pas non plus les utilisateurs de se barrer en zone sauvage. Ils font ce qu’ils veulent.

L’important, c’est votre sécur…

Une seconde. Je vais hurler et je reviens. RAAAaaaaAAAAAaaaaAAAAAaaaH !

Voilà. Merci de votre compréhension.

Claire essaie bien de joindre ses neveux pour leur dire de rentrer, bougres de cons, mais là encore, par un iiiincroyable hasard, le réseau téléphonique se met à planter, pif pouf, pile à ce moment là ! Il ne merdera plus du film par la suite, mais là, si, comme ça, les enfants ne peuvent pas entendre que l’alerte est donnée et qu’ils feraient mieux de ramener leurs culs s’ils ne veulent pas finir en bouses de dinosaure. Quelle inventivité.

Claire file donc trouver Owen pour le supplier de l’aider à aller chercher ses neveux. Pendant que Masrani, lui, se rend aux laboratoires du parc pour avoir une petite conversation avec le Docteur Wu (à vos blagues), le responsable de l’équipe scientifique. Je vais demander à mes lecteurs qui s’intéressent à la génétique de lever la main. Allez, on s’exécute. Oui ? C’est bon ? Éloignez-vous de votre ordinateur et ne revenez que dans quelques lignes. Vraiment. C’est pour votre bien. Pour les autres, voici ce qui se raconte :

« Bon, mon petit Wu, qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Un dinosaure qui peut se camoufler et dissimuler sa signature thermique ?
– Il l’a fait ? Ho ! C’est fabuleux !
– Oui et puis il a mangé des gens, aussi. Bon, alors, comment cela est-il possible ? C’est scandaleux !
– C’est vous qui m’avez demandé un dinosaure plus « cool » ! »

Oui parce que Masrani a une éthique, encore une fois, mais il commande des monstres « cools ». Quel homme.

« Certes, mais quels gênes avez-vous utilisés ?
– C’est classé secret. »

Est-ce que je suis le seul type à me rappeler que Masrani est le patron de Wu ? Et que donc, peut-être qu’il a vaaaguement accès à cette information ?

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« Écoutez Dr Wu, je sais qu’on se fout de la gueule du monde depuis le début, mais là le coup de l’employé qui me dit que je ne suis pas autorisé à savoir un truc simplement pour faire un rebondissement plus tard, ça commence vraiment à se voir ! »

« Bon, je peux au moins vous expliquer : pour la croissance du bestiau, on a utilisé du génôme de batracien et de reptiles, et paf, du coup, il a acquis leurs capacités de camouflage optique et thermique. »

Ce n’est plus un dinosaure : Mesdames et Messieurs, c’est Peter Parker.

En tout cas, devant la menace, Masrani décide d’agir : mieux vaut tuer la bête que perdre le parc. Il va donc à son hélicoptère, et demande à ce que l’on y monte le fameux minigun qui traînait dans les réserves du parc, ne me demandez pas pourquoi, il l’a sûrement trouvé sur une brocante. Dès qu’il sera prêt, ça va moins rigoler. La licence de pilote va servir ! Allez, faites les étonnés. Mieux que ça. Mieux que ça ! Là. C’était pas mal.

Mais revenons à Ritalin et Hormonax, qui font donc les zazous en boule magique dans les coins perdus du parc. Alors qu’ils se promènent dans la forêt jolie, ils rencontrent un groupe de joyeux dinosaures. C’est beau ! Mais lorsque ces derniers se font soudain dévorer la margoulette par l’I-Rex, qui traînait dans le coin, c’est un peu la panique. Nos jeunes héros tentent bien de fuir, mais dans le chaos de la bataille, leur boule est endommagée, et une fois tous les dinosaures tués, ils se trouvent à la merci de l’I-Rex. Qui joue avec eux comme avec un jouet, mais à force d’essayer de les manger, la boule commence à craquer. Les deux garçons parviennent donc à s’en échapper, puis à courir hors de portée du monstre avant de se jeter du haut d’une cascade pour semer la bête. Ce qui fonctionne. Et vous savez ce qu’ils font lorsqu’ils sortent de l’eau après avoir échappé à une mort certaine, au milieu d’un parc plein de grands carnivores et laissés à eux-mêmes ?

Ils rigolent. Parce que huhuhu, c’était épique, lulz.

Qu’est-ce que c’est que ce film ? Non mais vraiment, on peut arrêter, là ? Avoir un peu de cohérence ? Ritalin devrait avoir la carte touristique du grand canyon dans sa culotte après un coup pareil, et Hormonax tenter de copuler avec une branche pour tenter de ne pas mourir vierge, vu comme il est chaud comme la braise. Mais se marrer, non. Là je ne vois pas.

Owen et Sally eux filent donc en direction du signal de la boule des enfants, et en chemin, traversent la zone des herbivores. Qui se sont tous fait meuler la gueule par l’I-Rex, et sont à terre. Un diplodocus agonise, et nos héros vont donc se pencher dessus et lui dire que ça va aller gros, tu peux aller vers la lumière, tu as eu une belle vie de dinosaure. Le diplodocus peut donc mourir en paix, pendant que nos héros dissertent sur l’I-Rex, qui tue par plaisir, et non pour se nourrir.

Sinon, je ne sais pas si vous vous souvenez, braves gens, mais pendant que vous pleurez sur votre ami le dino, vos neveux sont toujours dans la nature avec un I-Rex au cul. Mais je suppose que ce n’est pas très important. Après tout, vous ne venez que de traverser l’île pour ça. Vous ne voulez pas non plus enterrer le diplodocus chrétiennement, tant qu’on y est ? Ça ne devrait prendre que deux ou trois jours, faites-vous plaisir. Non ? Bon.

Une fois la route reprise, notre petit couple arrive jusqu’à la boule détruite des enfants, et aperçoit les traces de leur fuite : ils sont vivants ! Et leurs traces disparaissent au niveau d’une cascade ! Il va donc falloir continuer les recherches pour les retrouver…

« Je vais continuer seul, explique Owen. 
– Non, je veux venir.
– Vous êtes en talons au beau milieu de la jungle. Je ne pense pas que ce soit judicieux.
– Ah oui ? Hé bien regardez ! »

Claire retrousse ses manches, ouvre son chemisier, et… heu… oui ?

« Voilà ! 
– Bon, d’accord. Vous continuez avec moi. »

Mais ? Saperlipopette ! Ce sont tes TALONS qui posaient problème ! Tu crois quoi ? Qu’en ouvrant ton chemisier, tu vas gagner en aérodynamisme ? Est-ce qu’en fait le film est une immense parodie pour que les dialogues soient à ce point décalés ? Est-ce que je peux m’attendre à voir George Abitboll apparaître à tout instant ? Est-ce que ça expliquerait pourquoi Owen se promène avec pour seule arme une Winchester, au lieu d’un bon gros fusil à dinosaures ?

Et puis d’abord, qu’est-ce que je fais là ? Bon, je me casse.

Comment ça ? « Les portes de ce cinéma résistent à une balle de calibre .50 » ? Diantre. Bon, j’y retourne, mais c’est bien parce que c’est vous.

À noter que pendant ce temps, Omar Sy, qui si, si, est dans le film et travaille lui aussi à l’enclos à raptors, se promène sur la côte de l’île sans aucune raison. Et découvre à cette occasion que Fatbouc est en train d’y faire débarquer matériel, mercenaires et équipement ! Car oui, Fatbouc avait toute une flotte personnelle, qui attendait le jour J pour débarquer. Depuis quand ? Mystère. Si ça se trouve, les mecs étaient bloqués dans un kayak au large depuis trois mois, mais là, hop, zoup, ils débarquent enfin. Et portent le sigle d’une société : iGen.

En parlant de kayak, j’ai oublié de vous évoquer les attractions du parc, où l’on peut trouver « Chevauche un bébé tricératops » (intéressant) et « Fais du kayak au milieu des dinosaures« . Personnellement, on ne me ferait déjà pas faire du kayak au milieu d’hippopotames, alors au milieu de dinosaures, bon. Mais à Jurassic World, si c’est complètement con, c’est complètement possible. Je suppose que c’est même leur devise. Mais bon.

Cette parenthèse refermée, revenons à Ritalin et Hormonax, qui eux, en errant dans les bois, sont tombés sur un bâtiment désaffecté : l’ancien centre de Jurassic Park ! Il est encore là, entièrement à l’abandon ! C’est vraiment bien fait. En l’explorant rapidement, nos deux marmots trouvent de vieilles jeeps, qui grâce à leurs compétences magiques de mécaniciens qui ont retapé la voiture de papy uniquement aidés de vidéos youtubes, parviennent à redémarrer les véhicules et font route vers l’enceinte de Jurassic World et la sécurité.

Le bruit du moteur a tôt fait d’attirer Owen et Claire, qui traînaient non loin, et à leur tour, découvrent l’antique QG de Jurassic Park. Sauf que voilà : un certain I-Rex a lui aussi été attiré par le bruit (il rôde toujours dans un rayon de vingt mètres des héros, c’est fou, l’île ne doit pas être bien grande, j’ai connu des parties de cache-cache plus palpitantes). On se retape donc une énième séquence du I-Rex qui renifle nos héros, avant que ceux-ci ne doivent fuir en courant.

Oui mais voilà, un renfort inattendu arrive : Masrani ! Qui averti par radio que l’I-Rex tentait de manger ses employés dans l’ancien centre de Jurassic Park, arrive avec son hélico et son minigun. Bon, pas de bol pour Masrani, il a visiblement le tireur le plus pourri de l’histoire, puisque celui-ci parvient à rater un dinosaure de quinze mètres, et se contente de tirer derrière lui pour le faire courir, ce pied tendre. Moui ? Sinon, au bout de la 1255e balle à côté, tu ne t’es pas dit que tiens, tu pourrais viser plus en avant petit galopin ? Histoire de faire passer le fripon de l’état de dinosaure à celui de pom’pot’ ? Non ? Je comprends, c’est un peu subtil.

Mais l’I-Rex, profitant de la débilité ambiante, galope sous les balles dans la jungle (et sans se ramasser un seul projectile, merci pour lui), jusqu’à un immense dôme de verre : la volière locale ! Il rentre dedans comme un gros bourrin, et crée ainsi une brèche par laquelle les oiseaux qu’il excite de ses cris s’envolent en piaillant. En quelques secondes, l’hélicoptère est attaqué par une horde de dinosaures volants qui, non, ne sont effrayés ni par le bruit, ni par les balles, et lui maravent promptement la margoulette. L’engin s’écrase donc lamentablement au cœur de la volière dont il traverse la surface avant d’exploser, sous le regard satisfait de l’I-Rex, qui sait décidément aussi comment abattre un hélicoptère. Décidément, il n’est pas simplement intelligent : c’est un vrai érudit, ce dinosaure.

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L’I-Rex énerve les oiseaux très forts, ici en leur faisant une imitation de Lara Fabian.

Il devait avoir internet dans son enclos, en fait. Ce qui expliquerait aussi comment il a travaillé sa souplesse avec youpo… non, rien. Oubliez.

Les oiseaux s’envolent donc en tous sens, mais surtout vers le Sud, car c’est là que le script leur a dit que ce serait intéressant d’aller. Au fait, vous vous souvenez de la barrière invisible, des implants des dinosaures & co ? Bon, hé bien il faut croire que la réalisation a déjà oublié, car les oiseaux, pourtant les premiers à pucer je suppose vu leur mobilité, se promènent tranquillement, merci. Et foncent donc vers le cœur du parc, où les visiteurs ont été regroupés en attendant la fin de l’alerte.

Lorsque Hormonax et Ritalin atteignent le centre du parc, ils ont donc les volatiles aux fesses. Et la sécurité, en voyant cette nuée approcher, enclenche aussitôt… la sirène d’alarme aérienne.

Oui, Jurassic World dispose d’une sirène pour les attaques aériennes. Non, ne me demandez pas pourquoi. Et vous savez le plus rigolo ? Découvrons-le ensemble.

– – – – – – – – – –

Réunion du comité directeur de Jurassic World, deux ans auparavant.

« … et là, on sur le toit des bâtiments, on fixe des sirènes.
– Pour ?
– Ben en cas d’alerte aérienne.
– Non mais quel genre d’alerte aérienne ?
– Je ne sais pas. Les dinosaures de la volière qui s’échappent par exemple. Ou autre, hein. Un typhon, un bombardement, une pluie de grenouilles…
– C’est vrai, c’est plus sûr, vous avez raison Monsieur l’architecte. Et donc, en cas d’alerte aérienne ?
– Ben ça sonne.
– Non mais d’accord, mais du coup, les gens vont où ?
– Pardon ?
– La sirène sonne. Les gens vont où ? Il y a des abris ?
– Ah ? Ah ben non, non. Pfou, vous m’en demandez trop, là. Moi j’ai juste pensé aux sirènes. Le reste, vous vous démerdez.
– Donc en fait, on alerte juste les gens, mais pour rien ?
– C’est ça.
– Et ça sert à ?
– Heu… en cas de film, ce sera spectaculaire ? »

– – – – – – – – – –

Voilà. L’équipe du film a juste oublié ce petit détail. En général, quand on fixe des sirènes d’alerte, on a un plan pour les alertes. Et des zones où s’abriter. Sinon, vous pouvez remplacer la sirène par un type qui chante « Vous allez tous crever !« , c’est pareil. En conséquence, on assiste à une scène consternante où les visiteurs courent les bras en l’air pendant que tout ce qui vole et venu du fond des âges tente de les becqueter. Hormonax et Ritalin, protégés par le scénario, ou simplement par la coupe de cheveux de Ritalin qui suffit à repousser tout ce qui possède des yeux, sont cependant épargnés. Ils aperçoivent par contre Katie, leur baby-sitter d’un jour, se faire attraper par un ptérodactyle avant d’aller lui tremper la gueule dans le bassin du Mosasaurus. C’est la seule personne à qui ça arrive du film. Et en plus, elle, l’oiseau insiste bien. Sûrement un fétichiste des t-shirts mouillés.

À force, ça attire forcément le lézard de la Meuse, qui vient bouffer tout ce petit monde. Adieu, Katie, donc.

Sur ces entrefaites, Claire et Owen, qui ont j’imagine emprunté le tunnel spatio-temporel qui mène du vieux QG de Jurassic Park au centre actuel de Jurassic World, débarquent et Owen rassemble la sécurité pour meuler les oiseaux avec toutes les armes qui passent. Bien vite, les bestiaux succombent les uns après les autres, et ce qui ressemblait jusqu’ici à Pearl Harbor se transforme peu à peu en soirée stukas lors de la bataille d’Angleterre. Le parc est donc temporairement sous contrôle, du moins, son cœur, et…

POUF.

Ah ben il fait nuit, tiens ?

Mais il s’est passé quoi durant plusieurs heures ? Il y a eu des évacuations ? Le I-Rex s’est remontré ? Les autres dinosaures du parc, ils jouent aux cartes ?

Nous n’en saurons rien, car visiblement, les personnages du film eux-même n’ont pas remarqué que la nuit était tombée. Hop, ils débarquent de la scène précédente, et tout cela est bien normal.

Boooon. Pourrait-on arrêter de nous prendre pour des cons rien que cinq minutes, pour voir ?

Qu’importe. Car après s’être regroupés, Claire, Owen, Ritalin et Hormonax se sont rendus à l’enclos des raptors. Où Fatbouc est là, avec toute une escouade de mercenaires fraîchement débarqués.

« Bonsoir Owen. La situation sent un peu le caca, n’est-ce pas ? Des navires de la navy approchent de l’île pour l’évacuer, mais ne seront là que demain à l’aube. Tu sais mon idée d’utiliser les raptors pour la guerre ? Je pense qu’aujourd’hui, c’est l’occasion de le faire. Voilà pourquoi mes mercenaires et moi-même sommes là et allons prendre le contrôle du parc. Nous allons gérer la situation. Et prouver que les raptors peuvent pister et tuer une cible : l’I-Rex.
– Non. Votre plan est complètement con.
– Vous en avez un meilleur ?
– Mrblglglbl. »

Moi, j’en ai un. Ça s’appelle appeler l’armée en expliquant qu’un dinosaure s’apprête à boulotter 20 000 civils regroupés dans un parc complètement idiot. Alors évidemment, on me dira que l’armée, c’est pas son boulot (même si visiblement, évacuer les civils, si). Mais il suffit de savoir s’y prendre, voilà tout. Par exemple, comme ça :

« Allô, l’armée américaine ? Je sais que vous avez des bases partout en Amérique et une flotte en approche. Envoyez-nous de quoi latter un dinosaure avant que des civils ne soient dévorés en nombre.
– Ce n’est pas notre problème.
– Heu je… heu… ah, oui : vous ai-je dit que le dinosaure était barbu et se promenait avec un tapis de prière sous le bras ?
– Woputain. On vous envoie un B-52 et assez de napalm pour transformer le Texas en merguez. »

Comme quoi, c’était simple.

Mais dans le film, ces andouilles se contentent d’accepter le plan de Fatbouc. Claire va rester près de l’enclos avec un camion et les enfants à bord, prête à partir. Pendant que Owen, Omar Sy et les mercenaires vont foncer avec les raptors à la poursuite de l’I-Rex. Mais comment les mettre sur leur piste ?

« On n’a qu’à leur faire renifler le bout de chair avec l’implant qu’il s’était arraché ! »

Bien sûr. Celui que vous ne pouvez pas avoir puisqu’aux dernières nouvelles, vous n’aviez aucune raison de le récupérer et qu’il était au milieu des corps de la première équipe en charge de calmer l’animal ? On va dire que vous avez David Copperfield dans l’équipe et que pif pouf magie, il a ramené le dit bout de bidoche jusqu’à vous. Il est comme ça David. Sympa jusqu’au bout.

Les raptors peuvent donc se mettre en chasse : c’est parti pour une séquence où les dinosaures courent dans la jungle avec au beau milieu d’eux, Owen sur sa moto (récupérée quand, au fait ? Elle n’était pas à ton bungalow ? Daviiiiiid, magie !), et derrière eux, Omar Sy et les mercenaires. Bien vite, les raptors trouvent la piste de l’I-Rex, et s’arrêtent dans un coin de jungle, non loin de leur cible, qui ne tarde pas à apparaître, juste devant eux. Tout le monde se met donc à couvert, prêt à mitrailler la gueule du vilain dino.

Sauf que voilà, le dino se met à causer avec les raptors.

Owen a donc les sourcils qui décollent : « Nom de nom ! Ce dinosaure… il a des gênes de raptor ! Voilà ce qu’on nous cachait ! Il communique avec eux !« 

Ben du coup, tirez, non ?

Non.

À la place, Owen et ses amis décident de regarder la scène en faisant bouger leurs sourcils très vite. Durant de longs, looooooongs intstants, ils laissent faire jusqu’à ce que les raptors se retournent vers eux, sans attaquer l’I-Rex.

« Ah, crotte de bique, jure Owen. Je crois qu’il vient de syndiquer ces petits bâtards. Maintenant, ils sont contre nous et vont réclamer des augmentations salariales et des tickets restos.« 

Panique.

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« Allons Owen, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? Je suis gros, j’ai un bouc, je n’aime pas les animaux et j’essaie de contrôler les dinosaures préférés du public. Je ne vois pas comment cela pourrait dégénérer et mal finir pour moi. »

Nos héros ne décident donc d’ouvrir le feu que quand, bah, c’est trop tard en fait. Il fallait être moins con. Et là encore, l’I-Rex encaisse très bien les balles, merci. Il manque de peu de se manger une roquette, mais se contente de trébucher avant de repartir pendant que les raptors tuent tous les mercenaires, un par un. Seul l’un des animaux se mange lui aussi une roquette, ce qui le calme instantanément. Unique survivant de l’affaire (avec Omar Sy), Owen parvient à se replier et à rejoindre Claire et les enfants, qui étaient occupés avec les autres raptors (ils doivent courir vraiment très vite pour être partout comme ça) à faire une course poursuite. Mais qui finit bien, parce que ce sont les héros alors fuck you, raptors.

Pendant ce temps, au laboratoire de Jurassic World…

« Professeur Wu ?
– Oui ? Que puis-je pour vous mercenaires en armes et en nombre ?
– Nous venons vous évacuer avec vos échantillons d’ADN de dinosaure.  Comme ça, on pourra faire un Jurassic Park 5.
– Et quid de Fatbouc, mon allié à qui je comptais vendre lesdits échantillons un jour ou l’autre ?
– Ah non, lui, il ne part pas. Il est gros et méchant, vous pensez bien qu’il reste ici pour y mourir.
– Bon. Ben très bien alors, je vous suis. »

Je… hmmm, une sombre histoire de mec à l’intérieur du parc qui voulait revendre des échantillons d’ADN à l’extérieur ? C’est marrant, ça me rappelle quelque chose. Mais quoi ? Et est-ce que cette intrigue était nécessaire, d’ailleurs ?

Qu’importe. Car Owen, Claire, Ritalin et Hormonax arrivent au laboratoire peu après cette discussion, et Wu est déjà loin. D’ailleurs, le reste de l’équipe du parc a elle aussi commencé à être évacuée (comment, sachant que les navires ne doivent arriver qu’à l’aube ? Mystère), et n’en reste qu’un seul informaticien. Au sein du labo, nos héros tombent donc nez-à-nez avec Fatbouc, au milieu de ses hommes qui embarquent tous les échantillons qu’ils peuvent.

« Mais ? Que faites-vous ? s’exclame Claire.
– On sauve ce qui peut l’être. L’I-Rex vient de prouver qu’il était terriblement efficace. Imaginez une version miniature, capable de chasser et tuer avec pareille intelligence !
– Ce serait complètement con, puisqu’il vient surtout de prouver qu’il n’obéissait à rien. Et puis miniature ? Sérieusement ?
– Ah non mais si vous commencez avec des détails aussi, on ne va pas s’en sortir et… HO ! ATTENTION, LÀ ! UN VÉLOCIRAPTOR ! »

Et en effet : un vélociraptor vient d’apparaître à la porte du labo. Comment est-il arrivé jusqu’ici ? Probablement en se téléportant, je suppose. Bon, les hommes de Fatbouc vont probablement lui sulfater la gueule et… ah ? Ho ? Ah ben tiens, ils ont disparu d’un plan à l’autre. Tous. Sans exception. Décidément, qu’est-ce que ce film est bien fait ! Le raptor peut donc se jeter sur Fatbouc qui, ça alors, meurt de la main des animaux qu’il voulait contrôler.

Je ne m’y attendais pas du tout. DU TOUT. VRAIMENT, HEIN. LA SURPRISE.

Diego, amène le brandy et laisse-moi la bouteille, veux-tu ? Merci.

Bon, maintenant que tout le monde est mort/évacué/téléporté, je pense que nous approchons de la fin, non ? Si. Ah, et quid des 20 000 visiteurs du parc qui attendaient ici jusqu’alors ? Ils ont trouvé refuge plus loin, histoire de ne pas emmerder pour la baston finale. Ils sont vraiment sympas. Non parce qu’une baston finale, ça se passe dans un coin isolé. Toujours. Sinon, ça n’a pas l’esprit « duel ».

En tout cas, l’I-Rex arrive lui aussi au coeur de Jurassic World, et commence à semer le chaos, en ravageant les stands de t-shirt ou en faisant caca sur les boutiques de mugs. Quel petit salopard. Nos héros, qui ont filé pendant que le raptor mangeait Fatbouc, se retrouvent encerclés par les raptors, avec en plus, l’I-Rex qui les commande en face d’eux. Owen décide donc de jouer son meilleur atout.

« Par le pouvoir de l’amour et de l’amitié ! Amis raptors, je vous demande d’être mes copains et d’attaquer le vilain I-Rex !« 

Et vous savez quoi ?

Ça marche.

Je… ho bon sang, il faut que ça se finisse. Vite.

Pour résumer, les raptors attaquent l’I-Rex (et perdent), et Ritalin, qui continue de brailler des trucs à haute-voix, s’exclame « Il nous faut plus de dents ! » oui ? Ou ou plus de flingues, non ? Non ? Non. Bon. Claire file donc ouvrir l’enclos du T-Rex, et après avoir couru comme une andouille devant (le T-Rex est sympa et court au ralenti), l’amène jusqu’à l’I-Rex. La bataille peut s’engager entre dinosaure génétiquement modifié et dinosaure classique (même si lui-même ressuscité génétiquement à l’aide de… oui, bon, stop). Le T-Rex manque de se faire castagner, mais les raptors qui reviennent à la charge lui permettent de reprendre l’avantage et de repousser l’I-Rex jusqu’au bord d’un certain bassin géant.

D’où surgit un lézard de la Meuse, qui d’un coup de dent, emmène le vil I-Rex vers les profondeurs. Paf. Mouru.

C’est donc la victoire ! Le T-Rex décide de fêter ça en se barrant dans la jungle, Owen invite ses raptors à faire de même, et profitant d’un fondu au noir, tous les gens dans le parc peuvent donc être évacués sans plus d’ennuis. Nous retrouvons donc toute la fine équipe de nos héros dans un hangar avec d’autres évacués, loin de Jurassic World, alors que les parents d’Hormonax et de Ritalin viennent récupérer leurs deux trous du cul. De leur côté, Claire et Owen peuvent désormais se faire un regard amoureux en paix.

« Owen je…
– Faisons-nous des bisous, Claire.
– Bon sang Owen, quelle erreur j’ai fait jusqu’ici de vouloir faire carrière ! J’ai envie de devenir maman et de te suivre toi et ta cool attitude en étant une grosse pintade !
– Dresser des pintades, c’est un peu mon boulot.
– Ouhihihihhihihi ! »

Et c’est sur ce message qui ravira mes lectrices que le film se clot et…

… ah non, attendez. On a d’abord le droit à une séquence où l’on voit Jurassic World abandonné, où la nature a repris ses droits, et où le T-Rex, à nouveau roi de la jungle, se met à rugir.

Et… FIN !

Quelle poésie. Moi, personnellement, j’attends avec impatience le moment où quelqu’un va se souvenir qu’il y a un Mosasaurus coincé dans le bassin principal sans personne pour le nourrir. L’image de fin a été prise à temps : le bestiau flottant sur le dos en train de se décomposer et de pourrir tous les dinosaures du coin avec plus de maladies qu’on n’en trouve dans une candidate moyenne de télé-réalité, c’eut été moins positif.

Décidément, ce Mosasaurus est bien pratique pour briser les rêves des honnêtes gens.

Merci, Jurassic World.

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Si j’ai bien tout compris au film, la morale de cette histoire, c’est que tu peux courir plus vite qu’un T-Rex, même en talons-hauts, pourvu que tu ouvres ton chemisier.

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Ho ? Tiens, ça y est, je me rappelle ce à quoi me faisait penser ce film.

L’ouverture d’un parc pour dinosaures, le plus gros qui s’échappe et poursuit les héros, les raptors, un gros dinosaure qui agonise pour que les héros se penchent dessus, les enfants idiots, un mystérieux employé qui tente de faire sortir des échantillons d’ADN du parc discrètement, un combat final où c’est un dinosaure qui en latte un autre pour sauver les héros, des poncifs à ne plus savoir qu’en faire…

Un moustique a dû piquer le script du volume 1, être pris dans l’ambre, et cloné plus de 20 ans après.

Je propose l’ouverture de Scenarist Park.

Et à un moment, le responsable de la filmographie de Nicolas Cage s’échappe.

Bon sang, je tiens un concept : accroche-toi Hollywood, j’arrive !

P.S : ce spoiler est dédié au Joueur du Grenier, qui avant que j’aille au cinéma, m’a glissé « Tu ne peux pas le spoiler… il y a des dinosaures !« . Avant de lui-même voir le film et de se rouler en boule dans un coin en pleurant. Tu es vengé, mon bon. Et puis comme on dit : ce n’est pas parce que c’est plein de dinosaures qu’on ne peut pas critiquer.

Sinon, le gouvernement serait intouchable.


Oui mais c’est un Ant-Man

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Chères lectrices, chers lecteurs, cher bot qui propose des prêts à taux extraordinaires,

L’été est là, et avec lui, les bouses s’enchaînent plus que jamais dans nos salles obscures. Y compris celles où la climatisation est en panne, ce qui, vous en conviendrez, rappelle à chacun tous les sacrifices que je suis prêt à faire pour vous conter ce que vos yeux n’oseront voir. Par conséquent, et pour me remettre de cette vague de chaleur, je laisse directement place au spoil, parce que pour ma part, je suis attendu par des boissons fraîches, des cigares, et une touriste Bulgare sédatée.

Alors, Ant-Man vaut-il mieux que ce que son nom indique ? Ou bien le scénario est-il aussi rikiki que son vaillant héros ? Et surtout, Diego a-t-il bien dosé la médication de l’amie Bulgare ou vais-je encore devoir le priver de lumière du jour pour lui apprendre à faire attention ?

Spoilons, mes bons !

Pour Ant-Man en tout cas.

Le reste, je m’en occupe.

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L’affiche : attendez, pas d’explosion ? Pas de flammes ? Pas de débris qui tombent ? Serait-ce un bon f…pfff… pffffhaha, non, allez, je vous fais marcher.

Notre histoire démarre en 1989, dans les locaux de Stark Industries, alors que le Papa de Tony Stark, Howard Stark, tient encore la baraque. Tout un tas de pontes sont réunis autour de la table pour accueillir le docteur Hank Pym, qui grâce à son nom de petit gâteau, a tout de suite la sympathie du public. Mais, que lui veulent-ils à ce brave homme ? Hé bien, lui demander de l’aide. Car le bon docteur aurait inventé une formule fort intéressante qui pourrait grandement aider son pays, tant d’un point de vue militaire qu’économique. Comment ? En permettant de miniaturiser plein de trucs ! Sauf que voilà : Hank Pym n’a pas envie de partager.

« Docteur Pym, enfin ! Allez, quoi ! Partagez, un peu !
– Nan ! Cette formule, je l’ai trouvée tout seul, et personne d’autre ne s’en servira !
– Mais vous, vous vous en servez ?
– Non plus !
– Mais alors, pourquoi l’avez-vous recherchée dans ce cas ?
– Heu… je… pour… voyons voir, je suis sûr que j’avais une bonne raison de le faire…
– Bon, ça suffit docteur : maintenant, vous faites péter en on n’en parle plus. Imaginez tout ce que l’on pourrait faire avec cette technologie ! Avec des objets pas plus gros qu’une disquette, nous pourrions transporter au moins… soyons fous, 200 Mo de données ! Aidez-nous à changer le monde, docteur !
– Saperlipopette, vous commencez à me courir sur le haricot ! »

Et pour bien se faire comprendre, le docteur Pym décide de péter le nez de son interlocuteur le plus véhément avant de s’en aller faire des trucs des gens de 1989, comme par exemple écouter le dernier single des Bangles sur son walkman à cassettes. Stark et ses petits camarades, eux, sont un peu embêtés. Faut-il insister pour qu’il donne la formule révolutionnaire ? Hmmm… voyons voir… non. On va dire qu’on s’en fout. Allez les gars, allons plutôt au cinéma, ils donnent l’Arme Fatale 2, ça a l’air super !

Tout ce petit monde se disperse donc, et nous pouvons bondir dans le temps pour revenir dans le présent.

Et plus précisément, dans une prison où un certain Scott Lang est en train de se bagarrer avec ses co-détenus… car c’est ainsi que dans cette prison, quand on est un peu con, on célèbre son dernier jour de gnouf. Scott Lang vient en effet de purger sa peine pour vol et autres activités peu reluisantes, et est donc libéré. L’occasion de retrouver à la sortie son meilleur ami, Luis.

Vous décrire Luis ? Bien sûr, à votre service. Alors, voyons voir… il est mexicain, bête, a une pilosité faciale contestable, une camionnette pourrie dont il est très fier et dont le klaxon joue la Cucaracha. Et son métier, c’est voleur. Si vous avez à côté de vous un Social Justice Warrior, n’hésitez pas à lui lire la précédente description à haute-voix : logiquement, il devrait instantanément prendre feu, ce qui vous permettra, en cette saison, de démarrer votre barbecue de manière aussi originale que ludique.

Un cliché de cette taille, ça me rappelle la version du Qui est-ce ? que j’avais customisée et qui a fait toute mon enfance. Je me souviens encore de l’ultime partie.

– – – – – – – – – –

« Est-ce qu’il a un nom à consonance étrangère ?
– Oui.
– *clac clac clac*
– Est-ce qu’il vit de l’argent des autres ?
– Oui.
– *clac clac clac*
– Eeest-ce… qu’il est bien connu de la police ?
– Oui !
– *clac clac clac* »

– – – – – – – – – –

Mes parents qui avaient tout entendu entrèrent à cet instant précis et jetèrent le jeu sur le champ. Damnation, au moment où j’allais donner ma réponse : j’étais pourtant sûr que c’était Patrick Balkany !

Mais, la nostalgie m’étreint et m’égare : revenons à notre héros.

Scott va donc aller loger chez Luis pour quelques temps. Ce dernier aimerait bien que son ami l’aide à recommencer d’audacieux cambriolages, mais Scott est très clair : il a raccroché. À présent, il veut un boulot honnête, et rester loin des ennuis, malgré Luis qui ramène à la maison larrons, hackers, et autres monte-en-l’air dans le but de préparer de prochains coups. Cependant, on ne peut pas dire que les choses vont dans le sens du pauvre Scott : il ne parvient pas à trouver de boulot, son passé de voleur faisant que des employeurs potentiels ne veulent guère de lui, craignant un peu de se faire tirer la caisse, voire leur slip au beau milieu de la nuit. Pourtant, Scott ne faisait pas dans les slips (enfin si, enfin plus jeune, enfin, raaah, vous m’embrouillez, arrêtez tout de suite !). C’était un voleur façon Robin des Bois ! Il a détroussé l’entreprise où il travaillait, qui arnaquait ses clients, et a rendu l’argent aux victimes des arnaques. Ah, un homme au grand coeur, mais loser… là encore, que nous sommes loin des clichés ! Et vous savez quoi ? Il est divorcé (ho !), son ex-femme le méprise (ha !), le nouveau compagnon de son ex-femme encore plus (ça alors !) et il a une fille qui évidemment, aime très fort son papa et espère son retour. Tant d’originalité je… heureusement que juste avant le film, ils diffusaient la bande-annonce pour le film français « Nos Futurs« . Dans laquelle un mec se retrouve en pleine crise existentielle et décide de partir en virée retrouver de vieux potes et… non, sérieusement. Après ça, j’étais prêt pour enquiller les poncifs en paix.

Alors on me dira « Haaan, ça va, vous vous attendiez à quoi ?« 

Je ne sais pas ? Vous, un film à 130 millions de dollars, vous vous attendez à quoi ?

Mais puisque ce n’est pas bien futé du côté de Scott, allons voir ce qu’il en est du Docteur Pym, qui en ce beau jour, s’en va visiter les locaux de sa société, qui a perdu son nom de Pym’p my Ride (sa mère était coiffeuse) pour devenir Cross Industries, du nom du nouveau CEO, Darren Cross, puisque Pym est désormais à la retraite. Mais pourquoi cette visite d’un retraité à sa société ? Hé bien déjà, parce que c’est l’occasion de voir sa fille, Hope, qui est l’une des chefs de Cross Industries. Hmmm, attendez, elle est donc la fille du gentil chef ? Je crois déjà savoir à qui le héros va faire des bisous à la fin. Hé non, Mesdemoiselles, pas de bisous à un héros si vous n’êtes pas fille de chef. Vous n’aurez qu’à engueuler papa. Et ne me dites pas que ce cliché ne vous dit rien : vous voulez qu’on reparle, par exemple, d’Avatar ?

Non mais.

En tout cas, voici qu’arrive… Darren Cross ? Attendez, il est CHAUVE ! Puisque nous sommes dans un film à clichés, je peux déjà vous prédire qu’il est méchant et qu’il va mourir. En effet, les chauves, c’est comme les moustachus : à moins d’être noir et capitaine de la police, vous courez au devant de graves emmerdes. Mais, faisons mine de n’avoir rien vu de ces sabots géants (les critiques du dimanche y verront sûrement un clin d’œil profondément intellectuel pour un film qui parle de fourmis), et poursuivons. Car Cross a fait venir Pym, ainsi que tous les membres du conseil d’administration, pour leur parler de grands projets.

Nous suivons donc la petite équipe qui se faufile dans les couloirs de Cross Industries pour se rendre dans un immense laboratoire, avec plein d’écrans, des portes qui font psssht des dizaines de scientifiques en blouse qui font n’importe quoi, comme triturer leurs tables (regardez bien). Cross appuie sur un bouton, et une vidéo apparaît.

Ce sont des images d’archives, visiblement de la guerre froide, où l’on peut voir des soldats soviétiques en train de se prendre des raclées par un adversaire invisible. Oui mais à chaque fois, en zoomant sur les images, on peut voir un minuscule humanoïde distribuer des taloches, à peine plus gros qu’un insecte ! Serait-ce la prochaine génération de jokeys ? On le voit courir en tous sens, taper des grosses joues, manœuvrer une mitrailleuse on ne sait comment puisqu’il n’appuie pas sur la détente, mais vous avez compris le topo. Cross, lui, commente les images :

« Regardez ces documents retrouvés sur Youtube… Ant-Man ! Une légende ! Certains prétendent qu’il n’a jamais existé, le docteur Pym ici présent le premier… on dirait que quelqu’un ment ! Pym, qui a toujours refusé de partager sa formule pour rétrécir les objets… même avec sa propre société ! Maintenant que je la contrôle, j’ai décidé malgré tout de poursuivre dans cette voie et de réussir avec ou sans l’aide de… oui ? Vous avez une question ? Monsieur… ?
– Connard. Non, c’était juste pour dire : elles sont chouettes vos images. Instructives, vraiment.
– Merci.
– Mais juste comme ça : qui tenait la caméra pour filmer ?
– Heu…
– Il y avait un Russe qui filmait ses copains en train de se faire massacrer ? Quelqu’un avait posé une caméra juste derrière une mitrailleuse ? Et là, l’angle : c’était une caméra volante ou…
– Ahahaha heu… sécuritééé ? Pourriez-vous sortir ce Monsieur, je crois qu’il n’est pas actionnaire, et viiiiite s’il-vous-plaît ! »

La chose entendue, Cross décide de quitter le laboratoire pour mener ses invités jusqu’à une salle où attend ce qu’il veut présenter : son dernier prototype révolutionnaire, le Yellow Jacket.

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Un jour, un type d’Hollywood rentrera dans un vrai laboratoire de recherche. Et je pense qu’il fera un malaise en découvrant que tout le monde ne travaille pas sur des tables de designers impeccablement rangées.

« Si c’est ça que vous vouliez leur montrer, pourquoi vous êtes d’abord allé dans un laboratoire pour regarder le film d’Ant-Man ? Pour avoir du bruit en plus, du confort en moins, emmerder les scientifiques qui y travaillaient et s’assurer que le maximum de personnes soient au courant des sombres secrets de Pym ? C’est complètement con, autant aller directement dans la bonne salle. En plus, ça veut dire que vous avez payé des décors en plus, des figurants bonus, des costumes de…
– Mais qu’est-ce que vous faites à la porte de… sécurité bon sang, traînez Monsieur Connard plus loin, c’est relou ! Raccompagnez-le à la sortie du bâtiment ! »

Alors qu’on entend couiner des talons de chaussures de ville traînés sur le sol lustré de Cross Industries, ainsi qu’un cri lointain « Même une simple réunion de travail, c’est trop dur à réaliser correctement avec un budget pareil ?« , Cross reprend.

« Voici donc notre dernier projet : le Yellow Jacket.
– C’est en hommage à Baygon Jaune ?
– Il suffit, petites langues de putes. Regardez ce film publicitaire qui explique tout et prouve qu’on avait bien des écrans ici pour regarder ce que l’on voulait. Le Yellow Jacket, c’est ce minuscule costume de la taille d’un insecte qui ressemble à une quelconque merde en résine achetée 120€à la Japan Expo, il y a même des scènes où c’en est gênant. Sitôt un homme rétréci placé dedans, il pourra reproduire les exploits d’Ant-Man ! Imaginez, un soldat minuscule, mais rapide et violent comme une balle ! Capable de mettre de la démocratie et de la liberté dans la gueule de margoulins partout dans le monde ! Maintenant, imaginez-en… une armée ! Le Yellow Jacket, c’est l’arme de demain ! Bien sûr, la formule pour rétrécir quelqu’un n’est pas au point mais… une seconde, mon téléphone sonne. Oui ?

– Oui Monsieur Cross, c’était juste pour dire : la prochaine fois, ce ne serait pas plus intelligent de développer des mini-tenues de combat APRES avoir réussi à miniaturiser les mecs à mettre dedans ? C’est à peu près aussi con que développer durant des années un tank pour cochons d’Inde avant de vérifier seulement après que tu peux bien apprendre à ces petits animaux à les piloter. Et puis, imagine : quand bien même tu arrives à miniaturiser un mec, paf, tu n’arrives pas à le faire à la taille du costume : tu fais quoi ? 
– Sécurité ? Descendez en bas du bâtiment et pétez la gueule de Monsieur Connard qui s’amuse à passer des coups de fil devant la porte.« 

Les actionnaires en tout cas, ne remarquent pas que tout cela est à peu près aussi intelligent qu’une question de journaliste de grande chaîne un soir d’élection présidentielle et applaudissent donc chaudement. À noter qu’ils sont d’ailleurs visiblement très surpris de ce projet : pour des actionnaires membres du conseil d’administration, ils s’intéressent visiblement peu à ce que l’on fait de leur pognon, mais passons. Car deux d’entre eux réagissent de manière plus intensive que les autres : nous les appelleront Pam et Poum. Pam est celui à qui Pym a pété le nez il y a des années : c’est le plus enthousiaste de tous. Poum, par contre, est un actionnaire beaucoup plus réservé. Son argument est que c’est mal, car « Imaginez si cette arme tombait entre les mains de nos ennemis…« 

Juste comme ça, hein : c’est une entreprise qui fabrique des armes. Si tu pars du principe qu’il faut faire des armes pas dangereuses des fois que l’ennemi s’en empare, je peeeense que ça va être compliqué. Réinvestis dans les patators mon garçon. Et encore !

En tout cas, l’argument, bien qu’aussi débile qu’incohérent, pique au vif Cross qui explique à Poum qu’ils devront « avoir une petite conversation« . Puis, Cross chasse Pym, Pam, Poum et Hope ainsi que les autres actionnaires parce que ça commence à bien faire les commentaires honteux et que sa présentation est terminée, voilà. Alors que tout le monde s’en va, on découvre que Hope et papa Pym, bien que visiblement fâchés depuis des années, sont d’accord sur un point : cette histoire de rétrécir des gens et de Yellow Jacket paraît un peu dangereuse.

C’est bien de s’en apercevoir à la fin du projet. Surtout pour Hope qui elle, n’a jamais quitté la société et est le bras droit de Cross.

Ho, et au fait : histoire de bien dire tout de suite que Cross est méchant, on le voit se rendre aux toilettes pour discuter avec Poum, l’actionnaire dubitatif. Et très tranquillement, sortir un pistolet rétrécisseur (si, visiblement, entre deux portes, ils ont développé ça et personne n’est au courant !) pour tirer sur le pauvre Poum pour lui apprendre la vie. Mais comme la formule pour rétrécir n’est pas encore au point chez Cross, cela réduit juste le pauvre Poum en une minuscule pulpe informe, que Cross essuie avant de jeter aux toilettes, hohoho HAHAHA JE SUIS DIABOLIQUE HAHAHA !

C’est vrai. Et puis bon : ce n’est pas comme si Poum disparaissait mystérieusement juste après un désaccord avec toi. Et après avoir employé un ton fort menaçant à son égard devant moult personnes (ton « Nous devons avoir une petite conversation » sonnait un peu comme « J’ai très envie de te parler avec des des pinces crocodiles et une clé à molette« ) En allant aux toilettes dans un bâtiment bardé de caméras, où l’on te voit rentrer pour le rejoindre avant de sortir seul, puis d’aller ranger ton prototype de pistolet rétrécisseur que tu ne sortiras plus du film alors que finalement, il désintègre quasiment les gens en un coup, ce qui peut s’avérer pratique. Alors on me dira « Oui, il peut effacer les caméras quand même, c’est sa boîte !« . Pourquoi pas. Il faudra juste faire taire tous les agents de sécurité concernés en les arrosant de pognon. Et les 150 scientifiques du laboratoire où il a dû prendre le prototype tueur avant de le rapporter mystérieusement déchargé. Et…

Bref, niveau génie du mal, on retiendra surtout « du mal« .

Cela étant dit, revenons à Scott.

Car Scott en a assez de perdre ses boulots à cause de son passé de cambrioleur. En plus, à l’anniversaire de sa fille, on lui a gentiment fait remarquer qu’il ne payait pas la pension, et donc ne devrait même pas pouvoir la voir, ou alors depuis une camionnette et avec des jumelles. Mais il paraîtrait que ça pourrait faire mauvais genre. C’est donc bouleversé que notre héros va devoir prendre une grave décision : reprendre la cambriole (il fait évidemment ça pour sa fille, et pas du tout pour se payer un appartement, un écran géant pour regarder Cyril Hanouna et tout un car de strip-teaseuses). Et ça tombe bien, puisque Luis a un plan « du tonnerre ». En effet, lors d’une séquence lolilol, on comprend que le plan de Luis est un peu pourri : c’est une fille qui fait le ménage chez un vieux qui a dit à José qui a dit à Pedro qui a parlé à Javier d’un coffre situé chez le vieux en question, fort riche, qui contiendrait quantité de pognon.

Le tuyau paraît foireux ? Les personnages en sont conscients ? Vite ! Ils se mettent quand même aussitôt à préparer l’affaire !

Dites les mecs, vous regardez vos propres films des fois ?

On retrouve donc un peu plus tard Scott, Luis et deux amis de ce dernier faisant office de chauffeur et de hacker pour lancer l’opération sur la maison du vieux ciblé. Sur place, rien d’extraordinaire. On voit juste un porte-clé char d’assaut que le héros ramasse parce que tiens, hop, je fais aussi dans le vol de porte-clés. C’est marrant, j’ai l’impression que ça servira plus tard. Mais soudain, l’affaire se révèle plus complexe que prévue car la chambre forte est protégée… par un lecteur d’empreintes digitales. Rien qui n’arrête Scott, qui sait parfaitement tromper ce genre de système à l’aide d’un bricolage digne de Mac Gyver impliquant un verre, de la cire, un moule, un portrait de Kim Jong-Un ainsi qu’un demi-Dinosaurus. La porte blindée s’ouvre donc… et révèle une deuxième porte blindée ! Mais enfin ? Cette fois-ci, c’est du vieux modèle, et grâce à son expérience de rôdeur nocturne, Scott a tôt fait de faire exploser discrètement la chose en déversant de l’azote dans le mécanisme. La seconde porte s’ouvre donc et… mais ? Où est le pognon ? Il n’y a rien qu’une espèce de vieille combinaison pourrie là-dedans ! Les strip-teaseuses ne se paient pas avec ça ! Je dirais même qu’offrir des fringues à des strip-teaseuses, c’est un peu antinomique : remboursez, nom d’une pipe !

Tant pis ! Déçus, nos héros rentrent chez eux. Sans remarquer que des fourmis surmontées de petites caméras avaient tout filmé… pour le compte du Docteur Pym qui n’a rien manqué de l’affaire.

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Grâce à ses fourmis à caméra, le docteur Pym a la plus grande collection de sex-tapes de toute la ville. C’est ça, la vraie puissance.

Le lendemain de cette sombre histoire, c’est donc un peu dépité que Scott se dit que bon, allez, il va l’essayer, cette combinaison ! Comme ça, pour voir ! Et ouf, elle est pile à sa taille. Le bougre se met donc dans la salle de bain, enfile le bousin… et entend soudain Luis rentrer, ce qui le met dans un état de panique terrible. Pourquoi ? Parce qu’il a l’air con avec sa combinaison va-t-on dire, allez, on va être sympas et dire que ça se tient. Scott se cache donc dans la baignoire et tire le rideau avant de noter deux boutons rigolos sur sa combinaison. Que se passe-t-il s’il appuie dessus ?

Pouf ! (ceci est un effet spécial)

Scott se retrouve soudain de la taille d’une fourmi. Et ça tombe mal, car au même moment, Luis rentre dans la salle de bain… et s’apprête à prendre un bain ! Mais comme Luis est bête, il envoie l’eau… sans mettre la bonde. Oui, Luis est con au point de ne même pas savoir comment prendre un bain. Nous en sommes là. Enfin : l’eau déboule, embarque Scott, et celui-ci se retrouve donc suite à moult aventures, à traverser sous sa forme miniaturisée quantité de lieux du voisinage dont un bar où ça danse (et bourré de fêtards nocturnes alors que dans la salle de bain, il faisait grand jour, intéressant). Notre héros a donc peur, esquive comme il peut, et découvre accessoirement qu’il est très, très résistant sous cette forme malgré sa petite taille. Mais le plus mystérieux reste qu’il entend une voix dans son casque :

« Hahaha… alors, Scott, on s’amuse ? Tu découvres ce que peut faire ma combinaison ? Ne t’inquiète pas, je vais bientôt te contacter…« 

Oui, enfin ta combinaison, il est en train de chier dedans mon bon, tu serais bien urbain de lui donner plus d’explication que « À plus dans le bus » si tu ne veux pas te retrouver avec pour ami le plus petit étron du monde (qu’il pourra faire passer pour une allégorie du courant minimaliste, cela dit, et se faire quelques millions dans une galerie, mais je digresse une fois encore).

Scott, tout paniqué, décide donc que cette combinaison, il n’en veut pas, ça a l’air d’être trop d’emmerdes sans mauvais jeu de mot. Il la retire donc, la glisse dans un sac, et retourne à la maison où il l’a volée pour la reposer dans la chambre forte. Sauf que voilà, à la seconde où il sort de la maison… il est attendu par la moitié de la police du coin. Scott est donc emmené au commissariat, où il croupit dans une cellule sous le regard méprisant plus plus du nouveau compagnon de sa femme, qui, oui, est dans la maréchaussée.

« Ta famille croyait que tu avais changé, Scott, ta femme et ta fille vont être trèèèèès déçues.
– Ce n’est pas ce que tu crois…
– Ah oui, Scott ? Qu’est-ce que c’est ? Enfin je m’en moque, ce soir, c’est moi qui serait nu dans ta maison, à faire l’amour vigoureusement contre la commode en…
– Ne touche pas à ma femme !
– Ta femme ? Que… ah ! Oui je… je parlais de ta femme, bien sûr je… oui. Hem. Tout ça. »

Mais heureusement, quelqu’un joue une carte interruption ! On informe soudain Scott qu’il doit voir son avocat. Or… il n’a pas d’avocat !

Il est donc fort surpris lorsqu’il découvre Monsieur Pym qui l’attend pour un petit entretien pendant que des fourmis masquent la caméra de sécurité du réduit où ils sont.

« Mais… vous n’êtes pas mon avocat !
– Non, sinon on m’appellerait « Maître Pym ». Ce qui sonne mauvais chanteur, vous en conviendrez.
– Dans ce cas, qui êtes-vous ?
– Le docteur Hank Pym, fondateur de Pym’p My Ride, désormais Cross Industries. C’est ma tenue que tu as volée. Je t’avais dit que je te contacterais.
– Votre tenue… écoutez, je vous l’ai rendue ! Bon, il faudra peut-être frotter un peu au fond, mais sinon, elle est impeccable ! Je n’en veux pas, gardez-la !
– Mais moi, je voulais que tu la voles. Je te suis depuis très longtemps, Scott. Depuis ton cambriolage façon Robin des Bois qui t’a envoyé en prison. Ta femme, ta fille… je sais tout de toi. Y compris que tu allais devoir te remettre au cambriolage pour te faire un peu d’argent. Alors j’ai payé cette fille pour qu’elle dise aux amis de tes amis de tes amis qu’il y avait un coffre chez moi… et tu es venu, comme prévu. Tout ce que tu as fait jusqu’ici, je l’ai voulu, car sache que j’ai besoin de toi.« 

Scott fronce un sourcil. Puis l’autre.

« Alors oui, d’accord, mais si vous saviez que je manquais d’argent, plutôt que de monter un plan foireux, vous n’auriez pas mieux fait de me proposer directement un boulot si vous aviez besoin de moi ?
– Ah ? Heu… oui, tiens. Mais attends, je t’arrête, je suis le docteur Pym, un personnage génial qui…
– Qui plutôt que d’utiliser un téléphone ou envoyer un message, a préféré filer une énorme quantité de pognon à une gourdasse pour qu’elle raconte à des mecs des trucs sans savoir s’ils allaient en parler aux bonnes personnes ou à d’autres. Finalement, le fait que le mec qui connait le mec qui connait Luis ait parlé aux bonnes personnes ne tient que de la chance. Quid de s’il avait parlé à quelqu’un d’autre et qu’une autre équipe de cambrioleurs était venue ?
– Attends, revenons à…
– Ou encore, comment saviez-vous que j’allais essayer la combinaison, et pas Luis par exemple ? Ou que je n’allais pas la revendre direct ? Ah, vous auriez eu l’air bien con !
– BON HÉ CA SUFFIT MAINTENANT HEIN ! TU TE TAIS ET TU M’ÉCOUTES, MERDE ALORS !
– Grmbl okay.
– Mon plan a une suite. Je vais te faire sortir d’ici.
– Par exemple, en payant ma caution ou en ne portant pas plainte puisqu’après tout, je suis ici pour vol chez vous ?
– … heu… non en fait, je prévois de te faire évader.
– Ho nom de… gaaaardieeeens ? Je veux rentrer dans ma cellule ! Le Monsieur est un tout petit peu débile ! »

Scott retourne donc dans sa cellule, où il aperçoit des fourmis qui viennent lui livrer une minuscule combinaison… qui s’agrandit soudain et qu’il reconnaît ! La combinaison qui permet de rétrécir ! Vite, il l’enfile, et hop ! Le voilà minuscule. Il peut donc quitter la prison tranquillement, en passant sous les portes & co sans être vu, et est récupéré à la sortie par une fourmi volante, commandée par Pym, qui pilote toute l’opération à distance.

Passons sur les pirouettes qui s’ensuivent, mais à force d’en faire, Scott manque de peu de vomir dans son casque, et se réveille… dans la maison du Docteur Pym, avec sa fille Hope qui veille sur lui tout en envoyant des messages avec une application bien connue pour rappeler que le film a des sponsors, saperlipopette. Rapidement, et après avoir esquivé les hordes de fourmis qui vivent dans la maison, Scott est invité à prendre le petit déjeuner à la table des Pym, en compagnie de Hank et Hope. Qui lui expliquent la situation.

« Bon, mon petit Scott, vois-tu, je t’ai fait venir pour une mission super dangereuse que je ne veux pas confier à ma fille.
– Je peux la faire, papa ! On n’a pas besoin de ce cambrioleur pourri !
– Non, c’est trop dangereux.
– Tu me sous-estimes, bouhouhouhouhou !
– Pendant que ma fille fait sa crise d’adolescence et malgré son génie, ne comprend pas pourquoi un père refuse de confier une mission super dangereuse à son seul enfant, parlons de ladite mission. Vois-tu, je ne suis plus le CEO de Pym’p My Ride, comme tu le sais. Car mon bras droit, Darren Cross ainsi que ma fille ici présente m’ont évincé il y a des années. D’où le fait que Cross dirige à présent et que ce soit Cross Industries.
– C’est marrant cette habitude dans le coin de toujours donner son nom à sa société : Stark, Pym, Cross… et sinon, vous êtes plutôt Jean-Jacques Samsung ou Jean-Michel Apple ?
– Concentre-toi, malandrin. Sache qu’il y a des années, j’ai découvert le secret permettant de rétrécir des trucs et des bidules. D’où cette combinaison. Mais je n’ai jamais voulu partager ce secret, bien trop dangereux ! Mais Darren Cross, lui, le voulait. Alors après avoir pris le contrôle de ma société, il l’a utilisée pour tenter de reproduire mes travaux et s’en servir pour les vendre au plus offrant. Nous devons empêcher cela !
– Et ta fille ici présente ?
– Elle a fini par réaliser que Darren était un rabouin et elle opère discrètement en sous-main pour moi.
– Je pense avoir la solution.
– Oui ?
– Vous prenez vos fesses, vous allez au conseil d’administration, et avec vos pouvoirs de vote familiaux combinés et votre influence si jamais ça ne suffisait pas, vous éjectez Cross.
– Ha. Tiens, oui. Mais en fait, on pensait plutôt à faire une opération ninja pour effacer tous ses travaux sur la formule, et voler son Yellow Jacket.
– Vous avez le droit d’être de gros blaireaux, vous savez.
– Blaireaux ? On est plutôt fourmis par ici.
– Ah ben tiens d’ailleurs, puisque l’on parle de fourmis, d’où vous commandez aux fourmis ?
– Ben je ne sais pas… j’ai inventé un truc qui permet de rétrécir à la taille d’une fourmi, donc je me suis dit que je devais commander aux fourmis ?
– Et donc, si vous aviez rétréci à la taille du fessier des gens, vous auriez commandé aux Kardashian ?
– Ouais alors tu vas arrêter tout de suite, maintenant, hein ! J’ai développé ce petit outil qui se fixe à l’oreille et qui permet d’envoyer des ordres aux fourmis. Et tu vas t’entraîner à l’utiliser, car je veux te former à devenir Ant-Man, l’homme qui rétrécit comme je le fus quand j’étais jeune, pour aller voler le Yellow Jacket  et arrêter les projets de Cross ! »

Pendant que Hope boude et fait la moue dans tous les sens pour dire qu’elle n’est pas contente, qu’elle voulait devenir Ant-Woman, et qu’elle ne comprend toujours pas pourquoi son pôpa l’en empêche (oui, elle tient son intellect de son paternel je pense), elle informe aussi nos héros que Darren est vraiment méchant car il tue des animaux choupi dans ses expériences pour mettre au point la formule pour rétrécir des trucs. Et pire encore… il vient d’y parvenir ! Il faut donc se hâter pour l’entraînement de Scott !

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Exercice 1 : se retenir d’utiliser la combinaison pour aller dans les douches des filles.

Évidemment, c’est aussi l’occasion de parler des terribles blessures familiales, histoire de laisser croire que quelqu’un aurait passé plus de six minutes sur l’écriture de tous les personnages. Hope reproche à son père de ne jamais lui avoir dit comment sa mère était morte. Et à l’occasion d’une dispute pendant l’entraînement de Scott… il décide de tout révéler.

« Ta mère… Hope, ta mère a disparu alors qu’elle était en mission avec moi. 
– Ho ! Elle avait une combinaison elle aussi ?
– Oui. Avec des ailes. 
– Du coup elle s’appelait Mouche-Woman ? Et dans la même logique que vous, elle pouvait commander au caca ? Auquel cas, elle n’a pas disparu : elle a changé d’identité et aujourd’hui continue une carrière crypto-musicale en France sous le nom de « La Fouine ».
– Scott : votre gueule, c’est un moment émouvant, merci.
– Mes excuses, Maître Pym’s.
– Bon, passons. Figure-toi, Hope, qu’il y a des années, des terroristes se sont emparés d’un silo de missiles russes et ont envoyé un projectile armé vers les Etats-Unis. Ta mère et moi avons réussi à nous poser sur l’engin pour tenter de le désamorcer, mais nous n’avions pas de tournevis. Ta mère a donc dû pourrir son régulateur de changement de taille pour rétrécir jusqu’à une échelle subatomique, où elle a pu franchir la paroi du missile, péter tout ce qu’il y avait dedans dans la foulée, et sauver l’Amérique. Mais ce faisant, elle a rétréci jusqu’à atteindre une dimension où l’espace et le temps n’existent plus. Et n’a jamais pu en revenir. Toutes ces années, j’ai fait des recherches, mais je n’ai pas trouvé de solution. Je n’ai pas su la ramener. C’est pour ça que je refuse que tu partes en mission : pour ne pas te perdre toi aussi.
– Ho, papa ! Si seulement tu m’avais dit ça plus tôt alors que tu n’avais aucune raison de le cacher ! Peut-être n’aurais-je pas donné la société à ton bâtard de bras droit !
– Oui, mais il n’y aurait pas eu de film. Allez, viens là, faisons nous un câlin. »

Et câlin il y a. Moi même, j’ai étreint Diego à ce moment là. Les deux mains sur la gorge. Fort.

En attendant, Scott apprend à tout faire : changer de taille à volonté, se battre avec Hope qui évidemment lui colle de gros ramponneaux, commander aux fourmis de différents types, comme les grosses, les petites, et puis les oranges, là, mais siiiii (Scott n’est pas un expert), et surtout, Pym lui présente deux espèces de projectiles curieux.

« Oui, alors je n’ai jamais inventé d’armes pour ce costume.
– Vous ne pouviez pas simplement en rétrécir ?
– Chut !
– Non mais vous dites une connerie par ligne de dialogue, c’est un petit peu lourd quand même !
– Qu’importe. Voici donc deux projectiles : le bleu et le rouge. Tu les lances, et hop ! Le rouge rétrécit tout ce qu’il touche. Le bleu, au contraire, l’agrandit. »

Quelque chose me dit que la prochaine mission d’Ant-Man va consister à cacher deux projectiles bleus dans le soutien-gorge de Hope, mais faisons fi et poursuivons.

« Mais dites-donc professeur Pym !
– Oui ?
– Vous n’aviez pas parlé du secret pour agrandir des trucs ?
– Bah non, ça ne me paraissait pas super important. Pourquoi ?
– Je ne sais pas ? Bon, là je pense à d’énormes M&Ms, mais sur le principe, vous pourriez accroître massivement les réserves de nourriture et sauver une partie de la planète ?
– Ah oui, tiens.
– Et puis pareils pour les minerais rares ?
– C’est vrai que c’est pas con !
– Et je ne parle pas du marché de l’agrandissement de péniches ! Alors pourquoi vous ne le faites pas ? Vous pouvez sauver le monde, là, tout de suite !
– La réponse est dans ma réplique précédente. Et puis, allez, ça suffit de dire des trucs intelligents ! On veut de l’action, et l’action, c’est forcément con d’après nos producteurs ! »

Et pour commencer, il leur faut aller voler un vieux gadget de Pym, qui était resté dans un entrepôt de Stark depuis des années. Une balise dont ils ont besoin pour la mission chez Cross Industries. Scott est donc envoyé avec une escadrille de fourmis au-dessus de l’entrepôt, sauf qu’en arrivant… ledit entrepôt a été transformé en QG des Avengers ! Tant pis, se dit Scott. J’y vais quand même, quand bien même on me dit d’annuler la mission. Zou.

Oui ? Et si c’est devenu un QG, tu n’as pas dans l’idée qu’ils ont déménagé le contenu de l’ancien entrepôt, du coup ? Et que ça ne sert à rien ?

« Vite les gars, allons chercher du chocolat à l’ancienne chocolaterie ! 
– Ah non Monsieur, ici ce n’est plus une chocolaterie, c’est une base militaire.
– Tant pis, on va devoir tous les tuer, je suis sûr qu’ils cachent encore des pralinés ! »

C’est moche d’être aussi mauvais.

Scott en tout cas pense que protégé par sa taille, il devrait pouvoir infiltrer le coin. Mais c’est sans compter qu’il est dérangé par l’Avenger avec des ailes dans le dos, qui, puisque son nom ne me revient pas, sera nommé Gros Pigeon pour les besoins de ce spoil. Gros Pigeon a des lunettes lui conférant une incroyable vue, et il a tôt fait de trouver l’intrus de la taille d’une fourmi. Une bagarre éclate donc, durant laquelle Scott peut constater que sous sa forme d’Ant-Man, il file comme une balle et tape aussi fort, lui permettant de faire bobo à Gros Pigeon. Avant d’infiltrer le sac à dos qui contrôle ses ailes pour le pourrir. Gros Pigeon s’écrase donc comme une bouse… mais décroche son talkie-walkie !

« Les gars… ne parlez jamais de cet incident à Captain America.« 

Que… pardon ? Tu fais une blague ? Et donner l’alarme, sinon ? Non ? Ho, miséricorde ! Hé bien, grâce à ce gigantesque trou de ver de Lorentz dans l’intrigue, Scott peut voler la fameuse balise et rentrer victorieux à la maison pendant que l’ensemble des Avengers prend un bain moussant. Ah, Pym est fier de son coup : il a bien fait de faire confiance sans aucune raison à ce voleur au grand cœur ! C’eut été con qu’il se barre juste avec la combinaison pour se faire du fric. Et fasse dévorer Pym par ses propres fourmis. Enfin, je dis ça….

Allez, il est temps d’aller ruiner les travaux de Cross avant de s’emparer du Yellow Jacket !

Sauf qu’alors que tout le monde en parle tranquillement, on entend un bruit dans une pièce voisine de la maison. Hank Pym s’y rend pour tomber sur… Darren Cross !

« Darren ? Mais comment êtes-vous rentré ?
– La… la porte était ouverte ?
– D’accord, mais que voulez-vous ? Et que faites-vous tout en noir avec des gants par cette saison ?
– Je venais vous… vous inviter, voilà. Pour la présentation du Yellow Jacket, que je vais vendre demain, pour 15 milliards. N’êtes-vous pas fier de moi, mon vieux mentor ?
– Ben je ne sais pas. Vous pouviez aussi m’envoyer un mail ou me passer un coup de fil. 
– Ahahaha, je… je vais partir. »

Et sitôt le larron parti, tout le monde souffle : « Ah ! J’espère qu’il ne nous a pas entendus parler ! Ni vu les plans que l’on laisse traîner partout ! Ou encore que Hope l’a trahi et bosse avec nous !« 

Justement : le téléphone de Hope sonne à cet instant. C’est Darren, qui visiblement va très très vite car il est déjà en voiture et bien loin de la rue de nos héros. Lui aussi doit utiliser des trous de ver de Lorentz.

« Allô, Hope ? Où es-tu ?
– Chez… moi ?
– Très bien. Je voulais juste te dire que j’avais une soudaine envie de tripler la sécurité de nos locaux et de mettre des treillis ne laissant rien passer de plus gros que 1mm sur tous les conduits d’aération. Voilà.
– Okay, bonne nuit bisous. »

Le téléphone raccroché, Scott et Hank interrogent :

« Alors, il se doute de quelque chose ?
– Non, de rien. »

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« Ce Darren alors ! Venir me voir comme ça, sans prévenir, sans sonner, sans frapper, dans une étrange tenue sombre à une heure pas possible… je suis sûr que tout va bien, il n’y a pas à s’inquiéter ! »

QUOI ? Non mais stop ! Stop ! J’ai été patient jusqu’ici avec les dialogues débiles, mais là on va arrêter quand même, non ? Le mec annonce que subitement, il renforce toute la sécurité comme s’il craignait, disons, un cambriolage, et top du top, précise qu’il veut lutter contre des menaces potentiellement minuscules ! Moi je l’ai entendu crier : « JE VAIS DÉFONCER ANT-MAN PARCE QUE JE SAIS QU’IL VA VENIR ! » pas « Holalala, je ne sais rien de ce qu’il se prépare, bisous bonne nuit !« .

J’insiste : 130 millions. On pourra me dire ce que l’on veut façon « Ouiiii, mais bon, ce n’est pas le coeur du film qui... » sérieusement, à ce budget-là, ça ne vous choque pas que personne n’ait payé au moins 500 dollars un type pour relire les dialogues ? Ou que tous les personnages semblent tout droits sortis d’une soirée trépanation ? Je ne leur demande pas grand chose, hein ! Juste d’arrêter d’être tous aussi stupides qu’incohérents. Rah !

Nos héros, eux, déduisent de tout cela que la mission va être plus compliquée que prévu. C’est vrai, quoi ! Il faudrait découper du treillis pour passer ! Il n’y a aucune solution à cela ! Non, du coup, expliquons qu’il faut des renforts. À savoir… Luis et ses deux potes ! Luis pour infiltrer le bâtiment de Cross et y jouer avec une vanne pour que Ant-Man (ils sont mis au courant) puisse s’introduire par une arrivée d’eau sans se faire broyer, un hacker pour désactiver les sécurités autour du Yellow Jacket, et un chauffeur pour tirer tout ce petit monde d’affaire une fois la question terminée (du moins, ceux qui ne peuvent pas rétrécir à volonté).

C’est donc parti pour la mission, qui débute le soir de la vente du Yellow Jacket parce que… parce qu’avant c’était pas possible, tout arrive donc au même moment par un heureux hasard. Voilà.

Faisons simple : aidé de ses amies les fourmis, Ant-Man parvient sans souci à infiltrer le bâtiment de Cross Industries via la conduite d’eau, le tout assisté de Luis, qui agit de l’intérieur déguisé en agent de sécurité. Le premier véritable problème arrive lorsque les larrons dans la camionnette aperçoivent… deux policiers, dont le nouveau compagnon de la femme de Scott, qui déboulent en courant pour attraper Hank Pym au moment où il se rend à la soirée.

« Ne bouge plus, bloody motherfucker, tu es en état d’arrestation !
– Mais… mais pourquoi ?
– Tu as dit que tu étais avocat au commissariat ! Et comme par hasard, juste après, Scott Lang s’évade !
– Vous ne m’aviez sérieusement pas reconnu ? Sachant que j’étais le propriétaire de la maison qu’il venait de cambrioler ?
– Non, shut up on t’a dit ou on te tase !
– Mais sinon, pourquoi m’arrêter ce soir à part pour rajouter du suspens à deux sous ? Vous ne pouviez pas m’arrêter avant ?
– On ne savait pas où tu étais ! On t’attendait donc ici !
– Ben, j’étais chez moi. La maison cambriolée, vous savez, tout ça. Je n’ai pas bougé. Il suffisait de venir à mon adresse.
– TASE-LE MEC ! »

Mais avant que les agents de la maréchaussée ne s’amusent avec Pym, les amis de Luis dans leur camionnette ont agi : l’un d’entre eux vole la voiture des policiers, ce qui fait diversion, avant de revenir à la camionnette. Ou comme ils sont là pour la dose « humour lolilol », évidemment, il tape sur le klaxon par accident, lance la Cucaracha, attire ainsi l’attention de la police, et manque de peu de se faire boucler. Formidable.

À l’intérieur du bâtiment, Hank Pym a donc pu rentrer, Hope Pym aussi, et Scott en tant que Ant-Man aussi. Les deux premiers par la grande porte, l’autre par des coins plus difficiles à surveiller. Il arrive donc avec une armée de fourmis sur lesquelles nos héros ont fixé des systèmes électriques et des pains de plastic, permettant de griller tous les serveurs avant de poser des explosifs qui…

Attendez, attendez ! Dans ce cas, pourquoi Pym n’a-t-il pas envoyé bien avant juste des fourmis avec des aimants ou des trucs du genre pourrir les disques durs des serveurs ? Il aurait pu ralentir tous les travaux qui l’emmerdaient, voire les effacer ! Et puis les pains de plastic ! Une fois les serveurs ruinés, vous êtes sûrs que vous avez besoin de tout faire exploser ?! Mais enfin !

Et puis évidemment, tout est mis sur compte à rebours. Pas du tout par détonateur.

Cher Hollywood, juste pour ton information : cela fait bien 15 ans que plus personne n’utilise d’explosifs à minuteurs. Plus depuis qu’il suffit d’un vieux portable pour faire exploser ce que l’on veut à distance. C’est plus sûr et moins con… je comprends que ça ne t’intéresse pas. Mais quand même, penses-y, hein. À l’occas’. Non parce que là, c’est à peu près aussi crédible que des tentatives de piratage par Minitel. Enfin bon, hein.

En tout cas, les serveurs ruinés (sans que personne ne le remarque), Scott poursuit sa mission et s’en va infiltrer l’espèce de cage en verre dans laquelle le Yellow Jacket attend. Sauf qu’à la seconde où il arrive dedans, non seulement le Yellow Jacket disparaît par une trappe… mais tout se referme autour de Scott ! Qui réalise que de l’autre côté du verre, se trouve Darren Cross, son mystérieux acheteur, et Hank et Hope Pym venus assister à ladite vente !

Darren Cross se met donc à rire très fort.

« Ahaha ! Coucou, Ant-Man ! Alors, Pym père et fille, vous pensiez que je ne connaissais pas votre plan ?
– Non. Même le moment où tu as parlé de surveiller jusqu’à la ventilation, ça ne nous a pas mis la puce à l’oreille.
– J’ai été très déçu, Hope. Je t’ai vue chez ton père. Tu pensais que non, hein ? J’étais venu… TUER ton père ! Si tu n’avais pas été là, je l’aurais fait !
– Mais pourquoi le tuer ?
– Heu… parce que je suis méchant ?
– Et si tu m’as vue, et donc que tu savais que je t’avais trahi… pourquoi tu ne l’as pas tué et moi aussi ?
– Parce que… ce film se fout du monde ?
– Ça se tient. 
– Bon, bref, regardez bien, car voici mes mystérieux acheteurs. Grâce à vous, je viens de doubler les prix : non seulement je leur vends le Yellow Jacket… mais aussi la combinaison d’Ant-Man ! Hahaha ! Et regardez qui ils sont : c’est Pam, l’actionnaire enfoiré au nez cassé qui les amène ici ! Et ils sont… d’Hydra, les méchants nazis !
– Écoute, vendre des armes aux nazis, ça me paraît vraiment être un plan sans risque.
– Ah non mais en plus j’ai pensé à tout : j’ai vendu le costume, mais pas la formule pour rétrécir. Je ne leur en donne qu’un extrait. Du coup, ils ne pourront l’utiliser qu’un nombre limité de fois… avant de devoir venir m’en racheter ! Ahahahaha ! Je contrôle le carburant de l’arme la plus révolutionnaire du monde ! Je suis l’homme le plus puissant du mooooonde !
– Oui. Sinon, Hydra va juste analyser ton extrait et le dupliquer. Tu y as pensé, à ça ?
– Ho. Non ? Vous ne feriez pas ça les gars ?
– Neeeeeeeeeeein ! On est über chentils-chentils.
– Et vous ne viendriez pas non plus me tuer pour être sûr que personne d’autre n’en profite, hein ?
– Ach ! Z’est mal nous gonnaîdre !
– Remarquez, c’est vrai. Si vous vouliez absolument cette arme, il vous aurait suffi de cambrioler Pym et vous ne l’avez jamais fait en un demi-siècle.
– … ooooh, foui, che grois gu’on a loubé un druc, là. Che feu dire : fouiiiii, z’était fait exbrès ! »

Misère, quelle bande de gros nazes.

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« Allons, Pym ! Ce sont des nazis ! Depuis quand ne peut-on pas faire confiance aux nazis ? »

Mais alors que la situation commence à dégénérer, surtout lorsque les deux Pym sont menacés d’être exécutés sur place, Ant-Man a l’idée d’envoyer un de ses projectiles agrandisseurs sur le verre autour de lui, ce qui le fait exploser. Il peut donc commencer à tabasser tout le monde en paix, pendant que les alarmes sonnent dans le bâtiment et que les acheteurs d’Hydra se replient avec le Yellow Jacket et Darren Cross en direction de l’hélicoptère qui les attend sur le toit.

Ant-Man part à leur poursuite, pendant que Hank Pym, blessé dans la confrontation, explique à sa fille qu’ils doivent sortir en urgence. Et que pour ça, il a un petit quelque chose :

Son porte-clé char d’assaut (je croyais que Scott l’avait volé ? Il y avait même eu un plan dessus !) ! Qui évidemment, – ça alors ! – n’est pas juste un porte-clé… mais un vrai char d’assaut une fois changé à sa taille normale ! Les Pym peuvent donc foncer jusqu’à la sortie en explosant les murs avant de tomber de plusieurs étages en char, ce qui est complètement sûr et sans problèmes. Autant dire que devant le bâtiment, entre les gens qui fuient et un char qui tombe du ciel, c’est un peu la panique. Luis, d’ailleurs, a lui aussi quitté le bâtiment en évacuant UN des gardes qu’il a assommés pour ne pas qu’il meure avec les bombes posées dans la salle des serveurs. Il y arrive et soudain… entend la Cucaracha !

« C’est le chant de mon peuple ! Je dois les rejoindre !« 

Et Luis rejoint donc la camionnette de ses camarades, où il s’engouffre.

Sur le toit, l’hélicoptère des méchants décolle, avec bien évidemment, Ant-Man déjà collé dessus.

Les deux policiers qui étaient venus arrêter Pym sont donc perplexes. Doivent-ils :

– arrêter Hank Pym, comme prévu, qui vient en plus de traverser les murs d’un bâtiment avec un char d’assaut non-déclaré ?
– arrêter les gens dans la camionnette, qui ont réussi à fuir dans la confusion, mais étaient visiblement en pleine affaire louche et ont en plus temporairement volé leur voiture ?
– poursuivre un hélicoptère qui n’a rien fait de mal et qui s’en va, ce qui est logique en pleine évacuation ?

« VITE, L’HÉLICOPTÈRE ! » s’exclame l’un des policiers.

Après avoir descendu sa braguette et impressionné l’assemblée, il ajoute donc : « VOILÀ QUI EST FAIT. MAINTENANT, L’AUTRE HÉLICOPTÈRE ! » avant que leur voiture ne file à la poursuite de l’aéronef.

À bord, c’est rapidement le chaos, car Ant-Man s’y faufile, et commence à péter la gueule de tout le petit monde qui s’y trouve, que ce soit Hydra, Pam ou Cross. Cross est donc fort fâché.

« Tu fais chier, Ant-Man ! Cacaboudin !« 

Mes excuses, je synthétise, mais je ne crois pas trahir l’esprit du film. Bref, disais-je ?

« Tu fais chier, Ant-Man ! Cacaboudin !
– Et encore, tu n’as rien vu : tu peux dire adieu à tes recherches et au Yellow Jacket ! Regarde ton bâtiment… »

Et en effet : alors qu’il dit cela, les pains de plastic posés à l’intérieur explosent, et tout le bâtiment saute.

« Et voilà ! Encore un cambriolage réussi.
– Mais… mais putain Ant-Man, tu viens de tuer tout le monde !
– Quoi ? Mais non, le bâtiment était vide ! Depuis le début du film, j’explique que je suis un cambrioleur contre la violence ! Regarde, par un heureux hasard, l’explosion et les débris n’ont tué aucun des gens qui étaient pourtant réunis autour du bâtiment avec l’évacuation !
– Enfin ! Et les gardes assommés ?
– Luis en a évacué un !
– Et les autres ?
– Ah. Aaaaah ?
– Et les agents de sécurité qui devaient chercher l’origine de l’alarme ? Les gens qui n’étaient pas sortis et attendaient en divers point du bâtiment ? Et les services de secours sûrement à la recherche d’éventuels larrons perdus ? »
– … je… BATTONS-NOUS ! »

Allez, hop, faisons comme si tout cela n’était pas arrivé ! Ant-Man reprend sa distribution de claques, et pendant qu’il est un instant à l’extérieur de l’hélicoptère suite à un coup mal reçu, Darren Cross ouvre la valise du Yellow Jacket, l’agrandit, l’enfile tranquillement et se met en position de combat.

Oui, tout ça en environ 5 secondes. Rapide, le garçon. Ah, et comme vous pouvez l’imaginer : comme tous les CEO de boîte de recherche, c’est un champion de close-combat. C’est donc parti pour de la baston sans grand intérêt, durant laquelle Cross est si violent qu’il tue jusqu’aux pilotes de l’hélicoptère sans le vouloir. Puis, Ant-Man et lui se retrouvent un moment à combattre dans la valise du Yellow Jacket qui s’est refermée sur eux avec les turbulences, avant de tomber de l’hélicoptère. Nos héros se retrouvent donc à se tataner avec un téléphone près d’eux dont le SIRI activé par accident envoie de la musique parce que huhuhu, lolilol, c’est trop rigolo. Puis, leur valise tombe dans un jardin, et ils peuvent reprendre leur combat en paix près d’un barbecue. Ils s’agrandissent et se rétrécissent pour faire des combats parfaitement chorégraphiés (Cross étant aussi doué que son adversaire, qui a pourtant mis des jours à maîtriser les bases de la combinaison, c’était même une bonne partie du film, l’équipe a dû picoler et oublier ce détail). Jusqu’au moment où Ant-Man envoie son adversaire dans un piège à insecte, qui le bloque et l’assomme temporairement. Mais alors qu’il s’apprête à le capturer…

« Freeze, motherfucker !
– Mon dieu ! Le nouveau mec policier de ma femme et son collègue !
– Oui, non seulement nous poursuivions sans aucune raison l’hélicoptère dans lequel vous étiez, mais en plus, quand on a vu qu’il commençait à tourner dans tous les sens et allait s’écraser, plutôt que d’essayer d’aller sur le site du crash, on s’est dit qu’on allait plutôt poursuivre une valise noire n’ayant rien de particulier que l’on a vu tomber sur le fond noir du ciel en pleine nuit ! Et pouf, nous voilà !
– C’est complètement cohérent.
– Allez, on t’arrête et on te retire ton casque, tu t’expliqueras au poste. »

Scott est donc emmené, laissant à Cross le temps de se reprendre. Et alors que notre héros est à l’arrière d’une voiture de police à tenter de dire que attendez les gars, il y a une histoire parfaitement rationnelle derrière tout cela : tout commence quand un riche retraité décide de tout miser sur un taulard loser qu’il n’a jamais vu car…

Mais soudain, la radio crépite :

« À toutes les voitures, prise d’otage en cours au 21 rue Enora Malagré. »

21 rue Enora Malagré ? Nom d’une pipe ! C’est la famille de Scott ! Et par extension, celle du policier qui fait le tournevis gallois à sa femme les soirs où ils boivent un peu trop de champomy ! Vite, allons-y ! Et surtout, ne nous demandons pas d’où Cross connaît cette adresse, puisqu’aux dernières nouvelles, il n’a pas la moindre idée de qui est Scott !

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Au fait : Luis. Ne me remerciez pas.

Sur place, la police cerne le bâtiment, et Scott parvient à réenfiler son casque malgré les menottes (des années de sadomasochisme lui ont permis de A) devenir habile, même menotté B) accepter de jouer dans ce film). Il peut donc rétrécir et aller sauver sa fille, prise en otage par Cross. Pif, paf, pouf, ils s’affrontent au milieu des jouets de la jeune fille, se les jettent dessus alors que ça n’a aucun intérêt, et dans la bagarre, deux projectiles agrandisseurs touchent par accident l’un un jouet locomotive qui du coup, devient de la taille d’une vraie locomotive et éclate un mur de la maison, et l’autre une fourmi venue en renfort qui elle, devient énorme et part se faufiler à droite et à gauche pour faire des séquences rigolol.

Finalement, Scott se retrouve dans une situation compliquée. Car Cross s’apprête à tuer sa fille, et sa super tenue est impénétrable. Il ne peut rien faire ! Le plaquer au sol ? Le pousser ? Lui péter la gueule comme il faisait jusqu’ici ? Non, ce serait trop intelligent ! Il ne peut donc rien faire… Sauf s’il… passe en taille subatomique ! Décidé à se sacrifier, Scott joue avec ses boutons magiques, se met à rétrécir plus que normalement (moi ce que j’aime dans ce film, c’est qu’il n’y a pas plusieurs tailles possibles ; c’est soit normal, soit rétréci à une échelle apparemment universelle, mais rien d’autre, même avec Ant-Man et Yellow-Jacket utilisant des formules différentes), et infiltre ainsi la combinaison de son ennemi, dans laquelle il pète plein de trucs sensibles, comme la clim’ ou la ventilation. Résultat, Cross se met à rétrécir, mais pas de partout en même temps, avant de se désintégrer purement et simplement. Scott, lui rétrécit sans cesse jusqu’à arriver dans la fameuse dimension ou l’espace et le temps n’ont plus cours aussi appelée l’administration française. Il pense y mourir (je le comprends, moi aussi ça me fait ça à la préfecture), mais, ah ! Au fait, il me reste des projectiles agrandissants ! Allez, tiens, j’en colle un dans ma ceinture et…

Paf ! Hop, il reprend pile poil sa taille normale !

Ah ben c’est la femme de Pym qui sera contente d’apprendre que c’était aussi con que ça. Si elle avait su !

Scott réapparaît donc dans la chambre de sa fille, et tout le monde se fait des bisous. Le nouveau compagnon de sa femme fait la paix avec lui et se débrouille pour qu’il ne soit plus poursuivi par la maréchaussée, et à part pour une fourmi géante qui devient forcément, hihihi, la nouvelle meilleure amie de la fille de Scott (et ne lui décapite pas la gueule), tout est bien qui finit bien.

Pym, lui, félicite notre héros pour s’être sorti de la fameuse dimension sub-merdique. Puis le surprend à faire des bisous à sa fille Hope, ce que personne n’avait vu venir à l’exception de l’ensemble du reste de la population terrestre. L’affaire est donc terminée, ou presque, puisque l’on apprend qu’après son petit coup chez les Avengers, ces derniers le cherchent et… fin ! Avec une séquence post-générique comme Marvel les aime où l’on voit Pym remettre à sa fille sa propre tenue pour reprendre le rôle de sa mère : la Mouc… la Guêpe, la Guêpe.

Hydra n’a plus qu’a investir dans les raquettes électriques et tout devrait bien se passer.

Et… FIN !

___________________

« Et pour la Bulgare ? » me direz-vous ?

Hé bien, contrairement aux films de chez Marvel, je ne suis pas sûr qu’il y ait un deux.

Ou alors, ce sera avec des zombies.


L’écume de La Cinquième vague

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Diego tourne nerveusement dans la pièce, faisant mine d’astiquer le mobilier quand bien même les mouvements bien trop rigides de son poignet trahissent son état d’esprit. Je lève un œil du rapport de stage d’une certaine Julie, puis un sourcil à l’attention de mon fidèle serviteur.

« Diego, je vois bien que quelque chose t’agite. Alors pose ta question ou je t’y passe.
– Me passer à ?
– La question. Tu vois, tu ne fais même plus attention à mes figures de style, malandrin.« 

Le garçon pose son chiffon et un peu gêné, se mordille la lèvre alors qu’il essaie tant bien que mal de formuler correctement son interrogation.

« Patron, est-on seuls dans l’univers ?« 

Cette fois-ci, mon second sourcil rejoint le premier dans les hauteurs de mon faciès, et je pose le rapport de stage sur ladite Julie, qui me sert accessoirement de guéridon à brandy.

« Ma foi, pour tout te dire mon bon Diego. À chaque fois que je regarde les étoiles, je me pose la question. Alors qu’à chaque fois que je regarde mon prochain, oui, là par contre, je me sens un peu plus seul. Mais pourquoi cette question ?
– C’est en astiquant votre collection de films, patron. Tous les films sur les extra-terrestres ou presque traitent toujours d’invasions. Si nous ne sommes pas seuls, pourquoi cette autre espèce serait forcément hostile ?« 

Je me lève et vais à la fenêtre, souffler la fumée de mon cigare vers le balcon avant d’embrasser le ciel du regard.

« Imagine, Diego. Imagine une civilisation largement plus avancée que la nôtre, capable de traverser les étoiles dans d’immenses nefs aux formes que nous pouvons à peine concevoir. Imagine, des milliers, des centaines de milliers, qui sait, des millions d’années d’avance sur nous. Des technologies que nous n’avons même pas imaginées, des concepts capables de changer nos vies, et des millénaires de réflexion politique et philosophique. Imagine une nation voguant dans les étoiles, en plein âge d’or, éprise de paix. Des pacifistes au-delà de tout ce que tu as pu connaître jusqu’ici. Des êtres supérieurs venus proposer à chaque monde peuplé de rejoindre une ère de paix et de prospérité sans fin. 
– D’accord patron.
– Maintenant, imagine qu’ils viennent contacter la Terre.
– J’imagine, oui.
– Justement non ! Vois, petit ignorant : qu’est-ce qui voyage aussi dans l’espace ?
– La lumière ? La NASA ? Florence Porcel ?
– Les ondes, galopiot ! Alors maintenant, reprenons : tu es une civilisation pacifiste et intellectuelle. Oui, je sais, ça demande un gros effort d’imagination, mais force un peu. Bref, tu as atteint une sorte de nirvana, et voici que tu te mets à capter Cauet, Cyril Hanouna, Les Anges de la télé-réalité, les discours de Donald Trump… à ton avis, que se passe-t-il ? Hmmm ? Hé bien ton pacifisme plurimillénaire, tu le laisses tomber pour venir nous bourrer la gueule parce que bon, quand même, c’est un peu intolérable.
– Ça fait sens, patron. »

Après avoir vertement giflé Diego pour avoir utiliser l’expression « ça fait sens » sous mon toit, je lui fais signe de me rejoindre à la fenêtre pour lui désigner une affiche dans le lointain.

« La Cinquième vague, patron ?
– Oui. Encore un film d’envahisseurs taquins venus de l’espace. Et mon lectorat m’a harcelé pour que j’aille le voir. Sans compter que Mad Movies ou L’Écran Fantastique lui ont collé 4/5.
– Bien. Je vais chercher votre manteau, alors ?« 

D’un signe de la tête, j’opine du chef. Il est temps de revenir aux affaires. Et ce film m’appelle.

Alors, La Cinquième Vague, enfin un film intelligent sur une invasion extra-terrestre comme l’on écrit certains ou énième bouse ?

Spoilons, mes bons !

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L’affiche : il n’y a pas d’explosion, d’accord. Mais du lens flare et un tsunami géant, ça compte quand même.

Notre film commence dans les bois. Hooo, depuis Twilight, je suis un peu méfiant. Dès qu’il est question d’adolescents et de zones boisées, ça flaire bon la catastrophe. Car justement, sous les frondaisons d’arbres fatigués, une jeune fille court, un fusil d’assaut à la main, visiblement paniquée. Elle cavalcade bigrement vite, au point d’en être fort essoufflée, jusqu’à ce qu’enfin, elle arrive à la lisière des bois d’où elle peut apercevoir une station-essence et sa boutique, à l’abandon, où elle espère probablement obtenir un mug Astérix en échange d’un plein. Après avoir vérifié les environs d’un rapide coup d’œil, la bougresse file à l’intérieur et inspecte les rayonnages vides à la recherche des rares choses que d’autres pillards n’ont pas pris avant elle : une petite bouteille d’eau, quelques gâteaux secs, l’intégrale d’Éric & Ramzy, etc. Lorsque soudain, une voix résonne dans la boutique déserte :

« Il y a quelqu’un ? Aidez-moi !« 

Ça vient de l’arrière-boutique. Notre héroïne est un peu méfiante. Que se passe-t-il ? Qui est-ce ? Un survivant ? L’ancien propriétaire des lieux ? Un voyageur qui était aux toilettes quand des pillards se sont emparé du dernier rouleau de papier ? Notre blonde héroïne braque la porte d’où vient la voix de son fusil, et prudemment, s’engage dans l’arrière-boutique où elle découvre un jeune homme blessé au sol, une arme à la main.

« Pose ton arme, p’tit bâtard ! » ordonne-t-elle à plusieurs reprises jusqu’à ce que ledit p’tit bâtard s’exécute. Avant d’ajouter « Et puis montre ton autre main, celle sous ton manteau !« 

Le blessé a certes posé son arme, mais n’est semble-t-il pas très volontaire pour montrer son autre main, expliquant qu’il s’en sert pour retenir la bidoche dans sa blessure, et que s’il arrête, il va y a voir dans son t-shirt de quoi faire du boudin pour un moment. Mais notre adolescente insiste, peu intéressée par ces considérations médicalo-bouchères et lentement, le garçon remue sa main… révélant dedans un objet qui brille terriblement, incroyablement, c’est forcément une arme extra-terrestre qui…

BRATATA !

Le bougre vient donc de se faire fusiller la margoulette à bout portant par notre héroïne. Qui inspecte sa main : il n’y avait en fait nulle arme dedans, seulement un médaillon chrétien qu’il avait enroulé autour de ses doigts. Hihihi, oups !

Bon, cela dit, le truc brillait quand même comme une boule à facettes. Donc m’est avis qu’il y avait un truc suspect là-dessous. Ou alors le film se passe à Lourdes et je n’ai rien compris. Mais, puisque nous parlons d’explications, cela tombe bien puisque la voix off de notre adolescente vient interrompre nos réflexions quant à la capacité d’un crucifix à faire plus de lumière qu’un phare au xénon, et la voici qui déclare :

« Je n’ai pas toujours été la Cassy qui tue. Que dirait la Cassy d’autrefois en me voyant aujourd’hui ?« 

Si elle avait un peu de bon sens, je pense qu’elle quitterait la salle. Mais, hop, voyageons dans le temps pour remonter quelques semaines en arrière.

Nous retrouvons Cassy Sullivan, puisque c’est son nom, à une quelconque soirée de lycéens américains où ça picole, ça copule, et parfois, ça fait les deux en même temps (mais ça en fout partout). Cassy, elle, fait partie du groupe qui a eu accès à la boisson, mais pas encore à la copulation. Raison pour laquelle elle discute avec sa meilleure amie, Germaine, du garçon qui fait battre la chamade à son petit cœur : Ben Parish. Qui pour info, est joué par le même acteur qui incarnait Hormonax dans Jurassic World (si vous ne voyez pas de quoi je veux parler, c’est par ici), ce qui laisse rêveur quant à ce qui s’annonce. Cassy explique donc qu’elle aimerait bien que Ben lui fasse des bisous, voire l’hélicoptère bonobo, mais bon, là, elle doit rentrer, il est tard et il y a école demain, et elle n’a le droit de faire l’hélicoptère bonobo que le week-end a dit maman. La bougresse repart donc vers le parking où bien évidemment elle tombe nez-à-nez avec… Ben Parish et sa tête de mec qui s’endort durant son propre film. S’ensuit une brève séquence de dragouillette navrante qui s’achève lorsque Cassy rentre enfin chez elle retrouver ses parents, ainsi que son petit frère, Sammy. Parlons un peu de Sammy.

Imagination débordante oblige, Sammy est donc un enfant avec une coupe à la con et une improbable capacité à faire l’exact contraire de tout ce qu’on lui dit du genre « Ne sors pas, Sammy ! » et pouf, on retrouve aussitôt Sammy courant dehors comme un blaireau sous LSD. Sammy est donc finalement plus un ressort du script qu’un personnage. Et ça tombe bien : il partage avec le ressort aussi bien le côté bondissant que le charisme pur. Je sens que l’on va passer un bon moment.

En tout cas, après avoir chanté une chanson à son frangin pour l’aider à s’endormir (probablement La digue du cul) parce que c’est une grande sœur comme ça, Cassy va se coucher sans savoir, nous dit sa voix off, que c’était le dernier jour normal de sa vie. Car en effet, dès le lendemain, alors qu’elle est tranquillement en cours de sport, tout le monde se met à consulter son portable (oui, ils l’avaient dans leurs shorts de foot, c’est tellement un bon endroit où ranger son précieux appareil) avant de rentrer chez soi en urgence car les nouvelles sont graves :

Un immense vaisseau extra-terrestre survole la Terre. Ho !

Pas de communications, pas de signes hostiles (type « On fait des doigts par les hublots« ), rien. Il est tout simplement là, probablement à faire du tourisme pour des croisiéristes galactiques. La population panique un peu, tout de même, et rapidement, les gens quittent les grandes villes pour aller se réfugier dans les campagnes où il sera moins facile de leur jouer Independance Day dans la face. La famille de Cassy, elle, ne bouge pas de sa banlieue, et le lycée se vide peu à peu si bien qu’il ne reste qu’une poignée d’élèves en classe après quelques jours. Durant un cours, Cassy est en train de chatter sur son portable (ce film est quelque part très réaliste. Il manque juste le passage où un enseignant lui éclate le groin contre sa table pour en faire un exemple) avec sa meilleure copine, toujours pour savoir s’il y aura zoumzoumzen avec Ben, lorsque soudain, toutes les lumières de l’école s’éteignent. Ainsi que le portable de Cassy. Et dehors, c’est pire encore ! Un avion tombe du ciel comme une pierre, et les voitures se rentrent dedans les unes après les autres :

« C’était la première vague. » nous dit la voix off de Cassy « À l’aide d’une impulsion électromagnétique, ils ont détruit tout ce qui était électronique. »

D’accord Cassy. Mais comment ça explique les voitures qui se rentrent dedans ? Non parce que pour ton information, les freins, c’est encore mécanique. Vous freinez avec des bobines de Tesla ?

M’enfin bon, si les voitures ne se rentrent pas dedans. Comment voulez-vous que ça ressemble à une apocalypse sérieuse, hein ? Krakaboum, donc.

Toujours est-il que le monde est bien embêté. Déjà, parce qu’il n’y a plus Internet. Des millions de gens font donc des crises de manque, un utilisateur de Twitter sur deux procède à son suicide puisqu’il n’a plus personne devant qui étaler son rien, ce qui provoque un âge d’or de l’Humanité qui ainsi débarrassée de ses poids les plus lourds, invente en une semaine le remède contre le cancer, la téléportation gratuite pour tous, arrête les guerres et la faim dans le monde et…

Bon, ils ne disent pas exactement cela comme ça dans le film. En lieu et place, ils disent juste « Il n’y a plus l’eau courante. » ce qui est un peu nul. Je préfère ma version, qui explique en plus pourquoi les aliens envoient ensuite la « deuxième vague » : les tremblements de terre.

Juste retour karmique pour la tektonik, je suppose.

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En l’absence de voitures, le vélo, c’est pas mal. L’espace de quelques jours, la Hollande aura donc été la première puissance mondiale. Merci, l’apocalypse.

Le sol se fend donc et s’ébroue sous les pas des pauvres gens et des bâtiments qui n’avaient rien demandé, provoquant un certain chaos sur Terre. Pire encore, cela cause d’immenses tsunamis, qui rasent purement et simplement tout ce qui se trouvait sur la côte. Sauf Dunkerque, le tsunami faisant demi-tour de lui-même à l’approche de la ville. L’humanité est donc en sale état, et c’est loin d’être fini, puisque les envahisseurs, décidément joueurs, déclenchent la troisième vague d’horreur :

Les color-runs. Attendez ? Non, on me dit que c’est quand même moins cruel : ils envoient une version encore plus fourbe de la grippe aviaire.

Par millions, les humains tombent donc, sans parvenir à trouver de remède. Bon, en même temps, vu comment ils tiennent les camps de triage, on comprend le problème : Cassy peut ainsi rendre visite à sa meilleure amie, en quarantaine, sans aucun problème ni masque et sans que personne ne lui dise rien. Il faudra l’intervention de la mère de Cassy, médecin de son état, pour enfin lui dire que c’est très con. Alors oui, d’accord maman Sullivan, et sinon, qui a organisé un camp dans lequel les gens potentiellement contagieux ne sont séparés des autres que par une pauvre barrière en métal façon file de concert ? C’est inspiré du concept des barrières vigipirates qui arrêtent les terroristes ?

On rigole, certes, mais ça, c’est parce que nous sommes des enflures. Non parce que pendant ce temps, dans la famille Sullivan, ça rigole moins. Ainsi, maman Sullivan finit par décéder des suites du virus, ce qui est ballot (mais qui prouve bien que niveau précautions, c’était moyennement ça). Le reste de la famille, à savoir papa Sullivan, Cassy et Sammy font donc leurs bagages : il est grand temps d’abandonner leur banlieue où les morts s’entassent pour rejoindre un camp de réfugiés au fond des bois. Même si bon, un camp de réfugiés au fond des bois dans les Etats-Unis du XXIe siècle, je pense que ça dure environ 17 secondes avant d’exploser :

« Bonjour et bienvenue dans ce camp de réfugiés ! Ici, vous trouverez gîte, couvert, et même un intranet que nous avons rétabli pour…
– C’est du Wi-Fi ? Vous pouvez le couper ? Je suis électrosensible.
– C’est-à-dire que c’est important pour…
– Arrêtez de m’oppresser, validiste électro-compatible ! Et puis c’est quoi cette nourriture là-bas ?
– Ce que nous avons récupéré dans…
– Ah non mais vous avez vérifié s’il y avait du gluten ? Non parce que je n’en mange pas. Ho ! Et c’est moi où cet homme utilise un cheval, là-bas ? Espèce de spéciste, descendez de là ! »

Dans la région de San Francisco, je pense que tsunami ou non, il n’y aurait eu aucun survivant. Bref, nos héros partent pour le camp le plus proche de chez eux et…

Quoi, « et le virus » ? Ben non, il n’y a plus de problèmes avec le virus, pourquoi ? D’ailleurs, plus personne n’en parlera. Je suppose que le virus extra-terrestre durait jusqu’au vendredi 18 heures, et après, il fallait une autorisation préfectorale qu’il n’a pas eu, alors hop, fini. Oui, ça marche comme ça les virus, c’est connu. Vous n’y connaissez rien.

Sur le chemin du camp, tout de même, Cassy s’énerve un peu : mais pourquoi les aliens font-ils tout cela ? Que veulent-ils ? Et puis pourquoi ils ne restent pas chez eux, d’abord ? Chacun chez soi, bordel ! Est-ce que je viens chez eux, moi ? Papa Sullivan, lui, pense que l’ennemi veut la planète, tout simplement, raison pour laquelle il ne l’abîme pas trop. Et puis bon, il ajoute que des fois, il ne faut pas chercher à comprendre, il y a des gens qui sont dans la destruction, voire l’auto-destruction. Cassy n’étant pas convaincue que cela puisse exister, il lui parle longuement de François Hollande, et Cassy ne peut qu’opiner du chef, tout le long du chemin qui les mène jusqu’au camp de réfugiés au fond des bois où des civils se sont organisés dans un vieux camp de vacances. Près de trois cents personnes y vivent, mangent et survivent dans le calme, le tout avec tout de même chacun une arme parce que c’est l’apocalypse, d’accord, mais ça reste surtout les Etats-Unis. Dans le doute, papa Sullivan remet donc un colt 45 à Cassy : si elle a le moindre problème, elle peut s’en servir pour distribuer des balles dans les têtes jusqu’à ce que tout le monde comprenne bien qu’il est temps de se détendre un peu.

Soit.

Seulement voilà : le lendemain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne (ou quelque chose comme ça), un mystérieux nuage de poussière apparaît à l’entrée du camp. Les gardes paniquent un peu en voyant le nuage se mouvoir à quelques mètres d’eux, alors qu’un vrombissement monte. Est-ce la quatrième vague ? Une sorte de brouillard empoisonné ou que sais-je ? Nenni ! Car soudain, jaillit dudit nuage de poussière une série de véhicules militaires chargés de soldats, ainsi qu’une batterie de cars scolaires escortés eux aussi d’hommes en uniformes.

Les habitants du camp sont fort surpris : des véhicules ! En état de marche ! Et l’armée américaine, mieux encore !

Le spectateur est lui aussi surpris : depuis quand les nuages de poussière dégagés par une colonne de véhicules se déplacent en avant du convoi et non derrière ? Peut-être qu’ils ont monté des ventilateurs géants à l’avant de leurs voitures, comme ça, ça leur permet de ne rien voir quand ils avancent ? J’ai dû louper un truc. Ou eux le film. Hmmm, j’hésite.

Toujours est-il que les véhicules foncent au milieu des réfugiés, s’arrêtent au milieu du camp, et qu’en descend, en sus d’une armée de soldats qui sécurisent la zone, un colonel qui grimpe sur une table pour expliquer de quoi il retourne.

« Bonjour. Je suis le colonel Vosch. Et malgré mon nom germanique et le fait que je suis joué par un acteur qui joue principalement des méchants, je vous prie de bien vouloir faire semblant que ce film ne repose pas sur de grosses ficelles. Bien ! Je représente l’armée américaine, et nous avons une base non loin d’ici. Nous venons vous évacuer.
– Youpi ! fait la foule.
– Je demande donc à tous les enfants de bien vouloir monter dans les bus. Nous les évacuons en premier. Puis, les bus reviendront chercher les adultes. En attendant, les adultes, tous au réfectoire, on a des trucs à vous expliquer. »

Papa Sullivan n’est pas trop chaud pour abandonner sa marmaille et menace de faire un scandale, mais le colonel Vosch, qui comme de bien entendu, n’a que ça à faire, vient lui expliquer tranquillement que si tu veux, mec, tu peux accompagner tes enfants, mais franchement, si tu as envie de faire chier l’évacuation, c’est toi qui vois, hein, tout ça, je dis ça, je dis rien, clin d’œil, t’as vu, hop, pif pouf, allez t’es d’accord avec moi. Et en effet, papa Sullivan approuve. Il demande donc à Cassy de prendre soin de Sammy, et ils se retrouveront au camp d’évacuation, le tout ponctué de cette célèbre phrase :

« Je serai juste derrière vous !« 

Pour rappel, le taux de mortalité des personnages prononçant cette phrase en cas d’évacuation est d’environ 99%. Papa Sullivan, si j’étais toi, je commencerais à serrer mes fessounettes.

Cassy et Sammy sont donc chargés dans l’un des bus, alors que papa Sullivan et les autres adultes filent au réfectoire écouter ce que le colonel Vosch a à leur dire. Hélas, dans le bus, les pouvoirs de Sammy-l’enfant-relou-qui-n’est-là-que-pour-générer-du-merdou s’activent, et il se met à hurler : « MON NOUNOURS ! CASSY, J’AI OUBLIÉ MON NOUNOURS JE NE PEUX PAS DORMIR SANS !« 

Cassy, plutôt que de faire remarquer à son frère que si c’était si important, il ne l’aurait pas oublié, et qu’accessoirement, c’est l’apocalypse donc t’es gentil mais shut the fuck up, décide de quitter le bus en courant pour aller rechercher la peluche de son débile profond de frangin. Ce qu’elle fait avec brio, jusqu’au moment où elle entend klaxonner : ce sont les bus qui démarrent sans elle ! Vite, ni une, ni deux, elle court à la poursuite du convoi de cars, hurlant dans tous les sens, ce qui n’arrête en rien les véhicules. Ce qui est un peu dommage, pour deux raisons :

  • D’abord, parce que c’est un convoi militaire, alors s’il n’y a personne pour la voir, c’est parce que personne ne regarde autour. Bonjour la vigilance.
  • Ensuite, parce que toute l’armée qui accompagnait le colonel Vosch vient de se téléporter. Non, je ne blague pas, le camp est désert, personne ne voit la jeune fille hurler au milieu.

Des détails, on vous dit.

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Quand je vous dis que le camp est soudainement intégralement désert, je n’exagère pas, hein.

Un peu déçue, Cassy se dirige donc vers le réfectoire, où les adultes sont réunis. Mais à peine a-t-elle fait quelques pas qu’elle s’arrête, puisqu’elle entend de là où elle est le discours de Vosch à l’intérieur. Et qu’elle aperçoit au travers des fenêtres son papounet qui lui fait discrètement signe de rester dehors. Mais que raconte l’ami Vosch ? Écoutons-le.

« Chers réfugiés, je le sais, les temps sont durs. Plus encore que vous ne le pensez, car figurez-vous… que l’ennemi, que nous appelons Les Autres…
– V’là l’imagination !
– Hé ho, vous avez vu le reste de l’intrigue ? Alors chut. Que disais-je ? Ah oui ! Après l’IEM, après les tremblements de terre et autres tsunamis, après les maladies… l’ennemi vient de lancer la quatrième vague.
– Ho !
– Comme vous dites. Il s’agit d’une invasion. 
– Mais à quoi ressemblent-ils ?
– C’est tout le problème. Ils habitent des hôtes humains. Dirigent leurs actions. Leur font faire des trucs affreux, comme tuer d’autres humains ou aller chez Starbucks.
– Ah ! Mais comment les reconnaître ?
– Nous le pouvons. Chez les enfants, la procédure de détection est aisée. D’où le fait que nous les ayons emmenés en premier. Pour les adultes… c’est plus compliqué. »

Plus compliqué comment ? Quelqu’un pour poser la question ? Je ne sais pas, moi je trouve ça intéressant comme sujet, après tout, c’est simplement une question de vie ou de mort, alors ça pourrait être intéressant de la poser, non ? Non. À la place, la foule bave en se tripotant les lèvres. Et Vosch reprend.

« Bref, pour faire simple, on va vous emmener dans un camp de détention à part le temps de détecter si vous êtes sains ou non, puisque nous avons de bonnes raisons de penser que des Autres se cachent parmi vous.
– Ouais, ben moi j’m’en fous, j’veux voir mes enfants, j’irai pas dans votre camp ! se met à hurler un civil qui sort son arme. Laissez-moi sortir !
– Non, Monsieur, du calme allons ! Pas d’armes !
– Naaaan j’veux sortiiiiiiiiiiiiiiir !
– Il est tout fou ! Vite, tirez dessus ! »

Et c’est donc parti : une fusillade éclate dans le réfectoire, entre le civil taré, les militaires, et les autres civils qui viennent à l’aide du premier, ou tout simplement, sont dans la ligne de tir. Finalement, Vosch décide de buter tous les civils, comme ça, ce sera plus simple. Hop ! Cassy, qui a assisté au massacre, décide qu’il serait plus sage de se cacher, ce qu’elle fait en utilisant sa ressemblance naturelle avec une vieille souche pour se fondre dans le décor. Et sitôt que les militaires sont partis sans dire un mot, elle fonce dans le réfectoire pleurer sur le corps de feu son papa (tout le monde est mort, mais il n’y a pas une goutte de sang : c’est quand même bien), avant de ramasser un fusil d’assaut sur l’un des militaires morts dans la bagarre.

La suite, vous la connaissez : Cassy court dans les bois pour s’éloigner, arrive à une station-essence avec boutique, entend une voix, paf, boulette, crucifix, tout ça.

Et nous reprenons ici, puisque nous suivons désormais Cassy, alors qu’elle erre dans la forêt, tout en tenant son journal intime parce qu’il y a tout de même des priorités. Du genre :

Chaire journal, ojourd’ui j’hai buter un mec lol. Mé cété pa du tou traumatisan pour la lycéenne de base que je suit alor je m’en fou mdr. En plus, cé pareil, cé lapocalypse mais je gere trankil émile, tavu, je conné tout les truc pour courir les bois, trouvé de l’o, mangé du miam et tout. Finalemen, l’apocalypse, cé quan meme plu facile que les dicter. On auré été envahi par des prof de francé, la par contre, je me fesé laté direct. Hihihi ! 

Seulement voilà. Cassy se dit qu’elle ne peut pas abandonner son petit frère, et elle compte donc bien aller le chercher sur la base aérienne dont les militaires avaient parlé. Elle fait donc route vers l’endroit en question, longeant une ancienne autoroute où des véhicules en panne se sont amoncelés. Mais au milieu des voitures, notre héroïne repère des corps ! Vite, elle se rue vers eux, espérant que ce ne soit qu’une paire de blessés, mais hélas, ce sont trois macchabées… au sang encore clair et à la cigarette encore chaude.

« Crotte de bique ! » s’exclame Cassy au moment où quelqu’un tire depuis les fourrés bordant l’autoroute et lui colle une balle dans la jambe, ce qui lui fait un gros bobo. Cassy a juste le temps de se mettre à couvert sous une voiture, pendant que des drones extra-terrestres tournent autour d’elle. Mais ce ne sont pas les drones qui ont tiré. Elle en a déjà vu. Souvent, ils accompagnent des humains, probablement habités par des Autres, qui hantent les bois armés de fusil de chasse et tirent les survivants comme des perdrix. Bon ben là… Cassy a servi de perdrix. La bougresse refuse cependant de mourir, et tente une sortie héroïque en tirant dans tous les sens avec ses armes, avant de s’effondrer quelques mètres plus loin, tant tirer à l’aveuglette en sautant à cloche-pied tout en perdant du sang, c’était finalement très con comme idée. La bougresse s’effondre donc, et à force de perdre du sang, perd aussi connaissance.

Pendant que Cassy se meurt, et en espérant qu’elle passe rapidement les rives du Styx, allons donc voir ce qu’il advient de Sammy.

Sammy est amené avec les autres enfants (enfants, ça va donc de quatre à seize ans semble-t-il) jusqu’à la fameuse base militaire, où on lui remet un numéro pour passer un examen médical. Mais ce qu’il ignore, c’est que patientant tout près de lui, quelqu’un que nous connaissons attend lui aussi son tour : Ben Parish ! Le garçon qui faisait de l’effet très fort à la petite Cassy. Et c’est lui que nous suivons alors qu’il est amené dans un petit cabinet médical où une femme médecin militaire l’attend pour l’examiner.

« Bonjour, comment t’appelles-tu ?
– Ben Parish. Mais mes amis m’appellent Zombie. Parce que j’ai de grosses cernes depuis l’apocalypse et que surtout, les gens derrière cette bouse cinématographique n’ont aucune imagination, alors apocalypse égal zombies.
– Fascinant. Bien, Ben, je suppose que tu n’as aucune question sur comment l’armée a encore des tonnes de matos médical de pointe et des véhicules malgré une onde IEM qui a dévasté la planète ?
– Non.
– Parfait, parce que ça aurait un peu emmerdé l’intrigue d’expliquer comment on a fait. Et j’espère que tu n’as aucune question non plus sur où sont les adultes qui étaient supposés arriver juste après vous ?
– Non, et j’aimerais qu’on n’en parle plus du film non plus.
– Excellent, Excellent Ben ! Tu es vraiment pile poil débile comme il le faut ! Tu ne poses aucune question logique ce qui nous permet de continuer le film qui sinon devrait s’arrêter ici ! Bien, tu es en bonne santé. À présent, je vais t’implanter cette puce dans le cou pour que l’on puisse te localiser en cas de souci. Attention… hop !
– Aîeuh !
– Bon. Sais-tu pourquoi tu es ici ? Sais-tu pourquoi les enfants sont amenés ici ?
– Pour nous évacuer, comme on nous l’a dit plus tôt ?
– Ben, attention, tu commences à être logique ! Regarde le script. Je te repose la question : sais-tu pourquoi les enfants sont amenés ici ?
– Non.
– Pour vous venger, Ben ! Vous, les enfants, pouvez combattre les Autres ! D’ailleurs, tu veux voir un Autre ?
– Okay.
– Parfait, regarde juste derrière cette vitre. Nous en avons capturé un. 
– Mais ? C’est un enfant normal !
– On dirait, je sais. Maintenant, regarde-le avec ces lunettes de haute-technologie.
– Je… je vois en rayons X… HO ! Il a une espèce de gros poulpe qui s’accouple avec son cerveau ! Comme les gens qui regardent Plus Belle la Vie
– Voilà. C’est un Autre. Si tu veux, tu peux le tuer. Le seul moyen de le faire, c’est de tuer l’hôte. Qui est perdu, de toute manière. Alors vas-y, tue-le, appuie sur ce gros bouton rouge que je te tends, et il mourra. Tu peux te venger, Ben. Tu peux te…
– Hop, j’appuie. »

Et en effet l’Autre meurt, comme on le voit en rayons X, et l’enfant prisonnier décède lui aussi dans la foulée. La femme médecin sourit :

« Bien… tu es prêt à rejoindre mon unité pour combattre les Autres, Ben ! En plus, c’est bien, tu ne poses pas non plus de questions sur d’où sort ce prisonnier que je te fais exécuter. Non parce que si à chaque visite médicale, on propose aux évacués de tuer un prisonnier, j’espère qu’on a de la réserve ! Aaaah… c’est tellement naze tiens. »

Et encore, ce n’est pas fini.

Car vous avez bien lu : le plan consiste à enrôler les enfants pour en faire des troupes qui aillent bourrer la gueule aux Autres. Alors pour Ben, qui doit avoir 16 ans, passe encore, mais Sammy, qui doit en avoir 6 ?! Hé bien si ! Lui aussi se retrouve en treillis à courir en chantant des chansons militaires comme Tiens, voilà du boudin, Dans la cagna de l’adjudant ou J’vais t’arracher les oreilles avec les dents. Quand jusqu’ici, ce que tu as appris de plus hard, c’était Une souris verte, ça doit te faire bizarre, mon petit Sammy. En tout cas, Sammy non plus ne demandera plus du film où est son père, à croire qu’il s’en fout. À la place, il participe joyeusement au plan débile consistant à en faire un soldat, sachant qu’au premier tir au fusil d’assaut, avec le recul, je pense qu’on ne retrouvera du garnement qu’une chaussure et un slip Spiderman, mais passons.

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Pour rappel, Sammy, c’est le petit avec de jolis sapins sur son sweat. Vous imaginez bien qu’en faire un soldat d’élite est complètement crédible.

Jusqu’au jour où Ben, bien évidemment devenu le chef de son unité de galopins, reçoit dans son escouade une nouvelle venue : Golgoth, la fille gothique. Celle-ci est une ancienne chef d’unité indisciplinée qui a été rétrogradée, et explique à Ben ce qu’elle pense de lui, à savoir qu’il commande une troupe de merdeux (ce qui est vrai, mais bon, elle commandait quoi, elle ?) et qu’elle refuse de prendre ses ordres d’un gros naze comme lui. Excellent plan : au combat, je pense que ça va être super pratique. Quelqu’un pour lui coller une balle dans la tête tout de suite histoire de faire un exemple ? Non ? Bon.

Les deux se cherchent un peu, ça sent le bisou qui point, et ça s’affronte gentiment au corps à corps avec des défis du genre Ben qui lance :

« Allez on se bat. Et il y a un enjeu, Golgoth. Si je gagne, je gagne. Mais si tu gagnes… tu as le droit d’apprendre à notre escouade à mieux tirer, comme tu es super douée à ce qu’il paraît.« 

C’est intelligent, ça, comme plan.

« Bon les mecs, on a quelqu’un qui pourrait améliorer nos chances de survie en nous apprenant à mieux tirer. Mais je propose de ne l’autoriser à le faire que si elle me bat en duel. J’ai toujours rêver de crever comme une petite merde, alors je compte bien défendre ce droit. »

Heureusement, les deux se battent, finissent tous deux à terre, et pif pouf, tout le monde est content.

Un tel niveau de navrance, ça doit vous piquer les yeux. En tout cas, Diego, rien que de m’entendre conter la chose, se roule en ce moment par terre en se tenant les oreilles. Julie, allez l’aider s’il-vous-plaît. Merci Julie, maintenant, revenez, tenir ce brandy à la main est épuisant. Voilà. Reprenons, et pour ce faire, allons du côté de Cassy.

Qui figurez-vous, n’est pas morte !

Je vous ai entendu faire « Hooo…« . C’est vil, mais c’est en même temps, je vous comprends, j’ai fait pareil au cinéma.

Cassy, donc, qui avait un trou dans la gambette, ne se réveille pas devant les portes des Enfers pour apprendre qu’elle passera l’éternité à jouer au Time’s Up, mais en lieu et place, dans un confortable lit, reliée à tout un tas de matériel médical. Sa plaie est bandée, et elle est dans ce qui ressemble à une jolie petite maison avec sa propre chambre. Palsembleu ! Mais comment a-t-elle atterri là ?

Vous vous posez la question ? Hé bien pas elle, et elle ne le fera jamais. Non non. Ce film tient toutes ses promesses.

Cassy est cependant paranoïaque quand même. Comprendre qu’elle doute de tout, sauf de ce qu’il faudrait. Elle fait donc semblant de dormir à chaque fois que son sauveur entre dans sa chambre (c’est vrai, il l’a sauvée, c’est sûrement un enfoiré, tu as raison), et rapidement, tente de prendre le large. mais avec sa gambette qui a un trou plus gros qu’une pièce de deux euros, elle rouvre sa blessure comme une crotte, et le larron qui possède la maison l’entend enfin bouger et vient à temps à sa rescousse pour la recoudre, à vif. Une manière intéressante de faire connaissance, ce que nos deux amis vont rapidement prolonger le lendemain matin autour d’un bon petit déjeuner, l’ami Ricoré, tout ça, ce qui est plus sympa qu’autour du fil à bidoche. Et c’est Cassy qui ouvre les hostilités.

« Qui es-tu, ô, grand et beau garçon taillé comme une baraque à frites qui m’a sauvée ?
– Je m’appelle Evan Walker. Et tu t’appelles Cassy Sullivan.
– Comment tu le sais ? 
– Tu te trimbales avec un journal intime. 
– TU AS LU MON JOURNAL INTIME, MONSTRE ! »

Ah non mais en cas d’apocalypse, chacun ses priorités. Moi la mienne, ce serait de comprendre comment un type m’a retrouvé au bord d’une autoroute, a esquivé les tireurs, m’a traîné sur des dizaines de kilomètres jusqu’à chez lui, rassemblé plus de matériel médical que dans tous les hôpitaux du coin, et le tout sans être ennuyé un seul instant. Mais non, elle son souci c’est de savoir s’il a lu qu’elle kiffait grave Ben Parish.

« Oui, je l’ai lu. C’est quoi cette histoire d’hélicoptère bonobo ?
– Non mais non, rien… au fait, j’avais des armes ! Où sont-elles ?
– Je n’ai pas vu d’arme près de toi.
– Mouais… bon. Va donc couper du bois dehors, Joe l’enfume. Tu ne risques sûrement rien pendant que les Autres rôdent. Moi, je vais me balader dans ta maison, tranquille. »

Et c’est décidé. Evan va couper du bois dehors en montrant ses muscles façon Captain America, pendant que Cassy se promène dans la demeure et découvre des photos de la famille d’Evan, tuée par le virus durant la troisième vague. Mais alors qu’elle se promène, elle découvre une latte de plancher étrange… et la soulevant, aperçoit son colt 45 ! Bon sang, il a menti, il a trouvé ses armes ! Vite, ni une, ni deux, Cassy s’empare de l’attirail, fait son paquetage et se barre en courant de la maison. Cependant, alors qu’elle file vers les bois les plus proches, elle se vautre comme une bouse dans un piège qui déclenche une alarme, et accourt rapidement un drone des Autres qui survole la zone… bientôt suivi d’un type avec un fusil ! Cassy est plus surprise encore quand Evan jaillit de nulle part, se saisit d’elle, la désarme avant qu’elle ne fasse n’importe quoi et l’aide à se cacher du type armé. Le danger écarté, Evan et Cassy ont une rapide explication :

« Tu avais dit que tu n’avais pas trouvé mes armes !
– Oui mais je n’avais pas envie que tu me tires dessus. 
– Tu pourrais très bien être un Autre !
– Toi aussi. Enfin surtout toi vu que malgré ta jambe blessée par un fusil de chasse, tu cours comme un cabri. Tes capacités de régénération sont…
– Non mais ça, c’est juste le film qui est à chier.
– Ah, pardon. Bon, que fait-on maintenant ?
– Moi, je vais rejoindre mon frère. Il est sur une base militaire à environ cent kilomètres d’ici.
– Hmmm… bon, je vais t’accompagner. Je ne te laisse pas comme ça. Les bois fourmillent d’Autres qui chassent les survivants aidés de leurs drones. Tu as besoin de moi.
– Nan.
– Si.
– Nan.
– Si.
– Okay, tu m’as convaincue, tu argumentes trop bien. Tu peux venir. »

Et hop ! En avant les enfants ! Nos deux adolescents s’enfoncent donc dans les bois jolis jusqu’au soir où ils trouvent une voiture rouillée au fin fond des bois (tout ce qu’il y a de plus normal, loin de toute route), et décident donc de dormir dans cet abri de fortune, le tout en faisant un feu, bien sûr, histoire de bien se faire repérer à des kilomètres. Sauf que voilà : entre les séquences où Evan est allé se baigner tout nu pour montrer ses gros muscles et ceux où il a aidé la petite Cassy de ses gros bras, la température corporelle de celle-ci frise dangereusement avec celle de la surface du soleil. Et puis bon, cette vieille voiture posée là au milieu des bois, nos deux adolescents décident de rendre un hommage poignant à Titanic : Cassy s’approche d’Evan, Evan de Cassy, leurs regards se croisent, la sensualité monte…

« J’te prends la bouche. » déclare Cassy, romantique, avant que les deux ne se fassent des bisous dans la voiture.

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Notez que même en cas d’apocalypse, tout le monde a les cheveux propres et des vêtements impeccables. La fin du monde, d’accord, mais proprette.

Sauf que visiblement, tout le monde n’est pas fan de Titanic dans le coin, et voici qu’en pleine nuit surgissent deux larrons armés de fusils. Les Autres ! Mais à la surprise de Cassy, Evan tente de négocier avec eux, et surtout, semble les connaître… que se passe-t-il donc ici ? En tout cas, les amis des fusils, peu enclins à coopérer, décident de plutôt essayer de meuler le museau d’Evan. Et là, attention, séquence Twilight : Evan a en réalité des supers pouvoirs, comme celui d’aller super vite ou de voltiger entre les arbres à folle allure. Ainsi aidé de ses pouvoirs de ninja du kitsch, il a tôt fait de malmener les deux margoulins, pour mieux revenir à la voiture trouver Cassy, qui est un peu bougonne, voire carrément mécontente, puisqu’elle l’attend son colt 45 à la main.

« Dis donc.
– Heu… oui, Cassy ?
– La voltige, les ninjasseries, là, le fait que tu connaissais les deux Autres, là, tu me prends pour une truffe ?
– Cassy…
– Tututu. Parle, vieux rabouin. Tu es un Autre, toi aussi ?
– D’accord, je vais tout te dire. Les Autres sont venus sur Terre il y a longtemps déjà. Ils ont placé des agents dormants. Je suis l’un d’entre eux. Humain, et Autres à la fois.
– S’pèce de bâtard !
– Techniquement, oui.
– Tu m’as comprise !
– Certes. Mais laisse-moi t’expliquer… depuis tout petit, je savais que j’étais différent. J’avais cette voix dans ma tête… silencieuse. »

Cassy lève un sourcil, puis baisse son arme.

« Non mais « voix silencieuse » ça ne veut rien dire. 
– Que ?
– Si elle était silencieuse, tu ne l’entendais pas. 
– Ah oui. Écoute, c’est pas moi qui fait les dialogues, alors si on pouvait reprendre… »

Cassy lève son arme, puis baisse son sourcil.

« Et donc, disais-je, lorsque le vaisseau des Autres est arrivé, la voix s’est réveillée. J’étais un Autre. Je savais.
– Mais… et ta famille ?
– Eux ne savaient pas. Je les ai laissé mourir comme de petites crottes.
– Et pourquoi tu ne m’as pas tuée aussi ?
– Parce que… parce que…. LE POUVOIR DE L’AMOUR ! »

Non ! Nooooon ! On n’a pas le droit à cette ficelle grosse comme une corde de marine ! Même dans un film de ce genre, c’est interdit, pitié !

Pourtant, il est trop tard.

« Moi aussi je rôdais dans les bois avec mon fusil pour tuer les derniers humains. Ceux ayant survécu aux autres vagues. Et puis, je t’ai vue dans la mire de mon fusil, et paf, amoureux. Alors que les Autres ne croient pas à l’amour ! Ils pensent que ce n’est qu’une illusion ! Mais en te voyant, j’ai compris que c’était faux, j’ai compris que je t’aimais de tout mon cœur, que…« 

Lecteurs qui m’avez incité à voir ce film, je vous hais. De toute mon âme.

Voilà voilà. Nous sommes donc face à un type qui n’a eu aucun souci avec l’idée que toute sa famille meure dans ses propres excréments suite au virus créé par les Autres, par contre, la première fille croisée au fond des bois, sans même lui parler, il est prêt à changer de camp pour elle. C’est parfaitement crédible.

Cassy en tout cas ne mange pas de ce pain là, et comme dans toutes les versions du poncif, décide de faire la tête.

« Tu es un méchant, et moi, je couche pas avec les méchants.
– Tu devrais repenser tes principes moraux car…
– Ah non mais rien à voir avec les principes, moi je veux juste éviter une coupe de cheveux gratuite à la libération, hé. »

En attendant, notre héroïne explique qu’elle va laisser le filou en vie, d’accord, mais elle lui interdit de la suivre. Elle compte aller sauver son petite frère, et elle n’a pas besoin d’un traître dans les pattes pour ça. Elle disparaît donc dans les fourrés, laissant Evan aussi embêté que turgescent.

Et Sammy, justement, que devient-il ? Hé bien allons voir du côté de la base de l’armée comment les choses se passent.

Quatre escouades d’enfants pour lutter contre une invasion planétaire : Vosch est content de lui, son idée sonne aussi crédible que le reste du film.

Ben, le chef de l’escouade, est convoqué par le colonel Vosch pour un petit briefing, aussi se présente-t-il à son supérieur prêt à aller botter des culs.

« Ben Parish au rapport mon colonel.
– Ah, Parish… vos hommes sont-ils prêts ?
– C’est-à-dire que mes hommes ont entre 6 et 16 ans alors disons que le concept de « prêt pour la guerre » est relativement flou, mon colonel. Voire limite con-con.
– Oui, bon, bref. Sachez mon petit Ben que la cinquième vague a commencé.
– Ho ! 
– Il s’agit d’une invasion à grande échelle. Les Autres infestent les villes et tuent les humains restants. Demain, vous et trois autres escouades serez envoyés leur raboter les naseaux au M4. 
– Alors d’accord, mais si vous comptez envoyer quatre escouades, pourquoi ne pas nous faire un briefing commun au lieu de le faire en quatre fois, ce qui est un peu coûteux en temps, surtout en cas d’invasion ?
– Meugneugneugneugneu.
– Vous argumentez drôlement bien.
– Je sais, merci. Maintenant, allez préparer vos hommes, Ben. Demain, vous irez repousser l’envahisseur. »

Ben s’exécute donc, et la nuit venue, dans son baraquement de la caserne, s’endort avec ses troupes lorsqu’il entend la voix pleurnicharde de Sammy l’appeler.

« Zombie… tu t’appelais comment dans le civil avant que tu n’arrives ici et ne devienne un type avec un nom de code ridicule ?
– Ben.
– Moi je m’appelais Sammy. On va combattre, demain ?
– Oui.
– Ah… j’ai du mal à dormir, du coup. Tu sais, ma sœur me chantait une chanson pour m’endormir, avant. Tu la chanterais avec moi ? »

Et Ben d’accepter, et d’entonner avec lui une chanson cucu la praline façon Bonne nuit les petits, au beau milieu de la casemate de jeunes soldats.

Les mecs, vous êtes sur une base militaire américaine, je vous le rappelle, pas en soirée pyjama. Dans un film crédible, la scène devrait donc plutôt ressembler à ça.

« Sergent instructeur Hartman, j’ai du mal à dormir. Tu sais, ma sœur me chantait une chanson pour m’endormir, avant. Tu la chanterais avec moi ?
– NOM DE DIEU ENGAGÉ SAMMY, ESPÈCE DE SUCEUR DE NŒUDS, TA CHANSON TU PEUX TE LA FOUTRE AU CUL, SI TU LE TROUVES ENCORE QUAND J’AURAIS FINI DE TE LE BOTTER, PETITE MERDE CHIÉE DU CUL DE STALINE !
– Mais je…
– NOM DE DIEU ENGAGÉ SAMMY EST-CE QUE C’EST MOI OU LE PREMIER MOT SORTI DU TROU À FIENTE QUI TE SERT DE BOUCHE ÉTAIT AUTRE CHOSE QUE SERGENT ?
– Sergent, pardon sergent, je…
– EST-CE MON TROU DU CUL QUE J’ENTENDS OU EST-CE L’ENGAGÉ SAMMY ? ÉCOUTE-MOI BIEN, LA CHANSON DE TA SŒUR, ELLE ME LA CHANTAIT QUAND JE FAISAIS MES POMPES SUR SES REINS, ET JE PEUX TE DIRE QUE LES PUTES D’HANOÏ À CÔTÉ, C’ÉTAIT LE COUVENT DES BATIGNOLLES ! ALORS SI J’ENTENDS ENCORE UNE FOIS L’ÉTRON QUI TE SERT DE LANGUE S’AGITER DANS L’ANUS QUI TE SERT DE BOUCHE, JE VAIS TE FAIRE ROTER DU SANG, EST-CE CLAIR, ENGAGÉ SAMMY ?
– Sergent, bouhouhouhou snif snif snuf, sergent !
– BONNE NUIT AUSSI, ENGAGÉ SAMMY ! »

Mais non. À la place, là, les mecs chantent Frère Jacques tranquillement du fond de leur caserne. D’accord. Mais qu’eeeest-ce que je regarde ?

Le lendemain, à la nuit tombée, Ben et son escouade se préparent donc au combat, même si le bon Ben prétend que Sammy ne pourra pas aller au combat aujourd’hui pour faute d’intoxication alimentaire suite à un ingestion massive de tacos. En réalité, Ben, touché par la naïveté du trou de balle, a décidé de l’attacher dans les toilettes (rapport aux tacos) pour lui éviter de partir au combat. Bon, à côté de ça, « Teacup », la fille de 11 ans de son escouade, par contre, il n’a aucun remord à l’emmener. Aaaah, cette empathie à géométrie variable, c’est beau.

L’escouade se voit remettre par Vosch un casque spécial avec monocle permettant de distinguer en un seul coup d’œil les Autres : ils s’illumineront en vert sur le monocle, il n’y aura plus qu’à leur mitrailler le minois. Toute l’équipe grimpe donc en hélicoptère, avant d’être larguée dans la zone la plus proche, à savoir une zone urbaine en mauvais état, ou la gare du Nord, ce n’est pas évident. Tout semble désert durant les premiers instants, mais à peine l’hélicoptère parti, des humanoïdes sortent en ricanant des maisons alentours et… s’illuminent en vert dans le système de visée !

« Des Autres ! On sulfate, les coquinous ! » ordonne Ben.

S’ensuit une fusillade aussi longue que confuse où personne ne parvient à toucher personne ou presque, rendant cette scène tout simplement palpitante. Cependant, le feu nourri oblige tout de même le petit commando de Ben à trouver refuge dans un bus à l’abandon, où l’un de ses camarades finit par se prendre une balle fatale. Après de longues tergiversations quant à la suite des événements, et une subtile diversion consistant à faire exploser le bus (mais enfin ?), la fine équipe parvient à trouver un nouvel abri, plus tranquille, dans un immeuble abandonné. Sur place, Golgoth explique qu’elle en a plein le roudoudou de cette aventure, et que franchement, elle a plutôt envie de déserter, là, comme ça, hop, sans raison.

C’est bien naturel Golgoth, vas-y, fais-toi plais’.

Elle annonce donc qu’elle va retirer la puce de localisation qu’on lui a implanté, et d’un coup de couteau, joint le geste à la parole. Sauf qu’à la seconde où elle extrait la puce qui était à fleur de peau, Golgoth apparaît aussitôt en vert sur tous les viseurs de ses copains !

« C’est une Autre, nom d’une pipe en bois ! » glapissent les jeunes gens.

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En même temps, je l’ai toujours trouvée suspecte : comment Golgoth trouve-t-elle autant d’eyeliner sur une base militaire ?

Sauf que cette soudaine transformation en Autre paraît suspecte à Ben, qui à son tour, pour tester, retire sa propre puce. Et lui aussi s’avère apparaître en vert sur les viseurs dans la seconde qui suit ! Ben réalise donc l’effroyable vérité.

« Les petits gars, je pense avoir compris. Nous nous faisons manipuler depuis le début ! Ces puces servent juste à nous tromper pour que nous n’apparaissions pas sur les viseurs… en réalité, nos viseurs désignent automatiquement tout humain autre que nous comme Autre. La cinquième vague a bien commencé. Mais la cinquième vague… c’est nous, enfants conditionnés pour aller exterminer les survivants de notre propre race ! »

Un bref silence s’ensuit, coupé aussitôt par le jeune Roudoudou.

« C’est débile.
– Que dis-tu, engagé Roudoudou ?
– Je dis que c’est débile.
– Comment ça ? Ce n’est pas super subtil, ce rebondissement ?
– Hmmm… non ? Puisque je résume : cela veut dire que Vosch serait le méchant, ce qui n’était pas du tout prévisible rien qu’à son nom. Il ne s’appelle pas vraiment Jéramy Mac Lapinou, par exemple.
– Alors oui mais…
– Et puis bon, ça veut donc dire que Vosch et l’armée sont en fait les Autres, d’accord ?
– Certes.
– Alors expliquez-moi ceci : pourquoi est-ce que Vosch s’enquiquine à aller chercher lui-même les camps de réfugiés, pour leur faire un baratin pourri avant de longuement embrigader seulement les plus jeunes et donc les moins aptes à combattre, pour les envoyer tuer leurs semblables ? Je veux dire, si c’est pour faire ça, pourquoi ne pas directement tuer tout le monde dans les camps de réfugiés ? Plus simple, plus rapide.
– Non mais il restera les mecs qui déambulent en solitaires dans…
– Tu veux dire, les mecs qu’il nous a envoyé exterminer ? Comprendre, ceux dont il connaît déjà la position ? Mec, c’est l’armée, qu’il contrôle. Il serait plus efficace en envoyant l’armée qu’en balançant des enfants de 6 ans avec un gros fusil. En fait, non, il y a même mieux : puisqu’il contrôle l’armée, il fait le coup classique que tout le monde attend en cas d’apocalypse : créer des points d’évacuation officiels. Les humains y viendront d’eux-même. Il n’aura plus qu’à les tuer sur place et/ou à les transformer en Autres. Même pas à se déplacer. Alors, expliquez-moi, quel est l’intérêt du plan consistant à créer des bases d’entraînement, de prendre le public le plus incompétent, de l’envoyer droit sur l’ennemi en uniforme pour bien dire aux humains de se méfier de l’armée, tout ça pour faire exactement le même travail qui pourrait être fait directement par Vosch, en plus efficace et en gardant l’avantage d’avoir apparence humaine plutôt que de rendre tout le monde parano ? Si ce n’est de perdre du temps et des moyens pour faire moins bien et avertir tous les humains du fait que les Autres, c’est l’armée ? »

Tout le monde se regarde, un peu gêné, jusqu’à ce qu’un trou noir du script engloutisse Roudoudou et permette à l’intrigue absolument consternante de ce film de reprendre. Ben toussote donc et relance la question de la suite des opérations.

« Bon, les jeunes, on s’est fait eus. Je propose que l’on retire tous nos puces. Moi, je vais sauver Sammy, que j’ai laissé à la base.
– D’accord. Mais pourquoi tu ne parles que de Sammy ? Il y a des milliers d’autres jeunes dans la base, non ?
– Oui mais le film s’en fout, et ne s’intéresse qu’aux personnages avec un prénom, contrairement à la foule des figurants de la base. Du coup, je n’ai envie que de sauver Sammy. Voilà. Maintenant, il faut que je trouve un moyen de retourner là-bas.
– Remets ta puce ?
– Non, j’ai une meilleure idée : tirez-moi une balle dans le bidou, comme ça, je pourrai retourner à la base comme blessé !
– Tu ne veux pas juste remettre ta puce et dire que tu as échappé au massacre ?
– Non, me tirer dessus me paraît une vachement meilleure idée ! »

Je… bon. Ce plan complètement idiot est donc lancé. Toute la petite équipe se disperse donc, laissant Ben seul regagner la zone d’évacuation du commando, blessé, pour se jeter dans l’hélicoptère la main sur sa blessure toute fraîche en racontant un gros bobard : toute son équipe a été exterminée, et il est le seul survivant. Il est donc promptement ramené à la base ou après avoir reçu un peu de mercurochrome sur son trou dans la panse, il est amené au colonel Vosch pour débriefing. Sauf que voilà : les mensonges ne prennent pas sur le grand méchant, qui a aussitôt détecté qu’on le pipotait puisqu’il trouve la blessure trop bénigne pour être honnête.

Moi j’aurais plutôt dit « Parce que tu as dans le cou la blessure qui prouve que tu as retiré ta puce« , mais bon, chacun ses indices, hein. Vosch en tout cas, prend son air le plus maléfique.

« Ben… allez, arrête tes mensonges. Et j’arrête les miens.
– Okay. Je sais que vous êtes un Autre. Et je sais aussi que vous embrigadez les enfants pour tuer les adultes survivants. 
– Hé oui ! Et puisque tu en sais trop, tu vas mourir. 
– Juste une question, pourquoi voulez-vous envahir la Terre ?
– C’est un espace vital pour nous. Vous feriez pareil à notre place.
– Jamais les humains n’extermineraient une autre espèce pour prendre leurs terres !
– C’est faux. »

Ce méchant en carton. Moi, devant un petit Américain, j’aurais pouffé et marmonné « Au fait, comment vont les Indiens d’Amérique ? » mais bon, le méchant sait visiblement qu’il est dans un film à destination du marché américain, il évite donc soigneusement le sujet. Finalement, je le trouve assez sympa de ne pas sortir les arguments massue. En tout cas, alors que tous deux discutent, soudain, la base est secouée par une explosion.

« Que se passe-t-il ? hurle Vosch.
– Une explosion, mon colonel.
– Ah, merci bien ! Bon, virez-moi ce débilet et évacuez la base !
– On n’essaie pas de la défendre d’abord ?
– Hmmm… non. La fin du film approche, ne nous défendons pas et contentons-nous de courir les bras en l’air. »

Et les méchants de se mettre à courir les bras en l’air.

L-r, Nick Robinson, Zackary Arthur and Chlo? Grace Moretz star in Columbia Pictures' "The 5th Wave."

Cette explosion, en tout cas, je puis vous dire d’où elle vient : c’est Cassy qui vient d’arriver sur la base à la poursuite de son frère. Elle s’est faite passer pour une réfugiée, a attendu son tour, et à la visite médicale, sachant grâce aux informations d’Evan que les militaires étaient des Autres… plutôt que d’attendre d’être envoyée avec les autres recrues pour retrouver son frère, elle a pété la gueule de la femme médecin. Oui, vraiment. Comme ça, hop. Pourquoi ? Alors qu’en suivant les règles, elle aurait directement eu accès à la base en tant que recrue ? Mystère. On va dire qu’elle avait besoin de tuer des gens, là, tout de suite. Ce que je peux comprendre : moi aussi, si j’étais coincé dans un film pareil, j’aurais des envies de strangulation.

Cassy court donc partout sur la base, déguisée en soldat, mais voici que des explosions adviennent : c’est Evan qui a décidé de la suivre pour la supporter, et qui grâce à ses poches magiques, génère des bombes à volonté sans explication aucune ! Peu à peu, la base est secouée par de plus en plus d’explosions alors qu’elle est évacuée. Cassy en profite donc pour se glisser dans le flot des enfants qui sont envoyés dans des avions de transport, et plutôt que d’avertir la foule de ce qui l’attend, se contente de ne rien dire et de retrouver son frangin, ce qu’elle fait sur un énorme coup de bol (il est tout petit dans une foule gigantesque, mais hop, il était deux mètres devant elle, en fait). C’est décidément trop bien.

Evan finit de pourrir la base à coups d’explosifs (au point que le sol s’effondre en dessous, hein il ne fait pas semblant, visiblement, il pose des bombes nucléaires), ce qui achève de convaincre Cassy que soit, il est peut-être gentil, au final. Au détour d’un couloir, elle croise aussi Ben, qui a fini par se débarrasser des soldats qui l’escortaient, et Cassy a donc le droit à la fameuse scène où Evan et Ben se jaugent du regard, chacun voulant conquérir le cœur de Cassy. Puisque là encore, tout explose autour d’eux, mais le souci du moment, c’est de savoir qui pourra observer de près le cucu de la Madame. Un sens des priorités tout bonnement bluffant, on en conviendra.

Alors que la base explose, Evan, Cassy, Ben et Sammy parviennent à s’enfuir, pendant que de son côté, Vosch et ses recrues s’échappent par la voie des airs en direction d’une base plus centrale surnommée « Wonderland », qui attendra sûrement un prochain film pour exploser à son tour. En attendant, nos héros (moins Evan, qui a disparu entre deux scènes, ne me demandez pas pourquoi) rejoignent l’escouade de Ben, désormais libre et rebelle, et vont donc pique-niquer au milieu des ruines. Sammy, lui, ronfle avec son nounours dans un coin, car malgré son entraînement commando, il régresse à nouveau. Ah, et au fait : il ne demande toujours pas de nouvelles de son père. Il a dû lire dans le script qu’il était mort. Ou alors, il s’en fout. Mais, écoutons plutôt ses camarades :

« Bon, on fait quoi maintenant ? demande l’escouade.
– Rien. On attend le prochain film. En attendant, on se contente de rigoler, de se donner de grandes tapes dans le dos et de manger tranquillement autour d’un feu histoire d’attirer l’attention de tous les Autres du coin. Oui, ça me paraît être un super plan. »

La caméra tourne autour de ces jeunes gens au milieu de ce monde ravagé, et alors que dans la salle, les gens se demandent si c’est ça, la fin de cette grosse bouse, l’écran passe au noir et…

… FIN !

Attendez… c’est tout ?!

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« Alors Diego ? dis-je en me tournant vers mon serviteur.
– Patron ? 
– Suite à ta question de tout à l’heure… imagine que tu viennes de l’espace et que ton premier contact avec la Terre, ce soit ce film. Tu viendrais en paix, toi ? »

Diego se gratte le menton avant d’opiner du chef avec conviction.

« Ho non patron. Franchement, j’aurais envie de tout raser. »

Parfait, la leçon est apprise.

Maintenant, je vais attendre un peu avant de lui annoncer qu’il y a une suite.


Batman WTF Superman

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« Bien, je vois que nous sommes tous là.« 

La voix rocailleuse de Batman résonna dans la salle, et fit frissonner les rares nouveaux qui n’avaient jamais rencontré en personne l’homme-chauve souris. Autour de la table ronde installée devant une immense baie vitrée derrière laquelle la Terre tournoyait au beau milieu de l’espace, les autres super-héros l’écoutaient attentivement, tout en vérifiant que chaque élément de leurs costumes était soigneusement ajusté. Ce n’était pas tous les jours que l’on se retrouvait assis parmi les légendes de ce monde.

« Je suis fier d’ouvrir notre assemblée générale annuelle des super héros, poursuivit Batman. Vous avez dû recevoir l’ordre du jour par courrier, je vous propose donc de le suivre et de garder d’éventuels sujets annexes pour les questions diverses. Premier point à l’ordre du jour : les présentations. Il y a des nouveaux parmi nous, alors je vais commencer rapidement, puis ce sera à la personne à ma droite. Alors, je me lance… quand j’étais petit, je suis tombé dans un nid de chauve-souris, depuis je suis l’homme chauve-souris, Batman, et voici mon fidèle Robin. Voilà ! Suivant ?
– Bonjour,
sourit l’homme en cape rouge à la droite de Batman, quand j’étais petit, je suis tombé sur Terre, la planète des hommes. Depuis, je suis le super homme, Superman. Et voici mon fidèle Superboy ! Suivant ?
– Bonjour,
souffla dans un nuage de fumée de cigare le héros suivant, un doigt sur le nœud de sa cravate rouge. Quand j’étais petit, je suis tombé sur TF1. Depuis, je suis l’homme des bouses scénaristiques, je suis Super Spoiler.
– Que…
s’étonna Batman. Pardon ?
– Ah, c’est parce que j’ai oublié de présenter mon fidèle serviteur ? Voilà, il est là-bas, et il s’appelle Diego Mystère.
– Patron, à ce sujet, si on pouvait revoir mon pseudonyme parce que…
bafouilla le jeune homme avec une monstrueuse fausse moustache.
– Chut, Diego Mystère. Comme ton nom l’indique, préserve le mystère. »

Batman et Superman échangèrent des regards consternés, avant de se tourner vers le nouveau héros autour de la table.

« Non mais sérieusement, vous êtes un super héros ? demanda Batman.
– Oui. Mon super pouvoir, c’est de tout voir venir.
– Par exemple ?
– Ben par exemple vous êtes Bruce Wayne, et puis l’autre à côté, c’est Clark Kent, c’est gros comme une maison. »

Les deux super-héros ouvrirent grand la bouche, avant que Batman ne donne un grand coup de poing sur la table.

« Non mais ça ne se fait pas ! C’est quoi votre souci avec les identités secrètes ? Déjà que votre Diego Mystère, là, tout le monde sait que du coup, il doit s’appeler…
– TATATA ! Hé, ho, révéler les trucs, c’est MON boulot, alors vous arrêtez tout de suite, Monsieur Batman ! Est-ce que moi je me déguise en chauve-souris ?
– Heu… non…
– Et vous Monsieur Superman, est-ce que vous voyez un slip sur mon pantalon ? Alors ! Chacun chez soi et les collants seront bien gardés ! »

Batman toussota poliment le temps de reprendre son calme, inspecta nerveusement son ordre du jour, et reprit.

« Bien… je propose que l’on arrête ici cette discussion, nous poursuivrons les présentations plus tard. Point numéro deux à l’ordre du jour : si je devais me foutre sur le nez avec Superman, qui gagnerait ?
– En tout cas, pas le public.
– Super Spoiler, silence… grogna Batman.
– Non mais c’est vrai. Supposons un film « Mike Tyson contre Youki le Yorkshire« . Vous imaginez une affiche pareil ? 
– P’têt que le Yorkshire a de la krypto… hem, tysonite, Batman bafouilla sous le regard inquisiteur de Superman.
– Non mais ce sera nul. Je vous le dis. Et puis, pas qu’un peu. Vous en voulez la preuve ?« 

D’un claquement de doigt, Super Spoiler ordonna à Diego Mystère de lancer le vidéoprojecteur, qui afficha, non pas un powerpoint, au soulagement général, mais bien un film :

Batman V Superman

Super Spoiler fixa intensément l’écran, et tirant sur son cigare, lança :

« Spoilons, mes bons !« 

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L’affiche : rien que l’idée de Batman décidant de gagner aux poings contre Superman, ça paraît complètement con. Spoiler alert : ça l’est.

Notre film démarre bien des années avant les événements qui nous intéressent. En effet, nous y retrouvons le petit Bruce Wayne et ses multimilliardaires de parents alors qu’ils rentrent tranquillement du One Man Show de Norman en remontant les splendides boulevards de Gotham City, le Levallois-Perret de cet univers. Sauf que voilà : un gourgandin jaillit de nulle part et brandit sous leur margoulette le canon de son pistolet, arguant qu’ils seraient bien urbains de lui donner tout le pognon qu’ils transportent. Papa Wayne, un peu bougon, tente de faire une prise de ninja au malandrin pour lui apprendre les bonnes manières, mais échoue lamentablement, recevant un pruneau dans la bagarre. Puis, c’est maman Wayne qui subit une trépanation éclair au calibre 45, avant de tomber au sol sous les yeux du petit Bruce. L’enfant est un peu traumatisé, et accessoirement, un peu orphelin.

Le jour des funérailles de Papa & Maman Wayne, nous retrouvons Bruce qui décide que nique le cortège funéraire, lui, il a plutôt envie de courir dans les bois. Oui, Bruce se barre de l’enterrement de ses propres parents, il est comme ça, c’est un chien fou. Alfred, derrière lui, tente bien de le retenir de quelques « Revenez Maître Bruce ! » « Maître Bruce, allons ! » et autres « Non mais quel trouduc !’« , mais c’est sans effet. Bruce court les bois, finit par tomber par accident dans un vieux souterrain, et là, se retrouve au beau milieu de milliers de chauve-souris qui… heu… forment un tourbillon magique pour l’aider à remonter ? Mais ? Qu’est-ce que ce truc ? La voix off de Bruce adulte nous dit que c’est un rêve qu’il fait encore et encore. Nous voilà donc rassuré : dans la véritable version, les chauve-souris se sont probablement contentées de lui chier dessus.

Bondissons dans le temps et retrouvons Bruce Wayne, adulte, lors des événements qui achevaient Man of Steel (souvenez-vous), à savoir lorsque Superman et son terrible ennemi au nom monosyllabique, le général Zod, se distribuaient des taloches au beau milieu de Métropolis pendant qu’un des vaisseaux de Zod détruisait un peu tout. Car au beau milieu de cette apocalypse Bruce Wayne débarque de son hélicoptère et bondit dans une voiture pour foncer entre les immeubles qui s’effondrent et des gens qui fuient en hurlant, heureusement sur des avenues où toutes les voitures pouvant gêner sa route ont eu le bon goût de disparaître. Bruce sort son téléphone de sa poche, et appelle son vieil ami Jean-Jacques, directeur de l’antenne locale de Wayne SARL.

« Wayne SARL, direction j’écoute ?
– Jean-Jacques ! Bon dieu Jean-Jacques, est-ce que tout va bien ?
– Oh, oui ma foi, on a juste un vaisseau géant alien en face des fenêtres qui détruit la ville. Et vous, ça va patron ?
– Oui ! Je suis venu en ville pour vous ordonner d’évacuer !
– Ah. Mais vous saviez que comme vous êtes en train de me téléphoner, vous n’aviez pas besoin de vous déplacer, du coup ?
– … oh.
– Hé oui.
– Mais ça fait plus dramatique que je sois là, non ?
– Allez, si ça peut vous faire plaisir, patron. Sur ce, j’ordonne l’évacuation.« 

Et Jean-Jacques de se tourner vers ses employés, qui étaient encore tous à leur bureau, pour leur dire « Allez, on évacue, le patron vient de donner l’ordre.« 

D’accord, et si le patron n’avait pas donné l’ordre ? Vous restiez tous à votre poste à terminer les graphiques pour la réunion marketing de demain parce que, hein, il n’était pas encore 17 heures ? Oui, chez Wayne SARL, on est comme ça : même en cas de ville en cours de destruction, on termine ses bilans comptables en sifflotant au lieu de fuir en hurlant. Les membres du Medef dans la salle ont probablement connu eux aussi une sorte d’apocalypse à cet instant précis, mais dans leur slip.

Securité

J’ai obtenu la copie des consignes de sécurité de Wayne SARL. Tout s’explique.

Bruce en tout cas continue de foncer pied au plancher au travers de Métropolis, mais n’arrive pas à temps : l’immeuble de sa société vient de se faire couper en deux par les superhumains en train de s’affronter, ce qui, ça alors, a tué une bonne partie du personnel. Tout au mieux, Bruce parvient à aider un de ses petits gars, coincé sous les décombres, qui a été gravement blessé aux jambes, puis à prendre dans ses bras une petite fille qui a perdu sa maman dans le drame, sans que l’on comprenne vraiment ce que ladite petite fille faisait là au lieu d’être à l’école, nom d’une pipe, encore de la graine de délinquant, j’te foutrais ça à Cayenne, moi, ah mais oh.

Bondissons deux ans plus tard et cette fois-ci, retrouvons Loïs Lane, la fameuse journaliste de BFM TV – Metropolis, alors qu’elle est au fin fond du désert africain, à interviewer un chef de guerre local entouré de ses miliciens et mercenaires. Lois Lane, en bonne journaliste, pose donc sa première question :

« Bonjour, êtes-vous un terroriste ?« 

Non, je ne blague pas. C’est bien sa question. Ah non mais elle n’est pas à BFM TV pour rien, hein. Cependant, pendant qu’elle poursuit son interview fabuleuse avec des trucs comme « Quelle est votre marque de chaussures préférée ? » ou « Si je faisais un film Hippopotame V Éléphant, vous iriez le voir ?« , les mercenaires occidentaux qui entourent le chef de guerre tournent autour du photographe qui accompagnent Loïs. Et finissent par, en fouillant ses affaires, trouver un mouchard électronique qui clignote sur lui (les mouchards clignotent toujours pour plus de discrétion). L’affaire tourne au vinaigre ! Le photographe a tôt fait d’expliquer que okay, on se calme, il est de la CIA, d’accord, mais Loïs Lane n’y est pour rien, elle ne servait que de couverture sans le savoir. Le photographe reçoit donc une balle dans la tête, pendant que Loïs Lane est emmenée dans une cave avec le chef de guerre, histoire de renverser le sens de l’interview et de pourquoi pas, accompagner chaque question d’une torgnole ou d’un coup de bottin.

Sauf que sitôt que Loïs et le méchant terroriste ont disparu dans leur cachette, on entend dans le ciel comme quelque chose qui passerait et repasserait le mur du son histoire de mettre l’ambiance. Le chef des terroristes, un certain Bogdan Drazic, fait un signe de tête mystérieux (tout le film, il lui suffit d’incliner la tête et ses hommes comprennent tout de suite qu’il veut dire des trucs du genre « Passe à gauche prend à droite, tire deux fois et fais un barrel roll » ; même Flipper à côté est plus clair dans ses explications). Ses hommes ayant compris son ordre silencieux, se mettent alors à mitrailler tous les miliciens qui les entourent avant de s’enfuir à moto ! Le terroriste dans sa cave avec Loïs Lane en lâche son bottin, attrape son pistolet et comprenant que quelque chose tourne mal, prend la belle en otage. Mal lui en prend car quelques secondes plus tard, quelque chose apparaît dans le ciel…

« Est-ce un drone ? »
– Est-ce une bombe ? »
– Non, c’est SupeBROUMBROULOUMBROULOUM »

Et la moitié de la maison de s’effondrer lorsque Superman tombe du ciel pour arriver dans la cave (pour l’amoureux des caves tranquilles que je suis, ça m’a fait mal au cœur). Le méchant a beau dire que hé, ho, attends deux minutes steup’, j’ai la fille en otage, Superman a tôt fait de lui casser la figure à grands coups de poings sur le museau. Loïs Lane est donc sauvée, les méchants vaincus, et non, Superman n’a pas remarqué les morts tout autour de la maison, ni en tombant du ciel, les motos avec des gens armés fuyant le village à vive allure après leur sombre forfait. Drazic et ses amis peuvent donc fuir en paix, protégés par le niveau général du scénario.

Quelques jours plus tard, aux Etats-Unis, une commission d’enquête du Sénat chargée du cas Superman depuis les événements de Métropolis écoute des témoins raconter les événements arrivés dans le village où le chef terroriste a pris sa claquounette.

« Alors oui, Superman est arrivé sauver cette journaliste, et là, pfou, les autorités n’ont pas aimé ça, elles sont venues rétablir l’ordre et ont massacré tout le monde, femmes et enfants.« 

La sénatrice Finch, qui dirige la commission écrase une larme et s’exclame :

« Halala, ce Superman paiera ! C’est honteux ! Il devra répondre de ses actes devant cette commission !« 

Hmmm. Alors attendez, je résume : les autorités d’un pays d’Afrique tirent sur des femmes et des enfants. Et votre conclusion est donc « Quel gros bâtard, ce Superman« . Sénatrice Finch, je pense que vous n’avez pas fini de nous surprendre. Et si vous pensiez tomber sur un début de réflexion sur « Faire la justice soi-même, est-ce irresponsable ?« , vous regardez le mauvais film. Bon, là on pourrait tout simplement dire « un mauvais film » tout court, mais comme pour tous les plaisirs malsains, n’allons pas trop vite en besogne.

En tout cas, chez Loïs Lane, cette commission d’enquête provoque bien des inquiétudes. Mais lorsque son Superman préféré rentre à la maison sous son subtil déguisement civil de Clark Kent, celui-ci n’en a que faire. Lui, son truc, c’est plutôt de faire des bisous à Loïs Lane, et de faire le sexe avec elle, mais prudemment, s’il ne veut pas tirer un laser, comme ça, par accident et disperser cerveau comme cervix dans toute la pièce. Loïs et Clark coulent donc des jours heureux malgré tout cela, sans compter qu’en plus, il y a un monument géant avec statue de Superman au beau milieu de Métropolis pour lui rendre hommage. Du coup, la commission d’enquête, on y croit moyennement.

Pendant ce temps, dans l’océan Indien, de mystérieux personnages envoient des enfants en slip de bain faire de la plongée. Leur but ? Remonter, depuis les restes de l’un des vaisseaux de Krypton écrasé là dans le film précédent, de cette splendide pierre verdâtre que l’on nomme kryptonite. Remontée à la surface, elle semble satisfaire ses mystérieux commanditaires, qui savent bien que tout cela a de la valeur. Par exemple, pour faire de ces splendides bijoux moches qui font les beaux jours de la Japan Expo.

Mais il y aurait d’autres utilités, figurez-vous.

Car à Métropolis (oui, ce film saute beaucoup d’un endroit à un autre), nous retrouvons des officiels du gouvernement, dont la sénatrice Finch, qui rendent visite à Lex Luthor, jeune entrepreneur à succès à la tête de LexCorp, une société qui… du… heu… bon, une société qui fait des trucs. En tout cas, si vous avez vu le film au cinéma, vous avez peut-être remarqué toutes ces mains tremblantes qui se levaient dans les fauteuils durant cette scène. Dont la vôtre. Quel était cet étrange phénomène ? Une résurgence du troisième reich ? Hélas Non, simplement le fait que Lex Luthor pourrait s’appeler Tétaklak, ce serait la même. Ce personnage est un appeau à gifles. Dans chaque plan où il apparaît. Si vous voulez regarder le film dans de bonnes conditions (enfin, je me comprends), menottez-vous. Personnellement, Diego devait me tenir pendant que Natacha (ma stagiaire russe en Erasmus) s’asseyait sur moi pour m’empêcher d’aller marteler l’écran en hurlant des jurons en araméen. Je fais souvent ça quand je suis grognon.

Batman V. Superman: Dawn Of Justice

« Salut, moi c’est Lex. Dans la vie, j’aime monologuer, faire des plans pourris et parler des heures des hommes et des dieux sans que ça n’ait le moindre sens. Ça te dirait de passer deux heures de film avec moi ? »

Mais je m’égare. Car Lex Luthor accueille ses invités, salut les kids, ça roule ? Venez, je vais vous montrer un truc, ça s’appelle la kryptonite, j’en ai qu’un petit bout, mais c’est déjà chouette. Puisqu’on a déjà eu une partie de la ville rasée par les extra-terrestres de Krypton, on pourrait s’en servir pour faire une super arme apte à les calmer s’ils venaient à recommencer. Tout le monde se dit qu’une arme de dissuasion, ce serait bien, sauf la sénatrice Finch, qui en a certes après Superman mais finalement, oui, non. Heu… d’accord ? Elle se rend même en personne chez Lex Luthor (qui passe son temps à faire des monologues écrits avec les pieds sur les dieux et les hommes) pour lui annoncer qu’elle bloquera toute tentative de sa part d’importer de la kryptonite depuis l’océan Indien où l’on en a découvert. Lex Luthor fait genre que hihihi, d’accord madame, mais bon, on comprend bien qu’il compte rabouiner sévère.

J’en profite pour couper court tout de suite à une autre intrigue fascinante : Loïs Lane enquête sur la fusillade qui a eu lieu dans le désert. En effet, elle a réussi à récupérer l’une des balles tirées par les méchants mercenaires, et celle-ci est composée d’un alliage inconnu. Ce qui laisse penser à la commission d’enquête contre Superman (qui n’est composée que de sénateurs américains, bien que semble-t-il, avec une autorité planétaire, c’est intéressant) que le Superhomme et sa technologie futuriste seraient impliqués.

Que… impliqués dans quoi, au juste ? Superman n’utilise pas d’armes. Mais, visiblement, ce détail n’intéresse pas du tout la commission d’enquête qui se contente de se dire que Superman a dû tirer des superballes sur la population. Sachant que même les témoins disent que ce sont « les autorités » qui ont tiré sur femmes et enfants après l’intervention de Superman, est-ce moi ou est-ce que cette intrigue n’a aucun sens ? Ho, est-ce que vous voulez que je vous parle du fait que Loïs Lane interviewe le Secrétaire d’état à la défense des Etats-Unis dans ses toilettes ? Ou comment il vient discretos à des rendez-vous avec elle habilement déguisé avec une casquette de base-ball, ou sous un vieux pont pourri, façon indicateur tout naze de mauvais film ? Vous savez quoi ? On va ranger cette intrigue fin nulle dans un tiroir et aller droit à la conclusion : le secrétaire d’état a réussi à déterminer que ces balles étaient bien terriennes, et provenaient d’armes expérimentales originaires de chez… LexCorp. Et que les mercenaires sur place étaient en fait des hommes de chez LexCorp ! Loïs Lane décide donc aussitôt de… heu…

De rien. Voilà. Même pas un petit article ? Hé bien, ça valait le coup d’enquêter, dites-donc. Merci pour ce moment, comme on dit chez les mauvais journalistes.

Continuons donc à sauter d’un endroit à un autre, le tout sans bailler s’il-vous-plaît même si ça donne quand même très envie, et allons du côté de Gotham City, où nous suivons brièvement Batman pour faire un point sur ses activités. Déjà, de tout le film, sachez que personne ne l’appellera jamais Batman, mais pour des raisons qui m’échappent, devient malgré l’affiche « Le bat de Gotham« . Soit ? Ensuite, même si on nous explique que depuis 20 ans, Batman a vaincu bien des vilains de Gotham, la police continue à lui tirer dessus à vue. Intéressant. Dernier point, et pas des moindres : Batman marque désormais ses victimes au fer rouge. Oui oui. Et comme le scénario aime bien aller jusqu’au bout du n’importe quoi, on nous explique que les victimes marquées par Batman, une fois en prison, sont battues à mort par les autres détenus, ce qui revient donc à les tuer. Passons sur l’éthique de Batman (je laisse les fans hurler de rage), et constatons au passage la logique : les prisonniers tabassent ceux qui se sont fait arrêter par Batman. Mais aux dernières nouvelles, la moitié des prisonniers de Gotham ne sont-ils pas là suite à Batman ? Accessoirement, sachant qu’il est connu pour courir le gros gibier, n’est-ce pas au contraire une marque de respect chez les vilains ? Est-ce complètement con ? Puis-je quitter la salle ? Qui a verrouillé les portes ? Où ai-je lancé Natacha en me levant brusquement ? Que de questions sans réponses.

Batman en tout cas enquête sur un gros dossier : celui du « Portugais blanc », un terrible méchant que personne n’a jamais vu qui malgré son nom d’apéritif, amènerait des armes à Gotham aidé d’un de ses agents, un certain Drazic, que nous avons croisé plus tôt dans le film. Batman, en enquêtant sur ce dernier, parvient à copier les données de son téléphone, et ce faisant, à découvrir que Drazic envoie régulièrement des SMS coquins à Lex Luthor. Et cela tombe bien, puisque Bruce Wayne a reçu une invitation pour un cocktail chez Lex Luthor…

Clark Kent, de son côté, suit lui avec attention les frasques du justicier de Gotham. Marquer les gens au fer rouge ? Il trouve ça un peu dangereux (moi j’aurais dit « con », mais bon), quand même. Tant et si bien qu’il en délaisse la rubrique des sports qu’il est supposé tenir pour se pencher sur le cas Batman. Et ça tombe bien pour lui, puisque sans aucune raison, le chargé des sports est envoyé couvrir… la soirée cocktail de Lex Luthor.

Mais ? Pourquoi insister sur le fait qu’il soit chargé du sport si c’est pour qu’il ne le fasse pas une seule fois du film ? J’aurai préféré qu’ils se croisent à un match de l’Estac vu le niveau, mais comme nous allons le voir, même cet espoir était trop haut pour le film.

Car si les deux larrons se retrouvent à la même soirée chez Lex Luthor, elle est en l’honneur « des amis de la bibliothèque municipale de Métropolis« . Oui, moi aussi, je trouve que Batman et Superman qui se rencontrent à la soirée des amis de la bibliothèque municipale, ça fait atmosphère sombre et sérieuse, comme voulue par le film. Ne manque qu’une lecture publique de Tchoupi et on était tout au bout du concept. Toujours est-il que pendant que l’autre tête à claques de Luthor se lance dans un long monologue sur – mais oui ! – les hommes et les dieux (ce qui est tout à fait cohérent), Bruce Wayne, qui est quand même là pour espionner un peu ce que Lex Luthor bricole avec son ami Drazic, a son serviteur Alfred qui lui cause dans l’oreillette.

« Suivez mes instructions, Monsieur. Les informations que vous recherchez doivent être dans la salle des serveurs.
– Qui est ?
– Au sous-sol, en face des cuisines.
– Les serveurs près des cuisines, ça se tient… héhé…. héhéhé… héhé…
– …
– Alfred, rigole ou c’est licenciement pour faute grave.
– Hahaha Monsieur. Votre humour est au niveau de ce film.
– Bon allez, je vais m’occuper des serveurs, là, tout ça.« 

Pendant qu’Alfred remplit discrètement son dossier pour les prud’hommes, Bruce explore lui la demeure Luthor et se rend au sous-sol, se faufilant au milieu du personnel des cuisines pour atteindre la salle des serveurs supers secrets de Lex Luthor, qui est immense, certes, mais surtout pas du tout sécurisée. Bruce installe donc un gadget sur un bout de câble et hop, Alfred surveille à distance la copie les fichiers qui ont l’air importants, comme les répertoires c:/MesDocuments/super_secret ou c:/Travail/Transex_Brasil_Prout_Hubporn. Pendant que le tout télécharge, Bruce se fait bien évidemment gauler comme un gros débutant par une employée de Lex Luthor qui a remarqué qu’un multimilliardaire rôdait dans le sous-sol. Et comme ce film est bien écrit jusqu’au bout, je vous laisse deviner l’excuse que trouve Bruce Wayne :

« Je cherchais les toilettes. »

Voilà voilà. Non, ce n’est pas une parodie. C’est bien un film à 250 millions de dollars. Un quart de milliard. J’insiste. Un quart de milliard, et Bruce Wayne prétend chercher les toilettes en infiltrant une soirée des amis de la bibliothèque municipale.

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Bientôt les spin-off à la hauteur de l’intrigue du film ! « Batman et le mystère de la médiathèque de Limoges », « Batman V le garde-champêtre » ou encore « Qui a dessiné une chauve-souris sur la faïence ? »

Pardon ? Le truc que vous venez de sentir ? Ce n’est rien. C’est juste votre âme qui s’émiette. Ça me le fait tout le temps.

L’affaire entendue, Bruce remonte au rez-de-chaussée rejoindre la fête pendant que tout se télécharge, et y rencontre Clark Kent. Ce qu’il ignore, c’est que Clark Kent et sa super ouïe ont suivi tout ce qu’il se racontait avec Alfred. L’ami Superman sait donc non seulement qu’il se trame quelque chose, mais aussi qu’il a affaire à Batman au Bat de Gotham. Il fonce donc dessus pour lui serrer la paluche.

« Monsieur Wayne ! Je suis Clark Kent, du Daily Planet. 
– Enchanté. Si vous… heu… si vous voulez mon opinion sur cette soirée, j’ai déjà envoyé un communiqué de… de presse. Voilà. 
– Non, je voulais plutôt vous parler du mystérieux justicier de Gotham.
– Celui qui est trop cool ? Et beau ? Et qui n’a strictement rien à voir avec le film Daredevil ?
– Oui, ne le trouvez-vous pas… violent ? Dangereux ?« 

Instantanément, Bruce Wayne passe en mode gros bougon.

« Hé ho, dites-donc, vous bossez dans un journal qui tresse des lauriers à Superman dès qu’il débouche un évier, mais Batman, c’est du caca ?
– Tout de même, il…
– Il quoi ? Superman a détruit la moitié de Métropolis lors de sa dernière bataille avec l’un des siens. Il ne rend de compte à personne, peut détruire ce monde si le cœur lui en dit, mais le danger, c’est Batman ? Ce ne serait pas un tout petit peu hypocrite, espèce de p’tit bât-« 

La conversation est interrompue par l’arrivée de Lex Luthor, qui arrive tout sourire.

« Clark Kent ! Bruce Wayne ! Je suis heureux de susciter des rencontres ! »

Sauf que Bruce Wayne est supposé être un multimilliardaire mondialement connu et Clark Kent un obscur gratte-papier de la rubrique des sports. Présenter les deux au même niveau n’est donc pas du tout suspect. Lex se met donc à parler, ce qui consiste donc à raconter du rien et laisse au spectateur, c’est aimable, le temps d’aller aux toilettes ou de retourner éclater des chatons contre les murs sans rien rater du film. Une fois Lex parti, Bruce et Clark se séparent. Clark car il a aperçut une télévision qui passe un fabuleux reportage en direct « incendie en cours à Ciudad Juarez, une fillette bloquée dans le bâtiment » (quoi ? Vous n’en voyez pas tous les jours des directs de ce genre, vous ?) et file donc faire Superman au Mexique pour sauver la jeune damoiselle.

Bruce, lui, redescend discrètement au sous-sol pour découvrir que son gadget a disparu de la salle des serveurs ! Après la fin du téléchargement, l’informe Alfred, mais tout de même. Heureusement, le voleur n’est pas loin : c’est en réalité une voleuse, qui en splendide robe de soirée sourit à l’ami Bruce pour lui faire comprendre qu’elle l’a roulé dans la farine avant de filer à bord d’une voiture de luxe. Bruce bougonne un peu, insulte silencieusement sa mère (à la dame, pas la sienne, soyons sérieux), puis retourne chez lui étudier comment retrouver sa voleuse pour récupérer la copie des fichiers de Lex Lulu.

Lex Lulu, puisqu’on en parle, poursuit ses propres objectifs de son côté. D’abord, en envoyant Drazic et ses hommes lui ramener de la kryptonite de l’océan Indien, avec ou sans l’autorisation du gouvernement, ensuite en obtenant sans quasiment aucune contrepartie d’un membre du gouvernement le droit d’accès au corps du décédé général Zod (probablement pour de sombres histoires nécrophiles) ainsi qu’aux restes du vaisseau alien écrasé au cœur de Métropolis dans le dernier film… et accessoirement, retrouve l’employé de Wayne SARL gravement blessé aux jambes dans la bataille Zod/Superman, que Bruce Wayne avait sauvé au début du film.

Celui-ci, visiblement, est toujours un peu grognon après sa mésaventure. Ainsi, bien qu’en fauteuil roulant, il va taguer la statue géante de Superman en ville de l’inscription « Faux dieu« , ce qui lui vaut de passer une nuit en cellule avant que Lex Luthor ne lui paie sa caution, ainsi qu’une superbe fauteuil roulant de luxe flambant neuf avec option turbo, pneus antidérapants et lance-carapaces bleues de série. En échange d’une seule chose : aller voir la sénatrice Finch et proposer de témoigner devant sa commission sur la thématique « Superman est un connard« .

Ce qui est dit est fait. Et bientôt, les journaux ne parlent plus que de la commission de la sénatrice Finch qui va présenter son nouveau témoin, ce qui est palpitant, sachant qu’il y en avait des centaines de milliers puisque Métropolis a pris sa raclée sur une large surface ; voilà qui là encore, donnera envie au spectateur de se planter la paille de son coca dans la jugulaire puis de se lancer une danse macabre en arrosant toute la salle de son sang jusqu’à ce que mort s’ensuive, tant chaque élément de ce film est débile. Toujours est-il que la sénatrice hurle à qui veut l’entendre que Superman ferait bien de venir se présenter devant sa commission, puisqu’en démocratie, « on parle, on s’écoute » comme elle le dit.  Deux minutes à l’assemblée nationale française devraient probablement l’horrifier, alors.

Pendant ce temps, de l’autre côté de la baie (car oui, Métropolis et Gotham City ne sont séparées que par une baie, pas bien grande soit dit en passant, c’est tout à fait logique), Bruce Wayne n’a pas chômé. D’abord, il a retrouvé sa voleuse, qui lui a rendu son précieux gadget. Elle n’a pas pu ouvrir les données, trop cryptées pour ses connaissances en la matière, et se contente de dire qu’elle voulait simplement effacer une photo lui appartenant que Lex Luthor avait prise. Elle s’en va sans demander son reste (oui oui, elle a volé le truc, n’en a rien fait, mais boh, maintenant, elle s’en fout, elle va filer ça à quelqu’un d’autre qui pourra reluquer sa photo), et Bruce peut retourner dans sa batcave décrypter tout ça. Pendant que son super ordinateur sous Bat-OS travaille, Bruce s’endort et fait un rêve particulièrement long pour occuper du temps de film, dans lequel la Terre est dévastée, Superman est considéré comme un dieu et a une armée à son service, et Batman mène la résistance sans grand succès. Fascinant, non ? Non ? Nous sommes d’accord puisque ce n’est qu’un rêve pété de fan service, et Bruce peut se réveiller pour enfin, reprendre le film et ouvrir le dossier tant attendu. Une fois régalé de transexuels brésiliens adeptes du culte du prout chers à Randy Marsh, il peut donc ouvrir l’autre dossier : les supers secrets de Lex Luthor. Et découvre ce qu’est « Le Portugais Blanc« . À savoir, un bateau.

Oui, une belle photo de bateau, avec marqué dessus « White Portuguese« . Depuis le début, Bruce tapait le nom dans Google, il avait la réponse à tous ces mystères. Je… cette intrigue. Cette puissance ! Mais enfin, stop ! Je veux descendre ! Toujours est-il qu’en poussant plus loin, Bruce découvre que le navire est celui qu’utilise Drazic pour ramener la kryptonite à Métropolis en passant par Gotham.

Alfred, lui, commence à en avoir un peu marre de tout ça. Et aborde son maître.

« Maître Bruce, vous avez bien des qualités, mais vous ne savez pas me mentir. Ce Portugais Blanc… depuis le début, vous saviez qu’il transportait de la kryptonite, n’est-ce pas ? Vous voulez simplement faire main basse dessus ! Mais pourquoi ?
– Parce que Superman est dangereux ! Il est serviable dans l’immédiat, mais nous savons toi et moi que tout homme a un côté sombre. Et si lui succombait ? Il faudrait l’arrêter ! J’ai besoin de cette kryptonite !
– Calmez-vous maître Bruce, on ne déclenche pas une guerre en…
– Hé puis Alfred, les aliens là, qu’est-ce que tu crois ? Qu’ils demandent pour venir sur Terre ? Noooon, ils débarquent, et hop, ils occupent un emploi de super-héros ! Et tu as vu ses vêtements ? Bonjour l’intégration, des fois, on se croirait sur Krypton ! Je ne suis pas raciste, mais quand même, les aliens, tu ne m’ôteras pas de l’idée qu’ils profitent bien de notre planète !
– Calmez-vous maître Bruce ! Je vous en prie !
– En plus, les aliens, ils sentent mauvais et ils écoutent de la musique toute la nuit ! Ah, ça pour profiter des aides galactiques ils… »

Bon, je ne suis plus sûr des dialogues exact, mais c’est ma faute : j’ai tendance à confondre les milliardaires.

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« Et on pourrait construire un grand mur dans l’espace, et on le ferait payer à Krypton ! »

Quant à l’intrigue, pour la reprendre : stoooop.

Alfred, c’est sympa ce que tu racontes cette histoire de Batman qui mentait sur le Portugais Blanc, mais c’est impossible. D’abord, parce que jusqu’il y a encore dix minutes, Bruce Wayne pensait que le Portugais Blanc était un homme, pas un bateau. Alors transporter de la kryptonite à fond de cale, à moins d’avoir un très gros slip… ensuite, il ne pouvait pas savoir non plus pour la kryptonite, puisqu’on découvrait que Bruce Wayne enquêtait sur le Portugais Blanc depuis bien avant le moment où Lex Luthor a ordonné qu’on lui ramène la kryptonite. Bref, ça n’a strictement aucun sens.

Reprenons.

Batman décide d’intercepter la cargaison de kryptonite. Qui est très discrètement transportée, comme toute contrebande, dans des caisses marquées d’un énorme « LEXCORP ». Discret ! Batounet surveille donc le déchargement au port, puis colle à distance un mouchard (mais oui, qui clignote !) sur les portes du camion, histoire que les véhicules d’escorte puissent bien le voir. Heureusement, les figurants n’étant pas payés à faire remarquer que ce film est diablement con, ils font mine de ne pas apercevoir le truc noir sur fond blanc qui clignote en rouge juste devant eux. Vous me direz « Oui mais Batman, s’il n’avait que ce modèle, aurait au moins pu le mettre sur le toit du camion, par exemple, pour qu’il soit moins invisible des troupes au sol« . Mais non. Parce Batman a lu le script, et sait que dans cinq minutes, le toit du camion va être détruit. Et que ne restera intacte que, pile-poil, la zone du mouchard. C’est fou.

Passons : pendant que les mecs transportent la caisse (qui tiendrait dans un coffre de voiture discrète) à bord d’un énorme camion bien visible, Batman les prend en chasse. Aidé de sa Batmobile bourrée d’armes à feu, parce que Batman adore ça, il tue la plupart des margoulins sur son chemin, meule sévèrement le camion des méchants, et alors qu’il s’apprête à se ruer sur eux pour achever le travail, soudain, un piéton sur sa route.

C’est Superman !

« Mais bordeleuuuuuuuuh ! » s’écrie Batman en percutant le brigand, qui ne bouge pas, mais envoie bien voler la Batmobile. Batman imagine déjà le stage de récupération de points de permis qu’il va devoir passer pour avoir percuté un piéton, lorsque Superman bondit sur son véhicule, arrache le pare-brise blindé, et explique :

« Maintenant, tu arrêtes. Tu es violent, c’est pas bien.
– J’fais c’que j’veux.
– Nan. La prochaine fois qu’on allume le projecteur, tu ne viens pas. Point.
– J’ai une question… est-ce que tu saignes ?
– …
– Ça va venir. »

Fabuleux. Batman retourne donc bouder dans sa batcave en ramenant son épave sur roues tant bien que mal, et se dit que bon sang, Superman se met sur sa route. Et ça, c’est mal, il va le payer.

Le lendemain, à Washington, c’est le jour J pour la commission Superman. Toutes les caméras sont braquées sur le Capitole où les personnalités arrivent les unes après les autres. Lex Luthor, qui attend devant la salle, salue un sourire en coin la sénatrice Finch, puis l’ancien employé Wayne SARL qui va témoigner, et enfin, indique à sa secrétaire qu’elle serait bien urbaine de rentrer dans la salle lui réserver une place. L’audition commence sans Lex, dont la chaise marquée d’un énorme « LEX LUTHOR » installée là par sa secrétaire, reste désespérement vide. Mais à défaut de Lex Luthor, c’est Superman qui décide de se pointer à l’audition à la surprise générale. La sénatrice en le voyant, triomphe !

« Superman ! Vous allez répondre de vos actes, espèce de monstre ! À cause de vous, des gens meurent, et tout, c’est pas bien ! »

Alors qu’elle se lance dans un soliloque là encore écrit de telle manière que je pense que le dialoguiste était en fait une sorte de poulpe qui a envoyé son encre un peu vite, et que quelqu’un a ensuite pris le tout pour un script, elle s’interrompt soudain en notant… un bocal d’urine sur son bureau. Oui, un bocal d’urine. Avec un petit mot qui lui fait comprendre que c’est un cadeau de Lex Luthor, rapport à une conversation qu’ils ont eu une fois, qui est comme ça, il n’hésite pas à offrir des bocaux de pisse. C’est le Sénat mon garçon, pas le Tour de France, enfin ! C’est pourtant facile de distinguer les deux : dans l’un des deux cas, il y a la caravane Cochonou, dans l’autre, Cochonou est dans la salle. Tssss, les gens ne sont pas attentifs.

Qu’importe ; la sénatrice regarde la chaise vide de Lex, note que la secrétaire de Luthor paraît elle-même un peu paniquée, et alors qu’elle regarde le témoin en fauteuil payé par Lex… ledit fauteuil explose et souffle toute la salle et une partie de l’étage, tuant tout le monde sauf Superman.

« HOOOOOOOOOO ! » font les gens dehors en voyant les flammes.

« Ça alors ! Superman se pointe, et tout explose, comme par hasard ! » commente intelligemment la presse.

Et c’est donc reparti pour, après les balles à l’alliage mystérieux dans le désert, désormais, Superman est accusé d’être un poseur de bombe.

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Et pour être sûr que personne ne rate l’énorme indice gentiment laissé par Lex, notez que sa chaise est juuuuste derrière le témoin clé. Comme ça, le monde entier peut en profiter. J’en pleure.

Bon. On reprend.

L’audition était filmée. Entièrement. Le monde entier avait les yeux dessus. Tout le monde a donc bien vu le fauteuil exploser (et non Superman devenir grognon). Et surtout… tout le monde a aussi pu voir que le seul mec absent de la salle pile au bon moment, c’était Lex Luthor. Lex Luthor, qui a payé des gens qui peuvent témoigner pour aller déposer un bocal de pisse sur le bureau de la sénatrice avant qu’elle ne meure. Mais non, on n’a qu’à dire que c’est Superman, tient, même si c’est particulièrement peu crédible. Allez hop !

Bruce Wayne, qui suivait les événements à la télévision devient donc aussi farouche qu’il est attardé, c’est-à-dire très fort : Superman, espèce de gros rabouin, tu vas voir ! Je vais te casser la bouche ! Lex Luthor apprend ainsi dans les heures qui s’ensuivent que le mystérieux Bat de Gotham s’est rendu à Métropolis… et lui a volé tout le stock de kryptonite qu’il venait de récupérer grâce à Drazic. Lex Luthor sourit en coin : c’est exactement ce qu’il voulait.

Les jours suivants, Superman a disparu, retiré du monde. Lui aussi fait des rêves étranges et pénétrants où il parle avec son Papa Kent (« Alors, toi aussi tu as préféré oublier la scène de ma mort ?« ), mais n’est plus sûr de vouloir se mêler des affaires des hommes, qui le rejettent. Et tentent de lui faire porter le chapeau pour des choses qu’il n’a pas commises (mais enquêter dessus, bof, ça ne l’intéresse que moyennement). Batman, de son côté, fait de la muscu et se forge des armes en kryptonite : balles en kryptonite, grenades à gaz de kryptonite, lance en kryptonite, couvre théière en kryptonite, etc. À noter d’ailleurs que durant tout le film, alors que la kryptonite est très lourdement soulignée comme étant radioactive, personne ne la manipule avec la moindre protection. Normal.

En tout cas, la voie est libre pour que Lex Luthor poursuive son plan aussi maléfique qu’il paraît naze.

Puisqu’il a accès au corps du général Zod il… heu… il l’emporte ? Voilà, personne ne dit rien. Non, le gouvernement s’en fout. Ensuite, il lui pique des bouts de doigt pour s’en faire des empreintes digitales, et ouvre la porte du fameux vaisseau crashé au cœur de Métropolis. Personne ne surveille la zone, aucun scientifique ne traîne, bref, c’est open bar. Sans compter que quitte à trimballer le corps de Zod, autant utiliser sa main directement plutôt que de lui voler des bouts de doigt, hein. Tu faisais quoi si la technologie de krypton prenait aussi l’empreinte de la paume et qu’elle butait les intrus, gros malin ? Bref, une bien belle perte de temps et un risque gratuit pour Lex le débilou. Enfin, remarquez : en deux ans, aucun scientifique non plus n’avait eu cette idée, et les bougres se contentaient visiblement de taguer leur nom sur la coque. Ou un truc du genre. Rentrer dans un vaisseau bourrée de technologie ultra-avancée ? Quand on a la clé ? Non, ça n’intéresse pas les scientifiques, vous savez. Ils sont comme ça.

Lex pénètre donc dans les couloirs du vaisseau kryptonien, où seul rôde un drone qui accueille les visiteurs. Lex, bien évidemment en costume de ville, tenue idéale pour l’exploration, le suit sans rien dire. Il guide Lex, qui traîne le corps de Zod, jusqu’au cœur du vaisseau où se trouve une salle d’expérimentation, et coup de bol, Lex tombe sur le vaisseau le moins farouche du monde :

« Bonjour, visiteur. Je suis la sécurité du vaisseau. Celui-ci est à 34% de ses capacités suite aux dégâts subis. Voulez-vous en prendre le commandement ?« 

PARDON ?!

Non mais v’là la sécurité. « Regardez, un type sort de nulle part, et en plus, pour nous gens de krypton, c’est un alien : passons le commandement automatiquement à cet inconnu ! »

Et ce n’est pas fini !

« Ce vaisseau contient le savoir de centaines de milliers de monde.
– Enseignez-le moiiiii ! » couine Lex.

Hop hop hop, deux leçons de géo sur Zoubi du Centaure, et une de biologie sur les Scharplüks, les acariens venus de Xuglon, et c’est bon, Lex est chaud patate. Car il a désormais appris comment créer une « abomination ». Il suffit du corps d’un kryptonien (coucou Zod !), d’un peu de sang humain (ah ça alors, ça tombe bien !) et pif paf, c’est possible. La voix de la sécurité du vaisseau joue quand même la prudence.

« Attention, les abominations sont très vilaines et très méchantes, et surtout, très interdites par le conseil de Krypton.
– D’accord, mais où est le conseil de Krypton ? demande Lex.
– Détruit.
– Alors vas-y, crée le truc interdit.
– Okay. »

Je… comment dire ? C’est donc aussi simple que ça ? C’est définitivement la sécurité la moins farouche de l’univers. Ou la plus merdique. Peut-être les deux à la fois ? Je vais quand même plutôt pencher pour la deuxième option, rapport au fumet qui se dégage de ce film.

L’affaire entendue, le vaisseau s’empare du corps de Zod, Lex verse un peu de sang dessus et…

… repart tranquillement chez lui en sifflotant pendant que le vaisseau commence le processus. Lex a en effet des choses autrement plus importantes à faire, comme par exemple, poursuivre son plan moisi. Qui consiste tout d’abord à faire kidnapper Martha Kent, la mère de Clark, par Drazic et ses hommes. Cela fait, il envoie le même Drazic kidnapper Loïs Lane, qui est toute triste depuis que Clark a disparu avec Superman, parti méditer ailleurs. Et non, toujours personne au bureau ne fait le lien entre Clark qui a disparu et Superman qui a fait de même pile au même moment. C’est beau. À ce stade, Diego avait empilé des sacs de sable sur moi (on ne retrouvait plus Natacha dans le noir, et puis elle n’aurait pas suffi) pour m’empêcher de me lever. Et de me stranguler pour abréger mes souffrance.

Loïs est emmenée par hélicoptère jusqu’au sommet de la tour LexCorp, où l’attend l’ami Lex, qui l’accueille avec un énième discours qui donnera aux plus pacifistes d’entre vous des envies d’écraser des hamsters à mains nues. Et vous savez de quoi ça parle ? De dieux et d’hommes, dites-donc ! Un peu monomaniaque, le petit. Toujours est-il qu’il conclut son discours d’un « Maintenant, appelons Superman » (en réalité, il le dit bien évidemment autrement avec une histoire de carré, de triangle et de ligne, le tout de manière incroyablement ridicule et énervante, évidemment). Et il pousse Loïs dans le vide.

« AaaaAAaaaAAAAaaaAAAaah ! » hurle Loïs, tombant de près de cent mètres juste avant qu’elle ne sente sous son fessier les bras de… Superman ! Ça alors ! Il l’a entendue !

« Clark !
– Loïs. Je te dépose là, appelle un taxi, rentre à la maison et prends un bain, là tu sens un peu fort quand même.
– C’est-à-dire que j’ai eu très peur.
– Oui, c’est ce que je te dis, je le sens bien. Maudit super-odorat. Allez, t’inquiète chaussette, j’assure chaussure. Maintenant, je vais régler son compte à ce petit con de Lex Luthor ! »

Et Superman de bondir jusqu’au sommet de la tour, où Lex attend tranquillement.

« Bonjour, Superman !
– Tu as tenté de tuer Loïs, je vais te défoncer.
– Hé non ! Regarde plutôt ces photos… j’ai ta maman Martha en otage !
– Ben non, tu peux pas.
– ? 
– Regarde : Loïs a hurlé, je suis venu. Si elle avait eu des soucis, je l’aurais entendue et je serais venu aussi.
– Heu… oui mais heu… là c’était loin… à la campagne… près de chez elle dans le Kentucky… tu n’as peut-être pas entendu, donc si, c’est crédible.
– Mec, au début du film, Loïs ne poussait pas un cri, et pourtant, je l’entendais être dans la mouise jusqu’en Afrique. 
– …
– …
– … oui mais là, c’est magique !
– Ah bon, ben alors, si c’est magique.
– Bref, j’ai ta maman Martha en otage, HAHAHAHA !
– MONSTRE ! Dis-moi où elle est ou je te tue !
– Hé non ! Car j’ai demandé à mes hommes de ne pas me dire où elle était, hahaha ! Tu ne peux donc pas me faire parler ! Et si tu me tues… ils la tuent ! Alors obéis-moi, où elle meurt !
– Grrgnnnngnnnnn !

– Ahaha ! Moi, un homme, j’ai mis un dieu à mes pieds ! Petit, mon père me battait, et je me suis dit que si Dieu n’intervenait pas, c’est qu’il n’était soit pas tout puissant, soit pas bienveillant ! Voici ma vengeance, espèce de mini-dieu ! Oui, c’est mon seul motif pour mon plan de merde ! Maintenant… vois ! De l’autre côté de la baie, Batman a lui-même allumé le bat-projecteur ! Il t’attend, il veut te combattre ! Va, et ramène moi sa tête ! Entretuez-vous, hahahaha !« 

Soudain, un autre héros vient se poser aux côtés de Superman.

Batman V. Superman: Dawn Of Justice

Je vous laisse juger par vous-même du jeu d’acteur : l’une de ces deux scènes n’est pas dans le film, saurez-vous la retrouver ? Sur la première image, Superman vient de sauver Loïs Lane, son seul amour qu’il n’a pas vu depuis un moment, d’une chute mortelle. Des retrouvailles émouvantes. Sur la seconde, Superman, avec dans les bras Loïs Lane qui fait sa feignasse, vient de passer à La Poste récupérer un courrier de l’URSSAF et se demande combien de sous ils vont encore lui taper. En vous basant uniquement sur l’expression faciale de Clark, sauriez-vous dire quelle est la scène la plus crédible ?

« HoooOOOooo SUPER SPOILER ! s’exclament Lex et Superman en choeur.
– Oui, j’interviens parce que bon. Regarde Superman, je te montre comment faire. Déjà, Lex Luthor a balancé Loïs du haut du toit environ deux minutes après que Drazic l’ait déposée. Donc, l’hélicoptère de Drazic est tout proche, tu dois même le voir d’ici. Un hélicoptère avec un énorme « LexCorp », ça ressemble quand même à un gros indice.
– Heu… 
– Oui Lex ?
– Sauf que l’hélicoptère a disparu entre deux plans. Et que Drazic s’est téléporté avec tous ses hommes dans son repaire secret.
– Okay, mettons. Lex, tu ne sais pas où est le repaire secret de Drazic où il cache Martha Kent ?
– Non ! Héhéhé, mon plan est génial !
– Oui mais tu as le téléphone de Drazic, pour lui donner des ordres.
– Heu… oui ?
– Tiens, tu me le passes ? J’appelle. Superman, quand tu entends que ça décroche, tu vas là où tu entends ma voix sortir et tu meules tout.
– Ah pas con. J’y avais pas pensé.
– Superman, tu te changes depuis plus d’un demi-siècle dans les cabines téléphoniques et tu n’avais pas pensé au téléphone ?
– Mgnnnn…
– Et toi Lex, tu n’avais pas pensé à cette faille dans ton plan reposant pourtant sur l’ouïe de Superman, puisque sans celle-ci, Loïs Lane s’écrasait comme une bouse au bas de l’immeuble ?
– Mgnnn…
– Bon allez, casse-toi Super Spoiler. Non parce que si on suit ton plan, on gagne super facilement et il n’y a plus de film. »

Et Super Spoiler de s’en aller, pendant que Lex Luthor reprend.

« Bon, allez, va meuler Batman ! Tu as une heure, après, je tue la vieille !
– Soit. »

Superman file donc au bas de l’immeuble, retrouve Loïs pour lui expliquer qu’il va tenter de demander de l’aide à Batman plutôt que de le tabasser, puis part à fond les ballons. Loïs retourne donc au siège de son journal pour demander un hélicoptère pour se rendre à Gotham et essayer de raisonner tout le monde si jamais cela partait en sucette. Cela lui est accordé mais… pendant ce temps, l’épave du vaisseau alien en ville produit d’étranges éclairs et pompe toute l’énergie alentours… que se passe-t-il ? En tout cas, même si ça a l’air super dangereux et que le dit vaisseau a plus ou moins rasé la ville en tuant des milliers de gens la première fois, tout le monde fait juste « Hooo ! » et n’évacue pas. Tout est parfaitement logique, circulez, il n’y a rien à voir. J’en connais qui ont le même plan d’évacuation accroché au mur que chez Wayne SARL.

À Gotham, Batman attend de pied ferme à côté du bat-signal. Il a provoqué Superman, et ce soir, il compte bien le tuer. Et s’il ne vient toujours pas, il fera un spectacle en ombres chinoises intitulé « Loïs Lane et le lapin » (il fait super bien le lapin) sur le projecteur pour l’énerver plus encore. Après ce qui est arrivé au Capitole, et sans compter qu’il s’est mis – littéralement – sur sa route, Superman est devenu trop dangereux. Ce soir, il va mourir. Aussi, lorsque Superman apparaît enfin devant lui, il est très satisfait. Mais l’homme à la cape rouge essaie d’abord de parler.

« Bruce, tu dois savoir quelque chose de très important…« 

Batman s’en fout et lui envoie des ondes supersoniques dans la gueule.

« Attends, Bruce, ce que je dois te dire est crucial, car vraiment, tu dois m’écouter, l’information est capitale et… »

Bratatatata font les mitrailleuses de Batman, sans grand effet sur Superman.

« Aaaah, si seulement, je balançais directement l’information histoire de calmer le jeu au lieu de commencer toutes mes phrases par du rien, je… »

Fwoush ! Fait la grenade à gaz de kryptonite qui arrive droit dans la gueule du gredin.

« Kof kof kof… bordel !« 

Superman, qui jusqu’ici se défendait en encaissant les coups et en donnant de grandes claques à Batman qui volait sur deux cents mètres (mais sans rien se casser, merci), se retrouve soudain tout malade… et par un incroyable hasard, c’est pile la bonne dose pour qu’il ait exactement la même force qu’un humain ! Batman peut donc lui rendre les coups et commencer à lui distribuer des pains dans la face beaucoup plus aisément. De temps en temps, Superman regagne de la force, alors Batman lui remet une dosette, et hop, qu’est-ce qu’on s’amuse !

À noter que j’aurais été Superman, moi aussi j’aurais égalisé le combat.

« Okay Batman, tu l’auras voulu. Gnnnnn. Voilà.
– Que ? Tu as fait quelque chose ?
– Oui. Je viens de te regarder au rayon X.
– Super, et ?
– Rayon X puissance maximale, sans protection. Tu as douze cancers, Bruce. J’appelle ça « l’attaque Marie Curie ».
– MAIS C’EST DÉGUEULASSE !
– Ah ouais ? Et la kryptonite alors, tu crois que ça me fait quoi gros malin ? »

Mais non. Superman est fairplay (contrairement à moi), et cela lui coûte cher, puisqu’affaibli, Batman parvient à le sonner, et le traîne ensuite jusqu’à un bâtiment où le Bat de Gotham avait installé son arme secrète : sa lance en kryptonite pure ! Comme Batman est joueur, il s’en sert d’abord pour dessiner des trucs sur le visage de Superman (comme bien évidemment, des kikoutes), puis s’apprête à le tuer lorsque Superman, vaincu, implore :

« Sauve… Martha.
– Que… quoi ?! s’étonne Batman.
– Sauve… Martha…
– Pourquoi as-tu dit son prénom ?! Pourquoi dis-tu cela ? C’EST LE PRÉNOM DE MA MAMAN !« 

Car oui, la maman de Batman s’appelait Martha Wayne. Tout comme Martha Kent.

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Oui, il y a aussi des scènes où Superman a le temps de tout expliquer, mais bon, ne le fait pas parce que hihihi, sinon, on ne se bat pas et les gens sont venus pour ça.

Loïs Lane, qui arrive pile poil à ce moment là, arrive en courant et hurle l’explication à ce gros neuneu de Batman : « C’est aussi celui de la mère de Superman !« 

« Aaaah ben alors c’est complètement différent. » s’exclame Batman en laissant tomber sa lance. « Non parce que si ta mère avait eu un autre prénom, je t’éventrais là, tout de suite, mais comme c’est rigolol, ta maman et la mienne elles s’appellent pareil, désormais, on est best friends forever ! » et il aide Superman à se relever.

C’est le véritable rebondissement. Je vous laisse savourer. Leurs mamans avaient le même prénom, donc c’est bon, ils ne peuvent plus s’entretuer.

Est-ce que je vous reparle de ce quart de milliard de dollars ou ça va aller ?

Bien évidemment, le net pullule déjà de fans un peu cons qui tentent de défendre l’indéfendable d’un « Non mais du coup, il a aussi réalisé qu’il allait briser une famille, comme la sienne fut brisée« , mais on va arrêter, hein. Il a besoin du même prénom, Batman, pour comprendre ? Combien de Martha parmi les mamans de tous les vilains qu’il a dessoudés depuis le début du film, d’ailleurs ? Tout cela est bien mystérieux. Pardon : bien naze.

Maintenant qu’ils sont trop copains, Batman et Superman décident de se diviser en groupes de un.

  • Loïs Lane va aller se débarasser de lance en kryptonite parce que bon, ça ne servira plus jamais, c’est certain, tout ça, donc hop, elle ira la jeter dans un trou d’eau au fond d’une ruine
  • Batman va aller sauver Martha Kent, usant de sa technologie pour localiser Drazic et lui mettre le cœur à vif (si vous avez compris cette blague, pleurez votre jeunesse perdu)
  • Superman va aller faire des brûlures indiennes à Lex Luthor pour lui apprendre la vie

Loïs Lane s’acquitte parfaitement de sa mission. Plouf, fait la lance, pfou, j’ai bien travaillé moi, aujourd’hui.

Batman, lui aussi, s’en tire très correctement. Par exemple, grâce à son batavion, il a tôt fait se rendre à la base secrète de Drazic sitôt localisée et de la… de la mitrailler ?! Hé ben, heureusement qu’il y a un otage, sinon, qu’est-ce que ce serait ! Après avoir ainsi défoncé sans vergogne tous les margoulins à découvert (mais eux, leurs mamans s’appelaient probablement Brenda), Batman s’infiltre dans le bâtiment principal, casse des bras à tire-larigot, puis arrive dans la pièce où Martha est retenue, menacée par Drazic armé d’un lance-flammes. Oui, c’est plus rigolo pour exécuter quelqu’un. Surtout quand tu sais que le moindre cri peut attirer Superman, les hurlement de gens en feu, ça me paraît particulièrement malin.

Pourquoi ? Pourquoi, sérieusement ? Qui a payé plus cher pour rajouter ça au lieu d’un bon vieux pistolet ?

Batman, qui a subtilisé une mitrailleuse légère à l’un des bandits, menace Drazic. Drazic menace mémé. Batman réfléchit hmmm… hmmmm… reuuuuh… pas… facile…

Bon, ben, il tire dans le réservoir du lance-flammes, tout explose, et il se jette sur Martha Kent pour la sauver. Mais ? Arrêtez, enfin ! Et lui tirer dans la tête pour éviter une explosion ? Non ! Batman voulait faire son gros cake. Batman a réussi. Batman est content.

Superman de son côté retrouve Lex Luthor, non pas à la tour Lexcorp, mais là où tout se passe à Métropolis : près du vaisseau crashé qui crache désormais des éclairs. Car Lex est retourné dedans, et en l’y retrouvant, Superman constate qu’un énorme cocon près de lui crépite d’énergie et s’apprête à éclore.

« Alors, pas de tête de Batman avec toi, Superman ? demande Lex un peu déçu.
– Non… on va s’occuper de toi.
– Pense à Martha !
– Martha est en vie. Batman s’en est chargé.
– Grmbl… bien ! Hé bien dans ce cas, je ne tomberai pas seul ! Ce cocon va s’ouvrir, et va en sortir ton apocalypse, un ennemi à ta hauteur, un… Doomsday!
– Okay. Et si j’avais ramené la tête de Batman, tu faisais quoi ? 
– Je…
– Ben tu avais l’air bien con avec ton cocon sur les bras.
– Oui, bon hein ! Ça suffit, mon plan est génial ! Et si je ne peux avoir les dieux… alors je leur enverrai le diaaaaable ! »

Et le cocon s’ouvre, et en jaillit un immense humanoïde monstrueux, qui a la tête générique de tous les monstres depuis les trolls du Seigneur des Anneaux : grisâtre, petits yeux, pas de nez, corps trop large, dents pointues, capacité à hurler tête en avant avec des filets de bave en permanence… fascinant. Le monstre tente de tuer le premier truc qui passe, à savoir Lex Luthor, mais Superman s’interpose quand même, parce que tututu, laisser Batman tuer les gens qui ont kidnappé sa mère, d’accord, mais laisser le commanditaire mourir des mains de son propre monstre, non.

Du coup, si le monstre n’est même pas contrôlé par Lex, c’était quoi le plan ? Faire s’entretuer des gens, puis quoiqu’il arrive, tout péter avec un monstre géant et mourir avec ? Ce… comment dire ? Ça n’a aucun sens ? Lex pourrait marmonner « Ho c’que j’suis méchant« que ce serait par…

Ho. Attendez. Je viens de réaliser. J’ai déjà vu ce Lex Luthor dans une autre oeuvre. Même coupe de cheveux, mêmes dialogues, même sérieux, mêmes histoires de chauves, de surhommes et de Lex Lulu….

J’ai trouvé d’où le film s’est inspiré. Et je ne sais pas vous, mais personnellement, je trouve que tout s’explique.

Bien. Hé bien écoutez, c’est donc parti quoiqu’il arrive pour la séquence de baston finale. Doomsday, puisque c’est son nom, commence à tout casser en ville, y compris et surtout le monument à Superman, l’armée qui tente d’envoyer quelques hélicoptères ne peut rien contre lui, et si Superman lui envoie quelques coups, il en reçoit bien plus encore. La partie est-elle perdue ? Superman tente même d’emporter Doomsday avec lui dans l’espace, mais l’armée en profite pour leur envoyer un missile nucléaire (particulièrement précis pour toucher pile poil deux mecs se battant hors de l’atmosphère), qui fait retomber Doomsday sur Terre… plus fort que jamais car il a absorbé l’énergie de l’explosion ! Quant à Superman, il a été transformé en pruneau d’Agen, mais grâce au pouvoir du soleil, il revit, guérit même des blessures que Batman lui avait faites, hop hop, et fonce sur Terre reprendre le combat. Batman aiderait bien notre héros, mais il ne peut pas grand chose ! Et puis soudain, il se dit que, rah, si j’avais encore ma lance en kryptonite…

« Je vais la chercher ! » glapit Loïs Lane en plongeant dans le trou d’eau où elle a jeté le bousin pour essayer de la récupérer. Mais tous les tremblements causés par le choc des titans provoque des éboulements, et la belle se retrouve coincée sous l’eau ! « Blblblbl blblblbl« , fait-elle intelligemment remarquer, ce que bien entendu, Superman entend.

Sur ces entrefaites, nous retrouvons un personnage que nous n’avions pas vu depuis un bail : la voleuse du gadget de Bruce Wayne lors du cocktail pour la bibliothèque municipale de Métropolis chez Lex Luthor. Elle allait prendre l’avion pour quitter Métropolis, et puis, tout s’est précipité. Les éclairs autour du vaisseau crashé, le monstre géant qui en sort… elle repense à un mail que Bruce Wayne lui a envoyé quelques jours plus tôt. Un mail contenant la photo qu’elle tenait tant à récupérer, décryptée par Bruce. Une photo d’elle, en tenue d’amazone, en Belgique, en 1918 avec des soldats autour d’elle. Avec en commentaire de Bruce Wayne « lol, grillée ! » et d’autres pièces jointes issues des archives volées de Lulu, chacune avec un logo et traitant d’un « métahumain » (on se calme, les shadowrunners) différent : un type surnommé Flash qui va super vite, un certain Aquaman vivant sous l’eau, et un grand blessé transformé en cyborgs… tous des êtres supérieurs. Et son dossier à elle : Wonderwoman. Et Bruce Wayne d’avoir annoté « T ki mdr ?« . Notre larronne soupire, abandonne son siège et quitte l’avion avant le départ.

Et quelques instants après, alors que Batman était en mauvaise posture face à Doomsday, le voilà sauvé par une mystérieuse femme qui s’interpose avec épée et bouclier entre lui et son adversaire :

« Ho ! Deus Ex Wonderbra !
– Woman. Wonderwoman. Vous allez pas commencer, hein !« 

Et le combat de reprendre de plus belle.

« Et heu… juste comme ça… toi ta mère, elle s’appelait comment ? – Batman, ta gueule maintenant. »

Pendant ce temps, Superman est allé sauver Loïs Lane, qui continuait à faire blub blub dans son trou d’eau. Le bougre la sauve, puis plonge chercher la lance en kryptonite, ce qui bien évidemment, le rend bien malade. Mais malgré tout, il parvient à remonter à la surface et à s’effondrer dans les bras de Loïs.

« Loïs… c’est ma planète… je dois sauver ces gens.
– Clark, non, attends !
– Je vais voler… la lance au poing… et l’enfoncer dans le torse de ce monstre…
– Clark, s’il-te-plaît…
– C’est trop tard… je dois le faire… »

Clark se redresse, prend son envol, et fonce, lance pointée droit devant.

« Ce que je voulais dire, c’est qu’une lance, ça se lance, bougre de con ! Comme ça tu n’as pas à te sacrifier ! » lui crie Loïs, mais hop, Superman fait genre qu’il n’entend pas, ce qui n’est que moyennement crédible.

Superman file droit vers son ennemi au moment où Wonderwoman l’immobilise de son lasso et où Batman lui envoie une grenade à gaz de kryptonite dans la truffe, et Doomsday est donc prêt pour recevoir son châtiment suprême. Superman le transperce de sa lance, mais affaibli par la kryptonite qu’elle contient, se retrouve vulnérable. Doomsday, mourant, décide de l’emporter avec lui : il utilise une protubérance de son vilain corps (non, pas celle là), et transperce à son tour Superman en plein cœur.

Doomsday est mort. La planète est sauvée. Lex Luthor promptement arrêté (mais parvient quand même à faire une dernière tirade sur les hommes et les dieux, fascinant) et pas marqué au fer rouge par Batman, qui finalement se dit que ouais, non. Mais Superman est quand même super décédé.

Nous retrouvons donc Loïs chez Martha Kent, alors que l’on enterre Clark Kent près de son papounet. Partout dans le monde, on rend hommage à Superman (y compris son journal, qui pleure aussi la mort de Clark Kent, arrivée le même jour, toujours sans faire le lien, merci), et à Washington, on met en terre un cercueil vide (Batman, Loïs & co n’ont pas laissé le corps derrière eux, les rabouins). C’est la tristesse, les violons, les coups de canons, la cornemuse (un instrument typique de Krypton), et bien évidemment, le passage où Martha Kent remet une enveloppe commerciale non-ouverte à Loïs : une bague. Clark voulait l’épouser et s’était acheté une bague par correspondance. J’hésite entre « la grande classe » et « la grosse originalité ».

Bruce Wayne, aux côtés de Wonderwoman, se tient à l’écart du cimetière pour laisser Loïs à sa peine, et aussi pour faire genre je suis trop mystérieux, mais échange avec sa nouvelle Wonder amie.

« Il faut retrouver les autres métahumains, Wonder. Comme Clark. Ou toi.
– Et pourquoi donc ? Moi, je m’étais retiré du monde des hommes il y a un siècle, après avoir vu trop de violence.« 

Retirée, mais dans des voitures de luxe, des soirées cocktails et des robe de soirées.

« V’là l’ermite.
– Ben oui, ermite. Je suis allée profiter des demeures des autres.
– Non mais ça, c’est le bernard l’hermite.
– Haaaan. Je m’ai trompée. »

La conversation se poursuit un peu, et enfin, Batman fait son sourire de kakou.

« Nous trouverons les autres métahumains. Et nous les convaincrons de se battre avec nous. Car bientôt, il faudra se battre… j’en ai l’intuition. »

Tous se détournent du cimetière, avant que Loïs ne jette la première poignée de terre sur la tombe de Clark puis ne s’en aille à son tour. Bon, sachant qu’il se régénère au soleil, c’est un peu con de le foutre dans une boîte sous terre, mais on va dire que vous n’avez pas vu le film. De toute manière, les scénaristes non plus n’ont pas dû suivre, car malgré tout, soudain, la terre sur le cercueil s’anime, des plantes y poussent, la vie revient et…

… FIN !

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Avant de se quitter, tout de même, un petit aperçu de Doomsday, aussi appelé « Monstre générique #953 ».

__________________________

« Et voilà pour la fin de cette projection. Alors ?« 

Sept super-héros s’étaient endormis. Batman sanglotait, Superman était parti prendre une douche en cours de séance, quant à Wonderwoman, elle se balançait mollement sous le ventilateur de la salle de réunion, pendue avec son propre lasso. Personne n’osait prononcer le moindre mot. Enfin, on entendit une voix rocailleuse timidement s’élever.

« C’est monstrueux, pleurnicha Batman. Comment peut-on faire autant de mal à des spectateurs ? Et à notre image ? Les gens nous aimaient, bon sang ! On avait mis des années à revenir sur le devant de la scène, mais ils nous aimaient !« 

Super Spoiler tapota le dos de Batman, qui se roula un peu plus en boule dans son bat-fauteuil.

« C’est là toute la question, mon bon Batman. Et il n’y a que deux options. 
– Ah oui ? demanda Batman, les yeux plein de larmes levés vers Super Spoiler.
– La première c’est que l’humanité a produit une pareille bouse sans le faire exprès. Et qu’en plus, alors que tout annonçait un niveau dramatique, ça a été l’un des meilleurs lancements de l’histoire. Autrement dit, non seulement c’est nul, mais en plus, l’humanité ne vaut pas le coup d’être protégée.
– Et l’autre option ? sanglota Batman.
– L’autre option…« 

Super Spoiler regarda le cadavre de Wonderwoman qui continuait à se balancer au-dessus de la table.

« L’autre option, c’est que ce film est l’oeuvre du Joker, ou un truc du genre. Un gigantesque complot, une immense blague pour vous ridiculiser. Auquel cas, il faut absolument aller casser la gueule du réalisateur.
– Je… vous… vous avez raison, Super Spoiler ! dit Batman en séchant ses batlarmes. C’est la seule explication ! Vite, je vais chercher Superman, lui dire qu’il peut arrêter de se frotter sous la douche, le seul moyen de faire partir toute cette honte, c’est d’aller péter les dents de celui qui a fait ça ! Merci, Super Spoiler !« 

Batman se leva et disparut par le sas le plus proche, plein d’une énergie nouvelle.

« Quelle andouille ce Batman, soupira Super Spoiler.
– Vous dites patron ?
– Evidemment que ce n’est pas un plan du Joker. C’est juste qu’Hollywood bat le record de médiocrité année après année.
– Mais alors… pourquoi lui avoir redonné espoir en lui mentant ?« 

D’un geste amusé, Super Spoiler tapota la moustache en plastique de Diego Mystère. Ça coûtait autrement moins cher qu’un masque, et ça fonctionnait à peu près autant, voire mieux. Tout le monde se souvient que Freddy Mercury, une fois sans moustache, était méconnaissable. Alors que Clark Kent et ses lunettes, bon.

« J’avais juste besoin d’éloigner ces couillons. Et puis bon, péter la gueule du coupable de cet étron, c’est du bonus. Non, ce qui m’intéresse vraiment, c’est ça. » dit Super Spoiler en pointant le cadavre pendu de Wonderwoman.

« Je ne comprends pas… sourcilla Diego Mystère.
– Tu connais le pouvoir du lasso de Wonderwoman ?
– Il force les gens pris dedans à obéir et à dire la vérité ?
– Bien. Et qu’est-ce qu’il se passerait si Wonderwoman se pendait avec ?« 

Diego Mystère fronça les sourcils, avant de réaliser. Un cadavre de Wonderwoman qui obéirait au doigt et à l’œil et répondrait sincèrement à toutes les questions. Même les plus intimes.

« Allez, mon bon ! Va me la décrocher et charge-la dans le coffre de la Spoiler Mobile !« 

S’exclama Super Spoiler d’un air satisfait, le cigare aux lèvres. Il savoura sa victoire, et dans un grand sourire, ajouta :

« Nous venons d’inventer l’éroésotérisme !« 


Gnangnan Squad

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Connaissez-vous l’amendement « Les Bronzés 3 » ?

Non ? Bien. Prenons la Bible des Mauvais Films, et lisons ensemble à la page 43.

« Évangile selon Diego. Ce jour-là, Saint Connard prêchait sur la montagne, expliquant les subtilités de ce monde, aidé en cela de la Sainte Pelle pour les auditeurs les plus en difficulté. Il dit alors : « Il existe une règle sainte parmi toutes les règles. Plus un film a de bandes-annonces différentes, et plus elles sont longues ou dévoilent de scènes, plus il y a de chances que ledit film soit une grosse bouse. Ainsi l’ai-je dit, et ainsi l’ai-je gravé dans le marbre pour l’éternité Les Bronzés 3 et ses infernales bande-annonces de sept minutes. Aussi, je vous le dis, Suicide Squad et ses bandes-annonces en escadrille dévoilant des dizaines de scènes sera un étron d’un fort beau calibre.
– Mais, intervinrent des mécréants, il y a aura le Joker, il est sur toutes les affiches, ça sera donc super, non ?
– Tenez et prenez-en tous, car ceci est ma pelle. »

Bon, le reste de cet évangile est un peu long, surtout les passages sur Rambouillet, aussi, allons droit au but :

Suicide Squad, est-ce un titre qui désigne les héros du film ou bien les pauvres gens qui sont allés le voir ?

Sans plus attendre, spoilons, mes bons !


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L’affiche : vous pensez que ce film traite de tous ces personnages ? Hohoho, naïfs que vous êtes.

Notre film démarre dans une prison secrète sise aux Etats-Unis d’Amérique, et au sein de laquelle nous retrouvons un prisonnier fort grognon : Will Smith. Le casting me dit pourtant qu’il se nomme « Deadshot », mais personnellement, je n’ai vu que Will Smith faisant du Will Smith. Mais alors, qu’est-ce qui rend l’ami Will aussi bougon ? Hé bien pour commencer, sa cellule est ridiculement petite (comprendre : deux fois la taille d’un studio parisien), et ensuite, elle est à peu près aussi remplie qu’une salle de musée d’art contemporain, ne comprenant qu’un sac de frappe dans lequel notre ami Willou frappe allègrement pour s’occuper. Du moins, jusqu’à ce le méchant gardien à barbiche du coin lui apporte son repas, un pain de viande à peu près aussi appétissant qu’un repas scolaire. S’ensuit donc une discussion un peu hardie entre Will Smith et Barbiche, durant laquelle les arguments quelque peu velus du premier obligent le second à appeler ses collègues pour calmer le petit provocateur à coups de tonfa dans le roudoudou, une méthode qui a fait ses preuves, tous les gens ayant déjà eu une classe de sixième le savent.

Cette prison n’hébergerait donc que Will Smith ? Nenni ! Elle est aussi la résidence de l’amie Harley Quinn, prisonnière qui utilise ses draps en guise de trapèze pour faire des cabrioles d’artiste de cirque pour passer le temps. Ce qui amène aussi l’ami Barbiche à venir lui dire qu’abîmer la literie, c’est très vilain, mais rien que quelques coups de matraque magique ne sauraient guérir. Non mais, et le respect du matériel, hmmm ?

Fort bien. Laissons donc nos amis s’amuser dans leur prison, et allons plutôt du côté de Washington, où Amanda Walter, une importante Madame au sein du gouvernement, se rend à un repas avec différents gros pontes de l’armée. Mais pourquoi faire ? Suivons plutôt la conversation.

« Mgnous vous chouvgnez de Chuperman? Hé bien que che pachrait-il chi…
– Vous pourriez arrêter de parler en mangeant, Madame Walter ? C’est super relou. 
– Pardon. Je disais : vous vous souvenez de Superman ? Hé bien, que se passerait-il si un autre Superman arrivait, mais que cette fois-ci, nous n’ayons pas la chance qu’il soit de notre côté ? 
– Nous devrions…. mmm… lui bourrer la gueule à coups de tatane ?
– C’est vrai. Mais nous ne disposons pas de tatanes assez grosses pour cela dans notre armée. C’est pour cela que nous avons besoin d’humains disposant de pouvoirs mystérieux. Des humains surhumains. Des métahumains.
– Han nan, relou ! Vous allez encore nous parler de votre projet « d’escouade X », n’est-ce pas ?
– Oui. Car comme dans tous les comics, les trucs secrets s’appellent tous X.
– Vous n’imaginez pas ce que ça donne quand ma femme voit l’historique de mon navigateur et que j’essaie de lui expliquer que c’est pour le boulot.
– Général, vos histoires ne regardent que vous. Regardez, j’ai réuni dans ce gros classeur papier pas pratique du tout toutes les informations sur les candidats potentiels pour mon projet.
– On ne vous a jamais dit de n’imprimer que si c’était absolument nécessaire ?
– Raaah ! Ça suffit, les commentaires ! Laissez-moi plutôt vous expliquer qui sont chacun des membres que j’ai sélectionnés. »

Et commençons par le premier Will Smith, pendant qu’Amanda commente en voix off son dossier. Dit « Deadshot« , spécialiste de toutes les armes, doté d’une précision au tir surnaturelle. Il peut tuer l’acarien de votre choix à cent mètres, ou un truc plus petit encore, comme par exemple, le programme économique d’un candidat aux élections américaines. Jusqu’ici, il était tueur à gages, mais il avait une faiblesse qui l’a perdu : sa fille, avec lequel il jouait le papounet gentil, bien évidemment. Sauf qu’elle étudiait à Gotham, qu’Amanda Walter l’a faite suivre jusqu’à ce que son Will Smith de papa se pointe, et là, elle a demandé à Batman de lui péter la gueule. Celle de Will Smith, hein, pas de la petite fille, même si comme tous les enfants de film américain, on aimerait bien la voir passer sous la batmobile. Et de préférence, plusieurs fois en moins d’une minute. Voyant le justicier de Gotham lui tomber dessus, Will Smith a bien tenté de résister et de lui tirer dessus, mais sa fille s’est interposée pour dire « Non, papa ! Si tu le tues, tu niques tout le merchandising ! » . Will Smith n’a donc rien pu faire… et a dû se rendre pour atterrir en prison.

« J’en connais une qui n’a pas intérêt à demander un poney pour Noël.
– Votre gueule, général. Passons au candidat suivant… ou plutôt à la candidate. Le docteur Harley Quinzel, dite Harley Quinn. »

Et cette fois-ci, nous découvrons donc le passé du docteur Harley Quinzel, psychiatre à l’asile de Gotham, qui est tombée amoureuse du Joker le moins charismatique de l’histoire du cinéma, puisqu’il s’agit juste d’un mec avec les cheveux verts, un appareil dentaire et une peau dégueulasse, bref, un truc qui ressemble plus à un visiteur de la Japan Expo qu’à un gros méchant. Sauf que le Joker, en s’échappant pour la 1285ème fois de l’asile de Gotham, en a profité pour capturer la donzelle et lui envoyer un gros paquet d’électrochocs dans le museau, ce qui l’a rendue à peu près aussi folle que lui (comprendre : pas très drôle et adepte de provocations toujours dignes d’un ado de 16 ans). Tous deux ont régné sur les nuits de Gotham, le Joker n’hésitant pas à faire sauter la cervelle de quiconque manquait de respect à l’amie Harley. Et puis finalement, Batman a débarqué avec ses gros sabots et a réussi à capturer la bougresse.

« Oui alors d’accord, mais c’est quoi son super pouvoir à elle ? L’autre, précision surnaturelle, je veux bien, mais elle ?
– Elle… heu… elle fait… des blagues ?
– Super. Contre un méchant Superman ça va être super utile.
– Désolé, on a merdé mais je vais me rattraper avec le prochain candidat ! »

Et nous voici à découvrir El Diablo, un latino membre d’un gang de rue doté du pouvoir de pyrokinésie. Il peut donc balancer des flammes à foison, a tué plein de gens… mais s’est rendu à la police de lui-même, curieusement.

« Ah mais attendez, lui il est intéressant ! Pourquoi il n’a droit qu’à une introduction de deux secondes alors que les autres c’était quasiment dix minutes chacun ? Sachant qu’en plus ce sont les deux seuls qu’on avait déjà vus au début du film ?
– Heu…. je regarde dans mon gros classeur s’il y a une explication…
– Non mais ne vous emmerdez pas. Poursuivez avec le candidat suivant. »

Killer Croc. C’est un homme-crocodile.

« MAIS ?! Son introduction est encore plus courte que la précédente ? C’est quoi ce foutage de gueule ?
– Ce… heu… c’est vrai que c’est fou… on dirait qu’on n’a pensé à s’occuper que de deux personnages.
– Le film s’appelle Suicide SQUAD et vous oubliez la moitié de la squad ? Bon et puis sans déconner, c’est un métahumain, super, mais il nous sert à quoi ? Il fait marrer les enfants au zoo ? Il peut tuer un Superman de rire avec son nom de chaussure de jardin ?
– Je… heu… je peux me rattraper avec le candidat suivant, j’en suis sûre, je…« 

Capitaine Boomerang. Il a un boomerang.

« Ho putain je me casse. »

Oui, moi aussi je me demande encore en quoi posséder un boomerang est surnaturel et pourrait aider contre un méchant Superman. J’imagine tout à fait une sorte de Superman maléfique survolant l’Australie avant de réaliser trop tard son erreur, pris dans un tir de DCA de boomerangs, son point faible. Mais revenons plutôt à Amanda.

« Heu je… attendez… je suis sûr qu’il y a plus à dire sur lui. Il… heu… c’est un braqueur ?
– Super.
– Pas fiable.
– Génial.
– Et heu… il a… ha, voilà ! Il a été arrêté par Flash. »

Pardon ? On a une séquence où on nous parle d’un mec qui a un boomerang et d’un mec qui peut se déplacer si vite que le temps est une blague pour lui, et qui en plus est du côté de la justice, et vous, vous voulez recruter le type au boomerang ?! Non mais ? Quelqu’un dans le film pour faire remarquer que c’est complètement absurde ? Que ce serait plus intéressant de recruter des gentils avec un vrai pouvoir que de lister les tocards ? Non ? Non non. Dans le film, les généraux se contentent de regarder Amanda Walter en faisant « Holala oui, c’est fascinant, dites-moi.« .

« Attendez, il me reste encore une candidate ! » nous rappelle Amanda.

Le docteur June Moon. Une archéologue visiblement un peu débile, puisque lorsqu’elle découvre une grotte perdue au milieu de l’Amérique du Sud, elle… y décapite les statuettes qu’elle trouve. Comme ça, pour déconner. Hmmm hmmm. Sacrée professionnelle. Et donc ? Hé bien, ce faisant, elle a libéré l’esprit de la sorcière Karaba, ou un truc du genre, qui a pris possession de son corps. Par conséquent, elle peut de temps à autres devenir Karaba, une entité über balaise qui fait de la magie, comme par exemple, de supers tours de cartes.

SUICIDE SQUAD

Karaba la sorcière réfléchit à la formule secrète du sort de douche.

« Et pour la tenir sous contrôle, j’ai planqué le cœur de cette entité dans une valise qu’elle ne peut approcher, comme ça, si elle est vilaine, pif paf.
– Et comment avez-vous réussi à extraire son cœur ? 
– Elle ne l’avait pas avec elle. Il était un peu plus loin, on n’a eu qu’à le retrouver.
– Pratique, dites. Et sinon, pour garder toute cette équipe de tarés au pas ?
– Le capitaine Rick Flag. Un ancien de l’Irak, super officier, super soldat, super homme de confiance, et accessoirement, super amant de June Moon, ce qui facilite les choses.
– Très bien. Et pour votre dernier candidat ?
– Pardon ?
– Hé bien, votre dernier candidat. Le Joker.
– De quoi parlez-vous ?
– Allons ! Il est sur toutes les affiches, au centre des bande-annonces, la communication du film a énormément tourné autour de lui…
– Ah mais non en fait. Il n’en est pas. On a juste menti pour attirer les fans.
– … bon, moi, je me casse de ce film. »

Et nous n’en sommes qu’au début, hein.

Le lendemain, une réunion est donc organisée au Pentagone pour convaincre tout ce petit monde de valider le projet X (sic). Mais alors, comment faire pour que tout le monde approuve cette idée débile et continue à ignorer le fait que recruter des gentils, sur lesquels ils ont en plus des dossiers (si, si), serait plus facile ? Hé bien Amanda Walter a prévu une petite démonstration, en emmenant June Moone avec elle à la réunion.

« Mesdames et Messieurs, June Moone va devant vos yeux ébahis se transformer en Karaba la sorcière. »

Et en effet : sitôt que June chuchote « Eeeenchantereeeesse ! » elle se transforme en Karaba . Hé bien, heureusement que « enchanteresse » n’est pas un mot utilisé trop souvent, sinon, v’là le bordel. J’imagine donc que June ne joue pas trop au MMORPGs, mais je m’égare. Car sitôt June transformée, Amanda lui montre la valise contenant son cœur, et lui ordonne : « Va chercher !« 

Pouf pouf magie, Karaba se téléporte dans un sens puis dans l’autre, et en moins d’une seconde, est revenue dans la salle avec à la main, un gros classeur (décidément, ce soit être un film sponsorisé par les éditions Delprado), qu’elle vient de voler dans la chambre forte du ministère de la défense iranien, et contenant moult informations sur leurs projets secrets.

« Ho, ben ça, c’est trop super ! » s’exclame le patron du Pentagone « Je valide le projet X !« 

Bon par contre il ne dit pas « Mais c’est super, utilisons cette sorcière pour notre espionnage comme vous venez de le faire. » Non non. Il est comme ça le patron du Pentagone : désintéressé par la meilleure espionne au monde.

Le projet étant validé, s’ensuit une séquence fort inintéressante où Amanda Walter s’en va dans sa prison secrète accompagnée du capitaine Flag, pour essayer de recruter Will Smith. Ils l’emmènent ainsi sur un champ de tir, lui filent plein d’armes, et après quelques rodomontades avec Barbiche le garde, Willou commence à dézinguer des cibles face à lui avec une folle précision, touchant toujours le même trou au même endroit au millimètre près (on dit « une précision digne d’un pédophile allemand« ). C’est donc fort intéressant tout ça, mais en fait, ça ne sert pas à grand chose si ce n’est à encore filer une scène au même personnage.

Allons donc du côté d’un personnage que l’on a peu vu : le Joker. Mais pas trop longtemps, hein, sinon ça pourrait laisser entendre qu’il a un vrai rôle dans le film. Le Joker est bougon car on a capturé sa bien-aimée. Il a donc envoyé ses hommes la retrouver, et appris qu’elle était retenue dans une prison top-secrète. Heureusement pour lui, Barbiche, qui est décidément une andouille, joue dans des tripots hors de ses heures de service, et accumule les dettes, ce qui permet au Joker de l’approcher et de lui dire qu’ils pourraient se rendre service mutuellement.

Voilà. C’était la scène du Joker, merci bonsoir. Pardon ? Vous vouliez plus ? Hahaha hohoho. Non, là c’est moi qui ricane, pas lui. Pauvres de vous.

Retournons vers des personnages plus impliqués dans ce film, comme le capitaine Flag et June Moone. Car June dort, mais voilà qu’entre deux ronflements et un pet discret sous les draps, elle se met à chuchoter « Eeeenchantereeeesse…« . Alors que tout le monde sait que quelqu’un qui parle dans son sommeil tient plutôt des propos comme « Range le pneu, je veux le lavabo« . Bref : soudainement, June se transforme en Karaba sous le regard horrifié du capitaine Flag, qui ne peut rien faire car sitôt qu’il attrape son téléphone pour essayer de prévenir Amanda Walter, Karaba lui envoie une vision de June mourante, soit ce qui arriverait s’il n’obéit pas. L’ami Flag déglutit bruyamment, tire sur son col, et marmonne « Pardon Madame« .

La voie est donc libre pour Karaba, qui peut se téléporter chez Amanda Walter (qui pionce à cette heure elle aussi) et essayer de reprendre la valise contenant son cœur. Mais crotte de bique ! Sitôt qu’elle approche, la valise laisse apparaître un gros voyant rouge laissant entendre qu’un pas de plus, et le tout explose (ou alors on lui propose juste de passer à Windows 10, ce n’est pas bien clair). Karaba grommelle, insulte un peu la mère d’Amanda entre ses dents laissant sous-entendre qu’elle aurait une vie réprouvée par la morale, puis s’en va plutôt fouiller le classeur géant de la bougresse situé juste à côté, celui avec l’énorme « TOP SECRET » dessus.

Je… Même les enfants qui jouent aux agents secrets sont plus subtils à ce stade.

Dans le bousin, Karaba retrouve les dossiers la concernant. Et par exemple, les recherches archéologiques qui ont été faites après qu’elle se soit emparée de June. Elle apprend l’emplacement d’une autre statuette retrouvée similaire à la sienne  : celle de son frère. Sauf qu’ici, aucun archéologue idiot ne l’a encore décapitée. Pif pouf téléportation, Karaba récupère le bidule, et casse la statuette pour libérer son frère et le mettre au jus : tous deux ont dormi trop longtemps, les humains les exploitent au lieu de les vénérer, il est temps que ça change. Karaba aimerait donc que son frère l’aide à maraver l’humanité, en construisant une grosse machine parce que… heu… ce sera plus rigolo comme ça puisque les humains aiment les machines. Soit. J’imagine donc un truc bien pute. Comme un iPad géant, par exemple.

Karaba, pour donner un corps à son frère, se téléporte dans le métro de Midway City (une ville nommée en hommage à une vieille blague à base de porte-avions), et plus précisément, dans les toilettes d’icelui. Quelle n’est donc pas la surprise d’un Monsieur qui venait lui-même de rejouer la bataille de Midway en coulant un gros Kaga, de voir une sorcière apparaître devant lui et balancer dans son corps l’esprit de son frère.

Karaba n’a plus qu’à se retéléporter chez Flag, à lui dire qu’elle était juste partie chercher des clopes, puis à redevenir June Moone pour que la situation se calme. Bien bien bien. Flag décide de ne pas enquêter ni en parler, et même d’oublier cette scène.

Je… okay… bon ?

Mais ce calme n’est que très temporaire, puisque dans le métro de Midway City, le frangin de Karaba a des instructions : prendre des forces. Le malandrin a pour cela une technique : malgré ses yeux qui brillent comme des boules à facette (ce qui n’inquiète personne), il va se promener sur un quai, mime un malaise… puis lance d’étranges tentacules pour s’accrocher à plusieurs humains tel un gros parasite, avant de les unir en un seul corps qui fusionne et le transforme en espèce de titan de trois mètres de haut, que nous appellerons Fat Kirirkou pour nous y retrouver.

Et comme Fat Kirkou est grognon, Fat Kirikou commence à tout péter dans le métro de Midway.

Aussitôt, le Pentagone ordonne le déploiement du projet X, en envoyant le capitaine Flag et sa copine June Moone pour arrêter le forban. Mais évidemment, sitôt que June Moone se transforme en Karaba, elle propose à Flag, au Pentagone et au reste du monde d’aller explorer de nouvelles possibilités sexuelles ailleurs, avant de rejoindre son frangin.

Depuis sa salle de commandement, Amanda Walter, en alerte, se met donc à poignarder au bic le cœur de Karaba pour la tuer, cette traîtresse, et si cela fait bien bobo à la pauvrette, cela ne la tue pas. Les cœurs, c’est très surfait. Fat Kirikou n’a donc qu’à lui prêter un peu de l’énergie vitale qu’il a volé aux humains pour que Karaba pète la forme, même sans son palpitant.

Bon, j’imagine que du coup, elle va se téléporter au Pentagone et se venger, vu qu’elle n’a plus besoin de son cœur ? Non ? Une raison ? Non plus ? Tiens d’ailleurs, s’il lui suffisait de pomper l’énergie d’humains pour se passer de son cœur, pourquoi ne l’a-t-elle pas fait avant ? Toujours aucune explication ?

Ah ben oui. Parce que sinon, il n’y aurait pas de film. Je suis si naïf.

SUICIDE SQUAD

« Donc en fait, elle a un cœur, elle se laissait dominer de peur de le perdre, mais en fait, elle n’en a pas besoin. Intéressant. »

Puisque la première contre-offensive du projet X a échoué et que Karaba et Fat Kirikou font un massacre dans Midway City, massacrent l’armée qui essaie d’intervenir et commencent à bâtir une sorte de mystérieuse machine en plein centre de la ville, il est temps d’activer le reste de l’équipe pour aller péter des gueules.

Nous avons donc le droit à une énièèèèème séance avec musique à la mode et tous les personnages qui apparaissent (ça ne fait que trois ou quatre fois qu’on nous les introduit, hein) pour bien nous dire que han, ils sont trop cools, et en avant Guingamp.

Les brigands sont sortis de leur prison, bien attachés, et Harley Quinn reçoit même discrètement de Barbiche un téléphone portable, cadeau du Joker. Ils sont ensuite tous amenés jusqu’à une base militaire où le capitaine Flag les attend. Will Smith, Harley Quinn, El Diablo, Killer Croc et Capitaine Boomerang récupèrent donc leurs affaires fétiches, pendant que Harley Quinn fait des blagues pas drôles et à peu près aussi subversives que celles de Cyprien. On leur adjoint par ailleurs du renfort : Escalator, un type qui… heu… est très fort à l’escalade ? Et Katana, une fille qui a, mais oui, une katana, je sais, c’est fou. Mais elle n’est pas une méchante : elle combat le crime, nous explique-t-on durant les trois secondes consacrées au personnage.

S’ensuit un rapide briefing, durant lequel tout le monde se fout de la gueule de Rick Flag, qui bien évidemment, se laisse marcher sur les pieds parce que c’est un super officier, donc se foutre de sa gueule en public, c’est un truc parfaitement tolérable, merci. En tout cas, il a le temps d’expliquer rapidement de quoi il retourne : un « attentat » super chaud est en cours à Midway City, et il faut aller évacuer un VIP qui est prisonnier en ville. Et pour être sûr que tout le monde obéisse, tous les prisonniers de l’équipe ont dans leur nuque un petit implant pour leur faire péter le crâne s’ils déconnent. Et Amanda Walter comme Rick Flag ont l’application smartphone pour l’activer (c’est sur Google Play). Tout le monde a compris ? Oui ? Bon alors on y va.

Deux hélicos s’envolent vers Midway City, l’un chargé de soldats d’élite, l’autre de la Suicide Squad, comme Will Smith a surnommé son équipe. Will Smith qui est Will Smith, donc il est le chef incontesté, tout le monde le trouve trop cool, et même Flag baisse les yeux quand Willou parle et se fout de sa gueule. C’est vrai, c’est tout de même le Prince de Bel-Air, ça se respecte.

Bien évidemment, en arrivant au-dessus de Midway City, rien ne se passe comme prévu. Déjà, parce que depuis l’hélicoptère, les membres de la Suicide Squad aperçoivent la lumière magique émanant du centre de la ville, ainsi que les éclairs allant avec, là où Karaba construit sa machine. Ils comprennent donc que ce n’est pas un simple attentat. Entre deux dialogues particulièrement mal écrits où Flag accuse sans raison Will Smith d’être « un lâche qui va se dégonfler« , voici que la situation dégénère vraiment car des tirs partent du sol. Et non, attention, moment original : ce n’est pas l’hélicoptère plein de Jean-Jacques des troupes d’élite qui est touché, mais celui de la Suicide Squad ! L’engin s’écrase sur une avenue, mais heureusement, sans trop de bobos malgré tous ses tonneaux, et l’autre aéronef peut venir se poser à côté pour aider tout le monde à sortir. C’est donc parti pour progresser dans Midway City, où rien ne bouge et où traînent des véhicules de l’armée massacrés, voire carrément attouchés par les tentacules de Fat Kirikou, et ont l’air à moitié carbonisés. Voilà qui promet.

Capitaine Boomerang, lui, a une brève discussion avec Escalator.

« Moi je dis que la puce dans nos nuques, c’est du bluff. Vas-y, on s’casse. »

Et les deux tentent leur chance. Capitaine Boomerang étant une quiche, il ne fait pas deux mètres, alors qu’Escalator lui met son baudrier, ferme son mousqueton, talque ses mains, vérifie qu’il est bien assuré, et mgngngng, tentative de fuite !

Bon, ben sa tête explose. Merci d’être venu, Escalator, tu fus un personnage particulièrement fascinant.

Les autres, refroidis, poursuivent la mission jusqu’à ce qu’ils aperçoivent du mouvement ! Serait-ce les méchants qui ont eu raison de leur hélicoptère ? Ma foi, oui ! Car ce sont bien des humanoïdes armés… mais avec une tête qui ressemble désormais plus à un champignon moche. Et vous savez ce qu’ils font sitôt qu’ils ont aperçu nos héros ?

Ils leur foncent dessus. En horde. Et en faisant « Greugreu« .

Car oui, pour toujours plus d’originalité, le film vient de caser des zombies. Je… bon sang, je ne dirais jamais assez ma haine de cette mode des zombies. Et je vous laisse deviner : mais oui ! Comme tous les zombies, si on ne vise pas la tête, ils ne meurent pas ! Raison pour laquelle aucun membre des forces spéciales ou presque ne pense à le faire, et nombreux sont ceux à tomber. Pendant que les autres massacrent allègrement les vilains, à commencer par Will Smith, parce qu’il est trop cool et arrête donc quasiment toute la horde seul en disant « Alors Flag, c’est qui le lâche ?« .

Mais Flag ne répond guère, car les zombies essaient de le kidnapper. Et s’il meurt… Amanda Walter tueras tous les prisonniers en leur faisant péter le crâne ! « Attention, ils font du Capture the Flag ! » s’exclame Will Smith avant d’aller le sauver, aidé de Harley Quinn, puisque ce sont les deux seuls personnages qui semblent intéresser le réalisateur. Harley Quinn qui avec une batte de base-ball, tue bien évidemment trente fois plus de zombies que n’importe quel membre des forces spéciales. Hmmm hmmm. Je vois.

La bataille achevée, les morts sont nombreux, mais il reste encore des militaires avec les prisonniers. Une ombre au tableau tout de même : El Diablo ne s’est pas battu. Il dit qu’il est devenu pacifiste et ne fera plus de mal à personne. Maintenant, il est plutôt El Chochotto.

SUICIDE SQUAD

El Diablo a juré de ne plus se servir de son pouvoir que pour allumer des bougies de la paix et des gros pétards lors des concerts de musiques du monde.

La progression se poursuit néanmoins jusqu’à l’immeuble où le VIP à évacuer se trouve. Quelques zombies de plus tentent bien d’empêcher la progression de nos héros, utilisant tantôt des armes (quand les gentils sont à couvert), tantôt courant comme des débiles pour leur sauter dessus (quand ils pourraient tous les tuer en une rafale). Will Smith, qui est décidément trop cool, énerve même El Diablo pour le pousser à utiliser ses pouvoirs, et brûler la margoulette de toute opposition. Ce qui marche fort bien, merci. Malgré une nouvelle tentative de Capture the Flag, qui passe son temps à se faire capturer (on dirait le scénario du premier Halo) avant d’être sauvé in extremis.

Profitons de cet instant barbecue pour aller voir ailleurs ce qu’il se passe.

Déjà, du côté de Karaba et Fat Kirikou, qui près de leur machine, ont capturé d’autres soldats qui étaient en ville. Et on découvre qu’il suffit d’un baiser de Karaba pour transformer n’importe quel humain en zombie ! En même temps, vu la horde que les autres ont affrontée, elle a dû en rouler, du patin. J’espère qu’à la fin du film, Flag ne l’embrassera pas, sinon, il va se chopper l’herpès du siècle.

Et du côté du Joker ? Attendez, regardez, là, vite ! Si vous ne clignez pas des yeux, vous pouvez entrapercevoir une scène où le Joker va capturer un scientifique qui travaille sur les implants qui font sauter les têtes et… ah non, flûte, la scène est déjà finie. Je vous avais dit de ne pas cligner des yeux.

Revenons à notre équipe, qui a achevé de sécuriser l’immeuble du VIP. Où enfin, la troupe arrive à la porte derrière laquelle se cachait ledit VIP… puisque oui, une porte a arrêté des zombies autrement capables d’abattre un hélicoptère. Hmmm hmmm. Je note. Et qui est donc le VIP ?

Amanda Walter !

Qui était à Midway City quand tout a dégénéré, et a refusé de partir pour continuer à surveiller l’évolution de la situation. Toute la Suicide Squad râle donc « Haaaan, on a sauvé cette relou ! » , mais ne lui manque pas trop de respect en voyant que sitôt que tous les disques durs de son centre de commandement sont effacés par son équipe de techniciens, elle abat elle-même les techniciens car ils n’étaient pas habilités à connaître un certain nombre de secrets qui ont été dévoilés aujourd’hui. Bouh. La vilaiiiiineuh.

La donzelle sauvée, tout le monde a rendez-vous sur le toit pour attendre l’hélicoptère d’évacuation. Sauf que lorsque celui-ci arrive… il a été détourné par le Joker ! Qui arrose copieusement la zone à l’aide d’un complice maniant la mitrailleuse du bord, et oblige tout le monde à se planquer, sauf Harley Quinn. Qu’il informe via son portable que grâce au scientifique qu’il a pris en otage, son implant est désactivé. Harley Quinn marche donc droit vers son amoureux à bord de l’hélicoptère, pendant que tout le reste de la troupe se planque.

« Tuez-la ! » ordonne Amanda Walter, qui a la flemme de le faire avec son propre téléphone.

Mais pouf : l’implant est désactivé, ça ne marche pas.

« Ah, sachant qu’elle marche juste à côté de nous, à découvert et qu’on est tous armés moi y compris, quel dommage qu’on ne dispose plus de moyens de la tuer ! » s’exclame Amanda Walter, laissant ainsi sans aucune raison Harley Quinn s’accrocher à un câble qui pend sous l’hélicoptère, avant que celui-ci ne s’éloigne. Elle finit par se souvenir que dites, les balles, ça tue, et ordonne à Will Smith de la tuer, puisqu’il est tueur à gages. Mais le bougre fait exprès de rater sa cible car n’oubliez pas : il est too cool for school.

Mais c’est sous-estimer Amanda Walter, qui a plus d’un tour dans son sac à main, et appelle les forces aériennes du coin pour qu’elles collent un missile dans l’appareil du Joker. Hop ! Celui-ci s’écrase dans un immeuble, et seule Harley Quinn en réchappe, tombée sur un toit peu avant le crash fatal.

« Bon, cela étant fait, j’appelle un autre hélicoptère d’évacuation » explique Amanda Walter. Celui-ci arrive peu après, et récupère la Madame.

« Bien, vous avez accompli votre mission. Attendez ici, j’appelle un autre hélicoptère pour vous.
– Et pourquoi on ne monte pas dans celui-là ? Dans celui d’avant, on devait monter tous ensemble, non ?
– Heu je… c’est… écoutez…
– Vous n’avez aucune bonne raison mais c’est pour les besoins du film, c’est ça ?
– … boui.
– Allez, filez. »

L’hélicoptère s’envole et… décide que tiens ? Si on faisait du rase-motte entre les immeubles sans aucune raison en balançant tous nos leurres pour bien attirer l’attention ? HO BEN CA ALORS ! Cela a attiré l’attention de Fat Kirikou, alors ça, c’est vraiment trop ballot ! Celui-ci a tôt fait de coller un tentacule magique dans l’hélicoptère et de l’abattre. Puis, ses zombies arrivent promptement, kidnappent Amanda Walter, et vont la livrer à Karaba, qui l’attache dans un coin à un truc magique permettant de sonder ses plus sombres secrets… sans compter que cette andouille d’Amanda Walter s’est faite prendre avec sa mallette contenant le cœur de Karaba ! Cette dernière force donc Amanda à lui rendre… et regagner toute sa puissaaaaaance !

Du haut de leur immeuble, nos héros eux, hochent la tête de concert.

« Ah, ben voilà qui explique cette histoire d’hélicoptère. Si on était tous montés à bord, on aurait pu protéger Amanda Walter, ce qui aurait emmerdé l’intrigue. Je comprends mieux cette histoire de monter seule, de rase-mottes, tout ça… » 

Certes, et sinon ? Hé bien sinon, la mission continue, même si ça renâcle un peu dans l’équipe. Ils ont sauvé le VIP une fois, voilà qu’il faut re-sauver le VIP… la fine équipe redescend donc dans les rues, récupère Harley Quinn qui s’est dit qu’elle allait rester là à faire du rien plutôt que de se barrer, et ils s’en vont vers le lieu du crash pour essayer de récupérer armes et munitions dans l’appareil. Mais voici que dans la carcasse, Will Smith (encore lui, décidément, c’est fou !) trouve le classeur TOP SECRET d’Amanda. Non mais vraiment, il va falloir arrêter avec ce truc ridicule, hein.

Et donc, Will Smith de pousser une gueulante et d’ordonner à Flag d’avouer : oui, cette mission, c’est de la merde. Oui, Karaba était à l’origine un membre du projet X, oui, il couchait avec June Moone, la femme possédée par Karaba, et en réalité, ce qu’il s’est passé dans le métro…

C’est que lorsqu’il est arrivé avec Karaba pour tuer Fat Kirikou, ils avaient avec eux une charge explosive. Que Flag a intelligemment réglé sur « deux secondes » (les détonateurs, c’est surfait). Il l’a confiée à Karaba pour qu’elle aille faire péter Kirikou en se téléportant avec la bombe avant de se téléporter en sens inverse. Sauf qu’elle a juste collé la bombe dans les mains de Flag en souriant, avant de se barrer.

Il ne restait qu’une seconde à Flag pour mettre la bombe dans le bon sens et l’arrêter et… heu…

Bon. Le film laisse entendre qu’il l’a fait sans souci, merci.

En apprenant que Karaba était une idée d’Amanda Walter, et que tout ça, c’est son merdier, la Suicide Squad propose à Flag d’aller se faire inspecter le gros intestin par différents peuples plus ou moins connus. Eux en ont marre, ils vont déjà boire un verre au bar de l’hôtel désert devant lequel ils discutent. Flag, encore une fois, se contente de snif-snouffer sans rien dire, parce qu’il n’est qu’une petite crotte, il le sait.

SUICIDE SQUAD

Flag, se faisant reprendre pour la 318e fois par Will Smith devant ses hommes, sans rien dire à part snuf-snuf-bouhouhou.

Le bar de l’hôtel est l’occasion pour tout le monde de boire, et surtout, d’entendre l’histoire d’El Diablo, qui est le premier personnage à avoir le droit à un peu d’attention depuis le début du film en dehors de Will Smith et d’Harley Quinn. Bravo ! Alors, quelle est son histoire ?

Lui et ses gros tatouages de tête de mort sur la tronche ont toujours eu le pouvoir de pyrokinésie, qui n’a fait que croître durant des années, faisant d’El Diablo une légende des rues. Il a fini par fonder une famille, avec une femme et deux enfants, jusqu’au jour où sa femme a découvert des flingues et du pognon à la maison et s’est exclamée « Pero, tou es oune gangster ? Si ? Yé soui sous lé choc ! »

Le mec a une tête de mort tatouée sur le visage et elle ne se doutait de rien ?

« Yé pensais qué tou vendais des tacos… pero c’est vrai qué yé mé disais aussi « Mé, cé matin, il part encore sans camiounette ! Qué cabeza de linotte ! » mais bueno… yé mé doutais pas ! »

Résultat, Diablo s’est énervé très fort, et du coup, a cramé toute la baraque, femme et enfants compris. Ce pourquoi il s’est dit qu’il valait mieux pour lui qu’il se rende à la police et devienne pacifiste. Tout le monde lui explique que c’est moche, mais ça arrive, c’est vrai qu’on n’est pas normaux, mais on s’en fout, on est un peu une famille, tout ça, et gnangnangnan…

Mouais. V’là les méchants.

Mais en même temps, v’là le film, hein.

« Bon les gars, on va faire un film sur des méchants !
– Oui mais c’est méchant, les méchants.
– Zut. Bon, rendez -les gentils, et dites au marketing de se démerder pour dire que notre film est différent quand même parce qu’il est plein de méchants. Ah oui, et dites-leur qu’il y a le Joker même si en fait, pas vraiment ! Les gens aiment le Joker. »

Bien bien bien. Et sinon ? Killer Croc ? Capitaine Boomerang ? Un zoom sur vous ? Toujours pas ? Tout le monde s’en fout ? Très bien. Il est donc temps de faire rentrer dans le bar l’ami Flag pour qu’il vienne pleurnicher que « Bouhouhou, allez, regardez, je pète l’appareil qui me permet de faire sauter vos puces… vous êtes libres… démerdez-vous, moi je vais sauver ma nana tout seul… »

Et les autres de répondre que rooooh, c’est fini ces grosses larmes de crocodile ? Non, pas toi Killer Croc, on vient de dire que tout le monde s’en foutait, de toi. Allez, va, Flag, on va aller la sauver, ta copine. Et puis le monde, puisqu’il en est vaguement question. Mais pourquoi tu ne nous as pas simplement menacés de nous faire péter le crâne, hmmm ? Non ? Tu préférais les sentiments ? On est vraiment tous de gros gentils.

Pour convaincre un peu plus Will Smith, Flag avoue plein de choses comme « Will Smith, ta fille t’envoie du courrier tous les jours, ce que l’on te cachait ! Et ça tombe bien… j’ai emmené tous les courriers avec moi ! Soit… CINQ LETTRES !« 

Oui. Le mec se promenait avec le courrier d’un prisonnier sans raison. Et explique qu’il y a une lettre par jour… et il n’y en a que cinq.

Je… bon, écoutez, arrêtons ici cette scène, c’est trop navrant.

La troupe repart donc dans les rues, et se rend jusqu’à l’hôtel de ville de Midway City, où tout se passe. Bien évidemment, en chemin, ils ne croisent plus le moindre zombie, probablement qu’ils sont tous occupés à lire L’Equipe quelque part en fumant la pipe.

SUICIDE SQUAD

Les méchants ont le bon goût d’apparaître et de disparaître en fonction des besoins. Pratique.

Arrivés devant le bâtiment, la troupe s’organise quelque peu : les derniers soldats d’élite et Killer Croc (qui a le droit à une scène de plus de cinq secondes : bravo) vont aller dans le métro noyé qui passe sous l’endroit, récupérer la bombe laissée par Flag avec une seconde au compteur quand Karaba a trahi (c’est bien quand même, tout se passe au même endroit), pendant que le reste de l’équipe essaiera d’attirer, justement, Fat Kirikou pile au-dessus d’un endroit précis où la bombe sera posée.

L’affaire est entendue ? Alors en avant !

Ah oui, si. On aperçoit aussi brièvement Katana qui pleurniche devant son arme, car celle-ci boit les âmes de ses victimes, et un méchant s’en serait servi pour tuer son mari. Hmm. Alors d’accord. Mais pourquoi maintenant à part parce qu’un scénariste s’est dit « Merde, les gars, on a encore oublié de parler des autres personnages ! » ?

Ah ben non, aucune explication à part celle-là. Fort bien, merci.

Killer Croc a bien fait d’accompagner les soldats, car dans le métro noyé se trouvent les derniers zombies au service de Karaba, qu’il a tôt fait de meuler durant des espèces de… heu… flash confus ? pendant qu’un soldat va placer la charge. Et reste à côté parce que hihihi, il faut relancer le compte à rebours d’une seconde, encore une fois, les détonateurs, c’est naze.

Et dites-moi, dans le bâtiment, pendant ce temps ? Hé bien, comme de bien entendu, il n’y a aucun ennemi. Parce que monter la garde à un endroit crucial ? Allons ! La troupe peut donc arriver sans encombre jusqu’à la salle principale, où ils aperçoivent Karaba en pleine danse traditionnelle devant sa machine. Mais, pour autant, elle a bien senti arriver ses ennemis. Aussitôt, elle s’adresse à ceux-ci :

« Rejoignez-moi au lieu de rester dans l’ombre… je peux exaucer… tous vos rêves… comme les tiens, Will Smith !
– Hoooo je suis réuni avec ma fille ! 
– Et toiiii, Harley Quinn !
– Je vis une vie de couple normal avec le Joker !
– Et toiiiii aussi, El Diablo !
– Ma famille est vivante !
– Heu… et moi ?
– Capitaine Boomerang ? Non mais toi on s’en branle en fait, ton personnage n’est pas développé.
– Haaaan.
– Revenons à toi El Diablo… te vois-tu déjà, mangeant des fajitas avec ta femme ?
– Oui je… je… ATTENDEZ ?! Ma femme ne mangeait PAS de fajitas ! Elle pétait au lit après ! C’EST UNE ILLUSIOOOOOOOOON ! »

Aussitôt, tous nos héros sont tirés de l’illusion magique par El Diablo qui combat le sortilège. Bon, je dis tout le monde, sauf Capitaine Boomerang, puisque tout le monde s’en branle, rappelons-le. Il est donc décidé de maraver la mouille de Karaba. Elle appelle donc Fat Kirikou à son aide pour leur péter la gueule. Aussitôt, nos larrons hurlent leur plan (à voix haute, des fois que Karaba le loupe) : « Vite, pousse Fat Kirikou dans le coin là-bas, c’est là qu’on a posé la charge ! »

Mais comme le disait Patrick Swayze : « Personne ne met Fat Kirikou dans un coin ! » (en substance).

Un combat d’anthologie s’ensuit durant lequel, tout le monde prend des claques, jusqu’à ce qu’El Diablo s’énerve très fort et se transforme en avatar de flammes qui met en difficulté Fat Kirikou… du moins, juste assez pour l’emmener dans le coin fatidique où sous le sol, la bombe a été posée. Celle-ci est aussitôt activée sur l’ordre d’El Diablo, et pif pouf badaboum, tout pète, tuant Fat Kirikou, El Diablo, et Jean-Jacques qui a appuyé sur le gros bouton du compte à rebours (de une seconde, rappelons-le) en-dessous du niveau du sol. Bon, il y a eu des pertes mais… c’est gagné, les enfants ! Yay !

Karaba est bien embêtée, elle va donc devoir combattre elle-même. Ce qu’elle fait, en se téléportant partout, jusqu’à ce que tout de même, elle prenne sa branlée car les gentils (qui sont méchants, mais gentils quand même) sont les plus forts. Finalement, son cœur lui est arraché… et nos larrons le broient pour la tuer.

Heu… attendez, au début du film, castagner son cœur ne lui faisait rien (il suffisait d’énergie vitale humaine pour remplacer le bousin). Et maintenant, ça la tue sur le coup ? Ah mais oui, pardon : encore une fois, maintenant, c’est bon, le film est fini, donc tout peut changer. La cohérence, on s’en fout : quel talent !

Mieux encore, du petit corps vaincu de Karaba surgit June Moone, qui est évidemment vivante, et peut donc aller faire des bisous à ce gros nigaud de capitaine Flag, qui la pensait morte. Bouhouhou tu m’as manqué, smack smack, youpi. La machine infernale a été détruite dans la bataille (non sans d’abord propulser des éclairs sur divers trucs stratégiques américains pour dire que la catastrophe totale a été évitée juste à temps), et Amanda Walter surgit des ruines pour remercier les héros et leur proposer, pour les remercier…

… dix ans de réduction de peine. Pour avoir sauvé le monde.

Je… bon. D’accord. Super.

Heureusement, chacun parvient à tout de même exiger quelque chose de plus : Will Smith obtient de revoir sa fille au moins une fois, Harley Quinn une machine à expresso (ce qu’elle avait dans son bref rêve où elle vivait une vie normale avec le Joker), Killer Croc un abonnement aux chaînes de rap dans sa cellule et… bon, les autres on s’en fout, le film les a encore oubliés. C’est bête.

On retrouve donc Will Smith qui aide sa fille à faire ses devoirs avant que la police ne vienne le ramener à la prison, où chacun profite de ses nouveaux avantages obtenus de haute lutte. Jusqu’à ce que soudain, un mur de la prison explose ! Un commando s’engouffre, déguisé en policiers, ouvre la cellule de Harley Quinn et…

« Je suis venu te chercher pour dire que j’étais quand même vraiment dans le film« , s’exclame le Joker. Et…

… FIN !

Comment. C’était. Nul.

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Ah, au fait : le Joker n’a rien à voir avec cette photo puisque tout le long du film, à part rigoler de temps à autres, il n’est pas spécialement fou-fou, pas spécialement compliqué, et ne fait pas la moindre blague. Chhhht. Profitez.

Ah, et oui ; séquence post-générique : Amanda Walter est avec Bruce Wayne en plein entretien secret, qui se résume à peu près à ceci :

« Bruce Wayne, j’ai fait du caca, pourriez-vous le couvrir grâce à votre réseau ?
– D’accord, mais en échange, je veux les dossiers super secrets sur les autres super héros comme Flash ou Aquaman pour m’en faire de nouveaux copains.
– Fort bien. Tenez, Monsieur Wayne… cela vous servira lors de… vos activités de nuit… hin hin…
– C’est ça, fais ta maline : toi depuis le début, tu avais les dossiers sur des métahumains gentils et tu as préféré recruter les vilains de service. Alors la ramène pas trop.
– Vous voulez dire que ce film est absurde et incohérent jusqu’à sa séquence post-générique ?
– C’est ça !
– Bouhou… bouhouhouhou… »

Et c’est sur ce constat navrant que….

… RE-FIN !


 Sur ce,  ce spoiler étant tapé entre moult aventures et déplacements, je vais pouvoir me repos…

Comment ça, Star Trek ?

Aaah, l’été. Rude saison pour les braves.


Docteur Étrange

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« Patron, vous avez vu le dernier Marvel ?« 

Diego a l’air tout excité. C’est assez rare de le voir comme ça ; la dernière fois qu’il a été aussi enthousiaste, c’est quand je lui ai dit qu’il pouvait garder la monnaie sur un billet de 5€. Autant d’argent d’un coup, ça l’a bouleversé.

« Lequel mon bon Diego ? C’est qu’il y en a tellement, je m’y perds.
– Mais siiii, là, le dernier !
– Aide-moi, fidèle serviteur, et prouve que tu as quelque utilité. Qui est le héros cette fois ?
– Vous savez, le quarantenaire avec le bouc !
– Ah oui, Iron Man.
– Mais nooon ! Là c’est un mec super riche qui a du pognon à ne plus savoir qu’en foutre !
– Ah oui, Iron Man.
– Celui qui fait le zazou en voitures de luxe !

– Ah oui, Iron Man.
– Non ! C’est un homme de sciences génial !
– Ah oui, Iron Man.
– Non, non ! L’histoire, c’est qu’il se retrouve dans une situation où il a pense avoir tout perdu et doit apprendre l’humilité pour s’en sortir !
– Ah oui, Iron Man.
– Raaah, mais non ! Je vous parle du héros qui est amoureux de la fille avec laquelle il bosse !
– Ah oui, Iron Man.
– Mais ce… c’est… non ! C’est complètement différent ! Le gars fait des trucs incroyables, du genre traverser la planète en quelques instants ou faire jaillir des armes de ses mains !
– Ah oui, Iron Man.
– Patron ! Mais si, vous savez, le héros qui a le truc rouge sur le dos qui lui permet de voler, de combattre, et d’avoir des conseils utiles !
– Ah oui, Iron Man.
– Mais non ! Lui affronte des entités venues de l’espace !
– Ah oui, Iron Man.
– Et il se montre à la fois hautain et amateur de bons mots !
– Ah oui, Iron Man.
– Heu… il emploie la magie au lieu d’employer la science ? »

Je cligne des yeux.

« Haaaaa mais oui : Docteur Strange ! Diego, allons ! Tout le monde sait que Docteur Strange et Iron Man sont deux personnages complètements différents ! Rien à voir ! Ahlala, ce que tu peux être de mauvaise foi, parfois, mon petit Diego… c’est terrible. »

Alors, Docteur Strange, héros d’un genre nouveau au scénario à la hauteur de l’intellect prétendu de son protagoniste ou énième blockbuster écrit par des lapins myxomateux ?

Spoilons, mes bons !


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L’affiche : ouf, quelqu’un a mis du lens flare juste derrière le héros et son bouclier est fait d’étincelles et de flammes. Un peu plus et ça trompait ma vigilance.

Notre film démarre au sein d’un monastère perdu dans les hauteurs du Népal, alors que la nuit est tombée et que l’on ne croise pas bonze qui vaille dans les couloirs. Attendez, si ! Quelque chose vient de bouger ! Qu’est-ce donc ? Rassurons-nous, ce n’est autre que Bob le bibliothécaire, qui dans sa salle attitrée super design parce que fuck les étagères, c’est ringard, fait des trucs de bibliothécaire. Comprendre, vérifier que les abonnés ont bien tous rendu leurs livres, écrire des messages aux retardataires pour leur rappeler que si ça continue, ils ne pourront pas emprunter durant une semaine, et si ça continue encore, ils ne pourront plus marcher durant un mois, ou bien encore jouer avec la douchette à codes-barres pour passer le temps.

Mais alors que Bob le bibliothécaire est tout à son ouvrage (hoho), voici qu’une troupe de larrons aux mines patibulaires débarque sur son lieu de travail, avec visiblement, d’autres ambitions que de rendre un exemplaire de « Histoire de la marine népalaise : l’art de couler un bonze » en retard. Le bibliothécaire a tôt fait de reconnaître le visage de leur leader, et murmure son nom sans sympathie aucune.

« Rabouinus…« 

Rabouinus, puisque c’est bien son nom, n’est cependant pas là pour parler de sa carte d’abonné, et en homme d’action, il préfère aller droit au but. But qui consiste à faire apparaître des fouets magiques au bout de ses mains, tout comme le font ses copains, et d’enserrer les membres du bibliothécaire pour le suspendre en l’air, puis, hop, le décapiter puisque sa tête ne lui revient pas, si je puis dire. Les décapitations par fouets magiques sont un problème récurrent au sein du syndicat des bibliothécaires, comme chacun sait. Cela fait, Rabouinus se dirige droit vers une rangée particulière de livres enserrés dans des chaînes et autres cadenas, et s’empare de l’un d’entre eux, qu’il ouvre sans souci parce qu’en fait, les chaînes & co, c’était juste pour la déco, probablement faite par un bibliothécaire SM. Bon. Après avoir feuilleté deux pages seulement, Rabouinus tombe pile poil sur le passage qu’il cherche, qui comme dans tous les livres magiques au cinéma, a le droit à un beau dessin dessus pour le distinguer des autres pages. Il sourit cruellement, et comme un vulgaire beauf hantant la salle d’attente du dentiste, il arrache la page en question. Je… décapiter des gens passe encore, mais arracher des pages de livre ? MONSTRE !

Une voix l’interrompt alors.

« Maître ?
– Oui, fidèle Jean-Jacques, membre de ma troupe de sbires anonymes ?
– Arracher une page de livre, c’est nul.
– C’est pour montrer que je suis méchant, mon petit Jean-Jacques. Je ne respecte rien, moi, je suis un ouf malade.
– Ah non mais ça d’accord, mais je ne disais pas « nul » pour « mauvais », mais « nul » comme dans « tout naze ».
– Pardon ?
– Vous venez de décapiter le bibliothécaire local, et vous vous contentez de dérober UNE page ? C’est-à-dire que vous pourriez simplement partir avec le livre. Ou avec la collection complète, histoire d’avoir encore plus de pouvoir, ce qui servira toujours plus tard. Si vous voulez mon avis, votre truc, c’est comme entrer dans une banque, tuer le caissier, et vous enfuir avec l’incroyable butin de 5€ parce que vous estimez que là, tout de suite, vous avez juste besoin de ça pour vous payer un kebab.
– Héééé bien… je… comment dire… en fait… c’eeeeeest… »

Mais avant que Rabouinus ne puisse avouer qu’il est en effet tout naze, une autre voix l’interrompt encore.

« Rabouinus, p’tit bâtard ! »

Cette fois-ci, c’est une silhouette encapuchonnée de jaune qui est apparue, croisement improbable entre un mauvais cosplay d’Assassin’s Creed et des Power Rangers. Rabouinus murmure aussitôt son nom :

« L’Ancien. »

Comprendre qu’il s’agit là du grand patron du temple local, qui n’aime pas qu’on salope sa bibliothèque avec des têtes de bibliothécaire qui traînent et des ouvrages abîmés. Ça sent la sanction, voire le mot envoyé aux parents ! L’affrontement semble inévitable, du moins, jusqu’à ce que Rabouinus n’agite ses petites mains en cercle, et ne fasse apparaître devant lui un portail enchanté : téléportation, les copains, fuyons loin des ennuis !

Palsembleu. Un film avec de la téléportation : je sens déjà une goutte de sueur perler sur ma tempe.

Mais Rabouinus ignore que les films avec de la téléportation ont une fâcheuse tendance à se vautrer. Aussi s’est-il téléporté avec ses sbires à des milliers de kilomètres de là, dans une célèbre mégalopole occidentale, pour se mettre à l’abri de l’Ancien. Mais c’est sans compter que celui-ci l’a suivi en se téléportant à son tour, et pour éviter de blesser les passants dans la rue où la confrontation s’apprête à débuter, l’Ancien invoque une espèce de bouclier-miroir qui sépare le lieu de la confrontation du reste du monde. Ne lui reste plus qu’à utiliser ses grands pouvoirs de personnage biclassé moine/magicien pour distordre la réalité autour de ses ennemis, et ainsi changer la gravité, faire basculer des immeubles sur eux, et autres joyeusetés. Les sbires de Rabouinus tentent bien de combattre l’Ancien en usant de leur supériorité numérique, mais quand on s’appelle Jean-Jacques, même à plusieurs, on ne fait pas le poids contre un personnage disposant d’un nom, fut-ce l’Ancien. Cependant, ils gagnent assez de temps pour que Rabouinus et ses derniers sbires se téléportent loin de là, et cette fois-ci, sans que l’Ancien ne parvienne à les poursuivre parce que… heu… il… hé bien… enfin, voilà, quoi.

Ce qui est bien embêtant pour l’Ancien, mais bien pratique pour l’intrigue qui sinon s’arrêterait là.

Mais, allons plutôt voir ce qu’il se passe du côté d’un hôpital de New York, où nous retrouvons au même moment un personnage qui ignore tout de ces événements : le docteur Stephen Strange, célèbre chirurgien au sommet de sa gloire qui grâce à sa dextérité hors du commun et un intellect proverbial, sauve les cas les plus désespérés. Après une bonne matinée passée à faire des miracles comme rendre la vue à un sourd ou greffer des oreilles à un nain, voici que le docteur Christine Palmer, une fille avec qui il a échangé des bisous par le passé, vient le chercher pour lui dire que mec, j’ai un cas plus que désespéré : je crains que mon patient ne soit vaguement mort d’une balle dans la tête. Là encore, rien que n’effraie le bon docteur Stephen Strange, qui en deux minutes, empêche un autre médecin d’aller prélever des organes au patient en lui expliquant que certes, il est cliniquement mort, mais en fait, non, et regarde, je vais retirer la balle avec un cure-dent et hop, ça y est, il revivant. Bon, voilà qui est fait, qu’est-ce qu’il y a à la cantoche de l’hôpital ce midi ?

Si le docteur Strange est efficace, il est cependant surtout connu pour son arrogance. Aussi, lorsque le soir venu, Stephen est invité à donner un discours à un quelconque pince-fesses, après avoir erré dans son appartement de luxe (avec piano devant les baies vitrées géantes pour les soirs de tristesse bien sûr), choisi avec soin sa montre parmi sa collection entière de Flik Flak, et démarré sa voiture de sport, il part à fond les ballons sur les routes tout en discutant au téléphone du prochain miracle scientifique qu’il fera.

« Docteur, nous avons un colonel de l’Air Force qui s’est éclaté la colonne à cause d’une sorte d’armure expérimentale. Vous prenez ?
– Non, c’est une discrète référence aux Avengers, pas besoin de plus. Quel autre cas désespéré a-t-on ? 
– Un président d’une république bananière européenne qui aimerait une greffe de testicules.
– J’ai dit cas désespéré, pas perdu. Suivant.
– Alors, je peux vous proposer un super cas, mais vous aurez sûrement envie de voir les radios.
– Fais péter, gros.
– Voilà, elles sont sur votre téléphone.
– Oh ouais, elles sont belles ces radios. La vache. Drôlement belles. Bon sang, ces radios sont tellement désirables pour un chirurgien tel que moi, elles sont… HO ! »

Comment ça, « Ho ! » ?

« Christine, ça te dirait de venir avec moi ce soir ? On pourrait se faire un petit restaurant, boire un verre ou deux, rentrer chez moi, regarder des agrandissements de radios tout nus. »

Ah, tiens oui. Le docteur Strange a beau être un génie, il a oublié que pour se rendre à son pince-fesses, il devait filer sur une route zig-zaguant le long d’une falaise (sûrement une soirée mousse au Kehlsteinhaus avec les copains, je ne vois pas d’autre explication), et que rouler à 220 dans le coin tout en se tripotant sur des radios de grands blessés, c’était une mauvaise idée.

Aussi, bardaf, c’est l’embardée.

La voiture de notre arrogant héros part en effectuant mille tonneaux le long de la falaise, et finit en piteux état, ainsi que son conducteur, au bas de celle-ci. Aussi, lorsque Stephen reprend connaissance, c’est sur la civière qui l’emmène aux urgences où sa belle amie Christine Palmer le prend en charge. Stephen est bien embêté, déjà parce que le service des urgences, il faisait un peu caca dessus le matin même en disant que c’était un truc de prolos, contrairement à ses trucs de chirurgien de haut niveau. Il espère simplement qu’il ne va pas tomber sur un médecin syndicaliste FO qui lui fera payer ses propos en lui greffant des merguez à la place des doigts, mais l’anesthésie générale dans sa margoulette a tôt fait de le soulager de toutes ses peurs.

Lorsque Stephen se réveille, c’est dans un lit d’hôpital, des broches plein les doigts, à beugler qu’on l’a opéré comme un cochon, que lui aurait pu mieux faire, et qu’à cause de tout ce merdier, maintenant, ses mains sont toutes niquées, putain de collection de pin’s ! Il se plaint auprès de Christine, toujours à son chevet, et constatant que ses mains ne se rétablissent pas malgré les semaines qui passent, et continuent inlassablement à trembloter ce qui est vaguement embêtant pour un chirurgien, et ce à quelques semaines seulement du championnat du monde de Mikado, sa passion secrète. Il commence à se ruiner en coûteuses opérations expérimentales pour tenter d’améliorer son état. Et devant les échecs successifs, se montre de plus en plus agressif avec son entourage, au point que même Christine finit par l’abandonner (un jour où il pleut sur les baies vitrées de l’appartement, c’est fou, on ne l’avait pas vu venir, dites).

Ruiné, abandonné de tous, Stephen Strange se pense perdu. Jusqu’à ce qu’il se souvienne d’une ultime piste.

En rééducation, un médecin lui a parlé d’un ancien patient, paralysé, qu’il avait recroisé dans la rue en train de marcher comme si de rien n’était quelques années plus tard. Sur le coup, Stephen lui avait dit que hé, ho, hein, tu me prendrais pas un petit peu pour un con, des fois ? Mais maintenant qu’il n’a plus d’autre espoir, Stephen décide de se mettre à la recherche dudit patient, que nous appellerons Jean-Jambes.

Et en effet, après quelques recherches, c’est un Stephen Strange sale et désespéré qui retrouve Jean-Jambes en pleine partie de basket avec ses amis dans un obscur recoin de New-York. Strange l’interpelle.

« Jean-Jambes !
– Que ? Mais qui êtes-vous, Monsieur le clodo ? 
– Je m’appelle Stephen Strange. Je suis docteur, pas clodo. Enfin… j’étais, vu l’état de mes mains.
– Ho, mais je vous reconnais !
– Ah oui ?
– Oui, vous n’avez pas daigné m’opérer il y a des années, soit disant que je n’étais pas un cas assez intéressant pour vous !
– Hem… broum broum… ouiiii… booon… écoutez, ça vous dirait pas de pas faire votre pute et de me dire ce qui vous est arrivé ? Comment vous avez guéri ?
– Allez, d’accord. J’étais perdu. Sans espoir. Je suis allé voir des gourous, qui ont abusé de ma misère. Et puis j’ai rencontré un guide qui m’a aidé. Aidé au point de faire des miracles. Et me voilà. Je remarche.
– Ah. Bon, et je suppose que du coup, trouver ce guide va être une longue quête initiatique ?
– Non, non. Ça ennuierait les spectateurs. Du coup, je vais plutôt vous dire où le trouver. Allez à Katmandou. Et cherchez le Katmandou qui n’est pas pour les touristes. »

Nous appellerons donc cet endroit Katmandur.

Stephen dépense aussitôt ses derniers pétrodollars pour prendre le prochain vol pour Katmandou, puis, sur place, utilise la célèbre technique du « Tiens, si je demandais à tous les passants où se trouve Katmandur ? » et les passants de lui répondre que mais bien sûr vieux, si tu cherches le temple magique de Katmandur, tu tournes à droite après la pizzeria, tu esquives le tuk-tuk et hop, tu y seras.

Mais comme Stephen est un con, il préfère y aller en prenant les ruelles sombres et désertes.

Et dans les ruelles sombres et désertes, évidemment, des gredins tentent de le rosser pour lui dérober sa montre, ce qui malgré la maigre résistance de Stephen, s’achève sur une montre et une margoulette de pétées. Heureusement, avant que la chose n’empire, une silhouette sort des ombres et tabasse les margoulins jusqu’à ce qu’ils se replient dans la plus grande confusion. La silhouette, qui est celle d’un grand noir en tenue d’Assassin’s Creed (qui suivait Stephen depuis un moment de manière extrêmement peu subtil), se penche sur Stephen pour l’aider à se relever.

« Ouah, merci mec. Par contre, ma montre est toute pétée, c’est embêtant.
– Certes. Mais tu cherches Katmandur, je crois ?
– Oui, vous connaissez ?
– Suis-moi. »

Stephen emboîte aussitôt le pas de son nouvel ami, qui répond au nom de Mordo, parce que Mordor, c’était déjà pris. Et tous deux arrivent dans une bâtisse qui ne paie pas de mine, à l’intérieur de laquelle Stephen se voit présenter l’Ancien.

L’Ancien, c’est un nom qui sonne bizarre, se dit Stephen, qui soupçonne que ce nom désigne le vieux barbichu qui trône au milieu d’une grande pièce. Mais non, en fait, l’Ancien… c’est une femme, toute vêtue de jaune, au crâne rasé et qui accueille Stephen avec un grand sourire.

« Stephen Strange !
– Docteur Stephen Strange, s’il-vous-plaît.
– Non. Tu seras seulement Stephen Strange, ici.
– Bordel, un repaire de communistes ! Vite, il faut purifier ça par la poudre avant qu’ils ne se reproduisent !

Mais avant que Stephen ne puisse en bon américain dégainer ses deux colt 1911 et défourailler tout ce qui ressemble de près ou de loin à la moustache de Staline, l’Ancien le calme.

« Attends, Stephen Strange. Personne n’est communiste ici. Nous sommes des moines magiques.
– Voilà une explication bien plus crédible. Je range mes armes. Voilà. Vous disiez ?
– Je disais que je sais qui tu es, Stephen Strange. Tu es un grand chirurgien, arrogant, mais perdu. Tu es venu chercher la guérison ici. 
– Vous savez comment me guérir ?
– Oui… vois ce qu’est la science. La médecine orientale… la médecine occidentale… des visions parcellaires d’une même chose… et s’il y avait plus à voir ?
– Vous voulez dire, Doctissimo par exemple ?
– Bon, écoutez Stephen, je suis une espèce de chef de secte, mais même moi je mets des limites à la crédulité, hein, ho, restons sérieux.
– Pardon.
– Bien. Imaginez que l’on puisse commander au corps de se guérir par le pouvoir de l’esprit ?
– Mouais. C’est du n’importe quoi, ça. »

Le mec vient de traverser la planète avec ses derniers dollars pour aller chercher secours auprès de moines, mais il dit qu’en fait, ouais, bof, il n’y croit pas. Du coup, tu t’attendais à quoi ? Qu’ils te parlent de leurs dernières techniques de chirurgie inventées en ouvrant des yaks ? Tu es con mon petit Stephen ou bien ?

L’Ancien, qui visiblement n’aime pas trop perdre du temps en explications inutiles, préfère lui montrer de quoi elle parle.

« Dites pouët-pouët.
– Pouët-pouët ?
– CAMION. »

Pouët-Pouët Camion. Depuis, à chaque fois que Stephen se tripote un téton, il part dans l’espace.

Et d’un geste vif comme le vent, l’Ancien lui pince les tétons (ou un truc du genre, mais je trouve ma version plus crédible) et paf, c’est si puissant que Stephen voit son esprit être projeté hors de son corps. Il peut voir le temps ralenti autour de lui, son corps figé alors que l’Ancien lui pince les tétons, et il passe quelques instants ainsi avant d’être ramené dans son corps et d’être tout ébahi.

« Mais… comment avez-vous fait…
– La technique de pouët-pouët camion est un art sacré. Elle permet de faire sortir un esprit de son corps. De projeter votre corps astral dans l’espace du même nom. Alors ? Vous me croyez à présent ?
– Moi je dis vous bluffez. 
– Okay, redites pouët-pouët pour voir ?
– Pouët-pouët.
– MOBYLETTE. »

Hop ! Repincement des tétons, et cette fois-ci, le corps astral de Stephen est projeté non seulement hors de son corps, mais de dimension en dimension, lors d’une expérience psychédélique qui est accompagnée par la voix de l’Ancien, qui lui explique qu’il n’y a pas un univers, mais des milliers, des millions, une infinité, même. Un multivers. Et que son esprit peut exploiter ce multivers, s’il le souhaite, l’explorer, le comprendre… et pourquoi pas, en user pour guérir.

Sitôt revenu dans son corps, Stephen en est tout retourné.

« Bon. Qui a foutu de la schnouf dans mon thé ?
– Raaaaah vous êtes lourd, Stephen ! Vous voulez guérir, oui ou non ?
– Oui ! Vous pouvez me dire comment ?
– Oui. Mais je ne le ferai pas. »

Et l’Ancien fout Stephen à la porte de Katmandur.

Pardon ? Attendez, l’Ancien vient de faire des tours de magie ninja avec l’esprit de Stephen, mais c’était juste pour déconner ? Mais enfin ?! Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? C’est de l’humour monastique, c’est ça ?

Stephen reste donc à la porte de Katmandur à implorer qu’on lui ouvre, que vas-y, ça se fait trop pas. Et pendant qu’il est ainsi occupé, à l’intérieur du temple, Mordo va trouver l’Ancien.

« Sérieusement l’Ancien… vous abusez un petit peu, là.
– Si on peut plus déconner de temps à autres. Et puis bon, j’ai lu dans l’âme de Stephen. Il est fier et arrogant. Comme l’était ce gros traître de Rabouinus. Je refuse de débuter la formation d’un homme qui n’aboutira qu’à un nouvel échec.
– Donnez-lui sa chance.
– Non.
– Allez.
– Non.
– C’est-à-dire que c’est un peu le héros du film.
– Bon, allez, d’accord alors. Va lui ouvrir la porte. »

Et on va par conséquent ouvrir la porte à Stephen, qui se voit autorisé à commencer son apprentissage pour devenir un moine magique. Il se voit attribuer une cellule, un code Wifi (si), et une jolie tenue d’apprenti pour se mêler à ses nouveaux camarades de classe du Poudlard népalais.

Et l’apprentissage peut commencer.

D’abord, on enseigne à Stephen que si, si, la magie, ça existe. En faisant des gestes avec les doigts dans les airs (non, pas comme ça, sinon tous les supporters de foot anglais seraient magiciens), on peut faire apparaître des formes bizarres en étincelles, et pourquoi pas des armes faites de pur esprit, ou bien des portails pour se téléporter.

Des choses dont bien évidemment, personne n’a jamais entendu parler, tant c’est peu important pour le reste du monde.

Stephen grogne un peu puisque lui il n’arrive qu’à peine à faire pétouiller une étincelle ou deux, et accuse ses mains tremblotantes d’être la source de ses échecs. L’Ancien, qui observe ses difficultés, lui glisse quelques mots de la proverbiale sagesse monastique :

« Comme le disait Lao Tseu : « Gnagnagna, bouhouhou, mes p’tites mimines, sors-toi les doigts du cul surtout, grosse chochotte. » »

Et pour appuyer son propos, l’Ancien demande à un petit vieux qui a un moignon à la place d’une main de faire de la magie. Et le vieux y arrive sans souci. L’Ancien explique donc que le problème, c’est surtout que Stephen s’accroche à ses vieilles idées de contrôle, au lieu de ne faire qu’un avec l’univers. En fait, une autre version de la métaphore avec les didis et le cucul, quoi.

Stephen étudie en conséquence plus fort encore, et se rend à la bibliothèque du temple où un nouveau responsable officie, un certain Wong. Qui n’a pas l’air spécialement aimable, et explique à Stephen qu’ici, on est là pour bosser, pas pour déconner. Mais déjà, Stephen a les yeux rivés sur des livres qui chatoient dans un coin de la pièce : la collection privée de l’Ancien. Ces fameux livres sous chaînes qui intéressaient tant Rabouinus.

« C’est choupi, c’est quoi, mon bon Wong ?
– Ce sont les livres privés de l’Ancien. Ils ne sont pas pour vous.
– Bon ça vous dérange pas alors si je m’approche d’eux, que j’ignore ce que vous me racontez, que j’en retire un tranquillement de ses chaînes, que je le feuillette tranquillement, que hohoho, par un heureux hasard, je tombe pile sur la page arrachée par Rabouinus et que je pose des questions gênantes ?
– Si, mais tu noteras que je t’ai laissé faire tranquillement sans intervenir, même pendant que tu retirais les chaînes des livres bien devant moi. »

Vu comment les mecs protègent leur savoir, je me demande comment le monde entier ne croule pas déjà sous les téléporteurs. Mais enfin nom d’une pipe en bois, pourquoi diable enchaîner des livres si c’est pour que le premier pinpin venu puisse y farfouiller à loisir ?

Wong, le bibliothécaire qui te dit que tu ne dois pas toucher aux livres interdits, mais si tu le fais, il se contente de regarder. Un personnage essentiel, vous l’imaginez bien.

Wong confisque donc le livre des mains de Stephen (il était vaguement temps, bravo Wong), et lui rappelle qu’il devrait déjà se concentrer sur le reste de la bibliothèque, la partie publique, pour essayer de devenir un apprenti potable. Stephen lit vite, et s’il avance sur la théorie (« L’art du parchemin », « Théorie de l’astral », « Garcimore, un mythe disparu« ), la pratique laisse à désirer, et il ne parvient toujours pas à se téléporter alors que c’est tellement simple, lui répète-t-on : il suffit de porter une bague en cuivre, de penser très fort à l’endroit où l’on veut aller (comme par exemple « Sur les genoux d’Eva Green« ), et pouf, ça ouvre un portail ! Espèce de petit cancre, ce n’est quand même pas la Lune !

Finalement, l’Ancien prend elle-même une décision pour enfin motiver ce branlotin de Strange.

Elle va trouver Stephen, et lui tient à peu près ce langage.

« Stephen, aimerais-tu progresser ?
– Ma foi, oui, chère Ancien.
– Alors suis-moi dans ce portail magique que j’ouvre. »

Pif pouf, l’Ancien ouvre son portail, et voici que Stephen et elle se retrouvent sur les flancs de l’Everest ! A une altitude où il fait drôlement frisquet, et comme l’ami Strange n’a pas pensé à enfiler son double slip en fourrure, il est en simple tunique de moine à marcher dans la neige. L’Ancien lui explique.

« Stephen Strange, ici, il fait super froid.
– Ah ouais, super, merci, j’avais pas remarqué, tiens.
– Ce qui veut dire qu’un être humain qui resterait ici vingt minutes mourrait.
– Est-ce qu’on pourrait parler du niveau d’oxygène aussi ou bien c’est pas pertinent ?
– Chut, le froid, c’est tout, après c’est trop compliqué pour les spectateurs. Bref… Stephen, je te conseille d’apprendre à te téléporter et vite, parce que dans 20 minutes, tu seras mort. »

Et hop, l’Ancien se retéléporte à Katmandur, laissant Stephen dans la mouise, certes, mais la mouise gelée.

A Katmandur, l’Ancien est interpellée par Mordo, qui trouve que who, bon, t’abuses un peu, là, l’Ancien.

« Who, bon, t’abuses un peu, là, l’Ancien.
– C’est une technique de motivation bien connue. Je l’appelle « Marche ou crève ». C’est super recherché, tu peux pas test.
– Alors d’accord mais si le disciple n’était pas prêt ? Il meurt comme une crotte ?
– Rholala, rabat-joie, va. C’est vrai que ma technique n’est pas très subtile et pas vraiment compatible avec les idéaux que je prétends défendre, mais bon, c’est plus rigolo comme ça. Et puis c’est le héros, tu veux qu’il lui arrive quoi ? »

Alors qu’ils dissertent tous deux, voici qu’en effet, un portail apparaît devant eux, et qu’en sort, en rampant, Stephen Strange, épuisé par ses efforts pour se tirer de ce traquenard, qui maugrée quelque chose à propos d’un niveau de cryogénisation avancé dans ses testicules. L’Ancien est donc satisfaite : grâce à sa technique, Stephen sait enfin se téléporter.

Voilà qui fait plaisir à ce jeune padawan, qui dès lors, use et abuse de ce pouvoir, par exemple pour créer de petits portails dans la bibliothèque du temple, et y passer le bras pour piquer des livres pendant que Wong a le dos tourné, ce qui est très rig…

Attendez.

Attendez, mais alors s’il est possible de faire ça, pourquoi Rabouinus s’est emmerdé au début du film ? Il ouvrait un petit portail, piquait le livre voulu, arrachait sa fameuse page et le reposait sans que personne ne le remarque, et sans avoir à décapiter du bibliothécaire ou risquer sa vie à affronter l’Ancien.

J’avais bien dit qu’il ne fallait pas mettre de téléportation. Pourquoi est-ce qu’on ne m’écoute jamais, hmm ?

En tout cas, grâce à tout cela, notre ami fait rapidement de grands progrès dans tous les domaines (combat, téléportation, art complexe de la coiffure monastique), parvient à faire apparaître des armes et boucliers de pur esprit, et s’entraîne à les manier avec Mordo, qui lui explique durant son entraînement plusieurs choses.

  • D’abord, qu’il existe des « reliques » magiques permettant de faire des trucs de fifou. Par exemple, Mordo a des bottes qui lui permettent de voler et un bâton qui tape fort. Pour avoir une relique, il faut que ladite relique « choisisse » son utilisateur. Un peu comme la thug life : c’est elle qui vous choisit, comme chacun sait.
  • Ensuite, il raconte pourquoi on aime pas trop l’arrogance par ici : un ancien élève du nom de Rabouinus l’était, et il a buté le bibliothécaire avant de s’enfuir avec la page d’un rituel interdit. Donc l’Ancien aimerait bien éviter que ça se reproduise parce que des rituels interdits à voler, il n’en a pas non plus des caisses, alors faudrait penser à se calmer un peu.

D’ailleurs quid de Rabouinus, pendant que les semaines passent ? Parce qu’aux dernières nouvelles, le chenapan était un peu parti pour faire des trucs de vilain, non ? Hé bien non. Rabouinus a fait du rien, histoire de bien laisser le temps au docteur Strange de faire son apprentissage. Mais utilisant deux concombres, un livre de coloriage et un litre de sang de hasmter, il est parvenu à accomplir le rituel interdit qu’il a volé, lui permettant désormais de manipuler le monde, la gravité et quantité d’autres trucs à volonté, grâce au pouvoir d’un démon, Grovilain. Le prix à payer est cependant cher : Grovilain marque ses champions en leur faisant apparaître… un maquillage à paillettes autour des yeux ? Mais ?! On dirait que Rabouinus et ses disciples ont étudié de trop près l’anus d’une licorne ! Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?

Bon. Laissons nos méchants dignes aux looks dignes d’un spectacle de fin d’année d’école primaire en paix, et retournons plutôt voir si l’ami Strange s’en tire mieux.

Ma foi, oui ! Au point qu’il est si doué qu’il a tout appris des techniques mais rien de la discipline comme de bien entendu, et tel un petit anarchiste, envoie paître toute notion d’ordre et fais comme il l’entend. Raison pour laquelle une nuit, il s’introduit dans la bibliothèque en l’absence de Wong (il gueule « WooooooooooOoooong ? » pour être sûr, mais Wong est probablement parti faire caca) et en profite pour visiter le coin. L’occasion pour lui de découvrir que ha, tiens, dans la bibliothèque, il y a une pièce qui a l’air intéressante puisque sur un présentoir se trouve un médaillon à l’air super précieux.

C’est marrant parce que je ne me souviens pas d’avoir vu ça quand Rabouinus était dans la bibliothèque. Probablement un discret changement de décor parce que sinon, hihihi, ça aurait été dur d’expliquer comment Rabouinus au début du film serait passé à côté d’une relique méga-précieuse sans la prendre. On appelle cette technique de changer le décor au mépris du spectateur pour que ça colle mieux à l’intrigue « La technique de La Planète des Singes – Origines« .

Quand cette référence surgit dans un film, vous pouvez commencer à trembler.

Toujours est-il que le Docteur Strange, qui est rappelons-le un génie, se dit que jouer avec des médaillons magiques inconnus est sûrement une super bonne idée. Et puis avec la grosse chaîne en or du bidule, ça fera une excellente décoration bling-bling pour son prochain clip de gangsta-rap sur sa chaîne Youtube Stranger Thugs. Une fois décoré du lourd médaillon, le brigand profite du calme ambiant pour se plonger dans la lecture de la bibliothèque privée de l’Ancien et de ses légendaires livres enchaînés, et commence par le livre aux pages manquantes. Il découvre sur un coin de page ce à quoi sert le médaillon : à manipuler le temps !

De la téléportation ET des voyages dans le temps ? Fuyez, pauvres fous !

« Manipuler le temps ? Encore un pouvoir qui ne sert pas à grand chose. Je vais plutôt m’en servir pour régénérer des pommes et les manger deux fois. Hahaha, je suis surpuissant ! »

Ainsi, Stephen s’exerce par exemple en faisant remonter le temps à une pomme croquée, qui redevient entière, ou bien la fait avancer, et elle est alors croquée, puis recroquée, puis se met à pourrir. C’est rigolo, se dit Stephen ! Un médaillon pour faire rajeunir des trucs !

À cet instant précis, plus d’un pédophile a senti d’étranges redirections sanguines.

Car Stephen a une idée : s’il peut faire revenir une pomme croquée dans le passé pour lui rendre son intrégrité, pourquoi pas ce livre aux pages arrachées ? Allez, hop ! Ni une, ni deux, notre brigand fait ce qu’il a à faire, et pouf pouf, voici que les pages disparues réapparaissent ! Un rapide coup d’œil et il découvre que ce qui avait été dérobé concernait un mystérieux rituel permettant de devenir immortel et de maîtriser l’espace et la gravité grâce à la puissance de Grovilain, le démon du multivers. Il voudrait bien en lire plus, mais soudain, Mordo et Wong débarquent en agitant les bras très fort.

« STOOOOOOP !
– J’ai rien fait, ce médaillon m’a agressé, moi j’avais rien demandé, il est venu sur moi, #harcèlementdemonastère
– Si, tu manipulais le temps, espèce de petite raclure , en utilisant le médaillon de Magimoine, notre fondateur ! Tu aurais pu créer des paradoxes ! Et surtout, ici, on protège les lois naturelles, on ne les viole pas ! »

Dixit les mecs dont le fondateur a créé un médaillon violeur de lois naturelles, et un ordre dont chaque disciple apprend d’entrée de jeu ce truc bien naturel qu’est la téléportation. Mais, aucun personnage ne semble le noter. J’avoue avoir jeté un chaton sur l’écran à ce moment là pour signifier mon désarroi, puis ma voisine pour déloger le chaton qui s’accrochait toutes griffes dehors à l’image. Si, c’est possible. L’important, c’est d’avoir le poignet bien souple au moment du lancer.

Mais, que disais-je ?

Oui : Wong et Mordo décident que quitte à ce que Stephen farfouille dans des livres interdits, autant tout lui révéler des secrets de l’ordre, hein, tant qu’à faire ! Et puis le médaillon, vous croyez qu’ils lui demandent de le rendre ? Non, c’est le truc le plus dangereux du temple, mais fais toi plaiz’, mec ! Ah non mais c’est très bien écrit ce film, on vous dit. Et vous verrez, ce n’est pas fini. Cependant, voyons déjà ce que Wong raconte à Stephen. Car il l’emmène dans la petite partie de la bibliothèque où se trouvait le piédestal du médaillon, et fait apparaître plein d’images pour illustrer son propos.

« Tu vois, ça, c’est la Terre. Bon, hé bien, elle attire la convoitise de Grovilain, un démon géant de l’espace originaire de la dimension noire où le temps n’existe pas et qui viendrait bien la grignoter. 
– Alors oui mais c’est con parce que s’il hante les dimensions, il a une infinité de Terre à boulotter, alors pourquoi s’intéresser spécialement à la nôtre ?
– … c’est vrai que c’est con.
– Oui mais je t’ai coupé. Vas-y, continue Wong, ça a l’air super comme intrigue.
– Ah, heu, oui. Alors, Grovilain nous boulotterait bien le postérieur, aussi notre ordre a été fondé pour protéger la Terre des menaces spirituelles, un peu comme les Avengers protègent la Terre des menaces physiques.
– C’est-à-dire qu’un démon de l’espace venu manger la planète, ça me paraît relativement physique quand même, non ? Il ne vient pas, je ne sais pas moi, dévorer les esprits faibles en animant une émission sur TF1 par exemple.
–  Je… bon… écoutez, on va faire comme si, d’accord ? Sinon comment expliquer que les Avengers n’interviennent pas dans ce film ?
– Ben en parlant d’eux, les Avengers, ils ont « La Sorcière Rouge » et « La Vision », alors niveau spiritualité, ils ont l’air de se démerder aussi.
– MAIS CHUUUTEUH BORDEL ! 
– Ah non mais continue mec. Je t’écoute.
– Espèce de… hem, bref. Pensons moine, pensons zen. Bref, je disais que notre ordre pour protéger la Terre de ce démon, a créé trois sceaux sous la forme de trois demeures abritant une orbe magique qui ensemble, forment un bouclier planétaire spirituel contre Grovilain. Des sceaux placés près de sites majeurs : Hong Kong, Londres et New York.
– Vous faisiez comment avant la découverte des Amériques ? »

Wong pète vertement la gueule à ce petit casse-bonbons de Stephen Strange, et une fois que sa margoulette ressemble à une peinture de Dali, il tente de faire oublier ce dialogue nullissime en embrayant.

« Dans cette pièce, trois portes magiques mènent aux trois sites des sceaux sacrés.
– Sachant que tout le monde peut se téléporter chez vous, c’est juste utile aux intrus, en fait. C’est malin.
– WOH, DIS! Tu veux que je t’en recolle une ?
– Ah non mais c’est vous qui me relancez aussi !
– Hé ben puisque tu fais le kakou, pour la peine, je lance une scène d’action. »

Wong ouvre la porte menant à Londres pour illustrer son propos, mais là, à sa grande surprise… il tombe nez-à-nez avec une bande de gais lurons à paillettes : Rabouinus et sa troupe !

… oui, moi aussi, les méchants à paillettes, je ne m’y fais pas.

Et Rabouinus est déjà en train de briser l’orbe de Londres ! Le souffle est si puissant qu’il traverse la porte magique menant à la pièce où Wong, Mordo et Strange sont regroupés, et Stephen Strange se retrouve propulsé au travers de la porte d’en face, celle menant à New York, et il atterrit seul, et sans son anneau de téléportation, dans une immense baraque. Sans compter que le chaos des événements a refermé le portail derrière lui ! Le voici donc à errer dans l’immense maison, à beugler « Hoouuuuhouuuuu y a quelqu’un ? » et à se demander pourquoi ni Wong ni Mordo ne viennent pas le chercher alors qu’il leur suffit d’une demie-seconde pour ouvrir un portail vers lui. Mais, seul l’écho de ses pas lui répond, et Strange visite le coin, traversant ainsi des salles remplies de reliques mystérieuses comme le casque enchanté de Zigloubi ou le programme du PS de 2012, avant d’entendre du bruit dans l’entrée.

Oups ! Ce sont Rabouinus et ses hommes qui viennent vandaliser l’orbe locale, renverser des bières sur le parquet, taguer « prout » sur les murs et autres trucs de gros méchant ! Heureusement, une silhouette s’interpose soudain entre Rabouinus et l’orbe (qui est directement dans l’entrée, c’est sympa).

« Je suis Maître Jean-Michel, le Maître de ces lieux ! Je sers l’Ancien et personne ne passera ! »

Dit-il alors que ça fait dix minutes qu’un intrus nommé Stephen hante les lieux en braillant « Houhouuu y a quelqu’un ? » et que Maître Jean-Michel ne venait pas à sa rencontre. Maître Jean-Michel, m’est avis que soit c’est un gros farceur, soit c’est une grosse quiche, mais là, tout de suite, j’ai envie de parier sur les deux à la fois.

Et en effet, Maître Jean-Michel tente de tenir tête à Rabouinus et ses hommes, mais grâce à ses grands talents, il ne tient environ que sept secondes avant de se faire meuler. L’occasion pour Stephen de bondir avant que les méchants ne puissent s’en prendre à l’orbe.

« Halte là garnements !
– Que… qui êtes-vous, Monsieur ?
– Docteur.
– Monsieur Docteur. »

Oui, c’est une blague du film. La suite c’est « Mais non, pas Monsieur Docteur ! Je suis Strange » et là, c’est trop rigolol parce que Strange ça veut dire « Étrange » et…

On dirait une blague tirée d’un Pif Gadget. Mais, écrite dans un film à plusieurs millions. Tout va bien, donc.

Stephen fait en tout cas comprendre qu’il ne compte pas laisser des punks à paillettes saloper tout le manoir, et qu’il est prêt à se battre. Soit ! lui répond Rabouinus. Alors… BAGARRE !

Marvel's DOCTOR STRANGE..Kaecilius (Mads Mikkelsen)..Photo Credit: Film Frame ..©2016 Marvel. All Rights Reserved.

Voici Rabouinus. Et ses yeux à paillettes. Moi aussi, si j’avais ça sur la tronche, je ferais la gueule.

Nos loulous font ainsi la bagarre, Stephen étant aux prises avec Rabouinus et deux de ses sbires, mais grâce à ses trois semaines d’entraînement contre les dizaines d’années de pratique des autres, ça va, il tient pas mal, merci. Et si profitant de diverses reliques de la maison, il parvient à mettre temporairement hors d’état de nuire les sbires de Rabouinus, le grand méchant lui-même est déjà plus costaud, sachant qu’en plus, il a l’étrange pouvoir de distordre l’espace et du coup de mettre Stephen dans des situations plutôt complexes ; mais alors que Stephen se retrouve à se battre dans la salle des reliques, voici qu’il brise une vitrine par accident, et qu’une cape animée d’une vie propre s’en échappe et vient se poser sur ses épaules. Elle se met à parer les coups, à la surprise de ses adversaires, et permet même à Stephen de voler ! Voilà qui lui permet de reprendre le dessus, mieux encore lorsque la cape lui conseille via divers gestes quelle relique mystérieuse balancer à la gueule de Rabouinus, et ce faisant, il lui envoie au visage une sorte d’armure sado-maso qui en tombant sur Rabouinus, le paralyse ! Mais Stephen n’est pas un filou, et il retire le masque de l’armure pour permettre à Rabouinus de lui parler.

« Voilà Rabouinus. Tu voulais me dire quelque chose ?
– Oui. Tu es un nouvel adepte ? Je ne te connais pas. Qu’est-tu venu chercher à Katmandur ? La guérison ? Comme nous tous ? J’imagine que oui. 
– Effectivement. J’étais un chirurgien renommé. Et puis, suite à un accident, je me suis retrouvé avec des mains qui ont perdu toute délicatesse. Parfois, la nuit, je les surprend à lire Jean Roucas.
– C’est rude. Mais sache, nouvel adepte, que l’Ancien te ment !
– Ben voyons.
– Mais siiiii ! J’imagine qu’on t’a parlé de Grovilain, le démon venu de la dimension noire ?
– Tout à fait.
– Le rituel que j’ai volé… sache qu’il permet de devenir immortel ! De tirer ses pouvoirs de la dimension noire !
– Et de se faire chier dans les yeux par une licorne. Non vraiment, les pactes avec Satan, passe encore, mais là, non.
– Raaah mais écoute moi nom d’une pipe ! L’Ancien ! Tu ne t’es pas demandé pourquoi il s’appelait « L’Ancien » et pas plutôt « Le p’tit vieux qui tremblote ? » ? Hmmm ? Hé bien c’est parce que ce petit salopard est immortel ! Personne ne connaît son âge ! Car elle tire ses pouvoirs de la dimension noire et de Grovilain ! C’est une hypocrite ! Vois, mon ami. Tu étais médecin ? Tu voulais sauver des vies ? Penses-y. Notre ennemi commun, le seul qui tue tous les humains à la fin, c’est le temps. Grovilain nous promet avec sa dimension noire de vaincre le temps ! L’Humanité serait immortelle ! Les humains sauvés !
– Ah non mais si tu commences à croire tout ce qu’il y a dans les tracts de campagne… tu vas droit vers une grande déception, mon petit Rabouinus. Et puis les démons de l’espace ne sont pas spécialement connus pour leur bonne foi ; je le sais, j’ai lu tous les romans Warhammer 40 000.
– Bougre de con ! »

Cette agression verbale de Rabouinus est accompagnée d’une menace plus physique, puisque l’un de ses deux sbires est revenu se bagarrer avec Stephen, et parvient même à le blesser avec une arme spirituelle (cela signifie qu’elle fait des contrepèteries lorsqu’elle attaque). Stephen, en retour, parvient à récupérer dans la maison une bague de téléportation, et après avoir lâché sa cape magique pour qu’elle se batte avec le dernier sbire, lui s’en va se téléporter vers l’hôpital qu’il connaît le mieux : son ancien hôpital.

Christine Palmer, qui était occupée à gérer des urgences comme des enfants qui ont le nez qui coule et dont les parents pensent qu’ils vont mourir, entend soudain son petit nom être appelé à l’accueil : c’est Stephen Strange qui est de retour ! Bon, d’accord, habillé avec une tenue de membre de secte en vadrouille et avec une étrange blessure semblable à celle d’une arme blanche au torse, mais bon, hein, l’heure n’est pas aux questions mais plutôt aux soins.

Sauf que Stephen est dans un tel état qu’il perd connaissance sur la table d’opération où bien évidemment, seule Christine l’opère, sans aide, parce que le reste de l’hôpital s’en fout, finalement, de son meilleur chirurgien disparu depuis des semaines qui réapparaît blessé au beau milieu de ses couloirs, ce qui arrange bien l’intrigue une fois de plus, qui ne tient debout qu’avec des bâtonnets de glace Miko depuis le début du film. Mais comme Stephen a perdu connaissance, il en profite tout de même pour partir en voyage astral, et fait apparaître son esprit devant Christine pour la guider dans l’opération. Christine qui réagit plutôt bien à cette vision fantomatique parce que bon, hein, c’est tellement commun, des patients inconscients qui apparaissent sous la forme de spectres pour vous donner des conseils. Quel médecin n’est jamais rentré dans une salle de réanimation en s’exclamant « Monsieur Duboudin ! Rentrez dans votre corps tout de suite, je sais que vous profitez de votre coma pour aller dans les douches des infirmières ! » ?

Tout devrait bien se passer, sauf que pendant ce temps, le portail de téléportation que Stephen a ouvert entre le manoir magique et l’hôpital est resté ouvert. Et puisque le dernier sbire encore en état de combattre est coincé par terre avec la cape magique qui lui fait des brûlures indiennes, il décide lui aussi de quitter son corps pour passer en voyage astral, prendre le portail de téléportation, et essayer d’aller finir ce margoulin de Stephen Strange à coups d’astro-tatanes (je n’arrive pas à croire que je suis en train d’écrire tout ça ; je suis si fatigué).

Mais c’est sans compter qu’à force de se battre, cela met le corps physique de Stephen dans un drôle d’état. Et oblige Christine à sortir le défibrillateur. Et la décharge électrique dans le corps de Stephen lui donne tant d’énergie qu’il fait exploser le corps astral de son ennemi ; c’est la victoire, et il peut revenir à la vie en paix, remercier Christine de sa bien aimable assistance, et lui dire « Tiens, au fait, je suis devenu une moine magique qui protège le monde de méchants alliés à des démons de l’espace. Oh, et je suis venu ici en me téléportant. Sinon, toi, ça va ? »

Christine doute un peu, mais une fois que Stephen lui a montré son portail de téléportation, elle hausse les épaules et passe à autre chose. Une réaction bien naturelle, vous en conviendrez.

Stephen Strange retourne ainsi dans le manoir, où il tombe sur le corps inanimé du sbire qui l’avait astralement agressé, récupère sa cape, et constate avec tristesse que ce filou de Rabouinus a profité de son absence pour se libérer et mettre les voiles. Mais avant que Stephen ne puisse hurler quelque chose impliquant la grosse mère de Rabouinus, deux personnages apparaissent à côté de lui : Mordo et l’Ancien.

« Tiens ! Vous foutiez quoi depuis vingt minutes ? Parce que vous saviez bien que les sceaux étaient attaqués. Alors en se téléportant, vous auriez pu venir me prêter main forte en environ six secondes. 
– Oui mais du coup tu n’aurais pas pu discuter en paix avec Rabouinus, ou alors on l’aurait vaincu et le film ce serait arrêté là.
– Ah ben oui, du coup. Il n’y a donc pas que moi qui était dans le coma tout à l’heure. Ce film est toujours dedans.
– Oui, ça va, hein. En attendant, et puisque Maître Jean-Michel qui défendait la maison a pris sa raclée, Stephen, je te nomme… Maître Strange.
– Attendez, vous savez que ça ne fait que quelques semaines que je suis votre élève, hmm ? Vous avez déjà nommé un élève de CP professeur des écoles ? 
– Oui mais hein, ho, c’est qui l’Ancien ici ? C’est toi ou c’est moi ? Alors touchatonku. 
– Pardon ?
– C’est… heu… un vieux proverbe chinois. Accessoirement, je note qu’une relique t’a adopté. La cape de vol et de baston. Parfait, vous irez bien ensemble. En attendant… vous devriez défendre le manoir, Mordo et toi. Nos ennemis vont sûrement revenir.
– Vous ne restez pas ? Non parce que ça vous concerne un peu, hein, l’avenir de l’ordre et de la Terre, tout ça…
– Oui mais sinon, comment ferais-je une entrée dramatique plus tard ? 
– Mouais… c’est pas clair tout ça… surtout que j’ai causé un peu avec Rabouinus, et je vous soupçonne vaguement d’être immortelle, ce qui ne serait pas vraiment une « loi naturelle », si tu vois c’que j’veux dire…
– Si c’est ça, je me casse.
– Et sinon, le médaillon super précieux que j’ai autour du cou, vous ne voulez toujours pas le récupérer ? »

Non, vraiment, les mecs ne se sont vraiment pas fait chier avec le scénario ou les dialogues. Tout le monde, Mordo compris, trouve parfaitement normal que l’Ancien se barre au moment crucial, ou que Strange se balade avec le médaillon le plus dangereux de l’univers autour du cou sans rien dire. Mais, faites-vous plaiz’ les enfants, hein. On ne voudrait pas déranger.

Si j’ai des lecteurs qui fabriquent des capes, sachez que moi aussi j’en veux une. Même pas qui vole ou se bat. Juste pour me cacher en dessous et pleurer durant ce genre de films.

Sitôt l’Ancien barré, voici qu’évidement, Rabouinus revient avec de nouveaux sbires. Je vous passe le combat, qui est tout nul et consiste à se battre dans le fameux bouclier-miroir permettant de créer une arène où se battre sans être dérangé par le reste du monde, et où Rabouinus leur refait les plus grandes scènes d’Inception en faisant se plier la ville en deux sous leurs pieds, en déplaçant les obstacles, en supprimant la gravité… raison pour laquelle Mordo et Stephen essaient surtout de se barrer. Mais sans aucune raison ils créent toujours leurs portails à 30 mètres d’eux (alors que jusqu’ici, c’était plutôt à 30 centimètres), et surtout, n’arrivent pas à les atteindre à cause du monde qui n’a de cesse de tourner autour d’eux sous les commandements de Rabouinus.

Excusez-moi ? Est-ce qu’on parle bien de Mordo, qui a des bottes de vol et de Stephen, qui a une cape qui fait la même chose ? Et ils ne pensent pas à s’en servir ?

Marvel's DOCTOR STRANGE..L to R: Mordo (Chiwetel Ejiofor) and Doctor Strange (Benedict Cumberbatch)..Photo Credit: Film Frame ..©2016 Marvel. All Rights Reserved.

« Damnation ! Si seulement on savait voler ! »

Non. Car sinon, là encore, ce serait efficace et la bataille s’arrêterait là. C’est… c’est vraiment insupportable, en fait, ce film qui pourrait s’arrêter toutes les dix minutes si les personnages utilisaient leur cerveau. Stephen et Mordo font donc n’importe quoi durant de longues minutes, jusqu’à ce que soudain, le décor se modifie à leur avantage : du renfort vient d’arriver, et du renfort qui a les mêmes pouvoirs que Rabouinus : l’Ancien ! Qui, certes, trahit qu’en ayant les mêmes pouvoirs, c’est qu’elle a pactisé avec le même démon, mais la baston peut reprendre.

Hélas pour nos héros, Rabouinus parvient tout de même à vaincre l’Ancien (car Stephen et Mordo se contentent intelligemment de regarder), aidé de ses pouvoirs maléfiques à paillettes, et celle-ci fait une chute vaguement mortelle.

Stephen a juste le temps d’emmener par téléportation l’Ancien, mourante, à l’hôpital où Christine Palmer entend à nouveau la voix du bon Stephen l’appeler en urgence. On transporte l’Ancien en salle d’opération pour voir s’il y aurait moyen de la sauver malgré le fait qu’on l’appelle désormais plus « Patakrepe » que « L’Ancien » (en plus, avec sa couleur jaune, c’est trompeur), mais Stephen l’aperçoit quitter son enveloppe physique pour traverser l’hôpital sous forme astrale. Stephen la suit lui aussi sous cette forme, et va la retrouver à un balcon de l’hôpital, à contempler la neige qui tombe dans la nuit, alors que le temps est ralenti.

« L’Ancien… allez, ne faites pas l’enfant. Revenez dans votre corps.
– Non, Stephen. J’ai assez vécu. Et oui, j’ai pactisé avec Grovilain, le démon de la dimension noire.
– Tout le monde fait des erreurs.
– Certes mais…
– Regardez par exemple la réalisation. Il fait nuit et il neige. Alors qu’il n’y a pas deux minutes, on se battait dehors, il faisait grand jour et bien sec.
– Ça commence à faire beaucoup de ratés, non ? 
– Je trouve aussi. Vivement ce que ce film s’achève.
– Bref, Stephen. Je dois tout vous avouer. Je vais mourir, c’est la loi naturelle. Mais vous devez vivre, le monde a besoin de vous pour le protéger. Et vous avez besoin de Mordo. Il est un peu con, mais il est sympa, vous verrez. Ah, et au fait, pour vos mains, sachez que vous êtes bien niqué. En fait, le mec qui remarchait qu’on a guéri : il n’a jamais guéri. Il utilisait juste la magie pour marcher, inconsciemment. Donc voilà voilà. Bon ? Je crois que j’ai tout dit. Maintenant, je peux mourir.
– Ou alors, j’utilise mon médaillon dont plus personne ne parle et je remonte le temps pour vous rendre votre corps en bon état, comme ça, on castagne Rabouinus tous les trois. Ho ! Ou je remonte le temps avant qu’il ne brise le sceau de Londres et comme ça on l’attend sur place ? Oh, merde, mieux ! On remonte le temps avant le début du film, voire avant qu’il ne devienne un enculé et on règle la question ! »

Les deux personnages se regardent. Et se mettent à rire.

« Hahaha, bien sûr que non on ne va pas faire ça ! On ne va même pas y penser ! Ahlala l’Ancien, dire que dès la première scène, vous pouviez sauver tout le monde ! Surtout que vous n’allez pas me dire que c’est pour respecter les lois naturelles que vous ne l’avez pas fait : après tout, vous avez carrément pactisé avec un démon ! » 

C’est donc sur cette note rappelant que définitivement, il va falloir arrêter les intrigues avec des voyages dans le temps si c’est pour ne pas s’en servir, que l’Ancien disparaît de l’espace astral et meurt. Stephen peut ainsi retourner dans son corps physique, faire un gros câlin à Mordo qui est tout triste, dire à Christine que c’est une fille formidable, puis aller à Hong Kong en urgence car il semblerait que la demeure du dernier sceau soit attaquée par Rabouinus en ce moment même.

Téléportatiooooon !

Stephen et Mordo arrivent, mais trop tard : la bâtisse sacrée a été rasée par Rabouinus et ses sbires, et la dimension noire, qui ressemble à une espèce de soirée hentai avec tentacules et boules velues qui vadrouillent en tous sens, est rentrée dans notre monde et grignote notre espace-temps, gagnant du terrain à chaque instant. Tout est donc perdu ? Pas tout à fait !

« Ah mais en fait, je pourrais remonter le temps ! » se dit ENFIN Stephen Strange après seulement 1h30 de film (quel génie, vraiment).

Usant de son médaillon magique, il inverse le cours du temps, et tout commence à se reconstruire autour de la zone du drame, alors que la dimension noire recule. Hélas, Rabouinus et ses sbires parviennent grâce à… heu… à… à un raccourci scénaristique ? À se sortir de ce merdier temporel et à attaquer Stephen, l’empêchant de poursuivre plus avant la reconstruction temporelle. Le monde est ainsi soudainement en pause, avec d’un côté Rabouinus et deux sbires, qui veulent en découdre avec Strange, Mordo et Wong, le bibliothécaire qui était venu défendre la demeure du sceau, et qui a été ressuscité par le retour en arrière juste avant que le temps ne se mette en pause.

« Ahahah, nous avons déjà gagné ! Vous êtes foutus ! » s’exclame peu ou prou Rabouinus usant de son grand dictionnaire des phrases de méchant édition 2015 (la 2016, il en a juste arraché une page).

« C’est ce qu’on va voir. » répond Stephen Strange, en s’envolant au-dessus d’eux pour plonger droit dans la dimension noire. Un endroit où le temps n’existe pas. Et au cœur de celle-ci, il voit apparaître un gigantesque visage : celui de Grovilain, le démon de l’espace !

« Grovilain ! Je suis venu marchander ! » s’époumone Strange. Mais Grovilain ricane, et l’écrase d’une main.

Mais la scène recommence.

« Grovilain ! Je suis venu marchander ! » répète Strange. Grovilain ricane, et le retue.

Et la scène recommence. Encore et encore. Et Grovilain de réaliser que quelque chose ne va pas.

« Mais bordel, j’ai une impression de déjà vu ! C’est quoi le problème ?
– Tu es mon prisonnier, Grovilain ! Ta dimension n’a pas de temps ? J’ai apporté le mien, grâce à mon médaillon magique ! Tu es dans une boucle temporelle ! Cette scène se répétera pour l’éternité, et tu ne pourras plus rien faire d’autre !
– Mais tu mourras à répétition pour l’éternité ! »

Les deux reprennent leur petit jeu, Strange meurt une bonne dizaine de fois de plus a minima, et finalement, Grovilain se lasse.

« Okay, en fait, c’est lourd de voir toujours la même chose. On dirait presque le dernier Star Wars tant c’est du déjà vu. Que veux-tu pour me libérer de cette boucle temporelle ?
– Marchander ! Récupère Rabouinus et ses sbires, qui rêvent tellement de ta dimension. Et laisse la Terre en paix, va boulotter d’autres planètes innocentes !
– Grmbmbmbmbl…. bon, d’accord. »

Stephen peut donc s’envoler hors de la dimension noire, retourner à Hong Kong sur les lieux de la baston, et annoncer que c’est bon, tout est réglé.

« Comment ça tout est réglé ?
– Mais oui mon petit Rabouinus. Réglé, j’ai vu ça avec ton patron. Tu voulais l’immortalité et un endroit où le temps ne s’écoule pas ? Je viens de te négocier un petit Erasmus dans la dimension noire, tu m’en diras des nouvelles ! Parce que l’immortalité, oui, tu l’auras, mais sous forme d’esclave, c’était écrit dans les pages suivantes du livre que tu as mutilé ! »

J’aime quand un film appuie sur ses propres incohérences : vous me rappelez pourquoi Rabouinus n’a pas volé le livre entier ? Ah oui, parce que : rien.

En tout cas, sitôt que Strange a terminé sa phrase, Rabouinus et ses deux derniers sbires sont effectivement aspirés vers la dimension noire, leurs corps réduits à l’état de pantins calcinés qui serviront leur sombre maître (à paillettes) pour l’éternité. Ils sont donc tout punis. Stephen peut désormais utiliser son médaillon plus avant pour reprendre son oeuvre de retour en arrière temporel, et réparer Hong Kong comme si la bataille n’avait jamais eu lieu.

« Bravo, tu as trop assuré ! 
– Merci, Wong. 
– Moi je trouve que tu as merdé.
– Pardon Mordo ?
– Oui. Inverser le cours du temps, ce n’était pas naturel.
– Mec, écoute, t’es gentil mais je viens un petit peu de sauver la Terre, comme ça. Et des milliards de vie, dont la tienne. Donc voilà.
– Oui mais c’est pas naturel.
– Comment dire ? Est-ce le mec avec des bottes de vol et des pouvoirs de téléportation qui me parle ? »

Mordo réfléchit très fort au concept de « naturel ». Je suppose qu’au final, il est parti ouvrir une échoppe de produits bios sur Paris, où il propose des huiles essentielles pour les barbes de hipsters.

Mais non, là encore, personne ne pense à soulever ces légers détails. Aussi, Mordo annonce qu’il part de son côté, car lui veut protéger le credo de l’ordre. Stephen et Wong, eux, rentrent donc triomphant à Katmandur, où ils se disent qu’ils vont enfin reposer le médaillon manipulateur de temps que Stephen avait volé car « Il contient une pierre d’infinité, mieux vaut ne pas se promener avec.« 

C’est pourtant ce qu’il a fait tout le film. Je pense qu’ils ont pris les scénaristes et les dialoguistes à la COTOREP.

La Terre est donc sauvée, Katmandur toujours debout, et le monde a un nouveau héros : le docteur Stephen Strange. Et…

… FIN !


Oui ? La séquence post-générique ? Mais bien sûr.

On y aperçoit le docteur Strange recevoir dans son nouveau manoir New Yorkais l’ami Thor, le célèbre dieu nordique venu d’Asgard. Tous deux boivent du thé, que Strange change en bière pour son invité qui n’aime pas ,trop les boissons de p… d’Anglais, d’Anglais.

« Alors mon petit Thor, comment ça va ?
– Bien. Je suis content d’apprendre que la Terre a de nouveaux magiciens pour la protéger.
– Certes. Mais justement, à ce sujet, je suis supposé protéger la Terre des menaces psychiques. Et vous avez emmené Loki, lui-même célèbre pratiquant de la magie, ici. Pourquoi ?
– Une sombre histoire familiale.
– Dit comme ça, ça ressemble plus à un épisode de Strip Tease qu’aux Avengers, mais pourquoi pas. En tout cas, les Asgardiens, vous n’êtes pas d’ici. Je vais vous aider à rentrer chez vous. »

Une jolie manière de dire « Dehors les nordico-bougnouls« . Quel fascinant personnage, ce docteur Strange #MakeKatmandurGreatAgain.

« Bien. Donc sitôt vos affaires familiales réglées, vous rentrerez tous chez vous ?
– Tout à fait. 
– Alors je vous y aiderai. »

Thor est ravi d’avoir un nouvel allié, mais il doit tout de même prévenir Stephen d’une règle essentielle.

« Vous savez, si on fait un film ensemble, je dois vous avertir que j’adore les jeux de mots moisis.
– Très bien, Thor. Je dois pouvoir m’y faire.
– Vous pensez ? Vous savez, c’est pas fac…
– Tatata. Vous savez quoi, je sais déjà comment on appellera ce film. »

Et Stephen de mimer un gros titre d’affiche :

« DocThor Strange.« 

Et toc.


L’ire ensemble – Grey –Épisode 8

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Que devient Christian Grey ?

En voici, une excellente question. Heureusement, après avoir passé des semaines dans une cuve à bacta pour me remettre des horreurs croisées en ces pages (et salles obscures), c’est équipé de ma combinaison contre les risques chimiques et de mon masque de soudeur que je me penche à nouveau sur Grey, avec le secret espoir de survivre jusqu’à la fin de l’ouvrage.

Il est donc temps de revenir sur l’épisode précédent.

Christian Grey a été invité à venir manger chez ses parents accompagné d’Anastasia. Hélas, pris d’une crise de priapisme au beau milieu du repas, il décide que la maison familiale est l’endroit idéal pour violer Anastasia.

Souvenez-vous, nous apprenions à la fin du précédent passage que « les ténèbres [gagnaient] ses entrailles« . Alors, est-ce le dessert qui ne passe pas ? Les effets maléfiques du café qui rentre en action ? Et surtout, Christian va-t-il nous faire le récit de ce qu’il se passe quand on essaie de faire l’amour en étant super ballonné ? Autant de suspens, je n’en puis plus ! Vite, Diego, mon tisonnier : j’ai encore 50 pages à tourner !

Lisons, mes bons !


Je suis sûr que ça vous avait manqué. Avouez, bande de petits pervers.

Accroche-toi, fier Diego, car nous reprenons dans le feu de l’action, alors que Christian explique à Ana que bon, là, c’est l’heure de la fessée. Je m’en fous qu’il soit une heure du mat’, nom d’une pipe, c’est l’heure de la fessée je te dis. Regarde, c’est marqué sur ma Flik Flak. Ana grommelle, parce que bon, c’est pas commun un mec qui a effectivement « fessée » marqué sur sa Flik Flak mais bon, qui est-elle pour contredire les horlogers suisses ? Elle tend donc son cucu, prêt à ce qu’il reçoive son châtiment.

– Je veux voir ton visage pendant que je te claque les fesses, Anastasia.

Christian a visiblement séché les cours de SVT au collège et n’a pas une idée bien précise de l’endroit où se situe la têtête par rapport au cucu. De là, soit Anastasia aime tellement avoir mal qu’elle va se déboîter le cou en plus des fesses, soit nous allons avoir le droit à une scène où Christian réalise après quinze minutes qu’il ignore de quel côté il est en train de frapper. Seul le moment où il verra un rectum se mordre sensuellement les bords lui indiquera qu’apparemment, oups, désolé, c’était tes joues.

Après avoir joué ce petit jeu un moment, Christian sent sa part de noirceur remonter en lui.

Alors que je reprends peu à peu mes esprits, je repousse l’étrange émotion qui me gagne. Ce ne sont pas les ténèbres, mais autre chose qui enfle et qui m’effraie. Une chose que je ne comprends pas.

Définitivement, Christian a séché l’ensemble de ses cours d’anatomie. Il est en train de découvrir sa kikounette « qui enfle et qui [l’]effraie« . En même temps, s’il mettait un slip, ça lui arriverait moins souvent, mais passons. Car la nuit s’écoule, et au petit matin, Christian découvre le corps nu d’Anastasia à ses côtés.

J’ai envie d’une baise matinale – mon corps y est plus que disposé -, mais elle est comateuse et sans doute courbatue. Mieux vaut la laisser dormir.

Notez que l’idée lui a quand même traversé l’esprit. J’espère qu’Anastasia ne finira jamais à l’hôpital avec Christian à proximité.

« Monsieur Grey ? Votre amie Anastasia a eu un accident. Elle est dans le coma.
– Hmmm… vous voulez dire que je ne peux pas la baiser, c’est ça ?
– Que… pardon ? 
– Nan mais je dis ça, c’est parce que j’ai mes ténèbres qui sont toutes enflées, là.
– Sécurité ? Sécuritééé ? »

Christian n’ayant personne avec qui coucher, se retrouve donc – du moins je le suppose, le livre n’est pas clair – à avoir des relations sexuelles avec la commode faute de mieux. Une fois le meuble souillé, il peut se mettre au travail, travail qui consiste, je le rappelle depuis le début du livre, à donner des ordres incohérents au téléphone, mais sur un ton autoritaire, comme ça, ça fait mec qui sait ce qu’il fait. Cela dit, sitôt qu’Anastasia fait mine d’enfin se lever et donc a l’air d’être une cible potentielle pour des relations sexuelles sans carte de membre de l’amicale des nécrophiles de Melun, Christian repasse à l’attaque. Un câlin ici, une main là, et Ana explique qu’elle referait bien un petit truc coquin de bon matin.

– J’espère que tu es prête, lui dis-je d’un ton menaçant

La classe : on dirait que Christian est en train de s’apprêter à envahir la Pologne, et non à faire l’amour. Mesdames, n’oubliez pas dans ces cas-là de vous exclamer après l’acte « Hé bien, quelle guerre éclair…« . Avec un peu de bol, le malandrin partira en pleurnichant pour se suicider dans son bunker. Mais passons. Car justement, moins de deux paragraphes plus tard, Christian a déjà fini. Mais vous imaginez bien que ce temps a été suffisant pour qu’Ana jouisse environ treize fois. Vu son hypersensibilité sur la question, je pense qu’elle a des terminaisons nerveuses jusque dans les cheveux. La dernière fois qu’elle a mis un serre-tête, tout le quartier l’a entendue.

Maintenant que Chrichri et Ana ont bien démarré la journée, pardonnez les détails, mais il est temps pour Christian de battre en retraite.

Je me retire abruptement : elle grimace.
– Ça t’a fait mal ?
– Un peu, répond-elle avec un sourire timide.
– J’aime bien que tu aies mal. Ça te rappelle que je suis passé par là, moi et personne d’autre.

Le. Fuck.

Christian, tu confonds ton kiki avec un fer rouge. Alors je sais, les deux sont souvent chauds bouillants et finissent régulièrement dans des vaches, mais tes problèmes de zoophilie ne nous regardent pas. Enfin Christian, sache qu’il existe d’autres choses que la douleur pour se souvenir de trucs. Le savais-tu : Jésus ne s’est pas fait clouer sur une croix en disant « Je fais ça, c’est pour pas oublier que j’ai laissé le linge à sécher ; si j’ai pas des clous dans les mains, j’oublie. ». Résultat, on a laissé Jésus à sécher et 2 000 ans plus tard, on mange son corps transformé en biscuits. Alors déconne pas Christian. Dans 2 000 ans, je n’ai pas envie qu’il existe une Église de Grey, avec des croyants qui se trimbalent avec une kikoute dorée en médaillon.

Heureusement, Christian poursuit sur sa lancée de belles pensées, par exemple quand il discute avec Ana du fait que Christian est sombre et mystérieux.

Mon Dieu. Ana, contrairement à toi, j’ai un passé.

Car c’est bien connu : tout ce qui n’est pas lui n’a aucune histoire. Il est l’être le plus complexe de l’univers, le plus en souffrance, le seul qui mérite la reconnaissance de… je… ho bon sang. Avec un profil pareil, Christian est à deux doigts d’ouvrir un Tumblr ! Diego, vite ! Mon Mauser et mes balles en argent, je dois immédiatement arrêter cela ! Je m’adresse aux rôlistes de la salle : vous vous souvenez de ces parties avec ce joueur dans un coin, tout de noir vêtu, qui joue un assassin mystérieux qui ne parle pas pour soigner son aura ? Mais si, vous savez, celui qui attend secrètement qu’on vienne le supplier de révéler son obscur et douloureux passé ? Et à qui au final, personne n’adresse la parole parce que tout le monde s’en fout ?

Voilà. C’est Christian Grey. En réalité, je suis sûr qu’il a un peu de bide, un bouc, un t-shirt « Imperium first » et que ses boules de geisha sont en réalité des D20.

Raison de plus quelques lignes plus loin pour Anastasia d’avouer qu’elle le trouve « bizarre« .

Oui, elle ne remarque ça que maintenant. Je ne sais pas ma petite Ana, tu n’as pas tiqué quand il a proposé de te faire signer un contrat où il se réservait le droit de te violer ? Tu ne le trouves bizarre que maintenant ? Ana, ma petite, la dernière fois que j’ai vu quelqu’un avec autant de ping, c’était sur Half-Life premier du nom.

Mais assez de références geeks, et voyons comment Christian y répond.

Ana, bébé, « Bizarre » est mon deuxième prénom.

Le premier étant « Slip de feu« , rappelons-le. Christian n’est qu’un alias pour l’administration qui a refusé de lui ouvrir un compte bancaire au nom de « Slip de feu Bizarre Grey« .

Mais soit.

La matinée se termine, et Christian a du travail. Il en va de même pour Anastasia, qui doit prendre l’avion pour raison professionnelle. Sitôt la belle partie, Christian demande donc à ses équipes de tracer Ana, des fois qu’elle ait deux minutes de liberté, ce qui serait intolérable. Il veut savoir quel avion elle va prendre et à quelle heure, car rien ne doit lui échapper. Rien. À part peut-être ces petits bouts roses et mous qui sortent par son nez de temps à autre et ressemblent à des bouts de cerveau. Hihihi, c’est bizarre. Ah non, ça c’est son second prénom. Merde. Bon, ben voilà, il s’est égaré dans ses pensées, et moi avec. Poursuivons.

Car bientôt, Christian apprend quel avion Anastasia doit prendre : il ordonne aussitôt que sa compagnie la surclasse, et achète toutes les places alentours pour que PERSONNE ne puisse entrer en contact avec elle. Ah oui ? Et les pilotes, mon petit Christian ? Ce ne sont pas forcément des femmes, tu sais, et ils seront sur le même avion. Alors ? Tu fais quoi ? Tu les fais tuer d’un coup de…

Ho bon sang. Je viens de comprendre pourquoi il y a toutes ces mesures de sécurité sur les vols aux Etats-Unis : le 11 septembre n’était qu’une couverture ; en réalité, ils essaient d’éviter Christian Grey !

La chose entendue, et le soir venu, voici qu’Anastasia écrit à Christian pour lui dire que sa journée s’est bien passée. Ils papotent, et brièvement, abordent – étonnamment – la question du sexe et de notre jouvencelle qui n’a pas d’expérience prononcée dans le domaine. Christian tient à être clair sur le sujet, par mail :

Je suis ravi que tu n’aies qu’une expérience limitée. Elle restera d’ailleurs limitée – à moi.

Au début, il avait ajouté « Parce que si tu décides de partir pour un autre homme ou d’avoir une vie, je te retrouve, je te strangule et je coule ton corps dans le béton, mais pas avant d’avoir couché encore un peu avec, tu me connais.« . Et puis finalement, il a retiré tout ça, parce que sa menace de mort marchait quand même sans. Et donc, Ana qui reçoit par mail ce genre de trucs ne réagit pas. Elle a un diplôme de Lettres, certes, mais à mon avis dans son cas, elle a juste appris à lécher l’enveloppe.

Ce qui expliquerait à peu près tous les passages érotiques de ce livre, notez. Il faut que je me renseigne.

En tout cas, un peu plus tard, Anastasia a bel et bien un avion à prendre. Et s’y retrouve surclassée… elle a donc le droit au minibar et à un massage, ce pourquoi elle remercie Christian via un énième mail relou. À la lecture de cette information, Christian devient tout fou. Comme à chaque fois qu’il devient tout fou, il pousse de grands cris, bat son bureau de ses petits poings, consulte sa Flik Flak pour voir si c’est l’heure de la fessée, et n’ayant personne d’autre sous la main, se frappe les fesses nues en chantant l’intégrale de Calogero.

« Vous êtes sûr que tout va bien ? » demande le reste de la salle de réunion pendant que Christian entonne Face à la mer en exposant sa lune qui se couche sur l’océan.

Mais je m’égare. Car oui, Christian est tout fou : UN MASSAGE ? Elle a eu un massage ? Il a payé pour qu’elle ait tout le confort et elle en a profité pour se faire masser ? Espèce de truie pourpre, tu vas le payer ! Pendant que Christian commande un lot complet de missiles Stingers pour abattre tout ce qui ressemble à un avion contenant un masseur, il apprend que oui, c’est bien un homme qui a massé Anastasia.

C’est donc tout en criant à tue-tête En apesanteur que Christian lui écrit qu’il est « fou de rage« .

Moi j’aurais dit « complètement con« , mais vous savez, les points de vue, hein.

L’inquiétude m’oppresse. J’avale une nouvelle gorgée et m’installe au piano.

Et comme mon lectorat le sait à présent, il a beau faire son poète maudit, tout le monde sait bien qu’il ne sait jouer que « La bite à Dudule« .

Le matin suivant, le soleil se lève sur un monde de guimauve. Car Anastasia envoie un long mail disant qu’elle a très envie que ça marche avec Christian, et Christian essaie de la rassurer en retour, même s’il explique qu’il aime bien lui fouetter l’arrière-train quand même, hein, bon hé. Résultats, les intitulés de mails se dégradent peu à peu jusqu’à ce que Christian en envoie un intitulé « Ton cul« , ce qui sera du meilleur effet quand Anastasia souhaitera ouvrir sa boîte mail en présence d’un inconnu (et ne me dites pas que ça n’arrive jamais).

Et je n’ai bien sûr pas parlé de la classe de la chose, qui suinte à peu près autant que l’objet évoqué dans ledit intitulé.

Christian n’ayant pas eu ses 22 000 érections quotidiennes, il est donc bien évidemment tout gonflé du corps caverneux rien qu’à écrire ces mots.

À ce souvenir, je sens mon sexe se tendre.

Et quelques mails plus tard.

Ses mots se propagent directement jusqu’à ma queue, sonnant le branle-bas général.

C’est incroyable. Ce mec est tout le temps en train d’avoir des redirections sanguines aléatoires. Ça doit être gênant au quotidien, surtout quand on porte des costumes, nom de nom. Alors deux options mon Christian : soit tu es monté comme un enfant de 2 ans et ça ne se voit pas, soit à force d’avoir un truc rigide entre les jambes, je ne sais pas moi, fais un truc ; agrippe-le et va jouer au Quidditch. En plus tu verras, il y a des cognards, tu vas adorer.

Même si bon : voler au-dessus de Poudlard en agrippant son zboub, c’est probablement un coup à faire perdre 5 points à Gryffondor.

Après des pages et des pages de mails sans intérêt qui permettent à l’auteur d’épaissir le livre (oui, car à chaque mail, vous avez une demie-page de « De : … À : … Date :…  Heure : … Objet : …« , etc), voici qu’enfin, nous voyons la lumière au bout du tunnel. Ne croyez pas pour autant que ça s’améliore : je vous rappelle de quel livre nous parlons.

Car ce soir, pendant qu’Ana est en vadrouille, lui ne se prive pas pour aller dîner avec Elena, la pédophile qui l’a initié au sexe (je vous ai déjà dit combien ce livre était sain et de bon goût ?). Après avoir glissé des glaçons dans son vin, comme le veut son excellent goût qui lui vaudrait le peloton d’exécution s’il venait à poser le pied en France, et entre deux tentatives d’offrandes de bonbons et de covoiturage en camionnette de la part d’Elena (elle est la fondatrice du site Baballscar,  covoiturage, jeux amusants et location de camionnettes), la bougresse se montre surtout intéressée par la rumeur qui dit que Chrichri aurait une nouvelle soumise dans sa vie.

Christian s’épanche alors pour dire que oui, mais non, parce qu’elle n’a pas encore signé le contrat, et tout, et que du coup, c’est pas encore une soumise, mais que rien que de penser à elle, Gryffondor vient encore de se taper 5 points de sanction, bon. Elena ne comprend pas vraiment cette histoire de Gryffondor, mais lui recommande d’aller rapidement convaincre la bougresse de se rendre à ses arguments. Et donc, de lui rendre visite là où elle est en ce moment, à savoir de l’autre côté du pays.

Il n’en faut pas plus pour que des bulles de guimauve se forment à la surface de l’âme café au lait de Christian : merci, belle amie ! Qui de mieux qu’une pédophile pour avoir des conseils de drague ? Christian a tout appris d’elle : comment jouer le mystère, comment impressionner avec sa voiture, comment faire disparaître un corps et un cartable Spiderman...

Bref.

Le damoiseau approuve, et demande à ce que son jet privé soit prêt à partir pour l’autre bout du pays. Guidé par le compas enchanté qu’est sa constante turgescence, il s’en va donc retrouver Ana, avec une maigre excuse de travail pour faire bonne figure devant ses employés (« J’ai un truc à voir. Mais si, vous savez, dans ce bled paumé où il y a ma meuf. Et si je peux y aller seul… mais siiii, c’est pour le travail ! Quoi ? Comment ça « Si je pouvais arrêter de bander quand je parle ? » Quel touprout ! Pardon, toupet. Hé, ho, ça va hein ! Quand on a eu son éducation par une pédophile, on a des tics de langage, aussi, spamafote. »)

Son jet privé s’envole, et à bord, l’auteur arrive même à nous caler la marque de l’eau que boit Christian, car on ne fait jamais assez de publicité. Et bientôt, il se pose non loin de là où Ana se trouve, sans savoir que le plus gros psychopathe du pays est en route…

Alors, Ana va-t-elle l’aider à retrouver des sous-vêtements normaux au lieu du cirque Pinder qui lui sert de slip ? Christian va-t-il lui offrir un cartable Spiderman pour lui faire passer un message ? Et surtout, va-t-il découvrir qu’il a beau vider les avions, il y a des hommes partout, dans les rues, les bars, les hôtels, partout autour d’Ana, que c’est une véritable invasion ?

Le mystère est total. Vivement le prochain épisode, alors !

Ah ? Attendez, j’ai écrit « Vivement » ?

Oubliez.



Dunkerque –édition top budget

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« Diego, mauser.« 

Diego s’écarte vivement pour éviter la porte d’entrée que je claque vivement avant de jeter un ticket de cinéma froissé dans la poubelle. Devant l’attitude hébétée de mon serviteur, je suis obligé de lever un sourcil pour lui signifier que mon juste courroux pourrait se retourner contre lui s’il ne se sentait pas bientôt le besoin d’accélérer quelque peu ses manœuvres.

« Patron, vous êtes énervé.
– Nullement Diego. C’est juste que le reste du monde est bien trop passif en comparaison. Sais-tu ce que je viens de voir, Diego ?
– Dunkerque ?
– Non. Non, si j’avais vu Dunkerque, j’imagine que j’aurais vu des hommes fatigués sur de longues plages regarder, abasourdis, la destruction des équipements qu’ils avaient ramené jusqu’ici au péril de leurs vies. J’aurais vu des spitfires glisser entre les colonnes noires de fumée s’échappant de navires aux coques éventrées. J’aurais vu les regards inquiets d’officiers britanniques recevant heure par heure les rapports du front Français retenant l’ennemi. J’aurais vu des flottes aux étendards désunis se croiser pour rentrer dans un port rempli d’épaves. Oui, j’aurais sûrement vu tout cela, mais à la place, j’ai vu ça.« 

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« Que… oui, et alors ?
– Et ça, aussi. »

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« D’accord, mais je…
– Ho, et ai-je parlé de ça ? »

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« D’accord patron, vous voulez dire que vous, vous ne mettriez pas cinq étoiles au film ? Pourtant la critique est unanime.
– Non Diego. Ce film, je ne lui mettrais qu’une étoile, et encore, sur le pyjama avant de l’envoyer en Pol…
– Heu, patron vous feriez mieux de vous arrêter là.
– Non Diego. Sois un bon serviteur et va donc faire chauffer le moteur, j’ai à faire.
– Je vous attends dans la voiture alors. »

Je jette un regard où point une lueur de haine en direction de mon serviteur.

« Non Diego. L’autre moteur. Pas celui de la voiture.
– L… l’autre ? Patron, vous comptez vraiment prendre le st…
– Plus vite margoulin, et par ailleurs, j’attends toujours mon mauser. J’ai la justice à rendre. Souvenons-nous de
Dunkerque ! »

Pendant que Diego s’active, j’imagine que vous, humbles lecteurs, souhaitez savoir : alors, Dunkerque, est-ce énervant parce que c’est si bien qu’intouchable, ou au contraire, est-ce que cela donne envie de bombarder l’Angleterre ?

Spoilons, mes bons !


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L’affiche. Il y a des flammes. Vous savez tous très bien ce que ça veut dire.

Notre film s’ouvre sur une rue française triste et déserte, sur laquelle des tracts allemands tombent en tournoyant. Qu’annoncent-ils, en ces tristes jours de débâcle de 1940 ? Tout simplement que Dunkerque est encerclée, et que bientôt, ce sera choucroute pour tout le monde. Cette menace gastronomique est si odieuse que même des soldats anglais qui errent dans les rues font la moue, ce qui n’est pas peu dire.

Ces derniers ne sont visiblement pas affolés pour autant. Ils se promènent au beau milieu de la rue, s’arrêtent ici pour boire un peu d’eau à un tuyau d’arrosage ou jeter un œil au travers des fenêtres des maisons, bref, ce n’est pas la grosse panique.

Quand soudain : ratatata, ratatata, des balles fusent dans tous les sens !

Comment ça, vous voulez dire que les Allemands étaient juste derrière eux ? Qu’ils n’étaient pas en territoire contrôlé ? Mais alors d’où flânaient-ils à découvert ? Ai-je loupé quelque chose ? Est-ce qu’en temps de guerre, il fait bon se promener sans précaution ? Voilà une bien belle note de réalisme pour commencer ce film. Peut-être qu’une suite pourrait nous raconter le concours du plus beau parterre fleuri de Stalingrad en 1942 ?

Mais bon, on va dire que ce n’était rien. Se planter dès la première scène, ça arrive, mais je suis sûr que nous allons nous rattraper. Ainsi, les soldats se jettent à couvert au son des balles et…

Ah.

Ah ben non en fait. Ils font exactement l’inverse, usant ce la célèbre technique dite du « Et si on courrait en ligne droite à découvert ?© »

Bon, très bien. Ma mauvaise foi n’est même pas sortie de son étui que ce film est déjà lancé sur une pente savonneuse.  En tout cas, à stratégie débile, résultats évidents : tous les soldats britanniques se font tuer l’un après l’autre, sauf un, que nous appellerons Bibi, qui parvient jusqu’au bout de la rue au moment où comme par enchantement les Allemands s’arrêtent de tirer sans raison autre que d’arranger le scénario en ne le tuant pas.

Bibi se trouve à un embranchement : il peut prendre à droite ou à gauche. Bibi choisit donc de…

Il va tout droit ?! Que ! Mais ! Diego mais c’est pas vrai, mais c’est Prométhéus qui recommence ou bien ?

Car oui, Bibi se dirige droit vers un mur. Mais bon, comme il y a un portail, il se dit « Allez, on me tire dessus à la mitrailleuse, c’est le moment de me faire une petite séance d’escalade pour rester en forme. Les Allemands, qui respectent cela, tirent partout sauf sur lui, car ils sont comme ça, ils sont respect, ils sont amitié, ils sont foot de rue. Ainsi aidé par la médiocrité du script, Bibi parvient à se cacher de l’autre côté du portail, malgré les balles qui fusent désormais au travers. Bibi est cependant grognon, et décide de riposter en… en tirant sur le portail ?!

« Raaah, enfoiré de portail qui envoie des balles, prends ça ! « 

Bon. Bien. Que… écoutez, qu’est-ce qu’il se passe ? Est-ce que cet homme combat les Allemands ou bien a-t-il été traumatisé par un vendeur de chez Lapeyre ? Devant la confusion générale qui doit s’emparer de vous autant qu’elle infusa mon âme en cet instant précis, permettez-moi de tenter une explication.

Le salaire de Christopher Nolan pour ce film était de 20 millions de dollars. Ce qui visiblement, a quelque peu grévé le budget, forçant l’équipe du film à tourner le reste avec ce qu’ils ont pu trouver chez Colruyt. Résultat : ça se sent, et nous en parlerons tout du long. Par exemple, vous ne verrez pas de soldats allemands. Non, pas un. Ce qui est dommage vu le sujet du film, m’enfin bon, hein, vous faites comme vous voulez, hein. À la place, nous supposerons donc que Dunkerque est encerclé par des nazis ninjas, d’où ces invisibles attaques qui ne partent d’aucun fusil. Je comprends mieux la déroute de 1940. Contre des ninjas, c’était chaud.

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En cas de guerre et si vous êtes poursuivis, n’oubliez pas de toujours bien courir au milieu de la rue.

Du coup, je comprends aussi mieux que Bibi tire n’importe où, notez, si l’ennemi est invisible. Depuis le début, il doit avoir l’impression d’être attaqué par le mobilier urbain. Cela dit, revenons à notre héros, qui après avoir courageusement vaincu un portail en bois et à force de cavalcader, finit par tomber sur une barricade de Français devant la plage de Dunkerque, qui protègent le périmètre des Allemands. Bibi les dépasse, et arrive sur la plage où il est temps… de faire caca.

… attendez. Je plisse les yeux. Hmmm. Non, c’est ça. Nolan nous propose une fabuleuse scène de caca. Sûrement un hommage à la carrière de l’acteur qui incarne Bibi, habitué à produire de la merde, puisqu’ex-chanteur des One Direction.

Qu’est-ce. Que je. Regarde ?

Pendant que Bibi décore la plage de Dunkerque tel un touriste taquin, il aperçoit tout près de lui un autre anglais qui enterre quelque chose. Sa propre crotte, peut-être ? Il va aller lui demander. Attendez, non, c’est très gros ce qu’il enterre. Peut-être y a-t-il eu ouverture des célèbres rations tex-mex dans un autre régiment ? Hé bien nenni ; en réalité, c’est un camarade qu’il enterre, et à qui, en sus, il a visiblement piqué les grolles. Les deux hommes n’échangent pas un mot, mais visiblement, chier à côté du corps d’un copain, ça rapproche : ils deviennent en un regard les meilleurs amis du monde. On appellera le nouvel arrivant Francis, qui est probablement secrètement scatophile, ce qui expliquerait aussi sa présence dans ce film.

Bodega Bay

« Mais j’ai super envie de caca ! »

Bibi et Francis se mettent à errer sur la plage où visiblement, la production top budget a oublié qu’à Dunkerque, c’était le bordel. Il n’y a donc pas un canon, pas un véhicule abandonné, non, Dunkerque en 1940, c’est une plage impeccable, il n’y avait plus qu’à poser sa serviette. Mieux, elle est lisse et immuable telle les fesses d’un boys band, tant comme chacun sait, plusieurs milliers d’hommes piégés sur une plage ne la piétinent sûrement pas. D’ailleurs top budget toujours : les bombes larguées ne font pas de cratères Apparemment, quelqu’un a oublié ce détail. Ho, et vous ai-je parlé du fait que selon les plans, il y a ou non des bateaux dans le lointain ?

Tant d’argent, si peu de travail : je crois que Pénélope Fillon s’est mise au cinéma.

Je profite de cet instant pour vous glisser que déchéance Nolanienne oblige, tout le film est accompagné d’une musique lancinante, ainsi que du tic-tac d’une montre, qui permettra aux critiques de se tripoter le roudoudou en s’exclamant « Quelle belle retranscription du temps qui passe et de la tension insoutenable ! » et aux êtres humains ayant suffisamment d’amour propre pour ne pas lire les Inrocks d’ajouter que « C’est vrai que ça rappelle à quel point ce film est longuet« .

Par ailleurs, sur la plage, le réalisme n’en finit plus. Par exemple, depuis le début du film, en réalité, il n’y a pas eu un seul dialogue, aucune exclamation. Et ça continue : sur la plage, pas un soldat n’ouvre la bouche. Visiblement, c’était 1€ de plus pour avoir des figurants un peu vivants, alors non. Les blessés n’appellent pas, les soldats ne discutent pas, ne s’inquiètent pas, non, mieux encore, ils attendent en jolies files indiennes, les pieds dans l’eau. Ce qui est conceptuel sachant que les soldats attendent rarement les pieds dans l’eau, surtout quand il n’y a pas de bateau en face, à part si leurs officiers ont envie de tous les faire tomber malade ou s’ils ont envie de se noyer avec la marée montante.

Bien bien bien. Nous n’en sommes qu’à la deuxième scène, et Diego est déjà obligé de fermer les fenêtres pour contenir mes hurlements de dépit.

Mais revenons à nos moutons. Car alors que Bibi erre sur la plage à la recherche d’une file de soldats à laquelle se greffer pour attendre lui aussi un embarquement théorique les pieds dans l’eau, voici que l’on entend un bruit grossir dans les cieux :

Vrrrroooooooooooooon…

Ce bruit – et vous noterez que je l’imite super bien – est celui de stukas. Car trois de ces avions sont en train de piquer vers la plage, et les sirènes qui équipent ces appareils mythiques se mettent donc à vrombir, semant la terreur dans le cœur des Britanniques au-dessous.

Sauf que là encore, je vérifie…. non, c’est bien marqué « guerre » et non « comédie » dans le type de film. Pourtant, j’ai trouvé la Septième Compagnie au clair de lune plus réaliste, je crois.

Car déjà, visiblement, Christopher Nolan n’a jamais pensé à regarder la moindre vidéo youtube de stukas, et donc, ceux-ci ne font pas leur légendaire piqué-retourné, et se contentent de larguer leurs bombes vaguement à plat. Bon, mettons que je chipote. Ajoutons que quiconque a déjà lu un témoignage de rescapés de Dunkerque a sûrement entendu parler des mitraillages de stukas. Ici, les stukas sont sympas, ils ne tirent pas. C’est que, faudrait pas blesser quelqu’un. Et surtout, le top du top : les stukas sont trois, chacun largue une bombe…

Il y a neuf explosion. Normal.

Vous ai-je dit qu’en plus ces explosions se faisaient dans un ordre impeccable, parfaitement rythmé et en avançant régulièrement, façon tir d’artillerie et sans aucun rapport avec quand et comment les avions ont largué ? Ai-je ajouté qu’on ne voit pas les bombes toucher le sol, hop, elles sont parties en vacances entre les deux et c’est juste un peu de sable qui se soulève avant que la plage ne redevienne impeccable dans le plan suivant ? Et que quand elles touchent le ponton, elles ne détruisent rien et font juste un trou façon rayon laser parce que les bombes, c’est connu, quand ça explose ça détruit tout uniquement sur 50 centimètres ?

Je ne plaisante pas. On a connu des webséries mieux faites.

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La plage de Dunkerque en 1940 selon l’Histoire.

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La plage, toujours, les Messieurs en moins.

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Et maintenant, la plage selon Christopher Nolan, bien propre et nette, pas une voiture mal garée. Et oui, c’est un film top budget : mêmes les figurants sont en carton.

D’ailleurs, sachez aussi qu’à part un Anglais qui tire vaguement au fusil sur les avions, personne ne réagit, la plage n’a aucune défense, et encore une fois, les figurants bougent mollement et sans un cri, sans une parole pendant qu’ils se font plomber le roudoudou. Et durant le reste du film, ils ne bougeront même plus durant les bombardements. Sûrement par solidarité avec les figurants en carton. Ah non mais moi j’essaie de comprendre, hein.

Une fois les stukas disparus à l’horizon, nos fiers soldats se relèvent. Bibi et Francis réalisent alors qu’il y a une opportunité de se barrer : un navire hôpital va quitter le seul quai d’embarquement de la plage. Vite ! Nos héros vont récupérer un blessé abandonné sur un brancard sur la plage, et filent en courant vers le navire.

Profitons-en pour signaler autre chose : c’est un film de guerre mais il n’y a pas de sang. À part un peu de mercurochrome sur le pansement d’untel ici ou un bobo à la tête là, quand quelqu’un savoure le parfum délicieusement plombé d’une balle ou d’une bombe, il se contente de tomber avec le même naturel dont Nolan nous avait déjà béni par la grâce de Marion Cotillard.

« Guerre« , donc, je vous le rappelle. Et non « Téléfilm M6« .

Mais revenons à Bibi et Francis, qui cavalcadent jusqu’au ponton menant au navire qui va partir. Autour d’eux, de temps à autre, un peu d’eau se soulève : y aurait-il une baleine dans le coin ? Non, me dit-on : ce sont des obus. Mais des obus silencieux semble-t-il, car ils arrivent sans un bruit. Sûrement des obus ninjas : on les reconnaît à leur petite cagoule. Et comme dit plus haut : ils sont tellement discrets que même les acteurs n’y réagissent pas.

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Hans et son fidèle obus ninja, 1940, colorisé.

Sur le ponton, nos héros croisent aussi un groupe de Français qui font chier en voulant embarquer. Un Anglais leur explique donc que ouais, bon, hé, ho, non, ici on embarque des Anglais seulement, cassez-vous. Mais les Français se contentent de faire chier et de pousser de petits cris indignés, usant probablement de leur ADN national de CGTistes.

D’ailleurs – oui, décidément – l’Anglais évoque des « navires pour les Français« . Ce qui serait intéressant si le film nous montrait le port de Dunkerque. Mais non, vous ne verrez que la plage. C’est dommage, sachant que le plus gros de l’évacuation s’est très largement faite du port, et non de la plage. Mais c’est pareil : plus de budget, désolé les amis, hihi ! Si seulement on avait eu 20 millions de dollars de plus, pas vrai M’sieur Nolan ? En tout cas, c’est audacieux d’appeler son film Dunkerque et de ne pas montrer Dunkerque. Un peu comme si je faisais un film appelé La bataille de l’Atlantique qui se déroulerait intégralement à Melun.

Et non, le film n’évoque jamais ce point de détail. Si on écoute les officiers qui discutent entre eux ici ou là pour répéter en boucle « D’ici, on voit la patrie« , eux expliquent tranquillement que sur cette plage, il y a 400 000 hommes, et qu’il n’y a que ce ponton pour les évacuer.

Sauf que c’est faux. Mais on n’est plus à ça près, pas vrai ?

Enfin. Toujours est-il que Bibi, Francis et leur blessé atteignent le bateau qui part, mais les officiers du cru font descendre Bibi et Francis car ils ont bien compris que ce n’était qu’un prétexte pour embarquer, bande de canaillous. Les deux malheureux bougonnent un peu, Bibi fait des remarques désobligeantes quant à la sexualité des mamans des présents, puis ils se cachent sous le ponton dans l’espoir de s’accrocher discrètement au prochain bateau qui viendra s’amarrer, telles des moules commandos (il y a bien des obus ninjas, alors vous savez).

Hélas pour eux, alors que le bateau s’apprête à partir…

Vrrrrroooooooooooon…

D’autres stukas ! Et qui apparemment, ne volent que pas trois parce que c’est le seul matos que l’équipe avait, avant de refaire d’improbables largages de bombe qui endommagent le bateau d’évacuation. Le navire coule donc, non sans endommager l’unique ponton de la plage ! Palsembleu ! C’est donc aux troupes du génie anglaises de bricoler un nouveau ponton, avec des camions surmontés de planches, en invoquant l’esprit sacré de Mac Gyver. Soit.

Ho, au fait : c’était le dernier bombardement de la plage du film. Oui oui. A partir de maintenant, je le rappelle, la plage est propre, belle, tranquille et même pas mitraillée.

Quelle tension mes petits amis ! Comme tout cela est bien retranscrit ! La tension est palpable : Brian va-t-il mettre du sable dans sa boîte à sandwich ? William trouver un vendeur de chouchous ? Et surtout, qui a piqué le jokari du colonel ?

Je n’en puis plus. Imaginez Il faut sauver le Soldat Ryan, sauf qu’au début, les soldats Allemands sont à la pêche. Voilà. Disons que quand des critiques vous parlent « d’immersion » concernant ce film, je pense qu’ils veulent dire qu’il est temps de les noyer.

Pendant que je frappe un sac de chatons contre l’ensemble de mon mobilier pour exprimer mon désarroi, laissez-moi évoquer un autre élément : le montage du film. Pour faire plus artistique, il est dans le désordre : on a des scènes de jour, puis de nuit, puis de jour à nouveau, puis pas du même jour, puis d’avant, puis d’après, puis… bref. Comme le film nous montre régulièrement la même scène vue de trois points de vue différents, ce qui permet de gagner du temps de pellicule, en les séparant, ça fait plus artistique et ça lasse moins le spectateur avec très peu de contenu. Mais pour les besoins de ce spoil, votre serviteur a préféré remettre de l’ordre dans tout ça. Cependant, si vous voulez vraiment recréer l’esprit unique du film, prenez un grand rail de coke, tournez sur votre chaise de bureau tout en faisant clignoter votre écran, et vous devriez rendre à peu près ce que l’on ressent devant la cohérence de ce chef d’oeuvre.

En attendant, revenons à Bibi et Francis, qui cachés sous leur ponton, voient le navire d’évacuation couler. Sympas, ils aident les soldats écossais qui étaient à bord et ont sauté à se sortir de l’eau, et désormais, traînent avec eux, puisque d’après les officiers, c’est le prochain régiment à évacuer. Et puisque leur navire a coulé, on va leur en trouver un autre, on va regarder sur Bloubloucar s’il n’y aurait pas un co-batelage bientôt.

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Ici, nos héros baignent dans l’écume ruisselante des babines de milliers d’historiens à la vue du film.

Et effectivement : la troupe trouve un second navire pour embarquer, et cette fois-ci, met bel et bien les voiles vers l’Angleterre. Sauf qu’alors que la nuit est tombée et que la plupart des hommes sont dans les entrailles du navire à recevoir soins, couvertures et tartines de Nutella, un u-boot taquin envoie une torpille qui l’est tout autant dans la coque du frêle esquif, ce qui l’ouvre vaguement en deux. Nombre de soldats se retrouvent prisonniers du navire qui sombre, alors que Bibi, Francis et quelques amis arrivent à sauter à l’eau. Il y a bien des canots de sauvetage, mais ils sont déjà plein, et un officier britannique du nom de Fifi (je ne sais même plus si les personnages avaient des noms, c’est dire), très calme, leur lance que tout va bien se passer. Lui et son canot retournent à Dunkerque pour attendre un nouveau navire capable de traverser la Manche. Quant à Bibi et Francis, ils sont renvoyés aussi à Dunkerque, oui, mais eux parce qu’ils sont rejetés par la marée comme de gros baleineaux.

C’est donc le retour à la case départ pour nos amis. Qui ne le prennent pas trop mal : après tout, la plage n’est pas mitraillée et tout est parfaitement silencieux, alors bon. Hé les copains, si on se fouettait les fesses avec nos serviettes de plage en attendant l’évacuation ? Holala, quelle tension ! Heureusement que ce n’est pas la guerre, sinon on serait bien emmerdés !

Pendant ce temps, de l’autre côté de la Manche, découvrons de nouveaux personnages, peut-être plus intéressants qu’un chanteur des One Direction. Et commençons avec Touvieux, le vieux capitaine d’un chalutier qui s’apprête à partir en mer avec son fils que nous appellerons Fiston, et un second matelot, le jeune Neuneu, dont le nom devrait suffire à résumer son niveau intellectuel, qui ne détonne pas spécialement au vu de celui du film. Touvieux voit son bateau réquisitionné par la marine royale anglaise pour aller aider à évacuer les soldats de Dunkerque. On lui demande de livrer son navire à un officier et quelques marins, mais Touvieux est un bon patriote : il préfère épargner cet effort à la marine, et décide d’aller lui-même avec ses deux gais compagnons en direction de Dunkerque, comme d’autres civils qui n’attendent pas que l’armée prenne le contrôle de leur bateau pour se rendre utile.

L’occasion de constater que nullité crasse oblige, en fonction des plans, tantôt le chalutier est au milieu d’une dense flotte d’autres petits navires (logique), tantôt il est seul au milieu de l’océan parce que la réalisation s’est encore plantée et a oublié de rajouter les autres navires en post-production. Ça arrive tout le film, on ne le pardonnerait pas à un stagiaire, mais c’est Nolan et la photographie est jolie, alors bon, hein, hé, ho.

Bref. Alors que le chalutier vogue fièrement vers la France, il croise au beau milieu de la Manche la poupe retournée d’un navire coulé, au sommet duquel se trouve un soldat anglais, assis, seul.

Et ce soldat, on apprend par un flashback que c’est Fifi, l’officier qui commandait la barque retournant vers Dunkerque qui a laissé Bibi et Francis en plan !

Attendez, mais pourquoi nous montrer ce flashback à part pour souligner que c’est incohérent ?! Il n’était pas du tout sur un gros bateau, mais en barque ! Et puis comment s’est-il retrouvé tout seul ? Où sont les autres ? D’où sort ce bateau retourné qui ne peut pas être le sien ? Et puis tiens, pouf, il est traumatisé, parce que son navire « a été coulé par un u-boot« , explique-t-il une fois à bord.

Mais tout à l’heure quand c’est arrivé tu n’étais pas traumatisé ?! Et d’où tu racontes ça alors que tu avais réussi à quitter le navire et à évacuer dans le calme ? Pourquoi ce flashback ? Pourquoi souligner que c’est n’importe quoi ? Pourquoi ce film ? Pourquoi MOI ?

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Tout n’est cependant pas à jeter dans ce film. Comme par exemple, les tartines, car on ne gâche pas.

Alors on me dira « Non mais peut-être que sa barque a été coulée, peut-être qu’il a perdu ses hommes, peut-être qu’il a trouvé cette épave qui dérivait, peut-être… »

Oui mais c’est ce qu’on appelle le syndrome de Prométhéus : expliquer les incohérences en disant que peut-être, dans des scènes qui n’existent pas, peut-être qu’il se passe quelque chose qui explique tout. Oui mais non. Parce que je peux aussi bien dire que peut-être qu’il a été kidnappé par des aliens, peut-être qu’ils l’ont emmené faire du manège sur la place de l’hôtel de ville de Charleville-Mézières, peut-être qu’il a mangé trop de barbe à papa et qu’il décorait la soucoupe volante de flaques de vomi, et que peut-être, du coup, qu’ils l’ont ramené là avant de lui effacer la mémoire.

C’est pas plus étayé que l’autre explication, mais ça rend presque le film meilleur.

Passons, et laissons Fifi monter à bord du chalutier où il est tout traumatisé et s’énerve : non, il ne veut pas retourner à Dunkerque. Là-bas, il n’y a que « la mort« , dit-il. J’imagine qu’il parle du fait qu’on s’ennuie ferme sur cette plage trop tranquille, et non d’une quelconque histoire de guerre puisqu’il n’y en a pas là-bas. Touvieux insiste quand même, lui dit que bon, ils ont des troupes à évacuer, mais Fifi devient foufou, s’énerve, et dans un élan de colère, colle une mandale à Neuneu, qui dévale l’escalier de la cale et se fait bobo à la tête. Fiston vient l’aider, l’allonge, le panse, mais Neuneu est en petite forme. Il a de la fièvre, délire, dit qu’il rêvait un jour d’impressionner ses profs en faisant quelque chose d’utile de sa vie, un truc dont parlerait le journal local…

Finalement, je crois que je préférais quand il n’y avait pas de dialogues.

Pendant que nos valeureux marins continuent vers Dunkerque malgré les protestations de Fifi, tournons-nous vers les personnages qui vont nous offrir le troisième point de vue de ce film : les aviateurs. Ici représentés en la personne de Bob, un fier pilote de spitfire qui quitte l’Angleterre pour aller couvrir Dunkerque en compagnie de son chef, Jean-Jacques leader, et de son ailier, Jean-Jacques tout court.

Oui, d’ailleurs, dans ce film, les avions ne volent que par trois. Les spitfires, les stukas, les autres… toujours pas trois. Yoda aurait sûrement des choses à dire là-dessus, mais comme il monte ses phrases comme ce film ses scènes, on s’en passera volontier.

Les amoureux d’histoire et d’aviation seront heureux de découvrir que nos héros volent à… 150 mètres d’altitude. Oui, au ras de l’eau. Comme ça, ça fait de jolies photos pour le film, par contre, ça veut dire que ces gros couillons peuvent se faire tomber dessus sans réagir à tout moment. Le chef du trio déclare même sur la radio « Attention aux Allemands, ils viendront du soleil !« 

Si tu sais qu’ils vont venir du dessus, pourquoi ne montes-tu pas ? Mais non : c’est plus rigolo de souligner volontairement une énième incohérence.

Heureusement pour nos héros, les Allemands aussi volent à 150 mètres d’altitude. C’est comme ça, c’est plus convivial. Ils sont sympas ces Allemands, quand même. On devrait les inviter plus souvent. Toujours est-il qu’alors que nos héros filent au-dessus de l’eau, ils aperçoivent un chasseur teuton qui se promène seul. Je préfère ne même pas me demander pourquoi, mais admettons. Les Anglais prennent l’Allemand en chasse, et nous découvrons que Bob est probablement le pilote le plus nul de la RAF, puisqu’il tire… lorsque l’ennemi est dans son viseur. Alors que même à l’écran, ils montrent bien que les balles de mitrailleuse, ben ça ne touche pas instantanément l’ennemi, il y a un léger décalage et qu’il faut donc anticiper. Mais non, Bob est un couillon, et quelqu’un a même payé des effets spéciaux pour montrer à quel point les balles, ben ça ne marche pas comme ça.

Je… sérieusement ? Qu’est-ce ce film tente de faire à part me liquéfier le cerveau ? Diego, laisse tomber les sacs de chatons, passe-moi directement mes bolas lestés aux chatons, que je les lances dans les genoux des enfants du voisin. J’ai besoin d’entendre des cris de douleur. Beaucoup. Probablement pour couvrir les miens.

Après un combat particulièrement mauvais où le pilote Allemand a probablement collé une vignette à l’arrière de son avion « Tire-moi dessus, je suis dépressif« , le Messerschmitt 109 est abattu. Bob réalise alors que dans la mêlée, Jean-Jacques leader ne répond plus. A-t-il été touché, et si oui, par qui ?

TATATATATATA ! Une second chasseur allemand passe à toute allure, mitraille Bob, les balles font éclater des cadrans de son cockpit et…

« Allô, Jean-Jacques tout court, on fait un petit tour pour repérer si Jean-Jacques leader est encore en vie ? Hmmm ? » déclare très calmement Bob.

QUOI ? Attendez, ho, stop ! Stop ! Bob vient de se faire mitrailler à l’instant, un avion de chasse ennemi vient de le survoler, et il n’y pense déjà plus ? Jean-Jacques tout court non plus ? Mais ?! Sérieusement ? Vous imaginez un film, vous, où une fusillade éclate soudain dans une banque et dans le plan suivant, le guichetier demande à Madame Michu combien de chèques elle veut encaisser alors que les braqueurs ont tous disparu sans explication mais qu’il y a encore des impacts partout ?

Ben voilà. C’est exactement ce qu’il se passe.

Je dois dire qu’on a rarement atteint un tel niveau de ratés. Ce film risque de recevoir la médaille de Prométhéus, avec palmes.

Je continue encore où ça suffit ? Je continue ? Ah, c’est vous qui voyez, parce que moi, je crois que je ne vois plus après pareil supplice de la rétine. Donc, puisque l’Allemand mystérieux s’est téléporté hors du script sans explication, Bob et Jean-Jacques tout court aperçoivent en effet Jean-Jacques leader qui a été abattu dans la Manche. Ils sont tristounets, mais la mission doit continuer.

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Au passage, regardez bien, les balles ont pété les cadrans de Bob, mais pas son cockpit. Tout comme le pilote allemand, ses balles savent se téléporter.

Ils se remettent donc bien à une altitude pourrie, histoire de continuer à être vulnérables, et Bob s’inquiète un peu :

« Jean-Jacques tout court, j’ai un souci.
– Oui Bob ?
– Ma jauge de carburant est pétée.
– Juste la jauge ?
– J’espère.
– Tu veux que je suive la procédure historique et que je passe sous ton avion pour voir si tu as une fuite ?
– Hahahaha, un truc historique ! Dans ce film ! Non, ne le propose même pas.
– D’accord.
– À la place, tu vas plutôt me dire à combien tu es de carburant, et moi, je noterai tout ça sur mon tableau de bord grâce à ma fidèle craie que je n’oublie jamais d’emmener dans mon cockpit pour me marrer en dessinant des kikoutes sur les instruments.

– Okay… il me reste 50 gallons d’essence.
– 50 gallons ? Que ? Attendez, c’est quoi ce chiffre ridicule ? Avec ça, un spitfire ne vole même pas 30 minutes ! Et en combat, on n’en tiendra pas 10 ! 
– Oui mais Nolan n’a pas pensé à se renseigner, il s’est dit qu’en balançant des chiffres au hasard, ce serait super.
– Génial ! Putain, c’est aussi crédible que nos moteurs d’avion qui ne font pas plus de bruit que celui d’une Twingo ! Qu’est-ce que ce film est bon ! 
– Est-ce qu’on parle des passages où l’équipe effets spéciaux s’est ratée et où on peut s’apercevoir que certains avions sont des maquettes ?
– Arrête de me faire marrer, je fais trembler le manche ! »

Bob et Jean-Jacques tout court peuvent donc poursuivre leur mission, et survoler le chalutier de l’ami Touvieux, qui est évidemment un expert en avions et s’émerveille devant la beauté des spitfires. Et ça tombe bien, puisque le chalutier croise un peu plus loin un dragueur de mines qui revient de Dunkerque où il a évacué des soldats.

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L’altitude de combat selon Nolan. À ce niveau, même un mérou un peu agile peut les abattre.

Là encore, le budget figurant a dû manquer : quelques dizaines de soldats attendent sur le pont, alors qu’il y a de la place pour bien, bien plus. Que… qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Hélas, pas le temps d’avoir ces considérations : à l’horizon viennent d’apparaître – mais oui ! – trois avions allemands. Un bombardier et deux chasseurs. Vite ! Bob et Jean-Jacques tout court commencent la chasse. Bob attaque le bombardier, qui riposte mollement, une seule mitrailleuse à la fois, et en ne tirant pas trop, pendant que Jean-Jacques s’occupe des chasseurs.

Pendant ce temps, à bord du dragueur de mines, les soldats se postent aux défenses anti-aériennes, aperçoivent le bombardier qui vole bas et en ligne droite vers eux et…

… le pointent du doigt. Sans tirer.

Laissez-moi deux minutes que je hurle dans mon coussin en peau de blogueuse mode. Rmmmmmmmffffraaahmmmfff. Ahem. Voilà. Excusez-moi : on reprend.

Les deux avions anglais ont tôt fait d’abattre chacun l’avion qu’ils ciblaient, et on découvre avec consternation que dans ce film, tout avion est endommagé de la même manière, c’est-à-dire avec les effets spéciaux des années 70. Pop, un pot de fumigène, l’avion fume blanc par le-dessous, et merci bonsoir. Non, pas d’autres dégâts. Mes doigts saignent à écrire cela mais : même Ben Affleck dans Pearl Harbor durant la scène de la bataille d’Angleterre était plus crédible. Et pourtant, le film avait 15 ans d’effets spéciaux et 10 millions de dollars en moins. Et ne volait pas bien haut non plus. Quant au film La Bataille d’Angleterre, lui aussi faisait au moins l’effort de varier la couleur des fumigènes pour ne pas que ça se voie trop. Et pourtant, il date de… 1969. Et fait mieux qu’un Nolan en 2017. Fabuleux.

Cependant, assez de rappels douloureux et revenons à nos larrons. Car hélas pour Jean-Jacques tout court, il reste tout de même l’un des deux escorteurs du bombardier, qui le mitraille. Pop, son avion se met à faire une jolie fumée bien blanche par le dessous, comme tous les autres, et Jean-Jacques tente un amerrissage. Qu’il réussit.

« Ouf, il va bien ! » s’exclame Bob en décrivant des cercles autour de son ami et en lui faisant coucou.

Parce que oui : Bob était en pleine chasse du dernier escorteur, celui-ci est toujours vivant et vient d’abattre son ami, mais, woh, bof, vous savez, tout ça, c’est très surfait. Il prend donc le temps de faire coucou, avant de reprendre la chasse, et ça tombe bien puisque l’Allemand, décidément serviable, a décidé de voler en ligne droite en attendant pendant une bonne minute. Vraiment super sympas ces Allemands, on vous dit.

À ce stade, je comprends mieux pourquoi Max Gallo est mort le jour de l’avant-première.

Bob peut donc tranquillement finir le 109 ennemi qui, cela vous étonnera, se met à fumer blanc par le dessous sitôt touché. Hé bien, merci, Bob.

Jean-Jacques tout court, lui, est prisonnier de son spitfire qui s’enfonce doucement dans les eaux froides de la Manche. Heureusement, il est sauvé par le chalutier de Touvieux, et hissé à bord avant que tout ce petit monde ne reprenne le chemin de l’Angleterre.

Pendant ce temps, quid de Bibi et Francis, dont les palpitantes aventures vous manquent sûrement, me direz-vous ? Hé bien lui et d’autres soldats ont trouvé dans un coin de la plage hors du périmètre protégé par les Anglais (périmètre qui n’est pas délimité, pareil, pas de budget pour montrer au moins trois sacs de sable et une mitrailleuse anglaise) un chalutier échoué. Lorsque la marée montera, ils pourront filer avec ! Nos valeureux larrons se glissent à bord, s’y cachent et attendent que l’eau monte. Ils ont même la visite du patron du chalutier, qui explique qu’il était planqué dans les dunes, de peur d’être vu par les tireurs allemands, en attendant la marée. Mais voyant son chalutier étrangement alourdi, il est venu voir de quoi il retournait. Et il est donc tombé sur toute une bande de gros relous. Les Anglais l’accueillent : il pilotera le navire, et dès que la mer le permettra il repartira, dès que les vents tourneront, ils s’en alleront.

Mais soudain : ratata ! Les ninjas allemands invisibles attaquent encore ! Ils tirent dans la coque du chalutier, soit pour s’entraîner, soit qu’ils ont aperçu nos héros se glisser à bord. La coque est bientôt criblée d’impacts de balles, qui, curieusement, arrivent des deux côtés du bateau (c’est-à-dire aussi côté anglais, ce qui est complètement con, mais franchement, ça vous étonne encore ?). Les soldats tentent de boucher les trous et les incohérences du script, pendant que l’eau monte et s’infiltre à bord. Pire encore, avec tout ce bazar, le bateau est trop lourd pour flotter, et les Anglais s’exclament :

« Balançons un mec par-dessus bord et ça ira mieux ! »

En même temps, la coque est trouée, ce qui est un plus gros problème, mais si on s’arrête aux détails, aussi, hein. Bref, les Anglais constatent que Francis est louche : depuis le début du film, il n’a pas décroché un mot. Alors certes, comme 99% de la population de la plage, mais lui, c’est plus louche que les autres apparemment. On l’accuse d’être un espion allemand et… Francis révèle en fait être un Français qui a piqué l’uniforme du mec qu’il enterrait au début du film pour être évacué avec les troupes anglaises ! Tout le monde gueule, vilain Français, décidément, vous servez à rien, mais avec les balles qui continuent de trouer la coque, la troupe a d’autres chats à fouetter, et c’est donc un chalutier déjà en train de couler que la marée emporte finalement. Une mauvaise idée ?

Bodega Bay

Le chalutier, ici échoué au milieu du chaos de la plage bombardée de Dunkerque, c’est visible.

Bien sûr que non ! Car pif pouf magie, le chalutier se retrouve instantanément téléporté plusieurs kilomètres plus loin, usant d’un énième trou dans l’intrigue, et dérive donc – bien que coulant toujours, c’est magique – derrière un autre dragueur de mines anglais, que croise en ce moment-même le chalutier de Touvieux.

Et à nouveau… voici qu’un bombardier arrive pour s’attaquer au dragueur ! Un soldat du bord, et un seul, tire dessus durant environ trois secondes, avant de se calmer parce que faudrait pas que ce soit un film de guerre, non plus.

Bob, lui, qui est toujours dans le secteur, aperçoit l’engin. Il sait qu’il va tomber à court d’essence s’il l’attaque. Mais Bob est un héros, alors Bob y va. Grâce à son réservoir d’essence enchanté et à l’aide de sa réserve, alors qu’il devrait être en panne sèche depuis des plombes, il attaque. Et use aussi de ses mitrailleuses à munitions illimitées. Et pour plus de sport, puisqu’il arrive face au bombardier, en plein sur son point faible, à savoir le cockpit…

… Bob va gentiment derrière-lui, fait demi-tour, et l’attaque par l’endroit le plus défendu et où il fera le moins de dégâts. Ce grand bruit que vous venez d’entendre et qui a fait trembler vos vitres, c’est un de mes soupirs. Le bombardier a cependant eu le temps de couler le dragueur de mine qu’il visait, qui chavire et déverse une grande flaque de mazout ce faisant. Lorsque Bob abat le vilain avion allemand (ça alors, il se met à faire une jolie fumée blanche toute propre !), le bombardier allemand s’écrase alors dans la flaque, et met le feu aux pauvres naufragés qui étaient dedans.

Touvieux, lui, a eu le temps de sauver moult de ces naufragés, ainsi que Bibi et Francis, qui étaient en train de couler derrière avec leur chalutier parce que ça arrangeait bien l’intrigue. Tout ce petit monde est donc bien content, tellement que Fiston pardonne même à Fifi d’avoir tué Neuneu (cette phrase est moins absurde que le film, j’insiste), parce que oui, Neuneu est mort de sa blessure à la tête, mais bon, on s’en fout maintenant, pas vrai ?

La flotte de navires civils peut donc continuer son chemin jusqu’à la plage de Dunkerque, où elle est accueillie par des vivas pas très inspirés de figurants endormis, et le war howl poussif d’un destroyer (si vous ne savez pas ce qu’est un war howl, c’est un peu le klaxon d’un destroyer pour dire à Momo de descendre quand il stationne devant l’immeuble ; quand c’est réussi, ça ressemble à ça et oui, je mets plein de liens si je veux, c’est juste pour rappeler comment le film se vautre malgré un budget de fifou)  qui était au ponton à ce moment-là. Tout le monde est heureux, c’est la fête.

Bob, lui, est arrivé jusqu’à Dunkerque, mais enfin à court de carburant, son moteur s’arrête et il plane au-dessus de la plage. L’occasion pour les officiers de justifier pourquoi il n’y a qu’un seul avion, et encore, en rade, qui les survole : la RAF garde ses avions pour la prochaine bataille.

Bon, historiquement, la RAF a fait plusieurs milliers de sorties pour couvrir Dunkerque, mais comme c’est un film top budget, hop, on ne met que trois avions, on ment un peu et on va dire que ça passe. J’imagine que malgré l’arthrite, les pilotes de l’époque doivent encore parvenir à lever un doigt bien haut à la vue de ce film.

Hélas, tout ce bonheur est interrompu par un bruit tristement connu :

Vrrrrroooooooon !

Un stuka solitaire est au-dessus de la plage ! Et pique vers la flottille de navires civils ! Il va largu…

TATATATATA !

Le stuka est abattu en plein piqué par… Bob ! Car oui, alors qu’il planait à basse altitude, le bougre, sans moteur et sans vitesse, a réussi à opérer un demi-tour, s’aligner parfaitement, et mitrailler à la seconde près un avion dont la vitesse le rend très difficile à toucher en plein piqué : c’est n’importe quoi, ça ne rime à rien, mais qu’est-ce que c’est beau !

Les figurants crient « Ouais, ouais ! » avec un entrain digne d’un interlude des Monty Pythons, et la bataille est finie, pif pouf hop, pas d’images, tout le monde est embarqué par magie et rentre au pays. Seul reste un amiral britannique sur le ponton de la plage, qui explique qu’ils devaient rembarquer au moins 30 000 hommes… ils en ont sauvé plus de 300 000. Et maintenant, il reste pour s’occuper des Français, ces gros incapables.

Quel dommage qu’il oublie de dire que pas loin des 250 000 évacués l’ont été par les évacuations du port, qui n’apparaît pas une seule seconde du film.

Tout le monde rentre en Angleterre, où les soldats sont accueillis en héros parce que fuck yeah, God save the king, et tout le monde est super enthousiaste, ce qui surprend – et ravit – Bibi et ses amis. Quant à Touvieux, lui est heureux de ce qu’il a accompli, et Fiston va voir le journal de sa petite ville pour faire de Neuneu un héros à titre posthume, pour avoir courageusement fait du rien pendant l’évacuation. C’est si beau, je pleure des caillots de sang.

Et Bob ?

Hé bien visiblement, il a trouvé un rassemblement de pétomanes dont les vents chauds lui ont permis de planer au-dessus de la plage jusqu’au soir venu (… si, si), et il finit par se poser sur cette plage bien lisse, bien propre et donc, dénuée de tout matériel abandonné, le tout, dans le soleil couchant. Il sort de son avion, y met le feu pour éviter que l’ennemi ne s’en empare, et ah, si, attendez, on voit vaguement deux formes floues qui doivent être des Allemands (comme ça, pas de budget pour leurs uniformes, c’est astucieux !) qui l’arrêtent.

Et…

… FIN !

Okay. Quelque part, Nolan a réussi son pari : il retranscrit particulièrement bien Dunkerque.

Moi aussi, durant deux heures, j’étais dans ce cinéma, prisonnier, avec une grosse envie d’évacuer.

 

Vous ai-je parlé de la lumière et des nuages qui changent en boucle dans la même scène ?


« Encore un cocktail, Monsieur Nolan ? »

Christopher Nolan hoche doucement de la tête pour ne pas faire glisser ses lunettes de soleil, confortablement installé qu’il est dans sa chaise longue. Il balaie du regard la plage où il est installé. Sa plage. Privée, bien sûr. Et savoure l’ironie simple d’avoir pu payer celle-ci avec le salaire record qu’il a obtenu tout en investissant si peu les mésaventures des plages de Dunkerque. Oui, c’est une douce ironie. Et savoureuse avec ça.

Un vrombissement lointain l’empêche cependant de profiter pleinement du bruit de l’océan qui vient lécher sa plage. Il se tourne vers son nouveau majordome.

« Alfred ?
– Monsieur Nolan ?
– Je croyais que j’avais bien dit que ma villa et son terrain ne devaient être survolés sous aucun prétexte. Rappelez les autorités, dites-leur que je ne veux aucun avion civil au-dessus de chez moi. »

Alfred plisse les yeux en fixant le point noir qui s’agite au-dessus d’eux.

« C’est que, Monsieur Nolan, on ne dirait pas un avion civil.
– Allons bon ! Et qu’est-ce alors ?
– Je ne sais pas Monsieur, il manœuvre beaucoup, j’ai du mal à voir. Cela dit, si je puis me permettre Monsieur, c’est cocasse. 
– Cocasse, Alfred ?
– Oui Monsieur, regardez, il s’approche de nous. Ah, c’est bien ce que je me disais, on dirait presque un st… »

Vrrrrooooooooooon…


Valerian et la cité des mille plantages

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« C’est bon Monsieur Besson, nous avons les droits d’adaptation de Tintin et Milou !« 

Le cadre agite joyeusement les contrats fraîchement signés et les dépose sur le bureau de son employeur, qui se gratte la barbe avec satisfaction.

« Parfait. Bon par contre, je trouve que « Tintin et Milou« , c’est un peu long à lire. Il faudrait faire plus court. Genre n’en garder que l’un des deux. 
– Mais, Monsieur Besson…
– Ho, ça va, au début la BD aussi portait juste le nom de l’un des deux ! Alors hein, bon. Je propose que l’on appelle ça « Milou« .
– Heu… est-ce que vous êtes sûr ? 
– Oui.
– Je… très bien Monsieur Besson. Bien, donc « Milou« . Je vais commencer les recherches pour un petit chien blanc.
– Non, oubliez. Je veux que ce soit un pitbull.
– QUOI ?! Mais enfin, vous n’y pensez pas !
– Je ne quoi ? Commencez pas avec vos mots bizarres. Bref, trouvez moi un pitbull. Noir. »

L’employé se frotte les yeux tout en laissant s’échapper un long soupir.

« Écoutez Monsieur Besson… pourquoi avoir racheté les droits d’une oeuvre si c’est pour en faire n’importe quoi ?« 

Luc Besson part d’un grand rire.

« N’est-ce pas l’essence même d’Hollywood ?« 

Vous trouvez cette scène fictionnelle exagérée ? Alors c’est qu’il est temps de parler de Valérian et la cité des mille planètes, le film tiré de la BD Valerian et Laureline, mais où entre les deux, Laureline a visiblement fait le saut. Ho, et Valerian rajeuni de 20 ans. Et changé de personnalité. Tout comme Laureline. Et puis de couleur de cheveux et puis…

Maintenant, relisez la scène ci-dessus évoquant Tintin et Milou. Ça vous paraît débile ?

Hé bien vous n’avez encore rien vu.

Spoilons, mes bons !


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L’affiche : il y a des flammes. Mais surtout, le stagiaire lens-flare était visiblement très en forme.

Tout commence par des images de la conquête spatiale terrienne, et de la première station spatiale internationale. Qui s’est peu à peu agrandie à force d’accueillir des équipages venus de toujours plus de pays : Russie, Chine, Inde, Luxembourg… toutes les superpuissances sont là. On assiste donc à l’arrivée de nombreuses nations, qui chacune ajoute sa petite touche à la structure (la France, par exemple, la tague puis la fait tomber en panne), alors que les décennies passent. Et puis voilà : un beau jour, l’humanité découvre qu’elle n’est pas seule dans l’univers, et ce sont des extra-terrestres qui viennent s’installer dans la station.

Alors bon, au début, ça gueule un peu « Ouiii, les extra-terrestres, moi j’les connais, ils viennent que pour la CAF, ça te fait 28 larves et c’est nous qui payons pour, en plus, ils écoutent de la musique super forte dans leurs vaisseaux, moi j’vous dis, faut rester entre humains » mais avec le temps, tout s’arrange.

À force, la station est devenue monumentale, au point que c’est une véritable cité spatiale où se croisent des espèces venues des quatre coins de la galaxie. Cette station, « Alpha », est donc gentiment surnommée la cité des mille planètes, mais a un petit souci : elle est devenue si grosse qu’elle menace la Terre autour de laquelle elle orbite. Usant de ce motif, la Terre décide de faire greffer plein de petits réacteurs à la station et de l’envoyer explorer l’espace, voilà, parce que c’est connu, une station spatiale bordélique, c’est super pratique pour explorer.

En réalité, c’était bien évidemment un plan pour dégager tous ces étrangers qui flottaient dans leurs préfabriqués un peu trop près de chez nous : l’opération « Calais » est un succès. Ils sont forts ces humains.

Laissons passer quelques siècles, et allons ailleurs dans l’univers, et plus exactement sur la planète Mül. Un lieu fort agréable s’il en est, puisque cette planète propose d’immenses plages de sable fin, des mers bleues et claires, et ben évidemment, des vendeurs de chouchous à n’en plus finir. Et figurez-vous que la planète est habitée par une race paisible, les Mülets, nommés ainsi en raison de leurs problèmes capillaires. L’occasion de découvrir la princesse locale, Zumba, qui porte ce nom en référence au fait qu’elle passe son temps à danser et à s’étirer en boucle d’une manière tellement ridicule que l’on a secrètement envie que la plage où elle déambule se transforme en Omaha. Hélas pour nous, point de tir de MG42 sur la bougresse, qui continue à danser et à s’étirer sans fin tout en échangeant des regards langoureux avec un pêcheur du cru. Pêcheur de perles pour être exact, car nous assistons à un rituel fort important pour les Mülets : les pêcheurs tirent des perles de la mer, ce qui fera joli sur leurs maisons en coquillages, puis s’en vont chercher un transmuteur.

Alors qu’est-ce qu’un transmuteur me direz-vous ? Je pose mon cigare, j’attrape ma pipe et voyons ensemble : c’est une petite créature qui une fois qu’elle avale quelque chose, en chie littéralement des centaines de copies. Le transmuteur est donc un animal fort populaire sur la planète, puisqu’il sert aussi bien de photocopieuse que de machine à faire de la monnaie, ou bien, quand les enfants sont joueurs, ils lui font manger un tacos. Ce qui résulte généralement en une sorte d’apocalypse mexico-fécale interdite dans six galaxies différentes.

Mais passons, et écoutons plutôt le roi de Mül expliquer ce que son peuple fait des transmuteurs.

« Comme trois fois par an, nous utilisons les transmuteurs pour multiplier les perles et les rendre à la nature ! Ainsi, la nature nous nourrit, et nous la nourrissons en retour ! »

Nous en déduirons que les Mülets sont particulièrement cons, puisqu’à quoi bon se péter le dos à pêcher des perles quand ils peuvent simplement en pêcher une, la filer aux transmuteurs, et se rouler dans les perles jusqu’à la fin de leurs jours sans jamais emmerder Mère Nature ?

Mais apparemment, quelqu’un a oublié de relire son script, et nous avons donc une race de profonds débilous, ce qui pour la première scène, entre ça et la princesse Zumba, donne l’impression d’être au milieu de la population qui hante les pages Facebook dédiées aux photos de chiens et aux enfants disparus.

Fi de toutes ces considérations : ce doux paradis est soudain ébranlé par un terrible cataclysme ; en effet, des boules de feu traversent le ciel pour aller s’écraser ici ou là dans de longs panaches de fumée ce qui est mauvais pour le bilan carbone local. Et ce sont plus que des cailloux spatiaux : ce sont des vaisseaux inconnus qui s’écrasent sur Mül !

Le roi et ses fidèles courent jusqu’à l’un des vaisseaux écrasés pour l’explorer, et tombent nez-à-nez avec ce qui ressemble à un croiseur de l’espace. À peine y sont-ils rentrés qu’ils aperçoivent un gigantesque vaisseau, des centaines de fois plus gros que leur propre trouvaille, rentrer dans l’atmosphère pour venir s’écraser sur la planète, déclenchant ce faisant une explosion cataclysmique. Vite ! Le roi ordonne à ses troupes de verrouiller les portes du vaisseau dans lequel ils ont trouvé refuge, ce qui fonctionne, mais pouf, la poignée pète. Car oui, c’est un sas pour protéger du vide spatial, mais pour des raisons de coût, visiblement, il était équipé de l’équivalent d’une poignée de salle de bain de résidence étudiante.

Ce qui est ballot car qui était encore dehors et vient tambouriner au carreau ?

« Papa ! Ouvre-moi, c’est Zumba ! J’étais trop occupée à danser et à m’étirer comme une débile pour penser à me mettre à l’abri plus tôt !
– La poignée est pétée !
– Papa, je ne t’entends pas, la vitre est trop épaisse !
– Je dis : la poignée est pétée !
– Je n’entends pas ! Explique-moi mieux ! »

Papa lève son majeur, et Zumba comprend mieux qu’elle est comme qui dirait, niquée (c’est un terme local pour dire « bien embêtée« ). Faisant fi de cette grossièreté, et alors que l’explosion cataclysmique arrive jusqu’à elle, Zumba ne se contente pas de mourir, non, elle se transforme en espèce de vague d’énergie bleue et…

…sur une autre plage, ailleurs, un certain Valérian est brusquement réveillé de sa sieste après avoir rêvé de perles, de tacos, de zumba et de majeurs tendus, mais tout cela est un peu confus. Pendant qu’il se remet, parlons un peu de Valérian.

Valérian est une espèce d’adulescent avec une coupe de cheveux nous donnant envie d’ouvrir un salon intitulé Adolf Hitl’hair pour le remettre dans le droit chemin capillaire. Il a le charisme d’une poule trépanée, et un jeu d’acteur relativement proche. Voilà qui nous vend du rêve. Mais il n’est pas seul car voici qu’approche Laureline !

Laureline, qui est donc désormais elle aussi plus ou moins adulescente, blonde, souffre du syndrome de Mary-Sue, comprendre qu’elle sait tout sur tout, a toujours raison et est parfaite, mais surtout, a un don fabuleux : elle est ventriloque. En effet, le doublage est complètement raté, et à plusieurs reprises durant le film, vous aurez l’occasion de voir Laureline s’exprimer sans bouger les lèvres, ce qui est assez bluffant. Sûrement un hommage à Jeff Panacloc, ou à Tatayet, c’est difficile à dire.

Bref. Laureline, s’inquiète :

« Valérian, tu as l’air tout chamboulé, as-tu fait un cauchemar ? Veux-tu que l’on sorte de ce simulateur de plage ? Car oui, nous sommes dans un vaisseau ?
– Hmmm. Rien de grave. Bon… JE PEUX TE FAIRE UN BISOU ?
– Que… Valérian ? 
– BISOUUU ! BISOUUUU !
– Valérian bordel, mais qu’est-ce qu’il se passe ?
– GNE VEUX COUCHER AVEC TOI ! 
– Valérian, écoute, tu vas te calmer.
– MAIS GNE VEUX COPULER GNNNNN !
–  Je… je veux une relation sérieuse, alors tu ne m’intéresses pas, maintenant, tu te calmes.
– ALORS GNÉPOUSE MWA ! »

Et attention, c’est comme ça tout le film. Valérian passe son temps à demander à Laureline si elle ne veut pas lui rouler un patin/coucher/l’épouser, ou les trois à la fois. Ses testicules dansent le sabbat dans son slip, il est grossier au motif qu’il a très envie de sexe, mon diagnostic est sans appel :

Valérian est atteint du syndrome de Gilles de la Turlutte.

Sur le cou de Valérian, nous pouvons apercevoir son traducteur intergalactique, qui lui permet de dire « Wesh gazelle » dans plus de 6 millions de dialectes.

Si vous pensez que quelqu’un chez vous en est atteint, faites le test : emmenez-le vers un banc. S’il s’assoit naturellement sur le dossier plutôt que l’assise et se met à pousser des sifflements ou à exiger que le tout venant lui réponde, il ne faut plus hésiter : il est temps de le faire piquer.

Mais bref.

Revenons à Laureline et Valérian, puisque Valérian insiste : il aimerait glisser son trilili dans Laureline et le fait savoir avec autant de délicatesse que la presse française devant un transfert de joueur de foot. Laureline lui signale qu’elle n’est pas intéressée, lors d’une scène pas du tout déjà vue où alors qu’ils ont quitté leur plage holographique pour retourner dans leur vaisseau, et alors que Valérian la harcèle toujours, elle s’arrête devant plein de boutons et de machins qu’elle pousse et fait semblant de prendre des notes pour nous faire comprendre que Laureline est l’intellectuelle appliquée du groupe, et Valérian le chien fou mais talentueux. La scène est aussi l’occasion de nous dire que Laureline n’est que sergent, mais sortie super bien notée de l’école de ventriloquiede formation du gouvernement galactique, alors que Valérian est déjà major, mais parce que c’est une tête brûlée qui a du résultat.

Ne faites pas attention à ce bruit : c’est moi qui baille devant tant d’originalité.

Pendant que Valérian continue à demander à Laureline si elle ne voudrait pas coucher/l’épouser, et qu’elle continue à lui dire que ça ne l’intéresse pas depuis cinq longues minutes, ils vont au poste de pilotage où ils ont un appel du ministre de… du ministre de l’espace, on va dire.

« Laureline. Valérian.
– Wesh ma caille.
– Valérian, ne commencez pas ou je vous offre un hoverboard pour compléter votre panoplie de relou des rues. Bref, je tenais à vous rappeler que la mission du jour est super importante. Vous devez récupérer un transmuteur, une créature très rare, la dernière de son espèce, en vous rendant sur Fonvert, la planète des effets spéciaux sans intérêt. Bonne chance à tous les deux.
– Méwé gros. »

Le vaisseau de nos héros arrive donc sur Fonvert, une planète désertique ou quelques mercenaires locaux les attendent pour les accueillir. Ils leur expliquent le principe : Fonvert est une planète où cohabitent deux dimensions. Une déserte, celle que l’on voit, et une autre où la planète est recouverte d’un marché géant abritant plusieurs millions de boutiques et autres échoppes. Et c’est dans l’une de ces échoppes que nos héros doivent se rendre pour stopper la transaction entre brigands qui souhaitent s’échanger un transmuteur. Un des mercenaires explique comment s’y prendre à Valérian.

« Bien, Valérian, voilà le plan. Toi, tu te fais passer pour un touriste et tu enfiles un casque qui permet de voir l’autre dimension. Tu y rentres, tu quittes le groupe, et tu vas retrouver un contact qui va appliquer sur toi un produit qui te rendra invisible dans la dimension en question. Ensuite, il va te confier un boîtier qui te permet de faire passer un objet d’une dimension à l’autre. Donc tu y glisses ton bras avec ton arme, et paf ! Tu deviens une arme flottante dans la dimension du marché ! Tu es invisible ou presque, mais capable de menacer les méchants en pleine transaction !
– C’est super génial ! Et Laureline ?
– Elle, pendant que tu menaces les méchants, elle ne change pas de dimension. Elle arrive juste à pied, a elle aussi une boîte à changement de dimensions, mais s’en sert simplement pour récupérer le transmuteur.
– Parfait ! On y v… que ? Attendez, il y a un type qui lève la main dans votre équipe. Vous êtes ?
– Le caporal Roudoudou, Monsieur. 
– Et ?
– Non, je voulais juste dire : pourquoi tout ce plan super compliqué ? Si Laureline peut simplement arriver à pied et récupérer le transmuteur avec son boîtier, d’où vous vous emmerdez ? Elle n’est pas dans la dimension du marché, donc elle est invisible ET invincible puisqu’elle n’est pas là. Par conséquent, il lui suffit de récupérer l’objet et merci bonsoir. Aucun risque, et ça prend deux minutes. 
– … ouais mais… en fait… cette planète, cette histoire de deux dimensions et de Valérian qui est-dans-l’une-mais-en-fait-non-mais-si-mais-invisible-mais-non-car-il-a-besoin-d’un-boîtier-pour-son-arme-mais-non, c’est juste pour claquer des millions en effet spéciaux et faire des courses poursuites de merde.
– Ah. Je vois.
– Tant mieux. Parce que vous êtes viré, caporal Roudoudou. »

Nous avons donc une loooongue scène où Valérian s’infiltre sur le marché dimensionnel, devient invisible, rentre dans la boutique où des méchants font la transaction, et assiste à une scène où une espèce de Hutt vend un transmuteur de Mül à deux… Mülets ! Ce qui interpelle Valérian, qui reconnait les gens de son rêve de début de film. Le vendeur du transmuteur connait ses propriétés, mais le vend. Ce qui est stupide, puisqu’à quoi bon le vendre alors qu’il peut produire de la richesse à l’infini ? Mais là encore : personne n’a relu le scénario.

Valérian fait jaillir son arme dans la dimension du marché, et aidé de Laureline et de son boîter, récupère le transmuteur et même l’étrange perle que les Mülets proposaient comme paiement, puis, holala son boîtier est cassé pendant qu’il tentait de quitter la boutique (à quoi bon ? En quittant la dimension… c’était instantané ! Mais là encore, tout se casse la gueule), son bras est donc coincé dans la dimension du marché, donc course-poursuite, donc bagarre, puis retour à la dimension normale (c’est confus ? C’est normal, le scénario se casse la gueule, on ne sait jamais ce qui est dans une dimension ou non, ou pourquoi Laureline y est invisible naturellement alors que Valérian avait besoin d’un truc spécial, c’est raté sur raté), réparation expresse du boîtier par Laureline (qui vire des câbles – vraiment – et pouf, ça remarche et le bras de Valérian est libéré de l’autre dimension, comme quoi, c’est facile l’électronique), re-course-poursuite avec des gardes et des bestioles lâchées sur eux, re-bagarre où tous les mercenaires alliés à nos héros meurent ce qui arrange tout le monde, et hop hop, retour au vaisseau, avec un transmuteur et une perle mystérieuse qui d’après les scanner « renferme 20 fois plus d’énergie que tout ce vaisseau« . Dans le doute, je la mettrais en sécurité, mais Valérian étant con, il joue avec. Les perles radioactives, c’est rigolo. Plus je regarde le film, plus je sens que Valérian est ce genre de personne capable d’arriver aux urgences avec une perle radioactive dans le trou de balle avant d’expliquer « Ho non, j’étais chez moi et je me suis assis dessus par accident, n’allez rien imaginer« . Les infirmiers qui me lisent savent de quoi je parle.

Bref.

La fine équipe doit maintenant aller remettre son colis aux autorités terriennes présentes sur la station Alpha, évoquée plus tôt comme « La cité aux mille planètes » qui dérive toujours dans l’espace. Hop, un petit saut spatial, quelques contrôles officiels à l’approche, et nos héros atterrissent sur place, où ils ont le droit à un briefing amené très peu naturellement sur « Oui alors au nord, il y a le secteur des aliens comme ceci, au sud comme cela« , et pendant que nous avons ce petit rappel, personnellement, je me demande comment on utilise une boussole dans l’espace pour trouver les points cardinaux. Mais passons une fois encore.

Laureline et Valérian rencontrent les autorités humaines locales, à savoir le général Gentil et ses gentils hommes, et son supérieur, qui est un acteur connu, avec une casquette de vilain officier et une garde rapprochée d’androïdes tout noir… mmmm, je peeeense qu’on va l’appeller commandant Méchant, mais juste au hasard, hein. Ce dernier prend la parole.

« Parfait les petits amis. Vous avez le transmuteur, comme prévu ?
– Oui mon commandant.
– Bien, donnez-le moi.
– HÉ BEN NON ALORS PASSQUE C’EST LE DERNIER DE SON ESPÈCE !
– Oui. C’est même pour ça qu’on vous a envoyé le récupérer.
– M’EN FOUS JE LE DONNE PAS C’EST MON MIEN.
– Oh bon, c’était votre mission et je ne suis que votre supérieur en train de vous donner un ordre direct… vous avez raison, je vais laisser couler. »

Voilà voilà. Et j’exagère à peine les dialogues. Laureline essaie bien l’argument du « Il sera plus en sécurité avec moi« , mais quand ce propos sort de la bouche d’une Laureline seule avec une simple poche pour transporter le bestiau, et un commandant qui a une armée personnelle et toute une base sécurisée à sa disposition, c’est aussi crédible qu’une interview de ministre.

Le commandant Méchant se contente donc de hausser les épaules, vaincu par le côté navrant des dialogues, et s’en va à son prochain rendez-vous : une conférence des représentants des différents secteurs de la station pour discuter d’un problème important. Valérian et Laureline sont affectés à sa protection. Valérian dans la salle de conférence, Laureline à l’extérieur.

Le commandant Méchant, lui, débute son petit speech.

« Bonjour tout le monde. Aujourd’hui, je viens vous parler d’un gros problème. Depuis un moment, une zone radioactive où aucune communication ne passe grandit au cœur de la station. Nous avons déjà envoyé des éclaireurs et des sondes, mais rien ni personne n’en est revenu. Nous gérons la situation et… »

Pendant ce temps, à l’extérieur de la salle, Laureline monte la garde. Quand arrivent trois extra-terrestres bien connus des amateurs de la bande-dessinée : les Shingouz. Des aliens qui se promènent toujours en trio, et qui revendent des informations de qualité au plus offrant, ce qui fait d’eux les pires candidats de Secret Story de l’univers. Laureline les connait, et visiblement, personne ne tique sur le fait que trois aliens crasseux et sans autorisation puissent se pointer juste devant le centre de décision de toute la station où se tient une conférence cruciale.

Mais là encore : le script a oublié que ce n’était que le thème de toute cette scène.

Les Shingouz, qui doivent sûrement avoir plein d’infos s’ils peuvent rentrer n’importe où sans qu’on ne leur pose de questions.

Ils sont venus prévenir Laureline qu’une menace pèse sur la conférence. Mais avant qu’ils ne puissent en dire plus, toutes les alarmes se déclenchent : des agresseurs arrivent en force et font sauter les murs de la station pour avancer jusqu’à la salle sécurisée ! Et lorsqu’ils y débarquent, on découvre que ce sont les Mülets ! Qui avec des fusils à toiles, paralysent et endorment tout ce qui se retrouve englué sous leurs tirs. Rien ni personne ne leur résiste, et Valérian a juste le temps de se glisser un respirateur dans la bouche avant d’être lui-même englué.

Les Mülets, satisfaits de leur assaut aussi efficace que salissant, c’est la concierge qui va gueuler, s’enfuient avec le commandant Méchant endormi en guise de prisonnier. Mais c’est sans compter sur Valérian, dont le respirateur… n’est en fait pas un respirateur mais un compartiment-de-bouche-à-araignée-mécanique-qui-sort-découper-la-toile-en-cas-d’engluement. Oui, se foutre une araignée dans la bouche dans un compartiment en forme de respirateur, je ne vois pas bien la logique, mais c’est comme ça. Ça ne donne pas envie de savoir ce qu’il y a dans leurs suppositoires. Enfin : Valérian peut donc partir à la poursuite des Mülets, pendant que Laureline, bloquée à l’extérieur de la salle, rejoint la salle de commandement du général Gentil pour guider Valérian par radio dans le dédale des conduits de la station.

Pif, paf, pouf, course-poursuite, effets spéciaux en pagaille pour rien, et Valérian rattrape les fuyards au moment où ils grimpent dans leur énorme vaisseau.

« Un vaisseau non-identifié et non-autorisé. » commente une opératrice près de Laureline.

D’accord. Du coup, vous m’expliquez comment il est arrivé dans la station, le gros vaisseau ? Il avait un ami passeur mexicain ou bien ? Qu’importe, on va dire qu’il est apparu là par magie, pouf pouf. Valérian appelle son propre vaisseau à la rescousse, et à nouveau, nous avons le droit à une course poursuite sans intérêt ni fin où les vaisseaux se faufilent dans les conduits les plus étroits de la station, mais où Valérian rate tous ses tirs (ce qui est mieux, sachant qu’ils ont un prisonnier, mais visiblement, ça aussi il l’a oublié). Mais soudain, l’énorme vaisseau face à lui se divise en une nuée d’appareils plus petits ! Valérian localise celui qui abrite le prisonnier, et le prend en chasse avec un vaisseau secondaire lui aussi plus petit. Hélas, en le poursuivant, il s’écrase dans la zone rouge radioactive… et perd tout contact avec Laureline. Cette dernière panique.

« Ho non ! Valérian est dans la zone rouge dont parlait le commandant Méchant, il faut aller le chercher !
– Non Laureline, vous restez ici, c’est un ordre, répond le général Gentil.
– LES ORDRES JE M’EN FOUS DEPUIS LE DÉBUT DU FILM J’TE F’RAIS DIRE !
– Au temps pour moi.
– Et puis il faut que j’aille sauver Valérian. Sinon, qui me harcèlera sexuellement jusqu’à la fin du film ? Hmmm ? Allez, j’y vais ! »

Le général tente bien de retenir Laureline, mais celle-ci fausse compagnie à son escorte, et se glisse dans les profondeurs de la station pour y retrouver les Shingouz, qui en échange d’un peu de pognon, lui expliquent qu’ils savent comment retrouver Valérian.

« En allant simplement là où nos capteurs ont détecté qu’il s’était écrasé ?
– Pas du tout ! Ce serait bien trop intelligent Laureline. On propose plutôt : en allant chasser une méduse géante collée sur des monstres sous-marins dans un recoin perdu de la station, en te la collant sur la tête et en usant de ses pouvoirs psychiques pour retrouver Valérian, mais attention, en cas d’erreur, tu mourras car la méduse mangera ton cerveau.
– Ce ne serait pas encore une excuse de merde et complètement incohérente pour rajouter des effets spéciaux, au hasard ?
– Ça alors ! C’était pourtant si subtil ! »

C’est dans ce genre de moment que vous échangez des regards gênés avec votre voisin de siège.

Les Shingouz emmènent donc Laureline jusqu’à une espèce de port pourri des profondeurs, où un vieux fou et son sous-marin rouillé chassent la méduse magique, qui vit sur le dos d’énorme bestioles sous-marines qui ont tout à fait leur place dans une station spatiale, bien sûr, c’est mignon et ça s’élève très bien en aquairum. Nos héros vont près des bestioles, arrachent une méduse du dos de l’une d’entre elles, puis ça alors ! Les bestioles s’énervent, ce qui signifie… mais oui, vous avez gagné : c’est une course-poursuite inutile et pas du tout prévisible où, ça alors ! Laureline et le vieux fou s’en tirent à la dernière seconde ! Quel suspens alors ! La dernière fois que j’ai vu un truc aussi palpitant, je crois que c’était un reste de point noir dans un lavabo. Pas le mien bien sûr : j’étais occupé à passer à tabac un jeune margoulin qui avait osé dire que Dunkerque était « réaliste ».  Pourquoi est-ce que je vous raconte ça, moi ? Ah oui, parce qu’on s’ennuie dans ce film. Mais revenons-y.

Laureline, comme convenu, se fourre donc la méduse sur la tête, et usant de ses pouvoirs de méduse (ne cherchez pas, moi j’ai arrêté), peut repérer Valérian, qui s’est écrasé près d’un vieux conduit dans la zone rouge. Ni une, ni deux, notre amie y va, et sans aucun équipement contre la radioactivité, parce que comme elle le découvre  sur place : en fait, la zone n’est curieusement pas radioactive, contrairement à ce qu’annonçait le général Méchant.

Ça tombe bien, parce que sinon, tu étais plus ou moins transformée en saucisse ma petite Laureline, mais bon, on va dire que les pouvoirs psychiques de la méduse t’avaient aidé à prédire ça. Oui, j’en suis à essayer d’aider l’intrigue tant elle est boiteuse. Mon côté sympa.

En arrivant dans les profondeurs de la zone rouge, Laureline découvre des ravins, des falaises, enfin des trucs typiques de stations spatiales, quoi. Et non, pas en métal : en caillou, autre matériau bien connu employé pour l’aérospatiale. Vivement Valerian et le secret du dolmen volant, ça me paraît bien engagé.

En attendant, Laureline repère le petit vaisseau écrasé de Valérian ainsi que lui-même et se précipite vers lui pour lui administrer les premiers soins et le réveiller puisqu’il était inconscient. Après quelques claques dans la gueule, il remue.

« Valérian ! Valérian, réveille-toi ! Dis-moi quelque chose !
– Anaveufairedesbizouuuuuus…
– Okay, je vois que tu es revenu à toi. Bon, en attendant, on a perdu la trace de ceux qui ont kidnappé le commandant Méchant. Mais puisque l’on parle de lui… tu ne trouves pas ça bizarre qu’il ait dit que la zone était radioactive et qu’en fait, pas du tout ?
– Tu sais, avec toutes ces incohérences…
– Non mais apparemment celle-là est suspecte même selon le scénario. Je pense que l’on nous manipule, Valérian ! La zone rouge n’est pas vraiment ce qu’on nous a dit qu’elle était !
– Rouge ?
– VALÉRIAN BORDEL DE PIPE ! »

Mais avant qu’elle ne puisse refaire la truffe de son coéquipier à coups de bottes, Laureline est perturbée par les jolis papillons lumineux qui volent entre les falaises. Et parce qu’elle n’a rien de mieux à faire, qu’elle est très intelligente et que c’est une excellente idée de faire ça en plein milieu d’une zone hostile, elle essaie d’en attraper un.

Pas de bol c’était – ça alors ! – un fort mauvais plan, puisque les papillons servent en fait d’appât pour des pêcheurs d’une bande d’extra-terrestres plus haut sur la falaise. Ils ont donc tôt fait de remonter la pauvre Laureline, et de l’emmener dans leur tanière. Valérian, lancé à sa poursuite, est fort bougon car il ne sait plus qui il va pouvoir harceler si Laureline disparaît. C’est donc bien embêté qu’il remonte la falaise, et tente de suivre plus ou moins discrètement les créatures que nous appelleront les Grotrucs qui emmènent Laureline.

Bon, il pourrait aussi leur tirer dessus, ici et maintenant, et sauver la belle mais, bon, hein, ce sera rapide et efficace, et ça fait bien trois minutes que l’on a pas eu une débauche d’effets spéciaux gratuits. Alors non, il les suit, et tente de réfléchir, ce qui est compliqué quand on a un cerveau moins performant qu’une Game Boy.

« Damnation… les Grotrucs ont emmené Laureline dans leur tanière… maudite espèce qui ne communique pas, est ultra-violente, et est accessoirement anthropophage !« 

Vous me rappelez pourquoi vous l’avez accueillie sur la station Alpha du coup ou bien c’était vendredi, c’était Maurice au contrôle-frontière et il finissait à 17h quand les Grotrucs se sont pointés à 16h58 ? Non, ne me donnez pas la réponse. Je vais simplement soupirer très fort.

Heureusement – et ce film ne mérite même pas ma boîte à « Ça alors !« – figurez-vous que la tanière de nos amis de l’espace ultra-violents est installée… mais oui, juste à côté du quartier des plaisirs de la cité ! Ouf : nous sommes dans un film de Besson et on avait pas encore eu le droits aux prostituées, je m’inquiétais.  Voilà qui est rattrapé : j’imagine que des prostituées humaines cohabitent en bonne intelligence avec les aliens débiles qui les mangent.

Toujours est-il que profitant de ce tunnel d’incohérences, Valérian se glisse dans le quartier des plaisirs, et trouve sur place un établissement qui propose ce qu’il recherche : des polymorphes. Ce qui est très pratique pour les fétiches des clients, qui peuvent enfin assouvir leurs fantasmes les plus intimes, comme par exemple, de coucher avec une créature mi-Avril Lavigne, mi-Patrick Balkany. Les gens sont étranges. Mais je m’égare.

Visiblement, Valérian a choisi l’établissement le moins fréquenté de tout le secteur, puisqu’il y est seul. Seul, avec le patron qui joue du piano pendant qu’une polymorphe se présente et fait un numéro de danse sous les traits de Rihanna, un être étrange qui aurait vécu sur Terre il y a bien longtemps. Le numéro est spectaculaire mais un peu long, mais Valérian reste jusqu’au bout parce que bon, Laureline va se faire manger mais il a bien deux minutes pour regarder Rihanna se trémousser, hein, bon, hé.

Pfou.

L’affaire terminée, Valérian pète la gueule du patron, et explique à la polymorphe un peu surprise de quoi il retourne.

« Écoute Rihanna, j’ai besoin de tes services.
– Non mais je ne m’appelle pas Rihanna, c’est juste que j’ai l’apparence de…
– Wopopo, commence pas à m’embrouiller avec tes histoires ou toi aussi je te harcèle sexuellement.
– Bon, bon. Pourquoi êtes-vous venu ici péter la gueule de mon patron, alors ?
– J’ai besoin de tes services de polymorphe. Je sais que les polymorphe sont tous mous et peuvent recouvrir une personne entièrement, donc tu dois m’aider à infiltrer le quartier général des Grotrucs d’à côté en me couvrant et en prenant l’apparence d’un Grotruc.
– Et j’aurai quoi en échange ?
– Tu pourras rencontrer Emmanuel Macron à l’Élysée habillée d’un costume volé à David Douillet.
– Tope là. »

Alors je sais, on dirait, mais non, cette image n’est pas tirée du film.

Ainsi aidé de sa nouvelle amie polymorphe, Valérian peut aisément se déguiser en Grotruc, et rentrer dans le sombre repaire de ces créatures. Qui sont en train de servir le souper de leur empereur, assis dans une immense salle du trône, avec devant lui une longue file de serviteurs portant des plats. Et parmi eux… Laureline ! Qu’ils ont habillée d’une jolie robe (les espèces ultra-violentes ont toujours ça en stock), et qui s’apprête à servir de repas à l’empereur !

« Hé, tu manges pas pas meuf, lô ! » s’exclame Valérian de son charismatique accent d’amateur de tuning, avant de se séparer de Rihanna pour aller distribuer des taloches au tout venant. C’est donc parti pour une séquence de baston durant laquelle l’empereur des Grotrucs est tué par Valérian, qui jusqu’ici, voulait éviter l’incident diplomatique (avec une race mangeuse d’humains, rappelons-le), avant que le trio Valérian-Laureline-Rihanna ne s’échappe par un conduit qui – mais oui, ça alors ! – était au beau milieu de la salle du trône, comme ça, pif pouf.

Celui-ci mène nos héros jusqu’à un tas d’ordures, où ils sont très heureux de se retrouver.

« Valérian ! Tu m’as sauv…
– LAURELINE FAIS-MOI UN BISOU UH UH UH HÉ TU M’ÉPOUSES DIS ?
– Ah oui, tiens ça m’avait manqué.
– WESH VAZY POURQUOI TU M’RÉPONDS PAS TU T’PRENDS POUR UNE PRINCESSE ? WESH, SA…
– Attention Valérian, je te rappelle que je dispose d’un pistolet laser, et toi, de testicules, mais peut-être plus pour longtemps.
– Hem je… je voulais dire « Saperlipopette »
– C’est aussi ce que je me disais. Bon, et qui est notre nouvelle amie ? »

Ils se tournent vers Rihanna, qui ne bouge plus beaucoup.

« Kof kof… vous me le dites si je vous emmerde…
– Désolé Rihanna, je ne peux pas harceler deux personnes à la fois, hein, on patiente un petit peu.
– … je… je suis en train de mourir, gros con. J’ai été blessée dans la bagarre.
– Ah oui tiens. Bon. Dis, tu voudrais pas faire un discours pourri sur l’amour pendant que tu meurs ?
– Ho, ben si j’peux dépanner… kof kof… oui, donc Valérian… Valérian, on se connait depuis moins de 10 minutes, et ça fait moins de 2 que j’ai aperçu Laureline, mais… aime-la, Valérian. Aime-la. l’amour, c’est très important.
– Dis, tu pourrais pas te polymorpher en powerpoint avec des couchers de soleils pendant que tu dis ça ? Ça me semble être dans le thème…
– Gros… gros… gros blaireau… aaaaargh… »

Et Rihanna meurt, pour aller au paradis des personnages secondaires forcés à la truelle dans les films rejoindre le personnage qu’elle incarnait dans une autre grande oeuvre: Battleship. Quelle filmographie cette Rihanna ; si j’étais président, moi aussi je l’accueillerais à l’Élysée, mais au taser.

Tiens d’ailleurs, puisque l’on parle de personnages secondaires, et si on allait voir ce que fait le général Gentil depuis le quartier général humain de la station ? Car il n’a pas chômé depuis que le commandant Méchant a disparu et que Laureline a filé. Il a commencé à enquêter sur les assaillants, et a découvert que c’était bel et bien des Mülets. Oui mais voilà… mais en tant que super général, curieusement, l’accès à toutes les données de Mül lui est interdit ! Il lui faut un coup de fil au ministre pour découvrir qu’effectivement, la planète a été détruite durant une guerre entre l’humanité et une autre race, et qu’officiellement, personne ne l’habitait. Comme si on avait effacé ou modifié des données. Curieux… Le général Gentil enquête un peu plus, et découvre que le commandant Méchant planquait dans un coin de la base un Mület qu’il faisait torturer en le forçant à écouter 10 heures de rire de Cyril Hanouna ! Terrifiant. Le général Gentil le fait libérer.

« Et voilà Monsieur le Mület. Je ne sais pas trop comment vous vous êtes retrouvé là ni pourquoi le commandant Méchant vous torturait, mais maintenant que vous êtes libre, je suis sûr que vous allez tout m’expliquer.
– Non… sinon le film… s’achève maintenant.
– Ah. Du coup vous faites quoi ?
– Je me suicide… et je me transforme en grosse vague… d’énergie bleue. Allez… salut ! »

Et pouf, le Mület meurt et se transforme en énergie bleue en prenant bien soin de ne surtout rien dire d’utile. Continuant son enquête, le général décide qu’il faut à tout prix retrouver le commandant Méchant. Il demande donc à des renforts d’aller vers la zone rouge, et cette fois-ci en masse. Renforts automatiquement escortés par des androïdes de guerre qui n’obéissent qu’au commandant Méchant, mais comme il n’est pas là, fonctionnent en automatique.

Je ne vois pas du tout comment ça va tourner. Non. Chut. Arrêtez, vous me spoilez et je ne supporte pas les gens qui spoilent. Rah.

Pour la peine, retournons du côté de nos héros qui – mais oui, quelle coïncidence ! – se sont retrouvés sur le bon chemin pour aller vers le cœur de la zone rouge de la station depuis le vide ordure où ils étaient et où ils ont aimablement abandonné Rihanna. Et que trouvent-ils au cœur de la station ? Une étrange porte magique… dont sortent des Mülets, qui s’avèrent fort pacifiques et les invitent à rentrer.

Et de l’autre côté de la porte se trouve un paisible village de Mülets, construit autour de ce qui ressemble à un énorme moteur. Le roi des Mülets s’approche de nos héros, tout sourire.

« Bienvenue ! Je suis le roi des Mülets, comme vient de l’expliquer le paragraphe ci-dessus. Voici ma femme, mon fils, et Kiki, mon chien. 
– Mais… je vous reconnais ! C’est vous qui vouliez acheter le transmuteur au début du film! 
– En effet. Mais, laissez-moi vous raconter tout ce que vous ignorez sur nous et nos intentions. Il y a fort longtemps de cela, nous avions une planète, mais une bataille dont nous ignorions tout a un jour fait rage au-dessus de celle-ci. Des vaisseaux s’y sont écrasés, et moi et quelques-uns des miens en explorions un quand un vaisseau mère s’est écrasé sur notre planète et l’a détruite. Souvenez-vous du début du film.
– Attendez, l’explosion a détruit votre planète mais pas le vaisseau écrasé que vous exploriez ?
– Heu… il… heu… il était super résistant.
– Alors oui mais s’il était si résistant que même endommagé, une explosion apte à détruire une planète ne lui faisait rien, comment diable avait-il pu être endommagé par des armes plus petites avant pour venir s’écraser ?
– Hé bieeeeeeeeeeen…
– Non, laissez tomber. Continuez votre histoire.
– Ah et puis vous allez voir, le niveau monte.
– J’en sue des pieds.
– Donc, disais-je, quand la planète a explosé, le vaisseau ruiné où nous étions a été soufflé dans l’espace. Il a dérivé longtemps, très longtemps… et nous avons dû apprendre pour survivre. Apprendre à cultiver.
– Parce que le vaisseau de guerre contenait un coin potager ?
– Heu… oui.
– Je… continuez.
– Nous avons dû aussi le remettre en état. Nous avons donc appris l’ingénierie spatiale, l’informatique, la physique, la chimie, puis une fois les ordinateurs relancés, nous avons pu apprendre votre histoire, votre philosophie…
– Je résume : vous étiez une bande de types en pagne dans l’espace à bord d’un vaisseau miraculeusement encore hermétique, et vous avez réussi à apprendre l’ingénierie spatiale, l’informatique, la physique et la chimie comme ça, pif pouf ?
– On a regardé des tutos Youtube. Celui qui se terminait par « Et voilà comment réparer un propulseur nucléaire en nouant deux pagnes et une sagaie – abonnez-vous à ma chaîne ! » fut particulièrement apprécié.
– C’est… je crois que j’ai rarement vu une histoire aussi débile. 
– Et c’est pas fini.
– Ah.
– Donc, notre vaisseau à la dérive a finalement été récupéré par des ferrailleurs, qui n’ont pas pensé à le fouiller et l’ont directement amené à la station Alpha. Sur place, nous avons donc commencé à nous créer un abri ici, au cœur de la station,  avant d’essayer de récupérer de quoi nous construire un vaisseau. Il ne nous manquait qu’un transmuteur pour multiplier la dernière perle de notre planète que nous avions encore et lui fournir de l’énergie et… »

J’arrête le spoil ici le temps de faire faire des saltos à mon bureau.

QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE CONNERIE ?

Les mecs – passons sur toutes les incohérences – viennent de nous raconter une histoire branlante, et leur but dans la vie, c’était de construire un vaisseau ? D’accord. ET SINON LE VAISSEAU QU’ILS AVAIENT ET QUE POURSUIVAIT VALÉRIAN AVANT DE S’ÉCRASER DANS LA ZONE ROUGE, HMMM ?

Hé bien le film l’a oublié ! Roh, une scène de course-poursuite à plusieurs millions d’euros d’effets spéciaux, vous savez, on a tôt fait de ne pas s’en souvenir ! Hihihi, c’est ballot ! Bref, je vous la refais : les Mülets avaient un vaisseau dont ils se servaient pour récupérer des pièces pour accomplir leur rêve : construire… un vaisseau.

C’est formidable.

« Si seulement nous avions un vaisseau ! » s’exclamèrent les Mülets en s’enfuyant à bord de leur vaisseau.

Mais reprenons le fil de ce fabuleux dialogue.

« … et donc voilà. Mais vous êtes intervenus et vous avez récupéré le transmuteur et notre ultime perle. Nous avons donc décidé de nous occuper d’un autre problème : le commandant Méchant. Qui semble en savoir beaucoup sur ce qui est arrivé à notre planète. Si vous voulez lui poser des questions, il est toujours inconscient, on l’a gardé au chaud en attendant votre arrivée.
– C’est sympa, mais d’abord, j’ai une question.
– Oui Valérian ?
– D’où viennent les rêves que j’ai eus ? J’ai vu la destruction de votre planète au début du film.
– Ah, ça ? Oui alors en fait, la destruction a eu lieu il y a des années, mais ma fille la princesse Zumba est morte ce jour là, et quand nous mourrons nous autres Mülets, nous nous transformons en énergie bleue. C’est notre âme, et semble-t-il que ma fille a trouvé refuge en vous après des années dans l’espace, Valérian. Elle vous a jugé digne d’elle.
– C’est mon côté racaille, ça les fait kiffer.
– Hmmm… moui, on va dire ça.
– D’ailleurs, une question.
– Oui Laureline ?
– Pourquoi l’âme de votre fille a trouvé refuge dans un humain un peu con plutôt que dans un membre de votre race ? Comme ça, elle restait avec vous, non ?
– Haaan pas con… je crois que je commence à comprendre pourquoi ma fille a raté trois fois son BTS enfilage de perles. En attendant on est tellement heureux d’avoir retrouvé son âme.
– Ah oui ?
– Oui d’ailleurs pour fêter ça, on l’en débarasse, hop. »

Oui oui. Les parents de Zumba viennent de retrouver l’âme de leur fille, mais ils l’envoient péter car elle ne sert plus à l’intrigue. Hé bien merci.

Et puisque tous les pans de l’histoire s’effondrent de ce côté, nos héros décident de plutôt aller réveiller et questionner le commandant Méchant pour avoir sa version des faits. Hop, deux claques et le bougre est debout pour expliquer pourquoi il a menti à tout le monde sur la vraie « menace » au cœur de la station.

« Alors commandant, pourquoi avez-vous menti à tout le monde ?
– Très bien, je vais tout vous avouer… c’est moi qui commandais la flotte humaine au-dessus de Mül. Nous étions en train de nous faire tailler en pièces. J’ai donc utilisé une grosse arme qui a sérieusement endommagé le vaisseau-mère ennemi, qui a détruit leur planète en s’écrasant. »

Là vous pourriez dire que bon, c’est ballot, mais non. Sinon, le commandant ne serait pas assez méchant. Du coup, on a un flashback où l’on revoit le commandant avec son second durant la bataille, sur la passerelle de commandement.

« Commandant, voulez-vous que l’on tire les gros missiles sur le vaisseau-mère d’en face ?
– Oui.
– Mais commandant ! Si on fait cela, on risque de faire mal à l’ennemi, qui pourrait s’écraser sur la planète en-dessous, et tuer la peuplade locale !
-HÉ BIEN IGNOREZ-LES, RIEN N’ARRÊTERA LA MARCHE DE L’HISTOIRE, MOUHOHOHO ! »

Vous notez le dialogue débile et complètement artificiel alors que la bonne réponse était « Alors oui bougre de con, mais si on ne le fait pas on va tous mourir et c’est notre vaisseau qui va s’écraser pour le même résultat. Êtes-vous un neuneu, lieutenant ? »

Et semble-t-il que oui. Mais, les explications navrantes ne sont toujours pas finies ! Décidément, ce film nous gâte d’un bout à l’autre. Écoutons le commandant Méchant.

« Après ce terrible drame, il fallait que je fasse disparaître les témoins ! Quand j’ai appris que les Mülets avaient survécu et étaient au cœur d’alpha, j’ai bricolé cette histoire de zone rouge pour justifier l’envoi de troupes et les faire disparaître… sans résultat ! 
– Je ne comprends pas commandant. Que se serait-il passé si le monde avait su qu’un vaisseau s’était écrasé sur des gens ?
– MAIS IL Y AURAIT EU DES DÉDOMMAGEMENTS, CE QUI AURAIT RUINÉ NOTRE ÉCONOMIE !
– Ah ouais. Et sinon, sachant qu’il suffisait de récupérer le transmuteur pour avoir des ressources infinies, à quel moment avez-vous eu peur pour notre économie ?
– … pfou. Rien ne tient. On pourrait en finir avec le film ? »

J’approuve. Finissons-en.

Car soudain, c’est l’alarme ! Les Mülets viennent d’apprendre que les troupes du général Gentil avaient trouvé leur repaire, et approchaient pour récupérer le commandant Méchant kidnappé.

« Hé bien roi des Mülets, vous avez l’air stressé ?
– Mais oui ! Les humains approchent, en armes, et nous sommes sans défense !
– Ah ? Mais… et vos supers fusils qui engluent et endorment ? Et toutes vos armes ? Celles qui vous ont permis de traverser toute la station jusqu’à sa salle de conférence la plus sécurisée du coin en défonçant toute la sécurité et sans la moindre perte ? Celles qui vous permettaient de repousser toutes les expéditions envoyées par le commandant Méchant jusqu’ici ?
– Heu… oups. Je crois qu’on a dû tout laisser dans le vaisseau qui a disparu du film car nous n’avons plus une arme. On a juste nos pagnes.
– C’est un peu court, jeune homme. »

Cet enchaînement d’incohérences est tout bonnement fabuleux. Le film n’arrive pas à avoir le début d’une suite d’idées logiques. C’est juste une succession de courses-poursuites hors de prix sans raison valable.

Enfin bref. L’armée humaine et ses androïdes de guerre sont de l’autre côté de la porte magique qui protège le village. Et puisque ça n’a pas l’air de s’ouvrir pour eux, hop, ils posent des explosifs et… lancent un compte à rebours !

Parce que oui, dans le futur, les détonateurs, c’est has been.

Le commandant Méchant, lui, hurle qu’il ne faut pas juste entrer. Il faut tuer tout le monde, ne laisser aucun témoin. Ce qui active la programmation secrète des androïdes qui accompagnaient les humains, qui se mettent à massacrer tout le monde ! Heureusement, les gentils humains qui ont compris que le commandant Méchant était une enflure, aidés par Valérian, viennent à bout des robots et stoppent le compte à rebours des explosifs à…

… une seconde de la fin !

Bon allez, je m’en fous, je sors l’accessoire qui va bien.

« ÇA ALORS ! »

Voilà. Merci Diego, va reposer la boîte.

Ce film est un sandwich de poncifs avec sa garniture d’incohérences. Je pense qu’un collégien doit pouvoir écrire un truc plus crédible en dix minutes sur un coin de table, et surtout, plus intéressant. Le type qui a cédé les droits de la bande-dessinée à Besson doit s’être étouffé avec ses billets pour oublier, je pense.

Maintenant que tout le monde est sauvé, Valérian va retrouver Laureline au village des Mülets. Et après avoir savaté le commandant Méchant pour sa méchanceté, nos héros décident d’aider les Mülets plus avant. Valérian leur rend la dernière perle de leur planète, puis, Laureline s’apprête à leur remettre le transmuteur. Valérian bondit !

« Mais attends Laureline, enfin, non ! Cela va à l’encontre de nos ordres !
– Que… Valérian, on vient de péter la gueule de notre supérieur ?! Qu’est-ce que c’est que ce dialogue de merde ?
– Ne leur donne pas le transmuteur, c’est le dernier de son espèce !
– Mais on vient de leur donner la perle, qui est aussi la dernière de son genre, bougre de con ?! Pourquoi cette soudaine marche arrière ?
– Parce que les dialogues sont au niveau du film : nuls et incohérents.
– Ah oui, c’est vrai. Bon, ben du coup, je met mets au niveau : et siiiii je faisais un discours cucu la praline sur l’amour ?
– Ho oui ! ET ENSUITE, BISOUUUUUUUUS ! GNNNNN !
– Oui, bref. Alors Valérian, tu vois, c’est ça l’amour, c’est d’aller au-delà des règles, au-delà des ordres, se sacrifier pour l’autre, blablabla, violons, tout ça.
– Allez d’accord : donne-leur le transmuteur. »

Ce qui est dit est fait, et pendant que les Mülets essuient le sang qui a coulé de leurs oreilles après pareils dialogues, leur roi utilise le transmuteur pour dupliquer leur dernière perle, et s’en sert pour allumer l’énorme moteur au milieu de leur village.

Aussitôt, tout le village se met en mouvement, car c’était en réalité l’intérieur du vaisseau qu’ils ont construit avec amour ! Ils quittent donc la station Alpha en laissant un gros trou derrière eux, et s’en vont vers… hé bien… heu… on va dire qu’ils ont un plan, hein.

Derrière eux, ils laissent dans le trou béant le commandant Méchant, suspendu de manière ridicule, et qui respire très bien, quand bien même la coque de la station n’est plus étanche, merci.

Quant à Valérian et Laureline ? Ils ne sont pas restés avec les Mülets. Ils ont quitté leur nouveau vaisseau à bord d’une ancienne capsule spatiale humaine du début du XXIème siècle qui traînait dans le village Mület, et dérivent à bord en attendant les secours.

« MAINTENANT ON EST BLOQUÉS GNE VEU BISOUUUUU !
– Du calme Valérian.
– TIENS AGNETEDONNE UN CADEAU POUR NOUS MARIER GNNNN !
– Ho tu… tu as monté une des perles de Mül en bague. Une bague radioactive. Mais c’est super Valérian.
– GNA DONNE LE CANCER, GN’EST DONC UN PEU COMME MON AMOUR POUR TWA ! »

Quelque part, il n’a pas tort. Laureline cesse donc de lutter, s’enfonce son pistolet dans les narines pour se gratter le cerveau et ainsi atteindre le niveau intellectuel de Valérian, tous deux se font des bisous en attendant l’arrivée des secours et…

… FIN !

Je. Mais. Que. Qu’est-ce que je viens de regarder ?

Il y a aussi des plans très subtils, comme le prouve cette photo officielle tirée du dossier de presse.


Pour conclure, je laisse la parole à Mozinor, qui a résumé l’art du cinéma de M. Besson et son générateur automatique de film.

On a tous les éléments dans ce film :

  • Un mec
  • Qui se retrouve à protéger une fille (l’âme et la quête de Zumba)
  • À bord d’un vaisseau
  • Dans l’espace
  • À un moment, il demande de l’aide à une pute
  • Et il pète la gueule à de gros robots noirs

Hmmm. Quelque chose me dit que si je cherchais bien, on trouverait le logo Audi sur leur vaisseau.


Avengers – C’est pas fini Wars

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« Diego, j’ai un plan diabolique. »

Diego, jusqu’alors occupé à épousseter ma collection d’armes, se tourne avec ce faciès surpris qui fait de lui l’excellent auditeur de mes complots les mieux ourdis.

« Encore un patron ?
– Oui. Diego, je pense qu’il y a un énorme marché là, juste sous nos yeux, qui me tend les bras. Le plan est simple : c’est de revendre mes plans.
– Je ne vois pas bien.
– C’est ton manque de vision qui parle, Diego, comme toujours. Mais nous sommes bien d’accord que les méchants ont toujours des plans tout pourris, n’est-ce pas ?
– C’est vrai patron. 
– Alors c’est justement qu’ils ont besoin de conseils ! De quelqu’un à leurs côtés pour leur expliquer d’arrêter leurs âneries et comment faire de vrais, bons plans efficaces. À chaque fois ces types croulent sous les richesses et les ressources ! Alors imagine s’ils étaient bien conseillés ! Je crois qu’il y a un vrai métier à développer, Diego. Consultant pour enflures. »

Mon fidèle serviteur est pensif l’espace d’un instant, et je lis dans ses mouvements serviles qu’il tente d’imaginer un monde où les méchants seraient bien conseillés.

« Mais ce serait déclaré, patron ?
– Allons mon bon Diego, les plus grosses enflures sont toujours du bon côté de la loi. As-tu déjà entendu parler des organismes de crédits ?
– J’entends bien patron, mais ça n’existe pas, le service aux enflures, à l’URSSAF. »

Naïf Diego. Je fais pivoter l’écran de mon ordinateur vers lui, et ses yeux s’illuminent brièvement lorsqu’il déchiffre ce qu’il s’y trouve.

« Attendez patron… ça existe vraiment ?
– Certainement, Diego. C’est un synonyme d’enflure. Mais avec un anglicisme, comme tout truc de consultant qui se respecte.« 

Et Diego de déchiffre sur l’écran

« Consultant en marketing »

Il est donc temps de partir à la recherche d’un premier client. Et j’ai ouï dire qu’un certain Thanos, méchant officiel des films Marvel, avait dans Avengers : Infinity War un plan soit disant diabolique. Alors, enfin un vrai méchant ou énième client potentiel ?

Spoilons, mes bons !


L’affiche. Tout est… couleur flammes ? Vite, Diego ! Je crois qu’on tient quelque chose !

Notre film débute donc… par un signal de détresse.

C’est le vaisseau de nos amis d’Asgard, à savoir Thor et ses amis, qui a un petit souci, puisqu’il vient d’être pris d’assaut par de vils margoulins spatiaux, qui ont massacré l’équipage, et à présent, tiennent en respect les deux seuls survivants, que sont Thor et son frère Loki. Ce qui est peu, disons-le.

Le numéro 2 de l’équipage des méchants, que nous appellerons par conséquent Poupou, marche au milieu des corps en prenant la parole au nom de son capitaine.

« Peuple d’Asgard ! Votre mort participe à rétablir l’équilibre de l’univers. Rencontrez votre créateur avec fierté, car vous avez été massacrés par le graaaand, le seuuuul, l’uniiiiique… THANOS !« 

Et en effet. Une imposante silhouette de 2,50 mètres de haut contemple l’espace depuis un hublot du vaisseau pour faire mystérieux. C’est donc lui, Thanos ? Le terrible méchant ? Celui dont on nous parle depuis quinze films et plus ou moins autant d’années ?

Thanos se retourne et…

Que ? Mais ? Attendez, c’est juste Bruce Willis en mauve !

« Pardon ? Mais pas du tout, mais je ne suis même pas joué par Bruce Willis !
– Ah non mais pourtant, c’est flagrant. Vous êtes Bruce Willis en mauve. Essayez de dire « Yipikai, pauv’ con ! », pour voir ?
– Silence, Thor ! Je t’ai vaincu et j’ai vaincu les tiens ! Et non, je ne dirai pas « Yipikai, pauv’ con ! »
– Rhooo oui ! Vous êtes trop Bruce Willis en mauve ! Vous savez que je fais super bien Hans Grüber ? 
– Bon allez, ça suffit, je n’ai pas que ça à faire. Si j’ai abordé ton vaisseau, Asgardien, c’est parce que j’ai besoin de l’une des pierres d’infinité que vous détenez à bord. Je veux les réunir toutes les six pour obtenir le pouvoir ultime. Alors donnez-la moi. »

Thor n’est pas d’accord, parce que vois-tu mon petit Thanos, il se trouve que la pierre d’infinité était sur Asgard, et qu’Asgard maintenant, c’est plutôt Caillougard (non, pas comme dans « Rencontre des Caillougards près de chez toi« , canaillous). Du coup, la pierre a été détruite. Pour quel autre motif les Asgardiens dériveraient-ils dans l’espace à bord d’un vaisseau pourri ? Par passion du voyage ? À la recherche d’une aire d’accueil et de panneaux routiers ou de lavabos innocents à revendre ?

Thanos flaire cependant que quelqu’un planque quelque chose ici.

Oui… il flaire les petits pets nerveux de Loki. Qui prétend ne rien savoir, mais après avoir torturé un peu Thor en lui faisant des brûlures indiennes, des clés de bras et des guilis sous les aisselles, Loki cède.

« Assez ! Oui, effectivement, j’ai caché à Thor que j’avais récupéré la pierre ! Je la gardais avec moi pour… heu… hé bien, pour faire des trucs. Mais tenez, je vous la donne. 
– Si facilement, ami de la ruse ?
– Non. En fait, c’est pour faire diversion pendant que… HUUUUULK, RAMÈNE-TOI ! »

Car oui, Hulk était à bord.

Et non, personne ne l’a remarqué quand ils ont pris la nef asgardienne d’assaut. C’est ballot, quand même, puisque du coup, ça aurait pu repousser ledit assaut et sauver Asgard de l’extinction, rien que ça. Merci, Dieu de la Ruse. On va dire que Hulk lisait Biba aux toilettes. Mais là, c’est bon, Hulk a fini le test « Quelle genre de shoppeuse es-tu ? » et il va meuler des margoulettes.

Sauf qu’à la surprise générale, si Thanos n’apprécie que moyennement les baffes… il parvient non seulement à repousser Hulk, mais aussi à lui claquer le beignet parce que bon, hein, ça suffit, il n’y a de la place que pour une seule couleur fluo dans ce film, et ce sera le mauve, ah mais. Hulk se retrouve vaincu, ce qui épate un peu la galerie. Thanos se frotte les mains après un travail bien fait, puis revient voir Loki.

Sans rire, dites-moi que ce n’est pas un Bruce Willis mauve. Il passe même tout le film en marcel !

« Nous disions ?
– Heu… v’là la pierre, M’sieur Thanos. Oubliez pour Hulk, c’était pour déconner.. »

Et Loki de donner la pierre à Thanos, qui la glisse dans son gantelet spécialement conçu pour faire la collec’ de pierres magiques, et savoure l’instant. On notera que Loki et Thanos se parlent d’ailleurs comme s’ils ne se connaissaient pas, alors que bon, dans le premier Avengers, Loki bossait vaguement pour Thanos. Mais on va dire qu’ils ont oublié, tout cela est si loin, vous savez ! Et puis bon, on croise tellement de Bruce Willis mauves de nos jours, hein.

Loki est cependant taquin : il tente de flatter Thanos pour mieux s’approcher et lui mettre un coup de dague. De face. Pendant que tout le monde le regarde.

Hmmm. Loki est donc semble-t-il le dieu des buses, je devais mal entendre depuis le début.

Le plan de Loki échoue (c’est fou !), et pour le punir, Thanos serre le kiki de Loki. Jusqu’à ce qu’il soit lui aussi tout mauve, puis tout mort.

« Naoooon ! » hurle Thor, qui ne vient jamais que de voir mourir son frère que pour la 30ème fois environ depuis le début des films impliquant Loki. Mais hélas pour lui, la perte de ses proches se poursuit, car non lon, Heimdall, ancien gardien du Bifrost, agonise.

« Je… je vais… activer une dernière fois… le pouvoir du Bifrost… pour te téléporter hors d’ici…
– Ah ! Heimdall, tu es décidément bien mon plus vieil et meilleur ami ! Sors moi d’ici, que j’aille préparer la rev…
– Non mais en fait je parlais à Hulk. »

Et Heimdall de propulser ainsi Hulk vers la Terre.

Je serais Thor, je l’aurais un peu mauvaise, quand même. Mon meilleur pote qui préfère sauver un truc vert qu’il connait à peine plutôt que moi-même, je pense que j’achèterais un yorkshire juste pour l’emmener faire ses besoins sur sa tombe tous les dimanches.

Mais, nous n’avons pas le temps d’entendre Thor faire des commentaires désobligeants impliquant la mère d’Heimdall, des géants ainsi qu’une BMW (tout cela est très confus), car Thanos après avoir achevé Heimdall, se casse… en faisant exploser le vaisseau, et Thor avec.

Ah oui. Soit.

Mais justement, et Hulk ?

Hé bien Hulk traverse l’espace à folle allure, jusqu’à arriver tel un météore littéral vers la Terre, où il traverse la verrière de la maison d’un certain docteur Strange, et fait un gros cratère dans le plancher, ce qui n’est pas très sympa. Le docteur Strange, qui était jusqu’alors occupé à parler sandwichs avec Wong, son coloc’ magicien, est donc un peu grognon de voir que l’on a si peu de respect pour ses bien mobiliers et que des gens de l’espace s’amusent à lui envoyer des immigrés interstellaires pour se marrer. C’est pas une Zad, ici, barre-toi sans papier kaki !

Mais lorsqu’il s’approche du cratère et y trouve Hulk en train de redevenir Bruce Banner, qui braille :

« Thanos arrive ! »

Jamais entendu parler, se dit le docteur Strange, mais après un bref échange avec l’ami Banner, il comprend que le monde est en danger, et sur les conseils de son invité indésirable, se téléporte pour aller cher un certain Tony Stark, qui était juste là occupé à parler de son envie de bébés avec sa copine, qui rappelons-le, s’appelle Poivre Pots. Elle a probablement été conçue lors de la semaine du goût. Je vous laisse poursuivre tout seuls les blagues sur le sujet, pour ma part, je poursuis.

Tony est donc ramené au manoir de Strange illico, où Wong, qui utilise ses pouvoirs pour se transformer en homme-vidéoprojecteur, rappelle ce que sont les pierres d’infinité à l’assemblée.

« Lors du Big Bang, l’énergie dégagée a créé l’apparition de six pierres d’infinité. Chacune représente l’une des forces primaires de cet univers : le temps…
– Okay, je vois.
– … l’espace…
– Je vous suis.
– … le pouvoir…
– heu, pardon ? C’était pas l’énergie ?
– Non non. Le pouvoir.
– Mais c’est pas un peu con ? C’est complètement abstrait, le pouvoir. Mais le pouvoir physique, genre la force musculaire ? Ou le pouvoir du genre de virer un stagiaire ?
– Je ne sais pas si le Big Bang avait des stagiaires, Monsieur Stark.
– C’est pas grave, continuez mon petit Wong.
– Vient ensuite la pierre d’esprit…
– Celle qui permet de raconter des blagues, je la connais bien. Je pense qu’on est tous d’accord pour dire que Gad Elmaleh ne l’a pas, on va gagner du temps.
– … puis celle de réalité…
– Ah, mais merde, ça devient n’importe quoi votre truc ! Si ça permet de contrôler la réalité, ça permet de contrôler le pouvoir, par exemple ! Ou l’esprit ! Du coup, ça fait doublon. Ou triplon. Ou moulton, vu tout ce que ça couvre.
– Mais arrêtez ! Bon, de toute façon, il n’en reste qu’une, et c’est la pierre d’âme.
– Mais ? C’est pas la même que l’esprit cette fois ?
– Non. C’est celle de l’âme.
– Attendez voir… s’il y a une pierre d’âme, c’est que l’âme existe. Ce qui veut dire qu’il y a une vie après la mort ! C’est bon les mecs, vous fatiguez pas, on peut tous crever, on a une âme immortelle ! »

Et… FIN.

Ah ? Non, attendez. En fait, Tony Stark se contente de dire « Oui oui » et de se chamailler avec le docteur Strange pour tenter de prouver que Strange et lui sont deux personnages différents, mais ça ne prend pas. Surtout lorsque les engueulades ont des sujets aussi débiles que « Pffff appeler Captain America pour se joindre à nous et sauver l’univers ? Mais on est fâchés, alors j’sais pas... »

C’est connu. Entre savoir si tu appelles un mec avec qui tu es fâché ou sauver l’univers, bon. Je comprends, c’est dur. Surtout quand ton personnage a un téléphone à part spécialement pour appeler le mec que tu ne veux pas appeler.

J’ai connu des collégiennes plus crédibles. Et pourtant, elles étaient baillonnées.

Mais assez parlé de mon année de CM2.

Revenons à nos deux qui se chamaillent pour savoir qui est le plus cool des deux richards-géniaux-mais-cools-surpuissants-qui-volent-en-rouge, avant de se souvenir d’une information centrale : deux pierres d’infinité sont sur Terre : Strange a celle du temps, et Vision, un Avengers, celle de l’esprit. Thanos risque du coup de venir leur rendre visite.

Et ça tombe bien, car quelque chose vient d’entrer dans l’atmosphère au-dessus de New York…

« Regardez ! Une roue de gerbille géante ! »

« Et si je me contentais de revenir dans le temps et d’arrêter Thanos avant que tout cela n’arrive ? Nan, je déconne. »

Alors oui, on dirait, mais en fait non. C’est un vaisseau spatial, figurez-vous. Certes, il est si ridicule qu’il n’est pas sans rappeler les plus grandes scènes de Prométhéus, mais tout de même.

La population fuit, et nos héros sortent affronter les vilains. Car en effet, un faisceau bleuâtre descend du vaisseau, et y apparaissent…

« De grosses gerbilles ! J’en étais sûr ! »

Mais même si on pourrait croire, non. En réalité, c’est Poupou, le second de Thanos, qui est accompagné d’un gros copain musclé, et est venu réclamer la pierre du docteur Strange. Nos amis laisseraient bien Hulk leur rétamer la bouche, mais Banner n’arrive plus à se transformer, ce qui est embêtant. Et la pharmacie la plus proche ne vendant pas de viagra vert, ils vont devoir faire ça eux-même, pfou.

Tony Stark dégaine donc sa dernière armure, docteur Strange commence à faire des trucs magiques aidé de son ami Wong, et pif pouf, tout ce petit monde se met joyeusement sur le nez.

Ailleurs dans New York, c’est Peter Parker, alias Spider Man, qui en pleine sortie scolaire, sent soudain que quelque chose ne va pas grâce à son super instinct d’homme-araignée. Il regarde par la fenêtre et… ho ! Un vaisseau spatial géant sur la ville !

Ah ben dis-donc, ils sont pratiques tes pouvoirs s’ils te permettent de remarquer quelque chose d’énorme 10 minutes après le reste de la population, dis-voir. Peut-être es-tu en fait le mystérieux Capitaine Obvious ? Mais passons.

Spiderman rejoint donc ses petits camarades pour un moment de bagarre. Hélas pour eux, l’ennemi est coriace, et Poupou parvient à enlever le docteur Strange et à s’enfuir dans son vaisseau. Iron Man et Spiderman – ce dernier équipé au passage d’une nouvelle armure conçue par Tony Stark – rejoignent discrètement le vaisseau et l’infiltrent pour sauver leur copain. Tu vas payer, Poupou ! On va te rappeler pourquoi tu n’es que numéro deux !

Mais quid de Wong et Bruce Banner ? Hé bien Bruce ne servant à rien sous sa forme de scientifique qui court partout les bras en l’air, Wong se débarrasse très simplement du gros méchant face à eux en le téléportant vers un endroit désert… et en refermant le portail sur lui, ce qui lui tranche un bout.

« Mais c’est génial ce pouvoir, Wong ! 
– Ho, vous savez, c’est la base, M’sieur Banner.
– On n’a qu’à se téléporter pour aller voir le docteur Strange et le retéléporter à la maison, vu que visiblement, vous pouvez rejoindre des gens instantanément sans savoir où ils sont, comme vous avez fait avec Tony Stark au début du film ! Ho, ou mieux, vous allez pouvoir téléporter un bout de Thanos, et paf, coupé en deux !
– Ah oui ?
– Mais oui !
– Vous voulez dire que je peux finir le film ici et maintenant ?
– Mais carrément !
– Heu… alors heu… je dois aller faire caca. »

Ceci n’est pas une blague : juste après la bataille, alors que la Terre a perdu Strange, Iron Man et Spiderman, Wong qui est quand même très fort prétexte qu’il a plus important à faire que sauver l’univers puisqu’il a un sanctuaire sur lequel veiller (des fois que des gens le menacent comme… disons, des gens voulant détruire l’univers ?), et disparaît du film dans un fumet de Canard WC.

Astucieux n’est-ce pas ? Oui, je pense que l’on peut parler d’escroquerie.

N’oubliez pas : la magie, la téléportation, et les voyages dans le temps, ça vous pourrit un film.

Alors sachant que le docteur Strange a les trois, je vous assure qu’on va en reparler.

Pour éviter plus d’incohérences (comme Spider Man qui arrive à taper la causette en combi moulante à 10 000 mètres d’altitude accroché à un vaisseau spatial, au hasard), allons voir ailleurs dans la galaxie. Et plus précisément, les Gardiens de la Galaxie.

Car Starlord et ses amis se promènent joyeusement dans l’univers lorsqu’ils captent un signal de détresse : le USS Thor & Friends, un vaisseau d’Asgard aurait des ennuis. Peut-être un réacteur en panne ou un pneu crevé, on n’en sait guère plus. Ils mettent en tout cas le cap sur celui-ci, mais lorsqu’ils arrivent, le vaisseau est non seulement tout pété, mais en plus…

… ils se prennent Thor sur le pare-brise.

Et le lave-glace citron ne le fait pas partir ! Fichtre.

Car figurez-vous que Thor est vivant malgré l’explosion de son vaisseau et des heures dans l’espace parce que… que… parce que Thor. Voilà. Si quelqu’un a une meilleure explication, je suis preneur.

Non parce que Loki est mort strangulé en quelques instants. Du coup, Thor sait-il qu’aux dernières nouvelles, lui et son peuple ont besoin de pouvoir respirer pour vivre ?

Visiblement, non. Ou bien c’est justement parce que son cerveau n’a pas besoin d’oxygène qu’il peut survivre dans le vide. C’est astucieux. C’est donc un Thor un peu déboussolé qui est récupéré à bord. Et qui partage la nouvelle : le mec qui a explosé son vaisseau, et compte bien semer le chaos dans l’univers, c’est un certain Monsieur Thanos, et il est plutôt taquin.

Sauf qu’à bord, la petite amie de Starlord n’est autre que Gamora… baroudeuse intergalactique qui est accessoirement la fille adoptive de Thanos ayant trahi son beau-père (quelle chance, quand même) ! Et grâce à ce que raconte Thor, nos héros comprennent que pour répondre à la menace Thanos, deux options sont possibles :

  • Soit se rendre sur la planète Knowhere, où Thanos a prévu de se rendre pour prendre la pierre de réalité, aux mains d’un personnage appelé le Collectionneur
  • Soit se rendre sur un monde forge où les nains locaux pourront forger une arme assez puissante pour savater Thanos dans les formes.

Il y a aussi l’option d’appeler du renfort, mais hahaha, allons, non. Faire du caca, c’est pas un truc que l’on fait trop collectivement.

« Sinon, dans notre précédent film, on a tué une planète-dieu avec une arme nucléaire. Mais je suppose que vous préférez-vous battre avec une hache magique de nain de l’espace ? »

L’équipe se divise par conséquent en deux groupes : Thor, Rocket le raton-laveur et Groot l’homme-arbre en crise d’adolescence iront voir les nains de l’espace pour avoir leur arme, alors que Starlord, Gamora et leurs amis qui font partie du décor iront sur Knowhere tenter de récupérer la pierre avant Thanos, voire essayer de lui refaire la truffe avec des armes classiques.

C’est donc parti.

Et sur Terre ? Hé bien ça ne chôme pas, car un autre vaisseau de sbires de Thanos est arrivé, cette fois-ci au-dessus de l’Ecosse, où ils ont localisé Vision.

En effet, le héros mi-androïde, mi-intelligence artificielle, mi-humain mais 150% kitsch coule des jours heureux auprès de Witch Lorraine, à qui il fait plein de bisous, et tous deux profitent de sa capacité à jouer des MP3 pendant qu’il lance kikoute.exe. Seulement voilà, deux « enfants de Thanos », comme ils aiment à s’appeler, viennent essayer de tabasser Vision et de lui voler sa pierre, voire de lui bourrer le port USB avec de la patafix, et ça, ça se fait trop pas.

Vision commence donc à faire ce qu’il va faire tout le film : geindre, se faire poignarder, regeindre, se refaire poignarder. N’en faites pas un jeu à boire : si vous prenez un verre à chaque fois que Vision se fait poignarder, vous serez dans le coma dans les dix minutes.

Witch Lorraine protège donc son amant neuneu avec difficulté face aux assauts des deux vilains de l’espace, mais reçoit finalement le renfort de Captain America, la Veuve Noire et Falcon. Ensemble, ils parviennent à repousser les vilains, avant que, puisque l’heure est grave, ils ne décident tous de retourner aux Etats-Unis.

Où ils sont supposés être des criminels en fuite depuis Civil War, mais bon, il est question de sauver le monde, alors bon. La fine équipe retrouve sur place War Machine et Bruce Banner, et c’est youpi dans les yeux, yaha dans les coeurs, chabadabada dans les slips. Vous faites les combinaisons que vous voulez pour savoir qui éprouve quoi pour qui, je n’irai pas lire vos fanfictions, bande de coquinous.

Mais que peuvent-ils faire depuis la Terre ?

Ils ne savent qu’une chose sur les intentions de leurs ennemis : ils veulent les pierres d’infinité. Et Vision en a une. Alors… pourquoi ne pas la détruire ?

« Parce que ça tuerait un peu Vision. 
– Oui mais je suis d’accord pour mourir. En plus mon personnage est tout moche.
– C’est vrai, mais on est dans un film de gentils, on ne peut pas te tuer. Non, on va plutôt t’emmener au Wakanda, où les mecs devraient avoir la technologie pour t’extraire la pierre sans danger. Puis, Witch Lorraine la détruira, car elle en a le pouvoir.
– C’est un plan ! Direction le Wakanda ! »

Nos amis sont en route ? Voilà une excellente occasion d’aller en voir un autre, puisqu’il y a tant de héros à suivre qu’il faut admettre que tout cela est fort dispersé. Bien, quel groupe va-t-on suivre ? Hmmm. Attendez, tel Rahan, je fais tourner mon Mauser sur un caillou et… bon, là il indique du rien.

Du rien ? Alors direction Knowhere !

Et retournons voir comment s’en tirent Starlord, Gamora et leurs amis. En route pour la base spatiale de Knowhere, Gamora se fait plus sombre. Tellement qu’elle commence à regarder dans le vide et à s’asseoir dans des coins l’air mystérieux.

« Tu t’es prise pour Sasuke ? Tu crois que c’est un épisode de Naruto ?
– Starlord, nom d’une pipe, je peux pas avoir l’air sombre deux minutes ?
– Hmmmmmnon.
– Bon écoute, c’est pas grave. Écoute, tu dois me promettre une chose. 
– Hmmmmmoui ?
– Si jamais je suis capturée par Thanos… tue-moi. J’ai des informations cruciales dont je ne peux te parler. S’il les obtient, l’univers va devenir tellement merdique qu’il pourra être racheté par DC Comics.
– Rude.
– Bref, tu me tueras d’accord ? Tu promets ? Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais sur HFR ?
– Promis. »

Cela étant dit, voilà que nos larrons approchent de Knowhere.

Et la base de Knowhere paraît déserte. Mais les détecteurs signalent un peu de mouvement dans un coin. Vite, la fine équipe pose le vaisseau, passe en mode ninja, et s’approche du lieu où ça remue. Et découvre, au milieu de sa collection d’objets exotiques, le fameux Collectionneur en train de se prendre des baffes par Thanos, qui lui demande cordialement de bien vouloir lui dire où il a caché la pierre d’infinité de réalité. Sinon, pour lui aussi, ce sera tirage de slip et clés de bras.

Nos héros observent depuis leur cachette.

« Je propose de ne pas y aller comme de gros cons.
– Silence, Starlord.
– Gamora, je t’assure, n’y va pas ! Surtout pas par groupes de un !
– C’est le plus grand danger de la galaxie… si nous ne l’affrontons pas par groupes de un, que pouvons nous faire ? »

« Aller crever », me souffle mon esprit pendant que je charge ma fronde à chatons pour lapider l’écran sur lequel je visionne des tas d’âneries.

Pour détendre l’atmosphère, je me permets de vous recoller cette image de Spiderman n’ayant de souci ni de froid, ni d’oxygène, alors qu’il est en chemin pour quitter la Terre. Voilà. Chut, savourez.

Cela dit, Gamora a beau attaquer seule en sortant de nulle part, elle parvient bel et bien à planter Thanos avec ses petits couteaux. Ho ? Aurait-elle vaincu le plus gros méchant de la galaxie avec son Laguiole à la moitié du film ?

Je me pose la question. Houlala oui.

Car en effet, soudain, la réalité change autour d’elle… Thanos a déjà la pierre. Tout cela n’était qu’une fausse réalité créée par la pierre, un truc plus consistant et traître qu’une illusion. Thanos, le vrai, tout vivant, surgit donc à son tour. Il est à la fois fier de voir que sa fille chérie a le cran de le tuer, mais est quand même un peu déçu car tout cela n’est pas très sympa.

Et puis un peu con aussi, non ? Ah ben non. Le fait que sa fille fasse des plans de merde ne le déçoit pas. Personnellement ma fille monterait des plans aussi nuls, elle serait enfermée dans sa chambre avec interdiction de comploter pour la semaine.

Gamora tente bien de re-tuer Thanos, mais cette fois-ci, son papounet a tôt fait de la maîtriser. Provoquant l’arrivée de ses amis pour tenter de la sortir du pétrin ! Sauf que Thanos contrôlant désormais la réalité, il n’a qu’à claquer des doigts pour les transformer en pâte à crêpe (Thanos a un peu de sang breton ; il prévoit d’ailleurs de changer la réalité pour déplacer le Mont Saint Michel de quelques mètres, le monstre !).

« Ho non ! Tu as transformé mes amis en pâte à crêpe !
– Oui, car telle est ma puissance, ma fille. Et encore, tu n’as pas vu ce que je peux faire après un verre de chouchen.
– Certes, mais en même temps, je suis sûr que tu ne le feras plus du film, sinon les combats seraient rudement plus courts.
– Tu as tout compris : c’est ce que l’on appelle le syndrome d’X-Men – Apocalypse.« 

Mais voici que c’est ce moment que choisit Starlord pour sortir de sa propre cachette et braquer Thanos et lui ordonner de lâcher la demoiselle. Thanos ricane très fort, car il sait ce que Gamora veut : elle préfère mourir qu’être prisonnière de son beau-père. Aussi provoque-t-il fièrement Starlord.

« Même pas cap’ de tirer sur ta nana.
– Même que si.
– Même que non.
– Même que si.
– Même que non.
– Même que si.
– Même que non.
– Même que si.
– Même que non.
– Bon, bordel, que quelqu’un me tire dessus, vous êtes relous tous les deux ! »

Les larmes aux yeux, Starlord décide donc de tirer… mais voilà que seules des bulles inoffensives sortent de son pistolet ! Thanos a changé la réalité. Il voulait juste le tester.

« C’était pour déconner. Allez, salut, et grâce à ma pierre d’espace : téléportatioooon ! »

Pouf, Thanos s’enfuit avec Gamora et ses précieux secrets.

Starlord est vaincu. Heureusement pour lui, ses amis reprennent forme humaine, car le sort de pâte à crêpe ne durait que le temps que Thanos soit là parce que… bref, parce que. Il file donc vers son vaisseau : où que Gamora soit, il ira la sauver ! En route, les petits amis !

Mais justement, où est Gamora ?

Hé bien, elle est prisonnière au sein de l’immense vaisseau de Thanos. Et celui-ci l’a enfermée dans la salle du trône, ce trône où il espérait qu’un jour, il laisserait monter sa fille chérie.

« Jamais, Thanos ! Je me suis échappée du contrôle du monstre que tu es !
– Pourtant, tu me dois tout… un petit flashback ?
– Et un verre de Cacolac s’il-te-plaît papou. »

Thanos va donc chercher les Cacolacs, et les deux s’installent pour regarder l’enfance de Gamora, fille d’une famille pauvre sur une planète où les gens avaient la peau verte comme elle. Un beau matin, Thanos et son armée sont arrivés, et ont exécuté très exactement la moitié de la planète. Dont la famille de Gamora.

Mais comme elle était choupi, Thanos l’a adoptée. Parce qu’il est comme ça Thanos : il tue la moitié d’une planète, mais s’il croise une gamine qui lui fait les yeux humides, rhoooo, ça va, allez, viens, je t’adopte et puis tu prendras mon trône. Regarde, je t’ai fait un panier choupi, hihihihi !

Oui, c’est un peu le Christian Grey de l’espace. Pardon, le Christian Purple.

Quel méchant en carton, ce Thanos. Je suis sûr qu’il regarde des vidéos de chat en cachette et qu’il glousse devant en serrant contre lui son coussin licorne.

Mais donc, ce jour-là, Thanos a expliqué pourquoi il faisait ça : il veut l’équilibre dans l’univers, car il est profondément centriste et a des posters de François Bayrou dans sa chambre. Et la surpopulation met tout cela en danger. C’est pour cela qu’avec la fin du flashback, de retour dans le présent, il peut expliquer son plan complet.

« C’est pour cela, ma fille. Avec les pierres d’infinité, je pourrai faire disparaître la moitié de la population de l’univers en un claquement de doigts. Et ainsi, sauver ces gens d’un cataclysme. Tu penses que je suis un monstre génocidaire ? Sache que depuis le jour où j’ai massacré la moitié de ta planète, elle n’a plus connu que la prospérité. Ce que je fais, je le fais pour l’univers. Je le fais pour sauver ces gens. Les six pierres d’infinités me permettront de sauver tout l’univers c’est pour cela que… »

Thanos s’arrête car un mystérieux portail vient de s’ouvrir derrière lui. Et en sort un Monsieur en costume noir et cravate rouge.

« Heu, oui ?
– Désolé de déranger, je suis M. Connard, mais vous pouvez m’appeler Odieux. Je suis consultant pour enflures. C’est un nouveau service sur le marché. Tenez, voici ma carte.
– « Connard & Co » ? Vous savez, vu le nombre de connards dans l’univers…
– Ah, certes, mon nom est légion, mais en même temps, nous sommes nombreux. Bref, je me permets de venir vous voir parce que là, ça ne va plus du tout.
– De ?
– Je viens d’entendre votre plan, là, et bon, on va pas se le cacher, mais c’est complètement con.
– Hé ho, je suis Thanos quand même ! Depuis quand un type encravaté pense être un plus grand méchant que moi ?
– Mec, c’est un film Marvel. Tu peux parler d’exterminer la moitié de l’univers, par contre tu ne feras jamais de blague sur le GHB. Moi, si.
– Ah houla, non, hé, je veux pas d’emm… aaaah. Okay, j’ai compris. Vous m’avez convaincu. Donc, mon plan, quel est le souci ?
– Vous comptez exterminer la moitié de l’univers pour qu’il soit plus prospère, d’accord ?
– En effet.
– Et que font les gens prospères et heureux ? Surtout après un grand cataclysme ?
– Ils… mangent bien ?
– Ils copulent, mon petit Thanos. Ils copulent comme des lapins.
– Des lapins choupinous ? Avec leur ‘tites zoreeeeiilles… quand y font mioum mioum mioum la salade… hihihihihi !
– Je… oui, voilà. Lâchez ce coussin licorne maintenant. Bref, dans 50 ans voire moins, ils auront encore doublé leur population.  Bref, tu ne fais une connerie tout de suite que pour répéter le problème plus tard. On dirait une réforme du gouvernement français. T’as jamais pensé à monter un parti, genre La Galaxie En Marche ?
– Heu non mais… bon ! Okay, mettons, les gens vont refaire exactement à ce qui les a menés à cette situation ! Mais en tout cas, je repousserai tout de même le cataclysme et les conflits qui les guettent !
– En faisant disparaître des gens au hasard ? Mais oui, c’est évident : en retirant 50% des éléments de n’importe quelle structure sociale, tu ne vas pas du tout provoquer des conflits et guerres ouvertes. Prends une classe de troisième techno. Retire juste une personne, comme au hasard, le prof, 10mn le temps qu’il aille faire une photocopie. Quand il revient, la classe a le code postal de Bagdad. Alors la disparition des gens sans conflit, comment dire ?
– Mais… mais les gens seront heureux parce qu’ils auront deux fois plus de ressources !
– Et deux fois moins de gens pour les exploiter. Ho, et au fait, si tu fais disparaître toutes les espèces qui consomment des ressources, tu réalises que tu vas aussi pourrir 50% des cultures ? Des cheptels ? Du coup, tu auras la moitié de la population, mais qui aura aussi moitié moins à manger. Ah non mais tu peux le prendre dans tous les sens, ton plan pue. En plus, Monsieur l’ami de l’équilibre, tu peux nous reparler du moment où tu as tué TOUS les Asgardiens et pas 50% ? »

Thanos est bien embêté parce qu’il s’aperçoit qu’en fait, il a oublié son cerveau dans son casier, on ne lui a pas dit qu’il fallait penser cet après-midi.

Thanos, ici réalisant que son plan n’a strictement aucun sens. Et qu’il pourrait juste faire apparaître plus de ressources pour tout le monde, en fait.

« Et donc vous proposez quoi ?
– Une extermination ciblée. 
– Holalala, hohoho ah non, ça c’est trop méchant ! Ça obligerait à désigner des groupes et ça ferait des polémiques, on est un film tous publics !
– C’est pour ça que vous avez besoin d’un consultant pour enflures, mon bon. Pour passer à l’échelle supérieure. Tenez, je vous ai même fait une liste. Regardez.
– Voyons voir… »les joueurs de djembé, les gens qui portent une casquette même quand il fait gris, les gens qui font suivre des Powerpoints, les gens qui trouvent Télérama pertinent... » bon, écoutez, je vois que la liste est longue, mais non. Je suis un méchant pour grand public, donc pas trop quand même. Vous pouvez repartir, Monsieur Connard. Je vais continuer sur mon plan faussement écolo qui ne règle rien voire va aggraver le problème.« 

Définitivement, Thanos mérite son ministère français, il a toutes les qualités requises.

Toujours est-il que Thanos a un détail à régler avec Gamora : il sait que sa fille connait l’endroit où se cache la pierre d’âme. Or, c’était justement l’information que Gamora voulait à tout prix éviter de donner à son papounet. Pour la convaincre, Thanos lui explique qu’il a capturé une de ses sœurs adoptives, et qu’il va la torturer jusqu’à avoir l’emplacement exact de la pierre.

Quelques hurlements plus tard et une extension de slip plus tard (décidément), Gamora avoue la vérité à Thanos : la pierre est cachée sur une planète morte et oubliée des hommes et des dieux : Moulins II en hommage à la célèbre préfecture de l’Allier.

Un petit coup de téléportation grâce au gant magique de Thanos, et Gamora et lui se retrouvent à errer au milieu de plaines désertiques (mais respirables, les gens sont sympas de toujours tout planquer dans des lieux habitables), avant de grimper un promontoire rocheux (fainéant comme je suis, je m’y serais téléporté, mais Thanos tient à faire sa marche quotidienne, c’est important s’il veut garder son petit corps de rêve), où les attend une forme encapuchonnée qui paraît flotter dans les airs.

« Quiiii ooooose entrer ici…
– Thanos.
– Queeeel savoiiiiir maudiiiit viens-tu….
– Bon, tu peux continuer comme ça ou je peux te mettre mon poing magique dans la gueule, hein, on va gagner du temps. »

Et la silhouette de toucher le sol – et de ne plus voler de la scène – puisque c’était en réalité… le Crâne Rouge ! Qui n’a d’ailleurs jamais eu le pouvoir de voler. L’ancien patron d’Hydra, et ennemi juré de Captain America a atterri ici en… heu… hé bien il avait une pierre et… enfin… bref, pif pouf, il est là.

Il explique qu’il est bloqué ici parce que… raaah, écoutez, ça suffit ! Bref, il sert de gardien à la pierre d’âme. Et explique qu’il n’existe qu’un seul moyen de l’obtenir…

« Se téléporter jusqu’à elle ?
– Nan, arrêtez enfin ! Ce serait tricher ! Vous êtes un méchant, mais faut pas déconner ! Non, vous devez payer un tribut à la pierre… faire quelque chose d’impensable…
– Dites-moi !
– Vous devez… avouer que vous êtes un gros Bruce Willis mauve.
– JAMAIS ! Je préfère renoncer à la galaxie que de…
– Nan, je déconne. Il faut sacrifier quelque chose que vous aimez. »

Thanos fouille donc dans ses poches… voyons voir. Il jette un chewing-gum, deux tickets de RER C Paris-Saint-Gratien, une carte de visite de Connard & Co, et tout de même, deux cartes Pokémon, dont une dorée.

Derrière lui, Gamora se moque.

« Hahaha ! Voilà, Thanos ! Tu pensais triompher, et vois ! Toi qui n’aime rien ni personne, tu n’as rien à sacrifier et… héééé ! »

Oui, Gamora est débile. Elle n’a pas compris, et Thanos, les yeux tout embués de larme parce qu’il a quand même un cœur gros comme ça, l’attrape et la balance du haut de la falaise, ce qui la tue.

En échange, les cieux s’ouvrent, probablement pour le remercier d’avoir tué ce personnage tout pourri, et pouf, la pierre d’âme en descend. Haha, une pierre de plus pour Bibi ! Qui pourra bien l’arrêter à présent ?

Hé bien, je propose de demander au docteur Strange, que l’on n’a pas vu depuis un moment, et qui est toujours prisonnier de Poupou, à bord du vaisseau qui le ramène vers la planète natale de son maître.

Sauf que Poupou ignore qu’il a à bord Spiderman et Iron Man, qui à eux deux, ont tôt fait d’ouvrir un trou dans la paroi du vaisseau, qui aspire le vilain à l’extérieur, et hop, Iron Man rebouche et l’affaire est entendue.

Désolé, Poupou. Apparemment, seul Thor et la princesse Leïa ont le pouvoir de faire les kakous dans l’espace.

Nos héros libèrent Strange, et discutent de la suite du plan.

« Merci de m’avoir libéré, les amis. Maintenant, rentrons sur Terre.
– Non.
– Monsieur Stark ?
– Moi je dis qu’on continue. On est en pilote automatique, alors on arrive et on pète la gueule à Thanos.
– Vous voulez dire que plutôt que de l’affronter pépère, chez nous, avec nos défenses, du temps de préparation et autre, vous voulez débarquer chez lui, sur une planète dont nous ignorons tout, seuls et sans renforts avec pour seuls armes nos bites magiques et nos couteaux à protons, ainsi que la pierre du temps que je porte qu’il ne doit surtout pas capturer ?
– C’est exactement ça.
– C’est complètement con. Faisons ça ! »

Nos larrons qui sont supposés, je le rappelle, être trois génies, attendent donc comme des neuneus de se rendre sur la planète de l’ami Thanos pour venir lui botter les fesses, hop, à eux trois. Et bientôt, ils arrivent en effet sur Titan… qui s’avère être une planète couverte de ruines d’une ancienne civilisation prospère.

Hmmm.

Mais à peine nos héros ont-ils pos… hem, écrasé le vaisseau qui n’était pas tant en pilote automatique que ça, que des intrus pénètrent à bord et essaient de leur refaire la truffe. Attendez un instant, ce ne sont pas n’importe quels intrus : c’est Starlord et ses amis qui, à la poursuite de Thanos, sont eux aussi venus sur Titan et en voyant le vaisseau, ont pensé à des alliés du margoulin !

Iron Man tente d’apaiser la situation.

« On se calme les enfants ! Tout cela n’est qu’un vaste malentendu. Qui êtes-vous ?
– Je suis Starlord, et Thanos a enlevé ma nana. Alors je suis colère ! Agrougroum !
– Attendez une seconde, vous êtes contre Thanos aussi ? Et vous êtes humain ? Bon, je pense qu’on est dans le même camp : nous aussi sommes venus savater l’autre mauve.
– Bien, mais alors, vous avez un plan ?
– Un plan ? Hahahahahohoho… nous sommes parmi les plus grands génies de la Terre, enfin !
– Et donc ?
– Ben non, on n’a pas de plan. »

À tel point que le docteur Strange en a marre et décide de faire un truc pas con (si, si) : il utilise sa pierre d’infinité du temps pour aller explorer différents futurs où ils affrontent Thanos et voir quels plans merdent ou pas. Et en explore ainsi… plus de 14 millions. Rien que ça ? Ma foi, oui.

Pour rappel, en supposant qu’il n’explore à chaque fois qu’une seule journée dans le futur, tel un Bill Murray sans marmotte, cela ne représente que 38 356 années vécues, là, comme ça, en quelques secondes.

« Damien, ton personnage vient de prendre 38 000 ans dans la gueule et de voir sa propre mort 14 millions de fois. Fais un jet de SAN. Bien, ton personnage perd… 13 999 982 points de SAN. Tu incarnes désormais « Docteur Concombre. » »

Mais le docteur Strange va bien, merci, malgré le fait qu’il a soudain pris plus de 38 000 ans dans la gueule mentalement parlant. Et Iron Man s’approche.

« Bon alors, 14 millions de possibilités, et on gagne dans combien ?
– Une.
– Attends, on se prend des branlées dans tous les autres cas ? Vous vous foutez du monde ?
– Nan mais j’ai exploré plein de futurs et…
– Vous avez exploré celui où on se téléporte sur Terre et on revient avec une arme nucléaire qu’on fait péter quand il se pointe ici ?
– Heu…
– Celui où vous le téléportez dans le soleil ?
– C’est-à-dire…
– Celui où vous le téléportez à moitié et le coupez en deux ?
– Je…
– Ho, mieux ! Celui où au lieu d’aller dans un futur de branlées avec la pierre, vous revenez dans le passé et défoncez Thanos avant même qu’il ne soit dangereux ?
– Écoutez, vous savez comme moi qu’avec de la magie, de la téléportation et des voyages dans le temps, je génère forcément des incohérences en boucle dans un film.
– Plus encore quand votre personnage est génial et qu’on vient de lui donner 38 000 ans d’expérience à combattre en boucle le même mec.
– Oui hein ?
– Oui. Bon vous savez quoi ? On va faire un bon gros plan de merde où on l’affronte avec nos petits poings. D’accord les amis ?
– Ouais ! »

Pour rappel les amis, deux règles de base dans l’écriture :

  • Si vous filez des pouvoirs à un personnage, il risque de s’en servir
  • Écrire un personnage plus intelligent que soi est difficile puisqu’il est né de votre réflexion et par définition, est limité par celle-ci

Du coup, trois soi-disant génies pétés de pouvoirs, forcément, c’est un peu du suicide. Surtout quand le budget sandwichs du film est supérieur au budget alloué au scénario.

Thanos, donc, qui revenait pépère de récupérer sa pierre d’âme et essuyait encore ses grosses larmes, se téléporte ainsi sur Titan… lorsqu’il aperçoit face à lui le docteur Strange, qui l’attend paisiblement.

« Mais ? Qu’est-ce que vous foutez là ?
– Je viens t’affronter, Thanos.
– Non, je veux dire : tu as vaincu Poupou, qui t’emmenait ici contre de gré avec la pierre… tout ça pour venir ici quand même avec la pierre ?
– Oui je sais, c’est très con. Mais que voulez-vous, hein. Bref, nous allons arrêter ton terrible projet, Thanos ! »

Et Thanos de serrer le poing pour activer sa pierre de réalité et rendre à sa planète ruinée sa riche apparence d’antan. Il explique que Titan était riche, belle et prospère, et puis bon, quand ils sont devenus trop nombreux, guerres et autres ont ravagé la planète… en faisant la ruine qu’elle est aujourd’hui. Il fait donc tout cela pour sauver des planètes.

« En fait, arrête de parler Thanos, c’est insupportable, tu es peu ou prou aussi con-con que nous. Maintenant je vais t’affronter… avec mes amis ! Yaha ! Empêchez-le de serrer le poing pour se servir des pierres ! »

Tu veux dire, comme il vient de le faire il y a une seconde ? T’as eu du bol que ce soit pour te montrer un vieux flashback pourri, sinon, vous étiez tous transformés en pâte à crêpes. C’est donc parti : nos héros jaillissent de leurs cachettes, et commencent à distribuer des mandales. Passons les détails sur Machin qui esquive truc au dernier moment où Bidule qui utilise une super attaque mais zut, loupé de peu, ce n’est pas bien palpitant. Et venons-en à la conclusion : en coordonnant leurs attaques, les gentils parviennent à immobiliser Thanos. Et même à l’apaiser car une des amies de Starlord dispose de pouvoirs psychiques qui permettent de le calmer le temps qu’on lui retire son super gantelet.

« Attendez M’sieur Stark, vous voulez dire qu’il était sensible aux pouvoirs psychiques depuis le début ?
– Oui mon petit Spiderman, pourquoi ?
– Ben les X-Men auraient pas pu régler ça en deux-deux ?
– Si, mais on n’a pas les droits pour les mettre à l’écran ! »

Tremblez devant Thanos, maître des copyrights !

Mais pour l’instant, Thanos est immobilisé, et Iron Man aidé de Spiderman essaient de lui retirer son gant. Pfou, c’est dur, houloulou, c’est serré dis-voir, vas-y, passe-moi le beurre…

Et sinon, lui couper le bras ? Ou le tuer, d’ailleurs ? Non ?  Non : on va plutôt faire « Ho non, ça vient pas ! » durant dix minutes.

Parce que sinon, une fois encore, le film est fini.

Je vous rappelle que nous en sommes en stade où le film ne tient que parce que les héros n’ont pas de beurre ou d’eau savonnée sur eux. C’est vous dire si c’est profond.

Et justement Starlord, lui, profite que Thanos soit immobilisé pour lui demander où est sa meuf, vazy, wesh. Ses amis lui disent bien d’arrêter, bordel, tu vas l’énerver et le sortir de la transe où on l’a plongé, alors ne nous tue pas tous avec tes conneries. Ou alors tue-le, lui. Mais non : Starlord comprend que Thanos a tué sa nana et… lui colle un bourrepif comme un gros con.

Ce qui réveille Thanos.

Et relance le film. Et ÇA c’est cruel.

Thanos qui n’est plus maintenu par qui que ce soit car les gens essaient plutôt de retenir Starlord (c’est vrai que tout à l’heure, on tirait des missiles sur la gueule de Thanos, mais là, lui mettre un coup de poing, c’est intolérable, arrête gros vilain, tu pourrais lui faire bobo). Le méchant peut donc bourrer la gueule de tout le monde et presque tuer Iron Man… qui n’est sauvé que parce que le docteur Strange préfère donner la pierre du temps que de voir son clone de richard-neuneu-volant en moins magique mourir.

Et sinon, utiliser la pierre pour revenir dans le temps avant que Starlord ne fasse le con ?

Ah ben non. On va plutôt donner tous les pouvoirs à Thanos, dites-voir.

Encore une fois, j’insiste : des génies.

Bien. Les choses étant pliées sur Titan… que diriez-vous d’aller sur Terre, et plus précisement au Wakanda, célèbre pays d’Afrique qui a pour roi un certain Black Panther ?

Car sur place, voici qu’arrivent Captain America et toute sa fine équipe pour faire opérer Vision, lui retirer sa pierre d’infinité et la péter dans la foulée. On installe donc le bougre dans une salle d’opération dans la ville principale du royaume, lorsque soudain… alerte rouge ! D’énormes vaisseaux extra-terrestres sont entrés dans l’atmosphère et arrivent par ici ! Le Wakanda étant le pays le plus avancé au monde, l’alerte est aussitôt donnée et les troupes sur pied dans l’instant. Et surtout , l’énorme dôme d’énergie qui protège la capitale empêche les vaisseaux de lui tomber dessus, et ces derniers doivent donc se poser dans les forêts qui entourent la cité.

Vous savez, les forêts qui n’existaient pas dans Black Panther mais qui pif pouf, sont apparues entre temps. Quel pays magique que le Wakanda.

Les extra-terrestres se posent donc, et leurs commandants en sortent pour aller étudier le dôme d’énergie de plus près. Et effectivement… ça a l’air compliqué de passer. Le dôme arrête tout, y compris leurs armes.

Pendant ce temps, à l’intérieur, les armées du Wakanda se… que ? Mais ? ELLES SE METTENT EN LIGNE ? Mais bordel, c’est pas une parade, c’est la guerre ! Et si l’ennemi passe ? Et s’il a de l’artillerie, surtout vu qu’il vient un peu de l’espace ? Être groupés comme des cons à découvert, c’est pas complètement neuneu ? Notons d’ailleurs aussi que le Wakanda a des armées qui combattant à la… lance ?! Qui parfois, peuvent tirer un petit laser, mais sinon, des canons ? Des mitrailleuses ? Non non : les mecs sont en étoffes traditionnelles et lances. Ho, et vous ai-je parlé de la « Tribu des frontières », régiment qui pousse des cris de gorille pour se donner du courage ?

Mais sinon ? Du couvert, des défenses, enfin… des trucs modernes ? Non ? Ah ben non. On se bat comme en l’an mille.

Oui, moi aussi, je trouve tout ça super raciste. Mais bon, il paraît que maintenant, le racisme, c’est progressiste. Je dois me faire vieux.

Les méchants sont cependant bien embêtés par le dôme. Par le tas d’andouilles derrière, moins, mais le dôme, c’est embêtant, voyez-vous. Ils décident donc de… heu… hé bien… de lancer toutes leurs troupes de créatures qui font greugreu sur le dôme, et à force de le surcharger, parfois, sur cinquante bestioles, il y en a une qui passe dans un trou du dôme qui ne se ferme pas assez vite. Et se fait donc rapidement pulvériser par les défenseurs qui sont en position et en surnombre. Mais bon, hein, ils tirent un peu dessus, mais la castagnent surtout à la lance parce que c’est plus marrant.

Entendez mon soupir.

Les méchants décident par conséquent… d’encercler le dôme et de continuer à l’attaquer. Black Panther tremble à cette idée.

« Il ne faut pas les laisser nous encercler ! Il faut les concentrer devant nous !
– Ah non, au contraire.
– Caporal M’Roudoudou du Wakanda ?
– C’est pas pour vous embêter chef. Mais si en concentrant toutes leurs forces au même endroit, ils n’arrivent à passer qu’en ordre dispersé et qu’on les massacre, s’ils étendent la même quantité de troupes sur tout le dôme… ça en fera moins au mètre carré. Donc moins de surcharge. Donc ils seront comme des cons.
– Heu… non mais… c’est pas plus rigolo d’ouvrir le dôme au prétexte d’essayer de les garder face à nous ?
– Pas vraiment. C’est surtout un plan de gros neuneus. À la limite, vous diriez ça et vous auriez des mitrailleuses et des canons pour les sulfater dès qu’ils passent une moustache. Mais là, à part War Machine, bon, ça laisse un peu à désirer niveau matos.
– Ouais mais non, alleeeeez, on veut la bagaaaarre… ouvrez le dôme ! Nous devons retenir les troupes de Thanos le temps que nos scientifiques extraient la pierre de l’esprit de Vision et que Witch Lorraine la détruise ! Yahaaaa ! »

Et donc, c’est parti pour une baston géante de gros débilous où vas-y que je te mets un coup de poing, et moi un coup de lance, hop, je te sauve au dernier moment du monstre dans ton dos…

Finalement, les méchants, qui sont décidément méchants, se disent qu’ils vont sortir leur autre arme :

Les machines souterraines qui peuvent attaquer en passant sous le dôme.

Mais ? MAIS VOUS POUVIEZ PAS COMMENCER PAR ÇA ? Et broyer toutes les andouilles locales pendant qu’ils s’étaient intelligemment groupés en ligne et à découvert ? Mais non. J’ai vu des batailles de trépanés plus palpitantes.

La bataille de SEGPA fait rage quand soudain…

Soudain…

Dites, quelqu’un se souvient qu’il y avait Thor dans ce film ? Non ? Bon, hé bien je vous fais le résumé de ses aventures pendant ce temps. Attention, ça va aller très vite.

« Rocket, Groot, je suis content de voyager avec vous. Quel dommage que je sois borgne !
– HO BEN ÇA TOMBE BIEN ALORS J’AVAIS UN ŒIL CYBERNÉTIQUE DANS LA POCHE QUI S’INSÈRE SANS OPÉRATION  !
– Oui mais… ho non ! La base spatiale des nains a été ravagée !
– HO BEN ÇA TOMBE BIEN ALORS PARCE QUE LE SEUL SURVIVANT EST LE NAIN QUI A FORGÉ LE GANTELET DE THANOS !
– Cool, mais regardez, il lui a pourri les mains en le forçant à faire une collec’ de pin’s en partant, il ne pourra plus rien forger.
– HO BEN ÇA TOMBE BIEN ALORS PARCE QU’EN FAIT IL PEUT FORGER SANS LES MAINS !
– Bon ben j’aimerais bien une super hache de l’espace. Plutôt qu’un fusil ou une mitrailleuse, mais ça, c’est parce que je suis aussi con que les autres.
– HO BEN ÇA TOMBE BIEN ALORS PARCE QUE LE NAIN A LE MOULE D’UNE HACHE SURPUISSANTE DANS LE PLACARD !
– Oui mais sa forge est éteinte, et bon, elle utilisait le cœur d’une étoile morte, alors va redémarrer ça.
– HO BEN ÇA TOMBE BIEN ALORS PARCE QU’IL SUFFIT D’UTILISER NOTRE VAISSEAU COMME UN STARTER DE SUPER 5 ET ÇA REPART ! (cette séquence implique Thor tenant un bout de la la base d’une main et son vaisseau de l’autre pour tracter ledit bout défectueux parce que bon, utiliser un grappin ou un crochet pour ce faire, c’eut été trop pratique)
– Oui mais bon, la base est ravagée, alors du coup, ça fonctionne moyen quand même. Si seulement quelqu’un pouvait approcher de l’étoile pour relancer manuellement tout ça.
– HO BEN ÇA TOMBE BIEN ALORS PARCE TU ES SUPER FORT ET QUE TU PEUX RÉSISTER À LA PLEINE PUISSANCE D’UNE ÉTOILE !
– Cool, ben voilà, maintenant j’ai un fer de hache, mais où va-t-on trouver un manche ?
– HO BEN ÇA TOMBE BIEN ALORS PARCE QUE GROOT PEUT CRÉER DU BOIS !
– Ah oui, tiens, j’ai une hache complète. Reste plus qu’à retourner sur Terre fissa puisque Thanos va sûrement s’y pointer bientôt.
– HO BEN ÇA TOMBE BIEN ALORS PARCE QUE LA HACHE A LE POUVOIR DU BIFROST PARCE QUE… PARCE QUE ! »

Voilà. Je pense que l’on peut appeler cette séquence Thor – Armaggedon, tant cet enchaînement de problèmes sortis de nulle part suivis de bricolages miraculeux nécessite de faire se rencontrer très fort la tête du scénariste et une commode.

Thor est donc retour, il a une grosse hache, il peut se bifroster (c’est un verbe), et débarque donc au coeur de la bataille où il se met à tataner tout le monde, en volant et en envoyant des coups de hache et des éclairs. Ah, c’est pratique d’attaquer depuis le ciel ! Si seulement le Wakanda avait inventé l’aviat… ho. D’accord. On me dit qu’ils sont donc encore plus nouilles que prévu. À ce stade, je déclare la mort cérébrale de tout ce petit monde.

En parlant de mort cérébrale, puisque ce trou noir de QI attire à lui tout ce qui a un plan débile dans la galaxie, Thanos arrive sur ces entrefaites.

« Vite les amis, malaxons lui la truffe ! » ordonne Captain America à tous ses compagnons.

Mais Thanos est super fort et leur colle à tous une raclée sans trop de problèmes. Lui, il s’en moque d’eux, il veut Vision et sa pierre. Et ça tombe bien, parce que Vision a été attaqué par des méchants infiltrés alors qu’il était encore sur la table d’opération, et a dû lui aussi fuir dans la brousse. Or, maintenant, il est dans un sale état (oui, il s’est fait poignarder. Oui, il geint). Et il n’a plus que Witch Lorraine à ses côtés.

« Vite, Witch, tant pis, tu dois détruire la pierre, et moi avec au passage !
– Mais non, je t’aime mon amour, je ne peux pas.
– Si tu peux.
– Non je ne peux pas.
– Si tu peux.
– Non je ne peux pas.
– Si tu peux.
– Non je ne peux pas.
– Si tu peux.
– Non je ne peux pas.
– Allez c’est toi qui raccroche.
– Non, c’est toi, hihihihi ! »

Mais ils entendent les gros pas de Thanos qui approchent alors hein, bon hé : Witch Lorraine désintègre la tronche de son copain pour le bien de l’humanité, et pleure à chaudes larmes lorsqu’enfin, elle y parvient (personnellement, j’ai applaudi). Vision est mort, mais le monde est sauf.

« Tu dois me tuer, Witch Lorraine. J’en ai assez d’être un homme-betterave. »

Mais attention. Parce que là, LÀ, Thanos arrive et fait LE truc pas con du film. Soyez attentifs, profitez-en, ça va aller très vite :

Il utilise la pierre du temps pour ramener Vision du passé… et le re-tue (« Ho non, on me repoignarde ! Bouhouhou !« ), mais cette fois-ci, c’est pour que Thanos lui prenne sa pierre, la rajoute à son gantelet, et paf, il a la collection Panini complète. Va-t-il avoir un autocollant doré de la galaxie ?

Il se le demande, lorsque tombe du ciel Thor ainsi que sa hache, le premier plantant le second en plein dans les pectoraux de Thanos. Qui est du coup en mauvais état.

« Aha ! » dit Thor.

« Je peux encore claquer des doigts. » répond Thanos.

Ce qu’il fait, avant de se téléporter sur Mercurochrome, la planète qui soigne tous les bobos.

Attendez, Thanos a claqué des doigts ? Mais alors… que ? Seigneur ! Son plan a réussi ! Tout autour de Captain America, une personne sur deux se retrouve soudain transformée en cendres. Et c’est ainsi dans toute la galaxie ! Iron Man, encore sur Titan, n’a pas de bol : lui, il a toute la petite troupe à ses côtés qui se retrouve à faire un cosplay d’Anne Franck (Thanos n’oserait jamais faire cette blague, vous le savez), et bah, ça en met partout, particulièrement quand Spiderman vient ainsi mourir dans ses bras.

« Je… je ne veux pas mourir, Tony !
– Allons mec, on a rebooté trois fois ta licence ces quinze dernières années. Tu crois sérieusement qu’on ne va pas te revoir au cinéma ? »

Et Spiderman de devenir Ashboy, le célèbre scientifique qui après s’être brûlé avec l’allume-cigares de sa Mazda, a désormais le pouvoir de donner une formidable saveur à la cuisson des pommes de terre. Nombre de nos héros connaissent ainsi une triste fin : le docteur Strange, qui avait tout vu venir mais était débile, Starlord et ses amis dont vous noterez que je n’ai même pas donné les noms tant ils ne servaient à rien, Bucky, le soldat de l’Hiver devenu soldat de la cheminée (on reste dans le thème de Noël, avec son nom de renne), Falcon, Groot, Black Panter et tout un tas d’autres larrons.

Voilà. L’univers vient de perdre 50% de sa population. C’est le drame.

Qui a survécu ou non ? Comment vont faire les survivants ? Et surtout, est-ce que du coup, ils ont eu Cyril Hanouna ?

Tant de questions, si peu de réponses. Alors que pendant ce temps, sur une lointaine planète, Thanos se remet de ses blessures en savourant un lever de soleil sur des plaines verdoyantes où il y a quand même vachement moins de monde pour lui gâcher la vue.

Il a donc triomphé et…

… FIN !

Oui, il y a une scène post-générique. Oui, je suis resté jusqu’au bout malgré le générique sans fin juste parce que vous m’y forcez, bande de rascals.

Et cette scène est brève ; on y retrouve Nick Fury dans sa voiture avec une de ses potes en train de se promener dans New York. Lorsque soudain, on leur annonce que de gros vaisseaux sont signalés au-dessus du Wakanda. Et autour d’eux, carambolages et crashs d’hélicoptères : une personne sur deux est en train de se transformer en lendemain de barbecue ! Y compris la camarade de Nick Fury, et bientôt, Nick lui-même. Mais il a le temps d’activer un bippeur. Pour appeler à la rescousse leur dernier espoir…

… CAPITAINE MARVEL.

Alors oui mais sachant que tous les objets disparaissent avec les gens, pourquoi le bippeur tombe-t-il au sol et peut-il continuer à envoyer son signal ?

Et surtout, pourquoi ne pas l’avoir appelée avant, en fait ?

C’est donc sur cette incohérence de qualité que…

RE-FIN.

Est-ce que c’est moi ou bien Marvel vient de trouver un excellent prétexte pour rebooter quantité de ses héros ? Ce qui veut dire encore plus de fil…

DAMNATIOOOOOOOON !

Ici, le casting d’Avengers 4.


« Bon alors patron, du coup, Thanos a réussi sans vous ?
– Thanos a réussi son plan tout pourri, mon petit Diego. Ce qui veut dire qu’il va forcément avoir besoin des services d’un consultant puisqu’au final,  de tuer 50% des gens n’a servi à rien.
– N’empêche que vous n’avez pas réussi à le convaincre de vous engager, patron.« 

Je jette un regard suffisamment noir à Diego pour qu’il soit considéré comme territoire Wakandais.

« Vous allez avoir des emmerdes avec ce genre de blagues, patron.
– C’est pour attirer le client, Diego. Tout nouvel acteur d’un marché a besoin de publicité. Et tout le monde sait qu’on passe pour un plus gros méchant sur Twitter avec ce genre de calembours qu’en étant, je ne sais pas moi, l’ensemble des actions de l’Etat Iranien de ces dix dernières années.
– Vous pensez que ça va suffire ?
– Non. Il faut aussi que je sonne comme un vrai consultant. Ce qui veut dire faire des phrases qui ne veulent rien dire, mais qui font sérieux.
– Comme par exemple ? »

Je pointe à Diego la serpillière avec laquelle il nettoie le sang d’une précédente stagiaire ayant osé me dire que le cinéma français était créatif.

« Tu ne nettoies pas le sol, Diego. Tu es en fait une task force en mode agile en charge de cleaner le project. Bien sûr, tu me feras un reporting quand tu auras fini. Je propose une petite conf-call.
– Que… je…
– Ah oui, et tu n’oublieras pas notre petit meet-up de tout à l’heure pour faire le point sur ton workflow. Parce que c’est des fois, c’est un peu cranky-cranky, et je pense qu’il faut parler méthodologie.
– Gnnnn… que… mes oreilles…
– Ce n’est rien Diego. Ce n’est que du sang qui en coule. C’est ce qu’il se passe chez l’être humain normalement constitué lorsqu’il entend parler en consultant, qui est un peu le Noir Parler du monde du travail. »

Heureusement pour Diego, un coup de sonnette lui permet de trouver le prétexte de s’échapper de la pièce, et c’est à petits pas pressés qu’il se rend à la porte. Il en revient quelques instants plus tard, penaud, un recommandé à la main.

« Qu’est-ce que c’est Diego ?
– Une assignation patron. Quelqu’un a lu clair dans votre jeu, et ils vous demandent d’oublier votre plan, au risque de vous dénoncer pour concurrence déloyale.
– Mon plan de méchant pour méchants sans plan aurait déjà une faille ? Qui ose ?
– Ils disent « Conseiller des enflures et employer du pipotron, c’est notre boulot, alors laissez tomber, le marché est déjà pris. »
– Et c’est signé ? »

Diego marmonne en relisant le courrier. Et tombe tout en bas sur la signature du coupable.

« L’ensemble des agences de communication. »

DAMNATIOOOOOOOON !

Star Wars – Solo solo

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Qu’ils ont l’air heureux, tous les deux, penchés sur le même téléphone.

Ils ont l’enthousiasme de la jeunesse, et cette étincelle d’optimisme dans les yeux qui se mêle au reflet des images dont leurs rétines s’abreuvent. Le haut-parleur du téléphone crachotte les notes d’une musique bien connue, alors que la bande-annonce touche à sa fin.

« Tu te rends compte  ? On pleurait pour avoir des films Star Wars, et à présent, il y en aura régulièrement !
– Oui ! Et pas seulement des suites à la trilogie  ! La jeunesse de Han Solo, ça va être trop bien !
– Pauvres âmes innocentes. »

Les deux jeunes gens sursautent alors qu’une tête vient d’apparaître entre eux. Une tête sans l’enthousiasme de la jeunesse ni l’étincelle d’optimisme dans les yeux. Une tête qui ne peut appartenir qu’à un homme blasé, et la seule étincelle qui brille dans ses yeux est celle d’un monde qu’il ne demande qu’à voir brûler, un verre de brandy à la main et un air de musique classique en fond.

« Mais qui êtes-vous et que faites-vous là  ?
– Je suis le choc brutal de la réalité rencontrant les minces espoirs qui tiennent encore les fils de vos âmes innocentes, dis-je.
– Vous êtes le Diable  ?
– Non. Je suis le mec qui a vu tous les Twilight.
– Ho mon dieu vous êtes un monstre  !
– Venu vous rappeler aux tristes vérités de ce bas-monde. J’ai senti de l’espoir, je devais le détruire. C’est bien la bande-annonce de Solo que vous regardiez  ?
– Oui et alors  ? C’est quoi le problème  ? Vous aussi vous allez râler contre l’acteur  ?
– Ho non. Vous savez, vu le charisme de celui-ci après Harrison Ford, c’est un peu comme avoir demandé à Kev Adams de succéder à Sean Connery pour James Bond.
– Mais on s’en moque  ! C’est Solo, bon sang  ! Han Solo  ! C’est inratable  ! C’est tout l’univers Star Wars en concentré  : des vaisseaux de contrebandiers qui foncent aux frontières de l’espace, des planètes oubliées de tous sauf de bandits galactiques et de postes avancés impériaux, des vaisseaux brinquebalants, des blasters…
– Donc c’est inratable.
– Les origines de Solo, évidemment  ! Un personnage de hors-la-loi charismatique, ça devrait être une histoire de… mais qu’est-ce que vous faites  ?
– Rien, ce sont juste mes DVDs de la prélogie. Je les ai toujours avec moi des fois que je doive lancer un truc sur quelqu’un. Vous vous souvenez  ? La jeunesse de Dark Vador. Inratable.
– N… non, non, arrêtez  !
– Vous vous souvenez quand Anakin est en fait un jedi parce qu’il a des midichloriens  ?
– Je… non, stop  !
– Et quand il devient ami avec Jar-Jar Binks  ?
– Arrêtez  ! Arrêtez, taisez-vous  !
– Ho, je sais, que diriez-vous de revoir la scène où il pique-nique avec sa copine ? Et lui avoue que le sable, ça gratte ? »

Les deux jeunes gens se saisissent des DVD, et comme prévu, s’en servent pour se trancher les veines. Diego s’approche lentement, sa serpillière à la main.

« Patron, faut vraiment que vous arrêtiez.
– Mon bon Diego, le désespoir, c’est comme le bon vin  : ça se partage avec plaisir mais tout le monde ne le tient pas.
– C’est tout de même les douzièmes ce matin.
– Je sais mais c’est rigolo.
– Enfin, je ne sais pas si… patron  ? Patron, revenez, où allez-vous  ? »

Je ne lui réponds pas.

En effet, je viens d’apercevoir deux malandrins qui lisent avec bonheur un article qui annonce la sortie prochaine du film Bobba Fett.

Ce serait moche de se priver.

Alors, Solo, plaisir solitaire ou film qui aurait dû à jamais errer dans la bordure extérieure ?

Ni une, ni deux, spoilons, mes bons  !


Alors,

L’affiche : choisie intégralement dans les tons « feu ». Vous notez qu’il est rare que je sois déçu par les affiches. Je pense que les graphistes lisent ce blog.

Notre film s’ouvre sur un bref texte nous expliquant qu’il a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine, ça va mal. L’empire étend son emprise, et les syndicats du crime s’en moquent, préférant trafiquer l’une des ressources les plus précieuses de la galaxie : les scripts cohérents le super carburant, parce que quand tu en as 10 points, tu as un super mug.

Et nous voici sur la planète Corellia, haut-lieu du crime (du coup, j’imagine que tous les gens ayant quelque chose à se faire voler se sont barrés, ce genre de concept tient rarement longtemps), où dans les bas fonds de ce 9-3 galactique, un jeune homme tente de faire démarrer un speeder volé sans se faire blaster le cucu par ses poursuivants : Han.

Ce galopin vient en effet d’arnaquer une bande de margoulins, et à bord de son véhicule emprunté, retourne à sa base d’opération, à savoir le QG d’un gang des bas-fonds tenu par une créature cruelle, vilaine, sans vergogne et surtout aquatique, que nous appellerons donc Marine. Mais Han n’a pas envie de voir Marine tout de suite. Non, d’abord, guidé par d’étranges mouvements dans son slip, il veut retrouver sa damoiselle, Kira.

« Kira ! Tu es là mon amour !
– Han ! Ho, mon chéri, j’étais si inquiète ! Tout le monde ici disait que tu ne reviendrais pas, que c’en était fini du couple Han-Kira !
– Han-Kira ? Pourquoi ai-je une soudaine envie de faire des dérapages en moto rouge dans Néo-Tokyo ?
– Hein ?
– Non, Han. Bref, mon amour, regarde ! Tu te souviens que Marine m’a envoyé acheter du super carburant raffiné ? Hé bien regarde ! J’ai réussi… et j’ai réussi à le voler sans payer les gars d’en face ! Mon plan est génial ! Avec tout cet argent, on va pouvoir quitter cette planète pourrie ! On a l’argent pour corrompre le personnel de l’astroport !
– Génial ! Mais sinon, puisqu’on vit sur une planète du crime, pourquoi on s’est emmerdés à vouloir corrompre le personnel de l’astroport officiel ? Puisqu’on trafique, la planète doit être pétée de contrebandiers, non ? Donc pourquoi on n’a pas vu directement avec eux ?
– … ho ! Tu voudrais dire qu’un film sur Han Solo aurait oublié l’existence des contrebandiers ? »

C’est peut être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup.

Bienvenue sur Corellia, la planète du crime, mais où tout le monde déclare ses marchandises volées à la douane.

Voilà qui commence bien. Diego, commence à charger mes armes, veux-tu ?

En attendant, Han est interrompu par l’arrivée de gardes de Marine, qui lui expliquent à grands renforts de coups de pied au cul que la patronne veut le voir. Han cabotine un peu, mais s’y rend. Et l’on découvre Marine, une espèce de scolopendre géant et causant qui vit dans une mare au milieu de la base. Par contre, c’est un scolopendre coquet : il a un chapeau. Voilà qui change tout.

« Hmmm… Han… alors… as-tu le super carburant ?
– Non. Les vilains d’en face m’ont dépouillé. Ils m’ont pris l’argent ET le supercarburant. »

Mais ? Pourquoi ne pas directement filer l’argent ou le super carburant et garder le reste en racontant je ne sais quelle histoire ? Comme ça Marine est contente, et toi tu as quand même les sous pour te barrer sans avoir tout le monde aux fesses.

Mais Han est un peu con.

« Han, serais-tu un peu con ?
– Bwo, non.
– Dans ce cas je vais devoir te faire péter la truffe par mes hommes pour t’apprendre à échouer. Gardes ! Tabassez-le ! »

Et Han de se faire tabasser avant de se rebeller.

« Stop ! On arrête ! Regardez dans ma main… j’ai un détonateur thermique !
– Alors oui mais dans ce cas pourquoi tu t’es laissé tabasser d’abord ?
– Parce… ah ben oui, je suis un peu con, c’est vrai, c’était écrit un peu plus haut. Désolé. Bon, enfin, laissez-moi partir ou je fais tout péter !
– Une seconde… ce n’est pas un détonateur dans ta main, c’est un caillou.
– Damnation ! Tu l’auras voulu, Marine ! PAR LE POUVOIR DU CAILLOU ! »

Et Han de jeter le caillou sur une trappe dans le plafond derrière Marine, ce qui l’ouvre, laisse entrer le soleil (oui, qui passe nickel dans les bas-fonds, merci alors que dans le plan d’avant il faisait nuit partout), et crame Marine, l’obligeant à retourner au fond de sa mare. Ainsi vaincue par les problèmes de gestion de la lumière de la réalisation, nous ne la verrons plus du film.

Profitant de la confusion, Han et Kira fuient, grimpent dans leur speeder volé, et foncent en direction de l’astroport. Bien sûr, les hommes de Marine poursuivent nos héros, mais Han usant de moult ruses pourries parvient à les semer, du moins, suffisamment pour gagner l’astroport. Où Han et Kira filent jusqu’à la madame de la porte d’embarquement et lui montrent la fiole de supercarburant. C’est à elle si elle les laisse embarquer.

« Super, il fallait justement que je fasse le plein de ma R12. Allez, passez en zone d’embarquement ! »

La porte s’ouvre, Han passe… et Kira est saisie par des hommes de Marine arrivés juste à temps à la seconde où elle allait le suivre ! La responsable de la porte, voyant l’affaire grillée, verrouille la porte et alerte la sécurité.

« Kiiiiiiiiiiiiiiiraaaaaaaaaaaaaa !
– Haaaaaaaaaan ! Fuiiiiiiiis, Han ! Ne t’occupe pas de moi !
– Je reviendraiiiiiiiiiiiiii !
– Arrête de crieeeeer je suiiiis juuuuuste de l’autre côtéééé de la poooooorte !
– Oooooookaaaaay !
– Booooon beeeeen biiiiisouuuuus !
– Biiiiisouuuuuus à pluuuuuuus ! »

Kira emmenée, Han se retrouve isolé en zone d’embarquement. Et avec la sécurité alertée, le voilà bien embêté, puisqu’il risque un contrôle un peu sec, voire un toucher rectal du même acabit. Il lui reste cependant une dernière option : il y a un guichet de recrutement pour l’armée impériale à proximité. Sans autre solution à portée, il s’y rue et demande à intégrer l’académie des pilotes impériaux. L’officier en charge prend son nom.

« Vous vous appelez ?
– Han.
– Vous êtes de quel clan ? Quelle famille ?
– Heu… je suis tout seul.
– D’accord. Alors Han Onyme.
– N… non, attendez, c’est pas supposé se passer comme ça.
– Vous avez l’air déçu. Attendez, déception… ha, je sais : Han Hidalgo.
– Non. Non, arrêtez, je sais très bien que vous le faites exprès. 
– Pas du tout. Han So…
– Ouiiiii…
– …phie ?
– Vous me prenez pour qui ?
– Han Us ?
– Je vais tellement vous maraver la bouche.
– Bon très bien… Han SOLO. »

Voilà. Maintenant, vous savez que Han Solo s’appelle Han Solo parce qu’un type lui a fait une blague à un guichet de recrutement.

Quel talent d’écriture.

La semaine prochaine, nous découvrirons que l’amiral Ackbar s’appelle ainsi parce qu’il criait régulièrement… hmmmmoui, non, rien. Oubliez.

Le charisme, allégorie.

En tout cas, la ruse fonctionne, Han rejoint l’armée, et sautons justement trois ans dans le futur pour voir comment cela se passe pour notre héros. Et disons-le, ce n’est pas terrible, car il s’est fait virer de l’académie des pilotes pour « comportement de trou du cul » (Han Us, c’était finalement très correct à défaut d’être subtil), et est maintenant bidasse dans l’infanterie impériale, à se faire blaster le roudoudou sur des planètes hostiles.

Seulement voilà : au beau milieu d’une bataille contre les habitants d’une planète qui refusent de se soumettre à l’empire, Han remarque un officier qui sort du lot. Un capitaine qui a l’air de savoir ce qu’il fait, qui crache, qui jure, et surtout… qui a l’air de porter un uniforme plein de trous. Mieux encore, quand Han tente de l’approcher, l’officier lui suggère de prendre son pied, son cul, de combiner habilement les deux et d’aller voir ailleurs s’il y est, par exemple, en désertant.

Han est fort surpris de recevoir pareil conseil d’un supérieur. De retour à la base impériale, il grogne donc que bouh, c’est nul, il préférerait un capitaine cool comme ça plutôt que son chef, qui ne fait rien qu’à le renvoyer à l’assaut se faire trouer le cucu. Et il dit même devant la troupe :

« Mais en fait, on serait pas un peu les envahisseurs, dans l’histoire ? »

Oui, Han n’a mis que trois ans à remarquer qu’ils blastaient des gens libres et que l’armée, c’était pas trop pour lui. Ah non mais il est comme ça, Han. Un peu lent. D’où la célèbre expression pour les mauvais élèves à l’école : « Avoir un bonnet d’Han« .

Ne me regarde pas comme ça, Diego. Je devais la faire.

Bref, notre con-con de héros revient à la charge tenter de rejoindre le groupe du mystérieux capitaine, et tente de prouver qu’il est moins bête qu’il n’en a l’air, mais uniquement parce que c’est le script qui lui dit.

« Attendez, capitaine, capitaine !
– Qu’est-ce qu’il y a petit ? Je t’ai dit de te barrer !
– Allez, c’est bon, arrêtez de me la faire. Je sais que vous n’êtes pas capitaine. Vous portez un uniforme troué par de gros tirs, donc le mec qui était dans cet uniforme est mort et vous lui avez volé. Et depuis tout à l’heure, vous et vos copains matez ce transport sur la base. Vous allez le voler, pas vrai ? Alors emmenez-moi. Je suis un super pilote fraîchement sorti de l’école de pilotage. À coups de pied au cul, certes, mais tout de même !
– On n’a pas besoin de toi petit. Et tu en sais trop.
– Alors emmenez-moi. Sinon, je dis à tout le monde que vous n’êtes pas capitaine ! »

Les amis du faux capitaine s’exclament tous « Quel gros lourd !« , aussi notre capitaine, Beckett de son vrai nom, ne cède pas au chantage et… appelle l’officier le plus proche, un lieutenant impérial – un vrai – pour lui ordonner de mettre Han aux arrêts pour désertion.

Han se contente de faire des bruits comme « Woh non ! » ou « Pas cool ! » parce que hurler immédiatement « C’est un faux officier, regardez son uniforme ou vérifiez ! » ça arrêterait le film là.

Merci, Han. Tu as presque été intelligent durant quelques secondes, heureusement que le naturel est revenu au galop.

Les impériaux ayant autre chose à faire que de vérifier si Han est bien un déserteur décident de le balancer dans une cage pour y être dévoré par « La Bête ». Une créature affamée retenue prisonnière ici parce que… heu… hééé bieeen ils… enfin voilà. Toute base impériale a forcément son monstre de compagnie. C’est un peu leur Pokémon Go, quoi.

Et la bête, vous l’aurez compris, c’est bien évidemment un Wookie.

Heureusement, Han, après s’être fait vertement meulé la gueule par le bestiau, se met… à parler en Wookie. Comment ? Attendez, Han, qui vivait sur une planète qui n’a rien à voir avec les Wookies, dans les bas-fonds, parle le Wookie ? Mais comment diable est-ce possible ?

Comme je ne suis pas du tout de mauvaise foi, je vais vous dire que c’est parfaitement crédible et même vous donner une explication parfaitement rationnelle.

Il y a des années, les parents de Han ont mis leur rejeton en classe Latin/Grec/Wookie parce que ce sont les classes de bons élèves, contrairement aux petits cons qui prennent Sullustéen parce que c’est plus facile.

Han a donc eu beaucoup de difficultés en classe.

« Han ! Je vous écoute ?
– Heu… Wwwwwouuuuuaaarrrrrrrmouuuuuuuurrrr ?
– Qu’est-ce que c’est que ça, Han ? Je n’entends pas le vocatif ?
-Wwwwouaaaaaaaaarmouuuuuuuuuuuw ?
– Non, ça c’est du génitif, petit branlotin ! Allez, on décline ! Wouuuuuuaaarmouuuuuus, wouaaaaarmouuuuuuwwwww, wouaaaaaaarrrrrmouuuuurrrr… »

De rudes années pour Han.

Mais revenons à Han en train de se prendre des claques par un gros Wookie poilu.

« Attends ! Arrête de me taper ! Wouuuuuumwouuuuuuurrr !
– Wouaaar ?
– Pourquoi je me mets à parler Wookie alors que tu comprends parfaitement le galactique ? Que veux-tu dire par là ?
– Mouuuuah, wouaaaaw. 
– Comment ça ? Et qu’est-ce que ma mère vient faire là-dedans ?
– Mouuuuuuwwrrrrrr.
– J’ai mal entendu. As-tu dit « Grosse burne » ou « Grande évasion ? » »

Avant que le Wookie ne devienne dépressif, et alors que Han parle le Wookie sans raison (à tous les sens du terme), les deux se mettent d’accord pour simuler une bagarre histoire de péter une colonne un peu fragile qui tient la cage en place. En la démolissant, ils la font s’effondrer, et tous deux fuient la cage en espérant que l’alerte ne soit pas donnée trop vite.

« Viens avec moi, Wookie ! J’ai des potes pas loin ! » hurle Han à son nouveau compagnon.

Les deux se ruent à l’astroport de la base, et voient justement le transport impérial fraîchement volé par Beckett en train de décoller. Beckett n’en a rien à foutre, mais soudain, ses amis qui jusqu’ici ne voulaient surtout pas de Han se font malmener à coup de script dans la gueule et s’exclament en cœur :

« ET SI ON CHANGEAIT D’AVIS SANS RAISON ET QU’ON EMMENAIT CES INCONNUS COMPLETS ? »

Mais bien sûr les amis !

Et hop, nos deux loulous sont hissés à bord et emmenés à l’aventure. Ou plutôt, d’abord, à la douche puisque la cage était boueuse, que Han et son nouvel ami qui se prénomme Chewbecca (ça alors !) prennent ensemble. Ils sont comme ça.

Bon, je laisse le soin aux amateurs d’écrire une fanfiction sur ce passage. Que je ne lirai pas, hein, soyons exacts. Je ferme donc mon grand livre « 101 blagues de savonnettes« , que je range dans le rayon salle de bain de ma bibliothèque à côté de mon « 101 blagues de sèche-cheveux« , dédicacé par Claude François s’il-vous-plaît.

Pourquoi est-ce que je vous parle de ça ?

Revenons plutôt à nos héros, qui font donc la connaissance de Beckett, hors-la-loi amateur de gros coups, et de son équipe, composée de Gertrude, la copine de Beckett, et de Papatte, l’alien à six pattes qui leur sert de pilote.

Tous ensemble prennent le temps de se connaître au coin du feu, de se raconter comment Beckett rêve d’apprendre à jouer du vuvuzela, comment tous rêvent de se retirer après un gros coup bien évidemment, et surtout, comment Han est évidemment là pour enfin retourner retrouver sa chère Kira un jour ou l’autre et la sortir de Corellia. En attendant, on leur explique le plan.

« Pas loin d’ici, il y a une planète où il fait super froid. On l’appelle New Haute-Marne.
– Très bien. Et que comptez-vous y faire ?
– Nous avons repéré un convoi de super carburant sur place. Il se déplace sur une espèce de monorail qui fait des acrobaties absurdes. On va y aller et essayer de récupérer un des wagons, en l’accrochant à notre navette en évitant les acrobaties précédemment citées. Le plan devrait se dérouler sans encombres, sauf si Krokro, notre plus farouche concurrent, venait à s’en mêler mais logiquement il ne sait rien, ou si les drones de sécurité étaient alertés, mais pareil, on gère. »

Attendez, ne me dites rien.

Avançons de 5 minutes dans le film.

« WOW NOUS VOILÀ À FAIRE DES ACROBATIES SUR LE MONORAIL !
– ATTENTION DERRIÈRE TOI, VOILÀ KROKRO ET SES AMIS !
– HO NON, LES DRONES DE SÉCURITÉ SONT ALERTÉS ! »

Que voulez-vous que je vous dise ?

Un train de la mine qui fait des acrobaties sans raison et bascule dans tous les sens ? J’imagine que ça n’a rien à voir avec une prochaine attraction chez Disney.

Bref, ça fait pan-pan et piou-piou à dos de train magique, nos héros arrivent à voler le wagon, mais Krokro et ses amis les enquiquinent tellement qu’ils sont obligés de larguer ledit wagon pour essayer de se débarrasser de leurs agresseurs. La cargaison explose, et nos amis rentrent broucouille, particulièrement en sachant que dans la bagarre, ils ont perdu Papatte, le pilote de Beckett désormais remplacé par Han, ainsi que Gertrude, la copine de Beckett désormais remplacée par…

Diego ? Je croyais avoir reposé ce livre de blagues dans la bibliothèque il n’y a pas cinq minutes. Non, il ne me servira pas, espèce de galopin. Merci.

Revenons donc à Beckett et Han qui discutent de cet échec.

« Alors Beckett ?
– Nous sommes dans la mouise, car nous n’avons rien à ramener à mon patron… parce que figure-toi que je bosse pour l’Aube Écarlate, le terrible syndicat du crime. Non, je ne suis pas indépendant. Alors on va aller là-bas et expliquer ce qu’il s’est passé. Et tu viens avec moi. Comme ça tu pourras commencer ta carrière dans le crime. 
– Okay super, je ne vois pas d’autre option dans ma vie alors oui. »

Il est fort, ce Han. Il aurait dû faire conseiller d’orientation.

La fine équipe attend donc sur place car le yacht intergalactique du patron de Beckett approche. Et nos amis sont invités à monter à bord du vaisseau alors qu’il fait étape au milieu des montagnes gelées de cette planète hostile, histoire de profiter de la vue, voire de faire du ski dans ce Chamonix spatial.

Et à bord, c’est la fête : le patron a invité tous les notables du coin à une soirée mousse, histoire de les corrompre gentiment. Les contrebandiers se retrouvent ainsi entourés de riches larrons qui festoient jusqu’à ce qu’une main tapote sur l’épaule de Han. Il se retourne et…

« Kiiiiiiiiiiirrrraaaaaaaaaaaa ?
– Tu peux arrêter de parler comme ça, Han. Il n’y a plus de porte entre nous.
– Pardon, l’habitude. Mais comment es-tu passée de crotte des bas-fonds à donzelle en super tenue qui sert de premier lieutenant au gros méchant du coin ?
– C’est une longue histoire. Tout a commencé lorsque mon frère a voulu me marier à Khal Drogo pour…
– Mauvais film.
– Oui je sais mais je suis bien payée.
– …
– Oups, pardon, j’avais mal compris. Hem, oui, bref, c’est une longue histoire. Et toi, Han ? Tu travailles maintenant pour l’Aube Écarlate ? Alors viens, on va causer car mon patron vient d’arriver pour parler avec Beckett et toi. »

Et voici donc le patron qui… que ? Mais ? Attendez ? Qu’est-ce que c’est que cette caricature d’officier nazi ? Nous avons donc là une espèce de grand blond qui prend tout le temps l’air méchant, que nous appellerons par conséquent Hans Olo. Et Hans Olo n’est pas content d’apprendre que la mission a échoué.

« Je suis très déçu Messieurs… comment pourriez-vous vous rattraper ?
– On pourrait voler du carburant ailleurs ?
– Une bonne idée, Monsieur… Sophie ?
– Solo.
– Pardon. Mais cela va être compliqué. Après votre attaque, les impériaux vont doublement surveiller leur carburant.
– Wouuumouuuuuaaaarrrrr !
– Que dis-tu Chewbacca ? Puisque Hans corrompt plein de gens en haut-lieu, corrompre l’intendance d’un entrepôt impérial doit permettre de faire sortir du carburant en douce ? Allons, c’est idiot.
– Mouuuwouuuuuuuuuaaaaaar !
– Toujours en utilisant les contacts de Hans, créer une fausse flottille dans les registres pour faire très officiellement demander son ravitaillement et ainsi détourner du carburant pépère ? Allons Chewbacca, ne soit pas ridicule. Non, je propose plutôt… de tenter de voler du carburant… BRUT.
– Mais il n’y a qu’un seul endroit dans la galaxie où l’on en produit ! Sur Kessel. Du coup, la planète doit être super gardée car sans elle, pas de flotte impériale.
– Non non. Regardez, j’ai le script, et en fait, elle est gardée par trois pinpins et un caniche en mousse.
– Heu… oui. Bon, d’accord. Mais le carburant brut est extrêmement instable ! S’il n’est pas maintenu sous une certaine température, il risque d’exploser !
– Wouuuuuaaaaaaar !
– Installer la climatisation qui est déjà dans tous nos vaisseaux, donc aisément disponible ? Ne dis pas n’importe quoi, Chewbacca. On va plutôt aller voler le vaisseau le plus rapide qui soit pour transporter la marchandise avant qu’elle n’explose jusqu’à la seule raffinerie qui ne soit pas tenue par les impériaux !
– WAAAAAAAAOUUUUUR MUUUUUH !
– Comment ça du coup ils vont évidemment nous y attendre sitôt au courant du raid ? Allons Chewie, puisque je te dis que j’ai le script !
– Mouuuuuuuuh…
– Que dit-il, Monsieur Solo ?
– Ah, là, il ne dit rien, il pleure. »

Et non, attaquer un autre transport ne leur traverse pas non plus l’esprit. Ils vont plutôt suivre le plan le plus pourri du monde. Et pour s’assurer qu’il fonctionne, Hans leur propose d’emmener avec eux Kira, puisque bon, c’est un peu son bras droit, alors hop. Moi aussi, quitte à envoyer quelqu’un sur une mission super risquée, j’envoie toujours mon meilleur lieutenant, et pas simplement un gros péquin un peu malin pour surveiller le tout.

Je propose de renommer cette saga Segpa Wars.

En tout cas, il se trouve que Kira sait justement exactement qui a un vaisseau disponible : un contrebandier un peu kéké du nom de Lando Calrissian. Alors hop, tout le monde en piste, et direction une planète tranquille où le bougre est occupé à ruiner tout le monde aux cartes, où il excelle. C’est d’ailleurs ainsi qu’il a gagné le vaisseau que la troupe est venue chercher.

Han a donc un plan simple : il va mentir sur sa propre fortune et son vaisseau, parier son rien, et gagner le vaisseau de Lando à la loyale aux cartes.

Sauf que ce que Han ignore, c’est que Lando triche. Et alors que Han s’apprête à emporter la mise… Lando tire une carte de sa manche via un petit mécanisme caché et se retrouve ainsi à endetter Han plus que de raison !

« Cacaboudin ! » s’exclame Han, qui doit s’en remettra à Kira pour régler la situation. Et celle-ci fait bien plus simple : elle propose de louer les services de Lando et de son appareil pour la mission en échange d’une part du butin. Lando étant aussi stupide que les autres personnages de ce film (je pense qu’il joue en fait à Yu-Gi-Oh!), il accepte sans poser de questions. Et emmène donc avec lui son droïde copilote, spécialiste du secteur de Kessel, qui s’avère être un droïde qui parodie les féministes radicales et que tout le monde trouve lourd (il est même étonnant que ce soit passé en production) : 5JW.

Ensemble, ils filent à bord du Faucon Millenium, le vaisseau de Lando, jusqu’au secteur de Kessel. Qui est composé d’une immense nébuleuse traversée par un unique couloir qui mène jusqu’à Kessel, planète-mine où se trouve le carburant. Sur place, la planète est peuplée d’esclaves, tenus en main par une poignée de criminels qui ne doivent surtout pas savoir que la fine équipe travaille pour M. Olo, car ils ont une « fragile alliance » avec l’Aube Écarlate, et ce petit pillage pourrait la briser.

Comment dire ? Si vous avez une alliance qui contrôle la seule source de super carburant… n’était-ce pas plus simple de vous arranger autrement ?

Hans Olo, en train de se dire qu’en fait, peut-être que son plan est complètement con.

Mais non : les mecs vont piller la seule source de super carburant qui soit, et pensent que leurs alliés ne sauront jamais ce qui est arrivé lorsqu’ils apprendront que « Tiens, l’Aube Écarlate raffine et vend du carburant brut en ce moment, juste après que nous ayons été volés. Ça n’a sûrement aucun rapport et ils ont dû le trouver sous un caillou« .

Reste-t-il un blaster ? Pas pour tirer sur eux, c’est pour moi.

Bref. Du coup, le plan de nos héros est simple : ils vont se faire passer pour un syndicat concurrent qui vient négocier. Kira, qui n’est jamais que la première lieutenant de Olo, va s’exposer tranquillement à visage découvert (oui, non mais tout est con, c’est effroyable). Han et Chewbacca jouer des esclaves offerts en guise de bonne foi par Kira à ses nouveaux clients, et Lando et 5JW rester à bord à attendre le décollage. Beckett, quant à lui, jouera le garde du corps de Kira, mais lui sera masqué.

Mais je ne sais pas, faites un truc ! Mettez un slip sur la tête de Kira, ou que sais-je, mais par pitié, non ! En plus, il y a des caméras plein la base donc…

Ah mais attendez, j’oubliais : tout le monde s’en fout, puisque Han agite le script en faisant des clins d’œil. D’ailleurs, la situation est vite pliée, puisque les locaux sont évidemment des neuneus qui disent :

« Chers inconnus complets, que diriez-vous de commencer votre visite de nos installations de notre poste de commandement qui contrôle toute la sécurité de la planète et qui est à peine gardé ? »

Voilà voilà.

On dirait une partie de Star Wars en jeu de rôle papier où il est 2h du matin, tout le monde veut dormir et il ne reste plus qu’une chips alors le maître de jeu décide de boucler le scénar vite fait.

Et encore : une partie où tout le monde est visiblement bourré.

Ainsi, deux minutes plus tard, les vilains sont assommés ou blastés, 5JW bidouille les terminaux pour libérer tous les droïdes esclaves de la planète avant de s’allumer un pétard en attendant son atelier en non-galaxité, quant à Han et Chewbacca, ils démontent des bouches à coups de boule, surtout quand Chewbacca croise des Wookies esclaves, et les salue donc en se faisant des checks à coups de tête. C’est comme ça qu’on se salue sur Kashyyyk. Du coup, quand vous devez saluer plein de gens en soirée, vous finissez souvent avec un traumatisme crânien, voire dans le coma, ce qui est problématique. Les Wookies ont bien tenté de lancer plusieurs conférences pour régler la question, mais tout le monde est mort en se disant bonjour à chaque fois à cause du nombre de participants à saluer. C’est ce que l’on appelle être victime de son succès.

Mais je digresse.

Car nos héros tombent évidemment sur le seul stock de carburant brut de la planète (oui, comme toujours, c’est une planète, mais une fois que nos héros ont exploré 0,0000001% de celle-ci, il n’y a plus rien à voir ou à faire, c’est ce que l’on appelle le syndrome de Stargate et ses planètes entières constituées d’un seul village de quinze pouilleux), font le plein de bonbonnes et filent avec.

Ils perdent cependant 5JW, qui se prend un coup de blaster dans la bataille, et ils ramènent son corps à demi-démonté à bord. Lando est tout triste.

« Naoooooon 5JW ! Tu ne peux pas mourir !
– Si Lando je… je vois un grand écran bleu… il me dit de venir vers lui…
– Je t’en prie, 5JW ! Accroche-toi ! Je vais te formater, tu verras, on sera bien comme tout toi et moi ! Je te mettrai même un fond d’écran Évangélion ou un truc du genre !
– Ce…Lando… je… j’ai une dernière chose à te dire…
– O.. oui ?
– *MUSIQUEDEXCTINCTIONDEWINDOWSXP.MP3*
– NAOOOOOOOOOOOOOOON ! »

Heureusement, quelqu’un se souvient que c’est un droïde et que, bah, il suffit de brancher son disque dur à un autre ordinateur comme, disons, celui du vaisseau et c’est reparti. Ce qui est fait.

Le Faucon Millenium devient ainsi… un vaisseau possédé par l’esprit d’un droïde relou.

Le taux de suicide chez les fans vient de monter en flèche.

Le carburant étant à bord, il est temps de déguerpir quoiqu’il en soit, et de gagner au plus vite la raffinerie de carburant avant que tout ne pète à bord. Sauf qu’à peine nos héros quittent-ils Kessel qu’ils découvrent dans le tunnel pour partir… un énorme destroyer impérial qui les y attend pépère.

Oui, c’est quand même con de savoir que le « raid de Kessel », à savoir la plus grande route de contrebande de l’univers Star Wars, est en fait un pauvre tube qu’on peut boucher avec un seul vaisseau.

Et puisque les impériaux envoient des chasseurs à la poursuite de nos héros, ceux-ci sont obligés de quitter la sécurité du passage pour s’enfoncer dans la nébuleuse, où épaves, astéroïdes et créatures étranges vivent. Dont un monstrueux poulpe de l’espace qui tente de croquer nos héros lors d’une séance si longue et inutile qu’il ne manque que Johnny Depp courant dans tous les sens au milieu (ça doit être les mêmes scénaristes Disney), et après avoir emmené le poulpe jusqu’à un trou noir local, celui-ci est transformé en rien, et le Faucon Millenium passe de beau et fringuant à épave volante à force de lutter contre la gravité qui lui arrache des morceaux. Et ne se tire de ce mauvais pas de justesse qu’en usant de super carburant brut dans son propre moteur pour avoir suffisamment de patate pour fuir.

Et c’est ainsi que Han Solo parvient à se tirer de la nébuleuse en 12 parsecs au lieu de 20, comme tout le monde, donnant naissance à sa légende.

Pourrie, mais légende quand même.

Au passage, je ne sais pas vous, mais vous noterez que lorsque Solo a rejoint Beckett, c’était Papatte le pilote. Papatte est mort, permettant à Solo de prendre les commandes. Puis, il monte à bord du Faucon Millenium, où c’est 5JW qui est aux commandes. 5JW meurt, et Solo peut prendre les commandes.

Bref, ne montez jamais dans un vaisseau avec Han Solo, surtout si vous êtes le pilote : vous allez mourir. C’est écrit.

Le Faucon Millenium arrive jusqu’à la planète où se trouve l’unique raffinerie de l’univers pour le super carburant qui ne soit pas contrôlée par l’empire, et la fine équipe peut ainsi lancer les opérations, qui consistent à laisser trois gueux et deux moulins à vent transformer du carburant brut en truc super raffiné. Hmmm. D’accord.

Tout est donc bouclé. Tout ?

Pas tout à fait.

Et sinon, remettre 5JW dans un nouveau corps ? Ah ben non, en fait, tout le monde s’en fout puisque le personnage était juste un Jar-Jar 2.0.

Lando négocie d’attendre dans le vaisseau que Han vienne lui donner sa part du butin, pendant que le reste de la troupe va préparer la marchandise et se payer un coup au bar du coin. Mais hélas, à défaut de boire une Kro en commentant l’actualité politique (« D’toute façon, Palpatine, l’empire, tout ça, moi j’te dis mon Han, c’est tous pourris !« ) sur place les attendent…

« Krokro et sa bande !
– Hohoho, mais oui ! C’est nous ! Nous avions tout simplement laissé un traceur vous votre vaisseau… nous n’avions plus qu’à attendre ici !
– Oui, en même temps, sachant qu’il n’y avait qu’un seul endroit où nous pouvions raffiner…
– Oui remarquez, c’était con. Mais HOHOHO ! Nous voilà !
– Voleurs ! Assassins ! Mais, tenez-vous bien, car trente hommes attendent dans notre vaisseau de venir vous casser la gueule si vous osez… »

Sauf que le Faucon Millenium s’envole sous leurs yeux, faisant passer Han pour un con, hohoho, rires enregistrés s’il-vous-plaît.

À part pour la blague nulle, une explication ? Lando serait parti sans sa part du butin parce que ça le faisait marrer ? Ou bien il a vu de loin les méchants, mais auquel cas, il a un vaisseau et peut leur cramer la margoulette donc… non ? Pas d’explication ? Non. Voilà voilà, c’était juste pour le gag. Hé bien merci.

Continuez comme ça et George Lucas va presque me manquer.

Notez le presque, hein, soyons précis.

Toujours est-il que Han étant passé pour une truffe, les méchants poursuivent.

« Vous allez nous donner la cargaison. Pas vrai Beckett ?
– Jamais ! Nous travaillons pour l’Aube Écarlate ! Nous avons besoin de ramener cette cargaison valant 60 millions de crédits. 
– Alors laissez-moi vous raconter une histoire… »

Et Krokro, jusqu’ici masqué, de retirer son masque.

« Waaaauuuuuuurrrr wouuuuur ?
– Oui Chewie, je crois que c’est encore un de ces personnages de merde qui portent un masque, le retirent sans raison puis ne le remettront plus du film. C’est marrant, ce cliché.
– Wouuuuuuurrrrr.
– Est-ce que tu as dit « Gros caca » ou « Chanson de la coupe du monde » ?
– Waaaauuuuuur.
– Ah, c’est donc ça le mot pour « synonyme ». »

Et Krokro… est en fait une jeune rouquine sous son masque.

« Oui alors en fait je voulais vous dire qu’il y a bien longtemps… j’avais une famille. Toute ma bande avait une famille. Et l’Aube Écarlate les a tous tués. Alors maintenant nous luttons contre eux, contre toutes les oppressions, et avec cet argent nous voulons une… rébellion.
– Attendez une seconde !
– Oui Monsieur Solo ?
– Vous voudriez dire qu’un syndicat du crime serait constitué de gros bâtards ?
– Heu… oui ?
– HO BEN QUELLE SURPRISE ! VITE ALORS, TENEZ, PRENEZ TOUT NOTRE ARGENT ! »

Voilà.

Han Solo découvre que le crime, c’est pas bien, et que tout ce qu’il vole, il le donne au peuple. Vous vous souvenez du personnage de Han Solo ? Oubliez-le : voici le nouveau, qui est déjà tout gentil et idéaliste dans sa jeunesse.

« Mouuuuufffff ! »

Non, ce n’est pas le bruit de Chewbacca. Ça, c’est le bruit de la salle qui tente de s’auto-étouffer en mangeant le fauteuil du spectateur de devant pour mettre fin à cette daube. En tout cas, Han est convaincu parce que holala, lui il voulait bien servir un syndicat du crime, mais un syndicat du gentil crime. Ne me demandez pas ce qu’est du « gentil crime », ça a l’air d’être un concept suffisamment stupide pour finir dans une vidéo d’Usul, je le laisse donc faire.

Han s’allie donc avec Krokro, et propose d’embabouiner leur patron de l’Aube Écarlate. Seul Beckett s’y refuse, et préfère… partir. Et ta part du butin ? Non ? Ah bon. Non mais je ne sais pas, ça pourrait servir ? Non. Beckett aussi est un contrebandier qui aime ne pas être payé semble-t-il. Ça doit être un concept dans le coin.

Ou alors, depuis le début du film, définitivement, personne ne s’est jamais demandé ce qu’était un contrebandier.

C’est vrai que vu le thème, pourquoi s’embêter ?

Enfin. L’affaire entendue, Han et Chewbacca demandent à Hans Olo (je sais, on s’y perd) de venir les chercher sur la planète raffinerie avec son yacht, pour lui remettre la marchandise. Ce qui est fait dans l’heure : nos héros pénètrent ainsi dans le yacht de l’espace accompagnés de Kira, et s’en vont jusqu’au salon privé du sieur Olo, les bras chargés de deux caisses de super carburant à remettre au patron.

« Montrez-moi la marchandise, Han.
– Heu… okay. » 

Han ouvre les caisses, et montre des fioles de super carburant au méchant qui se met à rire.

« Hahaha… joli… on dirait presque du vrai. J’avais deviné que vous essaieriez de me doubler, Han. Car j’ai été informé de votre plan par… Beckett ! Entrez, Beckett ! »

Et Beckett d’entrer, l’arme à la main pour braquer Han et Chewbacca.

« Super. Mais nous, nous avions deviné que Beckett allait nous trahir. »

Et Han d’avoir une arme planquée dans une des caisses de carburant.

« Super. Mais nous, nous avions deviné que vous alliez planquer une arme dans une des caisses. Gardes, saisissez-la. »

Et les gardes de saisir le pistolet caché.

Beckett, qui fait sa tête de « Attends ? Ton perso débile aurait réussi à prévoir quelque chose ? Ça sent un peu le pipeau, ton histoire. »

« Super. Mais nous, nous avions deviné que vous alliez nous désarmer, alors on a laissé le vrai carburant avec Krokro. »

Et nous d’avoir un plan sur Krokro qui attend dans la pampa avec des caisses de super carburant.

« Super. Mais nous, nous avions deviné que vous laisseriez le super carburant à Krokro, alors j’ai envoyé mes hommes lui tendre une embuscade. »

Et Krokro de se retrouver entourée d’hommes armés au même moment.

« Super. Mais nous, nous avions deviné que vous tendriez une embuscade à Krokro, alors on a tendu une embuscade à votre embuscade. »

Et des hommes de Krokro de surgir des fourrés alentours pour blaster la margoulette des hommes de Hans Olo.

« Super. Mais…
– Wouaaaaaaaaar mouuuuw maaaaw uuuuuurh !
– Que dis-tu Chewie ? « Que tout le monde ferme sa gueule, j’en ai plein le roudoudou de ces rebondissements à tiroirs en boucle de « Moi j’ai deviné d’abord » ? »
– Waaaaarh maaaauuuuuuur !
– Que c’est tellement éculé qu’on en trouve des parodies plein le net ?
– Rrrrrrrrouuuuuuuuwwww Raaaaaaaaaammmwwww !
– Qu’à ce stade, ça va se terminer en « Mais j’avais deviné que tu allais naître alors j’ai envoyé un T-800 dans le passé tuer ta mère ? ». Attends, qu’est-ce qu’un T-800, Chewie ?
– Mrou.
– Quel rapport avec mon rectum ? Bon, ça suffit ! Chewie a raison, on arrête les rebondissements de merde ! Beckett !
– Oui ?
– Tu trahis tout le monde et tu te barres avec le super carburant, le vrai, qu’on a connement véritablement amené ici !
– Okay !
– Chewie, tu l’aides à le porter !
– Rrrrraaaaaaah !
– Attention, hein ! Ma mère était une sainte ! Pendant ce temps, moi je reste ici pour me bagarrer avec Olo pendant que Kira regarde ! »

Et ils font comme ça, pendant que je vous passe la dizaine d’autres « Mais j’avais prévu que… » qui font que Kira trahit Olo pour sauver Han d’une mauvaise passe durant le combat, et que le méchant finit plutôt tout mort. Han est sauvé, la gentillesse a triomphé, mais il ne peut rester avec Kira.

« Mais ? Pourquoi ?
– J’appartiens à l’Aube Écarlate, Han. Tout cela te dépasse. Je dois gérer des choses que tu ne peux comprendre. Mais nous nous retrouverons et à nouveau, nous irons gambader ensemble.
– Et je te dirais encore « Kira, Kira, Kira, on va voir les banthas ? »
– Okay, casse-toi gros naze. »

Et Han de quitter le yacht spatial avec une grosse marque de main sur la joue, alors que Kira prend le commandement de l’astronef pour partir.

Allons du coup voir du côté de Chewbacca, qui est en train de marcher les bras chargés sous la menace de Beckett, lorsque soudain, au sommet d’une dune…

« Han ?!
– Héhé, Beckett, c’est bien moi. Oui, j’ai vaincu Hans Olo et je…
– Non mais je suis surtout surpris parce que… comment es-tu arrivé jusqu’ici avant moi ?
– Hein ?
– Ben tu n’as aucun véhicule et moi non plus. Et on vient du même endroit sauf que j’avais de l’avance.
Je… heu… hé bien… 
– Allez laisse tomber. Je vais t’apprendre la vie, petit con et… »

Piou !

Han vient de tirer le premier, avant même que Beckett ne puisse tirer son arme. Ce dernier s’effondre au sol, agonisant.

« Han… voilà… la boucle est bouclée… je t’ai tout appris… tu as tué ton mentor… c’est symbolique, ou un truc du genre…
– Ho, Beckett. Je suis désolé. Je n’avais pas le choix.
– Jamais je ne saurai… koff koff… jouer du vuvuzéla… quelle tristesse… mais bon, au moins, le fait que tu tires le premier…. arrrrgh… est une référence pour les fans… pas comme dans l’épisode IV où les mecs… koff… ont modifié la scène pour que tu tires en deuxième et fasse ainsi plus gentil…
– Heu… attendez Beckett. Ne parlez pas. Respirez.
– En plus bon… koff koff… j’aimerais pas être à ta place… vu ce qu’ils ont fait de ton personnage… aaah… déjà vu qu’ils t’ont fait crever comme une merde des mains du méchant le moins charismatique de la saga… koff koff… qui est aussi ton fils tout naze…
– Chut. CHUT, BECKETT !
– Non mais sérieusement… koff… regarde…. tu étais un personnage un peu gris… koff koff… et maintenant tu es gentil avant même le début de la sag… MMMMMMHHHHHH!
– Chuuuuut, Beckeet. Chut. Voilà. Voilàààà. Hooo, non, Beckett est mort. Quelle tristesse.
– Maaaaaauuuuuur ?
– Oui, j’ai toujours un oreiller sur moi au cas où. »

Bien bien bien. Et du côté de Kira ?

Toujours à bord du yacht, et désormais aux commandes, elle appelle un étrange correspondant et la silhouette encapuchonnée et mystérieuse d’un homme apparaît en hologramme.

« Oui…. ?
– Maître, c’est Kira. Je tenais à vous dire que Olo est mort. Je suis désormais la cheffe locale de l’Aube Écarlate. 
– Bien… trèèèèèès bieeeeen…. dans ce cas… regarde comme J’ÔTE MA CAPUCHE ! »

Et le personnage de révéler qu’il a la tête du méchant jedi tout rouge de l’épisode I de la saga. Sûrement un cousin germain. Ou le même mais bien conservé après avoir été coupé en deux.

« Oui nan mais maître, pourquoi vous retirez votre capuche, je sais qui vous êtes.
– ET VOIS MON SABRE LAAAASEEEEER QUE J’ALLUME !
– Mais ? Mais bordel, pourquoi vous faites ça ? On est au téléphone ! En plus pourquoi l’hologramme n’a aucune couleur sauf votre tête et votre sabre ? C’est quoi cette histoire ? C’était trop subtil sinon ? »

Bref, Kira bosse donc pour un seigneur Sith semble-t-il, dont le sombre pouvoir est d’insérer de la couleur dans les télécommunications.

Encore une trahison ? Hé bien, après les 112 précédentes, quelle surprise. Mais bon, tout n’est pas à jeter. Je vais quand même retenir un ou deux trucs pour mon prochain appel téléphonique.

« Oui bonjour Monsieur, êtes-vous propriétaire ? Et avez-vous pensé à changer vos fen… que ? Mais ? Qu’est-ce que j’entends ?
– Je joue avec ma capuuuuuche…. je suis si myyyyystérieuuuuuuux….
– Mais ? Je… en tout cas sachez que pour… votre facture d’électricité…
– Je jouuuue avec ma capuuuuuuuuche ! VZIOUVZIOUVZIOU !
– C’était quoi ce bruit ?
– Je sortais mon sab… allô ? Allô ? »

Non franchement. Vraiment. Je crois que j’ai rarement vu un appel galactique aussi pourri dans Star Wars.

Mais revenons à Han. Qui est resté avec Chewbacca, et se retape donc tout le chemin jusqu’à Krokro pour lui déposer le super carburant.

« Maaaaarrrrrwwww !
– Oui, je sais, ça fait 20 minutes de film que tu transportes ces foutues caisses à droite et à gauche alors qu’on aurait pu les laisser là depuis le début. En attendant, voici Krokro. Hé bien, tiens Krokro, voici donc 60 millions de crédit pour alimenter ta rébellion dont nous n’avons jamais entendu parler et dont nous ne connaissons ni la cause, ni les méthodes sauf qu’elle semble combattre nos clients !
– Vous êtes parfait Solo, ne changez rien. Tenez, en récompense UNE fiole de carburant.
– D’une valeur de 500 crédits si j’en crois ce que l’on disait au début du film. Wouaw, j’aurais pu m’en tirer avec 5 millions pour nous et le reste pour vous et tout le monde restait gagnant, mais je crois qu’appuyer que je suis un gros con manquait un peu à ce film.
– Je trouve aussi. »

Han et Chewbacca peuvent donc repartir en bons clodos, et… retrouver Lando, qui est à nouveau occupé à jouer aux cartes quelque part au fin fond de la galaxie. Han lui donne donc l’accolade, et en profite pour désactiver discrètement son petit système de triche aux cartes. Avant de lui proposer de refaire une partie.

Et cette fois-ci, Han n’ayant plus de triche en face, a tôt fait de ruiner le pauvre Lando, et ainsi de récupérer le Faucon Millenium.

Chewbacca et lui ayant désormais un vaisseau, et une vision stupide de la contrebande en plus d’idéaux pas bien profonds, nos loulous peuvent ainsi décoller, accrocher les dés fétiches de Han au tableau de bord, passer en hyper lumière et…

…. FIN !

Si vous aimiez Han Solo, je pense que c’est désormais officiellement terminé.

Kira, se souvenant que de toute façon, à la fin, Solo meurt comme une crotte.

 


Soyons francs : je ne comprends pas les critiques sur ce film.

J’entends par là : oui, c’est une daube. Mais techniquement, autant que l’épisode VII et VIII, non ? Alors pourquoi ce rejet de Solo ? Y-a-t-il une échelle secrète dans la mesure du coprolithe dont j’ignorerais tout ? Est-ce plus con de suivre les aventures d’un contrebandier qui est contre le crime que celles d’un méchant torturé par la tentation d’être gentil ou d’une jedi qui a tous les pouvoirs pétés sans entrainement parce que… heu… voilà ?

Pas sûr.

En tout cas, voyez le bon côté :

C’est le premier film où Chewbacca a les dialogues les plus pertinents de la saga.

Vivement le spin-off Chewbacca – Rouuaaaar !, sans doublages ni sous-titres.

Jurassic World 2 – Broken Arrow

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Diego ? Ma Bible, s’il-te-plaît.

D’habitude, je m’en sers principalement pour réaliser des exorcismes sur les gens qui trouvent que le terme « à la française » mis après n’importe quel concept est synonyme de qualité, mais pour une fois, je vais vous en lire un passage. J’en ai d’ailleurs un exemplaire très complet, puisque dédicacé par l’auteur original. Et si vous ne croyez pas aux dédicaces divines, c’est probablement que vous n’êtes jamais venus aux miennes, mais passons.

Alors voyons voir… ah, voilà.

01 AU COMMENCEMENT, Dieu créa le ciel et la terre.

02 La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux.

03 Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut.

Bon, je saute quelques lignes parce qu’on ne va pas se mentir : la Bible, c’est un peu chiant. En plus, tout le monde sait que Jésus meurt à la fin, il y a des spoils plein les églises, c’est infernal. Alors… ah, voilà le passage que je voulais.

24 Et Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants, qui seront aussi puissants que majestueux, et ils se nommeront « dinosaures ». » Et ce fut ainsi.

25 Pendant un temps, Dieu fut satisfait de son oeuvre. Il la contempla, et son regard se posait partout où les bêtes se mouvaient.

26 Puis, Dieu regarda vers l’avenir, et Dieu vit Jurassic World 2 – Fallen Kingdom.

27 Dieu inventa le bordel, puis la pipe. Ainsi, il put s’exclamer « Bordel de pipe, qu’est-ce que je viens de voir ?« 

28 Le Seigneur alla se laver les yeux.

29 Le Seigneur revint de la salle de bain et décida que ça n’allait pas être possible. Il déchaîna la fureur du ciel, puis celle de la terre. Il fit disparaître les dinosaures de la terre, et vit que cela était bon.

30 Dieu dit alors « Bon, on revient au point 24 et vous serez gentil de m’effacer ce passage, je préfère oublier. » Dieu inventa la cuite, et s’en prit une promptement.

Ce passage fort méconnu de la Bible est pourtant central. Vous me direz que ça ne tient pas debout : si Dieu a éradiqué les dinosaures pour empêcher Jurassic World 2 – Fallen Kingdom, comment a-t-il pu échouer malgré tout ?

Et je vous demanderai : avez-vous déjà essayé d’éradiquer des millions de dinosaures avec du savon dans les yeux ? Bon, alors. Laissez à Dieu le droit de se planter un peu. Surtout que techniquement, Dieu étant omnipotent, il peut tout faire. Même des erreurs. Car s’il ne peut pas faire d’erreurs, cela veut dire qu’il y a des choses qu’il ne peut pas faire. Donc, c’est qu’il n’est pas omnipotent.

Ne me demandez pas pourquoi, lorsque j’ai souligné cet aspect lors de mes cours de catéchisme durant ma tendre enfance, je n’ai pas reçu de réponse. Par contre un coup de pied au cul, si. Ah, les mystères de la religion.

Alors, peut-être vous dites vous que ouiiiii holala il exagèèèèère, vas-y, ce à quoi je répondrai deux choses. D’abord, que vous devriez arrêter de faire traîner vos voyelles comme ça, c’est insupportable. Et ensuite…

Spoilons, mes bons !


L’affiche : une explosion, du feu, une scène clichée… que demande le peuple ?

Notre film débute dans les profondeurs mystérieuses de l’océan. Enfin pas trop profondément quand même, puisque nous suivons un petit sous-marin qui approche d’un endroit bien connu : Jurassic World, dont vous savez tout puisque nous en parlions dans un précédent spoiler.

Et plus précisément, le sous-marin approche… des immenses portes de l’enclos marin du Mosasaure, ou « lézard de la Meuse » (je tenais à le rappeler), la grosse bête sous-marine qui était l’attraction phare de Jurassic World, même si niveau spectacle aquatique, c’était encore un peu limité, puisqu’il fallait combiner plusieurs dresseurs façon Mégazord pour en obtenir un suffisamment gros pour jouer avec le bestiau.

L’enclos du monstre avait donc ses portes spéciales pour accéder à la mer au cas où… heu… un… c’est… attendez, pourquoi il y a des portes géantes à son enclos en fait ? Non parce que le plan, c’était pas justement d’éviter qu’il ne sorte ? Parce qu’il n’y a à peu près aucune raison de vouloir le relâcher en mer, en fait. Alors c’était au cas où il veuille aller en boîte ? Commander des pizzas ? Discuter avec les témoins de Jéhovah ?

C’est complètement con, mais c’est là, aussi faisons avec car nous sommes justes et bons, surtout moi.

Les portes s’ouvrent devant le sous-marin, et celui-ci s’engouffre aussitôt dans l’enclos abandonné. À bord, Jean-Jacques et Jean-Jacques se posent quantité de questions.

« Tu penses qu’il est mort, le mosasaure ?
– Mais oui… comment veux-tu qu’il ait survécu ? Une bestiole de cette taille, dans un enclos sans personne pour le nourrir durant des années ! 
– Oui mais s’il s’est nourri de la bêtise du script ?
– Ah là, oui, il serait limite en obésité morbide.
– C’est quand même ballot qu’on nous ait envoyés là-dedans sans même vérifier d’abord par sécurité. Une bête observation depuis le ciel et il aurait vite été aperçu, le bousin, dans sa mini-piscine.
– Oui mais c’eut été malin, alors tais-toi et pilote. Et arrête de stresser : c’est pas parce qu’on s’appelle tous les deux Jean-Jacques qu’on n’a pas d’avenir dans ce film. »

Bien sûr que non.

Nos deux sous-mariniers avancent en tout cas dans l’enclos à la recherche d’un précieux butin : le squelette de l’Indominatus Rex, la bestiole débile génétiquement modifiée du dernier film. Et attention : le squelette de la créature est non seulement là, mais il est impeccable.

Alors que je rappelle que le bestiau a été dévoré par le mosasaure.

J’utiliserais bien ma boîte à « ÇA ALORS ! » mais je l’ai enfermée et enterrée pour la durée de ce spoiler, tant elle aurait normalement hurlé à chaque seconde de ce film sans même que je la touche. Je l’entends murmurer sous mes pieds malgré tout, telle une créature lovecraftienne.

Donc, le squelette de l’I-Rex est impeccable. On va supposer que le mosasaure s’est contenté de le croquer, puis de le recracher aussitôt, avant d’aller chercher son couteau et sa fourchette pour délicatement préparer son repas avant de sucer les os tel un mangeur de ribs en goguette. Heureusement, l’équipage du sous-marin n’aperçoit pas l’énorme pot de ketchoupy qui a servi au repas de notre gros ami, reposant par le fond juste à côté.

Jean-Jacques et Jean-Jacques s’empressent de faire ce pour quoi ils sont venus : avoir l’air bêtes, couper un tronçon du squelette, l’accrocher à un ballon avec balise, et laisser le tout remonter à la surface. Puis, le sous-marin s’apprête à repartir quand…

Oh ! ÇA ALO… je voulais dire QUELLE SURPRISE ! Le mosasaure est vivant. Probablement qu’il vivait de pâtes en boîtes et de pizzas depuis des années pour tenir, tel un étudiant de l’UNEF oublié en L1 depuis des années sans que personne ne remarque son existence. Et personne n’a remarqué ces 2500 commandes Domino’s passées ces derniers mois et dont les livreurs ne revenaient jamais. Il est fort, ce mosasaure. Il ne vient pas de la Meuse pour rien.

Pendant ce temps, à la surface, un hélicoptère récupère l’os remonté jusqu’à la surface sans rien remarquer, puis va chercher un technicien resté dans un coin de l’île pour commander à distance les portes de l’enclos du mosasaure. Et qui gueule dans son micro :

« Allô ? Allô, Jean-Jacques et Jean-Jacques ? Ici Jean-Jacques ! Pourquoi vous ne répondez plus ? Je suis en train de vous ouvrir les portes de l’enclos pour que vous sortiez ! Vous en êtes où ? Houhouuuu les amiiiiiiis ? »

Mais alors que l’hélicoptère approche pour récupérer ce Jean-Jacques, soudain, tout le monde aperçoit quelque chose qui approche… le T-Rex ! Le pauvre technicien et ses copains se mettent donc à paniquer.

« HO NOOOON ! POURQUOI EST-CE QU’ON EST VENUS SUR UNE ÎLE AVEC DES DINOSAURES TUEURS UNIQUEMENT AVEC NOTRE SLIP ET PAS UNE ARME ? »

Je ne rigole pas.

Les mecs n’ont même pas un crayon un peu pointu : ils sont venus en slip, et encore, sans élastique, faudrait pas que ça claque au museau d’un dinosaure un peu fort. Parce que bon, hein, il n’y a jamais eu que plein de morts ici, vous venez au beau milieu d’une tempête (oui je sais, ça aussi c’est surprenant) pour une opération pourrie, mais attention, hein, on ne prend pas d’armes. Faudrait pas assurer un minimum la sécurité de l’équipe. La consigne est probablement de péter un peu fort en cas d’approche de prédateurs pour l’effrayer ; personne ne s’attend à une équipe de pétomanes. D’ailleurs, je pense que c’est un hommage à l’équipe derrière le scénario, mais c’est juste une théorie personnelle. D’ailleurs si vous vous bouchez les oreilles durant tout le film et vous contentez de lire sur les lèvres des personnages, vous pouvez presque entendre les bruits de pets lointains et plaintifs de l’équipe du film au moment d’écrire les dialogues.

Enfin, faisons bref : l’hélicoptère essaie de décoller sans se prendre le T-Rex sur la truffe, déroule une échelle pour aider le technicien à les rejoindre, le T-Rex mange un bout de l’échelle mais pas le technicien, hélas, le mosasaure, qui a profité de la porte entrouverte de son enclos pour filer, saute hors de l’eau et mange Jean-Jacques qui pensait s’en tirer alors que hein, bon, Jean-Jacques, soyons sérieux.

L’hélicoptère, lui, va bien, merci, et reprend donc la route tranquillement pour rentrer à la maison loin de l’île balayée par la tempête.

Avançons un peu dans le temps…

Et découvrons que les actualités parlent désormais de Jurassic World, le parc d’attraction abandonné, mais pour une toute autre raison : Isla Nublar, l’île qui l’abritait, a un volcan. Et celui-ci vient de se réveiller.

Or, cela soulève une grande question : d’abord, qui est le con qui a construit un parc sur une île balayée par les tempêtes et avec un volcan en activité ? Et ensuite, plus secondaire, faut-il aller sauver les dinosaures sur place ? Qui sont quand même des dinosaures qui pour un certain nombre ont mangé des gens. Les amis des animaux disent que oui. Les gens qui se souviennent qu’à chaque fois qu’on a tenté un truc avec des dinosaures dans ces films, ça a merdé, disent que non.

La question est donc posée au congrès américain, devant lequel le professeur Ian Malcolm…

Attendez. Aaaattendez une seconde.

Isla Nublar est une île située au large du Costa Rica. Et aux dernières nouvelles, elle n’est pas du tout américaine. L’île a beau être privée, elle appartient quand même à un autre État.

Mais j’imagine que les scénaristes, qui étaient occupées à jouer avec leur caca au moment de l’écriture de ce film, n’ont jamais entendu parler d’un autre gouvernement que celui des Etats-Unis d’Amérique.

« Je ne sais même pas ce que je suis venu faire ici. Je veux dire : dans ce film. Aidez-moi, s’il-vous-plaît. »

Donc, retrouvons le professeur Ian Malcolm, qui témoigne donc devant une commission du congrès américain parfaitement incompétente sur le sujet, pour donner son avis.

« Alors professeur Malcolm, pensez-vous que nous devrions sauver ces dinosaures ?
– Vous savez, le Sénat français est déjà assez bien entretenu, je pense que…
– Non, on parlait des dinosaures de Jurassic World.
– Les… aaaah. Ouiiii, bien sûr. Je… hem. Oui, hé bien non. Les dinosaures ont disparu une fois, bon ben voilà, on a voulu défier la nature et les recréer, la nature corrige le tir. Je propose donc de les laisser crever comme de petites merdes.
– Ce n’est pas très sympa, professeur Malcolm.
– Vous vous souvenez de touuuuus les autres films où à chaque fois qu’on tentait de faire ami-ami avec les dinosaures, ils nous bouffaient ? Bon ben voilà. Vous voulez quoi ? Un autre film avec des enfants énervants, un informaticien pataud, un expert en dinosaures qui court partout mais trouve le temps de faire des bisous, un enchaînement de scènes où on va se taper pour la 130e fois le T-Rex qui intervient piiiiile au bon moment avant de brailler en prenant l’air cool ? »

Visiblement, oui. Car même si la commission américaine finit par annoncer qu’ils approuvent l’avis de Malcolm, quelqu’un n’est pas de cet avis. Et ce quelqu’un, c’est Claire Dearing, la rousse héroïne du précédent film, qui visiblement a oublié celui-ci, car désormais, elle est la présidente d’une association qui milite pour sauver les gentils dinosaures. Tout ça, c’est un gros malentendu, et son on commence à se chamailler autour de qui a tué qui, bon, hein, hé.

Et elle reçoit un super coup de fil d’une certaine fondation Lockwood appartenant à Monsieur Lockwood (c’est audacieux)… l’ancien associé du professeur Hammond, fondateur du premier Jurassic Park ! Et son interlocuteur veut la voir de toute urgence, et l’invite à venir dans sa résidence, qui n’est autre qu’un énorme manoir au milieu des bois. À peine Claire est-elle entrée qu’elle est accueillie par Bobonne, la bonne.

« Monsieur Lockwood va vous recevoir bientôt. Mais d’abord, vous avez rendez-vous avec le gérant de la fondation Lockwood, Francis Rabouin. »

Et un élégant garçon dans sa trentaine de venir serrer la paluche de notre héroïne, de lui dire qu’il adore ce qu’elle fait, qu’il est fan de sa capacité à semer un T-Rex en talons haut (elle, pas le T-Rex), et il lui fait faire le tour du manoir, qui contient une tripotée de salles d’exposition façon musée des dinosaures. Et explique que sous le manoir se trouve le laboratoire où Messieurs Hammond et Lockwood ont ressuscité les dinosaures pour la première fois.

« Wouaw, c’est super fascinant, mais vous savez, dans ces films, à chaque fois qu’il y a une salle avec un gros squelette de dinosaure comme cet énorme crâne de tricératops, c’est toujours là que se passe la scène finale du film, donc dois-je m’attendre à ce que tout se finisse ici ?
– Ahaha je… allons Claire, vous racontez n’importe quoi…
– Ah mais si, je vous jure, c’est super prévisible. Un peu comme la présence d’enfants espièges-mais-en-fait-relous. Vous vous souvenez de Ritalin et son frère ? Je suis sûr qu’on va s’en taper un.
– Vous délir…« 

Au même moment, on aperçoit une petite fille qui les espionnait s’enfuir en courant dans un coin de la pièce.

« Vous voyez Monsieur Rabouin ? C’est écrit.
– Je… non, mais c’est juste une coïncidence.
– Arrêtez, personne n’y croit. C’est comme le personnage du riche idéaliste qui aime les dinosaures, il devrait surgir d’une minute à l’autre.
– Que… AH BONJOUR MONSIEUR LOCKWOOD ! »

Et en effet s’avance dans la pièce un vieil homme en fauteuil roulant qui a à la main la célèbre canne dont le pommeau est l’ambre contenant le moustique ayant permis de ramener les dinosaures à la vie.

« Bonjour Mlle Dearing, je suis un vieux et riche idéaliste qui aime les dinosaures. 
– Si je m’attendais à ça.
– Si je vous ai fait venir ici, c’est pour vous expliquer que… moi, j’ai décidé de les sauver, les dinosaures de l’île. Accord des autorités ou non. Avec l’aide de Monsieur Rabouin ici, j’ai monté une opération de sauvetage. Nous pensons pouvoir sauver 11 espèces au moins, et les ramener jusqu’à une autre île, où ils pourront vivre libres et en paix. Un véritable sanctuaire. Je ne peux accepter qu’ils disparaissent. Je veux les sauver.
– Une autre île avec un volcan, des tempêtes et peut-être même des tremblements de terre, j’espère.
– Évidemment. 
– Vous, vous étiez le genre à sauvegarder votre partie dans Sim City avant de lâcher toutes les catastrophes, vous, gros coquinou.
– Hooooo que oui.
– Mais sinon, je ne comprends pas une chose.
– Pourquoi on a besoin de vous ?
– Non : pourquoi on se fait chier alors que l’on a la technologie pour produire d’autres dinosaures. Que ceux-là meurent, c’est moche, mais en fait, tout le débat sur leur nouvelle extinction n’a aucun sens, n’est-ce pas ? Surtout quand on cause au-dessus du laboratoire qui a permis de les ramener à la vie. Ça me paraît très con, le pitch de ce film, maintenant que j’y pense. Attendez, en plus, il y a d’autres dinosaures sur des îles voisines ! C’était dans les précédents films ! Vous voudriez dire que la réalisation n’a pas regardé les Jurassic Park/World précédents avant de faire ce film ? 
– … ah oui, tiens. En même temps, je les comprends un peu. Heu… vous ne voudriez pas plutôt me demander pourquoi on a besoin de vous ?
– Allez, d’accord. Pourquoi avez-vous besoin de moi ?
– Pour deux choses. D’abord, les dinosaures ont une puce pour les pister, vous vous souvenez ?
– Celle dont on ne se servait pas ou presque dans le précédent film, oui ?
– Nous avons besoin de votre empreinte digitale pour réactiver le système au sein du parc et ainsi pouvoir traquer nos cibles plus facilement et mieux envoyer nos chasseurs les ramener.
– Vous savez, j’étais directrice du parc, mais j’ose penser que touuuut le système avait quand même d’autres portes d’entrées que mon empreinte digitale. Histoire que l’équipe informatique ou la sécurité du parc puissent bosser sans mourir même quand j’étais en vacances ou que je pionçais.
– Heu… c’est…
– Je vois. C’est aussi con que le reste. Et la deuxième chose pour laquelle vous aviez besoin de moi ?
– Nous aimerions sauver un raptor en particulier, celui qui s’est montré le plus intelligent jusqu’ici… Blue. Le raptor de votre petit-ami Owen Grady et sa cool attitude.
– Chhhht. J’avais oublié pour « Owen Grady et sa cool attitude » dans le résumé du dernier film. C’est moche ce que vous faites, vous savez ? Mais en tout cas, histoire de complètement sortir des poncifs habituels, sachez que l’on s’est séparés entre deux films.
– Ah je suis super surpris. Monsieur Rabouin aussi, pas vrai ?
– Trop.
– Bon, bref, Mlle Dearing, vous seriez bien urbaine d’accompagner notre équipe là-bas pour cette petite expédition illégale, et de convaincre votre ami Owen de se joindre à nous, car seul lui peut nous aider à capturer ce raptor très malin qui échappe à nos chasseurs. »

Claire essaie d’oublier le kilo d’incohérences et d’âneries qu’elle vient d’entendre et se dit que oui, cette opération illégale a l’air formidable, bougez pas, je vais chercher mon bon ami Owen Grady. Hop, un saut en voiture, et près d’un superbe lac, on retrouve Owen qui vit toujours en caravane parce que c’est l’ami de la nature, voyez-vous, et qui est fort occupé à construire une superbe cabane. Car Owen aimerait vivre ainsi, au milieu des bois, à humer l’air du matin, à voir la rosée étinceler sur les feuilles autour de lui et les vagues du lac danser sous ses yeux chaque matin. Oui, voilà, il se verrait bien là à vivre heureux, avec un petit potager, des réserves de café, et 62 To de porn hardcore et 17 tonnes de sopalin.

Claire vient ainsi interrompre ses travaux et projets, et évidemment, Owen roule des yeux et soupire parce que ouah, pfou, rev’là l’autre qui comprend rien à mon âme rebelle. Les deux se rendent donc dans un rade pourri voisin pour papoter.

Pour rappel, si le film se passait en France, ça voudrait dire que les deux finissent au bar PMU du coin à causer entre Roger qui gratte ses Tac-o-Tac et Michel qui t’explique qu’en France, on a trop de melons, et non, il ne parle pas vraiment d’agriculture.

Mais que se disent-ils ?

« C’est moi qui t’ai plaquée.
– Non, c’est moi, parce que toi tu voulais vivre dans une cabane en caca.
– Non, c’est moi, et c’est très bien les cabanes en caca. »

Pour rappel : personnellement, au moment de me séparer, j’utilise toujours un pelle. Cela évite ce genre de discussions (même si je tiens à dire que mes conversations sont rarement liées à de sombres histoires de cabanes et de caca). Mais, avançons plutôt dans la conversation.

« Owen, le monde a besoin de ta… ta… bordel, ma langue saigne je… ta… cool attitude.
– Voyez-vous ça. Et pourquoi donc ?
– Pour aller sauver Blue. C’est un peu ton bébé.
– Hmmm… non. Je m’en fous. 
– Allez quoiiiii !
– J’ai dit non.
– Bon, écoute, demain, un avion va décoller et il y a ton nom parmi les passagers, alors si tu veux venir… »

Et Claire de s’en aller sur ces paroles.

Personnellement, j’aurais été Owen, j’aurais gueulé « Attends, tu vas pas d’abord me dire où est l’avion ? Ou l’aérodrome ? Non parce que comme c’est une opération illégale, je devrais pas trouver les infos sur internet ! »

Mais bon, tant pis. Allons justement voir ce qu’il se passe le lendemain, puisque nous retrouvons Claire sur un aérodrome isolé où l’attend un petit coucou, j’imagine donc que soit le vol dure des plombes et nécessite quantité de pauses ravitaillement pour faire des milliers de kilomètres, soit cet avion est déjà… au Costa Rica.

Ou bien la réalisation d’un film américain merderait sa géographie, mais cela, je n’ose y penser.

Claire embarque, et emmène avec elle Nerd l’informaticien pataud (bravo, vous ne l’aviez pas vu venir) et Geekette, la paléo-vétérinaire reloue (ils voulaient dire « badass » mais en fait, elle passe juste son temps à provoquer tout le monde), et à l’arrière de l’avion, elle trouve… Owen ! Il est venu, ça tombe bien alors !

L’histoire ne dit pas comment il a trouvé l’aéroport, mais vu l’intrigue, plus l’histoire est courte, mieux je me porte.

Le petit avion décolle et… pif pouf, hop, ça y est, on est déjà arrivés !

À chaque fois que vous dites « Je crois en Hollywood« , quelque part, un professeur de géographie meurt.

L’appareil survole l’île à la jungle luxuriante et s’enfonce dans ses splendides vallons, avant d’atterrir sur une piste improvisée près de la côte. La fine équipe peut ainsi descendre rejoindre au sol les mercenaires déjà présents pour sécuriser le coin, ainsi que leur chef, un grand chasseur charismatique au point que lui non plus, je n’ai pas retenu son nom. Il est méchant, c’est un chasseur, appelons le Messire Schmitt.

« Salut les petits gars ! Bon, moi et mes troupes, on s’occupe d’évacuer les animaux. Vous, votre boulot est simple : activer le système de puces de traçages du parc, retrouver Blue et on se charge du reste.
– D’accord. Mais je peux vous poser une question ?
– Bien sûr Owen.
– Pourquoi vous n’avez pas installé votre base à l’ancien quai directement ? Celui à côté du parc ? Pour pouvoir profiter des installations ? Et devoir aller moins loin pour avoir accès aux ordinateurs ou autres ?
– Ho. Heu… parce que c’était… marrant ?
– Je vois. Bon allez, en route les mecs, on se met au boulot ! »

Messire Schmitt et ses amis, les légendaires types qui poussent des cris mais ne tirent jamais lorsqu’un dinosaure leur fonce dessus.

Owen, Claire, Nerd, Geekette et Messire Schmitt montent donc dans un véhicule blindé, et le petit convoi s’ébranle pour traverser l’île. Il passe au beau milieu des restes de Jurassic World, et on arrête le véhicule pour profiter de la vue, car un dinosaure approche et aussitôt, Geekette descend comme une débile pour voir ce que c’est.

J’espère secrètement que c’est le T-Rex.

Mais non, nous sommes dans Jurassic Park : quel est le premier dinosaure que tout le monde voit passer d’entrée de jeu en levant les yeux et faisant « Ouaaaah ? » le diplodocus, bien sûr !

Mais pourquoi ça ne pourrait pas être autre chose ? Je ne sais pas, moi, un sauropelta ? Un spinosaurus ? Hitomi Tanaka ?

Maintenant que le diplodocus et la scène clichée sont passés, nos héros remontent dans leur camion,  personne ne fait remarquer à Geekette que c’était stupide de sortir courir sans protection en zone hostile (remarquez, pas plus que d’envoyer des techniciens en slip dans le parc au début du film), et le convoi s’enfonce dans la jungle jusqu’à un ancien bunker abritant des ordinateurs en étant de marche. Hop, Nerd sort son petit portable, lance piratage.exe, et tout s’ouvre. Il réactive le circuit informatique du parc, et avec la petite mimine de Claire, hop, réapparaissent sur les écrans les emplacements de tous les dinosaures du parc.

« Wouah, c’est super pratique.
– N’est-ce pas, Messire Schmitt ? Avec ça, aller récupérer les animaux à sauver va être un jeu d’enfant.
– C’est vrai. C’est bien ces puces GPS. D’ailleurs, puisque c’est du GPS, on aurait pas pu le réactiver depuis les Etats-Unis, ce système, et simplement nous envoyer les données en direct ?
– Bien sûr que si puisque… ho. Hoooooo. Vous voudriez dire qu’en fait, on n’avait aucune raison de venir sur cette île avec le volcan sur le point d’exploser ?
– Ah ben oui, tenez. »

Faisant fi de ce léger détail, nos héros décident de se diviser en groupes : Claire et Nerd vont rester dans le bunker à surveiller les écrans, le tout sans aucune protection parce que ce serait intelligent, quant à Owen et Geekette, eux vont aller, accompagnés des mercenaires, à la poursuite de Blue, dont on connait désormais la localisation.

Pour mieux approcher le raptor en paix, Owen décide de s’avancer en éclaireur, le tout bien évidemment, sans demander à Claire si au hasard, il n’y aurait pas d’autres animaux autour prêt à lui grignoter le cucu. Claire ne pense pas non plus à en parler, à localiser les carnivores, ou à se rendre utile de manière générale, en fait elle regarde juste les écrans en faisant des bruits de bouche tout en bavant sur son chemisier.

Merci d’être venue, Claire.

En attendant, Owen, protégé par le pouvoir mystique d’un scénario qui ne repose que sur la chance impossible des héros, voit Blue enfin apparaître. Le raptor approche son ancien maître avec prudence, après avoir été abandonné, mais avant qu’il ne puisse lui faire la fête voire tenter de s’accoupler avec son pantalon (une scène qui manque grandement et qui irait à la perfection avec le niveau général du film), Messire Schmitt déboule de derrière un fourré avec ses hommes et envoie du pruneau tranquilisant au raptor. Qui aime moyennement, hurle, saute sur un soldat, et a le temps de l’éborgner, provoquant l’ire du mercenaire qui tire donc un coup de pistolet dans le bidou de Blue.

Blue est blessée, mais vivante. Et tranquillisée, pour sûr.

« Bande de margoulins ! » s’exclame Owen « Vous avez tiré sur mon raptor alors que j’avais la situation bien en main ! J’avais même mis son pantalon préféré exprès pour…« 

« Taggle« , lâche laconiquement Messire Schmitt en tirant une fléchette tranquilisante sur Owen. Qui s’effondre lamentablement au sol. Geekette est outrée, mais les mercenaires qui sont en fait très méchants lui expliquent le topo : elle, ils l’embarquent. Car après tout, elle est là pour faire la vétérinaire, non ? Elle doit maintenir Blue en vie, car le plan est de la ramener vivante.

Tout le monde se barre donc, en laissant Owen à son sort.

Hmmm oui, certes ? Mais sinon, il ne pourrait pas vaguement servir après ? Du genre pour faire obéir Blue ? Non ? Bon ben très bien. On va donc le laisser mourir là parce que… HONHONHON ON EST TROMÉCHANTS !

Quid de Claire et Nerd ? Hé bien eux n’ont rien suivi de tout cela, et alors qu’ils sont occupés à baver, le sol tremble sous leurs pieds, car le volcan de l’île s’apprête à exploser ! Holala, dites-voir, c’était pas un peu con de venir en pleine éruption, en fait, non ?

Le sol se fend, et les portes du bunker se ferment en urgence. Nerd doit travailler comme un fifou pour ouvrir une nouvelle issue de force via le système informatique, mais pas de chance : comme Claire continue à baver en faisant des bruits de pet avec la bouche, elle a oublié de regarder sur les écrans si au hasard, au même moment, il n’y aurait pas un gros dinosaure méchant dans le secteur.

Et en fait, si.

Un grand dinosaure carnassier dont vous ne me demanderez pas le nom, tant mes lecteurs les plus fidèles savent que je suis plus formé à l’archéologie qu’à la paléontologie, se pointe, et comme nos héros ont décidé que prendre des armes, hihihi, c’était trop nuuuul, hé bien ils sont dans la mouise. Vont-ils le repousser en lui lançant des boulettes de rien ? Ou bien essayer de l’amadouer en faisant la chenille avec lui ?

« Vite, scénario moisi qui nous donne une moule digne du bassin d’Arcachon, aide-nous ! » prient nos amis.

Et paf, figurez-vous que le volcan envoie une coulée de lave droit vers le bunker… et qu’elle commence à s’écouler dans celui-ci par des fissures. Et cette lave tombe pile sur le pauvre dinosaure qui en prend sur la truffe et… heu… grogne un peu ? Mais va bien ?

Attendez, on parle de lave, là, pas de soupe à l’oignon, non ?

Hé bien visiblement, non, puisque le dinosaure a un peu chaud, mais ça va, merci, il n’est même pas blessé. Il peut donc courser nos héros, qui ont simplement mis cette brève diversion à profit pour filer par une autre issue. Ils ferment la porte derrière eux, et s’enfuient, poursuivis par la coulée de lave brûlante-mais-pas-trop.

Et Owen, me direz-vous ?

Lui se réveille de sa sieste chimique pour découvrir qu’effectivement, dans son coin aussi, il y a une coulée de lave qui a très envie de lui faire des bisous. Encore tout engourdi, il a du mal à bouger, il prend donc des postures bizarres (hihihi, c’est rigoloooo), avant de se relever en pleine forme et de courir comme un dieu, alors que deux secondes avant, il ne sentait plus ses jambes. Ouvrez-vous, cieux, chantez, angelots : c’est un miracle.

Dans l’affaire, sachez-le, la lave s’approche si près alors qu’il est par terre… qu’un de ses doigts la touche.

Et non, il n’a même pas une brûlure, il fait juste « Ouillouillouille ! » parce que vous savez, la roche en fusion, ça n’est rien comparé à un didi d’Owen. Sûrement un effet secondaire de sa cool attitude.

Ah ben tenez, moi ce sont mes doigts qui fondent en tapant ces mots. Comme quoi.

Voilà voilà. Il pleut de la roche en fusion, mais personne n’a l’air trop dérangé. Tout cela est très surfait.

Owen cavalcade, et parce que l’île est minuscule et qu’à ce rythme, les géographes disparaîtront avant les dinosaures, en deux secondes, il se retrouve à courir avec Claire et Nerd qui fuient le volcan en train d’exploser, ainsi que le nuage de cendres brûlantes qui va avec.

Enfin, brûlantes : lorsque le nuage engloutit nos héros… ça ne leur fait strictement rien. Owen se retrouve brièvement pris dedans, et il n’est même pas un peu sale. Non non, merci, il est encore bien coiffé, avec les dents blanches, et une peau impeccable. Il est fort cet Owen !

Rappelons que les vulcanologues qui me lisent le savent : à proximité des volcans, si on porte des tenues moches qui brillent c’est juste par hommage au disco, aucun rapport avec de petits soucis de températures qui picotent.

Alors, amis scénaristes, petit truc : les dangers, dans un film, si ça n’est pas dangereux, c’est juste tout nul. Non parce que là, j’ai vu des vidages de sacs d’aspirateurs plus excitants.

J’espère que tout le monde sait qu’un volcan, c’est vaguement plus dangereux.

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An 79 de notre ère, Pompéi.

« Décurion Owenus Coolus ! Vite, vous devez aider les citoyens à gagner les galères !
– Ahaha, c’est bien les civils, ça ! Paniquer à la première montagne qui explose. Écoutez, je connais très bien la situation : vous voyez l’espèce de vase enflammée qui arrive vers nous ? Bon, on va faire un barrage avec nos doigts.
– Nos doigts ? Mais décurion, cela brûle tout sur son passage !
– Et gnagnagna, ma soupe est trop chaude, gnagnagna mes petits didis… allez, on met ses doigts ! Les doigts sont la matière la plus résistante de l’univers : la preuve, je les mets partout et…
– Oui, en fait décurion, on n’a pas envie d’en savoir plus. Mais regardez ce nuage de cendres qui arrive ! Il va nous engloutir !
– Hohoho, Môssieur a peur pour sa petite toge ? Ça, c’est de la poussière, ça ne va pas vous tuer. Allez, maintenant, vous arrêtez de faire votre chochotte et vous venez m’aider à repousser la roche en fusion là-bas avec les doigts, j’ai dit.
– Je… bon, les mecs, je crois que le décurion est con. Je propose de lui mettre un banc sur la gueule pour lui apprendre.
– Les bancs sont en pierre, ici, citoyen.
– Justement, bougez pas. »

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Le décurion Owenus Coolus, tel que récemment retrouvé.

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En tout cas, Owen, Claire et Nerd courent jusqu’à un coin où ils trouvent une ancienne grosse boule transparente qui servait de véhicule pour visiter le parc en sécurité au plus près des dinosaures. Claire et Nerd ont à peine le temps de prendre les deux seules places à bord que débarque… un allosaure !

Ce grand carnassier, nommé ainsi après qu’il ait été découvert par une certaine Nabila, a bien envie de croquer Owen qui lui est à l’extérieur du véhicule. Heureusement, et comme à chaque fois que tout est perdu…

Ho ben dites voir, le T-Rex débarque, croque l’allosaure, puis rugit en prenant une pause à la cool.

Je sais pas : faites directement un film sur le T-Rex, à la fin. On gagnera du temps. Et puis les dialogues seront forcément meilleurs.

Nos héros, eux, se ruent vers la falaise voisine pour échapper au nuage de cendres qui décidément, n’est pas pressé. Claire et Nerd tombent dans l’océan et commence à couler dans leur bulle blindée, mais Owen, toujours à l’extérieur, tente de les aider en plongeant et en tirant au pistolet sur la coque.

Or, deux choses : un tirer sous l’eau, c’est pas super, la poudre aime moyennement, et ensuite, le SEUL truc qu’on savait au sujet de ces boules dans le précédent film, c’est qu’elles résistaient à des tirs de PISTOLET.

Il y avait UN truc à savoir et ils arrivent à le rater… puisque ça fait des trous. Alors qu’en plus, dans l’eau, sachez-le, une balle, ça part pas bien vite. Je le sais parce que la dernière fois que j’ai eu un contrôle fiscal, j’ai emmené le type en mer et… je… non, rien en fait.

Poursuivons.

Finalement, et puisque c’est n’importe quoi, Owen se contente de forcer l’ouverture avec son petit couteau, et tout le monde peut regagner la surface en paix et regagner la plage la plus proche, où ils respirent enfin à plein poumon sous la végétation luxuriante qui…

Attendez ? Mais et la lave ? Et la tempête de cendres ? Pourquoi tout n’est pas tout gris ? Que ? Attendez… non ? Si ? Si.

Mesdames et Messieurs : la réalisation vient d’oublier qu’elle venait de faire péter tout un pan du volcan, et toutes les scènes d’avant : tous les décors sont comme s’il ne s’était rien passé.

Comme faux raccord, ça se pose là. Un peu comme si vous regardiez un film sur Hiroshima, et qu’après le largage de la bombe, les gens sortent des abris pour trouver la ville intacte.

Ça vous paraîtrait mériter des torgnoles ?

Quelqu’un a préféré donner 170 millions de dollars pour cette erreur. Pensez-y.

Mais vous voulez encore plus de n’importe quoi : nos héros ont atterri, alors que l’île fait des kilomètres, pile à côté du camp des mercenaires ! Hé bien, ça valait le coup de se déplacer en transport blindé en sachant que deux minutes de course suffisaient.

Les mercenaires sont justement en train d’évacuer les derniers dinosaures capturés, y compris par hélicoptère, parce que définitivement, voler près d’un volcan en éruption, c’est facile.

D’ailleurs, eux aussi ont un camp impeccable et tout propre. Apparemment, la tempête de cendres a fait un détour en les voyant. Mais tout de même, ils sentent que tout va bientôt péter, aussi ils finissent d’embarquer sur leur navire aussi vite que possible, puis dégagent. Nos héros ont juste le temps de voler un camion abandonné pour foncer à fond les ballons jusqu’au bateau qui partait, sauter (mais oui) sur la rampe encore ouverte, et se glisser à bord. Où ils se cachent parce que visiblement, les mercenaires avaient bien envie de les laisser mourir sur l’île.

Ce qui n’aurait pas du tout attiré l’attention, bien sûr.

« Vous avez noté ? La présidente de l’association de sauvegarde des dinosaures a mystérieusement disparu. C’était d’ailleurs l’ancienne directrice de Jurassic World. Et son ex-compagnon aussi. La dernière trace que l’on a d’eux, c’est un appel d’un certain Francis Rabouin à la dame. »

Personne ne remontera la piste.

Mais revenons au bateau.

Alors que tout le monde regarde l’île être engloutie par l’explosion finale du volcan, et ses cendres qui engloutissent tout, y compris le dernier dinosaure (qui est mon ami et bien plus encore ; hop, vous l’avez dans la tête, ne me remerciez pas), qui sur le quai, regarde le navire s’éloigner en meuglant ce qui doit être l’équivalent de propos relatifs aux mamans, à l’obésité et à la spéléologie rectale en langage dinosaure. Il est bientôt englouti par le déluge de cendres, et disparaît.

La cendre s’arrête cependant dès qu’elle voit la mer, puisqu’elle ne sait pas nager, c’est connu, et le navire s’éloigne ainsi sans aucun souci.

En cas d’explosion volcanique, n’oubliez pas : mettez les pieds dans un bac d’eau, la cendre n’osera pas s’approcher.

Quelque part, j’ai envie de suggérer que bon, si c’est pour faire de la lave qui ne brûle pas, de la cendre qui ne tue pas, et une explosion qui ne secoue pas, si vous remplacez le volcan de ce film par un cookie d’Enjoy Phoenix, vous avez quelque chose de limite plus dangereux.

Je vais me servir un brandy. Non Diego, pas un verre : la bouteille. Merci.

Tenez, faisons une pause et allons plutôt voir ce qu’il se passe pendant ce temps à la résidence Lockwood, des fois que ce soit un peu moins nul.

Car au sein de celle-ci, nous découvrons qui est la délicieuse enfant espiègle de la maison : Reloue, la petite fille de Monsieur Lockwood. Sa mère est morte lors d’un accident de voiture (elle est tombée dans un trou du script), aussi il élève Reloue avec l’aide de Bobonne.

Et Reloue, vous serez étonné de l’apprendre est espiègle (je n’en puis plus, tant d’inventivité, c’es trop). Et passe son temps à courir partout et à en savoir bien trop sur tous les sujets pour être crédible. C’est bien simple, dès qu’elle apparaît à l’écran, j’entends la voix fluette de mes cartouches à sanglier qui m’appellent.

Reloue court donc partout, jusqu’au moment où elle tombe sur Monsieur Rabouin, qui est occupé à piloter l’opération sur l’île à distance. Donc quand Reloue se pointe, il lui dit qu’il est occupé. Elle insiste et… IL LUI CRIE DESSUS.

Cet homme vient de sceller son destin : quand on crie sur un enfant de film américain, espiègle qui plus est, soit c’est pour s’excuser dans la foulée et montrer qu’on est un mauvais adulte qui cherche la rédemption, soit c’est pour montrer qu’on est vilain. Or, les vilains, ça a une fâcheuse tendance à mourir. Et Rabouin ne s’excusant pas… vous m’avez compris.

Reloue décide d’espionner Rabouin parce que… parce que, et découvre ainsi son odieux plan : il a menti à Lockwood. Il a utilisé son argent pour récupérer les dinosaures, certes, mais pas du tout pour les emmener sur une autre île. Il les ramène ici, pour les vendre lors d’enchères illégales à des acheteurs venus du monde entier ! Il a déjà toute l’installation prête pour accueillir les bestioles, puisque rappelons qu’il y a sous le manoir un laboratoire… où travaille le Dr Wu, ancien généticien de Jurassic World ! Et qui travaille main dans la main avec Rabouin. C’est même lui qui veut récupérer Blue, car il veut ce raptor pour… pour…

Ho non. Non, pas encore. Pitié.

« Pour créer un nouveau dinosaure encore plus dangereux et le vendre comme arme.« 

Mais bon sang, les dinosaures, c’est nul comme arme ! À l’ère des drones, vous comptez sur un poulet géant pour arrêter des balles et des missiles ?

« Oui mais toutes les armées du monde ont utilisé des animaux pour la guerre… » justifie Wu pour le spectateur qui n’est pas déjà en train d’essayer de s’étouffer en mangeant ses poings en voyant le retour de l’intrigue pourrie du précédent film.

Bien sûr que les armées du monde entier ont utilisé des animaux. Et puis elles ont toute découvert que dès que possible, il fallait s’en débarrasser parce qu’il y avait bien mieux. On utilise beaucoup moins de chevaux pour tracter nos canons, les chiens antichars, les Russes se souviennent que c’était con, et les chauve-souris kamikazes, les Américains en ont encore un brûlant souvenir. Si vous ne voyez pas de quoi je parle, je connais un type qui fait de formidables conférences historiques.

Mais Wu, lui, ne connait pas tout cela. Les drones, les véhicules, les armes modernes, ça ne lui parle pas. On peut donc le dire : le Dr Wu continue à voyager dans le passé.

Le Dr Wu, l’homme qui veut absolument faire des armes qu’il faut nourrir, qui paniquent sous les bombes, mangent leur alliés et se font les griffes sur le canapé du général.

Reloue, elle, arrive à se faufiler partout sans souci et à tout découvrir. Elle essaie bien de prévenir son papy que les dinosaures vont arriver cette nuit-même ici et être vendus dans les sous-sols au lieu d’être remis en liberté, mais celui-ci est tout vieux et se contente de lui demander de fermer sa bouche, il aimerait dormir, merde alors, il est tard, va te coucher, et dit à Bobonne que ma poche est pleine à craquer, j’aurais pas dû manger ces tacos.

Cela dit, il reste un mystère que même Reloue ne peut pas résoudre. Oui, même elle ignore la réponse. Je vous l’expose comme tel :

Si Rabouin pilotait la mission à distance un peu plus tôt, et que les dinosaures vont arriver au manoir Lockwood cette nuit, est-ce que quelqu’un peut m’expliquer comment un bateau chargé ras-la-gueule de dinosaures va pouvoir faire plus de 6 000 kilomètres du Costa Rica à la Californie en quelques heures seulement ?

Deux options : soit la réalisation a définitivement un gros problème avec la géographie et continue à penser que le Costa Rica est en fait un état américain voisin de la Californie (ça expliquerait beaucoup), soit le bateau est équipé d’un moteur à caca, et vu ce qui tombe, je pense que c’est un peu le Concorde des vagues.

Pour des besoins de crédibilité, nous voici donc réduits à supposer que la propulsion fécale est la meilleure option. Voilà qui résume bien où nous en sommes de ce film, qui creuse tellement qu’effectivement, il va falloir des paléontologues pour le retrouver.

Au manoir Lockwood, en tout cas, Rabouin finit par surprendre Reloue. Comprenant qu’elle en sait trop, il n’hésite pas et… heu… l’enferme dans sa chambre. D’accord. Quelle sanction, dis voir. Puis, il apprend que Monsieur Lockwood veut le voir. Monsieur Lockwood qui voulait pioncer il y a deux minutes se dit qu’en fait, allez hop, on va régler ça. Viens dans ma chambre, coquinou.

Et Rabouin avoue tout.

« Mais Rabouin ? Bon sang, je vous faisais confiance ! Et vous, vous allez vendre les dinosaures gentils ! Espèce de monstre ! Alors que moi et Hammond, on les mettait en cage pour faire du fric, ce qui n’a strictement rien à voir ! Allez, prenez mon téléphone.
– Pardon ?
– Oui, je suis tout vieux, alors soyez sympa, appelez la police et dénoncez-vous tout seul. »

Le mec demande au méchant d’appeler la police pour demander à ce qu’on vienne l’arrêter. Tranquille.

Vous nous dites si on vous emmerde, hein.

Visiblement, Rabouin a dû entendre mes pensées, car comprenant que c’est idiot, il décide d’en finir avec les dialogues de Lockwood : il prend un coussin, et hop, le combinant avec pépé, il obtient un nouveau fossile, encore un peu chaud, mais quand même. Adieu pépé Lockwood, tu étais trop bête pour vivre plus longtemps.

Ce qui tombe bien parce que sinon, j’imagine bien comment ça se serait passé si le plan de Francis Rabouin s’était déroulé sans accroc.

« Alors Rabouin, ça va ? Non parce que j’ai entendu des bruits bizarres dans le sous-sol. Comme s’il y avait des dinosaures.
– Des dinosaures dans le sous-sol ? Hohoho, allons Monsieur Lockwood.
– ROAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAR !
– Vous avez entendu ? On aurait dit un T-Rex.
– Je… heu… non ? C’était mon ventre je… houlala, je bois trop de lait, je digère super mal Hihihi !
– Vous êtes sûrs que vous n’êtes pas en train de tenir une vente aux enchères illégale sous mes pieds en pensant que je ne vais pas remarquer, hein ?
– GROGROGROOOOOOOOOR !
– Holala, hihihi, pfou, ho j’ai super mal au ventre ! Vous devriez voir mon slip Monsieur Lockwood, on dirait l’intrigue de ce film ! »

Alors vous me direz que peut-être, il avait prévu de tuer Lockwood depuis le début. Même si là, ça a l’air d’être une décision complètement improvisée, mais mettons : personne n’aurait fait le rapprochement entre un mec qui devient multimillionnaire en une nuit, pile la même que celle de la mort de son multimillionnaire d’employeur ?

Quel plan subtil. Je n’en puis plus, mais au moins, maintenant, je le sais dans les écoles de scénaristes, il y a une classe SEGPA, et on lui a donné carte blanche sur ce film.

Tenez, c’est tellement bien que je propose de retourner à bord du Turbo-étron, qui n’est pas le sous-titre de ce film, mais le nom du navire où sont retenus les dinosaures pour des raisons qui ne vous échappent pas.

À bord, Owen, Claire et Nerd parviennent à se faufiler hors de leur camion sans se faire repérer pour gagner un autre véhicule où à l’arrière se trouve Geekette, occupée à soigner Blue ! Geekette qui explique que Blue a besoin d’une transfusion. Et en bonne scientifique, elle explique précisément ce dont elle a besoin :

« Le sang d’un autre carnassier. À trois doigts.« 

Le don du sang, ça marche donc comme ça : si ça a autant de doigts que toi et que ça mange à peu près pareil, c’est bon, c’est plié. Du coup, puis-je donner mon sang à un vegan ? Les gens ayant un doigt en plus ou en moins sont-ils condamnés à mourir ?

Comment ? Vous dites que le don du sang, ça serait un poil plus technique ? Qui est ce Rhésus dont vous parlez ? Est-ce lui qui changea le A+ en B- et qui a fini crucifié durant un don de plasma un peu festif ?

Bien bien bien.

Si vous allez voir ce film avec un ami du secteur médical, préparez-vous à tirer sur votre ceinturon pour l’attacher, sinon il va se trancher les veines et hurler « J’ai 5 doigts et on a mangé la même pizza, vas-y, ouvre-toi les veines aussi et on échange« .

Mais attendez, ce n’est pas fini ! Car Geekette, la paléo-vétérinaire… nous explique qu’elle ne sait pas spécialement trouver une veine (les vétérinaires, soyez forts en lisant ces lignes), et que bon, quelqu’un d’autre devra aller chercher le sang. Qui sait trouver une veine sur un fucking dinosaure ?

« Une fois, j’ai aidé au don du sang« , nous explique Claire.

Ah ben oui, c’est complètement pareil que de piquer un dinosaure, dites-voir. Je t’en prie Claire. Ho, et devinez qui est le dinosaure compatible le plus proche parmi tous ceux dans les camions chargés dans le bateau ?

Le T-Rex, bien sûr !

Attendez, le T-Rex… il n’y en avait qu’un sur l’île, dans mon souvenir. Et on l’a vu sauver les miches d’Owen au moment où le volcan commençait à péter. Alors à quel moment les mercenaires ont-ils réussi à le capturer ? Ils lui ont fait signe de venir en lui disant qu’il avait gagné un iPhone gratuit ?

Diego ? Puisqu’on parle de don du sang, tu vas me mettre le brandy en perfusion s’il-te-plaît, parce que là, je ne sais même plus par quel bout prendre ce film sans me salir les doigts.

Claire et Owen se faufilent dans la cage du T-Rex endormi et attaché, il se réveille au mauvais moment, remue, mais hop hop, pirouette cacahuète, le duo de choc parvient à pomper du sang au dinosaure sans que les 155 mercenaires autour du camion ne remarquent rien de suspect, et ils peuvent retourner le filer à Geekette qui peut ainsi opérer Blue, extraire la balle, et hohoho, hahaha, tout est bien qui finit bien.

Et Blue vit très bien de se faire tripoter le bide sans anesthésie, merci.

Le bateau, usant donc d’un raccourci dans le script, arrive cependant bientôt à quai, à savoir sur l’embarcadère privé qui jouxte la demeure Lockwood. Les camions en descendent tranquillement, avec leurs dinosaures à bord, pour aller décharger tout ça au laboratoire sous le manoir.

Mais pour nos héros, la situation se complique.

Le T-Rex anesthésié, au moment où il se réveille et le premier truc qu’il voit, c’est la plus grosse incohérence d’Avengers – Infinity War.

Car ce gros nerd de Nerd se fait gauler par les mercenaires au moment de débarquer. Et pour s’en sortir, doit faire semblant d’être membre de l’équipage civil du bateau, ce qui est vachement crédible, mais les mercenaires sont forcément tous bêtes, sinon, ils feraient autre chose de leur vie, comme EHESS. Il est donc emmené manu militari pour aider aux tâches de débarquement.

Owen, Claire et Geekette eux tentent de descendre avec leur camion, et Blue à l’arrière, mais avant qu’ils ne puissent filer… Messire Schmitt leur tombe dessus. Il garde Geekette pour soigner Blue et la tenir à l’œil, par contre, Owen et Claire sont enfermés dans une cage dans le sous-sol du manoir. C’est bête.

Pendant ce temps, les invités de la vente aux enchères arrivent, et tout le monde se prépare pour cette opération illégale montée avec les pieds où tout se fait à la dernière minute, ce qui est très crédible. Des gens bien habillés attendent paisiblement qu’on fasse entrer les cages dans lesquelles sont des dinosaures, et les achètent pour quelques millions, qu’importe les raisons : passion des bestioles, envies de chasses originales, paléozoophilie, ou évidemment… pour en faire des armes.

Non, sans rire, arrêtez avec ça. C’est nul. Stop.

Alors que les enchères vont, vous pensez bien que nos héros eux ne restent pas inactifs. Owen a repéré que dans la cellule voisine de la leur, il y a un Grosstêtausaurus, un dinosaure avec le crâne dur. Comme cela tombe bien, décidément ! Owen le provoque en lui disant qu’il trouve que ce film est très précis scientifiquement parlant.

Le dinosaure, qui n’est quand même pas con à ce point-là, devient tout fou et se met à donner des grands coups de sa grosse tête contre le mur. Jusqu’à faire céder celui-ci et ainsi entrer dans la cellule de nos héros. Puis, avec quelques manœuvres supplémentaires et propos sur l’excellence des dialogues, il rend le dinosaure si ivre de rage qu’il fait aussi sauter la porte de la pièce.

Car non, personne n’avait pensé à enfermer le Grosstêtausaurus dans un coin du souterrain où les cellules lui résistent. Et les gardes ?

Haha. Hahaha. Ha.

Il n’y en a pas.

Oui, vous avez bien lu : les animaux les plus dangereux du monde sont en train d’être négociés lors d’une vente aux enchères illégales avec des marchands d’armes, mais il n’y a même pas un gugusse de la sécurité pour vérifier que ça se passe bien dans les sous-sols.

Arrêtez je… pourquoi ? Pourquoi faites-vous ces films ? Qui es-tu, Hollywood ? Quels sont tes liens avec Satan ? Que l’on me passe mon épée bâtarde, mon heaume, et ma cape du Temple : je crois que j’ai trouvé la bouche de l’Enfer. Tout cela est bien trop mauvais pour être innocent. On nous cache des choses.

Owen et Claire, eux, se retrouvent libres, alors que le Grosstêtausaurus erre dans les sous-sols à la recherche d’une sortie pour quitter ce film.

Mais au même moment, dans les étages supérieurs… dans sa chambre tout en haut de la plus hauuuuute touuuuuur (le film est décidément subtil je vous dit), attend Reloue, qui est enfermée. Mais Reloue a bien évidemment la science du crochetage de serrures, et sitôt libérée, elle s’empresse de courir partout dans le manoir (où il n’y a toujours aucun garde, c’est fabuleux !) pour rejoindre la chambre de son papy.

« Papy, papy, tu dois agir, vite, Rabouin est un rabouin, c’était si peu prévisible ? Papy, tu es tout bleu ? C’est un cosplay des Schtroumpfs, c’est ça ? »

Mais non : vu la qualité du scénario, ce serait plutôt Avatar. Et de toute manière, pourquoi est-ce que je vous dis ça ? Papy Lockwood est mort. Reloue est triste, mais s’empresse de tirer de sous les doigts de son pépé mort l’ultime livre qu’il lisait, celui qu’il gardait près de lui chaque nuit… un album de photos de famille.

Où Reloue note qu’il y a quand même plein de photos d’elle. Ou de quelqu’un qui ressemble vraiment beaucoup. Bon, c’est pas grave, pour l’instant, elle va plutôt sauter dans le passe-plat qu’il y a dans la chambre de papy et qui mène… droit au laboratoire secret souterrain !

Ben oui. Des fois que quelqu’un ait faim, c’est important de laisser un énorme accès non-surveillé. Reloue y file donc, et se retrouve nez à nez avec Owen et Claire ! Qu’elle prend d’abord pour des méchants, avant de reconnaître Owen.

« Tu… tu es le dresseur de Blue ? Je le sais parce que quand j’ai espionné Rabouin dans le laboratoire plus tôt dans le film, il y avait un ÉNORME ordinateur dont la marque était bien affichée, avec une ÉNORME vidéo prête à jouer et un ÉNORME bouton play à presser qui n’attendait que moi, comme si un scénariste neuneu avait voulu trouver un moyen de me filer toutes les infos dont j’avais besoin pour savoir que tu es gentil, et que Blue aussi ! »

Arrêtez, petites balles à sanglier. Arrêtez de m’appeler, je ne vous entends pas.

Claire, Owen et Reloue font donc bien évidemment équipe, et eux sont là « Oh oui, tu voudrais être notre amie ? » car même en danger de mort, il ne faut jamais oublier d’être cucu la praline. Mais à présent, comment se tirer de ce mauvais pas ? En demandant à Reloue où trouver un téléphone ? En commençant par mettre les voiles ?

Non : en faisant du caca, bien sûr.

À commencer par aller espionner la vente aux enchères qui se tient un peu plus haut. Et ce, via les différents conduits qui permettent d’aller espionner le coin sans problème, comme dans tout film nul. Les héros peuvent ainsi y voir que les dinosaures se vendent bien, et à chaque fois qu’une cage défile devant le public, les millionnaires présents se l’arrachent.

C’en est à se demander pourquoi ils n’ont pas eux-même envoyé des contrebandiers chopper du dinosaure sur l’île en détresse.

Mais Rabouin et l’animateur des enchères (qui est évidemment petit, moche et l’air fourbe) proposent soudain une petite pause en amenant une nouvelle cage devant les acheteurs : celle d’un nouveau dinosaure, le Bullshitosaurus.

Ce dinosaure a été conçu en laboratoire par le Dr Wu, et est une sorte de super raptor, en plus gros. Ce n’est qu’un prototype, et avec l’ADN de Blue, les méchants comptent en faire un encore mieux, mais regardez : ils ont déjà dressé la bestiole. Avec un désignateur laser spécial, ils peuvent lui indiquer une cible. Et en appuyant sur un bouton, le Bullshitosaurus l’attaque aussitôt. Bon, là, il est en cage, mais voilà.

Ho, et pour appuyer qu’ils sont méchants, un garde (là, il y en a au moins… pfou, trois !) donne des chocs électriques au Bullshitosaurus, comme ça, pour déconner.

Mais enfin ?

Les acheteurs deviennent fous : tous veulent cet animal parce que… heu… bon. Voilà. Ça ferait bien dans le jardin, avec une grosse niche et un nom comme « Pixel » ou « Link ». Rabouin tente de calmer le jeu en rappelant qu’il n’est pas à vendre, mais alors que le public hurle « MAIS ALORS POURQUOI TU LE MONTRES, GROSSE TACHE ?« , Rabouin comprend que le prototype peut rapporter gros, alors okay, pourquoi pas.

Mais nos héros, eux, ne veulent pas voir pareil monstre dans la nature.

« Vite, il faut arrêter ça !
– En appelant la police, Owen ?
– Non, mieux : en faisant de la merde ! »

Owen retourne dans les sous-sols, va exciter le Grosstêtausaurus en lui disant qu’il n’est même pas digne de passer sur RTL malgré son nom, et le pousse ainsi à grimper dans l’ascenseur par lequel arrive les cages qui finissent aux enchères.

Ascenseur qui n’est donc pas gardé non plus, on va supposer que les autres cages y apparaissaient par magie, pif pouf, tout le manoir a sûrement été construit sur un énorme chapeau de magicien. Le Grosstêtausaurus arrive ainsi, libre, au beau milieu de la vente aux enchères, et le Grosstêtausaurus étant profondément communiste comme chacun sait (il a la tête dure), il commence à charger tous ces bourgeois millionnaires, qui s’enfuient en courant.

Les gardes, eux, se contentent de faire des bruits comme « Holala ! » et de ne pas tirer.

Francis Rabouin, constatant que l’ensemble de son service de sécurité est non seulement moins fourni qu’une brigade de police municipale, mais fait aussi moins usage de ses armes.

La dernière fois que j’ai vu des gardes armés aussi nuls, c’était dans Westworld. Ceux qui l’ont vu voient de quoi je veux parler.

Les millionnaires regagnent leurs véhicules, la soirée est un échec, et tout le monde file dans tous les sens pour se mettre à l’abri. Bientôt, ne reste plus dans la salle que le Bullshitosaurus dans sa cage, et bien évidemment, personne pour le surveiller on essayer de prendre en main la situation : tout le monde a mieux à faire. Y compris nos héros, semble-t-il.

Seulement voilà : tout ce chaos attire l’attention de Messire Schmitt, qui glandait pépère à l’extérieur du bâtiment parce que bon, il n’allait quand même pas aider. En voyant tout le monde fuir, il se précipite à l’intérieur (seul) et aperçoit le bullshitosaurus dans sa cage.

« HO BEN DIS VOIR, SI J’ENTRAIS TOUT SEUL DANS TA CAGE POUR TE VOLER UNE DENT ?« 

Car oui : Messire Schmitt prend des dents… des dinosaures qu’il n’a ni capturés, ni abattus. Non mais ne cherchez pas : c’est son hobby. Sûrement que plus jeune, sa copine est partie avec un surfeur australien, alors il veut se venger en ayant un plus gros collier de dents. Ou un truc du genre. Sa plus belle prise reste une incisive de Margaraethatcherosaure, une créature qui vivait en Grande-Bretagne et faisait très peur avec ses grosses dents.

Notre homme tire tout de même une paire de fléchettes tranquillisantes sur la bête, puis rentre dans sa cage, pépère, pour essayer de lui arracher une dent.

Je vous décris le rebondissement ou bien ça ira ?

Allez, c’est bien parce que c’est vous.

HO NON ! LE BULLSHITOSAURUS NE DORMAIT PAS VRAIMENT ET LE MANGE AVANT DE QUITTER SA CAGE ET DE COMMENCER À SEMER LE CHAOS !

Quelle surprise. Non, vraiment. La dernière fois que j’ai été surpris, c’est quand la SNCF a annoncé qu’elle allait faire grève. Les trucs jamais vus, moi, ça me fait toujours un choc.

De là, tout va aller très vite, mais chaque scène va durer très longtemps.

D’abord, le bullshitosaurus mange tous les méchants à portée, avant de gagner les étages supérieurs du manoir. De son côté, Geekette, qui était enchaînée à la cage de Blue, découvre que Nerd – vous l’aviez oublié – a réussi à infiltrer le personnel du laboratoire souterrain. Il la libère donc, ainsi que Blue, pour que le raptor tabasse les rares gardes qui les embêtaient (comprendre : un seul, et juste armé d’un bâton électrique pourri, parce que pour gérer un dinosaure tueur, c’est très pratique). Mais dans la bagarre, des trucs tombent sur des machins, qui eux-même percutent des bonbonnes suspectes et une partie du laboratoire explose derrière les gentils. Pire : du gaz mortel commence à se répandre dans les sous-sols… le temps presse !

Mais surtout Blue et le bullshitosaurus sont libres.

Owen, Claire et Reloue, qui cherchaient à fuir, son arrêtés au détour d’un souterrain par Rabouin, accompagné de deux gardes.

« Aha ! Vous n’irez pas plus loin ! Donnez-moi la fille !
– Jamais !
– Vous ne savez pas ce qu’elle représente… Reloue n’est pas la petite-fille de Lockwood… c’est la clone de sa fille ! Il n’avait pas pu accepter sa disparition ! Elle est donc comme ces dinosaures ! Le fruit d’expériences génétiques !
– Oui mais je ne vois pas en quoi ça lui donne de la valeur ?
– Hé bieeeen, heu…
– Bon, vous savez quoi ? On va invoquer notre moule géante d’Arcachon et espérer que comme à chaque fois qu’on est en difficulté, un dinosaure va nous sauver le cucu. »

Et paf, pile à ce moment là, le bullshitosaurus surgit et mange les gardes armés. Décidément, tout cela est très inspiré. Nos héros fuient d’un côté, l’animal aux fesses, et Rabouin d’un autre. S’ensuit une longue course-poursuite dans tout le bâtiment, à la fin de laquelle Owen et Claire parviennent à donner à Reloue une chance de s’enfuir.

Elle monte donc se cacher dans son lit.

Hmmm. Une enfant très intelligente, donc.

La princesse est donc dans la plus haute tour du château, et la créature écailleuse monte tenter de la croquer, en passant par l’extérieur pour faire de jolis plans. Je sais, que d’originalité. Mais pile au moment où la bête va croquer Reloue et soulager le public, voici que surgit le chevalier blanc Owen… épaulé par Blue !

Owen utilise une arme trouvée sur un garde (enfin !), mais sachez-le : la peau de ce dinosaure arrête les balles.

Du coup, les gardes étaient armés avec des choses ne pouvant pas arrêter ce qu’ils devaient surveiller ? Non, vous savez quoi ? Je laisse tomber. C’est trop nul.

Reprenons l’action.

Blue saute sur le bullshitosaurus et les deux se bagarrent. Owen et Reloue fuient par les toits, et bientôt, se retrouvent sur la verrière au-dessus de la salle d’exposition du manoir Lockwood. Alors que Blue n’est guère en état de combattre plus avant.

Le bullshitosaurus s’approche lentement d’eux et…

Surgit Claire ! Qui a récupéré le laser désignateur de cible du bullshitosaurus !

Que va-t-elle désigner ? Un méchant qui passe en contrebas ? Une merde quelconque dans la salle d’exposition, comme un dinosaure factice ? Ou carrément un écureuil au fond des bois ?

Non.

Elle vise Owen.

Pardon ?

Et pousse le bouton pour déclencher l’attaque.

QUOI ?!

La bestiole attaque, Owen fait une roulade magique pour esquiver, le bullshitosaurus se retrouve à tomber sur la verrière, et avec un petit coup de main de Blue, la vilaine bête tombe et s’empale sur les cornes d’un crâne de tricératops exposé au-dessous.

Le bullshitosaurus, où l’idée géniale de proposer aux gens de venir voir un film où il est question de dinosaures, mais en fait, on va en inventer un comme ça ça n’aura aucun intérêt.

Quelle surprise, alors ! Tout se finit dans la salle d’exposition des gros squelettes de dinosaures !

Enfin. Nos héros ont gagné.

« Oh, Claire ! Comment as-tu deviné qu’en faisant m’attaquer le bullshitosaurus, je me jetterais en avant pour réaliser une esquive parfaite, et qu’il tomberait au travers de la verrière sans me faire chuter, moi ou Reloue ?
– Heu… non, moi je cherchais juste à te buter. »

Non, en fait, ce dialogue n’existe pas. En réalité, tout le monde est content et avait bien prévu des trucs improbables en se mettant d’accord par le pouvoir enchanté de la télépathie. Formidable.

L’équipe n’a plus qu’à se regrouper avec Nerd et Geekette qui expliquent que du gaz mortel est en train de se déverser dans les souterrains du manoir. Tous les dinosaures qui y sont vont donc mourir et disparaître.

Claire, pleine de compassion, ouvre leurs cages mais… finalement, pas la porte menant à la liberté. Elle se refuse à libérer de tels dangers sur le monde. C’est moche, mais ils doivent mourir.

« Hé ben moi je les libère, car ils sont comme moi ! » s’exclame ce petit étron parlant qu’est Reloue.

Les dinosaures fuient par conséquent le manoir et se retrouvent à piétiner les dernières voitures garées devant le manoir, dont celle où Rabouin et ses deux gardes du corps (il en a trouvé de nouveaux en route) s’apprêtaient à embarquer en emmenant avec eux le précieux bout d’os de l’Indominatus Rex récupéré en début de film.

Évidemment, les mecs sont armés, mais quand une horde de dinosaures leur fonce dessus, ils font juste « Ouaaahoooooowolalaaaa ! » avant de se laisser piétiner/manger/attaquer sans rien faire.

En fait, je crois que je trouvais les mecs désarmés du début du film plus crédible : au moins, il y avait une raison qu’ils meurent comme des bouses sans se défendre. Là, on a l’impression que tous les gardes sont lourdement dépressifs et appellent la mort de leurs vœux.

Tout le monde meurt… sauf Rabouin qui a eu le temps de se cacher sous sa voiture. Il perd son précieux échantillon dans le piétinement jurassique, mais au moins, il est vivant.

Il ressort donc de sous la voiture et…

N’entend pas arriver un T-Rex.

Je répète, il n’entend pas arriver un animal de plusieurs tonnes.

Je vous laisse deviner ce qu’il se passe ? Plan large, le T-Rex croque le vilain, prend une pose cool et… mais oui, rugit ! Comment avez-vous deviné ? Vous êtes forts.

Le méchant est mort, Claire et Owen peuvent se rouler des patins et se remettre ensemble, Reloue peut être espiègle reloue tant qu’elle le veut, et les dinosaures sont désormais libres d’aller saccager la Californie.

On retrouve donc le professeur Malcolm, faisant un speech devant une commission du congrès où il explique que maintenant, il va falloir cohabiter avec ces bestioles, que le monde a changé, et on aperçoit les dinosaures allant de-ci de-là, ou même le mosasaurus (vous l’aviez oublié) qui n’ayant pas retrouvé le chemin de la Meuse (comme beaucoup de gens, à raison), fait le kéké près de surfeurs.

Les images ne montrent pas comment des gens se font dévorer, ou tout simplement comment les animaux se font plomber la truffe en deux minutes dans un pays où les armes sont en vente libre. Bon, après, les dinosaures ne vont pas à l’école, donc il est vrai que ça limite leurs chances de se faire tuer.

Blue, elle, a repris sa liberté, et désormais, bondit joyeusement près d’une ville américaine, sans réaliser que son espérance de vie risque d’être très limitée.

Tout est mauvais qui finit mal et…

… FIN !


« Hé bien bonsoir. Ce soir, nous recevons un acteur que vous allez reconnaître, mais dont pourtant, vous ignorez le nom. Bonsoir José. 
– Bonsoir.
– José, vous êtes un T-Rex.
– Effectivement.
– Alors, ce soir, vous vouliez pousser un coup de gueule contre les clichés.
– Tout à fait. J’en ai assez d’avoir toujours le même rôle du dinosaure qui jaillit au bon moment, mange un truc et rugit. C’est à croire que je ne sais faire que ça. Je peux aussi manger des trucs sans rugir. Rugir sans manger. Surgir au mauvais moment. Et plein de combinaisons de tout cela, comme rugir au mauvais moment et surgir en mangeant. Ou jouer quantité d’autres rôles, d’ailleurs. Vous savez, j’aimerais qu’on me considère avant tout comme un acteur, vous voyez. Un saltimbanque. Pas seulement comme un dinosaure.
– Hmmm. Vous voulez dire que vous aimeriez sortir des films de dinosaures, par exemple ?
– Tout à fait. L’époque est au progrès. J’aimerais qu’il y ait un quota de T-Rex par film.
– C’est audacieux. Vous n’avez pas peur que cela… choque ?
– Eeeet voilà, le discours habituel « Puisque c’est un T-Rex, il ne peut jouer que des T-Rex ». Quel conservatisme ! Vous savez, j’ai un jeu d’acteur ! J’ai appris auprès des meilleurs ! Je connais très bien Francis Huster, et j’ai même été à ça d’avoir le rôle d’Edith Piaf pour La Môme. Avec une moumoute et une robe, j’étais méconnaissable. Et puis…
– Puis ?
– J’ai mangé le directeur de casting, et j’ai rugi. A…attendez, non, merde, ce n’est pas du tout ce que je voulais dire. 
– Mais vous, en tant qu’animal, vous pensez vraiment pouvoir faire carrière ?
– Bien sûr. Il y a plein d’animaux qui font carrière. Regardez, on retrouve des chats et des chiens plein les films. Comme par hasard. D’ailleurs, vous vous souvenez des hyènes du Roi Lion
– Oui ?
– Maintenant, elles font carrière sur le plateau de Cyril Hanouna tous les soirs, et personne n’a l’air d’avoir à y redire.
– Alors certes José, mais n’est-ce pas le syndrome du film maudit ? N’êtes-vous tout simplement pas bloqué dans le même rôle depuis Jurassic Park premier du nom ? »

José réfléchit, croisant ses petites pattes contre son corps musclé.

« Non, d’autres ont réussi. 
– Ah oui, par exemple ?
– Vous vous souvenez du gros tas de merde de tricératops qu’on voyait dans le premier film ?
– Oui ? »

José hoche la tête, sûr de lui.

« Hé bien il est devenu à lui seul toute la licence Jurassic World. Alors si lui a réussi, pourquoi pas moi ? »

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