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Hunger Games – La ballade du serpent et du gros pipeauteur

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Vous souvenez-vous des Hunger Games ?

Mais si, enfin. Cette série de films où, dans un futur dystopique, les Etats-Unis sont devenus un pays magique qui a sombré dans la guerre civile et où pour éviter que ça ne recommence, tous les ans, les vainqueurs décident d’obliger les enfants des perdants à se massacrer en direct à la télévision. Le tout sous la botte du terrible Président Snow, un cruel dictateur amateur de poison qui trouve que vraiment, les Hunger Games, c’est une super idée, jusqu’à ce que cela lui pète – étonnamment -au nez. Ça vous revient ? Voilàààà.

Bon, eh bien sachez que quelque part, quelqu’un s’est dit : « J’en ai assez qu’on me dise que les Hunger Games sont débiles, et que le Président Snow l’est tout autant. Pour la peine, je vais faire un préquel dans lequel on comprend comment le Président Snow est devenu vilain, et où l’on découvre les premiers Hunger Games. »

En toute logique, la personne qui s’est dit ça a donc dû porter une attention toute particulière à l’écriture et à la cohérence du tout, pas vrai ?

Ho. Hohoho. Jeunes naïfs, vous croyez donc encore en votre prochain ? Diego, apporte-moi donc un brandy, car il est temps. Oui, il est temps de se replonger dans cette dystopie qui comme beaucoup de « dys » lors d’une réunion parents-profs, sent un peu le pipeau survendu.

Alors, Hunger Games – La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, véritable explication sur les origines d’une série lui donnant un peu de cohérence, ou étron supplémentaire dans une fosse qui n’en demandait pas tant ?

Spoilons, mes bons !


 

L’affiche : entièrement couleur de feu ? Nous voilà gâtés.

Notre film commence trois ans avant les premiers Hunger Games. Nous voici donc dans les rues d’une ville dévastée par la guerre alors que pillards et civils affamés se chamaillent pour savoir qui pourra manger le cadavre de qui. C’est là que nous retrouvons notre héros le jeune… 

Ahem.

Coriolanus Snow.

Oui, Coriolanus. Probablement de Coriolis, la force inertielle, et Anus, l’origine du film. Mais sans pouvoir le garantir, nous en resterons à ce qui est certain : avec un nom pareil, ses parents ne l’aimaient pas. Coriolanus, que nous appellerons Coco pour les besoins de ce spoiler et afin d’éviter que le présent article ne se transforme en traité de proctologie, est accompagné de sa cousine, Tigris (oui, toute la famille est cruelle). Tous deux errent donc au milieu des ruines en échappant aux brigands qui y rôdent, avant de regagner la demeure familiale où les attend la mamie de Coco et Tigris. Et Mamie Coco a des choses a dire : 

– Mon petit Coriolanus, tu sais ton père ?
– Oui ?
– Ben il est mort. Comme ça, paf. Allez, pleure, tu pisseras moins.

Le papa de Coco était en effet le célèbre général Coco, moyennement apprécié des rebelles qui lui ont donc refait les gencives à coups de lance-roquettes alors qu’il se promenait au fond des bois. Le rebelle est comme ça : joueur. Et dentiste.

Vous avez tout compris ? La guerre, Coco et Tigris les ch’tites n’enfants, le papa de Coco transformé en engrais pour bois joli ? Bien.

Bondissons de treize années dans le temps et retrouvons Coco désormais âgé de 18 ans. Attention, hein : 18 ans de film américain, c’est-à-dire qu’il a cette gueule de lycéen de 30 ans comme Hollywood en a le secret. Et en treize ans, les choses ont bien changé. D’abord, la guerre qui ravageait le pays est terminée, et a été remportée par le Capitole, la capitale du pays magique de Panem, qui a mis sa rouste aux Districts, les autres régions dudit pays qui avaient voulu jouer les rebelles. Le Capitole dépendant totalement des districts, on supposera donc qu’ils ont gagné en tabassant les rebelles à coups d’agrafeuses et autres piles de papiers, les seules ressources dont dispose massivement une administration centrale.

La paix revenue, notre brave Coco a pu retourner à l’école du Capitole. Qui est fréquentée par le gratin local, aussi malgré la pauvreté de sa famille, il fait tout pour ne rien en montrer. Par exemple, lorsqu’il arrive de bon matin et qu’il y a buffet gratuit, alors qu’il n’a rien mangé pour cause de frigo vide, il lance, crâneur :

– Ah ! Manger ? Non merci ! J’ai dû jeter de la nourriture ce matin tant j’en avais trop !

Le spectateur aura donc tendance à s’exclamer « Mais ? Bougre de con, profite du buffet ! Surtout que tous les autres élèves ne se privent pas ! Alors personne ne remarquera rien ! En te démerdant bien, tu pourrais même en piquer un peu pour nourrir ta famille sans que cela ne se remarque« 

Mais non : le jeune Snow étant un peu débile, il préfère ne pas manger, et donc gargouiller toute la journée voire s’évanouir entre deux portes. Il fait donc tout pour se faire griller et affamer les siens, bravo jeune homme. Un neuneu pareil, c’est un coup à finir ministre. Cependant, faisons fi. Car si ce matin à l’école du Capitole, il y a buffet, ce n’est pas sans raison. En effet, Jeannine Neuneu, une des amies de notre héros, est tout excitée.

– Coco ! Coco ! C’est le grand jour ! C’est aujourd’hui qu’ils vont comme chaque année annoncer qui est le gagnant du prix Plinth, cette bourse qui permet de rentrer à l’université !
– Oh oui, j’ai tout fait pour l’avoir ces dernières années ! J’espère qu’elle va me revenir !

En effet, sans cette bourse, Coco ne pourra jamais aller à la fac (car dans le futur, les facs américaines coûtent toujours un rein ; le monde peut s’effondrer, il y a des choses immuables). Il a donc travaillé dur des années durant pour essayer de la décrocher. Sans jamais se demander « Au fait, si quasiment tout le monde est riche par ici, pourquoi est-ce que chaque année, Monsieur Plinth remet plein de pognon à une famille qui n’en a pas besoin ? » Une bonne question, mais le film oublie ce détail, c’est ballot. Mais attendez, bonnes gens, nous ne sommes pas au bout de nos peines. En effet, voici qu’entre en scène le meilleur ami de Coriolanus… Séjanus Plinth.

Séjanus. PLINTH.

Je vous laisse relire avec le doigt si vous n’avez pas vu le gros souci que nous avons.

Non, je ne parle pas du fait qu’ils ont tous les deux une sombre histoire de rectum dans leurs prénoms (c’est ce qui a dû les rapprocher), non. Notre problème, c’est que le meilleur ami de Coco est Séjanus PLINTH. Le fils du richou qui attribue la bourse PLINTH. Et là, la film sans aucune subtilité introduit le personnage.

– Salut Coco ! C’est moi ton meilleur ami Séjanus ! Tu sais, le garçon super généreux, progressiste et solidaire ! Celui à qui le papa paie absolument TOUT ce qu’il souhaite mais qui malgré tout, a gardé une vraie boussole morale dans ce monde corrompu !
– Ah oui. Bonjour aussi, Sésé.
– Et sinon, tu comptes toujours sur la bourse Plinth ? Car je sais que sans ça, ta vie est foutue.

Laissez-moi vous présenter Séjanus, le riche et généreux jeune homme qui durant tout le film, va donner du pognon à tout le monde, sauf à son meilleur ami prolo.

Oui. Oui oui. Le meilleur ami du héros est donc le fils du gros richou qui distribue des bourses, fils qui a clairement un accès illimité à l’argent de papa, et qui passe son temps à vouloir aider les autres mais à AUCUN moment, n’a demandé à son papa « Hé, Papa, je connais le seul pauvre du Capitole, et en plus c’est mon meilleur ami, tu pourrais lui faire une fleur ? ». Pas plus que Coco n’a pensé à demander. Alors certes, on pourra me dire « Coco n’a pas demandé par orgueil ! », mais Sésé l’ami du petit peuple ? Comment dire ? Il n’y a qu’une raison pour laquelle il n’a rien fait…

C’est que sinon, le film s’arrêtait là.

Voilà. Non, je ne plaisante pas : plutôt que de coller N’IMPORTE quel personnage comme meilleur ami du héros et justifier qu’il doive se bouger pour la bourse Plinth, ils ont décidé de lui filer le SEUL copain qui rend toute l’intrigue absolument débile. C’est soit du talent, soit de la scatomancie. Peut-être un peu des deux.

Mais reprenons le dialogue entre Sésé et Coco, de bon matin à l’école.

– Sésé, tu pourrais arrêter d’être une pince et me filer de la thune, par exemple pour que ma famille mange à sa faim ?
– Non, sinon le film s’arrête là, on vient de te le dire. N’en parlons plus. Et dissertons plutôt sur pourquoi sans la bourse Plinth, ta vie sera de la merde.
– D’accord.
– Surtout que j’ai une mauvaise nouvelle : cette année… il n’y aura pas de bourse Plinth.
– Pardon ?
– Chut, asseyons-nous. La cérémonie de remise va commencer, tu vas comprendre de quoi je parle.

Et nos héros de s’asseoir dans une salle remplie d’élèves de leur école qui attendent tous, curieux, de savoir cette année qui sera l’élève le plus méritant qui décrochera la bourse Plinth. Hélas, comme Sésé l’avait annoncé, tous déchantent vite en voyant débouler une notable du Capitole : le docteur Gaul. Une femme aussi droite que dure, qui prend promptement place à la tribune pour expliquer de quoi il retourne.

– Bonjour, je suis le docteur Gaul, l’organisatrice des Hunger Games de cette année, qui seront les 10èmes Hunger Games. Comme vous le savez, les Hunger Games consistent à prendre deux personnes dans chacun des douze districts de notre pays, et à les foutre dans une arène pour se mettre sur la gueule, afin qu’ils se souviennent qu’on n’emmerde pas le Capitole comme ça.
– C’est complètement con. Non parce que tuer les enfants des gens que vous souhaitez pacifier, ça marche souvent assez peu. Surtout si vous le faites tous les ans, juste pour le fun, le tout à la télé histoire d’être certain que ça les mette en pétard.
– Certes, mais chut. Car nous avons un problème majeur : les gens ne regardent plus les Hunger Games. Au Capitole surtout.
– Mais est-ce qu’on ne s’en fout pas un peu ? Tant que les districts regardent… c’est eux qui doivent retenir la leçon, pas le Capitole, non ? Si je suis le peu de logique derrière tout cela ?
– Bon, kikiparle ?

Un étudiant lève timidement la main.

– Étudiant Roudoudou, Dr Gaul.
– Bien, vous êtes viré.
– Rooooh.

Une fois cet enquiquineur hors de la salle, le Dr Gaul, une veine saillante palpitant encore sur son front, reprend.

– La suite étant encore plus bête, je propose de la confier à Doyen Malin, l’inventeur des Hunger Games, et accessoirement le doyen de cette université.

Entre alors dans la salle le doyen Malin, un nain barbu et défoncé à la morphine, à l’alcool, et à tout ce qui passe, qui va s’assoir dans un coin.

– Salut les jeunes. Oui, c’est moi qui ai eu l’idée géniale des Hunger Games. Et cette année, pour les rendre plus palpitants, j’ai eu une autre idée formidable : et si chaque candidat avait un mentor ? 

Rappelons que l’acteur derrière doyen Malin a décidé de consacrer sa carrière à lutter contre les stéréotypes dans les rôles de nain à Hollywood. Et joue donc un nain barbu, alcoolo, rancunier et têtu. Ouf.

Tout le monde se tourne discrètement vers la chaise hélas vide de l’étudiant Roudoudou, puisque personne ne voit le rapport entre chute des audiences et mentors. Nous non plus, mais passons. Car sans interruption de bon aloi, ce discours absurde se poursuit.

– Chers étudiants, que vous aimiez l’idée ou non, ou que vous trouviez ou pas le rapport avec la choucroute, ce sera comme ça. En plus, il y a 24 candidats aux Hunger Games, et il y avait 24 candidats à la bourse Plinth.

Pardon ? Ah, ce bruit ? C’est votre boîte à « Ça alors ! » qui demande à sortir de son tiroir en hurlant. Doyen Malin, lui, poursuit.

– Donc chacun d’entre vous sera le mentor d’un candidat. Et pour vous motiver, le mentor du candidat qui gagnera décrochera la bourse Plinth. 

Aussitôt, Jeannine Neuneu se lève, outrée.

– Quoiquoiquoi ? Mais c’est complètement inégal ! Que se passera-t-il si par exemple, je me retrouve mentor de la candidate du district 12 ? À chaque fois, ce sont des souffreteuses qui se font laminer au bout de deux minutes !
– Eh bien on va vite le savoir, car j’ai ici la liste de qui va être le mentor de quel candidat.

Et tous les écrans de la salle de s’allumer pour révéler les candidats des différents districts pour ces 10èmes Hunger Games. Tout le monde prie pour ne pas tomber sur la candidate du District 12, cette faiblarde, et petit à petit, chacun voit qui sera son champion : une grosse brute, une petite fourbasse et… que ?

Diego ? Brandy, double brandy et brandy de der, s’il te plaît.

Vous aussi, servez-vous généreusement, car nous allons savourer un peu.

Vous savez comment il y a un instant, ces jeunes gens du Capitole hurlaient à la simple idée de chapeauter, je cite, « une souffreteuse du district 12 ? ». Oui ?

Eh bien il se trouve que parmi les candidates de cette année se trouve… une petite fille trisomique.

Vous imaginez donc qu’évidemment, les crypto-nazis du Capitole doivent hurler à l’idée de tomber sur cette candidate (Nom de code « Corkette »), n’est-ce pas ? Eeeeh bien… non. Personne ne fait aucun commentaire, et d’ailleurs de tout le film, personne ne fera mention même d’un léger handicap de cette participante. Tout du long de l’aventure, lorsqu’on fera référence à elle, tout le monde dira « la petite Corkette », « la brave Corkette », « la courageuse Corkette ». 

J’aime comme les scénaristes tentent de faire de l’inclusion au forceps au milieu d’un groupe de gens supposés être non seulement méprisants, mais haïssant toute faiblesse chez leurs champions.

On a donc peu ou prou ceci :

– Oh non ! Pour se battre dans l’arène, je ne veux pas que ma candidate soit une femme habituée aux travaux de la mine ! Ces gens sont trop fragiles !
– Tenez, voici une petite fille trisomique.
– Ah ouf ! Super !

Inutile de hurler au validisme ou à je ne sais quelle phobie à la lecture de ces commentaires : si demain je vous demande de rentrer dans une arène et que votre vie en dépend, si vous avez le choix entre Jojo le mineur et une CE2 trisomique, je peeeense savoir quel sera votre choix. Donc merci de poser les armes, les mots en -isme et l’hypocrisie dans le panier à l’entrée de ce blog, merci.

Et poursuivons.

Car évidemment QUI se retrouve avec celle qui est considérée comme la pire candidate possible ? Coco ! Qui hérite de la candidate du District 12 ! Cette année, il s’agit d’une jeune femme à la tenue chamarrée qui lorsque son nom est sorti lors du tirage au sort, n’a pas hésité à profiter d’un moment d’inattention pour sortir un serpent de sa poche et le glisser dans le cou d’une fille qu’elle n’aimait pas. Avant de monter sur scène pour chanter en direct une chanson triste qui a bouleversé tout Panem (titre : « Putain, mais qu’est-ce que je fous là ? » qui sera aussi l’hymne de tous les Parisiens prenant le métro lors des JO 2024).

Coco, voyant tout cela, en est tout grognon.

– Oooooh non ! Je me tape une femme ultra-populaire et talentueuse qui n’hésite pas à capturer des serpents à mains nues pour les cacher dans ses fringues ! Comment vais-je faire ? Moi, je voulais la petite fille trisomique ! pleurniche Coco.

Top crédibilité.

« Je voulais la candidate manchot, unijambiste et tétraplégique, mais je vais devoir faire avec toi. »

Le doyen Malin, lui, ricane.

– J’ai fait exprès de te la refiler ! Je ne t’ai jamais aimé, Coco ! Je détestais d’ailleurs aussi ton père. Bien fait pour ta gueule.
– On va se calmer par ici, doyen Malin ? En plus, c’est débile.
– De vous haïr ?
– Ah non, ça je comprends totalement. Non, ce qui est débile, c’est que pour sauver les Hunger Games, au lieu d’engager 24 experts en communication et/ou marketing, vous avez choppé 24 lycéens sans aucune compétence utile.
– … haaaaaa oui, c’est vrai, tiens. Mais sans ça, le film s’arrêterait là !
– Décidément, ce film ne repose donc que sur des incohérences. Vivement la suite, ai-je envie de dire.

Nous aussi. Ce n’était pourtant pas compliqué d’écrire un truc plus crédible en deux minutes sur un coin de table, du genre Coco est un pauvre qui pour s’en sortir, décide de devenir mentor aux Hunger Games, un métier qui permet de devenir riche si l’on gagne. Mais non, en lieu et place le pitch est, je le rappelle Coco est un pauvre dont le meilleur ami est le type le plus riche de Panem, mais il l’oublie chaque matin. Sans aucune raison, il est soudain décrété que des lycéens lambda seront les mentors des prochains Hunger Games, car pour sauver le pilier du pays, on va chercher les gens les moins compétents. 

Du travail d’orfèvre.

Toujours est-il que Coco n’a plus le choix : il va devoir aider sa championne à gagner ces 10èmes Hunger Games s’il veut pouvoir toucher le pognon de la bourse Plinth. Ni une, ni deux, il se rend à la gare où doit arriver le train des candidats qui les amène au Capitole. Coco est bien évidemment le seul parmi les 24 étudiants qui s’est dit « Et si j’allais voir mon champion ? », les autres étant probablement restés chez eux à  faire des choses plus intéressantes, comme se curer le nez ou regarder Touche Pas à mon poste.

Sur place, Coco rencontre sa candidate, Lucy. Qui par un heureux hasard, s’avère accessoirement être jeune et belle. L’inclusion, d’accord, mais pas avec des moches non plus, oh. Mais écoutons plutôt ce qu’ils se disent.

– Lucy ? Je suis Coriolanus Snow, votre mentor.
– C’est une blague ? Comme Biggus Dickus ?
– Comment ? Vous connaissez mon cousin ?

Dans la confusion qui s’ensuit, Coriolanus suggère qu’on l’appelle Coco parce que hein, hé, ça suffit les petits rigolos, là. Puis, il poursuit.

– Lucy, cette année, chaque candidat aura un mentor.
– Et où sont les autres dans ce cas ? Pourquoi il n’y a que vous ?
– Ah ben euh… parce que… euuuh… bon bref, me voilà. 

Hélas, notre héros n’a guère le temps d’en dire plus, car des Pacificateurs, les troupes armées du Capitole, s’emparent aussitôt des candidats pour les faire grimper de force dans un camion. Profitant de l’agitation, Coco décide de grimper avec eux. Pourquoi ? Mais enfin, c’est évident : parce que… euh… voilà. Si. Bref, c’est une bien mauvaise idée, vous en conviendrez, puisqu’il se retrouve aussitôt encerclé par des candidats qui, à défaut d’être ravis de se trouver là, seraient enchantés de péter la gueule d’un sbire du Capitole, voire de lui faire explorer les terminaisons de son propre prénom.

Mais avant qu’ils ne puissent mettre leurs projets à exécution, les portes du camion s’ouvrent, et tout le monde est balancé dehors, droit dans la cage d’un ancien zoo Une bien belle prison de fortune, entourée de curieux venus voir les candidats de cette année (le péquin de base est donc visiblement plus curieux de voir les participants aux jeux que le mentor de candidat pour qui la bourse Plinth est pourtant en jeu).

L’équipe de télévision sur place est fort étonnée de voir, parmi les candidats, un jeune homme en uniforme d’étudiant du Capitole. Le journaliste qui se trouve là invite aussitôt cet inconnu à venir se présenter.

– Vous là-bas ! L’intrus à bouclettes ! Qui êtes-vous et que faites-vous là ?
– Je suis Coriol… ahem, Coco Snow. Mentor de la candidate que voici : Lucy. Dis bonjour Lucy.
– Bonjour Lucy.
– Bon, elle n’est pas bien fine, mais elle chante et elle a une tenue multicolore. Une sorte de Blanche-Neige des arènes.

D’ailleurs, sachez-le : Lucy, qui dans la scène précédente était une donzelle prête à coller un serpent dans l’encolure de ses ennemis, est soudain la damoiselle la plus aimable du monde, toujours souriante, et super sympa avec les enfants venus la voir en cage, façon « Bonjour les enfants ! Vous aimez ma robe ? Comme vous êtes mignons ! ».

Au début, votre serviteur, dans un instant de naïveté, s’est dit « Hmm, c’est donc un personnage manipulateur qui sait adapter son image à ses besoins ! ». Mais non, en fait, c’est simplement un personnage mal écrit et particulièrement naze qui en fonction des scènes, va changer de personnalité. Tantôt prêt à lancer du serpent sur quelqu’un qui l’a emmerdée, tantôt disant que tuer, c’est mal, même si c’est quelqu’un qui vous charge en hurlant dans une arène l’arme à la main.

Voilà.

Lucy, ce personnage si cohérent dans ses idées qu’on a l’impression de voir Manuel Valls en robe.

Cependant, l’information principale que retient la télévision est « Il y a un mentor dans la cage aux candidats, kékecé que cette affaire ? »

Les gardes de la cage aux candidats ont tôt fait de sortir Coco de là à coups de pied au cul, et celui-ci retourne en classe, où aussitôt, le doyen Malin profite de l’occasion pour proposer de virer cet étudiant qu’il n’apprécie guère (dans le futur, on peut vraiment expulser des élèves sans 17 conseils de discipline et sans devoir accueillir un élève expulsé d’un autre établissement en retour, les enseignants savent de quoi je parle). Motif : il s’est mis en danger, ce qui est contre le règlement de l’école. Heureusement, c’est à cet instant que pénètre dans la salle, raide comme la justice, le Dr Gaul.

– Un instant, doyen Malin !
– Dr Gaul ?
– Malgré son nom de pétomane byzantin, ce jeune homme a attiré mon attention, tout à l’heure à la télévision. Il a réussi à faire parler de lui, de sa championne, et des jeux. Tout ce que nous souhaitons. Si vous avez d’autres idées de ce genre pour améliorer nos audiences, Monsieur Snow, n’hésitez pas à les apporter à mon bureau. Maintenant, permettez que je me retire.
– Retirez-vous, Dr Gaul.

Sitôt la responsable des jeux partie, tous les élèves ne parlent plus que d’une chose : faire comme l’ami Snow et aller voir son champion dans sa cage. Coco projette aussi d’y retourner, principalement pour apporter à manger en douce à sa championne : elle aura en effet besoin de toutes ses forces dans l’arène. Il pique donc des Kiri à la cantoche pendant le repas de midi, puis s’en retourne au zoo, où il passe discrètement la marchandise à la belle Lucy.

– Tiens Lucy, prends, c’est du Kiri.
– C’est gentil. Je vais le partager avec Grougrou, l’autre candidat du district 12, et accessoirement mon ami.

Grougrou, l’autre candidat du district 12 et accessoirement son ami, est un solide gaillard qui le serait plus encore si comme un con, en chemin vers les jeux, il n’avait pas été mordu par une chauve-souris. Qui ne lui a filé aucun super pouvoir, à part une blessure cradingue qui s’infecte. Pas sûr qu’il rejoigne les Avengers. Par contre, on me dit que la fosse commune recrute.

Heureusement, le film est si bien écrit que la mentor de Grougrou propose de soigner son champion en voyant son bobo. Mais… Grougrou refuse de faire soigner, car il est un peu con.

Oui. Vraiment. J’aime comme le film rajoute des dialogues pour dire « Oui, tout le monde a vu qu’il était malade, oui, son mentor a intérêt à l’aider, oui, lui n’a aucun intérêt à entrer dans l’arène affaibli, mais comme ça n’arrangerait pas la suite du film qu’il soit en forme, en fait, rien ».

Super. N’était-ce pas plus simple que sa blessure n’ait pas été remarquée ? Ou qu’il ait été mordu juste avant de rentrer dans l’arène ?

Si, mais pourquoi faire simple quand on peut faire mauvais ? Voilà.

Reprenons donc le dialogue entre Coco et la belle Lucy.

– Lucy, arrête de filer tes Kiris à Grougrou. Tu vois bien qu’il est débile. Et malade. Mais surtout débile.
– Il a besoin de Kiri. Surtout avec sa blessure au cou. Son bobo est petit, manger devrait suffire à l’aider à aller mieux. Et puis je ne peux pas le laisser s’affaiblir : plus tard ce sera un adversaire, certes, mais c’est mon ami.
– Bon écoute, on s’en fout. Ce qu’il faudrait, c’est surtout que tu deviennes populaire pour obtenir les faveurs du public aux Hunger Games. Plus un candidat est soutenu, plus on peut lui envoyer de ravitaillement. Tu pourrais chanter, par exemple.
– Je ne chante pas sur commande.
– Mais je ne sais pas moi ! Essaie de composer un truc avec des mots pris au hasard dans notre conversation. Disons, au pif : Kiri, cou, est petit, mais c’est mon ami… 
– Tu dis n’importe quoi, jamais on ne pourrait tirer quoi que ce soit de ces mots.
– J’espère, ça serait con de mettre ça dans la tête de quelqu’un.

Je vous laisse une seconde pour souffrir en silence.

Voilà. 

On reprend.

– Tant pis alors. Mais tu dois y réfléchir. En attendant, mange ces Kiris.
– Toi aussi Coco, tiens, je t’en redonne. Car j’entends d’ici ton ventre qui gargouille.

Et Lucy lui rend de la nourriture fraîchement apportée, que Coco grignote en cachette devant la grille car non, il n’a pas pensé à… manger à la cantine. Mais si vous savez : là où il a volé la nourriture en question. Et où il aurait pu se démerder pour en avoir pour lui ET pour sa candidate. Et éviter de se faire griller à recevoir l’aumône d’une donzelle dans une cage de zoo.

Non, ça n’a aucun sens. Rien ne va dans ce film, et chaque scène, chaque dialogue, semble avoir été conçu pour dire au spectateur « Regardez comme on s’en fout ».

Pour ça, j’ai déjà Public Sénat, diable, n’en jetez plus.

En attendant, voilà qu’un peu plus loin, une mentor qui méprise les gens des districts s’amuse avec sa candidate : elle lui tend une bouteille de boisson entre les barreaux, qu’elle retire sitôt que sa championne tente de s’en saisir, juste pour l’énerver. Pourquoi, sachant qu’elle n’a aucun intérêt à affamer sa propre candidate et à s’en faire détester ? Mystère, mais en tout cas, ladite candidate parvient à saisir la bouteille, et énervée, la brise et se sert du tesson pour planter sa mentor.

Qui en meurt.

La presse du Capitole, découvrant que laisser au contact des condamnés à mort et leurs bourreaux, bizarrement, parfois, ça tourne mal.

Les Pacificateurs qui passaient par là s’empressent de truffer de plomb la vilaine candidate, mais cela ne change rien à l’affaire : la mentor, elle, est morte. Les Pacificateurs grommèlent donc.

– Eh bien, voilà une bonne leçon : les candidats sont dangereux, il faut mettre une protection entre eux et l’organisation ! J’espère que dans plusieurs décennies, on n’aura pas oublié cette leçon basique quand on filera un arc à une certaine Katniss et qu’elle s’en servira pour tirer dans la pomme que tenait un membre du jury !

On espère en effet que la leçon sera retenue, ce serait con de faire un préquel dans lequel les personnages découvrent une faille de sécurité majeure à combler, le tout en direct à la télé, et ne le font pas.

Mais passons. Car il y a donc à la fois une candidate et une mentor de moins. C’est un jour sombre pour tout le monde, mais pour Coco, cela ne change pas grand chose. Son avenir dépend toujours de la performance de sa championne dans l’arène. En plus, il y a un autre facteur en jeu : il serait de bon ton qu’il se fasse bien voir de l’immense Dr Gaul, dont l’ombre s’étend sur tout le Capitole en tant qu’organisatrice des jeux. Coco passe donc la nuit à écrire des idées pour améliorer les Hunger Games, comme le Dr Gaul lui avait demandé, et les dépose à son laboratoire. Avant de s’y rendre dès le lendemain, en compagnie de Bibi, sa binôme à l’école, qui décide de taper l’incruste.

– Coco ! Je suis ta binôme ! On a toujours tout fait ensemble… alors ne me laisse pas tomber ! On n’a qu’à dire que ce travail sur les Hunger Games, on l’a fait semble !
– Grmbl… bon, d’accord, branlotine.

C’est à peu près le seul moment où le film est réaliste : dès qu’un devoir doit être fait en équipe, il y a forcément quelqu’un qui ne fout rien. Revenons malgré tout à la fiction.

Le duo arrive ainsi au laboratoire, où Coco, bonne pâte, décide de récapituler les grandes lignes de ce qu’il a écrit à sa binôme afin qu’elle puisse faire mine qu’elle a bossé, et ensemble, ils se pointent devant le Dr Gaul, dressée fièrement près d’une immense cuve remplie de serpents arc-en-ciel au milieu de son laboratoire.

– Bonjour les jeunes. J’ai une question pour vous : j’ai lu le document que vous avez déposé à mon laboratoire et il est… fabuleux. Lequel d’entre vous l’a écrit ?
– C’est moi ! J’ai tout fait toute seule !

S’exclame joyeusement Bibi qui tente ainsi de piquer toute la gloire de Coco. Et Coco de n’oser s’engueuler avec sa binôme devant le Dr Gaul. Il se contente de serrer les dents et de penser très fort à des mots qui sont interdits par la charte de MadmoiZelle. Cependant, le sourire du Dr Gaul grandit, et grandit encore.

– C’est vous, Bibi ? dit-elle enfin. Parfait. Car figurez-vous qu’un de mes assistants a par erreur mis le papier que vous m’avez donné dans cette cuve pleine de serpents tueurs arc-en-ciel. L’accident bête. Mais rassurez-vous, ces serpents ne mordent que les gens dont ils ne connaissent pas l’odeur. Or, le papier sur lequel vous avez travaillé sentant l’odeur de la personne l’ayant écrit… vous n’avez rien à craindre, non ?

C’est à ce stade que logiquement, tout être avec un Q.I de plus de deux avoue « Okay, c’est Coco qui l’a écrit » voire pipeaute « Sous ma dictée » ou « à partir de mes idées » si vraiment il y a souhait de maintenir le mensonge. Mais non : Bibi hoche la tête, bave, se dit que alleeeeez, c’est boooon, ça paaaasse, qu’est-ce qui est le plus risqué ? Admettre qu’on n’a pas tenu le stylo ou affronter deux millions de serpents tueurs ? Voilà : brillante, elle choisit de tenter de récupérer le papier et… 

Se fait tuer par les serpents. 

– On dira à ses parents qu’elle est morte de la grippe, propose très sérieusement le Dr Gaul qui visiblement, n’est pas au courant que peu de morts de la grippe sont accessoirement couverts de traces de morsures.

Et Coco de hocher la tête. Maintenant qu’ils ne sont plus que tous les deux, enfin, ils peuvent parler en paix.

– Mon cher Coco, j’adore vos idées : proposer des sponsors pour les jeux, permettre du ravitaillement des candidats par drone, c’est top. J’ai donc décidé de tout ajouter aux prochains jeux, là, comme ça, pif paf, entre deux portes.
– Ah ben super, merci. Mais au fait, ça a servi à quoi de tuer Bibi avec vos serpents, là ?
– Chui pas sûre.
– Hmmm… c’est comme si c’était un prétexte pour introduire la cuve-à-serpents-qui-ne-tuent-que-les-inconnus-dont-ils-ignorent-l’odeur, mais en foireux.
– Bon, hé, ho, ça va aller oui ? Tes idées sont bonnes, on va en rester là, petit trou de balle.
– Coriolanus, Dr Gaul. Coriolanus.

Félicité de ses bonnes idées par le Dr Gaul, Coco peut donc repartir. Car voici qu’approche un autre moment clé: la visite de l’arène des Hunger Games par les candidats et leurs mentors afin de causer stratégie avant les jeux. Arène fort simple : un petit stade fermé avec quelques souterrains. Sauf qu’alors que nos héros visitent les lieux…

Boum badaboum ! 

Des bombes explosent dans tout le stade, tous les mentors et candidats disparaissent dans les flammes, le toit du bâtiment s’écroule, Coco se retrouve pris sous les débris, ses vêtements prennent feu… et Lucy, qui échappe miraculeusement à l’attentat, alors qu’elle pourrait en profiter pour s’échapper, reste aux côtés de Coco. Jusqu’à ce que notre héros perde connaissance.

Et ne se réveille à l’hôpital, avec juste quelques cicatrices dans le dos. 

Encore une fois : il ne faudrait pas qu’il se réveille moche.

C’est connu : si vous êtes juste à côté d’une bombe au moment où elle explose, tout au plus, vous avez un peu mal au dos.

Autour de lui, ses amis et son peu de famille, dont sa cousine Tigris, sont là. Et ravis de le voir de retour dans le monde des vivants.

– Kékicépacé ?
– Oh, Coco ! Ce sont des rebelles. Pour des raisons impossibles à expliquer, ils n’aiment pas qu’on tue leurs enfants dans des jeux rituels chaque année. Ils ont donc piégé le stade.
– Mais tout le monde est mort !
– Euh… non. Quatre personnes. Et une paire de blessés.
– C’est-à-dire qu’on a quand même vu des explosions engloutir tout le monde et le stade s’effondrer. Je vois mal comment plus de 2-3 personnes auraient pu survivre à ça, et encore, en sale état.
– Oui mais ça va. 

Si.

Si, si. Les bombes, c’est surfait.

Mieux, les jeux sont maintenus.

Mieux-mieux : les jeux sont maintenus AU MÊME ENDROIT.

Ça va être super, une épreuve dans un stade troué où toutes les caméras ont été détruites ou presque. Mais non, pif pouf, hop, les trous ont été magiquement rebouchés (pour la plupart du moins), les caméras sont soudainement en parfait état, et à vrai dire, dans les scènes suivantes, il n’y aura quasiment aucune trace d’explosion. On peut dire que le Dr Gaul est d’une efficacité redoutable : même quand on ravage les jeux du cirque, en quelques instants, elle redresse le chapiteau.

Non vraiment, c’est bien fait. C’était vraiment utile, cette scène. Mais que ne ferait-on pas pour quelques incohérences de plus ?

C’est donc depuis son lit d’hôpital que Coco suit donc les dernières aventures de sa candidate, qui fait son ultime interview avant d’entrer dans l’arène. C’est là qu’elle doit gratter un maximum de points auprès du public, ce qu’elle fait en jouant à la guitare une très belle chanson intitulée « Je vais crever comme une merde mais c’est cool » qui fait pleurer les infirmières venues panser les plaies de Coco, tant ça leur rappelle leur réforme des retraites.

Notre héros est fier de sa petite protégée qui marque ainsi bien des points, mais bon, hein, elle na va pas triompher dans l’arène à coups de guitare, aussi décide-t-il d’aider un peu le destin.

Coco rentre chez lui dès qu’il le peut, se saisit d’un joli poudrier de feu sa maman, le remplit d’une version surpuissante de la mort aux rats (on appelle ça « du pudding »), puis nuitamment, se rend à la cage des candidats pour aller parler à Lucy. Cette dernière n’en revient pas.

– Coco ! Tu es vivant ? La dernière fois que je t’ai vu, les gardes m’emmenaient alors que tu te transformais en merguez, coincé sous un bout de béton tombé du plafond !
– Roooh, tu sais, ca arrive à tout le monde. Un pansement, un bisou, et je vais déjà mieux. En attendant, je suis venu te dire que je crois en toi, Lucy.  Je sais que tu peux gagner ces jeux. Et que tu reverras le district 12.
– Pffff,, le district 12… c’est chez moi, et pas tout à fait. J’y ai des ennemis. Tiens, tu sais la fille que j’ai tenté de tuer à coups de serpents le jour où j’ai été désignée candidate ? C’est parce que c’est la fille du maire. Elle m’a piqué mon mec et me hait. Alors elle a demandé à son papa de truquer le tirage au sort pour que j’aille crever aux Hunger Games.
– Ah merde, on peut faire ça ?
– Oui, mais n’en parlons plus jamais. Et donc, en plus, on ne m’apprécie guère car je ne suis pas une vraie habitante du district. je suis une voyageuse. Ma famille vit sur les routes. Mes habits chamarrés, mon goût pour la musique. Ainsi vit mon peuple, les… COVEYS.

Hmmm. Des gens du voyage, toujours sur la route, amateurs de chansons, dresseurs de serpents, tout ça… 

– Oui, bon, t’es une gitane quoi. C’est quoi ton vrai nom ? Lucy Lopez ?
– Euh alors là, pas du tout Coco ! Tu fais des raccourcis ! Je suis une  Covey, ça n’a AUCUN rapport !
– Ah oui ?
– Tout à fait.
– Tiens, alors dans ce cas, vois : voici quinze mètres de câbles en cuivre…
– …
– Un lavabo avec toute sa robinetterie…
– Que… vendu au poids je… non ! Non !
– Eeeet j’ajoute cet ensemble de panneaux routiers appartenant au département des Ardennes.
– GRRGNNN….
– Allez, bonus : le panneau « Charleville-Mézières, ville fleurie ».
– DOOOONNE LE PRECIEUUUUUUUUUUUX !

L’auteur de cet article ne cautionne bien évidemment pas les propos intolérants, où il n’y a pas de tolérance, de Coco. C’est mal, Coco, tu m’entends ? Vilain Coco ! Coco qui de toute manière, a bien plus précieux à offrir à Lucy que des panneaux ardennais.

– Lucy, dans l’arène, il y aura bien des dangers. C’est pourquoi je t’ai préparé ce poudrier plein de mort au rat, dont la seule inhalation permet de… ben… merde ? Je l’avais avec moi il y a un instant !
– Ça alors, il a dû tomber dans ma poche ! Juste à côté de ce panneau routier. En tout cas, merci, Coco. Tu es plus qu’un mentor, tu es un ami. Et je te roulerais bien un patin.
– Moi aussi, mais pas maintenant. Pas avant de t’envoyer à la mort. Mais avant de partir, voici mon dernier et principal conseil en tant que mentor : oui, tu peux gagner ces jeux. Mais ta meilleure chance reste de fuir cette épreuve barbare. Dès le début des jeux, fuis via l’un des trous dans les murs de l’arène. Ceux qui ont été créés par les explosions d’hier. Retrouve ta liberté !
– Eh, c’est Hunger Games, hein, pas Sauvez Willy.
– Pardon, je me suis emporté.

Et Coco de disparaître dans la nuit, maintenant qu’il a confié le poudrier tueur à sa belle amie, ainsi que des conseils d’une qualité disons, passable.

Le lendemain matin, Coco est invité avec les autres mentors (du moins, ceux encore vivants), à prendre place sur le plateau officiel des Hunger Games, là où se trouve le présentateur des jeux, et où l’on peut suivre en direct ce qu’il se passe dans l’arène. Le top départ est justement donné et… c’est parti ! La plupart des candidats s’élancent aussitôt pour se saisir des armes installées par l’organisation et commencent à se massacrer joyeusement, comme le veut la tradition.

Mais pas Lucy, qui effectivement, a plutôt envie de se barrer sans tuer personne. Cependant… pas sans son ami Grougrou. Elle erre donc au milieu des combats, esquivant les coups et appelant :

– Grougrouuuuuuu ! Espèce de coquinou, où es-tu ? Viens, on s’en va !

L’arène, qui pour rappel, a mangé 15 bombes la veille, mais en fait, ça va.

Mais non, personne ne la savate, merci.

Grougrou, dont la morsure de chauve-souris s’est bien infectée, est tout fiévreux et perdu, mais sitôt que Lucy lui met la main dessus, elle parvient à l’emmener jusqu’aux souterrains sous l’arène, et à une pièce avec porte blindée  (ne me demandez pas ce que ça fout là, je ne cherche plus) où elle s’enferme en attendant de trouver une bonne idée. Sauf que Lucy n’étant pas la plus fûtée des candidates (si vous ignorez ce qu’est un euphémisme, tenez, c’est cadeau), sa cervelle pédale dans la semoule jusqu’à la nuit tombée. Plus rien ne se passant dans l’arène où les candidats se dispersent pour se reposer un peu, sur le plateau des Hunger Games, c’est aussi la débandade. Mentors et spectateurs s’en vont pour la nuit, et Coco fait partie des rares à rester là, assoupi sur son siège.

Mais soudain, il est réveillé par un sentiment de tension puissante. C’est le Dr Gaul qui se tient près de lui.

– Dr Gaul ? Vous avez l’air tendue ?
– Oui. Nous avons un sérieux problème. J’ai dû couper toutes les caméras de l’arène. Je diffuse une retransmission, pour que personne ne remarque rien, mais ça ne durera pas éternellement.
– Que se passe-t-il ?
– Votre ami Séjanus… vous n’êtes pas sans savoir qu’il n’a pas toujours été citoyen du Capitole. Il venait du district 2. Son père a acheté la citoyenneté à toute sa famille. Et il se trouve que le candidat du district 2 dans l’arène, un de ceux morts aujourd’hui, n’était autre qu’un des amis d’école de Séjanus. Il s’est donc introduit dans l’arène pour s’occuper des rites funèbres. En effet, une croyance du district 2 veut que l’on place de la mie de pain près des morts pour les accompagner dans leur dernier voyage.
– Ils confondent les morts et les canards ?
– Oui, cela a semé la confusion à plus d’un enterrement. Toujours est-il que vous allez rentrer dans l’arène, me récupérer votre connard de meilleur ami, et en vitesse que je remette les caméras.

Coco a beau insister que « Mais attendez, ils branlent quoi vos gardes, en fait, c’est pas leur boulot d’empêcher les intrus de rentrer, voire de les sortir ?« , la réponse consiste en une série de toussotements et de « Écoutez c’est votre ami alors, euh, voilà. »

Quelle écriture, vraiment. Je me passe du brandy en intraveineuse pour parvenir à pleinement la support… la savourer, bien sûr.

Notre héros doit ainsi se rendre dans l’arène, où on le laisse entrer et où il tente de se faufiler jusqu’à Sésé, agenouillé près de la dépouille de son copain du district 2. Sitôt qu’il est assez près, Coco lui tapote sur l’épaule.

– Séjanus ! Viens, il faut partir !
– Non, je dois rendre les rites funèbres à mon ami.
– Mais bordel, arrête de balancer de la mie de pain sur les morts, on dirait que tu veux te faire un sandwich de cannibale ! Tu vas surtout te faire découper par un candidat des jeux en maraude si tu restes dans l’arène !
– Et alors ? La vie n’est que souffrances.
– Bordel, c’est pas le moment de me faire ta crise de gothisme ! Allez, on rentre, je t’achète un CD d’Evanescence et on n’en parle plus, d’accord ? 

La promesse du CD est suffisante pour convaincre Sésé de partir. Mais alors qu’ils font route vers la sortie de l’arène, nos héros sont interceptés par quelques candidats qui patrouillaient et foncent sur eux en armes. Coco n’appréciant guère qu’on essaie de le tuer, non seulement il en met un par terre, mais allez hop, il le bute histoire d’être sûr qu’il ne se relève pas. Puis, coursés par d’autres candidats des Hunger Games rameutés par le raffut, ils parviennent malgré tout à regagner la sortie.

Une fois dehors, Coco ramène Séjanus à sa famille qui attendait hors de l’arène.

– Attends… ton père était au courant que tu étais dans l’arène ?
– On dirait, puisqu’il m’attend.
– Et ce gros richou n’a pas pensé à engager une équipe de costauds pour venir te chercher ? Il a préféré que ce soit moi, simple étudiant de 18 ans complètement désarmé, qui fasse le boulot ?
– On dirait aussi.
– Et en plus, il ne va même pas me filer 100 balles et un Mars en récompense ?
– Non, car s’il décidait que sauver son fils valait bien la bourse Plinth, là encore, le film s’arrêterait là.

Ce film ne se prend plus les pieds dans le tapis : il fait un véritable marathon à Saint-Maclou.

Sésé rentre chez lui avec sa famille d’ingrats, pendant que Coco, blessé dans la bagarre, retourne vers le plateau des Hunger Games. En chemin, il bute cependant dans quelque chose de dur : c’est le Dr Gaul qui se tient en travers de son chemin.

– Suivez-moi mon p’tit, je vais vous recoudre votre bobo. Personne ne doit savoir que vous avez été blessé. Sinon, ils poseraient des questions sur comment c’est arrivé, et pourraient comprendre que Sésé est rentré dans l’arène et que je vous ai envoyé l’y chercher. Ce qui n’est pas très autorisé.
– Bien, Dr Gaul.

Et la brave scientifique d’emmener l’étudiant dans son labo, où des dizaines de cages contenant des geais moqueurs sont empilées. Cela attise la curiosité de notre brave Coriolanus Snow pendant qu’il se fait recoudre par le Dr Gaul.

– Mais ? Qu’est-ce donc ?
– Décidément, tu ne sais rien, Snow. Mon brave coco, ce sont des geais moqueurs. Des oiseaux modifiés génétiquement durant la guerre pour reproduire n’importe quel son. Nous les avons envoyés dans les districts rebelles afin d’y enregistrer autant de conversations que possible. Ils nous ont été utiles plus d’une fois.
– Le geai moqueur était donc une arme anti-rebelles ?
– Oui.
– Dans ce cas, je suppose que dans le futur, aucun rebelle ne serait assez débile pour en faire son symbole.

Ahem.

Sitôt remis en état, Coco peut retourner sur le plateau des Hunger Games, où il est brièvement abordé par le doyen Malin.

– Monsieur le doyen ?
– Mon petit Coco, je voulais juste te dire…
– Oui ?
– Si jamais ta candidate gagne les jeux et que tu rempotes la bourse Plinth…
– Ouiii ?
– Eh bien je ferais tout pour que tu n’en touches pas un centime car je ne t’aime pas.
– Mais ? Pourquoi me dire ça ? Pourquoi maintenant ? Quel intérêt à part me donner une raison de vous haïr et accessoirement, de pouvoir vous balancer au Dr Gaul en lui disant que vous faites tout pour décourager les mentors et ainsi saborder les jeux ?

Le doyen se gratte le menton, relit le script, mais n’y trouve pas la réponse.

« Hmmm… et si je me faisais détester de tout le monde sans raison ? »

– Nan, c’est juste débile, mon jeune Coco.
– C’est bien ce que je me disais aussi. Et si on regardait plutôt ce qu’il se passe dans l’arène ?
– D’accord.

Le soleil se lève en effet sur l’arène. Les mentors reviennent à leurs postes, et l’un d’entre eux est tout surpris : celui du candidat que Coco a tué durant la nuit. 

– Mais ? Mon candidat ? Kikilatué ?
– On ne sait pas.
– Ben si, l’arène est bourrée de caméras ! Quelqu’un doit savoir !
– Ça a dû arriver hors-champ, dans un coin sans caméras.
– Mais son cadavre est PILE devant une caméra, donc il suffit de repasser la bande de ladite caméra, non ?

Là encore, tout le monde consulte le script, mais point de réponse : une fois de plus, c’est n’importe quoi. Le mentor accepte sans ciller l’explication du « Ton candidat a dû mourir hors-champ« , alors que le cadavre… est devant une caméra. Et qu’au pire, en visionnant les autres caméras, tu dois quand même pouvoir reconstituer ce qu’il s’est passé, même si on accepte l’idée d’un meurtre hors-champ.

Mais comme là encore, si le mentor demandait cela, ça prouverait que le Dr Gaul a éteint les caméras et truqué les jeux, ce qui compliquerait un peu l’intrigue, pouf pouf, tout le monde accepte les explications foireuses en bavant. Y compris le mentor qui pourtant, voit son avenir dépendre de tout cela mais hop, hop, finalement, il s’en fout. Chaque scène. Chaque scène est du foutage de gueule.

Mauvais écriture toujours, revenons justement à ce qu’il se passe dans l’arène, et à Lucy. Qui est réveillée en fanfare dans sa cachette par son ami Grougrou, qui est en train de devenir tout fou.

– Grrrrrouuuu ! Grouuuu ! Je suis tout fou !
– Mais ? Bordel que t’arrive-t-il ?
– Lucy, je vais te tuer !
– Mon dieu, je comprends ! La morsure de chauve-souris… elle t’a filé la rage ! Regarde, tu baves partout !

Et Grougrou de tenter de tuer Lucy. Heureusement, Coco, qui suit tout cela sur ses écrans, se souvient que les victimes de la rage n’aiment pas trop l’eau (ce qui fait qu’on les confond souvent avec des spectateurs de concerts de « musiques du monde »). Il se débrouille donc pour qu’un drone de ravitaillement apporte de l’eau au vilain rageux. Et en arrivant, ledit drone percute Grougrou, le recouvre d’eau, ce dernier hurle, panique, perd l’équilibre… et fait une chute qui le tue.

Lucy est tristounette. Mais pas trop longtemps non plus car…

– Nom d’une caravane neuve ! Me voilà loin de ma cachette à cause de ce fieffé Grougrou ! Et maintenant, les autres candidats déboulent pour me tuer !

Coco décide donc de gruger un peu : il envoie une foultitude de drones amener de l’eau à Lucy, et comme lesdits drones sont décidément très maladroits, ils percutent ses poursuivants, laissant à Lucy un peu de temps pour filer. Lucy court se cacher dans le seul endroit où tout personnage de film américain est en sécurité : un gigantesque conduit d’aération. 

Oui. Ils ont aussi ça dans l’arène.

Les candidats qui s’étaient unis pour lui faire la peau sont obligés de changer de cible, et se mettent en tête de tuer une autre damoiselle qui est un peu moins bien abritée. Cependant, comme le sol de l’arène est couvert de drones détruits portant des bouteilles d’eau, la cheffe des candidats unis en équipe donne des ordres à ses sbires :

– Vous voyez toutes ces bouteilles par terre ?
– Oui.
– Bon, ben vous en faites… un petit tas.
– Hein ? On ne pourrait pas juste les prendre et les boire, sachant qu’on n’a pas bu depuis hier alors qu’on a couru partout ?
– Non. Un petit tas.
– Mais POURQUOI ?

À ce stade, les personnages ne sortent même plus le script : ils savent qu’ils n’y trouveront rien. Un larron réunit donc sans aucune explication toutes les bouteilles d’eau au même endroit, avant de rejoindre ses camarades pour tenter de tuer la candidate qu’ils ont en vue. C’est alors que Lucy a une idée : elle profite que tout le monde soit distrait pour aller au petit tas de bouteille en marmonnant « Quel coup de bol qu’ils aient réuni toutes les bouteilles au même endroit sans aucune logique ! ». Oui hein ? Bon sang Diego, fais quelque chose ! Jette  lui ma boîte à « Ça alors ! » dans la margoulette, je ne sais pas !

Enfin. Passons.

Lucy décide de renverser toutes les bouteilles, une par une. Lentement. Et non, elle ne pense pas à se barrer avec les deux dernières pour aller plus vite et avoir des réserves pour elle, non, ce serait intelligent. En lieu et place, elle les renverse toutes, sauf une… où elle verse de la mort aux rats, grâce au poudrier de Coco !  Elle a juste le temps de le faire avant de retourner se cacher, puisque comme elle a traîné à renverser les bouteilles une par une à la vitesse d’un octogénaire un dimanche d’élections, elle est brièvement repérée et prise en chasse, mais parvient à retourner se planquer dans son conduit.

Hélas, ce ne sont pas les méchants candidats qui la traquaient qui tombent sur la bouteille empoisonnée laissée par ses soins. Non, eux sont repartis dans un autre coin de l’arène chasser une autre cible, genre Corkette (qui, oui, sans rien faire, vit toujours)… et c’est donc Tuberculette, une candidate pas bien en forme et qui tousse (on se demande comment elle a survécu jusqu’ici) qui surgit de nulle part et voyant une bouteille d’eau abandonnée, décide d’y goutter.

Et logiquement, en meurt.

Le contenant était irrésistible pour la candidate moyenne des Hunger Games.

C’est précisément à ce moment-là que se pointe Gros Costaud, le binôme de district de Tuberculette, qui la voyant par terre plutôt morte, se met à hurler. Et comme il est grognon, que fait-il ? Eh bien il décide de rassembler tous les cadavres de candidats morts du coin au même endroit, va arracher un gigantesque drapeau du Capitole qui pendait dans l’arène, s’en sert pour couvrir les morts, puis se tourne vers une caméra en hurlant :

– Moi, Gros Costaud, je dis flûte au Capitole ! Je veillerai sur nos morts, tués injustement par les monstres de la capitale ! Rebellez-vous, mes amis ! Districts, levez-vous ! N’acceptez pas ce massacre !

Sur le plateau des Hunger Games, tout le monde est perplexe, car c’est embêtant, ce discours en direct. Coco lui-même réfléchit très fort.

– Hmmm… et si c’était bel et bien débile de filmer en direct des gens qui peuvent appeler à la rébellion à tout moment, et qu’on massacre en ne leur laissant d’ailleurs aucune autre option ? Il faudra y penser à l’avenir, ce serait bête que dans quelques décennies, une donzelle nous fasse exactement la même.

J’aime comme ce film rajoute des incohérences aux suivants.

Toujours est-il que le discours de Gros Costaud est soudainement interrompu par l’apparition d’un personnage sur tous les écrans qui coupe le direct. Un personnage furax et prêt à exploser : c’est le Dr Gaul.

– Spectateurs ! Vous vous souvenez du fils du Président ?
– …
– Mais si euh… le fils du Président ? Ah merde, c’est vrai, on n’a pas montré le Président dans ce film. Bon euh, il a un fils, et on l’a montré, lui.
– …
– Siiiii ! C’était un des élèves du Capitole  au début du film ! Un des mentors ! Siii ! Il ressemblait… à… euh… bon enfin, c’était un de ceux blessés par les bombes dans le stade ! Nan sérieux, personne ne s’en souvient ? Merde, peut-être qu’on aurait dû en parler un peu plus. Bon, eh bien écoutez, on s’en fout : le fils du Président était donc un mentor d’un candidat, il a mangé une bombe lors de l’attentat du stade, il était en soins intensifs, et paf, il est finalement mort. En punition, je vais donc déverser sur l’arène des Hunger Games… MON CHÂTIMENT ARC-EN-CIEL !

C’est vraiment son propos : elle va déchaîner la puissance de « l’arc-en-ciel ». Beaucoup de gens pensent donc qu’elle va balancer les candidats sous les chars de la Gay Pride. Mais pas Coco qui se souvient du seul truc arc-en-ciel dans le labo du Dr Gaul : ses serpents ! Ceux dans sa cuve ! Ceux qui ont tué sa binôme et qui mordent tous ceux dont ils ne connaissent pas l’odeur !

–Saperlipopette, je savais que ça resservirait ! s’exclame notre héros.

Coco n’hésite donc pas : il quitte le plateau, file s’infiltrer dans le laboratoire du Dr Gaul, et s’approche de sa cuve à serpents, que des sbires s’apprêtent à expédier par hélicoptère jusqu’à l’arène. Coco y glisse alors un mouchoir dont il s’était servi pour essuyer le visage de Lucy au zoo et qui sent donc sa sueur (ou sa morve, l’histoire ne le dit pas), et hop ! Comme ça, les braves reptiles connaitront son odeur. Son forfait commis, notre ami retourne sur le plateau des Hunger Games, au moment où, justement, l’hélicoptère arrive et déverse des milliers de serpents arc-en-ciel sur l’arène.

Faisons simple : tout le monde meurt dans l’affaire, sauf Lucy, qui ne comprend pas trop pourquoi les serpents ne la mordent pas. Et qui en plus, se met à chanter Big Bisou pour les calmer. Ce qui fait fureur à la télévision : une jeune femme qui chante et apaise des milliers de serpents.

Lucy a donc gagné !

Mais le Dr Gaul, elle aussi sur le plateau et parcourue de spasmes de colère, hésite à laisser qui que ce soit s’en tirer. Coco doit donc insister :

– C’est bon, Lucy a gagné ! Arrêtez les jeux !
– Grmbl…
– Alleeeez !
– Mais je voulais tuer tout le monde…
– C’est bon, fépataput’, alleeez !
– Bon, c’est bien parce que tu es mon chouchou, Coco.

Et Lucy est donc déclarée gagnante des 10èmes Hunger Games ! La candidate du District 12 a emporté la victoire et le cœur des spectateurs !

Quel dommage que plus personne ne se souvienne d’elle dans les films suivants. 

La victoire semble totale pour Coco, qui comme tous les vainqueurs, peut donc grimper sur une table et exhiber ses majeurs à toute l’assemblée, avant de les frotter sous le nez de qui passe trop près. Mais souvenez-vous que le doyen Malin a juré sa perte parce que… parce qu’il ne l’aime pas. C’est donc peu après ce bref triomphe que Coco est convoqué par le doyen, qui présente deux objets à Coco : son poudrier et le mouchoir qu’il avait glissé dans la cuve aux serpents.

– Mon petit Coco, nous prendriez-vous pour des cons ?
– On ne va pas se mentir : un peu.
– Il n’empêche que ce poudrier était celui de votre mère. Et ce mouchoir, brodé aux initiales de votre père. Autant dire que l’enquête est vite vue : vous avez triché pour aider votre candidate. En conséquence, vous êtes puni : vous passerez les 20 prochaines années loin du Capitole, en tant que Pacificateur de rang Bidasse. Oubliez l’université, oubliez votre carrière, oubliez tout, salut.
–Hmmm. Je peux quand même retourner brièvement en plateau continuer à frotter mes majeurs sous le nez de tout le monde.
– Non.
– Roooh, pfou. On peut jamais rien faire, c’est nul.

C’est donc le cœur gros que Coco doit oublier sa victoire, sa bourse Plinth, et dire adieu à sa famille et à ses amis pour partir en exil loin du Capitole, engoncé dans un uniforme de simple soldat. Tout au mieux rassemble-t-il ses maigres économies pour soudoyer un administrateur afin d’être expédié au district 12, dans l’espoir d’y retrouver Lucy, qui provoque chez lui des sentiments qui intéresseraient le Dr Gaul à n’en point douter.

Dans le train qui le mène à son nouveau poste, quelle n’est pas la surprise de Coriolanus de voir débarquer dans sa voiture son brave Séjanus.

– Eh oui, c’est moi ! Quand j’ai appris ton sort… je n’ai pas voulu te laisser tomber. Je me suis engagé comme simple soldat moi aussi !
– Et donc, au lieu d’utiliser l’argent de ton père pour me sortir de là, tu as préféré venir avec moi faire du rien au fin fond du pays ?
– Ah euh… ah merde, oui.
– Oui hein ?
– Bah, ce n’est pas grave. On va passer du bon temps, toi et moi. L’important, c’est qu’on soit ensemble, comme au temps où on nous surnommait « Anus & Anus – Trous du cul associés« . 

Coco aurait préféré oublier cette époque, mais tant pis, voilà qu’il va devoir à nouveau se fader son idiot de meilleur ami qui oublie un jour sur deux qu’au fait, il est riche et que ça pourrait vaguement servir.

Séjanus est comme Bruce Wayne : il oublie régulièrement qu’avec son pognon, il pourrait rendre plus de services qu’avec ses petites mimines.

Les deux compères se retrouvent ainsi à vivre la rude vie de Pacificateurs dans le district 12, à assister à des descentes et autres exécutions qui ne rendent pas vraiment leur existence très joyeuse. Heureusement, un soir, dans un bar, qui Coco aperçoit-il chantant Les Lacs du Connemara, cette chanson de droite ? Lucy !

Car oui, elle a gagné les Hunger Games, a ému tout le pays, mais hop, allez, pouf pouf c’est magique, elle est redevenue chanteuse dans les bars crasseux du district 12 sans guère plus d’explications (ah si, elle dit « On m’a renvoyée ici ». Et donc, ça t’a aussi rendue anonyme ? Balaise.). La dernière fois que j’ai vue une carrière aussi brève, c’était Alizée.

Dès qu’il le peut, Coco bondit sur Lucy.

– MAIS ÇA VA PAS ?
– Nan mais quand je suis content, je bondis.
– Bon d’accord. Mais ? Que fais-tu là, Coriolanus ? Aux dernières nouvelles, tu étais mon mentor du Capitole, celui à qui je devais mon triomphe ! Et accessoirement, tu avais de magnifiques boucles blondes ! Alors que maintenant, bon, on dirait que tu tentes un cosplay d’Eminem.
– Tututu. Je suis Pacificateur, ce qui est plus proche du policier que du rappeur. Mais en effet, je suis tombé bien bas. Heureusement, j’ai tout donné pour te rejoindre, et me voilà.

Lucy est mi-émoustillée, mi-gênée par ce type qui ne vit plus que par et pour elle, mais comme chacun sait, quand quelqu’un se comporte comme un pervers psychopathe dans ce genre d’univers, l’héroïne se contente de glousser.

Et Lucy glousse donc.

Peut ainsi commencer une douce romance entre nos héros, avec Coco qui découvre aux côtés de Lucy la vie des Coveys : longues promenades dans les bois, baignades dans des lacs connus d’eux-seuls, fous rires amicaux alors que l’on démonte la robinetterie du camping le plus proche : rien que de bien naturel. Lucy évoque aussi le fait qu’elle se remet doucement du fait d’avoir dû tuer dans l’arène, ce qu’elle se rechignait pourtant à faire, tant tuer, c’est mal. Personne ne mentionne l’épisode où elle jetait des serpents dans les fringues de ses ennemies : non, ça, c’est okay. Se défendre dans un combat à mort par contre, c’est mal.

Mais tout est vite oublié entre deux plongeons au milieu des bois.

Cette vie a son charme, et Coco pourrait s’y faire si, lorsqu’il est en poste, il ne s’inquiétait pas pour son bon ami Séjanus. Qui passe son temps à faire des messes basses avec les pires trafiquants du district 12. Coco finit donc par le prendre entre quatre yeux.

– Mon p’tit Sésé, tu es bien gentil à vouloir aider tout le monde, mais si j’étais toi, j’éviterais de traîner avec les éléments les plus rebelles du district 12.
– Mais ces gens veulent juste plus de liberté ! Ce que fait le Capitole ici est mal !
– Ben fallait peut-être y penser avant de t’engager chez les Pacificateurs, ces gens payés à leur latter la gueule au nom du Capitole.
– Haaan, oui peut-être… en tout cas Coriolanus, il n’y a pas à dire, tu es toujours aussi observateur ! Tu as tout de suite vu ce que je faisais !

C’est vraiment ce que Séjanus dit : oui, il est épaté que son ami l’ait grillé. Ce qui serait plus impressionnant si Séjanus ne complotait pas avec le tout venant en public et à visage découvert. Là, bizarrement, disons que même un enfant de trois ans l’aurait grillé.

À plusieurs reprises, Coco conseille à son ami « Comploteur, arrête de comploter ! » mais tel un personnage de Dora l’exploratrice, c’est le regard vide et le sourire aux lèvres que Sésé poursuit les âneries.

Cela commence à faire beaucoup pour Coco qui n’a guère envie que ce couillon de Sésé utilise son argent et son influence pour armer les rebelles, rebelles qui pourraient venir lui plomber le cucu voire mettre en danger sa douce Lucy. Aussi, un soir, il utilise un geai moqueur pour enregistrer sa discussion avec Sésé où ce dernier refuse d’arrêter de comploter. Coco envoie l’oiseau enregistreur au Capitole, et plus particulièrement au rude Dr Gaul, afin que ce dernier siffle la fin de la récré et rapatrie Sésé à la capitale où il sera moins tenté de faire l’andouille.

Rien ne se passe, jusqu’à ce qu’un soir, Coco accompagné de Lucy surprend Sésé dans une cave avec des rebelles. Dont la fille du maire du District 12 (oui, le truc est grand comme un état américain mais il y a juste un maire), celle que Lucy avait tenté de buter à coups de serpent le jour où elle avait été désignée candidate.

Mais le vrai problème, c’est la caisse d’armes qui se trouve au milieu de la pièce. Coco, les sourcils froncés, tape du pied en regardant en direction de Séjanus.

– Séjanus ? Peux-tu m’expliquer ce que c’est que ce bordel ?
– Ce sont ces rebelles ! Je leur avais donné du pognon pour acheter de quoi aider le district 12, et à la place, ils ont acheté des armes !

Oui : Séjanus est véritablement surpris. Un rebelle s’avance donc dans la pièce.

– Monsieur Séjanus, vous pensiez vraiment qu’on allait acheter du mercurochrome et des pin’s ?
– Ben euh…
– Non mais je résume : vous allez voir une armée secrète, vous lui filez du pognon, et vous vous étonnez qu’elle achète des armes avec ?
– Eh bieeeeen…
– Et sinon, votre pote Coco, là, si j’étais lui, je serais furax. Et pas que pour les armes.
– Pourquoi donc ?
– Eh bien parce que durant tout le film, alors que c’est votre meilleur ami et qu’il vous a sauvé la vie dans l’arène, vous ne lui avez jamais filé un sandwich alors que vous le saviez pauvre et crevant de faim, par contre, dès qu’un type inconnu d’une organisation louche se pointe, vous vous empressez de le bombarder de pognon sans même demander ce qu’il va faire avec.
– Mais vous êtes qui, au fait ?
– Caporal Roudoudou, des rebelles du district 12. Avant j’étudiais au Capitole mais j’ai été viré. Vers le début du film environ.
– Eh bien caporal Roudoudou : vous êtes viré.

Le caporal parti – non sans grommeler – tout le monde peut donc disserter de la suite. À commencer par Coco qui prend la situation en main.

Eminem… pardon, Coco sait gérer. Il rap… pardon, il mène comme personne.

– Bon, écoutez, je propose qu’on fasse simple. Séjanus ?
– Oui ?
– À partir de maintenant tu fermes ta gueule, ton porte-monnaie, et on n’en parle plus. Et vous les rebelles…
– Oui ?
– Ces armes, vous les détruisez, et on dira que rien de tout cela n’est arrivé.

Tout pourrait s’arrêter là, mais voici que la fille du maire se met à ricaner.

– Moi, je propose que vous touchiez à votre cul.
– Oh !
– Oui. D’abord, parce que je hais Lucy. Je n’ai pas réussi à la tuer en l’envoyant aux Hunger Games, mais ce n’est pas une raison pour arrêter. En plus, elle a l’air de s’être entichée de vous, jeune Coco. Aussi, je vais faire simple : je vais tous vous dénoncer pour trafic d’armes. Comme ça, vous serez tous pendus.
– Rabouine !
– Maintenant, je vais partir très lentement, en vous tournant le dos alors que vous avez une caisse entière d’armes chargées, et en répétant « Si je vis, vous serez pendus ! »

Avant que le caporal Roudoudou n’ait le temps de passer une tête pour signaler que c’est très con, à la surprise générale, Coco attrape une arme et abat la fille du maire. Qui meurt en s’exclamant « ÇA ALORS, SI J’AVAIS PU LE VOIR VENIR ! ». Son jeu est formidable : c’est un peu la Marion Cotillard du District 12.

Coco se tourne alors vers ses amis.

– Je propose qu’on dise qu’il ne s’est rien passé. On dira qu’elle s’est suicidée de douze balles dans le dos.
– D’accord. Et l’arme du crime ?
– Je suggère de la confier à… toi ! Jean-Jacques le rebelle qui était dans un coin de la pièce !
– Euh… quel intérêt j’ai à vous aider ? Vous n’êtes pas un Pacificateur venu nous empêcher de toucher des armes ?
– Ne touche pas non plus au script, je n’en sais pas plus que toi. Mais en attendant, tiens : va détruire ces armes. Et tout le monde, faites semblant de rien.

Ainsi soit-il : Jean-Jacques le rebelle s’en va avec l’arme du crime, ainsi que les autres armes de la caisse, et nos héros, eux, retournent tous à leurs postes en faisant semblant de rien. Hélas pour eux, le maire du District 12 demande justice tant il n’aime pas qu’on tire douze balles dans le dos de sa fille (quel conservateur !). Et rapidement, des arrestations ont lieu. Un Jean-Jacques se voit accusé du crime et est pendu… mais à la surprise générale, le patron des Pacificateurs annonce qu’il va y avoir une deuxième exécution ce jour.

– Figurez-vous que le Capitole a reçu un geai moqueur qui avait enregistré une conversation fascinante. L’un de mes Pacificateurs complote avec les rebelles : Séjanus, avance toi, qu’on te pende !

Séjanus passe de l’état de tout surpris à celui de tout mort en l’espace de quelques instants. Coriolanus n’est pas bien fier du dénouement de cette affaire mais hein, ho, bon, hé, voilà. De toute manière, il a plus urgent, puisque Lucy, lassée de ces horreurs, lui propose un plan :

– Coriolanus ! Et si toi, ton prénom suspect et moi nous partions vivre loin de la civilisation ? Plus d’emmerdes, plus d’impôts, seulement nous, l’herbe fraîche et l’eau où tremper nos fesses !

Coco accepte. L’herbe, mais surtout cette histoire de fesses humides, ça le tente. Et le matin suivant, il déserte son poste pour aller rejoindre Lucy et foutre le camp. En chemin, Coco réfléchit très fort (c’est dur). 

« Hmmm… j’ai bien de la chance de partir avec la petite Lucy. Il ne faudrait pas que je gâche tout en lui révélant que je suis un monstre qui a fait pendre son meilleur ami. »

Et 0,3 secondes plus tard, quand Lucy lui pose une question du genre « Sinon, ça biche ? », Coco de répondre :

– Oh, moyen. Tu sais, je suis quand même responsable de trois meurtres.
– … trois ?
– Crotte de bique, je m’ai trahi.
– Le mec que tu as tué dans l’arène, soit. La fille du maire qui allait nous balancer, je vois. Mais le troisième?
– Euh… j’ai… j’ai pris un abonnement à Libé et j’ai donc tué ma Street Cred ?

Mais l’explication ne prend pas. Or, Lucy a une règle sacrée : la confiance. Sans elle, rien n’est possible, elle l’avait déjà dit à Coco. Ils marchent donc des heures sans vraiment échanger, chacun se demandant ce que l’autre va faire. Coco subit donc le célèbre « Je boude mais je ne vais rien dire », l’un des châtiments les plus terribles de la Terre, vous savez de quoi je parle. Enfin, alors qu’ils se mangent une grosse averse, nos héros vont s’abriter dans un petit cabanon de pêche. Où Ils tombent… sur les armes que Jean-Jacques devait détruire. Coco est moyennement content.

– Il est con ce Jean-Jacques ? Bon en même temps, je le suis encore plus en confiant des tâches cruciales pour mon avenir au premier rebelle venu.
– C’est vrai, Coco. En attendant, moi, je vais cueillir des fleurs.
– Sous la pluie, Lucy ?
– Euh… ouais ouais.

On sent bien que la confiance n’est plus là. Surtout lorsque ne voyant pas Lucy revenir, Coco se demande si elle n’aurait pas décidé de le laisser tomber, voire de le trahir. Il prend donc un gros fusil et sort en appelant « LUCY HOUHOUUU MA CHERIE VIENS ICI, J’AI UN CADDIE PLEIN DE BON METAL À REVENDRE, VIIIIIENS ! »

Coco tente aussi d’attirer Lucy avec des appâts culinaires, mais ça ne donne guère plus de résultats.

Mais la ruse ne prend pas. Lucy ne se montre pas. Par contre, Coco tombe sur une écharpe de Lucy abandonnée au milieu des bois. Et lorsqu’il la ramasse… elle dissimulait un serpent, qui le mord ! Grognon de cette tentative de le tuer, Coco décide de traquer Lucy, l’aperçoit brièvement au loin, et lui envoie un bon gros coup de fusil. Porte-t-il ? Mystère. Car en arrivant, point de cadavre : seulement un bijou de Lucy au sol.

– Bon, je vais pas non plus la pister 107 ans, grogne Coco avant de repartir s’occuper de son bobo plein de venin.

Puisque la fugue avec Lucy, c’est râpé, notre héros décide de sucer sa plaie tout seul, de détruire les armes du cabanon – il faut vraiment tout faire soi-même – puis repart vers sa base de Pacificateurs où, non, personne ne mentionne sa désertion alors qu’il est supposé être parti depuis au moins plusieurs jours. Ils sont comme ça dans les armées fascistes : souples et sympas. En lieu et place, on lui tape dans le dos, lui annonce que vu qu’il est moins con que 90% de ses collègues (vu son niveau, je n’ose imaginer le reste), il pourrait faire officier, en conséquence de quoi on l’envoie se former au cœur du pays. Rapidement cependant, il est invité au Capitole par le Dr Gaul, qui veut le féliciter de sa droiture.

– Coriolanus Snow…
– C’est moi.
– J’ai beaucoup apprécié votre envoi de geai moqueur. Celui qui a permis de condamner à mort votre meilleur ami. C’était un peu coquin, mais j’aime bien les coquins, qui comme moi, sont raides comme la justice. En plus, le con de père de Séjanus a décidé de faire de vous son héritier maintenant qu’il n’a plus de fils. Vous étiez son meilleur ami, et il ignore que c’est vous qui l’avez balancé. Bref, vous voilà riche.
– Ah ben putain, si j’avais su, j’aurais buté mon pote plus tôt.
– J’aime cet esprit, Coco. Aussi je vous propose de laisser tomber l’armée, et de revenir au Capitole étudier à l’université, directement auprès de moi.

Coco accepte. Lui, depuis le début, tout ce qu’il voulait, c’était ça : aller à la fac. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire, je vous jure.

Maintenant qu’il a ce qu’il veut, Coco va rendre un petite visite au doyen Malin, qui corrigeait des copies en salle des profs.

– Monsieur le doyen, me revoici. Bien avant la fin de mon exil de 20 ans, et en plus, je vais à la fac, car je suis désormais protégé par le Dr Gaul, dont l’énorme influence écrase la vôtre. Et je suis le nouvel héritier de M. Plinth. Aussi, comme le disait le grand stratège Hannibal : « Niquez-vous ».
– Très bien, Coriolanus. Tu gagnes cette manche. D’ailleurs, sais-tu pourquoi je te hais ?
– Non ? C’est vrai que ce serait sympa de me le dire, parce que depuis le début du film, vous le répétez sans jamais dire pourquoi.
– Eh bien parce que je haïssais ton père, je te l’ai dit. Voici pourquoi. Figure-toi que l’idée des Hunger Games vient bien de moi, un soir où j’étais bourré. J’ai voulu faire marche arrière le lendemain au réveil, mais ton père que je pensais être mon ami s’était emparé de l’idée et l’a proposée avant que je ne puisse m’y opposer. Et voilà comment je me suis retrouvé le père de jeux que je désapprouve.
– C’est marrant, le fait que la vraie histoire du concept des Hunger Games soit en fait une idée de gars bourré, ça rend presque le film plus crédible.
– Taggle. Et laisse-moi, petit insolent.
– D’accord. Avant de partir, ça vous dit un petit coup de morphine ? Je sais que vous aimez ça et j’en ai de la bonne.
– Ah ben ouais.

Et le doyen Malin de s’envoyer la morphine… et de claquer dans la foulée, car elle était empoisonnée ! Subtil. Le film oublie que Coco pourrait être identifié comme responsable du meurtre au bout d’environ trois minutes d’enquête tant la ruse était nulle et grossière. Et à la place, on nous le présente comme un génie qui assure très fort, même s’il est devenu très méchant. Et utilise désormais le poison comme arme pour se frayer un chemin au Capitole, faisant de lui celui qui un jour, sera le Président Snow, le méchant des films Hunger Games qui règne par la terreur, les jeux et le poison..

Oubliant ainsi que tout ce que ce film vient de poser, c’est que toute l’histoire du Président Snow repose sur sa jeunesse où il a appris que :

– Il fallait toujours se méfier des filles du District 12
– Que l’arène était une idée de gars bourré
– Que filmer en direct les candidats c’était un coup à ce qu’ils se rebellent et fassent passer des messages incitant à l’insurrection
– Et que de manière général, les Hunger Games plombaient l’autorité du Capitole, et rien d’autre.

C’est donc sur cette formidable incohérence qui parvient à ne donner strictement aucun sens aux films suivants qui n’en avaient déjà pas beaucoup que…

… FIN !

Non vraiment, faire un film entier où le Président Snow découvre à 18 ans toutes les failles des Hunger Games pour ensuite les refaire en boucle sans aucune explication, c’est vraiment une idée qui logiquement, n’aurait jamais dû dépasser le pitch.

« Si j’avais pu prévoir qu’une fille du district 12 ultra-populaire pouvait représenter un danger et qu’il ne fallait surtout pas l’envoyer en direct à la télé dans une arène… heureusement que personne n’a écrit un préquel pour en parler ! »


Bien.

J’imagine qu’à présent, quelque part, quelqu’un se dit « Merde, je crois que j’ai fait empirer la situation avec mon préquel qui explique que les Hunger Games, c’est juste le résultat d’une soirée entre gens bourrés, mais que des gens sobres ont accepté sans ciller. » J’attends donc avec impatience le préquel du préquel pour à nouveau tenter de rattraper le coup, et qui tentera de nous expliquer cette fois pourquoi tantôt, Lucy pleurniche à l’idée de tuer des gens qui essaient de la tuer, tantôt elle leur envoie des serpents à la gueule gratos.

J’attends donc avec impatience Hunger Games – La promenade du hérisson et de la 8-6 tiède.


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