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Valerian et la cité des mille plantages

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« C’est bon Monsieur Besson, nous avons les droits d’adaptation de Tintin et Milou !« 

Le cadre agite joyeusement les contrats fraîchement signés et les dépose sur le bureau de son employeur, qui se gratte la barbe avec satisfaction.

« Parfait. Bon par contre, je trouve que « Tintin et Milou« , c’est un peu long à lire. Il faudrait faire plus court. Genre n’en garder que l’un des deux. 
– Mais, Monsieur Besson…
– Ho, ça va, au début la BD aussi portait juste le nom de l’un des deux ! Alors hein, bon. Je propose que l’on appelle ça « Milou« .
– Heu… est-ce que vous êtes sûr ? 
– Oui.
– Je… très bien Monsieur Besson. Bien, donc « Milou« . Je vais commencer les recherches pour un petit chien blanc.
– Non, oubliez. Je veux que ce soit un pitbull.
– QUOI ?! Mais enfin, vous n’y pensez pas !
– Je ne quoi ? Commencez pas avec vos mots bizarres. Bref, trouvez moi un pitbull. Noir. »

L’employé se frotte les yeux tout en laissant s’échapper un long soupir.

« Écoutez Monsieur Besson… pourquoi avoir racheté les droits d’une oeuvre si c’est pour en faire n’importe quoi ?« 

Luc Besson part d’un grand rire.

« N’est-ce pas l’essence même d’Hollywood ?« 

Vous trouvez cette scène fictionnelle exagérée ? Alors c’est qu’il est temps de parler de Valérian et la cité des mille planètes, le film tiré de la BD Valerian et Laureline, mais où entre les deux, Laureline a visiblement fait le saut. Ho, et Valerian rajeuni de 20 ans. Et changé de personnalité. Tout comme Laureline. Et puis de couleur de cheveux et puis…

Maintenant, relisez la scène ci-dessus évoquant Tintin et Milou. Ça vous paraît débile ?

Hé bien vous n’avez encore rien vu.

Spoilons, mes bons !


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L’affiche : il y a des flammes. Mais surtout, le stagiaire lens-flare était visiblement très en forme.

Tout commence par des images de la conquête spatiale terrienne, et de la première station spatiale internationale. Qui s’est peu à peu agrandie à force d’accueillir des équipages venus de toujours plus de pays : Russie, Chine, Inde, Luxembourg… toutes les superpuissances sont là. On assiste donc à l’arrivée de nombreuses nations, qui chacune ajoute sa petite touche à la structure (la France, par exemple, la tague puis la fait tomber en panne), alors que les décennies passent. Et puis voilà : un beau jour, l’humanité découvre qu’elle n’est pas seule dans l’univers, et ce sont des extra-terrestres qui viennent s’installer dans la station.

Alors bon, au début, ça gueule un peu « Ouiii, les extra-terrestres, moi j’les connais, ils viennent que pour la CAF, ça te fait 28 larves et c’est nous qui payons pour, en plus, ils écoutent de la musique super forte dans leurs vaisseaux, moi j’vous dis, faut rester entre humains » mais avec le temps, tout s’arrange.

À force, la station est devenue monumentale, au point que c’est une véritable cité spatiale où se croisent des espèces venues des quatre coins de la galaxie. Cette station, « Alpha », est donc gentiment surnommée la cité des mille planètes, mais a un petit souci : elle est devenue si grosse qu’elle menace la Terre autour de laquelle elle orbite. Usant de ce motif, la Terre décide de faire greffer plein de petits réacteurs à la station et de l’envoyer explorer l’espace, voilà, parce que c’est connu, une station spatiale bordélique, c’est super pratique pour explorer.

En réalité, c’était bien évidemment un plan pour dégager tous ces étrangers qui flottaient dans leurs préfabriqués un peu trop près de chez nous : l’opération « Calais » est un succès. Ils sont forts ces humains.

Laissons passer quelques siècles, et allons ailleurs dans l’univers, et plus exactement sur la planète Mül. Un lieu fort agréable s’il en est, puisque cette planète propose d’immenses plages de sable fin, des mers bleues et claires, et ben évidemment, des vendeurs de chouchous à n’en plus finir. Et figurez-vous que la planète est habitée par une race paisible, les Mülets, nommés ainsi en raison de leurs problèmes capillaires. L’occasion de découvrir la princesse locale, Zumba, qui porte ce nom en référence au fait qu’elle passe son temps à danser et à s’étirer en boucle d’une manière tellement ridicule que l’on a secrètement envie que la plage où elle déambule se transforme en Omaha. Hélas pour nous, point de tir de MG42 sur la bougresse, qui continue à danser et à s’étirer sans fin tout en échangeant des regards langoureux avec un pêcheur du cru. Pêcheur de perles pour être exact, car nous assistons à un rituel fort important pour les Mülets : les pêcheurs tirent des perles de la mer, ce qui fera joli sur leurs maisons en coquillages, puis s’en vont chercher un transmuteur.

Alors qu’est-ce qu’un transmuteur me direz-vous ? Je pose mon cigare, j’attrape ma pipe et voyons ensemble : c’est une petite créature qui une fois qu’elle avale quelque chose, en chie littéralement des centaines de copies. Le transmuteur est donc un animal fort populaire sur la planète, puisqu’il sert aussi bien de photocopieuse que de machine à faire de la monnaie, ou bien, quand les enfants sont joueurs, ils lui font manger un tacos. Ce qui résulte généralement en une sorte d’apocalypse mexico-fécale interdite dans six galaxies différentes.

Mais passons, et écoutons plutôt le roi de Mül expliquer ce que son peuple fait des transmuteurs.

« Comme trois fois par an, nous utilisons les transmuteurs pour multiplier les perles et les rendre à la nature ! Ainsi, la nature nous nourrit, et nous la nourrissons en retour ! »

Nous en déduirons que les Mülets sont particulièrement cons, puisqu’à quoi bon se péter le dos à pêcher des perles quand ils peuvent simplement en pêcher une, la filer aux transmuteurs, et se rouler dans les perles jusqu’à la fin de leurs jours sans jamais emmerder Mère Nature ?

Mais apparemment, quelqu’un a oublié de relire son script, et nous avons donc une race de profonds débilous, ce qui pour la première scène, entre ça et la princesse Zumba, donne l’impression d’être au milieu de la population qui hante les pages Facebook dédiées aux photos de chiens et aux enfants disparus.

Fi de toutes ces considérations : ce doux paradis est soudain ébranlé par un terrible cataclysme ; en effet, des boules de feu traversent le ciel pour aller s’écraser ici ou là dans de longs panaches de fumée ce qui est mauvais pour le bilan carbone local. Et ce sont plus que des cailloux spatiaux : ce sont des vaisseaux inconnus qui s’écrasent sur Mül !

Le roi et ses fidèles courent jusqu’à l’un des vaisseaux écrasés pour l’explorer, et tombent nez-à-nez avec ce qui ressemble à un croiseur de l’espace. À peine y sont-ils rentrés qu’ils aperçoivent un gigantesque vaisseau, des centaines de fois plus gros que leur propre trouvaille, rentrer dans l’atmosphère pour venir s’écraser sur la planète, déclenchant ce faisant une explosion cataclysmique. Vite ! Le roi ordonne à ses troupes de verrouiller les portes du vaisseau dans lequel ils ont trouvé refuge, ce qui fonctionne, mais pouf, la poignée pète. Car oui, c’est un sas pour protéger du vide spatial, mais pour des raisons de coût, visiblement, il était équipé de l’équivalent d’une poignée de salle de bain de résidence étudiante.

Ce qui est ballot car qui était encore dehors et vient tambouriner au carreau ?

« Papa ! Ouvre-moi, c’est Zumba ! J’étais trop occupée à danser et à m’étirer comme une débile pour penser à me mettre à l’abri plus tôt !
– La poignée est pétée !
– Papa, je ne t’entends pas, la vitre est trop épaisse !
– Je dis : la poignée est pétée !
– Je n’entends pas ! Explique-moi mieux ! »

Papa lève son majeur, et Zumba comprend mieux qu’elle est comme qui dirait, niquée (c’est un terme local pour dire « bien embêtée« ). Faisant fi de cette grossièreté, et alors que l’explosion cataclysmique arrive jusqu’à elle, Zumba ne se contente pas de mourir, non, elle se transforme en espèce de vague d’énergie bleue et…

…sur une autre plage, ailleurs, un certain Valérian est brusquement réveillé de sa sieste après avoir rêvé de perles, de tacos, de zumba et de majeurs tendus, mais tout cela est un peu confus. Pendant qu’il se remet, parlons un peu de Valérian.

Valérian est une espèce d’adulescent avec une coupe de cheveux nous donnant envie d’ouvrir un salon intitulé Adolf Hitl’hair pour le remettre dans le droit chemin capillaire. Il a le charisme d’une poule trépanée, et un jeu d’acteur relativement proche. Voilà qui nous vend du rêve. Mais il n’est pas seul car voici qu’approche Laureline !

Laureline, qui est donc désormais elle aussi plus ou moins adulescente, blonde, souffre du syndrome de Mary-Sue, comprendre qu’elle sait tout sur tout, a toujours raison et est parfaite, mais surtout, a un don fabuleux : elle est ventriloque. En effet, le doublage est complètement raté, et à plusieurs reprises durant le film, vous aurez l’occasion de voir Laureline s’exprimer sans bouger les lèvres, ce qui est assez bluffant. Sûrement un hommage à Jeff Panacloc, ou à Tatayet, c’est difficile à dire.

Bref. Laureline, s’inquiète :

« Valérian, tu as l’air tout chamboulé, as-tu fait un cauchemar ? Veux-tu que l’on sorte de ce simulateur de plage ? Car oui, nous sommes dans un vaisseau ?
– Hmmm. Rien de grave. Bon… JE PEUX TE FAIRE UN BISOU ?
– Que… Valérian ? 
– BISOUUU ! BISOUUUU !
– Valérian bordel, mais qu’est-ce qu’il se passe ?
– GNE VEUX COUCHER AVEC TOI ! 
– Valérian, écoute, tu vas te calmer.
– MAIS GNE VEUX COPULER GNNNNN !
–  Je… je veux une relation sérieuse, alors tu ne m’intéresses pas, maintenant, tu te calmes.
– ALORS GNÉPOUSE MWA ! »

Et attention, c’est comme ça tout le film. Valérian passe son temps à demander à Laureline si elle ne veut pas lui rouler un patin/coucher/l’épouser, ou les trois à la fois. Ses testicules dansent le sabbat dans son slip, il est grossier au motif qu’il a très envie de sexe, mon diagnostic est sans appel :

Valérian est atteint du syndrome de Gilles de la Turlutte.

Sur le cou de Valérian, nous pouvons apercevoir son traducteur intergalactique, qui lui permet de dire « Wesh gazelle » dans plus de 6 millions de dialectes.

Si vous pensez que quelqu’un chez vous en est atteint, faites le test : emmenez-le vers un banc. S’il s’assoit naturellement sur le dossier plutôt que l’assise et se met à pousser des sifflements ou à exiger que le tout venant lui réponde, il ne faut plus hésiter : il est temps de le faire piquer.

Mais bref.

Revenons à Laureline et Valérian, puisque Valérian insiste : il aimerait glisser son trilili dans Laureline et le fait savoir avec autant de délicatesse que la presse française devant un transfert de joueur de foot. Laureline lui signale qu’elle n’est pas intéressée, lors d’une scène pas du tout déjà vue où alors qu’ils ont quitté leur plage holographique pour retourner dans leur vaisseau, et alors que Valérian la harcèle toujours, elle s’arrête devant plein de boutons et de machins qu’elle pousse et fait semblant de prendre des notes pour nous faire comprendre que Laureline est l’intellectuelle appliquée du groupe, et Valérian le chien fou mais talentueux. La scène est aussi l’occasion de nous dire que Laureline n’est que sergent, mais sortie super bien notée de l’école de ventriloquiede formation du gouvernement galactique, alors que Valérian est déjà major, mais parce que c’est une tête brûlée qui a du résultat.

Ne faites pas attention à ce bruit : c’est moi qui baille devant tant d’originalité.

Pendant que Valérian continue à demander à Laureline si elle ne voudrait pas coucher/l’épouser, et qu’elle continue à lui dire que ça ne l’intéresse pas depuis cinq longues minutes, ils vont au poste de pilotage où ils ont un appel du ministre de… du ministre de l’espace, on va dire.

« Laureline. Valérian.
– Wesh ma caille.
– Valérian, ne commencez pas ou je vous offre un hoverboard pour compléter votre panoplie de relou des rues. Bref, je tenais à vous rappeler que la mission du jour est super importante. Vous devez récupérer un transmuteur, une créature très rare, la dernière de son espèce, en vous rendant sur Fonvert, la planète des effets spéciaux sans intérêt. Bonne chance à tous les deux.
– Méwé gros. »

Le vaisseau de nos héros arrive donc sur Fonvert, une planète désertique ou quelques mercenaires locaux les attendent pour les accueillir. Ils leur expliquent le principe : Fonvert est une planète où cohabitent deux dimensions. Une déserte, celle que l’on voit, et une autre où la planète est recouverte d’un marché géant abritant plusieurs millions de boutiques et autres échoppes. Et c’est dans l’une de ces échoppes que nos héros doivent se rendre pour stopper la transaction entre brigands qui souhaitent s’échanger un transmuteur. Un des mercenaires explique comment s’y prendre à Valérian.

« Bien, Valérian, voilà le plan. Toi, tu te fais passer pour un touriste et tu enfiles un casque qui permet de voir l’autre dimension. Tu y rentres, tu quittes le groupe, et tu vas retrouver un contact qui va appliquer sur toi un produit qui te rendra invisible dans la dimension en question. Ensuite, il va te confier un boîtier qui te permet de faire passer un objet d’une dimension à l’autre. Donc tu y glisses ton bras avec ton arme, et paf ! Tu deviens une arme flottante dans la dimension du marché ! Tu es invisible ou presque, mais capable de menacer les méchants en pleine transaction !
– C’est super génial ! Et Laureline ?
– Elle, pendant que tu menaces les méchants, elle ne change pas de dimension. Elle arrive juste à pied, a elle aussi une boîte à changement de dimensions, mais s’en sert simplement pour récupérer le transmuteur.
– Parfait ! On y v… que ? Attendez, il y a un type qui lève la main dans votre équipe. Vous êtes ?
– Le caporal Roudoudou, Monsieur. 
– Et ?
– Non, je voulais juste dire : pourquoi tout ce plan super compliqué ? Si Laureline peut simplement arriver à pied et récupérer le transmuteur avec son boîtier, d’où vous vous emmerdez ? Elle n’est pas dans la dimension du marché, donc elle est invisible ET invincible puisqu’elle n’est pas là. Par conséquent, il lui suffit de récupérer l’objet et merci bonsoir. Aucun risque, et ça prend deux minutes. 
– … ouais mais… en fait… cette planète, cette histoire de deux dimensions et de Valérian qui est-dans-l’une-mais-en-fait-non-mais-si-mais-invisible-mais-non-car-il-a-besoin-d’un-boîtier-pour-son-arme-mais-non, c’est juste pour claquer des millions en effet spéciaux et faire des courses poursuites de merde.
– Ah. Je vois.
– Tant mieux. Parce que vous êtes viré, caporal Roudoudou. »

Nous avons donc une loooongue scène où Valérian s’infiltre sur le marché dimensionnel, devient invisible, rentre dans la boutique où des méchants font la transaction, et assiste à une scène où une espèce de Hutt vend un transmuteur de Mül à deux… Mülets ! Ce qui interpelle Valérian, qui reconnait les gens de son rêve de début de film. Le vendeur du transmuteur connait ses propriétés, mais le vend. Ce qui est stupide, puisqu’à quoi bon le vendre alors qu’il peut produire de la richesse à l’infini ? Mais là encore : personne n’a relu le scénario.

Valérian fait jaillir son arme dans la dimension du marché, et aidé de Laureline et de son boîter, récupère le transmuteur et même l’étrange perle que les Mülets proposaient comme paiement, puis, holala son boîtier est cassé pendant qu’il tentait de quitter la boutique (à quoi bon ? En quittant la dimension… c’était instantané ! Mais là encore, tout se casse la gueule), son bras est donc coincé dans la dimension du marché, donc course-poursuite, donc bagarre, puis retour à la dimension normale (c’est confus ? C’est normal, le scénario se casse la gueule, on ne sait jamais ce qui est dans une dimension ou non, ou pourquoi Laureline y est invisible naturellement alors que Valérian avait besoin d’un truc spécial, c’est raté sur raté), réparation expresse du boîtier par Laureline (qui vire des câbles – vraiment – et pouf, ça remarche et le bras de Valérian est libéré de l’autre dimension, comme quoi, c’est facile l’électronique), re-course-poursuite avec des gardes et des bestioles lâchées sur eux, re-bagarre où tous les mercenaires alliés à nos héros meurent ce qui arrange tout le monde, et hop hop, retour au vaisseau, avec un transmuteur et une perle mystérieuse qui d’après les scanner « renferme 20 fois plus d’énergie que tout ce vaisseau« . Dans le doute, je la mettrais en sécurité, mais Valérian étant con, il joue avec. Les perles radioactives, c’est rigolo. Plus je regarde le film, plus je sens que Valérian est ce genre de personne capable d’arriver aux urgences avec une perle radioactive dans le trou de balle avant d’expliquer « Ho non, j’étais chez moi et je me suis assis dessus par accident, n’allez rien imaginer« . Les infirmiers qui me lisent savent de quoi je parle.

Bref.

La fine équipe doit maintenant aller remettre son colis aux autorités terriennes présentes sur la station Alpha, évoquée plus tôt comme « La cité aux mille planètes » qui dérive toujours dans l’espace. Hop, un petit saut spatial, quelques contrôles officiels à l’approche, et nos héros atterrissent sur place, où ils ont le droit à un briefing amené très peu naturellement sur « Oui alors au nord, il y a le secteur des aliens comme ceci, au sud comme cela« , et pendant que nous avons ce petit rappel, personnellement, je me demande comment on utilise une boussole dans l’espace pour trouver les points cardinaux. Mais passons une fois encore.

Laureline et Valérian rencontrent les autorités humaines locales, à savoir le général Gentil et ses gentils hommes, et son supérieur, qui est un acteur connu, avec une casquette de vilain officier et une garde rapprochée d’androïdes tout noir… mmmm, je peeeense qu’on va l’appeller commandant Méchant, mais juste au hasard, hein. Ce dernier prend la parole.

« Parfait les petits amis. Vous avez le transmuteur, comme prévu ?
– Oui mon commandant.
– Bien, donnez-le moi.
– HÉ BEN NON ALORS PASSQUE C’EST LE DERNIER DE SON ESPÈCE !
– Oui. C’est même pour ça qu’on vous a envoyé le récupérer.
– M’EN FOUS JE LE DONNE PAS C’EST MON MIEN.
– Oh bon, c’était votre mission et je ne suis que votre supérieur en train de vous donner un ordre direct… vous avez raison, je vais laisser couler. »

Voilà voilà. Et j’exagère à peine les dialogues. Laureline essaie bien l’argument du « Il sera plus en sécurité avec moi« , mais quand ce propos sort de la bouche d’une Laureline seule avec une simple poche pour transporter le bestiau, et un commandant qui a une armée personnelle et toute une base sécurisée à sa disposition, c’est aussi crédible qu’une interview de ministre.

Le commandant Méchant se contente donc de hausser les épaules, vaincu par le côté navrant des dialogues, et s’en va à son prochain rendez-vous : une conférence des représentants des différents secteurs de la station pour discuter d’un problème important. Valérian et Laureline sont affectés à sa protection. Valérian dans la salle de conférence, Laureline à l’extérieur.

Le commandant Méchant, lui, débute son petit speech.

« Bonjour tout le monde. Aujourd’hui, je viens vous parler d’un gros problème. Depuis un moment, une zone radioactive où aucune communication ne passe grandit au cœur de la station. Nous avons déjà envoyé des éclaireurs et des sondes, mais rien ni personne n’en est revenu. Nous gérons la situation et… »

Pendant ce temps, à l’extérieur de la salle, Laureline monte la garde. Quand arrivent trois extra-terrestres bien connus des amateurs de la bande-dessinée : les Shingouz. Des aliens qui se promènent toujours en trio, et qui revendent des informations de qualité au plus offrant, ce qui fait d’eux les pires candidats de Secret Story de l’univers. Laureline les connait, et visiblement, personne ne tique sur le fait que trois aliens crasseux et sans autorisation puissent se pointer juste devant le centre de décision de toute la station où se tient une conférence cruciale.

Mais là encore : le script a oublié que ce n’était que le thème de toute cette scène.

Les Shingouz, qui doivent sûrement avoir plein d’infos s’ils peuvent rentrer n’importe où sans qu’on ne leur pose de questions.

Ils sont venus prévenir Laureline qu’une menace pèse sur la conférence. Mais avant qu’ils ne puissent en dire plus, toutes les alarmes se déclenchent : des agresseurs arrivent en force et font sauter les murs de la station pour avancer jusqu’à la salle sécurisée ! Et lorsqu’ils y débarquent, on découvre que ce sont les Mülets ! Qui avec des fusils à toiles, paralysent et endorment tout ce qui se retrouve englué sous leurs tirs. Rien ni personne ne leur résiste, et Valérian a juste le temps de se glisser un respirateur dans la bouche avant d’être lui-même englué.

Les Mülets, satisfaits de leur assaut aussi efficace que salissant, c’est la concierge qui va gueuler, s’enfuient avec le commandant Méchant endormi en guise de prisonnier. Mais c’est sans compter sur Valérian, dont le respirateur… n’est en fait pas un respirateur mais un compartiment-de-bouche-à-araignée-mécanique-qui-sort-découper-la-toile-en-cas-d’engluement. Oui, se foutre une araignée dans la bouche dans un compartiment en forme de respirateur, je ne vois pas bien la logique, mais c’est comme ça. Ça ne donne pas envie de savoir ce qu’il y a dans leurs suppositoires. Enfin : Valérian peut donc partir à la poursuite des Mülets, pendant que Laureline, bloquée à l’extérieur de la salle, rejoint la salle de commandement du général Gentil pour guider Valérian par radio dans le dédale des conduits de la station.

Pif, paf, pouf, course-poursuite, effets spéciaux en pagaille pour rien, et Valérian rattrape les fuyards au moment où ils grimpent dans leur énorme vaisseau.

« Un vaisseau non-identifié et non-autorisé. » commente une opératrice près de Laureline.

D’accord. Du coup, vous m’expliquez comment il est arrivé dans la station, le gros vaisseau ? Il avait un ami passeur mexicain ou bien ? Qu’importe, on va dire qu’il est apparu là par magie, pouf pouf. Valérian appelle son propre vaisseau à la rescousse, et à nouveau, nous avons le droit à une course poursuite sans intérêt ni fin où les vaisseaux se faufilent dans les conduits les plus étroits de la station, mais où Valérian rate tous ses tirs (ce qui est mieux, sachant qu’ils ont un prisonnier, mais visiblement, ça aussi il l’a oublié). Mais soudain, l’énorme vaisseau face à lui se divise en une nuée d’appareils plus petits ! Valérian localise celui qui abrite le prisonnier, et le prend en chasse avec un vaisseau secondaire lui aussi plus petit. Hélas, en le poursuivant, il s’écrase dans la zone rouge radioactive… et perd tout contact avec Laureline. Cette dernière panique.

« Ho non ! Valérian est dans la zone rouge dont parlait le commandant Méchant, il faut aller le chercher !
– Non Laureline, vous restez ici, c’est un ordre, répond le général Gentil.
– LES ORDRES JE M’EN FOUS DEPUIS LE DÉBUT DU FILM J’TE F’RAIS DIRE !
– Au temps pour moi.
– Et puis il faut que j’aille sauver Valérian. Sinon, qui me harcèlera sexuellement jusqu’à la fin du film ? Hmmm ? Allez, j’y vais ! »

Le général tente bien de retenir Laureline, mais celle-ci fausse compagnie à son escorte, et se glisse dans les profondeurs de la station pour y retrouver les Shingouz, qui en échange d’un peu de pognon, lui expliquent qu’ils savent comment retrouver Valérian.

« En allant simplement là où nos capteurs ont détecté qu’il s’était écrasé ?
– Pas du tout ! Ce serait bien trop intelligent Laureline. On propose plutôt : en allant chasser une méduse géante collée sur des monstres sous-marins dans un recoin perdu de la station, en te la collant sur la tête et en usant de ses pouvoirs psychiques pour retrouver Valérian, mais attention, en cas d’erreur, tu mourras car la méduse mangera ton cerveau.
– Ce ne serait pas encore une excuse de merde et complètement incohérente pour rajouter des effets spéciaux, au hasard ?
– Ça alors ! C’était pourtant si subtil ! »

C’est dans ce genre de moment que vous échangez des regards gênés avec votre voisin de siège.

Les Shingouz emmènent donc Laureline jusqu’à une espèce de port pourri des profondeurs, où un vieux fou et son sous-marin rouillé chassent la méduse magique, qui vit sur le dos d’énorme bestioles sous-marines qui ont tout à fait leur place dans une station spatiale, bien sûr, c’est mignon et ça s’élève très bien en aquairum. Nos héros vont près des bestioles, arrachent une méduse du dos de l’une d’entre elles, puis ça alors ! Les bestioles s’énervent, ce qui signifie… mais oui, vous avez gagné : c’est une course-poursuite inutile et pas du tout prévisible où, ça alors ! Laureline et le vieux fou s’en tirent à la dernière seconde ! Quel suspens alors ! La dernière fois que j’ai vu un truc aussi palpitant, je crois que c’était un reste de point noir dans un lavabo. Pas le mien bien sûr : j’étais occupé à passer à tabac un jeune margoulin qui avait osé dire que Dunkerque était « réaliste ».  Pourquoi est-ce que je vous raconte ça, moi ? Ah oui, parce qu’on s’ennuie dans ce film. Mais revenons-y.

Laureline, comme convenu, se fourre donc la méduse sur la tête, et usant de ses pouvoirs de méduse (ne cherchez pas, moi j’ai arrêté), peut repérer Valérian, qui s’est écrasé près d’un vieux conduit dans la zone rouge. Ni une, ni deux, notre amie y va, et sans aucun équipement contre la radioactivité, parce que comme elle le découvre  sur place : en fait, la zone n’est curieusement pas radioactive, contrairement à ce qu’annonçait le général Méchant.

Ça tombe bien, parce que sinon, tu étais plus ou moins transformée en saucisse ma petite Laureline, mais bon, on va dire que les pouvoirs psychiques de la méduse t’avaient aidé à prédire ça. Oui, j’en suis à essayer d’aider l’intrigue tant elle est boiteuse. Mon côté sympa.

En arrivant dans les profondeurs de la zone rouge, Laureline découvre des ravins, des falaises, enfin des trucs typiques de stations spatiales, quoi. Et non, pas en métal : en caillou, autre matériau bien connu employé pour l’aérospatiale. Vivement Valerian et le secret du dolmen volant, ça me paraît bien engagé.

En attendant, Laureline repère le petit vaisseau écrasé de Valérian ainsi que lui-même et se précipite vers lui pour lui administrer les premiers soins et le réveiller puisqu’il était inconscient. Après quelques claques dans la gueule, il remue.

« Valérian ! Valérian, réveille-toi ! Dis-moi quelque chose !
– Anaveufairedesbizouuuuuus…
– Okay, je vois que tu es revenu à toi. Bon, en attendant, on a perdu la trace de ceux qui ont kidnappé le commandant Méchant. Mais puisque l’on parle de lui… tu ne trouves pas ça bizarre qu’il ait dit que la zone était radioactive et qu’en fait, pas du tout ?
– Tu sais, avec toutes ces incohérences…
– Non mais apparemment celle-là est suspecte même selon le scénario. Je pense que l’on nous manipule, Valérian ! La zone rouge n’est pas vraiment ce qu’on nous a dit qu’elle était !
– Rouge ?
– VALÉRIAN BORDEL DE PIPE ! »

Mais avant qu’elle ne puisse refaire la truffe de son coéquipier à coups de bottes, Laureline est perturbée par les jolis papillons lumineux qui volent entre les falaises. Et parce qu’elle n’a rien de mieux à faire, qu’elle est très intelligente et que c’est une excellente idée de faire ça en plein milieu d’une zone hostile, elle essaie d’en attraper un.

Pas de bol c’était – ça alors ! – un fort mauvais plan, puisque les papillons servent en fait d’appât pour des pêcheurs d’une bande d’extra-terrestres plus haut sur la falaise. Ils ont donc tôt fait de remonter la pauvre Laureline, et de l’emmener dans leur tanière. Valérian, lancé à sa poursuite, est fort bougon car il ne sait plus qui il va pouvoir harceler si Laureline disparaît. C’est donc bien embêté qu’il remonte la falaise, et tente de suivre plus ou moins discrètement les créatures que nous appelleront les Grotrucs qui emmènent Laureline.

Bon, il pourrait aussi leur tirer dessus, ici et maintenant, et sauver la belle mais, bon, hein, ce sera rapide et efficace, et ça fait bien trois minutes que l’on a pas eu une débauche d’effets spéciaux gratuits. Alors non, il les suit, et tente de réfléchir, ce qui est compliqué quand on a un cerveau moins performant qu’une Game Boy.

« Damnation… les Grotrucs ont emmené Laureline dans leur tanière… maudite espèce qui ne communique pas, est ultra-violente, et est accessoirement anthropophage !« 

Vous me rappelez pourquoi vous l’avez accueillie sur la station Alpha du coup ou bien c’était vendredi, c’était Maurice au contrôle-frontière et il finissait à 17h quand les Grotrucs se sont pointés à 16h58 ? Non, ne me donnez pas la réponse. Je vais simplement soupirer très fort.

Heureusement – et ce film ne mérite même pas ma boîte à « Ça alors !« – figurez-vous que la tanière de nos amis de l’espace ultra-violents est installée… mais oui, juste à côté du quartier des plaisirs de la cité ! Ouf : nous sommes dans un film de Besson et on avait pas encore eu le droits aux prostituées, je m’inquiétais.  Voilà qui est rattrapé : j’imagine que des prostituées humaines cohabitent en bonne intelligence avec les aliens débiles qui les mangent.

Toujours est-il que profitant de ce tunnel d’incohérences, Valérian se glisse dans le quartier des plaisirs, et trouve sur place un établissement qui propose ce qu’il recherche : des polymorphes. Ce qui est très pratique pour les fétiches des clients, qui peuvent enfin assouvir leurs fantasmes les plus intimes, comme par exemple, de coucher avec une créature mi-Avril Lavigne, mi-Patrick Balkany. Les gens sont étranges. Mais je m’égare.

Visiblement, Valérian a choisi l’établissement le moins fréquenté de tout le secteur, puisqu’il y est seul. Seul, avec le patron qui joue du piano pendant qu’une polymorphe se présente et fait un numéro de danse sous les traits de Rihanna, un être étrange qui aurait vécu sur Terre il y a bien longtemps. Le numéro est spectaculaire mais un peu long, mais Valérian reste jusqu’au bout parce que bon, Laureline va se faire manger mais il a bien deux minutes pour regarder Rihanna se trémousser, hein, bon, hé.

Pfou.

L’affaire terminée, Valérian pète la gueule du patron, et explique à la polymorphe un peu surprise de quoi il retourne.

« Écoute Rihanna, j’ai besoin de tes services.
– Non mais je ne m’appelle pas Rihanna, c’est juste que j’ai l’apparence de…
– Wopopo, commence pas à m’embrouiller avec tes histoires ou toi aussi je te harcèle sexuellement.
– Bon, bon. Pourquoi êtes-vous venu ici péter la gueule de mon patron, alors ?
– J’ai besoin de tes services de polymorphe. Je sais que les polymorphe sont tous mous et peuvent recouvrir une personne entièrement, donc tu dois m’aider à infiltrer le quartier général des Grotrucs d’à côté en me couvrant et en prenant l’apparence d’un Grotruc.
– Et j’aurai quoi en échange ?
– Tu pourras rencontrer Emmanuel Macron à l’Élysée habillée d’un costume volé à David Douillet.
– Tope là. »

Alors je sais, on dirait, mais non, cette image n’est pas tirée du film.

Ainsi aidé de sa nouvelle amie polymorphe, Valérian peut aisément se déguiser en Grotruc, et rentrer dans le sombre repaire de ces créatures. Qui sont en train de servir le souper de leur empereur, assis dans une immense salle du trône, avec devant lui une longue file de serviteurs portant des plats. Et parmi eux… Laureline ! Qu’ils ont habillée d’une jolie robe (les espèces ultra-violentes ont toujours ça en stock), et qui s’apprête à servir de repas à l’empereur !

« Hé, tu manges pas pas meuf, lô ! » s’exclame Valérian de son charismatique accent d’amateur de tuning, avant de se séparer de Rihanna pour aller distribuer des taloches au tout venant. C’est donc parti pour une séquence de baston durant laquelle l’empereur des Grotrucs est tué par Valérian, qui jusqu’ici, voulait éviter l’incident diplomatique (avec une race mangeuse d’humains, rappelons-le), avant que le trio Valérian-Laureline-Rihanna ne s’échappe par un conduit qui – mais oui, ça alors ! – était au beau milieu de la salle du trône, comme ça, pif pouf.

Celui-ci mène nos héros jusqu’à un tas d’ordures, où ils sont très heureux de se retrouver.

« Valérian ! Tu m’as sauv…
– LAURELINE FAIS-MOI UN BISOU UH UH UH HÉ TU M’ÉPOUSES DIS ?
– Ah oui, tiens ça m’avait manqué.
– WESH VAZY POURQUOI TU M’RÉPONDS PAS TU T’PRENDS POUR UNE PRINCESSE ? WESH, SA…
– Attention Valérian, je te rappelle que je dispose d’un pistolet laser, et toi, de testicules, mais peut-être plus pour longtemps.
– Hem je… je voulais dire « Saperlipopette »
– C’est aussi ce que je me disais. Bon, et qui est notre nouvelle amie ? »

Ils se tournent vers Rihanna, qui ne bouge plus beaucoup.

« Kof kof… vous me le dites si je vous emmerde…
– Désolé Rihanna, je ne peux pas harceler deux personnes à la fois, hein, on patiente un petit peu.
– … je… je suis en train de mourir, gros con. J’ai été blessée dans la bagarre.
– Ah oui tiens. Bon. Dis, tu voudrais pas faire un discours pourri sur l’amour pendant que tu meurs ?
– Ho, ben si j’peux dépanner… kof kof… oui, donc Valérian… Valérian, on se connait depuis moins de 10 minutes, et ça fait moins de 2 que j’ai aperçu Laureline, mais… aime-la, Valérian. Aime-la. l’amour, c’est très important.
– Dis, tu pourrais pas te polymorpher en powerpoint avec des couchers de soleils pendant que tu dis ça ? Ça me semble être dans le thème…
– Gros… gros… gros blaireau… aaaaargh… »

Et Rihanna meurt, pour aller au paradis des personnages secondaires forcés à la truelle dans les films rejoindre le personnage qu’elle incarnait dans une autre grande oeuvre: Battleship. Quelle filmographie cette Rihanna ; si j’étais président, moi aussi je l’accueillerais à l’Élysée, mais au taser.

Tiens d’ailleurs, puisque l’on parle de personnages secondaires, et si on allait voir ce que fait le général Gentil depuis le quartier général humain de la station ? Car il n’a pas chômé depuis que le commandant Méchant a disparu et que Laureline a filé. Il a commencé à enquêter sur les assaillants, et a découvert que c’était bel et bien des Mülets. Oui mais voilà… mais en tant que super général, curieusement, l’accès à toutes les données de Mül lui est interdit ! Il lui faut un coup de fil au ministre pour découvrir qu’effectivement, la planète a été détruite durant une guerre entre l’humanité et une autre race, et qu’officiellement, personne ne l’habitait. Comme si on avait effacé ou modifié des données. Curieux… Le général Gentil enquête un peu plus, et découvre que le commandant Méchant planquait dans un coin de la base un Mület qu’il faisait torturer en le forçant à écouter 10 heures de rire de Cyril Hanouna ! Terrifiant. Le général Gentil le fait libérer.

« Et voilà Monsieur le Mület. Je ne sais pas trop comment vous vous êtes retrouvé là ni pourquoi le commandant Méchant vous torturait, mais maintenant que vous êtes libre, je suis sûr que vous allez tout m’expliquer.
– Non… sinon le film… s’achève maintenant.
– Ah. Du coup vous faites quoi ?
– Je me suicide… et je me transforme en grosse vague… d’énergie bleue. Allez… salut ! »

Et pouf, le Mület meurt et se transforme en énergie bleue en prenant bien soin de ne surtout rien dire d’utile. Continuant son enquête, le général décide qu’il faut à tout prix retrouver le commandant Méchant. Il demande donc à des renforts d’aller vers la zone rouge, et cette fois-ci en masse. Renforts automatiquement escortés par des androïdes de guerre qui n’obéissent qu’au commandant Méchant, mais comme il n’est pas là, fonctionnent en automatique.

Je ne vois pas du tout comment ça va tourner. Non. Chut. Arrêtez, vous me spoilez et je ne supporte pas les gens qui spoilent. Rah.

Pour la peine, retournons du côté de nos héros qui – mais oui, quelle coïncidence ! – se sont retrouvés sur le bon chemin pour aller vers le cœur de la zone rouge de la station depuis le vide ordure où ils étaient et où ils ont aimablement abandonné Rihanna. Et que trouvent-ils au cœur de la station ? Une étrange porte magique… dont sortent des Mülets, qui s’avèrent fort pacifiques et les invitent à rentrer.

Et de l’autre côté de la porte se trouve un paisible village de Mülets, construit autour de ce qui ressemble à un énorme moteur. Le roi des Mülets s’approche de nos héros, tout sourire.

« Bienvenue ! Je suis le roi des Mülets, comme vient de l’expliquer le paragraphe ci-dessus. Voici ma femme, mon fils, et Kiki, mon chien. 
– Mais… je vous reconnais ! C’est vous qui vouliez acheter le transmuteur au début du film! 
– En effet. Mais, laissez-moi vous raconter tout ce que vous ignorez sur nous et nos intentions. Il y a fort longtemps de cela, nous avions une planète, mais une bataille dont nous ignorions tout a un jour fait rage au-dessus de celle-ci. Des vaisseaux s’y sont écrasés, et moi et quelques-uns des miens en explorions un quand un vaisseau mère s’est écrasé sur notre planète et l’a détruite. Souvenez-vous du début du film.
– Attendez, l’explosion a détruit votre planète mais pas le vaisseau écrasé que vous exploriez ?
– Heu… il… heu… il était super résistant.
– Alors oui mais s’il était si résistant que même endommagé, une explosion apte à détruire une planète ne lui faisait rien, comment diable avait-il pu être endommagé par des armes plus petites avant pour venir s’écraser ?
– Hé bieeeeeeeeeeen…
– Non, laissez tomber. Continuez votre histoire.
– Ah et puis vous allez voir, le niveau monte.
– J’en sue des pieds.
– Donc, disais-je, quand la planète a explosé, le vaisseau ruiné où nous étions a été soufflé dans l’espace. Il a dérivé longtemps, très longtemps… et nous avons dû apprendre pour survivre. Apprendre à cultiver.
– Parce que le vaisseau de guerre contenait un coin potager ?
– Heu… oui.
– Je… continuez.
– Nous avons dû aussi le remettre en état. Nous avons donc appris l’ingénierie spatiale, l’informatique, la physique, la chimie, puis une fois les ordinateurs relancés, nous avons pu apprendre votre histoire, votre philosophie…
– Je résume : vous étiez une bande de types en pagne dans l’espace à bord d’un vaisseau miraculeusement encore hermétique, et vous avez réussi à apprendre l’ingénierie spatiale, l’informatique, la physique et la chimie comme ça, pif pouf ?
– On a regardé des tutos Youtube. Celui qui se terminait par « Et voilà comment réparer un propulseur nucléaire en nouant deux pagnes et une sagaie – abonnez-vous à ma chaîne ! » fut particulièrement apprécié.
– C’est… je crois que j’ai rarement vu une histoire aussi débile. 
– Et c’est pas fini.
– Ah.
– Donc, notre vaisseau à la dérive a finalement été récupéré par des ferrailleurs, qui n’ont pas pensé à le fouiller et l’ont directement amené à la station Alpha. Sur place, nous avons donc commencé à nous créer un abri ici, au cœur de la station,  avant d’essayer de récupérer de quoi nous construire un vaisseau. Il ne nous manquait qu’un transmuteur pour multiplier la dernière perle de notre planète que nous avions encore et lui fournir de l’énergie et… »

J’arrête le spoil ici le temps de faire faire des saltos à mon bureau.

QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE CONNERIE ?

Les mecs – passons sur toutes les incohérences – viennent de nous raconter une histoire branlante, et leur but dans la vie, c’était de construire un vaisseau ? D’accord. ET SINON LE VAISSEAU QU’ILS AVAIENT ET QUE POURSUIVAIT VALÉRIAN AVANT DE S’ÉCRASER DANS LA ZONE ROUGE, HMMM ?

Hé bien le film l’a oublié ! Roh, une scène de course-poursuite à plusieurs millions d’euros d’effets spéciaux, vous savez, on a tôt fait de ne pas s’en souvenir ! Hihihi, c’est ballot ! Bref, je vous la refais : les Mülets avaient un vaisseau dont ils se servaient pour récupérer des pièces pour accomplir leur rêve : construire… un vaisseau.

C’est formidable.

« Si seulement nous avions un vaisseau ! » s’exclamèrent les Mülets en s’enfuyant à bord de leur vaisseau.

Mais reprenons le fil de ce fabuleux dialogue.

« … et donc voilà. Mais vous êtes intervenus et vous avez récupéré le transmuteur et notre ultime perle. Nous avons donc décidé de nous occuper d’un autre problème : le commandant Méchant. Qui semble en savoir beaucoup sur ce qui est arrivé à notre planète. Si vous voulez lui poser des questions, il est toujours inconscient, on l’a gardé au chaud en attendant votre arrivée.
– C’est sympa, mais d’abord, j’ai une question.
– Oui Valérian ?
– D’où viennent les rêves que j’ai eus ? J’ai vu la destruction de votre planète au début du film.
– Ah, ça ? Oui alors en fait, la destruction a eu lieu il y a des années, mais ma fille la princesse Zumba est morte ce jour là, et quand nous mourrons nous autres Mülets, nous nous transformons en énergie bleue. C’est notre âme, et semble-t-il que ma fille a trouvé refuge en vous après des années dans l’espace, Valérian. Elle vous a jugé digne d’elle.
– C’est mon côté racaille, ça les fait kiffer.
– Hmmm… moui, on va dire ça.
– D’ailleurs, une question.
– Oui Laureline ?
– Pourquoi l’âme de votre fille a trouvé refuge dans un humain un peu con plutôt que dans un membre de votre race ? Comme ça, elle restait avec vous, non ?
– Haaan pas con… je crois que je commence à comprendre pourquoi ma fille a raté trois fois son BTS enfilage de perles. En attendant on est tellement heureux d’avoir retrouvé son âme.
– Ah oui ?
– Oui d’ailleurs pour fêter ça, on l’en débarasse, hop. »

Oui oui. Les parents de Zumba viennent de retrouver l’âme de leur fille, mais ils l’envoient péter car elle ne sert plus à l’intrigue. Hé bien merci.

Et puisque tous les pans de l’histoire s’effondrent de ce côté, nos héros décident de plutôt aller réveiller et questionner le commandant Méchant pour avoir sa version des faits. Hop, deux claques et le bougre est debout pour expliquer pourquoi il a menti à tout le monde sur la vraie « menace » au cœur de la station.

« Alors commandant, pourquoi avez-vous menti à tout le monde ?
– Très bien, je vais tout vous avouer… c’est moi qui commandais la flotte humaine au-dessus de Mül. Nous étions en train de nous faire tailler en pièces. J’ai donc utilisé une grosse arme qui a sérieusement endommagé le vaisseau-mère ennemi, qui a détruit leur planète en s’écrasant. »

Là vous pourriez dire que bon, c’est ballot, mais non. Sinon, le commandant ne serait pas assez méchant. Du coup, on a un flashback où l’on revoit le commandant avec son second durant la bataille, sur la passerelle de commandement.

« Commandant, voulez-vous que l’on tire les gros missiles sur le vaisseau-mère d’en face ?
– Oui.
– Mais commandant ! Si on fait cela, on risque de faire mal à l’ennemi, qui pourrait s’écraser sur la planète en-dessous, et tuer la peuplade locale !
-HÉ BIEN IGNOREZ-LES, RIEN N’ARRÊTERA LA MARCHE DE L’HISTOIRE, MOUHOHOHO ! »

Vous notez le dialogue débile et complètement artificiel alors que la bonne réponse était « Alors oui bougre de con, mais si on ne le fait pas on va tous mourir et c’est notre vaisseau qui va s’écraser pour le même résultat. Êtes-vous un neuneu, lieutenant ? »

Et semble-t-il que oui. Mais, les explications navrantes ne sont toujours pas finies ! Décidément, ce film nous gâte d’un bout à l’autre. Écoutons le commandant Méchant.

« Après ce terrible drame, il fallait que je fasse disparaître les témoins ! Quand j’ai appris que les Mülets avaient survécu et étaient au cœur d’alpha, j’ai bricolé cette histoire de zone rouge pour justifier l’envoi de troupes et les faire disparaître… sans résultat ! 
– Je ne comprends pas commandant. Que se serait-il passé si le monde avait su qu’un vaisseau s’était écrasé sur des gens ?
– MAIS IL Y AURAIT EU DES DÉDOMMAGEMENTS, CE QUI AURAIT RUINÉ NOTRE ÉCONOMIE !
– Ah ouais. Et sinon, sachant qu’il suffisait de récupérer le transmuteur pour avoir des ressources infinies, à quel moment avez-vous eu peur pour notre économie ?
– … pfou. Rien ne tient. On pourrait en finir avec le film ? »

J’approuve. Finissons-en.

Car soudain, c’est l’alarme ! Les Mülets viennent d’apprendre que les troupes du général Gentil avaient trouvé leur repaire, et approchaient pour récupérer le commandant Méchant kidnappé.

« Hé bien roi des Mülets, vous avez l’air stressé ?
– Mais oui ! Les humains approchent, en armes, et nous sommes sans défense !
– Ah ? Mais… et vos supers fusils qui engluent et endorment ? Et toutes vos armes ? Celles qui vous ont permis de traverser toute la station jusqu’à sa salle de conférence la plus sécurisée du coin en défonçant toute la sécurité et sans la moindre perte ? Celles qui vous permettaient de repousser toutes les expéditions envoyées par le commandant Méchant jusqu’ici ?
– Heu… oups. Je crois qu’on a dû tout laisser dans le vaisseau qui a disparu du film car nous n’avons plus une arme. On a juste nos pagnes.
– C’est un peu court, jeune homme. »

Cet enchaînement d’incohérences est tout bonnement fabuleux. Le film n’arrive pas à avoir le début d’une suite d’idées logiques. C’est juste une succession de courses-poursuites hors de prix sans raison valable.

Enfin bref. L’armée humaine et ses androïdes de guerre sont de l’autre côté de la porte magique qui protège le village. Et puisque ça n’a pas l’air de s’ouvrir pour eux, hop, ils posent des explosifs et… lancent un compte à rebours !

Parce que oui, dans le futur, les détonateurs, c’est has been.

Le commandant Méchant, lui, hurle qu’il ne faut pas juste entrer. Il faut tuer tout le monde, ne laisser aucun témoin. Ce qui active la programmation secrète des androïdes qui accompagnaient les humains, qui se mettent à massacrer tout le monde ! Heureusement, les gentils humains qui ont compris que le commandant Méchant était une enflure, aidés par Valérian, viennent à bout des robots et stoppent le compte à rebours des explosifs à…

… une seconde de la fin !

Bon allez, je m’en fous, je sors l’accessoire qui va bien.

« ÇA ALORS ! »

Voilà. Merci Diego, va reposer la boîte.

Ce film est un sandwich de poncifs avec sa garniture d’incohérences. Je pense qu’un collégien doit pouvoir écrire un truc plus crédible en dix minutes sur un coin de table, et surtout, plus intéressant. Le type qui a cédé les droits de la bande-dessinée à Besson doit s’être étouffé avec ses billets pour oublier, je pense.

Maintenant que tout le monde est sauvé, Valérian va retrouver Laureline au village des Mülets. Et après avoir savaté le commandant Méchant pour sa méchanceté, nos héros décident d’aider les Mülets plus avant. Valérian leur rend la dernière perle de leur planète, puis, Laureline s’apprête à leur remettre le transmuteur. Valérian bondit !

« Mais attends Laureline, enfin, non ! Cela va à l’encontre de nos ordres !
– Que… Valérian, on vient de péter la gueule de notre supérieur ?! Qu’est-ce que c’est que ce dialogue de merde ?
– Ne leur donne pas le transmuteur, c’est le dernier de son espèce !
– Mais on vient de leur donner la perle, qui est aussi la dernière de son genre, bougre de con ?! Pourquoi cette soudaine marche arrière ?
– Parce que les dialogues sont au niveau du film : nuls et incohérents.
– Ah oui, c’est vrai. Bon, ben du coup, je met mets au niveau : et siiiii je faisais un discours cucu la praline sur l’amour ?
– Ho oui ! ET ENSUITE, BISOUUUUUUUUS ! GNNNNN !
– Oui, bref. Alors Valérian, tu vois, c’est ça l’amour, c’est d’aller au-delà des règles, au-delà des ordres, se sacrifier pour l’autre, blablabla, violons, tout ça.
– Allez d’accord : donne-leur le transmuteur. »

Ce qui est dit est fait, et pendant que les Mülets essuient le sang qui a coulé de leurs oreilles après pareils dialogues, leur roi utilise le transmuteur pour dupliquer leur dernière perle, et s’en sert pour allumer l’énorme moteur au milieu de leur village.

Aussitôt, tout le village se met en mouvement, car c’était en réalité l’intérieur du vaisseau qu’ils ont construit avec amour ! Ils quittent donc la station Alpha en laissant un gros trou derrière eux, et s’en vont vers… hé bien… heu… on va dire qu’ils ont un plan, hein.

Derrière eux, ils laissent dans le trou béant le commandant Méchant, suspendu de manière ridicule, et qui respire très bien, quand bien même la coque de la station n’est plus étanche, merci.

Quant à Valérian et Laureline ? Ils ne sont pas restés avec les Mülets. Ils ont quitté leur nouveau vaisseau à bord d’une ancienne capsule spatiale humaine du début du XXIème siècle qui traînait dans le village Mület, et dérivent à bord en attendant les secours.

« MAINTENANT ON EST BLOQUÉS GNE VEU BISOUUUUU !
– Du calme Valérian.
– TIENS AGNETEDONNE UN CADEAU POUR NOUS MARIER GNNNN !
– Ho tu… tu as monté une des perles de Mül en bague. Une bague radioactive. Mais c’est super Valérian.
– GNA DONNE LE CANCER, GN’EST DONC UN PEU COMME MON AMOUR POUR TWA ! »

Quelque part, il n’a pas tort. Laureline cesse donc de lutter, s’enfonce son pistolet dans les narines pour se gratter le cerveau et ainsi atteindre le niveau intellectuel de Valérian, tous deux se font des bisous en attendant l’arrivée des secours et…

… FIN !

Je. Mais. Que. Qu’est-ce que je viens de regarder ?

Il y a aussi des plans très subtils, comme le prouve cette photo officielle tirée du dossier de presse.


Pour conclure, je laisse la parole à Mozinor, qui a résumé l’art du cinéma de M. Besson et son générateur automatique de film.

On a tous les éléments dans ce film :

  • Un mec
  • Qui se retrouve à protéger une fille (l’âme et la quête de Zumba)
  • À bord d’un vaisseau
  • Dans l’espace
  • À un moment, il demande de l’aide à une pute
  • Et il pète la gueule à de gros robots noirs

Hmmm. Quelque chose me dit que si je cherchais bien, on trouverait le logo Audi sur leur vaisseau.



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