Lecteurs, lectrices,
Je profite de la présente introduction pour paresseusement signaler que plutôt que de vous spammer honteusement d’articles pour vous signaler où je serai en tournée, tout cela sera désormais indiqué sur Twitter et Facebook, et pour ceux n’en disposant pas, hop, à droite de ce blog, vous trouverez un aperçu du compte Twitter où apparaît l’actualité du moment. Comme ça, vous saurez où vous pourrez me croiser prochainement. Par exemple, cette semaine, je serai à Bordeaux, puis à Levallois. Suivez donc les les réseaux qui vont bien.
Voilà, maintenant que j’ai trouvé un excellent prétexte pour faire moins d’articles d’annonces de tournée (parce que bon, on veut du spoiler, de la vidéo et de l’article de société, mon bon monsieur), passons aux choses sérieuses et parlons de Captain Marvel. J’entends par là qu’un film Marvel qui obtient 4/5 chez Télérama, cela doit être une sacrée réussite tant le magazine n’est pas connu pour être complaisant avec les grosses productions américaines.
Alors, Captain Marvel, serait-ce enfin un excellent film capable de bluffer les plus bougons ?
Spoilons, mes bons !
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L’affiche. Quand le personnage principal est lui-même source de flammes, nous savons où nous allons.
Tout commence… de manière chaotique.
Car notre héroïne, prénommée Vers (prononcer « Veursse »), se réveille par terre, ce qui est fort inconfortable, on en convient. Autour d’elle, c’est en plus n’importe quoi, puisque tout n’est que poussières, explosions et vieilles dames. Oui, vieilles dames. Voilà qui est peu banal. Car au-dessus d’elle, une petite vieille sourit à notre douce amie. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Pourquoi est-ce que le ménage laisse autant à désirer dans cet EHPAD ? Toutes ces questions n’auront pas de réponse de suite, car alors que Vers a du sang bleu qui lui coule des naseaux pendant qu’elle essaie péniblement de se relever, un alien pas beau sort des tourbillons de poussière avoisinants, la braque avec une arme et au moment où il tire…
Vers se réveille.
Elle est dans son lit, et autour d’elle, ni poussières, ni explosions, et encore moins de vieilles dames, ce qui est le signe d’une soirée réussie (sauf si vous êtes gérontophile, ne jugeons pas). En lieu et place, il n’y a que les murs froids d’une chambre spartiate, et voici que l’on découvre que notre héroïne vit sur une planète extraterrestre, Hala, qui n’est autre que la capitale de l’empire extraterrestre Kree. Vers est cependant bien embêtée, car après son étrange cauchemar, elle n’arrive pas à se rendormir, aussi va-t-elle frapper à la chambre voisine, dont la porte s’entrouvre quelques secondes plus tard pour révéler…
Tiens ? Jude Law, vous ici ?
Bon, eh bien on peut arrêter le film. Je sais déjà qui est le traître.
Comment je le sais ? Mais à cause d’une règle toute simple du cinéma : si vous engagez un acteur connu, ce n’est pas pour jouer un second rôle. Donc s’il n’est pas directement annoncé comme étant le gentil, c’est fort probablement que c’est le méchant. Je vous laisse vérifier chez vous, mais attention : vous risquez de vous gâcher bien des films policiers, en découvrant que lorsqu’ils interrogent des suspects, c’est toujours l’acteur que vous avez déjà aperçu ailleurs qui est le coupable (ou au pire, le pivot de toute l’enquête).
Mais revenons à Vers qui vient de réveiller Jude Law. Étant donné que je n’ai même pas réussi à retenir le nom de son personnage, nous l’appellerons Kreestian.
« Hmmm ? Kékecé ?
– Kreestian… j’ai encore fait ce cauchemar…
– Vers, écoute, t’es gentille mais il est deux heures du matin, là. Tu veux que je te chante une chanson et que je te mette une veilleuse ?
– Nan… je veux faire… LA BAGARRE ! »
Voilà. Vers a donc la maturité intellectuelle d’un enfant de quatre ans. Le bon réflexe serait de lui mettre une torgnole, un pied au cul et de ramener Vers dans son lit avant de vérifier gentiment s’il n’y a pas le pape en-dessous, mais Kreestian étant bien brave, il accepte de quitter son lit douillet pour aller faire la bagarre en salle de bagarrade avec son amie aussi insomniaque que neuneu. Vers et Kreestian se font face, et commencent à s’envoyer des coups dans la truffe. Cependant, Kreestian a l’avantage à mains nues… jusqu’à ce que Vers révèle qu’elle a un super pouvoir : elle peut balancer des jets de photons depuis ses mains, ce qui fait plutôt bobo.
Bon, bobo, mais pas trop : ainsi, quand Vers tape à côté ça troue les murs, les portes et tout ce qui passe, mais si jamais elle touche un être vivant, hop, soudain, ça se contente de le propulser en arrière comme s’il avait pris un gros coup de poing magique dans le bidou. Une bien belle technique pour éviter d’avoir à interdire le film aux moins de 16 ans, c’est subtil. À peu près aussi incohérent qu’une mitrailleuse qui ferait des trous partout, sauf dans les gens, mais subtil.
Kreestian, lui, goûte cependant peu de se prendre des photons dans la gueule, déjà parce que ça pique, et ensuite, parce qu’il ne sait pas où ces photons ont traîné avant de finir sur lui.
« Vers ! Tu dois te battre à mains nues, pas avec tes pouvoirs !
– Mais c’est plus facileuuuuh !
– Apapap. Un vrai guerrier kree peut vaincre n’importe qui avec ses mains, fut-ce un meuble Ikea. Je t’ai formée pour y arriver. Si tu veux partir en mission, tu dois gagner un combat avec ta force et ta technique, pas en te laissant aller à tes émotions et en envoyant des photons dans la gueule des honnêtes gens.
– Mais je sais que tu n’es pas honnête : tu es Jude Law et on vient de voir plus haut que…
– Chut j’ai dit ! Si tu m’envoies encore une fois des photons, je te préviens, je t’emmène chez l’Intelligence Suprême qui dirige notre civilisation, et ça bardera pour ton cul ! Parce que le pouvoir de balancer des photons, nous te l’avons donné grâce à une puce implantée dans ton cou, mais nous pouvons aussi la reprendre !
– Mais heuuuuu !
– Pas de mais heu qui tienne ! Tu te calmes !
– Naaaan !
– TU TE CALMES J’AI DIT ! »
Mais pour seule réponse, notre pauvre ami reçoit un nouveau jet de photons tout sales dans la gueule. Quand Vers fâchée, elle toujours faire ainsi.
En conséquence, Kreestian, un peu bougon avouons-le, décide d’emmener sa protégée chez l’Intelligence Suprême, qui comme évoqué plus haut, est l’intelligence artificielle qui gouverne l’empire Kree. Notez que confier son peuple à une intelligence artificielle a bien des avantages : il y a moins d’élections à gérer, les déplacements diplomatiques sont peu coûteux, et franchement, qui n’a pas envie d’avoir son chef d’état compatible avec son smartphone pour lui parler directement ? Imaginez toutes les possibilités.
« Ok Emmanuel, pense à rajouter des haricots sur ma liste de course. »
« Ok Emmanuel, lance ma playlist « Soirée en boîte avec Christophone Castener » sur Deezer. »
« Ok Emmanuel, qui est Alexandre Benalla ? »
Je plaisante bien sûr : la troisième commande fait automatiquement planter Elysee.exe. Mais revenons à nos moutons.
Vers est emmenée jusqu’au palais de L’Intelligence Suprême, où il est possible d’entrer en contact avec ladite intelligence. Ce qui intrigue notre héroïne.
« Mais au fait Kreestian, à quoi ressemble l’Intelligence Suprême ?
– Elle apparaît à chacun sous une forme différente. Une forme qui représente pour nous un être digne et respectueux.
– Ah oui ? Et toi, elle prend quelle forme ?
– C’est un secret. »
Car Kreestian ne veut pas avouer que pour lui, l’Intelligence Suprême prend la forme du Joueur du Grenier.

« Oui ben moi, je respecte un mec qui rejoue volontairement au niveau sous-marin des Tortues Ninja »
En attendant, Vers est introduite au palais de l’Intelligence, ce qui est assez inattendu quand on la connait, et est invitée à s’installer sur une espèce de piédestal où se trouve une sorte de flaque de métal liquide, qui à son contact, se transforme en circuits qui couvrent sa peau pour quelle puisse rentrer en communion avec l’intelligence (un simple écran, c’eut été moins prestigieux). Et pouf, soudain, Vers ouvre les yeux et se retrouve dans une sorte d’espace un peu vide où elle est en présence… de la mamie de ses cauchemars !
« Mais ? Vous êtes supposée prendre l’apparence de quelqu’un que je respecte ! Et je ne sais même pas qui est cette mamie !
– Probablement quelqu’un que tu respectais et qui est encore dans ton inconscient… après tout, il est vrai que tu étais amnésique lorsque nous, les Kree, t’avons trouvée il y a des années, Vers. Mais là n’est pas le sujet. Tu es ici parce que tu n’arrêtes pas de balancer des photons dans la gueule de Kreestian, et il en a un peu marre, ma petite Vers.
– Mais c’est parce que je m’ennuie, heuuuu !
– Ce n’est pas une raison. Trouve-toi une activité, comme la pâtisserie, le macramé ou un bullet journal. Je ne sais pas, moi. Tu vas pas me faire le coup de l’enfant hyperactif/dyslexique/zèbre/relou.
– Mais je veux balancer les photoooons !
– Bon, écoute moi bien. Tu sens la puce que tu as dans le cou ? C’est celle que nous t’avons greffée pour te donner ce pouvoir. Alors n’oublie pas que comme Kreestian l’a dit, ce que nous donnons, nous pouvons aussi le reprendre. Surtout si je te reprends à faire des bukkakes photoniques en douce.
– Maiiiiiis…
– Ça suffit. De toute façon, je pense que tu es prête.
– Prête ?
– Prête pour partir en mission. »
Ah. Eh bien je ne sais pas d’où nous vient cette intelligence artificielle incroyablement avancée, mais elle doit être sous Windows XP pour être autant aux fraises. Non parce que personnellement, on m’envoie une recrue qui réveille toute la base à deux heures du matin parce qu’elle a fait un cauchemar, qui utilise ses armes sur ses petits camarades pour déconner et qui admet ne pas se contrôler, ce n’est pas en mission que je l’envoie, mais au gnouf. Mais chez les Kree, non : une guerrière débile reste une guerrière, allez hop, au front. Probablement dans un bataillon disciplinaire. Celui constitué des gens qui n’ont jamais réussi à déchiffrer le programme télé lors de leur journée d’appel.
Vers est ainsi affectée à une escouade menée par Kreestian, qui explique de quoi il retourne.
« Bonjour Vers. Heureux de te voir parmi nous pour ta première mission où tu as été affectée de manière complètement crédible. Laisse-moi plutôt t’expliquer la situation : comme tu le sais, les Krees sont en guerre contre les Skrulls.
– Avec des noms pareils, on dirait le premier chapitre d’un roman de fantasy mal inspiré.
– Certes. Mais toujours est-il que sur l’une des planètes à la frontière de notre empire, Star-Bourg, l’un de nos espions est en difficulté. Sa couverture est grillée et il a besoin d’être exfiltré avant que les Skrulls ne le trouvent.
– Attendez… si c’est une de nos propres planètes… on n’a pas des gens sur place ?
– Ah heu… apparemment… non. C’est une de nos planètes, mais en fait, on n’y habite pas. On doit probablement juste s’en servir comme Air BnB. Bon, bref, c’est pour ça, on y va, on le retrouve, et on l’embarque. Et au moment de la prise de contact, on lui demande le mot de passe, puisque comme vous le savez, les Skrulls peuvent prendre n’importe quelle apparence. Aussi, assurons-nous de ramener l’espion, et pas un ennemi. Un dernier mot : on n’interagît pas avec la population locale. On se fait discret et on part.
– Okay.
– Ah, j’oubiais : LA MISSION COMMENCERA DONC PAR UN BOMBARDEMENT GÉANT DE LA ZONE DEPUIS L’ORBITE. »
Pardon ?
C’est ce que vous appelez être discret ? Pourquoi pas. Quant au peu d’interaction avec la population locale : c’est vrai qu’un missile dans la gueule, c’est assez anodin ; les gens le remarquent peu, surtout quand ils sont dispersés en dix-sept endroits différents après impact.
Plus sérieusement, pourquoi ? Pourquoi rajouter cette partie du dialogue ? Puis une scène géante de bombardement qui pourrit l’intrigue ? Quelques millions de dollars de cramés pour rendre le film moins bon, c’est ce que j’appelle du talent. J’espère que ce film finira nominé aux Oscars, comme Black Panther.
En attendant, la mission commence : la navette de Kreestian, Vers, Jean-Jacques, Jean-Jacques, Jean-Jacques et Jean-Jacques s’envolent donc vers la planète frontière avec quelques bombardiers, qui ont tôt fait de transformer une zone urbaine en réplique de Saint-Denis en l’espace de quelques instants, permettant dans la confusion générale à nos héros de plonger depuis l’orbite pour rejoindre la surface et progresser dans les ruines encore fumantes pour découvrir que le signal de leur espion… émet depuis un temple tout proche.
« Super ! Il est là !
– Kreestian, est-ce que tu es en train de dire qu’on a bombardé la zone sans savoir où était notre homme ?
– Oui pourquoi ? »
Oh, mais pour rien Kreestian, enfin. Tiens, fais attention, tu baves quand tu parles. Tout cela est bien naturel. Et bien malin, surtout.
La fine équipe progresse vers le temple, et aperçoit des autochtones autour d’elle. Pour l’instant, ils ne sont pas repérés mais… le temple, lui, pue l’embuscade d’après Kreestian. Raison pour laquelle Vers s’exclame :
« Bon ben on y va alors ?
– Je viens de dire que c’était une embuscade ! Tu pourrais faire attention quand on parle, c’est quand même ton film !
– Alleeeeeeeeeez ! Steuplééé !
– Bon, d’accord. Quand on me dit steuplé, je dis oui. Jetons-nous dans l’embuscade. »
Vraiment. Non mais vous nous le dites si on vous fait chier. C’est quoi ? Un concours entre scénaristes ? Les mecs ont parié à qui caserait le plus de discussions et décisions absurdes dans le scénario ? Ou bien est-ce comme le service public français : on leur a dit que s’il ne cramait pas tout le budget, ils auraient moins l’année prochaine, aussi ils gaspillent leur argent en scènes absurdes ?
Le mystère est entier, le suspens, moins puisque… oh ben ça alors, c’est une embuscade !
L’espion est bien à l’intérieur du temple, et connait même le bon mot de passe pour se faire reconnaître, mais c’est tout de même un Skrull ! Idem pour les autochtones : aussi des Skrulls ! Ils sont encerclés ! C’est la bagarre, piou-piou-piou le pistolet laser, takakata la mitrailleuse à plasma, et splalaplash les tirs de photons. Mais hélas, si toute l’escouade de nos amis parvient à s’en sortir… c’est à une exception près : Vers ! Celle-ci est capturée par le faux-espion, qui a tôt fait de lui envoyer quelques milliers de volts dans les gencives à l’aide de son arme, pour l’aider à dormir, veilleuse ou non. Une technique que je ne saurais que trop recommander : vous n’imaginez pas tout ce que l’on peut guérir par l’électricité. Une bonne batterie, des pinces crocodiles, et en avant la science. Le fils de ma voisine, présenté comme « hyperactif » pour justifier de ses intrusions sur ma propriété, par exemple, va beaucoup mieux depuis. Il a juste gardé une légère sensibilité des tétons, mais là n’est pas le sujet.
Car Vers, elle, dort et pour une fois, ne cauchemarde pas. Mais tout de même : elle voit des choses étranges.
Elle est plongée dans son passé. Celui qu’elle avait oublié. Et revit différents moments.
Le jour où petite fille, elle faisait du karting et que papa l’a engueulé parce que les filles, c’est supposé préférer les calèches.
Le jour où à l’armée, on s’est foutu d’elle parce qu’elle n’arrivait pas à grimper à la corde.
Le jour où elle a salué sa copine pilote de chasse black peu avant qu’elles n’aillent rejoindre leurs appareils respectifs.
Le jour où elle a réussi à voir un film français qui ne traite pas d’amour, de divorce, de bande de potes ou de discrimination.
Le jour où elle a commencé à travailler sur le projet Pégasus avec Mamie Stérieuse et…
« Aaaaattendez les gars, je crois qu’on a trouvé ce qu’on cherchait ! Revenez sur ce souvenir ! »

Dans ses souvenirs, Vers passait aussi beaucoup de temps à caresser son avion. Probablement afin de le préparer au saut d’obstacle.
Vers est perplexe. Elle était pépère dans ses souvenirs, et c’est vrai qu’il y a des voix étranges qui parlent pendant qu’elle les revit. Peut-être qu’elle est morte et qu’elle voit sa vie défiler, mais en édition Director’s Cut avec les commentaires du réalisateur ? Car oui, elle entend des voix qui disent va plus en avant, reviens en arrière, fais pause, zoome, attends, bref, ça sent les mecs en train de jouer avec le DVD de ses souvenirs, et ça, ça l’embête.
Aussi elle ouvre les yeux… et constate qu’elle est attachée à une machine qui lui triture le cerveau (ça doit être de la nanotechnologie), et qu’autour d’elle, il y a plein de créatures vertes aux oreilles pointues : des Skrulls lorsqu’ils ne sont pas déguisés ! Damnation ! Ces galopins sont en train de fouiller sa mémoire ! Voilà qui explique comment ils avaient eu le mot de passe que l’espion devait donner. Vers doit les arrêter… de préférence, avant qu’ils ne commencent à fouiller ses souvenirs des recherches Google qu’elle fait lorsque personne ne la regarde. Ou ses favoris sur DeviantArt.
Ni une, ni deux, usant de sa capacité à envoyer du photon dans tous les sens, notre héroïne a tôt fait de se libérer, de détruire la machine, et de courir dans tous les couloirs de ce qui s’avère être un vaisseau skrull. Mais finalement, à force de faire des trous dans tout ce qui passe (sauf les gens, je vous le rappelle), elle finit par percer la coque de la nef spatiale, et la voici aspirée dans l’espace, heureusement protégée par sa combinaison de combat qui contient moult gadgets, dont un casque déployable qui protège du vide.
Pardon ? Qu’est-ce qu’elle fait avec sa tenue de combat sur elle ? Ah non, personne n’avait pensé à lui retirer quand ils l’ont faite prisonnière, pourquoi ?
Toujours est-il qu’à ce moment précis, le vaisseau passait non loin de la planète C-53, aussi appelée la Terre, et notre amie traverse l’atmosphère sans problème avant de s’écraser, là encore sans même se tordre la cheville (c’est bien normal), au milieu d’un magasin de location de cassettes aux Etats-Unis.
Car nous sommes en 1995, ce que le film s’était bien gardé de nous dire jusqu’ici.
Notez que notre héroïne a du bol d’être tombée ici. En 1995, par exemple, c’était une très mauvaise année pour atterrir à Moruroa, mais passons.
Après s’être dégagée d’une pile de VHS de Robocop 2, Vers se relève fièrement pour quitter la boutique et découvrir que tout le raffut qu’elle a fait a attiré un agent de sécurité qui patrouillait dans la zone commerciale. Bon, en voyant une blonde en tenue de l’espace sortir du magasin, il pose peu de questions (il est comme ça), et lorsque Vers demande si elle est bien sur la planète C-53 et où elle peut trouver de quoi communiquer, il se contente de lui pointer la cabine téléphonique la plus proche. Les agents de sécurité sont décidément des gens bien serviables, toujours prêts à servir, un peu moins à faire, je ne sais pas, moi, de la sécurité ?
Enfin. En combinant habilement les gadgets de sa tenue de combat, le téléphone, un bottin galactique et un appel en PCV qui fera date, Vers parvient à joindre Kreestian, qui se promenait paisiblement avec ses Jean-Jacques dans un coin de l’espace.
« Kreestian ? Devine d’où je t’appelle ?
– Vers ! Nom d’une pipe stellaire, on te pensait morte !
– Non, rassure-toi. Cérébralement, oui, mais sinon, ça va. J’ai juste été capturée par les Skrulls. Après, ils m’ont attaché à une machine rigolote et fouillé la mémoire à la recherche de secrets militaires, mais ils sont juste tombés sur des trucs sans importance. S’ils te parlent de films français que je regarderais en cachette en me frottant des photos de Francis Huster contre moi sache que c’est un mensonge. Voilà.
– Qu’importe, Vers. Où es-tu ?
– Sur la planète C-53. Mais ils ont une technologie pourrie. Je suis obligé d’utiliser celle de ma combinaison pour t’appeler.
– Parce que les Skrulls t’ont laissé ta combinaison ? La vache, c’est con.
– Oui, et tu veux qu’on parle de ma combinaison pétée d’électronique, et de ma puce dans le cou, que justement, personne n’a pensé à pister pour me retrouver ?
– Okay, j’ai rien dit. Écoute, nous pouvons être là dans 22 heures, alors ne bouge pas et…
– HO BEN NON ÇA COUPE J’AI PLUS DE PIÈCES ! »
Parce que oui, la technologie terrestres n’oublie pas de demander du pognon à un moment, fut-ce un appel piraté vers la galaxie. Cette cabine téléphonique appartenait probablement à la SACEM.
Mais à peine Vers a-t-elle raccroché que derrière elle arrivent des gens qui ont été avertis par la sécurité du coin qu’une fille en tenue d’astronaute venait de tomber du ciel. Et ces gens… ce sont les hommes du SHIELD, l’unité secrète terrienne chargée de surveiller les activités étranges aux quatre coins du monde, comme les mutants, les extraterrestres, ou encore les joueurs de Fortnite. Et dans le cas présent, elle est menée par un larron encore jeune : un certain Nick Fury, accompagné de sa dernière recrue, Phil Coulson. C’est l’ami Fury qui va faire connaissance avec la nouvelle arrivante.
« Bonjour Mademoiselle, je suis Nick Fury. Et vous êtes ?
– Vers.
– Hmmm mouiiii, mais encore ? Passons sur votre nom tout pourri. Vous pourriez nous expliquer pourquoi des témoins vous ont vus tomber du ciel ?
– Tout à fait. Figurez-vous que je suis une Kree et que j’étais à bord d’un croiseur skrull en orbite autour de votre planète, lorsque je me suis échappée. Dans la bagarre, je crois que j’ai un peu pété leur croiseur, donc peut-être qu’il y a des survivants pas loin qui se sont eux aussi éjectés. Méfiez-vous, parce qu’ils peuvent changer d’apparence.
– Attendez… vous êtes une Kree ?
– Oui. Les Kree sont une race de guerriers nobles et héroïques.
– …
– Quoi, vous n’avez jamais entendu parler du Kree qui tue ?
– Okay, je l’ai pas vue venir. Vous êtes forte. Et vous pourriez trouver un jeu de mots avec les Skrulls, aussi, là, au débotté ?
– Donnez-moi deux minutes, et… »
J’interviens ici pour préciser un point très importante : Nick Fury… est gentil, limite débile (mais nous y reviendrons), et surtout, insiste lourdement sur le fait qu’il ne croit pas un traître mot de ce qu’elle raconte, parce que les trucs venus de l’espace, uhuhu, ça n’existe pas.

« En voiture Coulson ! Il est grand temps d’aller expliquer à quelqu’un que nous ne croyons pas en ce pourquoi notre agence existe ! »
Rappelons que Nick Fury travaille pour une unité ultra-secrète chargée de ne s’intéresser qu’à des choses qui, justement, sortent du domaine du connu. Et là, on nous explique que face à l’inconnu… il n’y croit pas plus que n’importe quel péquin de base.
Voilà voilà. Quelqu’un, en écrivant ce film, a oublié que le boulot de Nick Fury, c’était justement de faire exactement l’inverse de ce qu’il fait là. Je vous le dis : je pense définitivement qu’il s’agit d’une vaste blague entre scénaristes. Les mecs étaient bourrés, ont vomi sur une feuille dans un bar du Dakota, un producteur tout aussi cuit est tombé sur le papier encore humide, et paf, il a décidé de produire le tout.
Heureusement, les scénaristes, bien malins, savent faire oublier ces détails aisément grâce à une ruse fort simple : soudain PAN PAN BOUM ! Depuis les toits voisins, des civils sortent des armes du futur et commencent à tirer sur le petit groupe qui papotait autour de la cabine téléphonique. Ce sont des Skrulls qui ont survécu, effectivement, et qui sont bien décidés à raboter la tronche de Vers au laser s’il le faut pour remettre les compteurs à zéro.
Évidemment, ils tirent tous à côté, et c’est Vers qui se lance finalement à leur poursuite avec sa force, sa vitesse et son agilité de surhomme, voire de surfemme, alors que ses ennemis tentent de changer d’apparence pour lui échapper. Mais ça ne prend pas, et elle les poursuit longuement en faisant moult acrobaties sur des métros, pendant que Nick Fury et Coulson tentent de la suivre en voiture. Du moins un temps, car Nick Fury réalise soudain que son voisin de voiture… est en fait un clone de Coulson. Et parvient à le tuer pour le voir reprendre sa vraie apparence : celle d’un extraterrestre moche aux oreilles pointues. Voilà qui est embêtant, mais qui achève de le convaincre qu’effectivement, il y a des invités sur sa belle planète. Blessé dans l’affaire (Nick a subi un fort gros accident de voiture tant il est déconseillé de se battre avec des aliens au volant ; purger le xenos ou conduire, il faut choisir), notre agent du SHIELD va se faire soigner à l’hôpital du coin, pendant que Vers, elle, n’est pas parvenue à rattraper sa dernière cible, et décide de changer de plan.
Car la machine à fouiller ses souvenirs a réveillé quelques vieilles images dans son petit crâne, et elle a le nom d’un bar en tête, où elle se revoit danser, rire et bien sûr, chanter « Tourner les serviettes » debout sur une table. Ni une, ni deux, elle se renseigne comme elle le peut d’un coup de Altavista sur modem 56K, vole un blouson, une moto, et tel un Terminator, fonce vers l’adresse d’un bar au milieu du désert.
Quel coup de bol qu’elle ait atterri sur le bon continent, et pas trop loin de là où elle a des souvenirs ! Elle serait tombée à Reims, elle aurait été bien embêtée pour retrouver son bled seulement aidée d’un Minitel.
Pendant ce temps, Nick Fury, lui, est revenu de l’hôpital (ce n’est pas un hôpital français, sinon, il y aurait passé le film et les dix-sept suivants en attendant dans un couloir) et se trouve à la morgue du SHIELD pour y découvrir le corps de l’extraterrestre mort qui a été extrait de son véhicule accidenté. Son patron rentre au même moment dans la pièce pour faire le point avec notre ami.
« Ben alors mon petit Nick ? On vous laisse deux minutes et on vous retrouve à trimbaler des cadavres aliens encore chaud, gros coquinou ?
– Non mais il avait pris l’apparence de Coulson ! Ces créatures sont venues nous infiltrer !
– Ouais ouais, c’est ça, c’est elles qui voulaient vous infiltrer… hem, bon, enfin… en ce cas, n’en parlez à personne !
– Quoi ? Mais attendez, au contraire, on ne devrait pas…
– Tututu, c’est qui le patron ? N’en parlez à personne, enquêtez seul, et vous n’aurez aucun moyen supplémentaire malgré cette découverte majeure et prioritaire pour notre service.
– C’EST PAS DU TOUT SUSPECT, DITES VOIR ! »
Et sitôt que Nick Fury a quitté la pièce, le patron du SHIELD fait discrètement un bisou au cadavre alien : c’est un nécrophile !
Attendez, non, ce n’est pas ça la vraie information : c’est un alien déguisé ! Alors ça, si on s’en était douté, dites voir !
J’insiste. Là encore, retirez la scène où le patron du SHIELD dit à Nick Fury qu’il ne doit surtout rien dire des ennemis infiltrés, et qu’il doit travailler seul sur le sujet, et vous avez un truc un peu plus intéressant. Mais non : encore un peu plus de dollars brûlés sur l’autel de la bêtise. Sinon, vous pouvez me les donner, braves gens : nous gagnerons du temps.
Mais au fait, si Nick Fury doit enquêter seul, il doit retrouver Vers pour commencer. Et comment faire ? Ma foi, c’est fort simple : on a signalé un vol de moto réalisé par une blonde en combinaison spatiale, ce qui d’après Nick, ne peut correspondre qu’à Vers ou Lova Moor. Or, Lova Moor étant plus proche des Superbus que des motos normales, Nick en déduit que c’est bien Vers qui a fait le coup. Et bon, pour sauver une intrigue un peu maladroite qui n’explique pas comment il découvre où Vers comptait se rendre, on va dire qu’il a retrouvé le cybercafé où elle a fait ses recherches, l’ordinateur utilisé, la recherche Altavista du bar, et qu’il a fermé les yeux sur le reste de l’histoire pour ne pas perdre deux points de santé mentale, là, tout de suite, tant « Inter racial » devient beaucoup plus rude lorsque l’on parle de films coquins à l’échelle galactique, mais passons.
Ainsi, lorsque Vers et sa moto arrivent enfin au bar tant recherché au fin fond du désert américain, à peine est-elle entrée (Vers, pas la moto) que notre héroïne a des flashbacks. Elle se revoit, dansant ici, rire là, chanter du Patrick Sébastien ici, avec son ami black en costard qui…
« Attendez ! Vous n’êtes pas un flashback ! Vous êtes un monsieur noir en costard qui me fixe lourdement !
– Oui, je suis Nick Fury. Et je vous ai retrouvée.
– Une seconde, Monsieur Furry !
– Fury, avec un seul R. Furry, c’est autre chose, et ni vous ni moi ne voulons en parler, plus encore avec Nick accolé devant.
– Que… bon, écoutez, je dois vérifier que vous n’êtes pas un Skrull déguisé. Or, les Skrulls lorsqu’ils copient quelqu’un, copient jusqu’à son ADN. Et une partie de sa mémoire, mais pas tout. Aussi, je vais vous poser des questions, et nous verrons si vous avez les réponses. Comment s’appelait votre chien ?
– Mais ? C’est complètement con comme question puisque vous ne pouvez pas connaître la réponse ! Donc je peux répondre n’importe quoi !
– Oui mais le scénario a aussi oublié ce détail.
– Et puis comment savez-vous ce qu’est un chien ? Vous ne saviez même pas ce qu’était un téléphone en arrivant !
– Scénario. Détail. Allez, répondez.
– Bon ben… Monsieur Toutou.
– Donnez-moi une information ridicule sur vous.
– Je n’arrive pas à manger les toasts coupés en triangle. »
Je précise que le nom du chien ainsi que cette histoire de toast sont les vraies réponses. Qui n’apportent rien… si ce n’est de faire passer Nick Fury pour un con. Car en effet, ce film souffre du syndrome dit de Thor 3 : tout doit être rigolo, tout le temps. C’est donc à Nick « Jar Jar » Fury qu’il revient d’être ridicule en permanence, de se plaindre sans cesse, de faire des bêtises dignes d’un enfant de 5 ans, et d’avoir des dialogues écrits par le marmot cité ci-avant.
Oubliez Nick Fury, le directeur du SHIELD plein de secrets, et dites bonjour à Nick Fury, l’apprenti Gad Elmaleh. J’espère qu’il va nous parler de sa banque.
Mais revenons à nos héros.
« Bon, maintenant, à vous de me prouver que vous n’êtes pas une Skrull, Vers.
– Okay… TIR DE PHOTOOOOOOOOOOOOOOOONS !
– Vous savez que vous n’aviez pas besoin d’exploser la moitié du bar pour me prouver ça ? Surtout que comment pourrais-je savoir que les Skrulls n’envoient pas aussi du photon ?
– Je ne sais pas. Nous sommes tous un peu neuneus, je crois. »
Oui, je crois aussi.
En attendant, Vers explique la situation à Nick. D’après elle, la machine à fouiller la mémoire des Skrulls a réveillé des souvenirs, et elle aurait donc vécu sur cette planète par le passé, avant de perdre la mémoire. Et dans ses souvenirs, il y a toujours cette mystérieuse mamie. Qui portait parfois des blousons d’aviateur avec marqué « Pegasus » dessus. Or, cela rappelle à Nick un vieux projet mené sur une base aérienne voisine… tous deux prennent la voiture du brave Fury et se rendent sur place pour découvrir de quoi il retourne, voire retourner des truffes au besoin. Sur place, et grâce au badge du SHIELD de Fury, ce dernier les emmène au cœur de la base… où personne ne reconnait Vers, qui est pourtant supposée avoir bossé là durant des années.
Quelque chose me dit que quelqu’un n’a pas manqué à ses collègues.
Sauf que non seulement le personnel ne reconnait pas notre spatio-blonde, mais ils ont visiblement aussi un peu de mal avec les terro-blacks. Et décident d’enfermer temporairement les deux compères dans un bureau le temps de comprendre pourquoi ils sont venus fouiner par ici. Nick en profite pour glisser qu’il a été agent secret avant de rejoindre le SHIELD, et avec moult ruses, parvient à tromper les serrures à lecteurs d’empreinte de la base. Ils vont pouvoir évoluer discrètement dans celle-ci pour aller jusqu’à la salle des archives et…
Vers se met soudain à défoncer toutes les portes à grands renforts de tirs de photons. Parce que la subtilité de Nick, c’était chiant.
Voilà voilà. Dites voir ma petite Vers, en plus d’avoir acquis des pouvoirs photoniques dans l’espace, vous n’auriez pas aussi acquis un chromosome de trop, hmmm ? Le titre original du film devait être Captain Corky, mais passons.
Et encore, je vous passe comment Nick tombe sur un chat dans la base, et passe son temps à le câliner en répétant « Chékilebonchachaàsonpépère? » pour rappeler qu’il est ridicule et un peu con-con. Qu’est-ce qu’on se marre. Tenez, Diego a dû me scotcher les côtes pour éviter l’implosion tant je riais, vous l’imaginez bien. Tout cela était si drôle, tenez, j’ai rarement autant pensé à la mort.
En tout cas, mystérieusement (ou parce que le scénario est la seule vraie blague du film), ces explosions dans la base n’inquiètent personne, et nos héros peuvent progresser en paix jusqu’à la salle des archives. Où ils ont tôt fait de trouver la boîte correspondant au projet Pegasus, qui était un projet mené par une certaine Mamie, scientifique qui tentait de créer un moteur supraluminique. Le projet a été arrêté brutalement il y a quelques années lorsque le prototype s’est crashé avec à son bord Mamie et la pilote qui l’accompagnait, les tuant toutes deux tant les mamies, déjà que ça encaisse mal une chute d’escabeau, alors un crash, d’avion, bon. Une photo de la zone du crash montre qu’il y a eu une grosse explosion et qu’il ne restait pas grand chose de l’appareil. Mais une autre photo montre… la fameuse Mamie avec à ses côtés une pilote noire que Vers avait entrevue dans ses souvenirs et… elle-même !
« Nick ! Regardez, j’ai participé au projet Pegasus ! Sur la photo, là, c’est moi !
– Ah ben oui dites voir. Mais le dossier dit que vous êtes un peu morte, quand même.
– Peut-être juste cérébralement ?
– Au vu de vos répliques, c’est crédible.
– Bon, il faut retrouver cette pilote noire. C’est d’après ce dossier la dernière personne à m’avoir vue vivante, elle doit en savoir plus sur mon passé mystérieux !
– Okay heu… fouillez un peu moi je… j’ai super mal au bide, je dois y aller. »
Quel feinteur, ce Nick. Car la réalité est plus sombre encore que le caca qu’il prétexte : Nick a en fait utilisé un bipeur pour signaler au SHIELD qu’il était sur la base avec la cible. Et le SHIELD vient d’arriver en force et en flingues avec à sa tête… son patron, le fameux alien déguisé. Hélas pour Nick, il comprend bien vite que son boss est un Skrull qui a retourné le SHIELD contre lui. Comment ? Car il note des propos incohérents chez lui.
« Patron, j’ai trouvé la fille ! Elle est dans la salle des archives !
– Bien joué Nicolas.
– Que… personne ne m’appelle Nicolas. Tout le monde m’appelle Fury.
– Ahaha oui je… je le savais. Je vous testais. Hem.
– Okay… bon, on va l’attraper alors ? Comme… on a fait à La Havane ?
– Oui, comme à La Havane. Hahaha. C’est cela. Voilà. Je m’en souviens tout à fait.
– On l’attrape comme… la justice a attrapé Jack Chirac et Patrick Balkany ?
– Voilà, pareil. Bien attrapés.
– Et ensuite on la confie à quelqu’un de confiance, quelqu’un d’honnête, de droit et de sympa ? Comme Jean-Vincent Placé ?
– Oui ! Oui, c’est exactement… aaaattendez, même dans l’empire skrull on sait que Jean-Vincent Placé vendrait son slip pour deux voix de plus ! Vous m’avez démasqué, petit rabouin ! »
Et le patron du SHIELD d’ordonner à ses hommes de capturer Nick Fury. Ce dernier se retrouve en bien mauvaise posture, contrairement à Vers, qui elle, a réussi à filer. Mais en entendant que Nick Fury est dans la mouise, et même si elle a bien compris qui a averti le SHIELD, elle a aussi pigé que le patron de l’agence était un Skrull. Aussi vole-t-elle au secours de son nouvel ami avant de s’enfuir avec lui à bord d’un prototype de navette piqué sur la base, non sans avoir bien évidemment d’abord envoyé des photons tout sales sur les honnêtes gens.
Tous deux se rendent alors jusqu’à la dernière adresse connue de la pilote noire, qui ça tombe bien, vit toujours dans une maison isolée, seule avec sa fille.
Quel coup de bol : elle aurait vécu dans un petit pavillon urbain, c’eut été plus compliqué de se poser discrètement dans le jardin sans se prendre une prune pour tapage.
Et parlons-en de la fille de la pilote qu’ils viennent voir, car si vous n’avez pas vu le film, sachez que vous aurez envie de lui déchausser les dents à coups de batte à chaque fois qu’elle ouvrira la bouche, car l’enfant est une enfant de film américain : elle se mêle de tout, surtout de la vie des grands, s’exprime comme une adulte (ou comme un adulte qui ne saurait pas écrire des dialogues d’enfants), et a bien évidemment toujours raison.
C’est bien simple, plus vous entendez cet enfant parler, plus vous vous demandez jusqu’à combien monte le four de votre cuisine.

J’ai choisi une photo de Maria où l’on ne voit pas sa fille. Ce n’est pas pour vous embêter, c’est juste que sinon, je strangule tout ce qui passe.
Aussi, oublions ce petit étron remuant, et revenons-en à Vers et Fury, qui rencontrent ainsi Marie, la pilote précédemment évoquée.
« Vous devez être Marie ? Je m’appelle Vers et je…
– Carol ? C’est toi ? Nom d’une pipe, alors ça !
– Carol, c’est donc mon nom ?
– Non mais c’est pas le sujet ! Il y a six ans, paf, tu meurs ! Et là, hop, tu reviens, pas bonjour, pas s’il-vous-plaît, je sais pas où t’étais, mais c’était visiblement pas chez Nadine de Rothschild !
– Je m’appelle Carol ! C’est formidable !
– Okaaaay… bon, écoute, je vais t’expliquer. Il y a six ans, tu étais comme moi, pilote d’essai. Tu étais avec Mamie dans son prototype volant quand vous vous êtes plantées comme deux grosses buses. Tout ce que l’on a retrouvé de toi, c’est un bout de ta plaque d’identification coupée en deux. On peut encore y lire « Carole Dan… » comme le début de « Carole Danvers » ».
– Oh ! Et Kreestian, lorsqu’il m’a trouvée, a récupéré l’autre bout ! Il y avait seulement « Vers » sur la deuxième partie de la plaque, aussi il a pensé que c’était mon nom ! « Vers » ! »
Eh ben. Je vous rappelle que là-dehors, il existe une actrice appelée Kirsten Prout. J’espère qu’il ne lui arrivera pas la même mésaventure.
Mais alors que tout le monde papote joyeusement voici que rentre dans la pièce… un Skrull ! Et sous son apparence naturelle ! Il est sur le point de se faire photoner la margoulette, quand il fait signe qu’il vient en paix. Bon, certes, il a aussi pris la fille de Maria en otage, mais à ma grande déception, il ne l’exécute pas. Voyons tout de même ce qu’il veut.
« Du calme les enfants, je viens discuter.
– Tu veux pas plutôt nous expliquer comment tu nous as retrouvés ?
– Hmmmm… non. Mais qu’importe, je ne vous veux aucun mal.
– Tu mens, Skrull ! Toi et les tiens n’êtes rien qu’une bande de méchants !
– Holala, ouiiiiiiii vous me tirez dessus alors vous êtes méchants, gnagnagna, mes amis sont morts… ça suffit, allez. Est-ce que moi je vous reproche d’avoir tué presque tous mes amis en faisant des trous dans mon beau croiseur pour vous échapper ? Laissez-moi plutôt vous expliquer la situation. La Mamie avec qui vous travailliez sur le projet Pegasus, c’était une Kree, certes, mais elle avait changé de camp. Elle était venue se cacher sur Terre pour créer un moteur qu’elle voulait donner aux Skrulls. Car nous autres, Skrulls, n’avons pas de planète. Et savez-vous pourquoi ? Parce que nous avons refusé de céder à la dictature de l’empire Kree. Et depuis, celui-ci nous traque. Nous extermine. Mais avec un moteur supraluminique, notre race aurait pu partir loin, hors de la portée des Krees. Mamie ne vous a-t-elle jamais dit qu’elle fabriquait quelque chose non pas pour faire la guerre, mais pour en finir avec ladite guerre ?
– Oui… c’est vrai… cela me revient, elle disait cela… attendez, je me souviens d’autres trucs ! »
Et Carol Danvers (appelons-là par son vrai nom) d’avoir un flashback du jour de l’accident.
Elle était pépère en train de voler avec son super jet expérimental, avec Mamie dans le siège passager, lorsqu’en s’aventurant relativement haut, ils ont été pris en chasse par un mystérieux vaisseau alien. Un vaisseau kree. Et qui les a abattus. Carol a cependant réussi à écraser l’engin sans trop de casse, et à sortir de la carlingue pour en extraire Mamie… qui avait du sang bleu ! Ce qui a l’époque, a beaucoup choqué Carol.
« Mamie ! Vous saignez bleu ! Comme dans les pubs pour les…
– Arrêtons-nous là, veux-tu ? Carol, je suis une Kree.
– Une ?
– Une Kree. C’est une sorte d’extraterrestre et… vous pourriez arrêter de pouffer ?
– Nan mais Kree… pffffrrrr !
– Bon, écoutez espèce de grosse brêle, on n’a pas le temps. Je suis une renégate et mes ennemis sont ceux qui nous ont abattus. Oh ! Je suis désolé de vous avoir mêlé à cela, Carol. Mais vous devez vous assurer que le moteur expérimental ne tombera jamais en leur m… »
PIOUPIOU !
Un laser vient éclater la tronche de Mamie, qui est tout de suite moins bavarde. Et de la poussière alentour surgit… Kreestian, son arme encore fumante au poing. Carol réalise que son cauchemar, celui qu’elle faisait si souvent, c’était cette scène. Sauf que les Krees l’avaient manipulée pour que Kreestian ressemble à un Skrull. Bref, Kreestian a abattu l’avion, et maintenant, vient récupérer le moteur. Et plutôt que de tuer Carol, ici et maintenant, il fait du rien.
« Attention, Terrienne ! Je suis armé, ne sortez pas votre arme !
– JE SOOOORS MON AAAARME !
– Ah, non ! Ne la braquez pas vers le moteur que je viens récupérer !
– JE LA BRAQUE VERS LE MOTEUUUUUR !
– Et surtout, ne tirez pas dessus !
– JE TIIIIRE DESSUUUUUS !
– Oh non, tout cela est si imprévisible ! Si seulement j’avais pensé à la tuer directement comme j’ai tué Mamie alors que c’est elle qui avait le plus de valeur ! »
Le moteur explose, la carlingue aussi, Christian se jette au sol et… Carol absorbe toute l’énergie de l’explosion. D’où son super pouvoir de jets de photons : cette catastrophe lui a donné les pouvoirs du moteur mystérieux ! Rien à voir avec la puce implantée dans son cou !
Carol revient cependant enfin à elle-même, dans le présent.
« Wobordel, ce Skrull dit vrai ! Les Krees sont des rabouins, et ils ne m’ont pas sauvée : ils m’ont kidnappée !
– Oui. Car vous avez absorbé les pouvoirs du moteur qu’ils voulaient récupérer. Nous vous avons aussi retrouvée de la même manière : vous avez la même signature énergétique que… je… vous m’écoutez, Carol ?
– Non, il y a votre pote Skrull derrière vous qui me fait des signes.
– Caporal Roudouskrull ? Qu’est-ce que vous voulez ?
– Je me disais que c’était un peu con : les Krees récupèrent une de leurs ennemis. Ennemie qui a absorbé une énergie qu’ils voulaient exploiter. Et le premier truc qu’ils font, c’est de lui apprendre tout plein de techniques de combats ninjas, de lui apprendre comment les vaincre à mains nues, avant de l’envoyer sans aucune raison en mission super dangereuse histoire de pouvoir la perdre comme ça, hop, quand bien même elle est super précieuse et qu’ils ont des hordes de soldats pouvant la remplacer pour ce boulot ? D’ailleurs, c’est exactement ce qui est arrivé : ils l’ont perdue. Alors pourquoi ne pas l’avoir directement attachée à je ne sais quelle machine pour lui pomper son énergie et s’en servir pour leurs sombres projets ? Comme ça, avant même que le film ne commence, les Krees nous mettaient une racl… »
Le caporal Roudouskrull se mange aussitôt un puissant jet de photons dans la truffe, tant il commençait à poser des questions un peu embêtantes sur la qualité d’écriture d’un film à plusieurs millions qui dépasse à peine celle d’une rédaction de sixième, voire d’un livre de Ségolène Royal.
En attendant, le chef des Skrulls, que nous appellerons Skrully en hommage à Dana (non, pas la tribu, mais maintenant, vous l’avez dans la tête : ne me remerciez pas), explique plus avant ce qu’il sait.

Les Skrulls. Qui lorsqu’ils changent d’apparence… se font aussi pousser des lunettes quand ils copient des personnages qui en portent, et qu’ils peuvent même retirer. C’est assez audacieux.
« Mamie avait un laboratoire secret dans l’espace, elle ne travaillait pas que sur Terre. Nous devons le trouver. Là-bas, il y a peut-être de quoi reprendre ses travaux. Je crois qu’elle s’y rendait avec vous le jour où vous avez été abattues. En fouillant votre mémoire, nous avons retrouvé les coordonnées qu’elle vous avait demandé de suivre, mais il n’y a rien à cet endroit de l’espace.
– Bé oui mais c’est parce que c’était il y a 6 ans. Et selon l’orbite terrestre. Donc il faut calculer à quoi correspondaient ces données… par rapport à la Terre le jour du crash.
– HO BEN ZUT ON EST DES EXTRATERRESTRES QUI VOYAGENT DANS L’ESPACE AVEC DES CROISEURS GALACTIQUES MAIS ON AVAIT OUBLIÉ CES HISTOIRES D’ORBITES ! »
Ceci n’est pas une blague : c’est la vraie excuse. Les techniciens Skrulls avaient oublié de prendre en compte cette donnée. Voilà voilà. Ah non mais c’est profond.
Bon, mais si le laboratoire de Mamie est toujours au même endroit depuis des années, comment y aller ? C’est dans l’espace et nos amis n’ont pas de vaisseau.
« Attendez ! Il y a la navette que j’ai volée pour fuir la base avec Nick Fury un peu plus tôt ! Je l’ai garée à côté ! Elle ne va pas dans l’espace par contre.
– Le technicien qui m’accompagne devrait pouvoir régler ça. »
Et là encore… seigneur.
Uniquement avec les outils de Maria, les matériaux sur place et une nuit de travail, le technicien Skrull qui accompagne Skrully parvient à permettre à une navette d’aller dans l’espace, probablement en soudant deux plaques ici, en rajoutant du bois là, et un petit coup de patafix et pif pouf, c’est bon. C’est le syndrome des scientifiques des films pourris : un scientifique, ça connait toutes les sciences et techniques, et ça construit un réacteur nucléaire à partir d’un micro-ondes plus vite que Mac Gyver. Oh, et quid des moteurs ? Non parce que si vous devez faire des dizaines de milliers de kilomètres pour aller rejoindre le laboratoire, avec des moteurs d’aéronef terrestre, vous allez mettre des semaines, voire des mois.
Mais non : hop ! Les Skrulls ont sûrement mis de l’huile de friture dans le moteur et c’est bon, ça y est, on peut aller dans l’espace.
Cependant, Carol est prudente, et informe ses amis d’un élément essentiel.
« Au fait, j’ai dit à mon copain Kreestian que j’étais ici plus tôt… il risque donc de débarquer. Or, maintenant que je sais que c’est un fourbe, ce qui était totalement imprévisible, ça m’arrange moyennement. On pourrait pas laisser un Skrull ici pour se faire passer pour moi et le tromper si jamais il débarquait ?
– Ça doit être possible.
– Cool ! Pendant ce temps, et avant de partir, je dois faire un truc indispensable…
– Oui ?
– DEMANDER À LA FILLE DE MARIA DE CHOISIR DE NOUVELLES COULEURS POUR MA COMBINAISON SPATIALE ! »
Que ? Mais ? Pourquoi ? Parce que tu estimes que ta combinaison est au couleur des Krees ? Au contraire, un uniforme ennemi, est-ce que ça ne pourrait pas être pratique en cas de contact avec lesdits vilains ? Et surtout, tu sais ce qu’il se passe quand on confie une mission artistique à un enfant ? On finit avec 18 couleurs différentes sur la feuille, deux poneys à cinq pattes, et une chose qui ressemble à l’enfant difforme de Naruto et d’une pomme de terre. Alors pourquoi confier ton nouveau camouflage à un enfant ouvertement débile ? Pourquoi maintenant ? Et surtout, comment faites-vous pour supporter ce marmot qui semble appeler de ses vœux une balle à sanglier à chaque fois qu’il ouvre la bouche ?
Mais bon. Nous avons donc le droit à une scène où l’on découvre que la tenue de Carol dispose d’un gadget pour changer de couleur en faisant des gestes bizarres, et hop, la fille de Maria maîtrise évidemment l’interface en deux-deux et colore notre héroïne en rouge et bleu avec une grosse étoile. Classe et bon goût.
Cet élément indispensable réglé, s’envolent vers l’espace Carol et Maria aux commandes de la navette bricolée, avec à l’arrière Fury et Skrully, eux-même accompagnés… du chat avec qui Fury n’arrête pas de faire gouzi-gouzi.
Suis-je en train de regarder une comédie ? Non parce que là, je vous avoue que le souffle de l’aventure ressemble plutôt à un long et chaud pet au milieu d’une soirée pyjama.
En attendant, la navette s’envole pour l’espace lointain, et grâce à ses deux plaques de placoplatre rajoutées à l’avant, quitter notre atmosphère n’est plus un problème. L’appareil se dirige droit vers les coordonnées du laboratoire secret de Mamie. Sauf qu’arrivés sur place… rien. Mais ? Comment donc ! Heureusement, une idée vient à l’esprit de Carol.
« Peut-être que son laboratoire est camouflé.
– Hmmm moui, mais comment va-t-on le trouver s’il est fait pour échapper aux Krees…
– J’APPUIE SUR LA COMMANDE DE DÉSACTIVATION DU CAMOUFLAGE ! »
La ? Pardon ? Est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer d’où Carol dispose dans sa combinaison d’un simple bouton pour désactiver le camouflage de vaisseaux conçus juuuustement pour échapper aux Krees ? Et qu’elle ne voit pas, ne cible pas ni rien ? Mais non, elle a bien ce bouton sur sa combinaison, et je soupçonne qu’il soit écrit dessus « Raccourci magique dans le script« . Toujours est-il que sitôt pressé, voici que devant eux apparaît un croiseur galactique qui flotte silencieusement dans l’espace. Et qui laisse nos héros s’approcher en paix jusqu’à l’un de ses hangars. Le laboratoire secret de Mamie n’était donc autre qu’un vaisseau camouflé. Pratique.

Accessoirement, dans la série des mecs qui font un film à gros budget avec toutes les erreurs, j’ai oublié de vous montrer ce plan, lorsque Carol tombe du ciel et arrive sur Terre au début du film. Vous notez ? Il fait nuit. Eh bien, dans tous les plans suivants supposés se passer dans les minutes qui suivent, il fera évidemment grand jour. Rappelez-moi le budget ?
Mais à peine arrivés à bord, voici que nos héros entendent du bruit… et découvrent des dizaines de Skrulls ! Des réfugiés Skrulls qui attendaient que Mamie bricole le vaisseau pour les emmener loin d’ici avec son super moteur supraluminique, loin des Krees.
« Bon sang ! C’est incroyable ! Vous avez vu ça Skrully ?
– Oui Carol, il y a même ma famille ici ! Je suis si heureux de les retrouver ! Ils ont attendu six ans le retour de Mamie, avec pour ordre de ne surtout pas communiquer de peur que les Krees ne les retrouvent…
– Non, ce qui est incroyable c’est : qu’est-ce qu’ils mangent depuis six ans ? »
On va dire que ce vaisseau était à l’origine un transport de spatio-chocapics. Et ne me dites pas que je n’essaie pas de sauver ce film, ah mais.
Je vous passe aussi, car je suis comme ça, le fait que les enfants extraterrestres sont eux aussi des têtes à claques, le genre qui prend Carol par la main pour l’emmener voir ses meilleurs scores sur le flipper du vaisseau (véridique, là encore) parce que c’est connu, quand des enfants réfugiés voient des gens armés qui ressemblent à leurs ennemis débarquer sans prévenir, le premier truc auquel ils pensent, c’est qu’ils vont pouvoir leur montrer qu’ils ont fait 808 296 points au flipper du PMU sous le pseudonyme en trois lettres de GPT.
Que l’on ferme les armureries dans un rayon de cinq kilomètres autour de moi, sinon je vais vider mes comptes et remplir mes chargeurs.
Toujours est-il qu’à bord, en tout cas, Carol constate qu’il y a autre choses que des réfugiés : un gros cube plein d’énergie… le Tesseract ! Elle en discute avec les réfugiés.
« Dites-donc, ça a l’air super important votre cube, là.
– Oui, on préférerait éviter que les Krees ne le trouvent. C’est la source d’énergie qui a permis à Mamie de mettre au point le moteur supraluminique.
– Et donc, ça fait six ans que vous attendez à côté de cet objet surpuissant sans rien faire ?
– Voilà. Mais bon, entre le flipper et les chocapics, on a des journées bien remplies. Et puis bon, tout ça, c’était le boulot de Mamie.
– Hmmm. D’ailleurs, j’y pense, Mamie n’était-elle pas un peu débile elle aussi ?
– Ce ne serait pas étonnant vu que le QI moyen dans ce film dépasse péniblement le chiffre unique. Mais pourquoi ?
– Ben je ne sais pas, elle voulait éviter que sa technologie ne tombe entre de mauvaises mains… et elle décide de bosser sur Terre. En se faisant financer ses travaux par l’armée américaine. Ce qui signifie des dizaines de scientifiques et de techniciens au courant de son projet, qui profitent de sa technologie… bref, autant de cibles potentielles pour les Krees qui n’auraient qu’à se pointer pour récupérer tous ses travaux. Parce que non, Mamie n’a pas pu travailler sa théorie et fabriquer des prototypes de vaisseaux spatiaux entiers, seule. Donc son plan consistait à se mettre en danger, et toute la Terre avec, tout en rendant ses projets aisément accessibles aux Krees.
– Vous oubliez un point.
– Lequel ?
– C’est une scientifique de film américain.
– Damnation ! C’est vrai ! »
Certes. Mais si elle pouvait bosser seule, pourquoi ne pas aller sur une planète déserte ?
Allez, hop, passons. Et retournons plutôt sur Terre, voir ce qu’il se passe du côté de la maison de Maria, car… un vaisseau Kree atterrit à proximité, et en descend Kreestian. Qui est ravi de retrouver sur place Vers, ou du moins, un Skrull ayant pris son apparence.
« Salut Vers. Désolé, on a été un peu longs, ça bouchonnait sur le spatiopériph’, mais nous voilà. On va te ramener à la maison. En plus, figure-toi que Ronan, mon chef, voulait bombarder tout un pan de cette planète pour effacer les traces de ton passage et éradiquer d’éventuels Skrulls dans le secteur. Heureusement, je lui ai dit que non, t’inquiète chaussette, j’assure chaussure, j’allais te récupérer sans faire de vagues.
– Ahahah euh… oui… c’est cool.
– Mais avant de partir, je dois vérifier que tu n’es pas un Skrull. Alors je vais te poser une question très simple dont seuls Vers et moi connaissons la réponse.
– Bien sûr.
– Qui fait chier à deux heures du matin pour faire la bagarre ?
– Un.. hmmm… un moustique ? Un chat ? Une fille qui s’enroule discrètement dans la couette ?
– Nom d’une pipe ! Non, la bonne réponse, c’était TOI ! Mange un coup de pistolet laser, sale Skrull ! »
Et le Skrull de manger un coup de pistolet laser. Kreestian comprend alors, aidé par les grosses ficelles du scénario, que Carol a retrouvé la mémoire, s’est alliée aux Skrulls, et grâce à une puce implantée dans la nuque de Carol, il parvient à la localiser dans le vaisseau secret de Mamie, et décolle avec sa propre navette et ses Jean-Jacques pour aller leur rendre une petite visite.
Oui, la puce lui permet de la localiser maintenant, alors qu’au début du film, quand elle était aux mains des Skrulls… il avait oublié qu’il pouvait le faire. C’est ballot. Ou pratique, car sinon, le film s’arrêtait là.
Comprenant tout de même que l’affaire sent un peu comme un vestiaire de lycéens après deux heures de sport, Kreestian contacte Ronan, son supérieur, pour lui dire que si son offre de bombardement de la planète tient toujours, il ne dit pas non, car la zone sent un peu le Skrull et que on ne le dira jamais assez, mais un bombardement orbital, c’est tout de même assez pratique pour mettre tout le monde d’accord. Il paraît que le gouvernement y pense pour gérer de prochaines manifestations, mais c’est un autre sujet.

Dans cette scène coupée au montage, Kreestian et Ronan doivent affronter leur ennemi juré : une rédactrice de MadmoiZelle.
Kreestian arrive promptement à bord du laboratoire de Mamie, et aidé de ses Jean-Jacques, a tôt fait de prendre le contrôle du bâtiment. Et de rendre Nick Fury très triste en lui confisquant son chat, que tous les Skrulls et Krees semblent n’approcher que prudemment, en appelant ça un « Grogromonstre« . Tout le monde est enfermé, Nick Fury pleurniche son chat perdu entre deux blagues pas drôles, alors que Kreestian et ses compères, eux, obligent Carol à rendre compte de ses crimes en l’obligeant à s’agenouiller dans une petite bassine de métal liquide qu’ils ont emmenée, et comme au début du film, qui forme bientôt des câbles et circuits qui la relient à l’Intelligence Suprême qui gouverne les Krees.
À nouveau, Carol se retrouve ainsi dans la matrice, face à l’Intelligence qui a pris l’apparence de Mamie.
« Eh bien ma petite Carol, comment ça va aujourd’hui ?
– Disons que j’ai connu des jours meilleurs et d’ailleurs je… attendez ?
– Oui ?
– Si je peux vous parler d’ici, ça veut dire qu’on peut communiquer avec vous de n’importe où si l’on a le bon matériel ?
– Oui pourquoi ?
– Alors pourquoi on s’est enquiquinés à m’emmener à votre palais au début du film ?
– Je…. hihihi, hohoho, et si on parlait d’autre chose ? Parce que figure-toi que je suis un peu déçue. On t’a recueillie, élevée comme l’une des nôtres, et toi, tu nous trahis. Tu es un peu le Nicolas Sarkozy de cette équipe. Mais passons.
– Non ! Vous m’avez menti ! Enlevée ! Et ça, c’est quand même limite-limite !
– Oui, mais nous t’avons donné tes pouvoirs, grâce à cette puce dans ton cou…
– Non ! Ça c’est ce que vous m’avez fait croire toute ma vie ! Mais maintenant, je connais la vérité… c’est le moteur supraluminique qui m’a donné la faculté d’envoyer du photon, cette puce n’est pas faite pour me donner des pouvoirs… elle est faite pour m’empêcher de les déchaîner ! »
Et Carol de se concentrer très fort, au point que la puce dans son cou grille, et que ses pouvoirs sont en effet pleinement libérés. Ce qui lui permet d’éclater le petit pot de métal liquide qui la maintenait en transe avec l’Intelligence Suprême… et c’est donc parti pour de la bagarre à bord du vaisseau des réfugiés Skrull !
Carol commence à distribuer des photons dans tous les sens, ce qui est quand même assez mal élevé, et plusieurs Jean-Jacques succombent devant ses grands pouvoirs. Seul Kreestian parvient à lui résister un peu. De leur côté, les civils Skrulls et Nick Fury profitent du chaos général pour s’enfuir en emportant le Tesseract avec eux, mais au moment où d’autres Jean-Jacques Krees tentent de les arrêter, voici que le chat kikinou de Nick (qui continue de se balader avec, bien sûr)… sort des tentacules de sa bouche et avale tous les méchants, ainsi que le Tesseract ! Avant de redevenir normal.
Car oui, hohoho, houhouhou, figurez-vous que les extraterrestres avaient raison : ce n’est pas un chat, mais bien un grogromonstre qui en a seulement l’apparence.
Quand un film en est à faire des blagues de chats mignons, je crois que l’on peut définitivement dire que rien ne va plus.
Notez, d’ailleurs, que Nick Fury continue à faire des câlinous et des gouzis-gouzis au chat quand même parce que ouiiii, en fait, c’est un monstre meurtrier, mais hein, bon, si Nick Fury devait rester sérieux plus de deux minutes, ça serait embêtant pour le quotas blagues du film. D’ailleurs, il enquiquine tellement le chat que celui-ci finit par le griffer à l’œil et…
Voilà. Vous savez maintenant comment Nick Fury a perdu son œil, ce n’est pas une blague : à cause d’un chat kromignon hihihihi.
Je crois que ce film respecte à peu près autant son propre univers que l’épisode VIII respecte Star Wars.
En attendant, sachez que les civils skrulls, Nick et le chat parviennent à s’enfuir du vaisseau dans leur navette en pénétrant l’atmosphère de face grâce une nouvelle fois au pouvoir enchanté du placoplatre, et parviennent à se débarrasser du chasseur Kree que Kreestian avait envoyé les poursuivre grâce au pouvoir d’une chance improbable et de manœuvres suffisamment ridicules pour apparaître dans Red Tails (si vous ne savez pas de quoi je parle, j’espère que cela restera le cas pour vous encore longtemps). Ils peuvent donc débarquer en paix.
En paix, dites-vous ? Pas tout à fait.
Car au même moment, voici qu’apparaît en orbite de la Terre… les bombardiers galactiques de Ronan, le supérieur de Kreestian, venu nettoyer tout ce chaos à l’aide de son Monsieur Propre Javel – Parfum napalm. Qui va donc bien pouvoir sauver la situation, surtout quand les appareils tirent une nuée de projectiles vers la Terre ?
Carol, bien sûr !
Car maintenant que ses pouvoirs sont libérés, elle est devenue une réplique de Superman en plus kitsch encore (si, c’est possible), vole dans l’espace, arrête les bombes avec les mains, les relance pour les faire exploser les unes contre les autres, puis explose tous les bombardiers Krees qui passent simplement en passant au travers comme dans du beurre (Carol adorait secrètement traverser des mottes de beurre, vous le saurez).
Mais Carol étant aussi, rappelons-le, quelque part entre le yorkshire et un épisode de Peppa Pig quand on parle intelligence pure, elle pète quantité de vaisseaux… sauf celui de Ronan, qu’elle a pourtant repéré. Et se contente de flotter devant en prenant la pose. À bord, les Krees sont dubitatifs.
« Hmmm… elle a détruit nos bombardiers et nos appareils de chasse… nous devrions nous replier…
– Seigneur Ronan ? Vous êtes sûr ?
– Hmmmm… oui… comme ça on aura tout le temps que l’on souhaite pour se préparer et revenir en force raser cette planète…
– Mais pourquoi elle nous épargne, alors ?
– … parce que sinon… on ne peut pas apparaître dans Les Gardiens de la Galaxie vu que ce film est supposé se passer avant…
– C’était pas plus simple de ne pas nous faire apparaître dans ce film plutôt que de rajouter une incohérence de plus ? »
Tels furent les derniers mots du caporal Kreedoudou, peu avant que Ronan ne l’exécute en le propulsant dans un trou scénaristique, avant d’ordonner à son bombardier de s’éloigner de la Terre.
Carol peut retourner se poser sur le sol désormais sauf de notre bonne vieille planète pour souffler un peu… lorsque voici que Kreestian arrive avec une petite navette pour l’affronter en duel.
« Allez, Vers ! Viens, on se tape !
– Écoute mec, j’ai des pouvoirs tellement surpuissants que ça n’a aucun intérêt.
– Allez, on se tapeuuuh ! »
Mais non. Carol prend la seule décision raisonnable du film : elle lui envoie un jet de photons dans le bidou, et Kreestian est calmé de suite. Heureusement, pour se rattraper, elle enchaîne avec une décision débile. À savoir qu’elle remet Kreestian dans sa navette, le réveille, et lui explique :
« Maintenant, tu vas retourner sur Hala et tu vas tout raconter.
– M… mais pourquoi ? Ronan et son vaisseau vont déjà le faire ! Pourquoi ne pas me garder prisonnier ici au lieu de me donner une chance de revenir me venger ?
– …
– …
– HO DIS VOIR, IL EST TARD ! JE DOIS Y ALLER, OU PLUTÔT, TU DOIS Y ALLER ! ALLEZ, SALUT KREEKREE ! »

« Grâce à mes grands pouvoirs, je vais aider les méchants à s’échapper ! Ne me remerciez pas les amis ! »
Et hop, elle envoie un peu d’énergie dans le moteur de sa navette, et voici Kreestian propulsé dans l’espace, direction la maison. On va dire que sa navette gère tout le voyage spatial jusque là seule, hein.
Les Krees sont vaincus, Kreestian parti ? C’est donc le moment de fêter tout cela !
Carol se rend auprès de Maria, Nick et des survivants skrulls, et annonce qu’elle aidera ces derniers à aller se trouver un nouveau foyer, en partant à bord du vaisseau de Mamie. Mamie dont le véritable nom Kree, vous le saurez, était Mar-Vell. Nick pense que ça ferait un excellent nom pour Carol tant le sien lui… lui…
« Ben oui Nick, j’ai déjà un nom, que je viens à peine de retrouver d’ailleurs. Alors pourquoi voulez-vous me donner le nom d’une vieille dame morte ? »
En France, on aurait donc Capitaine Jeanne Calment pour nous protéger, si l’on suit la même logique.
En tout cas, avant de partir, Carol remet à Nick Fury son bipeur, qu’elle a bricolé pour qu’il puisse l’appeler au besoin où qu’elle soit dans la galaxie, voire dans une galaxie voisine, en faisant le Tam-Tam le plus puissant de l’univers. Si Nick dispose d’un Minitel, à lui les renforts venus de l’espace lointain ! De son côté, Nick retourne au SHIELD, où maintenant que les Skrulls vont les laisser tranquilles, tous les hommes dont ils avaient pris l’apparence en douce peuvent bosser en paix, y compris le chef de Nick ou l’agent Coulson. Nick raconte ainsi à qui veut l’entendre qu’il a perdu son œil lors d’une bataille héroïque, car jusqu’au bout hihihi, hohoho, il est trop rigolo ce Jar-Jar B… je veux dire, Nick Fury !
Pendant ce temps, au-dessus de la Terre, les Skrulls ont regagné le vaisseau de Mamie, et à côté d’eux flotte Carol et ses superpouvoirs. Les moteurs du vaisseau chauffent, et hop ! L’engin spatial et Carol passent en vitesse supraluminique pour aller chercher un nouveau foyer à nos amis extraterrestres polymorphes.
« Attendez… d’où est-ce qu’on passe en vitesse supraluminique sachant qu’on a toujours les mêmes vieux moteurs sur notre vaisseau ? » s’exclame une voix dans l’assemblée.
Heureusement, personne ne remarque ce dernier raté qui est quand même la raison pour laquelle les Skrulls n’avaient pas bougé durant six ans et…
… FIN !
Eh bien. Je crois que je vais garder la théorie du vomi de scénariste.

L’une des affiches officielles. Quand on en est à essayer d’attirer les gens avec des images de chat, on mérite tout au plus de sortir son film sur Youtube.
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Pour les plus curieux, il n’y a pas une, mais deux scènes post-générique, ces choses que je hais de toute mon âme :
Une première scène où les Avengers survivants à la fin du dernier film constatent que le Tam-Tam laissé derrière lui par Nick Fury vient d’arrêter d’émettre, comme si le message avait fini par être reçu. Et se pointe alors derrière eux…
« Captain Marvel !
– Mais vous pouvez m’appeler Corky. »
Fascinant. Aussi, ne nous arrêtons pas en si bon chemin, car voici une ultime scène où l’on aperçoit un certain chat kikinou sur le bureau de Nick Fury… qui vomit le Tesseract. Hihihi, trop rigololol !
Voilà voilà.
Donc, je le rappelle : le film a été bien noté par Télérama. Un magazine entier de professionnels objectifs.
J’imagine que ça n’a rien à voir avec le fait qu’il y avait une fille sur l’affiche.
Qui pour leur faire croire qu’Alerte à Malibu est un film profondément féministe ?